20 unisono 22-2008Le magazine suisse de musique pour ventsIl y a 25 ans Hans Moeckelcessait de divertir les SuissesSpécialement en Suisse alémanique, Hans Moeckel rime avec musique de divertissement.Le compositeur saint-gallois a aussi beaucoup écrit pour vents. jean-raphaël fontannazhans moeckel est né le 17 janvier 1921 àSt-Gall dans une famille où le père était déjàmusicien professionnel. A 18 ans, il se faitconnaître comme bandleader des Swing Pulisde la ville des brodeurs. Avec c<strong>et</strong>te formation, iljoue lui-même du saxophone <strong>et</strong> de la clarin<strong>et</strong>te.Il y a intégré plusieurs de ses collègues étudiantsà l’Ecole cantonale. Comme certains d’entre euxjouent aussi à la Stadtmusik de la ville, HansMoeckel va devoir subir les reproches dudirecteur de c<strong>et</strong>te dernière. Hans Heusser s’est àl’époque en eff<strong>et</strong> plaint que son tromp<strong>et</strong>tistePaul Luraschi n’avait plus la même sonoritédepuis qu’il jouait avec les Swing Pulis.Hans Moeckel: un parfait trait d’union entrele jazz <strong>et</strong> le monde des vents.Une carrière à la radioAprès avoir un peu négligé sa scolarité au profitde la musique, Hans Moeckel poursuit saformation musicale au Conservatoire de Zurichoù il étudie le piano, la composition <strong>et</strong> la théoriemusicale. Il commence sa carrière commedirecteur de l’Orchestre du théâtre municipal deSt-Gall. Suite à un nouvel engagement, ildéménage en 1947 avec toute sa famille à Bâle.Il y travaille d’abord comme arrangeur, puiscomme directeur adjoint du studio bâlois deRadio DRS.A 45 ans, il prend la succession de CédricDumont à la tête de l’Orchestre de divertissementde la radio DRS, connu à l’époque sous lenom d’Orchestre Beromünster. Son intérêt pourla musique de vents le conduit à être l’un desfondateurs de l’Orchestre à vents de la radio àBâle. Il tiendra aussi la bagu<strong>et</strong>te de la Musiquede la police de la ville de Bâle, puis de laPhoto: Foto Steiner, ZurichPhoto de Kurt Müller («Pully»)Stadtmusik de Zurich ainsi que de la Feldmusikde Jona (SG), de 1975 à 1983. Il aura aussi unecharge d’enseignement au sein du Conservatoirede Zurich qui l’avait formé. Hans Moeckelest décédé à 62 ans, le 6 octobre 1983 à Zurich.De la musique légèreLa notoriété de Hans Moeckel doit beaucoup àses compositions de musicals. Depuis les années1950 jusque vers la fi n des années 1970, cesmélodies deviennent très populaires. Evi<strong>dem</strong>mentà Zurich où elles sont créées, mais danstout le pays grâce à l’industrie du disque qui sedéveloppe en même temps. Hans Moeckel aégalement signé une foule de musiques – prèsd’une centaine – pour des pièces radiophoniquesou des émissions de TV. Sans compter unedouzaine de musiques de films, dontnotamment «Der Herr mit der schwarzenMelone» (1960), dont la partition est le fruitd’une collaboration avec Béla Bartók.Dans sa production pour orchestre symphonique,on r<strong>et</strong>iendra surtout sa «Tromp<strong>et</strong>en-Parade» pour tromp<strong>et</strong>te <strong>et</strong> orchestre. On citeraaussi «Anthracit» pour trombone. Pour formationsde vents, Hans Moeckel s’est souventlaissé inspirer par la nature qui l’entourait. Ainsiavec les ouvertures «Die Reiter von Saignelégier»(1968), «Landschaften-Suite» (1968) ou«Jurahöhen» (1973). C’est probablement à sonenvironnement bâlois qu’on doit «R<strong>et</strong>raite», unepièce avec des