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Reconnaissance implicite des visages par stimulation de l ... - RNP

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Revue <strong>de</strong> Neuropsychologie1997, Vol. 7, no 1, 71-94.<strong>Reconnaissance</strong> <strong>implicite</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong><strong>par</strong> <strong>stimulation</strong> <strong>de</strong> l'imagerie mentalechez un patient prosopagnosiquePatrick VerstichelRésumà Nous rapportons le cas d'un patient présentant à la suited'hématome bilatérau occipito-temporaux, une prosopagnosie sévèrune agnosie visuelle pour les objets et les images, et une alexie lettre<strong>par</strong> lettre. La stratégi visuelle étai dans tous les cas une analyse trait<strong>par</strong> trait. En raison d'une hémianopsi latéral homonyme gauche complèteil est probable qu'elle résultai avant tout du fonctionnementhémisphériq gauche. L'évaluatio <strong>de</strong> la prosopagnosie a montràquele patient ne ressentait aucun sentiment <strong>de</strong> familiarità avec les <strong>visages</strong>cklèbre et ne différenciai pas les <strong>visages</strong> connus et inconnus. Enrevanche, dans les épreuve d'apprentissage <strong>de</strong> couples nom-visage, etplus encore les tâch d'ap<strong>par</strong>iement nom-visage en choix contraint, ildémontrai <strong><strong>de</strong>s</strong> capacité <strong>de</strong> reconnaissance <strong>implicite</strong>. Nous interprétonle défici prosopagnosique comme l'impossibilità pour le patient, du faitdu trouble perceptif, d'activer les représentation <strong>de</strong> <strong>visages</strong> stockéenmémoire La réussit dans les épreuve <strong>de</strong> choix forcà passerait <strong>par</strong> une<strong>stimulation</strong> <strong>de</strong> ces représentation grâc aux noms <strong><strong>de</strong>s</strong> individus. Lerôl <strong>de</strong> l'hémisphè gauche dans ces performances est soulignéMots clé : Prosopagnosie, agnosie visuelle, reconnaissance <strong>implicite</strong>Key words: Prosopagnosia, visual agnosia, covert recognition.Clinique Neurologique, Hbpital Beaujon, Clichy et C.H.I. CréteilAdresse <strong>de</strong> correspondance : Service <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cin B Neurologie, CentreHospitalier Intercommunal <strong>de</strong> Créteil 40 avenue <strong>de</strong> Verdun, 94010Crétei Ce<strong>de</strong>x, France.


72 Patrick VersfichelProsopagnosie et reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> 73INTRODUCTIONLa prosopagnosie est l'incapacità <strong>de</strong> reconnaîtr les individus <strong>par</strong>leur visage. Celui-ci, <strong>de</strong> faço caractéristique ne suscite aucun sentiment<strong>de</strong> familiarità (Gross et Sergent, 1992). Les patients s'attachent Ãdivers indices perceptifs (silhouette, coupe <strong>de</strong> cheveux, vètementsvoix, etc.) pour tenter <strong>de</strong> déduir l'i<strong>de</strong>ntità d'une personne. Dans <strong><strong>de</strong>s</strong>conditions d'examen <strong>par</strong>ticulières ou en utilisant <strong><strong>de</strong>s</strong> techniques électrophysiologiques, certains prosopagnosiques peuvent toutefois démontrer une reconnaissance dont ils n'ont pas conscience. Lorsqu'on leurprésent <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> familiers non reconnus explicitement, les réponseélectro<strong>de</strong><strong>de</strong> (Bauer, 1984 ; Tranel et Damasio, 1988), ou l'on<strong>de</strong>P300 (Renault et al., 1989) traduisent une reconnaissance <strong>implicite</strong>(voir revue <strong>de</strong> Mil<strong>de</strong>rs et Perrett, 1993). Dans certains tests neuropsychologiques,leurs performances dépassenettement la chance, mèms'ils ont l'impression <strong>de</strong> répondr au hasard. Ils retiennent plus facilementun couple associant un visage à un nom ou un visage à une professionlorsque l'un et l'autre correspon<strong>de</strong>nt effectivement (DeHaan,Young et Newcombe, 1987 ; Young et DeHaan, 1988 ; Young,DeHaan et Newcombe, 1990 ; Sergent et Poncet, 1990 ; McNeil etWarrixgton, 1991) ; le classement <strong>de</strong> noms connus selon un critèrsémantiqu est sujet à une interférenc si <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> d'autres individussont présentà simultanémen (Young et al., 1986) ; la décisio <strong>de</strong>familiarità concernant un visage connu est facilité <strong>par</strong> la présentatiopréalabl d'un visage sémantiquemen lià (Young, Hellawell etDeHaan, 1988). De faço plus directe, un indice sémantiqu peutdéclenche une reconnaissance consciente : <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> d'acteurs, nonreconnus spontanément le seront si on informe le patient que tous lesindividus exercent la mèm profession (Sergent et Poncet, 1990). Cesdifférente capacité ne s'observent pas, toutefois, chez tous les prosopagnosiques.La mise en évi<strong>de</strong>nchez <strong><strong>de</strong>s</strong> prosopagnosiques <strong>par</strong>fois sévèremeatteints <strong>de</strong> ces possibilité <strong>de</strong> reconnaissance <strong>implicite</strong>, ou mèm explicite,a <strong><strong>de</strong>s</strong> implications importantes. Elle permet <strong>de</strong> montrer que <strong><strong>de</strong>s</strong>capacité d'analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> sont encore utilisée <strong>par</strong> le cerveau lésÃmêm si leur efficacità dans la vie courante est faible ou nulle. Dans lecas que nous rapportons (D.R.E.), la prosopagnosie étai <strong>par</strong>ticulièrement marqué et s'accompagnait d'une hémianopsi latéral homonymegauche. Des capacité <strong>de</strong> reconnaissance <strong>implicite</strong> étaien toutefois observéesen <strong>par</strong>ticulier lorsqu'on activait l'imagerie mentale <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>.L'interprétatio <strong>de</strong> ces faculté est guidé <strong>par</strong> l'utilisation d'un modèlcognitif classique (Bruce et Young, 1986 ; Valentine et al., 1991,1993) (Figure 1). et permet d'approcher le rôl jouà <strong>par</strong> l'hémisphègauche dans l'analyse faciale.FIGURE 1. Modèl <strong>de</strong> reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong> noms d'individus,d'aprè Bruce et Young (1986) et Valentme et al. (1991, 1993).NOMexprimions Structurale honologiquecoitrieAppanemcnc, <strong>de</strong>Com<strong>par</strong>aiton avec lesviwes connuâ :sentiment<strong>de</strong>familiari*+Production dunomFIGURE 1. Mo<strong>de</strong>1 of face and name processing, adapted jiom Bnice andYoung (1986), and Valentine et al. (1991, 1993).


