8 DOSSIERDiasudmedCôté contenuLes rédacteurs du transmediaDepuis ses débuts en 2008, le secteur <strong>de</strong> l’écriture transmedia a crééautour <strong>de</strong> lui une sorte d’écosystème vertueux au sein duquel les membres,même concurrents, se respectent et, très rare dans le métier, vont jusqu’às’apprécier ! C’était par choix qu’ils s’étaient assis à la même table ce soir-làau restaurant Luiz et ce fut un plaisir <strong>de</strong> les entendre se renvoyer la balle.Ping-pong entre et Chadi Romanos, journaliste à Arte en « Pôle NouvelleEcriture » et Antonin Loth, son alter ego pour France Télévisions.Chadi : C’est une époque un peu rêvée dans le service public audio-visuel carnous sommes une génération <strong>de</strong> personnes investies dans ce nouveau media,et qui y croient.Antonin : Et qui ont histoire journalistique commune.Chadi : Bon nombre d’entre nous ont été journalistes avant, nous nous sommeslassés car nous avons vu les limites <strong>de</strong> l’exercice et ce poids du ren<strong>de</strong>ment.Aujourd’hui, notre performance est ailleurs, on va batailler pour la création.Entre nous règne l’émulation <strong>mai</strong>s pas pour nous écraser les uns les autres.J’espère qu’on conservera ce niveau <strong>de</strong> bienveillance où on est capable <strong>de</strong> sedire « Bravo ».Antonin : Par exemple, à France Télévisions, on est fiers <strong>de</strong> voir sortir« Alma et les enfants <strong>de</strong> la violence » (produit par Arte), on a l’impression<strong>de</strong> participer, <strong>de</strong> grandir ensemble, on est parmi les rares au sein <strong>de</strong> ce petitmarché à être dans une politique <strong>de</strong> résultats et pas <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment. En fait,nous éprouvons le même plaisir <strong>de</strong> faire la même chose ensemble, comme<strong>de</strong>s sportifs qui feraient la même compétition en même temps, quelque parton fait bloc. Depuis quatre ans, nous faisons aussi beaucoup d’efforts <strong>de</strong>pédagogie, on a envie <strong>de</strong> tracer le chemin et d’entraîner les gens avec nous.Comme aujourd’hui on a <strong>de</strong> plus en plus l’occasion <strong>de</strong> partager, d’échanger, onse rend compte qu’on travaille avec les même gens et c’est bien qu’on se parle,comme par exemple, quand j’appelle Antonin pour lui dire (NDLR : avec l’accentcaillera) « Fais gaffe, çui-là c’est un relou s’il revient avec son projet pourri ! »La preuve, quand je leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> innocemment « Qui fait <strong>de</strong> la bonneproduction aujourd’hui ? », ils me répon<strong>de</strong>nt dans un bel ensemble « Arte etFrance Télé ».Chadi : Chaque fois qu’on produit quelque chose, on est tous très fiers. On esttrès fiers car nous brûlons <strong>de</strong> l’argent public, donc on doit se fixer <strong>de</strong>s objectifs,se donner les moyens et ensuite rendre <strong>de</strong>s comptes. Le marché n’est pas ici ausens économique. Avec l’argent public, on doit faire <strong>de</strong> la recherche sur du sens.Les idées <strong>de</strong> base chez nous, c’est simple, il faut qu’il y ait un propos d’auteur,<strong>de</strong> l’innovation (technologique ou rédactionnelle) et une pertinence sur le web.En plus, on est dans une logique artisanale, on a cette jubilation <strong>de</strong> la pièceunique, c’est un choix. Et quand on sait que la moyenne d’âge <strong>de</strong>s spectateurssur Arte est <strong>de</strong> 58 ans <strong>mai</strong>s qu’en revanche, à l’antenne, l’audience a monté <strong>de</strong>20% et <strong>de</strong> 30% sur le web, ça nous encourage vraiment à continuer !
DOSSIER9Et quand Fabienne Barollier, adjointe à la direction <strong>de</strong>s magazinessur France 5, intervient pour souligner « Nous vivons une sorte <strong>de</strong>parenthèse enchantée car il y a aujourd’hui interpénétration <strong>de</strong>ces 2 univers, la télé et le multimedia, qui jusque là s’ignoraient, seméprisaient… et en tant que vieux diffuseur premium, on est heureux<strong>de</strong> cette interpénétration », c’est le même sourire <strong>de</strong> contentement quifleurit sur les trois visages.Côté productionHistoire d’amour autour <strong>de</strong> la prod...« Tu ne penses ja<strong>mai</strong>s à ouvrir une <strong>mai</strong>son <strong>de</strong> production ? », « Si, <strong>mai</strong>s pasen Europe ». Ce sont les premières paroles qu’ils ont échangées et ils nes’étaient ja<strong>mai</strong>s vus !C’était en 2010, à Bruxelles, lors d’une année <strong>de</strong> master en réalisation àl’Insas (Institut National Supérieur <strong>de</strong>s Arts du spectacle et <strong>de</strong>s techniques<strong>de</strong> diffusion).Aujourd’hui, Francesca Ducca, Espagnole qui avait au départ étudiél’anthropologie visuelle et Alaa Eddine AlJem, Marocain issu <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong>cinéma <strong>de</strong> Marrakech, vivent ensemble et ont créé « Moindre geste », unesociété <strong>de</strong> production basée à Marrakech.Récit à <strong>de</strong>ux voix d’une très belle histoire d’amour et <strong>de</strong> passion partagée.Diasudmed