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De l'urgence à la reconstruction : passer par H.A.I.T.I. - Evenium

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<strong>De</strong> l’urgence à <strong>la</strong> <strong>reconstruction</strong> : <strong>passer</strong> <strong>par</strong> H.A.I.T.I.Mais celle-ci pose de lourdes questionsstructurelles : s’agit-il de développer les villesproches de Port-au-Prince (Jacmel, Léogâne),elles-mêmes touchées à des degrés divers, ou lesautres grandes villes (Cap-Haïtien, Gonaïves)qui n’ont pas été frappées ou enfin tenter defixer dans les zones rurales (P<strong>la</strong>teau central)une <strong>par</strong>tie de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ? Probablement unpeu des trois. P<strong>la</strong>cé devant ce choix, le gouvernementhaïtien a hésité entre le développementde six grands pôles ou de trois comme luisuggérait le secteur privé, s’appuyant sur desspécificités économiques pas toujours convenablementexploitées (tourisme, agriculture,petite industrie). Une idée s’est imposée : il n’ya aucune raison justifiant qu’Haïti ne puissepas connaître un développement économiquecom<strong>par</strong>able à celui de <strong>la</strong> République dominicaine,sa voisine, dont le degré de développementétait com<strong>par</strong>able il y a cinquante ans.La France a poussé à (re)découvrir le rôledes collectivités locales sans lequel il ne sauraity avoir de véritable développement, en Haïtiplus encore qu’ailleurs. L’idée a germé, maissans malheureusement prospérer, d’affecterune <strong>par</strong>tie de l’aide internationale aux collectivitéslocales. La coopération décentraliséeentre collectivités locales des pays donateurset leurs homologues d’un pays récipiendaireest également un facteur de développementdurable, même si les moyens financiers de cescollectivités ne sont pas toujours à <strong>la</strong> mesure deleurs ambitions.Le « pays en dehors » est enfin, dans le casd’Haïti, <strong>la</strong> diaspora – 4 millions d’Haïtiensdans une vingtaine de pays, dont les transfertsannuels représentent 20 à 25 % du PIB –, quine demande qu’à aider son pays d’origine, pourpeu que soit mis fin à l’interdiction de <strong>la</strong> doublenationalité et que soit garanti le cadre juridiquedes affaires.Le séisme du 12 janvier a donc révélé, jusqu’à<strong>la</strong> caricature, l’impossibilité d’un développementéconomique autocentré. La catastrophehumanitaire a mis au jour <strong>la</strong> crise d’un modèleéconomique et politique.Institutions solidesSi les économistes du développement ne sont pastotalement d’accord sur <strong>la</strong> forme que doiventprendre les institutions d’un pays en sortie decrise, nul ne doute plus aujourd’hui du rôle del’État et de <strong>la</strong> nécessité de coordonner institutionnellementl’aide des bailleurs.Le séisme qui a frappé Haïti a touché unpays qui commençait à connaître quelquessuccès, y compris en matière de gestion desfinances publiques, et a condamné un modèleà <strong>la</strong> fois extrêmement centralisé et fort peuétatique. La première priorité institutionnelleen Haïti est donc de recréer, voire de créer del’État. Les principales fonctions régaliennessont à développer.Avec 11 % du PIB, <strong>la</strong> collecte fiscale avantle 12 janvier était déjà l’une des plus faibles dumonde. La direction générale des impôts a étédécapitée <strong>par</strong> le tremblement de terre, mais <strong>la</strong>chute des recettes a été moins dramatique qu’attendue.Dans le nouveau programme qu’il aconclu avec Haïti, le FMI met à juste titre l’accentsur <strong>la</strong> nécessité d’augmenter les ressourcesinternes, mais à un niveau qui reste limité :13 % du PIB en 2013. Or l’augmentation desrecettes fiscales est toujours un test important :elle témoigne de <strong>la</strong> détermination politiquedu gouvernement, elle réduit <strong>la</strong> dépendance àl’égard de l’aide extérieure, elle est nécessairementsource de redistribution et de réductiondes inégalités, elle oblige, enfin, à mettre aupoint des mécanismes trans<strong>par</strong>ents de gestiondes finances publiques. Il est significatif, même

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