Patrick VerstichelProsopagnosie et reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> 75CAS CLINIQUELe patient, D.R.E., homme <strong>de</strong> 69 ans, droitier, possédai un niveausocio-culturel élevà et exerçai jusqu'à sa retraite <strong>de</strong> hautes responsabilitédans une gran<strong>de</strong> entreprise. Quoiqu'autodidacte en ce domaine, ilpossédai d'indiscutables compétencen <strong><strong>de</strong>s</strong>sin artistique, loisir qu'ilpratiquait régulièremen En juillet 1993, il fut hospitalisà pour l'ap<strong>par</strong>itionbrutale d'une hémianopsi latéral homonyme droite et d'unealexie avec impossibilità <strong>de</strong> lire mots et lettres. L'IRM cérébra montraitun hématom occipital gauche. Le bilan étiologique comportantune artériographi cérébral fut négatif L'évolutio fut favorable.L'alexie et l'hémianopsi dis<strong>par</strong>urent complètement En octobre 1993,D.R.E. fut hospitalisà <strong>de</strong> nouveau pour <strong><strong>de</strong>s</strong> céphalé et <strong><strong>de</strong>s</strong> nauséesL'examen clinique notait une hémianopsi latéral homonyme gauche et<strong><strong>de</strong>s</strong> troubles <strong>de</strong> la reconnaissance visuelle. Le patient avait <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultéà reconnaîtr <strong><strong>de</strong>s</strong> objets (stylo, lunettes.. .), surtout lorsqu'ils étaienprésentà <strong>de</strong>vant lui sous <strong><strong>de</strong>s</strong> angles inhabituels. En revanche, lorsqueces même objets étaien palpés D.R.E. les reconnaissait et les dénommait sans difficulté Quant aux images représentan <strong><strong>de</strong>s</strong> objets, il lesdécrivai <strong>par</strong> détail successifs. La lecture s'effectuait <strong>de</strong> nouveau lettre<strong>par</strong> lettre. D.R.E. se plaignait en outre d'une impossibilità à reconnaîtrles <strong>visages</strong>. Ces troubles neuropsychologiques sont développÃplus loin. Le scanner X cérébr (Figure 2) montrait un hématomtemporo-occipital droit récent Un second bilan étiologiqu <strong>de</strong>meuranégatif Le diagnostic d'angiopathie amyloïd fut évoquÃFIGURE 2. Reconstruction <strong><strong>de</strong>s</strong> lésion à <strong>par</strong>tir du scanner X cérébra sur <strong><strong>de</strong>s</strong>coupes horizontales <strong>par</strong>allèle au plan orbito-méata inférieu (d'aprèDamasio et Damasio, 1989). L'hémisphè droit est représent à gauche <strong>de</strong> lafigure, l'hémisphè gauche à droite. Dans l'hémisphè droit, l'hématomrécen touche le cortex du gym lingual et la berge inférieur <strong>de</strong> la scissurecalcarine, et s'éten en profon<strong>de</strong>ur dans la substance blanche sous-jacente Ãla scissure calcarine vers la corne temporale du ventricule latéral Une <strong>par</strong>tie<strong>de</strong> l'hématom lès égalemen la face supérieur et postérieur du gym <strong>par</strong>ahippocampique.Dans l'hémisphè gauche, la séquell d'hématom lès lepole occipital en arrièr et en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la scissure calcarine, et se prolongedans la substance blanche du lobe occipital et du lobe temporal vers la cornetemporale du ventricule latéralFIGURE 2. Reconstruction of cerebral lesions from CT scan, on horizontalplanes <strong>par</strong>allel to the inferior orbito-meatal sections (ahpted from Damasio& Damasio, 1989). The right hemisphere is on the left in the figure, and theleft hem'sphere is on the right. In the right hemisphere, the new hematoma hasdamaged the lingual cortex and the inferior calcarine bank, and has spreadinto the white matter immediately beneath the calcarine sulcus, towards thetemporal hom of the lateral ventricle. The superior-posterior si<strong>de</strong> of the hippocampalgyms is damaged by the hematoma. In the left hemisphere, theposthemorrhagiclesion lies in the occipital pole behind and outsi<strong>de</strong> the calcarinsulcus in the white mafier of the occipital and temporal lobes towards thetemporal hom of the lateral ventricle.


76 Patrick VersfichelProsopagnosie et reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> 77ÉTUD NEUROPSYCHOLOGIQUE (octobre-novembre 1993)LangageL'expression orale ne comportait pas <strong>de</strong> manque du mot, <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la fluence, ni <strong>de</strong> transformation. La compréhensio orale étainormale. La lecture s'effectuait alors lettre <strong>par</strong> lettre. L'expressionécrit étai normale, mais le patient se relisait difficilement, et toujourslettre <strong>par</strong> lettre. Ainsi, D.R.E. étai in<strong>de</strong>mne <strong>de</strong> trouble aphasique ; ilprésentai une alexie agnosique <strong>de</strong> type "lettre <strong>par</strong> lettre" (ou "alexiepure").<strong>Reconnaissance</strong> visuelleIl existait alors une hémianopsi latéral homonyme gauche complèteLes couleurs vives étaien facilement i<strong>de</strong>ntifiées mais <strong>par</strong>aissaientaffadies, <strong>de</strong> teinte aquarelle. D.R.E. continuait à rêve et conservaitune imagerie interne <strong>de</strong> veille riche et coloréeLa distinction <strong><strong>de</strong>s</strong> formes géométriqu élémentair étai normale.Dans une épreuv dérivà du test d'Efron (1968), D.R.E. pouvaitdétermine si <strong>de</strong>ux <strong>par</strong>allélépi@es-rectangl étaien similaires ou différentdans 27 cas sur 30 (90%). ce qui est supérieu la chance, †(1df) = 19.2, p< .001. La distinction étai possible mêm si les figuresdifféraien peu. Lorsqu'il s'agissait d'images d'objets ou d'animaux(<strong><strong>de</strong>s</strong>sins tiré <strong>de</strong> l'imagier du Pèr Castor), l'analyse <strong>de</strong> D.R.E. s'effectuaitfragments <strong>par</strong> fragments, l'item ne pouvant êtr perç d'une façoglobale. Certains détail accessoires (lignes <strong>de</strong> bordure du cadre, petitetache sur l'image) étaien intégrà la cible. La perception dh&,détaicaractéristiqu pouvait entraîne une déductio exacte. La <strong><strong>de</strong>s</strong>criptiond'un meuble <strong>de</strong> cuisine étai la suivante : "Je vois <strong><strong>de</strong>s</strong> perpendiculaires,<strong><strong>de</strong>s</strong> espèce <strong>de</strong> cadres, j'ignore si cela fait <strong>par</strong>tie <strong>de</strong> l'objet. Le premiercom<strong>par</strong>timent est divisà en 4 <strong>par</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> piquets. Le 2èm est relià aupremier. ià il y a encore un autre com<strong>par</strong>timent qui a un cadre blanc. . . qu'est-ce que c'est ? . . . cela pourrait êtr <strong><strong>de</strong>s</strong> casiers, <strong><strong>de</strong>s</strong> étagèravec <strong><strong>de</strong>s</strong> sé<strong>par</strong>ation verticales". Il ne pouvait i<strong>de</strong>ntifier, au total, que50% <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins. Les images inhabituelles (agrandissements <strong>de</strong> détaild'un objet), ou