12.07.2015 Views

Point de vue de l'IRSN sur la sûreté et la radioprotection du parc ...

Point de vue de l'IRSN sur la sûreté et la radioprotection du parc ...

Point de vue de l'IRSN sur la sûreté et la radioprotection du parc ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

BN1LE POINT DE VUE DE L’IRSN SURLA SURETE ETLA RADIOPROTECTION DU PARCELECTRONUCLEAIRE FRANÇAISEN 2008RAPPORT DSR N° 316DIRECTION DE LA SURETE DES REACTEURS


Rapport DSR N° 316


AVANT PROPOSL’IRSN consacre <strong>de</strong>s ressources importantes à une veille technique permanente <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>du</strong> <strong>parc</strong> <strong>de</strong>s58 réacteurs électronucléaires français. C<strong>et</strong>te activité d’analyse, réalisée notamment à partir <strong>de</strong>s informationstransmises par les centrales à l’ASN <strong>et</strong> l’IRSN après chaque inci<strong>de</strong>nt, même mineur, perm<strong>et</strong> l’observation <strong>de</strong>tendances qui contribuent à orienter les étu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> recherches que l’institut estime prioritaire d’engager en <strong>vue</strong> <strong>de</strong>faire avancer <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>.Pour <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> fois, l’IRSN rend public un rapport annuel <strong>de</strong> synthèse <strong>sur</strong> c<strong>et</strong>te activité <strong>de</strong> veille qui, établi avecpresque une année <strong>de</strong> recul nécessaire à <strong>la</strong> consolidation <strong>de</strong>s informations, entend contribuer à une meilleurecompréhension par les parties prenantes – <strong>et</strong> plus <strong>la</strong>rgement par le public – <strong>de</strong>s enjeux concr<strong>et</strong>s <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> associésà l’exploitation <strong>de</strong>s centrales, à travers <strong>la</strong> mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> certaines insuffisances, mais aussi <strong>de</strong>s progrèsréalisés. Ainsi, si le nombre d’inci<strong>de</strong>nts liés aux interventions <strong>de</strong> maintenance reste élevé malgré les effortsengagés au niveau <strong>de</strong> l’exploitation, le p<strong>la</strong>n mis en p<strong>la</strong>ce par EDF pour ré<strong>du</strong>ire le nombre <strong>de</strong> séquences d’arrêtautomatique <strong>de</strong> réacteurs <strong>sur</strong> l’ensemble <strong>du</strong> <strong>parc</strong> a permis en un an <strong>de</strong> diviser par <strong>de</strong>ux leur fréquence.Ce rapport ne prétend pas à l’exhaustivité <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s impliquant <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>radioprotection</strong> dans les centrales.Il présente tout d’abord une évaluation globale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>du</strong> <strong>parc</strong> en exploitation : au travers d’une batteried’indicateurs ad hoc, l’IRSN m<strong>et</strong> en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s tendances d’évolution <strong>de</strong> certains paramètres significatifs pour <strong>la</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>. Le rapport présente ensuite une quinzaine d’événements <strong>et</strong> inci<strong>de</strong>nts, d’anomalies génériques affectantplusieurs centrales, ou encore <strong>de</strong>s évolutions significatives <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s réacteurs. Sur chaque suj<strong>et</strong>évoqué, le rapport fait état <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’analyse menée par l’IRSN.Je vous souhaite une bonne lecture, en espérant que ce rapport répond à votre attente, <strong>et</strong> reste à l’écoute <strong>de</strong> vosréactions dans une perspective d’amélioration <strong>de</strong>s rapports ultérieurs.Jacques REPUSSARDDirecteur Général <strong>de</strong> l’IRSNRapport DSR N° 316