tambours bâlois. Il a aussi signédes pièces légères ou de début de concert, telles«Frühlingsgruss» (1963), «Fanfaren-Intrade» ou«Herbstruf» (1968). Sa «Rhythmicals Suite» ou«Stratosphärima» rappellent son cadreprofessionnel très imprégné de musique légère.Enfin, on lui connaît deux trios pour trombones:«Zug um Zug» <strong>et</strong> «Schnelle Züge». ■Huit œuvres classées par l’ASMLes Swing-Pullies lors de leur show à la Scala en février 1941. Hans Moeckel est au centre.Huit pièces de Hans Moeckel figurent dans laliste officielle des morceaux de concours del’ASM. «Bilder aus Asymm<strong>et</strong>rien» <strong>et</strong> «Landschaften-Suite»apparaissent pour la 2 e catégorieHarmonie. La plupart des œuvres sontclassées pour la 3 e division: «Danza Paesana»,«Die Reiter von Saignelégier», «Herbstruf»,«Jurahöhen» alors que «Fanfaren-Intrade» estprévue pour la 4 e classe.
Le magazine suisse de musique pour vents22-2008 unisono 21Paul V. Yoder, «le patron des compositeursaméricains», aurait fêté ses 100 ansPaul Yoder a tellement marqué l’univers des vents qu’on l’a surnommé «le patron des compositeurs américains»,mais aussi le «père des bands» ou encore, «le père du mouvement japonais de vents». Les racines de sa famille plongentdans le canton de Berne! jean-raphaël fontannazcompositeur, arrangeur <strong>et</strong> directeur parmi lesplus célèbres aux Etats-Unis <strong>et</strong> dans le monde,Paul Van BuskirkYoder est né à Tacoma, près deSeattle, dans l’Etat de Washington, il y a unsiècle, le 8 octobre 1908. Pendant qu’il effectuaitses études à l’Université du Dakota du Nord, oùil a décroché une licence en l<strong>et</strong>tres en 1930, PaulYoder gagnait sa vie en jouant de la batterie dansdes orchestres de salon. Après avoir achevéc<strong>et</strong>te première formation, il va se consacrer àl’enseignement de la musique. Il déménageainsi à West Aurora, dans l’Illinois, puis à Evansville,dans l’Indiana, où il restera jusqu’en 1936.Docteur ès musiquePaulYoder change encore de domicile pour s’établirà Chicago où il fréquente la NorthwesternUniversity d’Evanston <strong>et</strong> passe son doctorat. Ilcomplète encore sa formation au célèbreVanderCook College of Music. Il travaille dèslors comme compositeur professionnel. Car ils’était déjà fait un nom dans l’ensemble desEtats-Unis grâce à une abondante productiond’œuvres attrayantes <strong>et</strong> abordables pour schoolbands. C’est le début d’un immense cataloguequi, selon les sources, compte entre 1500 <strong>et</strong> 2000opus, tous publiés auprès de divers éditeurs.Comme beaucoup de compositeursprolifiques, il n’hésite pas à signer aussi depseudonymes. C’est lui aussi qui se cache sousles identités de Frederick Griggs, Carl Norton, AlUn pédagogue avertiOutre ses compositions, l’influence de Paul V.Yoder tient aussi à la publication de six sériesd’ouvrages pédagogiques conçus en collaborationavec Charles S. P<strong>et</strong>ers qui traitentde l’éducation musicale aussi bien individuellequ’en groupe, autant pour amateurs que pourprofessionnels.Dans ces livresintitulés «MasterTheory» sontabordés à la foisla théorie musicale<strong>et</strong> la composition,mais aussi lamanière d’écriredes arrangements.Van Buskirk, Allan Rader, Lester Guthrie,Charles Porter, James A. Scott ou Max Thomas.A noter que PaulYoder a trouvé dans sa généalogiela plupart de ces noms de plumes. Lesdeux premiers cités viennent en