les photographies d'objets pris sous <strong><strong>de</strong>s</strong> angles inhabituelsétaien encore plus problématiques D.R.E. ne pouvait alors quedécrir les élémen <strong>de</strong> la composition les uns aprè les autres sansreconnaîtr aucune image.Les capacité perceptives furent égalemen apprécié <strong>par</strong> la copie <strong>de</strong><strong><strong>de</strong>s</strong>sins. Celle-ci s'effectuait, là encore, <strong>par</strong> addition <strong>de</strong> petites touchessuccessives, intriquant les traits ap<strong>par</strong>tenant à la forme principale etceux <strong><strong>de</strong>s</strong> élémen du fond. L'ensemble restait proche du <strong><strong>de</strong>s</strong>sin-cible,mais D.R.E. ne pouvait distinguer les diverses formes les unes <strong><strong>de</strong>s</strong>autres, ni sur les <strong><strong>de</strong>s</strong>sins-cibles, ni à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> ses propres copies. Enrevanche, lorsque D.R.E. étai prià <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>siner <strong>de</strong> mémoire ses productionsétaien excellentes, et le <strong><strong>de</strong>s</strong>sin s'effectuait <strong>par</strong> un tracà habileet déli <strong>de</strong> la forme général à laquelle les détail étaien ensuite ajoutéset non plus <strong>par</strong> apposition <strong>de</strong> touches successives. Les <strong><strong>de</strong>s</strong>sinsétaien <strong>de</strong> mêm qualità qu'avant les acci<strong>de</strong>nts vasculaires. Cependant,lorsqu'on lui présent ses productions aprè quelques jours, D.R.E. neput en reconnaîtr le sujet, ni mêm juger formellement qu'il s'agissait<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins <strong>de</strong> sa propre main.Analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong><strong>Reconnaissance</strong> explicite. Le trouble d'i<strong>de</strong>ntification <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>étai manifeste dans la vie courante. D.R.E. ne pouvait en aucune façoreconnaîtr ses proches (ses filles, <strong>par</strong> exemple) ou les membres <strong>de</strong>l'équip médical à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> leur visage. Il essayait alors <strong>de</strong> le faired'aprè d'autres indices perceptifs. Avec <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> <strong>de</strong> célébrit ap<strong>par</strong>tenantà différente catégorie professionnelles (hommes politiques,comédiens chanteurs, écrivains journalistes, pksentateurs télà personnagespublics ...), toutes connues du patient, il n'y eut qu'un seulindividu i<strong>de</strong>ntifià sur 54 photographies présentée Honnis celui-ci,aucun visage ne suscita <strong>de</strong> sentiment <strong>de</strong> familiarité Par exemple,<strong>de</strong>vant le visage <strong>de</strong> Bernard Tapie, le commentaire étai : "C'est unhomme dans la plénitu <strong>de</strong> sa force, avec un légesourire ... Il a lescheveux un peu longs ... un homme qui sait prendre le meilleur ... jene sais pas qui c'est". Il n'y avait aucune erreur dans l'estimation dusexe. L'analyse structurale fut étudià plus en détail


Patrick VerstichelProsopagnosie et reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> 79Lecture labiale. D.R.E. reconnaissait 9/12 syllabes prononcéesilencieusement <strong>de</strong>vant lui. Les trois erreurs concernaient <strong><strong>de</strong>s</strong> consonnes<strong>de</strong> mêm groupe (pu reconnu comme ''ha", <strong>par</strong> exemple), ce qui témoignait d'une préservatio <strong>de</strong> la lecture labiale.<strong>Reconnaissance</strong> d'expressions faciales. Quatre expressions faciales(tristesse, colère joie, étonnement furent présenté à 3 reprises chacuneau patient, qui <strong>de</strong>vait indiquer verbalement quels sentiments elleslui évoquaient Une répons exacte fat donné 6 fois sur 12. Dansl'ensemble, les erreurs étaien dues à la prise en compte d'une seule<strong>par</strong>tie du visage : <strong>de</strong>vant une expression <strong>de</strong> tristesse, le patient ne s'attachaitqu'à la bouche et n'analysait pas l'expression <strong><strong>de</strong>s</strong> yeux ("il tireles lèvre vers le bas, c'est un peu dégoûté Il n'y avait pas <strong>de</strong> reconnaissancesystématiquemen exacte ou systématiquemen fausse pourtelle ou telle expression faciale. Les erreurs survenaient ainsi pour <strong><strong>de</strong>s</strong>expressions qui pouvaient ultérieuremen étr reconnues, ou inversement.Ap<strong>par</strong>tements <strong>de</strong> <strong>visages</strong>. Une photographie d'un visage <strong>de</strong> célÃbrité <strong>de</strong> profil ou <strong>de</strong> trois-quarts, étai présentà au patient. Celui-ci<strong>de</strong>vait ap<strong>par</strong>ier cette prise <strong>de</strong> vue au mém visage vu <strong>de</strong> face. Cinq présentations avec <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> différent furent réalisée Le patient avaitquelques difficulté à réussi cette épreuve il échou 2 fois sur 5.Dans ces épreuves qui reflèten les étape perceptives <strong>de</strong> l'analyse<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, les performances du patient étaien altéré à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>grédivers. Ces résultat peuvent étr expliqué si on admet que le patienteffectuait une analyse visuelle relativement fragmentaire. Ainsi, la priseen compte d'un seul détail la bouche, <strong>par</strong> exemple, permettait une lecturelabiale mais non l'i<strong>de</strong>ntification correcte <strong><strong>de</strong>s</strong> expressions faciales,car plusieurs possibilité s'offraient alors, entre lesquelles le choix<strong>de</strong>venait aléatoir dè lors que D.R.E. ne pouvait analyser dans lemém temps une autre <strong>par</strong>tie du visage, comme les yeux. Cette difficultÃà percevoir la face comme un tout entraînai <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs lorsqu'ils'agissait d'ap<strong>par</strong>ier <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> sous <strong><strong>de</strong>s</strong> angles différentsL'analyse structurale permet, dans le modèl <strong>de</strong> Bruce et Young(1986) d'activer <strong><strong>de</strong>s</strong> représentation <strong>de</strong> <strong>visages</strong> codée et stockéenmémoire Cette étap rend possible la distinction entre <strong>visages</strong> connuset inconnus, et un sentiment <strong>de</strong> familiarité L'absence totale <strong>de</strong> ce sentiment<strong>de</strong> familiarità chez D.R.E. laissait supposer que l'ap<strong>par</strong>iemententre les <strong>visages</strong> vus et leur représentatio dans les unité <strong>de</strong> reconnaissance<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> étai défaillant L'épreuv suivante a étudi cetteétapeCatégorisatio <strong>de</strong> <strong>visages</strong> connus et inconnus. Quatre-vingt-troisphotographies comprenant 54 <strong>visages</strong> célèbr et 29 <strong>visages</strong> inconnus,furent présenté l'une aprè l'autre au patient, <strong>de</strong> faço aléatoireCelui-ci <strong>de</strong>vait les ranger en 2 piles, <strong>visages</strong> connus et <strong>visages</strong> inconnus.Le nombre global <strong>de</strong> bonnes réponse étai <strong>de</strong> 46 sur 83 (55%). Letaux <strong>par</strong> catégori étai <strong>de</strong> 55% pour les <strong>visages</strong> cklèbre et <strong>de</strong> 55%pour les <strong>visages</strong> inconnus. Ces résultat confirment l'impossibilità pourle patient d'effectuer l'étap com<strong>par</strong>ative. Les <strong>visages</strong> étaien manifestementclassé au hasard.Représentati'on mentales <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>. La capacità <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>siner unvisage (sans qu'une ressemblance précisoit exigée étai <strong>par</strong>faitementpréservà (Figure 3). Afin d'apprécie l'éta du stock mnésiqu <strong><strong>de</strong>s</strong>représentation <strong>de</strong> <strong>visages</strong>, D.R.E. fat interrogà sur l'ap<strong>par</strong>ence physique<strong><strong>de</strong>s</strong> personnalité qu'il ne reconnaissait pas visuellement. Sescommentaires lorsqu'on lui fournissait le nom <strong>de</strong> ces personnalitéstémoignaien d'une excellente préservatio <strong><strong>de</strong>s</strong> capacité d'imagerie <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>visages</strong>. Par exemple, pour laques Brel, "un visage ovale et hacié<strong><strong>de</strong>s</strong> cheveux plats plaqué en arrière Il avait une bouche épaiss flanqué<strong>de</strong> joues creuses. Un front haut bien inscrit dans l'ovale, les oreilleslarges, d'une surface importante, <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>nts pr&minentesN. Toutefois,lorsqu'on <strong>de</strong>manda à D.R.E. s'il voyait bien les <strong>visages</strong> dans satête il répondi : "non, petit à petit, je ne vois pas le visage en entier,je vois les détail du visage" (voir d'autres exemples dans l'annexe).En résumà D.R.E. percevait les détail <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, mais avait dumal à saisir un visage dans son ensemble. Son analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> faces s'effectuaitsimilairement à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> mots et <strong><strong>de</strong>s</strong> objets. Ce désordr touchantl'élaboratio <strong>de</strong> la perception à un haut <strong>de</strong>gré ne lui permettait pas <strong>de</strong>former une représentatio structurelle suffisante pour activer les unité<strong>de</strong> reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes, intactes. En raison <strong>de</strong> la préservatioremarquable <strong><strong>de</strong>s</strong> capacité d'imagerie mentale <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, nous avons


80 Patrick VersfichelProsopagnosie et reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> 81cherchà à savoir si le fait <strong>de</strong> stimuler cette imagerie mentale pouvaitaméliore les performances <strong>de</strong> D.R.E. Le nom <strong><strong>de</strong>s</strong> personnalité fut utilisÃcomme indice.FIGURE 3. Dessin spontanà d'un visage, sans tentative <strong>de</strong> ressemblance.FIGURE 3. Spontaneous drawing of a face, without inten<strong>de</strong>d resemblance toanyone.Apprentissage d'associations noms-<strong>visages</strong> correctes et incorrectes.Bmyer et al. (1983) ont montrà chez un patient prosopagnosique unapprentissage plus rapi<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> couples nom-visage correctement ap<strong>par</strong>iéque <strong><strong>de</strong>s</strong> couples incorrects. Le <strong>par</strong>adigme utilisà ici étai celui décri <strong>par</strong>DeHaan et al. (1987). Le patient <strong>de</strong>vait apprendre 6 couples nom<strong>visages</strong>e rapportant à <strong><strong>de</strong>s</strong> personnalité politiques. Dans la moitià <strong><strong>de</strong>s</strong>cas, l'association entre le nom et le visage étai correcte (<strong>par</strong> exemple :nom <strong>de</strong> Raymond Barre - visage <strong>de</strong> Raymond Barre), et dans l'autremoitià <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, l'association étaincorrecte (<strong>par</strong> exemple : nom <strong>de</strong>Laurent Fabius - visage <strong>de</strong> Valér Giscard d'Estaing). Aucun <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>visages</strong> n'étai<strong>de</strong>ntifià spontanémen <strong>par</strong> le patient. En revanche, tousles noms étaien ceux <strong>de</strong> personnalité <strong>par</strong>faitement connues du patient.La procédur fut la suivante : les photographies étaien disposée selonune matrice <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lignes et trois colonnes. L'examinateur donnaitoralement (l'utilisation <strong>de</strong> noms écrit fut évità en raison <strong>de</strong> l'alexie),un <strong>par</strong> un, le nom attribuà tout en désignan la photographie correspondante.On <strong>de</strong>mandait au patient <strong>de</strong> retenir les associations présenteesLes photographies étaien alors mélangé puis replacée au hasardselon la mêm disposition (2 lignes, 3 colonnes). Pour chaque nomfourni, le patient <strong>de</strong>vait ensuite désigne le visage correspondant,comme cela lui avait ét appris initialement. L'examinateur notait lesassociations formée <strong>par</strong> le patient. La procédur fut appliqué 10 fois.Aprè chaque session, quelle que soit la performance <strong>de</strong> D.R.E.,l'examinateur redonnait oralement le nom attribuà à chaque visage.Sur l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> 10 essais, le nombre <strong>de</strong> couples correctementrestitué étai <strong>de</strong> 25 sur 30 (83%) lorsque le nom correspondait effectivementau visage. Il étai <strong>de</strong> 19 sur 30 (63%) lorsque le nom ne correspondaitpas au visage (Tableau 1). La différenc <strong>de</strong> performanceentre les <strong>de</strong>ux scores n'est cependant pas statistiquement significative,yZ(l df) = 3.07, p> .05, car tous les couples étaien restitué selonl'attribution initiale à <strong>par</strong>tir du sixièm essai. Si on consid2re les résultats sur les 5 premiers essais seulement, la différenc <strong>de</strong> performanceest, en revanche, significative : 10115 pour les couples bien ap<strong>par</strong>iés4/15 pour les couples mal ap<strong>par</strong>iés y2 (1 df) = 4.82, p< .05. Cesrésultat suggèren que D.R.E. subissait, lors <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers essais, uneinterférenc lorsque le nom et le visage ne correspondaient pas aumêm individu, ce qui pourrait traduire un certain <strong>de</strong>grà <strong>de</strong> reconnaissance<strong>implicite</strong>, mais la répétiti <strong>de</strong> l'épreuv annihilait cette différence.


