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28 LA COMMUNICATION ET SES ACTEURS U9K25-F1/1<br />

population est élevé : la probabilité d’avoir été au cours des douze derniers mois dans une salle de cinéma,<br />

un théâtre, un musée ou d’avoir lu un nombre important de livres croît régulièrement avec la fréquence des<br />

connexions. Internet ne se substitue pas mais se conjugue aux autres médias et sources culturelles.<br />

V. LE FUTUR DES MÉDIAS<br />

Récapitulons : il faut d’abord se placer à l’échelle des millénaires en ce qui concerne le passage de l’écrit à<br />

l’imprimerie, puis à celle des siècles en ce qui concerne la période séparant l’invention de l’imprimerie de<br />

celle du télégraphe. Il faut ensuite se placer dans l’ordre des décennies pour mesurer le temps qui sépare les<br />

grandes découvertes ultérieures : (40 ans environ entre le télégraphe et le téléphone, puis 20 ans, à peu près,<br />

pour passer aux liaisons sans fil et de la TSF à la radio, 15 ans de la radio à la télévision, et 10, de la<br />

télévision à l’ordinateur).<br />

L’accélération concerne non seulement l’enchaînement des inventions, mais aussi la vitesse de transmission<br />

des informations correspondantes, puisque l’on quitte l’ère de la communication en différé (de l’écrit, de<br />

l’image ou du son) pour entrer dans celle de l’instantané. L’informatique, enfin, et la généralisation du<br />

codage numérique binaire accélèrent ces tendances, jusque-là partielles et limitées aux regroupements et aux<br />

combinaisons des différents médias.<br />

En outre, comme le note Régis Debray, l’évolution technique modifie l’équilibre des forces entre anciens et<br />

nouveaux moyens de communication : « chaque medium nouveau court-circuite la classe des médiateurs<br />

issus du medium précédent. » (ainsi de la remise en cause du pouvoir des prêtres par l’imprimerie, de celui<br />

des écrivains et des intellectuels par l’audiovisuel… des journalistes par les blogueurs).<br />

Il est temps de se poser la question de ce qu’Internet a changé… et de ce qu’il changera encore.<br />

Il est devenu un cerveau collectif externalisé que nous partageons tous. Comment modifie-t-il le<br />

fonctionnement de notre propre cerveau ?<br />

Internet change la façon dont nous décidons.<br />

Pour le physicien Daniel Hillis, le réel impact de l’internet a été de changer la façon dont nous<br />

prenons des décisions. En permettant à des systèmes complexes d’interagir, de plus en plus, ce ne<br />

sont pas des êtres humains qui décident, mais un réseau d’humains et de machines<br />

enchevêtrées, en adaptation constante les uns aux autres.<br />

« Notre relation au réseau est similaire à notre relation à notre écosystème biologique. Nous en<br />

sommes co-dépendants, et pas entièrement maîtres. Nous avons délégué à nos machines nombre<br />

de nos choix et de ce fait nous avons créé un monde au-delà de notre propre compréhension. Ce<br />

siècle commence avec une note d’incertitude. Nous nous apprêtons à vivre une crise financière<br />

causée par la mauvaise conception informatique des risques de notre système bancaire, nous<br />

débattons du changement climatique autour de ce que les ordinateurs prédisent des données. Nous<br />

avons lié nos destinées à nos technologies. Si le thème des Lumières était l’indépendance, notre<br />

propre thème est l’interdépendance. Nous sommes maintenant tous reliés, les humains et les<br />

machines. Bienvenue à l’aube de l’intrication. »<br />

Il n’a pas changé ce que l’on sait, mais ce que l’on peut trouver.<br />

Pour Marissa Mayer de Google, « L’Internet a mis l’ingéniosité et la pensée critique à l’avantgarde<br />

et a relégué la mémorisation des faits à l’exercice mental ou au divertissement. Par<br />

l’abondance de l’information, Internet crée le sentiment que tout est connaissable ou trouvable, si<br />

vous pouvez construire la bonne recherche, trouver le bon outil ou vous connecter aux bonnes<br />

personnes. La question importante n’est peut-être pas de savoir comment l’Internet change la<br />

manière dont l’on pense, mais plutôt comment l’Internet apprend lui-même à penser. »<br />

On peut toutefois se demander ce que serait une pensée sans mémorisation permettant de<br />

structurer celle-ci. Les moteurs de recherche ont leur propre syntaxe, leurs propres règles<br />

logiques ; les accepter aveuglément n’est pas sans danger.<br />

Il modifie probablement jusqu’à nos cerveaux eux-mêmes.<br />

Pour la professeure de psychologie à l’université de Stanford, Lera Boroditsky, l’Internet<br />

augmente notre champ réceptif, comme l’ont fait jusqu’à présent tous les outils humains. De

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