Avis24Un parcours d’accueilwallon pour lesprimo-arrivantsDébut mars 2013, le CESW a été saisid’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’avis <strong>de</strong> <strong>la</strong> MinistreE. Tillieux concernant le proj<strong>et</strong> d’arrêtéprésentant le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> décr<strong>et</strong> concernantle parcours d’accueil <strong>de</strong>s primo-arrivants.Les interlocuteurs sociaux wallons ontexaminé ce proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> rendu leur avismi-avril.Définir <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> personnes étrangèresprimo-arrivantes <strong>et</strong> formaliser un parcoursd’accueil en <strong>Wallonie</strong> qui leur est <strong>de</strong>stiné,voilà l’ambition d’un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> décr<strong>et</strong> wallonqui s’inscrit dans l’air du temps. En eff<strong>et</strong>,c<strong>et</strong>te initiative se <strong>de</strong>ssine en contre pointd’une procédure simi<strong>la</strong>ire en cours d’é<strong>la</strong>borationà Bruxelles, l’«inburgering» étantquant à elle déjà d’application en F<strong>la</strong>ndre<strong>de</strong>puis 2004. Elle complète ainsi le tableaudans le contexte plus global <strong>de</strong>s politiquesmigratoires envisagées au niveau européenavec <strong>de</strong>s problématiques telles que l’égalité<strong>de</strong>s chances, le permis unique, <strong>et</strong>c.Le <strong>Conseil</strong> souligne que <strong>de</strong>s nuances, voiremême <strong>de</strong>s divergences apparaissent entreles différentes approches envisagées selonque l’on conçoit ce dispositif comme unprocessus d’émancipation pour les personnesou d’un parcours d’intégration pluscontraignant comme en F<strong>la</strong>ndre. Il p<strong>la</strong>id<strong>et</strong>outefois pour une articu<strong>la</strong>tion maximaleentre les initiatives émanant <strong>de</strong>s différentesentités <strong>et</strong> pour une harmonisation avec lespays limitrophes (cf. Allemagne, France).Il conviendrait que c<strong>et</strong>te intention soitcoulée dans <strong>de</strong>s protocoles d’accord <strong>et</strong>/ou<strong>de</strong>s conventions.En eff<strong>et</strong>, on sait d’ores <strong>et</strong> déjà que les exigencesdéfinies dans le parcours d’accueilwallon auront un lien avec les conditionsd’accès à certains droits ou dispositionsrelevant <strong>de</strong>s autres niveaux <strong>de</strong> pouvoir,comme l’accès à <strong>la</strong> nationalité, <strong>la</strong> reconnaissance<strong>de</strong>s titres <strong>et</strong> diplômes, ou encore<strong>la</strong> validation <strong>de</strong>s compétences acquisesdans le pays d’origine.Public viséLe public visé par le parcours d’accueilwallon est celui <strong>de</strong>s «primo-arrivants»,définis comme «les personnes étrangèresséjournant en Belgique <strong>de</strong>puis moins <strong>de</strong>3 ans <strong>et</strong> disposant d’un titre <strong>de</strong> séjour <strong>de</strong>plus <strong>de</strong> 3 mois, à l’exception <strong>de</strong>s citoyensd’un état membre <strong>de</strong> l’Union européenne,<strong>de</strong> l’Espace économique européen, <strong>de</strong> <strong>la</strong>Suisse <strong>et</strong> <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> leur famille» (1).Le public concerné est évalué entre 3.500<strong>et</strong> 4.000 personnes par an.C<strong>et</strong>te définition restreint <strong>de</strong> facto le publicpotentiellement concerné par un parcoursd’accueil (2). Sans porter <strong>de</strong> jugement surle caractère judicieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> délimitation dupublic-cible, le CESW s’interroge, sur soncaractère éventuellement inégal ou discriminatoirepour les différentes catégories<strong>de</strong> personnes étrangères entre elles. Ilrecomman<strong>de</strong> dès lors que le Gouvernementwallon justifie précisément son choix dupublic-cible <strong>et</strong> <strong>de</strong>s dispenses envisagées.Il recomman<strong>de</strong>, en tout état <strong>de</strong> cause,que l’on puisse offrir un premier accueilrespectueux <strong>et</strong> égalitaire à tous les nouveauxarrivants, dans une perspective d’ai<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>soutien <strong>et</strong> sans eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> stigmatisation.Le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> décr<strong>et</strong> prévoit qu’un bi<strong>la</strong>n <strong>social</strong>sera réalisé dans le cadre <strong>de</strong> l’accueil visant«à i<strong>de</strong>ntifier les besoins du primo-arrivantsur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> ses compétences professionnelles<strong>et</strong> expériences personnelles. Cebi<strong>la</strong>n évaluera les acquis du primo-arrivantpour lui perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> les valoriser» (3). Le<strong>Conseil</strong> estime que l’expression «bi<strong>la</strong>n <strong>social</strong>»pourrait prêter à confusion recomman<strong>de</strong><strong>de</strong> réfléchir à une formu<strong>la</strong>tion plus appropriée.Par ailleurs, il p<strong>la</strong>i<strong>de</strong> pour que c<strong>et</strong>tephase du parcours soit réalisée dans <strong>la</strong> plusgran<strong>de</strong> rigueur (objectivation, respect <strong>de</strong><strong>la</strong> vie privée <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s donnéespersonnelles).Le rôle <strong>de</strong>s CRILes CRI (Centres Régionaux d’Intégration) sevoient confier un rôle <strong>de</strong> premier p<strong>la</strong>n dans<strong>la</strong> mise en œuvre du parcours d’accueil. Desmodifications substantielles sont apportées àleurs missions concernant le suivi <strong>et</strong> l’accompagnementdu public-cible. Ce<strong>la</strong> exigera uneimportante charge <strong>de</strong> travail supplémentaire<strong>et</strong> <strong>de</strong>s responsabilités nouvelles pour le personnel<strong>de</strong>s centres. Le CESW se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> siles moyens complémentaires prévus(2,5 millions €) dans un contexte budgétaireserré, seront suffisants pour m<strong>et</strong>tre en p<strong>la</strong>cece dispositif (cf. vol<strong>et</strong> humain, administratif,infrastructures) <strong>et</strong> pour gérer ce flux supplémentaire<strong>de</strong> bénéficiaires.Par ailleurs, le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> décr<strong>et</strong> prévoit, outre<strong>la</strong> phase d’accueil, <strong>de</strong>s formations à <strong>la</strong> <strong>la</strong>nguefrançaise <strong>et</strong> à <strong>la</strong> citoyenn<strong>et</strong>é ainsi que<strong>Wallonie</strong> <strong>117</strong> I I I I I Mai/Juin 2013
l’orientation socio-professionnelle, <strong>de</strong>stinéesaux bénéficiaires du parcours d’accueil.Celles-ci <strong>de</strong>vront être «organiséespar les organismes agréés dans le cadre<strong>de</strong>s initiatives locales d’intégration (…), parles pouvoirs publics ou par les organismesreconnus par les pouvoirs publics» (4). Unesérie d’opérateurs partenaires seront dontimpliqués dans <strong>la</strong> dynamique. Le <strong>Conseil</strong>estime important que ceux-ci disposent<strong>de</strong>s qualifications requises pour abor<strong>de</strong>r cepublic spécifique <strong>et</strong> visent une complémentaritémaximale dans leurs interventions.Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> également que le FOREM soitdésigné comme interlocuteur institutionnel<strong>de</strong> référence pour le primo-arrivant enmatière d’insertion socio-professionnelle.Le <strong>Conseil</strong> souligne l’importance d’unereconnaissance <strong>de</strong>s compétences <strong>et</strong>certifications acquises par les bénéficiairesdans leur pays d’origine. Il recomman<strong>de</strong><strong>de</strong> se référer aux outils existants en <strong>la</strong>matière en distinguant d’une part, <strong>la</strong> validation<strong>de</strong>s titres <strong>et</strong> diplômes, relevant <strong>de</strong>scompétences <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fédération <strong>Wallonie</strong>-Bruxelles <strong>et</strong>, d’autre part, <strong>la</strong> validation <strong>de</strong>scompétences (professionnelles) acquisesrelevant <strong>de</strong>s prérogatives du consortium <strong>de</strong>validation <strong>de</strong>s compétences.Le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> décr<strong>et</strong> impose une amen<strong>de</strong>administrative au primo-arrivant qui nerespecte pas l’obligation <strong>de</strong> participer aumodule du premier accueil organisé parles centres régionaux d’intégration maisquelles seront les conséquences pour lesbénéficiaires en cas <strong>de</strong> non suivi <strong>de</strong>s autresétapes du parcours d’accueil contenuesdans <strong>la</strong> convention d’accueil <strong>et</strong> d’intégration? Le <strong>Conseil</strong> indique qu’il ne faudraitpas engendrer un risque <strong>de</strong> discriminationsupplémentaire à l’égard <strong>de</strong>s bénéficiairesqui rencontreraient <strong>de</strong>s difficultés à réaliserce parcours. Il souligne, en tout état <strong>de</strong>cause, qu’il ne serait pas admissible d’appliquer<strong>de</strong>s sanctions si l’on ne déploie pas <strong>de</strong>moyens suffisants garantissant un accèscompl<strong>et</strong> au dispositif pour l’ensemble <strong>de</strong>sbénéficiaires potentiels.En conclusion, le <strong>Conseil</strong> souligne queplusieurs aspects du parcours d’accueilprévu pour les primo-arrivants comportent<strong>de</strong>s inconnues <strong>et</strong> mériteraient d’êtreprécisés, voire ajustés (ex. délimitation dupublic-cible, rôle respectif <strong>de</strong>s différentsacteurs, moyens budgétaires, <strong>et</strong>c.). Le<strong>Conseil</strong> note qu’un Comité <strong>de</strong> coordinationdont <strong>la</strong> composition reste à définir, serachargé <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre tous les <strong>de</strong>ux ansau Gouvernement une évaluation <strong>et</strong> <strong>de</strong>spropositions, d’initiative ou à sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,en vue d’améliorer le fonctionnement <strong>et</strong> <strong>la</strong>gestion du parcours. Le <strong>Conseil</strong> estime, eneff<strong>et</strong>, qu’une évaluation du dispositif estindispensable, afin <strong>de</strong> vérifier si <strong>la</strong> mise enœuvre opérationnelle <strong>de</strong> celui-ci s’effectuecorrectement <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> d’atteindre lesobjectifs visés, dans l’intérêt conjugué<strong>de</strong>s bénéficiaires <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> région qui lesaccueille.Le CESW <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’être associé à c<strong>et</strong>teévaluation <strong>et</strong> souhaite qu’une présentationlui soit faite <strong>de</strong>s premiers résultats engrangésau terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> première année <strong>de</strong> miseen œuvre du dispositif.(1) Cf. Art.150, §1, 3° du proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> décr<strong>et</strong>.(2) NB. Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’asile, les sans-papiers,les travailleurs c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stins ou détachés n’auront pasaccès à ce type <strong>de</strong> dispositif.(3) Cf. Art.152/2, §1er du proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> décr<strong>et</strong>.(4) Les initiatives locales d’intégration (ILI) sontdéfinies à l’art.154 du proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> décr<strong>et</strong> comme suit :« Les initiatives locales d’intégration <strong>de</strong>s personnesétrangères <strong>et</strong> d’origine étrangère visent à soutenir<strong>la</strong> participation à <strong>la</strong> vie <strong>social</strong>e <strong>et</strong> associative <strong>de</strong>spersonnes étrangères ou d’origine étrangère. Ellesdoivent rencontrer au moins une <strong>de</strong>s missionssuivantes : <strong>la</strong> formation à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, <strong>la</strong>formation à <strong>la</strong> citoyenn<strong>et</strong>é, l’insertion socio-professionnelle».Avis A.1.114 adopté le 22/04/201325<strong>Wallonie</strong> <strong>117</strong> I I I I I Mai/Juin 2013