82 Patrick VerstichelProsopagnosie et reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> 83TABLEAU 1Nombre <strong>de</strong> réponse exactes <strong>par</strong> essai selon que l'ap<strong>par</strong>iement nom-visageest correct ou nonNo <strong>de</strong> l'essai 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1 0Ap<strong>par</strong>iementcorrect 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2Ap<strong>par</strong>iementincorrect 0 1 1 1 1 3 3 3 3 3TABLE 1Number of correct responses by D.R.E. for each trial, according towhether the face-name pairs were correctly or incorrectly matchedJugements d'ap<strong>par</strong>iements noms-<strong>visages</strong>. On présent au patientsimultanémen un visage et un nom (ce <strong>de</strong>rnier oralement). Dans 20 casle nom correspondait au visage présentà dans les 20 autres cas, il étaiincorrect, correspondant à une autre personnalità possédan certainscaractère physiques similaires, et dans la mém catégori sémantiqu(<strong>par</strong> exemple le visage <strong>de</strong> Toubon et le nom "Fabius"). Le patient<strong>de</strong>vait indiquer si le nom et le visage correspondaient. Aucun <strong><strong>de</strong>s</strong> 40<strong>visages</strong> n'avait ét i<strong>de</strong>ntifià explicitement <strong>par</strong> le patient au<strong>par</strong>avant.Sur les 40 essais, le patient répondi correctement 27 fois (67.5% <strong>de</strong>bonnes réponses) Lorsque l'ap<strong>par</strong>iement étai correct, D.R.E. fournissait45 % <strong>de</strong> bonnes réponses ce qui n'est pas statistiquement supérieuà la chance. En revanche, le taux <strong>de</strong> réussit étai <strong>de</strong> 90% pour les<strong>visages</strong> incorrectement ap<strong>par</strong>ié au nom, ce qui est statistiquement significatif,~2 (1 df) = 12.8, p< ,001. Nous avons tentà d'améliorecette performance <strong>par</strong> les <strong>de</strong>ux épreuve suivantes, utilisant commeindice facilitateur le nom <strong><strong>de</strong>s</strong> dlébritéFacilitdon <strong>de</strong> l'appaiiement noms-<strong>visages</strong>. Aprè avoir donnà oralementle nom d'une personnalità au patient. il lui étai <strong>de</strong>mandà d'imaginermentalement cette <strong>de</strong>rniére Lorsque le patient disait "avoir entête le visage correspondant, on lui soumettait une photographie. Dansla moitià <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, celle-ci correspondait bien au nom proposà ; dansl'autre moitià <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, elle ne correspondait pas. D.R.E.. <strong>de</strong>vait indiquersi le visage et le nom ap<strong>par</strong>tenaient au mém individu. Vingtessais furent réalisé Aucun <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> présentà n'avait au<strong>par</strong>avantét reconnu explicitement <strong>par</strong> le patient. Les personnalité étaien différente<strong>de</strong> l'épreuv précé<strong>de</strong>nt Le nombre <strong>de</strong> bonnes réponse étai<strong>de</strong> 18 sur 20 (90%). Ce résulta est supérieu à la chance, x2 (1 df) =12.8, p


84 Patrick VersfichelProsopagnosie et reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> 85DISCUSSIONChez ce patient sévèreme prosopagnosique, nous avons pu reproduireplusieurs résultat observé dans quelques cas <strong>de</strong> la littérature quitraduisent une préservatio <strong>de</strong> certaines capacité à reconnaîtr <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>visages</strong>. L'intérà <strong>de</strong> notre cas rési dans la possibilità <strong>de</strong> délimite lesrégion cérébral lésée et dans la présenc d'une hémianopsi latéralhomonyme gauche. L'hémisphè droit n'ayant pas d'ads à la vision,ce que nous avons étudi reflèt essentiellement le fonctionnement <strong>de</strong>l'hémisphè gauche. Nous nous attacherons essentiellement à l'interprétatio<strong>de</strong> la prosopagnosie.D.R.E. souffrait d'une agnosie visuelle, d'une agnosie pour les mots(alexie pure), et d'une prosopagnosie. Pour ces différent items, les difficultéétaien similaires, et consistaient surtout en une difficultà Ãappréhen<strong>de</strong> les cibles complexes dans leur ensemble. Riddoch et Humphreys(1987). prolongeant une discussion déj ancienne, puisqu'entarné<strong>par</strong> la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> la simultagnosie <strong>par</strong> Wolpert (1924). ontexpliquà ce trouble comme la perturbation d'une éta perceptive d'intégratio<strong><strong>de</strong>s</strong> divers traits constitutifs d'une forme. Le terme d'agnosieintégrativ a ainsi ét proposà (Riddoch et Humphreys, 1987). termerepris ensuite pour rendre compte <strong>de</strong> déficit similaires (Odgen, 1993)ou e s voisins (Grailet et al., 1990). Un tel défici peut laisser intactel'imagerie mentale, mais altèr l'i<strong>de</strong>ntification <strong><strong>de</strong>s</strong> objets aussi bien quecelle <strong><strong>de</strong>s</strong> mots ou <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>. Notre cas répondai bien à cette définition <strong>de</strong> l'agnosie intégrative Dans la mesure oà l'hémianopsi latéralhomonyme gauche privait l'hémisphè droit d'un accè direct à l'infornationvisuelle, le mo<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> notre patient reflétai avant toutle fonctionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> processus d'appréhensio visuelle <strong>de</strong> l'hémisphkre gauche. Ces processus n'étaien d'ailleurs pas intacts, en raison<strong><strong>de</strong>s</strong> séquelle <strong>de</strong> la lési occipitale gauche. L'amélioration au cours <strong>de</strong>l'évolution <strong>de</strong> l'agnosie pour les objets et non <strong>de</strong> la prosopagnosie,plai<strong>de</strong> égalemen en faveur du râl <strong>de</strong> l'hémisphè gauche ; les <strong>visages</strong>sont en effet préférentielleme traité <strong>par</strong> l'hémisphè droit (Sergent,1988), alors que les objets peuvent l'êtr <strong>par</strong> le gauche, comme leprouve la possibilità d'agnosie visuelle avec une lésio unilatéralgauche (McCarthy et Warrington, 1990). Dans une méta-analys <strong>de</strong> 99cas, Farah (1991) a appréci les différente combinaisons possiblesentre déficit <strong>de</strong> reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> objets et <strong><strong>de</strong>s</strong> mots, et apu dégage <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> processus <strong><strong>de</strong>s</strong> possibilité observées L'un estessentiel pour la reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, n'est pas nécessair à lalecture, et peut êtr utilisà pour l'i<strong>de</strong>ntification <strong><strong>de</strong>s</strong> objets. II serait misen oeuvre <strong>par</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> structures temporo-occipitales ventrales bilatéralesmais pourrait occasionnellement êtr atteint à la suite d'une lésio unilatéraldroite. L'autre est essentiel pour la lecture, n'est pas utilisÃpour la reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, mais peut l'êtr pour l'i<strong>de</strong>ntification<strong><strong>de</strong>s</strong> objets. Il dépendrai du cortex temporo-occipital gauche. Cetteinterprétatio est susceptible <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> révolutio <strong><strong>de</strong>s</strong>déficit chez notre patient. L'amélioratio <strong>de</strong> l'agnosie pour les objets,mais non <strong>de</strong> la prosopagnosie, indique la récupérati d'un systèm <strong>de</strong>reconnaissance dévol aux objets, hémisphériq gauche, mais pas <strong>de</strong>celui traitant les faces, localisà à droite. La persistance <strong>de</strong> difficulté <strong>de</strong>reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> objets en présentation non conventionnellestémoign sans doute du fait que certains mécanisme hémisphériqudroits, ici défectueux sont nécessaire à <strong>de</strong> tels aspects <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntificationvisuelle <strong><strong>de</strong>s</strong> objets. Le patient autopsià <strong>de</strong> Landis et al. (1988)présentai une association syndromique similaire, avec une prosopagnosieet une agnosie pour <strong><strong>de</strong>s</strong> vues non canoniques, à la suite d'un infarctusoccipito-temporal droit. La corrélatio anatomo-clinique <strong>de</strong> l'alexiedans notre cas pose en revanche une difficultà : l'alexie se conçoi bienaprè la premièr lésio occipitale gauche, mais sa régressio secondaire,puis sa réap<strong>par</strong>itio d'une faço massive aprè la secon<strong>de</strong> lésioà droite, témoignen que l'hémisphè droit jouait un rôl <strong>par</strong>ticulièrement important dans la récupérati <strong>de</strong> la lecture, ce que ne prévoi pasà proprement <strong>par</strong>ler le modèl <strong>de</strong> Farah. Nous n'avons pas connaissanced'une observation <strong>par</strong>eille dans la littératureLa stratégi d'analyse trait <strong>par</strong> trait utilisé <strong>par</strong> D.R.E. avait <strong><strong>de</strong>s</strong>effets différent selon le matérie visuel. Elle se révéla à la longuerelativement efficace pour déduir l'i<strong>de</strong>ntità d'objets usuels, nais s'avérait inadéquat pour i<strong>de</strong>ntifier les <strong>visages</strong>, mêm trè familiers. Il estsans doute plus aisà <strong>de</strong> reconnaîtr un objet grâc à un détai significatif,qu'un visage à <strong>par</strong>tir d'un trait constitutif. Dans la reconnaissancenormale <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, chaque hémisphè semble se comporter différemment, et, schématiquement le droit a une perception configurationnelle,ou holistique, alors que le gauche procèd essentiellement <strong>par</strong>


86 Patrick VerstichelProsopagnosie et reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> 87une stratégi analytique, trait <strong>par</strong> trait (Sergent, 1982). En fait,l'hémisphè gauche normal dispose aussi d'une certaine aptitu<strong>de</strong> pourinterpréte les <strong>visages</strong> d'une manièr configurationnelle (Sergent,1984). Cela expliquerait l'inconstance <strong>de</strong> la prosopagnosie d'un patientà l'autre pour <strong><strong>de</strong>s</strong> lésion droites en ap<strong>par</strong>ence i<strong>de</strong>ntiques. Dans notrecas, le recours exclusif à une analyse trait <strong>par</strong> trait aboutissant à uneperception fragmentaire, pourrait provenir du fait que l'hémisphègauche étai lui-mêm <strong>par</strong>tiellement lés et que les dispositifs hémisphérique gauche permettant une perception configurationnelle étaienatteints.Le modèl cognitif considér ici permet <strong>de</strong> comprendre facilementles performances <strong>de</strong> D.R.E. dans la reconnaissance explicite <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>.Les connaissances biographiques concernant les individus, auxquellesles noeuds d'i<strong>de</strong>ntità <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes permettent normalementd'accé<strong>de</strong>r étaien intactes. Les représentation mentales <strong>de</strong> référencou unité <strong>de</strong> reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, l'étaien également commel'attestaient les capacité d'imaginer mentalement les <strong>visages</strong> à <strong>par</strong>tir<strong><strong>de</strong>s</strong> noms. Le défau d'intégratio visuelle <strong><strong>de</strong>s</strong> différentraits <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>visages</strong> en une configuration d'ensemble ne permettait pas à D.R.E. <strong>de</strong>construire une représentatio capable d'activer ces unité <strong>de</strong> reconnaissance<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>. Il ne pouvait com<strong>par</strong>er le visage vu au répertoir <strong>de</strong><strong>visages</strong> : aucune impression <strong>de</strong> familiarità n'étai ressentie, et le classemententre <strong>visages</strong> connus et inconnus s'effectuait au hasard. Lesétape ultérieure d'a&s aux noeuds d'i<strong>de</strong>ntità <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes et aux informationssémantique concernant les individus, ainsi que l'activation<strong><strong>de</strong>s</strong> noms, étai rendues impossibles.Les performances <strong>de</strong> D.R.E. lors <strong>de</strong> l'apprentissage <strong><strong>de</strong>s</strong> couplesnoms-<strong>visages</strong>, ainsi que lors <strong><strong>de</strong>s</strong> tâche <strong>de</strong> choix forcà utilisant <strong><strong>de</strong>s</strong>noms d'individus, témoignen que, dans ces circonstances <strong>par</strong>ticulièresune com<strong>par</strong>aison entre le visage vu et une image <strong>de</strong> référen mentale<strong>de</strong>meurait possible. Cette capacità étai <strong>par</strong>ticulièremen nette lorsqu'onsollicitait <strong>de</strong> faço précis et dirigé l'imagerie mentale <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>.Les patients P.V. <strong>de</strong> Sergent et Poncet (1990) et P.H. <strong>de</strong> DeHaan et al.