eff<strong>et</strong> dupatronyme de sa maman, Susan Norton Griggs(1895-1953). Le troisième correspond au nomde sa grand-mère paternelle tandis que VanBuskirk vient de son arrière-grand-mère <strong>et</strong>constitue aussi son middle name.Seconde Guerre mondiale dans la fanfarePendant la guerre, il rejoint l’armée américaine<strong>et</strong> sert dans les fanfares de Fort Slocum <strong>et</strong> deFort Hamilton, près de NewYork. Sa réputationlui vaudra aussi d’obtenir des commandes desstudios de Walt Disney pour qui il écrit desmusiques servant d’illustrations sonores auxdessins animés. L’une de ses premières œuvres«majeures» est l’ouverture «Mountain Majesty»,publiée en 1947. C<strong>et</strong>te pièce est d’ailleurs laseule à figurer aujourd’hui encore dans la listedes morceaux de concours de l’ASM, sous l<strong>et</strong>itre «Majestät der Berge», dans un arrangementd’Otto Zurmühle pour harmonie ou fanfarede 3 e catégorie. A noter qu’en 1972, il co-signeavec Harold L. Welters «Bands around theworld».Parmi ses compositions les plus célèbres, onpeut citer pêle-mêle: «Barcelona» (1964),«Pachinko» (1966), «Tin Pan Gallery» (1968),«Spiritual Rhapsody» (1970), «Tokyo Tower»(1971), «The Gandy Dancers» (1974), «Avalanche»(1977), «American West» (1982), «BluesAmericana» (1985). On mentionnera encore:«Alpha and Omega», «Dutch Treat», «GypsyPrincess», l’ouverture «Harvest Home», ouencore «Holland Brass», la marche «Hurricane!»,«Midnight Sun» ou la tarentelle «Rust Stre<strong>et</strong>» <strong>et</strong>«Westward Ho!»Une fi gurepaternelleL’engagement de PaulYoder en faveur des ventslui a valu une foule de surnoms. Aux Etats-Unis,on l’a ainsi appelé «The dean of the Americancomposers» (Le patron des compositeurs américains)ou le «Father of the bands» (le père desfanfares). En Orient (Japon <strong>et</strong> Corée surtout), ila souvent été considéré comme «l’ambassadeurmusical des Etats-Unis». Ses interventions auJapon lui ont même valu le titre inofficiel dePaul Yoder («Père de la WASBE») dirige le AllJapan High School Band à Manchester en 1981.«Père du mouvement japonais des vents». Ouencore: sur son site Intern<strong>et</strong>, l’Associationmondiale WASBE le présente comme le «Père dela WASBE»!Comme président de l’Association américainedes directeurs (ABA) en 1963-1964, il afondé le «Journal of band research» <strong>et</strong> contribuéà la création d’un centre de recherches musicalessur les vents à l’Université du maryland. PaulYoder est décédé le 4 avril 1990 des suites d’unelongue maladie dans une maison de santé àHendersonville, en Caroline du Nord. ■Des origines bernoisesLa généalogie de Paul Yoder perm<strong>et</strong> der<strong>et</strong>racer sa famille, de façon documentée,sur une <strong>dem</strong>i-douzaine de générations.■ Son aïeul Conrad est décédé en 1790 <strong>et</strong>avait déjà émigré aux Etats-Unis. Lepatronyme est d’origine bernoise, sous laforme Joder, <strong>et</strong> est attesté dès le 16 e siècleà Steffisburg <strong>et</strong> à Muri.■ Le nom viendrait d’une déformation deSaint Théodore qui fut un missionnairechrétien dans les Alpes au Moyen Age.■ Apparemment, la très grande majoritédes Yoder établis en Amérique sont desmennonites (ou anabaptistes). C’est à l’unede ces églises libres qu’appartiennent aussiles Amish, où l’on trouve également denombreux Yoder <strong>et</strong> dont un film récent a misen relief le mode de vie très particulier.