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De l'urgence à la reconstruction : passer par H.A.I.T.I. - Evenium

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D I P L O M A T I E D E L A C R I S Esi ce<strong>la</strong> peut <strong>par</strong>aître étrange, que le principalengagement pris <strong>par</strong> les entreprises privéeshaïtiennes à New York ait été celui de payerleurs impôts… Un autre domaine stratégique est<strong>la</strong> consolidation de <strong>la</strong> « chaîne pénale » (police,justice, prisons), qui repose donc <strong>la</strong>rgement surles Nations unies.Le défi <strong>la</strong>ncé à Haïti est enfin de créer del’État en dehors de Port-au-Prince : pas dedécentralisation sans déconcentration, et pasde déconcentration sans formation de fonctionnairesterritoriaux. L’assistance techniquede tous les bailleurs est indispensable : elle estmoins visible que les centaines de millions dedol<strong>la</strong>rs dépensées, mais plus porteuse de développementà long terme. Elle ne saurait se substituerà <strong>la</strong> constitution d’une administrationsolide et elle doit être tout autant coordonnée,sinon plus, que l’aide financière.Comme le reconnaissent les autoritéshaïtiennes, le sous-développement du paysa <strong>la</strong>rgement des causes politiques : longuespériodes de dictature ou d’impéritie despouvoirs publics. On peut sans nul doute faireun lien entre le développement économique desannées précédant le séisme et le fonctionnementplus normal des institutions politiques. 2010devait voir se dérouler successivement les électionslégis<strong>la</strong>tives au printemps et les présidentiellesà l’automne. Les premières ont finalementété regroupées avec les secondes et devraientnormalement avoir lieu fin novembre. Lespré<strong>par</strong>er n’est pas une tâche facile : celle-ci s’effectueavec l’aide des Nations unies. La questiontraditionnelle s’est posée de savoir s’il convenaitde les décaler, compte tenu de l’état du pays.Les organiser quand même <strong>par</strong>aît indispensablesi l’on veut conforter l’idée que c’est auxHaïtiens eux-mêmes de décider de leur développement,de faire prendre des décisions <strong>par</strong>foisdifficiles <strong>par</strong> des autorités légitimes, d’éviter lestraditionnelles divisions de ce pays. Sortir decrise et se développer passe aussi <strong>par</strong> le respectde règles démocratiques chèrement acquises.La question institutionnelle se pose aussi auxbailleurs, pour ce qui concerne l’architecture del’aide. Les échanges de <strong>la</strong> communauté internationaledès le lendemain du séisme ont malheureusementporté plus sur ces sujets que sur lesobjectifs de développement d’Haïti. La Francea veillé à ce que le débat porte d’abord sur lesfins et non sur les moyens. Il n’empêche que cessujets sont importants.En qui concerne <strong>la</strong> coordination des donateurs,l’idée s’est vite imposée de créer un fondsfiduciaire multibailleurs (désormais appeléFonds pour <strong>la</strong> <strong>reconstruction</strong> d’Haïti – FRH),mais une controverse assez longue, et à dire vraiassez vaine, a opposé les tenants du modèle créépour l’Afghanistan – sous l’égide de <strong>la</strong> seuleBanque mondiale – à celui de <strong>la</strong> solution retenuepour l’Irak – avec deux « fenêtres » : l’une gérée<strong>par</strong> <strong>la</strong> Banque mondiale, l’autre <strong>par</strong> les Nationsunies. Le « modèle afghan » a finalement étéretenu, certes grâce au soutien des États-Unis,mais surtout <strong>par</strong>ce que les Nations unies onttoujours quelques difficultés à revendiquer <strong>la</strong>coordination de l’aide internationale quandelles n’arrivent pas à faire <strong>par</strong>ler d’une seule voixou agir en harmonie ses multiples agences ouinstitutions spécialisées… Une question pluscentrale a été posée à l’initiative de <strong>la</strong> France : leFRH devait-il servir de réceptacle uniquement àde l’aide-projet ou également à de l’aide budgétaire? La seconde solution l’a heureusementemportée, qui permet à des bailleurs, traditionnellementréticents à l’égard de l’aide budgétaire,d’y procéder avec toutes les garanties debonne gestion financière offertes <strong>par</strong> <strong>la</strong> Banquemondiale. La question des frais de gestion duFRH pour l’aide-projets demeure, en revanche,en débat.

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