(1991) réussissaien égalemen les tâche <strong>de</strong> décisio d'exactitu<strong>de</strong> noms<strong>visages</strong>en choix forcé Il est probable que les résultat <strong>de</strong> D.R.E.s'expliquent <strong>par</strong> l'activation, à <strong>par</strong>tir <strong><strong>de</strong>s</strong> noms, <strong><strong>de</strong>s</strong> images mentalesdans les unité <strong>de</strong> reconnaissances <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>. Une fois ces imagesactivées les processus <strong>de</strong> perception (<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> photographiés <strong>de</strong>meuraientsuffisamment efficaces pour permettre une com<strong>par</strong>aison entrevisage "vu" et visage "imaginé(Figure 4). Chez un patient (M.D.)souffrant d'une agnosie associative pour les objets, Jankowiack et al.(1992) ont pu, <strong>de</strong> la mêm manière faciliter la reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong>stimuli visuels. L'imagerie mentale étai préservà (les <strong><strong>de</strong>s</strong>sins <strong>de</strong>mémoir d'objets étan correctement réalisé alors que ces mêmeobjets n'étaien pas reconnus visuellement. Lorsque ce patient <strong>de</strong>vaiteffectuer une décisio d'exactitu<strong>de</strong> entre un nom et un objet, il améliorait ses performances (tout en commettant encore beaucoup d'erreurs).L'interprétatio proposée i<strong>de</strong>ntique à la nôtre est que le nom fournistimule l'image mentale, qui permet ensuite la com<strong>par</strong>aison avec l'objetvu. Cette hypothès a toutefois ét critiqué <strong>par</strong> DeHaan et al. (1991).qui estimaient que leur patient prosopagnosique P.H. ne disposait plus<strong><strong>de</strong>s</strong> images internes <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, et donc ne pouvait plus com<strong>par</strong>er unvisage vu avec celles-ci. Cependant, l'évaluatio <strong>de</strong> l'imagerie mentale<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> est trè difficile et, chez les sujets sains, il existe d'importantesvariations interindividuelles <strong><strong>de</strong>s</strong> capacité à décrir une physionomie(Sergent et Poncet, 1990). De Haan et al. (1991) avaient enoutre jugà l'aces aux représentation <strong>de</strong> <strong>visages</strong> en <strong>de</strong>mandant à leurpatient <strong>de</strong> com<strong>par</strong>er mentalement <strong><strong>de</strong>s</strong> faces <strong>de</strong> célébrità <strong>par</strong> exemple<strong>de</strong> déci<strong>de</strong> lequel <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> <strong>de</strong> Joan Collins ou <strong>de</strong> Barbara Windsorétai le plus ressemblant à celui d'Elizabeth Taylor. Un éche dans unetelle épreuv ne signifie pas forcémen une perte <strong><strong>de</strong>s</strong> capacitéd'imagerie mentale <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>. On peut s'attendre à une réductio <strong><strong>de</strong>s</strong>performances, malgrà une intégrit <strong><strong>de</strong>s</strong> représentation mentales, en casd'altératio <strong>de</strong> la capacità <strong>de</strong> mémoir <strong>de</strong> travail visuelle dans laquelleces images mentales sont maintenues activée <strong>de</strong> manièr à y ètr com<strong>par</strong>éentreelles. Dans ce cas, la com<strong>par</strong>aison entre une photographieet une représentatio mentale correspondant au nom proposà ne constitueplus la mêm épreuve Le support photographique laissà <strong>de</strong>vant lesujet, pourrait, dans notre cas, économise la mémoir <strong>de</strong> travailvisuelle.Nous estimons donc que les épreuve <strong>de</strong> choix contraint permettent,chez <strong><strong>de</strong>s</strong> prosopagnosiques ne pouvant spontanémen accé<strong>de</strong> aux unité<strong>de</strong> reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> faces, d'activer les représentation mentales <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>visages</strong> grâc au nom <strong>de</strong> l'individu. La réussit à <strong>de</strong> telles épreuve


88 Patrick VerstichelProsopagnosie et reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>nous <strong>par</strong>aî <strong>de</strong> mêm le test le moins contestable pour juger <strong>de</strong> l'intégrità <strong>de</strong> l'imagerie mentale <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>.FIGURE 4. En condition normale (k), le visage active en séri les processusperceptifs visuels, les unité <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> faces, la sémanti'que puis lenom. Le nom suit un traitement <strong>par</strong>allc?le, activant séquentiellemen les processusperceptifs, le lexique phonologique d'entrée la sémanti.que puisl'imagerie mentale (Craigie et Hanley, 1993). Lors d'un ap<strong>par</strong>iement nomvisage,une com<strong>par</strong>aison peut se produire d chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> 3 principales étapedu processus: étap visuelle, étap sémantique étap lexicale. Chez. D.R.E.(4b) l'analyse visuelle ne permet pas d'accé<strong>de</strong> aux unité <strong>de</strong> reconnaissance<strong><strong>de</strong>s</strong> faces, ce qui rend impossible toute com<strong>par</strong>aison. ii n'y a donc aucun sentiment<strong>de</strong> familiarité non plus que d'activation sémanti.qu (noeuds d'i<strong>de</strong>ntité<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes), ni lexicale (nom <strong>de</strong> la personnalité) Le fait <strong>de</strong> fournir le nom(4c) permet d'activer les représentaf'on mentales <strong><strong>de</strong>s</strong> faces, et facilite la com<strong>par</strong>aisonavec le visage présentà donc le jugement <strong>de</strong> concordance.4Com<strong>par</strong>aison-jLtWtEL-B><strong>de</strong> sortie4Com<strong>par</strong>aison+nProduction nom4Com<strong>par</strong>aison^FIGURE 4. In the normal condition (k), the face serially activates the visualperceptiveprocess. the face recognition units, the semontic store, and thenome. Name processing follows a similar path, with the sequential activationofperceptive mechanisms, the input lexicon, the semantic store, andfinolly thevisual mental imagery (Craigie & Hanley, 1993). During face-nome matching,a corn<strong>par</strong>ison may be performed at each stage (visual, semontic, and lexical).In D.R.E. (4b) the visual analysis was not sufficient to permit access to facerecognition units. The patient had no sense of hnowing, and was unable toactivate semantic infornation (person i<strong>de</strong>ntity no<strong>de</strong>) and lexical labels. Whenthepatient was presented with a nome (4c), he mental& visualized the correspondingface, and could com<strong>par</strong>e it with the photograph.La démonstratio <strong>de</strong> capacité <strong>de</strong> reconnaissance <strong>implicite</strong> chez unprosopagnosique dont les difficulté sont <strong>de</strong> nature perceptive n'est pashabituelle. Les métho<strong>de</strong> indirectes apprécian une telle reconnaissancese révèle positives chez les prosopagnosiques associatifs ("mnesicfod <strong><strong>de</strong>s</strong> anglo-saxons), c'est-à -dir <strong><strong>de</strong>s</strong> patients qui <strong>par</strong>viennent à élaborer une représentatio visuelle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, mais qui ne peuvent s'enservir pour activer les unité <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> faces (Newcombe,Young et DeHaan, 1989 ; Young et Ellis, 1989). En revanche, cesmétho<strong>de</strong> ne mettent généraleme pas en évi<strong>de</strong>nc <strong>de</strong> telles compétences chez les prosopagnosiques aperceptifs (Bmyer, 1991). Comme lemontre notre cas (mais voir aussi les cas 1 et 2 <strong>de</strong> McNeil etWarrington, 1991), il n'y a cependant pas une relation absolue et for-


90 Patrick VerstichelProsopagnosie et reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> 91melle entre le caractèr aperceptif <strong>de</strong> la prosopagnosie et l'absenced'une reconnaissance <strong>implicite</strong>. A contrario, certains prosopagnosiquesassociatifs ne peuvent quant à eux démontre <strong>de</strong> telles capacité (cas 3<strong>de</strong> McNeil et Warrington, 1991 ; Etcoff, Freeman et Cave, 1991). Cesobservations peuvent s'intégre dans les <strong>de</strong>ux différentexplicationspropo&s pour rendre compte <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>implicite</strong>. La premièrest qu'il existe, à côt d'une voie nerveuse ventrale qui relie lecortex visuel et le lobe temporal et permet la reconnaissance explicite<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, une secon<strong>de</strong> voie, dorsale celle-là unissant le cortex visuelau systèm limbique, et permettant la reconnaissance <strong>implicite</strong> du fait<strong>de</strong> la nature émotionnell <strong><strong>de</strong>s</strong> stimuli (Bauer, 1986). Le type mém dudéfici prosopagnosique ne rentre pas en ligne <strong>de</strong> compte. La critiqueessentielle est que la reconnaissance <strong>implicite</strong> peut étr démontrÃmèm lorsque les <strong>visages</strong> ont peu <strong>de</strong> signification émotionnell pour lepatient (Young et DeHaan, 1991). La secon<strong>de</strong>, qui nous <strong>par</strong>aî mieuxs'appliquer à D.R.E., ne suppose pas <strong>de</strong>ux voies sé<strong>par</strong>ée mais suggèrque reconnaissance explicite et <strong>implicite</strong> sont <strong>de</strong>ux extrémità d'unmêm continuum, dépendante du niveau d'activation <strong><strong>de</strong>s</strong> processuscognitifs à <strong>par</strong>tir <strong><strong>de</strong>s</strong> co<strong><strong>de</strong>s</strong> structuraux <strong>de</strong> faces (Damasio, Tranel etDamasio, 1990). On peut ainsi expliquer le passage, chez un patientdonnè d'une reconnaissance <strong>implicite</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong> à une reconnaissanceexplicite quand <strong><strong>de</strong>s</strong> indices supplémentaire sont apportés comme l'indication<strong>de</strong> la catégori sémantiqu (Sergent et Poncet, 1990), oul'accè spontanà à cette catégorisatio (DeHaan et al., 1991). ChezD.R.E., il ne s'agissait sans doute pas d'un indice sémantiqu mais,comme nous l'avons vu, d'une activation <strong><strong>de</strong>s</strong> représentation mentales<strong><strong>de</strong>s</strong> faces à <strong>par</strong>tir <strong><strong>de</strong>s</strong> noms, qui permettait la mise en jeu <strong>de</strong> systèmecom<strong>par</strong>ateurs.En conclusion, notre patient effectuait avec son hémisphè gauchelés une analyse fragmentaire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>visages</strong>, incapable d'activer les représentations mentales <strong>de</strong> <strong>visages</strong> répertorié en mémoire L'activationpréalabl ou <strong>par</strong>allèl <strong>de</strong> ces représentation grâc au nom permettaitune com<strong>par</strong>aison efficace entre visage vu et image mentale. Ce procédd'analyse, utilisà <strong>par</strong> le patient uniquement en conditions <strong>de</strong> choixcontraint, ne constitue pas une procédur naturelle. Privà <strong><strong>de</strong>s</strong> op4rationsnormales <strong>de</strong> son hémisphè droit, D.R.E. n'éprouvai ni impression <strong>de</strong>familiarité ni sentiment d'avoir réussiREMERCIEMENTSNous remercions vivement le Professeur Henri Dehen <strong>de</strong> nous avoirpermis d'étudie D.R.E.ABSTRACTWe report the case of a patient who suffered from a severe prosopagnosia,a visual agnosia for objecte and pictures, and a letter-by-letteralexia, following bilateral occipito-temporal bematoma. The visual perceptivestrategy was in al1 cases a facture by feature analysis. Becauseof a complete hemianopia, it resulted probably from lefi hemisphericfonctions. The assessment of the prosopagnosia showed that the patienthad no feeling of knowing with the famous faces, and did not differentiatefamous faces from unknown ones. Conversely, in learning facenamepairs, and above al1 in the forced choice tasks, he <strong>de</strong>monstrated acovert recognition. We interpret the prosopagnosic <strong>de</strong>ficit as an unabilityto access, because of the perceptual disturbance, the structural memoriesof faces. The success in forced choice tasks could be explained byan activation of these mental representations of faces from people'snames. The role of the left hemisphere in these performances isun<strong>de</strong>rlined.Bauer, R.M. (1984). Autonomie recognition of names and faces in prosopagnosia:a neuropsychological application of the Guilty Knowledge Test.Neuropsychologia, 22, 457469.Bauer, R.M. (1986). The cognitive psychophysiology of prosopagnosia. lnH.D. Ellis, M.A. Jeeves, F. Newcombe, & A.W. Young (Eds.), Aspectsof face processing (NATO Advanced Science Institute Series, pp. 253-267). Dordrecht: Martinus Nijhoff.Bruce, V., & Young, A.W. (1986). Un<strong>de</strong>rstanding face recognition. BritishJournal of Psychology, 77, 305-327.Bruyer, R. (1991). Covert face recognition in prosopagnosia: a review. 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