SOMMAIREINTRODUCTION ET SYNTHESE ...................................................................2EVALUATION GLOBALE DE LA SURETE DU PARC EN EXPLOITATION .....................4LES TENDANCES DE 2008 SOULIGNÉES PAR L’IRSN ............................................................... 5EVENEMENTS ET INCIDENTS ................................................................... 13DÉLICATE OPÉRATION DE DÉCHARGEMENT DE COMBUSTIBLE À LA CENTRALE DU TRICASTIN ............ 14INDISPONIBILITÉ PARTIELLE D’UNE FONCTION DE SAUVEGARDE ............................................. 18LES ÉVÉNEMENTS CONCERNANT LA RADIOPROTECTION ....................................................... 21ENVASEMENT DU RU D’EAU ARRIÈRE DE LA STATION DE POMPAGE DE LA CENTRALE DE FESSENHEIM .. 25ANOMALIES GENERIQUES CONCERNANT LE PARC......................................... 29FISSURATION PAR FATIGUE DES TUBES DE GÉNÉRATEURS DE VAPEUR....................................... 30CORROSION DES MATÉRIELS SITUÉES EN BORD DE MER ; LES GROUPES ÉLECTROGÈNES DE SECOURS .. 36LES RISQUES LIÉS À L’UTILISATION DE L’HYDROGÈNE .......................................................... 40INTRODUCTION D’UN NOUVEAU MATÉRIAU DE GAINAGE DU COMBUSTIBLE................................. 44TEMPÉRATURE AMBIANTE ÉLEVÉE POUR LES POMPES D’INJECTION DE SÉCURITÉ.......................... 48DÉGRADATIONS DES SUPPORTS DE CERTAINES CANALISATIONS IMPORTANTES POUR LA SÛRETÉ........ 51LES EVOLUTIONS SIGNIFICATIVES............................................................. 54L’INCIDENCE DES PÉRIODES DE CANICULE SUR LA SÛRETÉ DES CENTRALES................................. 55LA POLITIQUE DE MAINTENANCE D’EDF........................................................................... 58LE MANAGEMENT DE LA SÛRETÉ DANS UN CONTEXTE DE COMPÉTITIVITÉ................................... 61MODIFICATIONS DES LOGICIELS DU SYSTÈME DE PROTECTION DU RÉACTEUR.............................. 65DÉFINITIONS ET ABRÉVIATIONS ............................................................... 69CRÉDIT PHOTO ................................................................................... 70Les mots écrits en bleu <strong>et</strong> soulignés renvoient à <strong>de</strong>s liens. Ces liens sont actifs <strong>sur</strong> www.irsn.fr.Les liens qui renvoient au rapport annuel <strong>de</strong> l’IRSN « Le point <strong>de</strong> <strong>vue</strong> <strong>de</strong> l’IRSN <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>radioprotection</strong><strong>du</strong> <strong>parc</strong> électronucléaire français en 2007 sont activés par le terme « rapport IRSN » dans le texte.Rapport DSR N° 316


INTRODUCTION ET SYNTHESECe rapport présente le point <strong>de</strong> <strong>vue</strong> <strong>de</strong> l’IRSN <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>radioprotection</strong> <strong>du</strong> <strong>parc</strong> national électronucléaired’EDF en exploitation au cours <strong>de</strong> l’année 2008. Il ne vise pas à l’exhaustivité mais plutôt à m<strong>et</strong>tre en relief lespoints jugés significatifs par l’IRSN pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> ou <strong>la</strong> <strong>radioprotection</strong>.La contribution à l’as<strong>sur</strong>ance d’un haut niveau <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>radioprotection</strong> dans les instal<strong>la</strong>tions enexploitation constitue l’un <strong>de</strong>s sept défis <strong>du</strong> contrat d’objectifs signé entre l’Etat <strong>et</strong> l’IRSN. La <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> exige unevigi<strong>la</strong>nce permanente <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs impliqués, elle n’est jamais définitivement acquise <strong>et</strong> doit resterune priorité <strong>et</strong> toujours progresser, l'exploitant restant, en tout état <strong>de</strong> cause le premier responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong><strong>de</strong> son instal<strong>la</strong>tion.Pour l’IRSN, c<strong>et</strong>te mission passe en premier lieu par l’examen attentif <strong>et</strong> <strong>la</strong> prise en compte <strong>du</strong> r<strong>et</strong>ourd’expérience national <strong>et</strong> international, ainsi que <strong>de</strong>s connaissances scientifiques nouvelles issues <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche.L’imp<strong>la</strong>ntation d’améliorations, qu’elles soient d’ordre technique ou organisationnel ou qu’elles portent <strong>sur</strong> lescompétences humaines vient ensuite en second lieu.Le <strong>parc</strong> national électronucléaire EDF enexploitation est composé <strong>de</strong> 58 réacteurs àeau sous pression (REP) répartis <strong>sur</strong> 19 sites.La conception <strong>de</strong> ces réacteurs eststandardisée avec plusieurs paliers :- les paliers CPO <strong>et</strong> CPY, avec 34 réacteursdélivrant une puissance électrique <strong>de</strong> 900 MWe- les paliers P4 <strong>et</strong> P’4, avec 20 réacteursdélivrant une puissance électrique <strong>de</strong>1300 MWe- le palier N4, avec 4 réacteurs délivrant unepuissance électrique <strong>de</strong> 1450 MWeCe rapport comporte quatre vol<strong>et</strong>s. Dans un premier vol<strong>et</strong>, l’IRSN présente les principales tendances qui sedégagent <strong>de</strong> son examen global <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>du</strong> <strong>parc</strong> en exploitation pour l’année 2008. Le second vol<strong>et</strong> traite <strong>de</strong>sévénements qui par leur inci<strong>de</strong>nce <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> ont marqué l’année. Il présente également une synthèse <strong>de</strong>sévénements qui ont trait à <strong>la</strong> <strong>radioprotection</strong> <strong>de</strong>s personnels. Le troisième vol<strong>et</strong> est consacré aux anomalies ditesgénériques, c’est-à-dire affectant plusieurs centrales. Le <strong>de</strong>rnier vol<strong>et</strong> traite <strong>de</strong>s évolutions significatives mises enœuvre ou p<strong>la</strong>nifiées. Il s’agit généralement <strong>de</strong> modifications ou d’aménagements dans l’exploitation pourrépondre à <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, mais aussi à <strong>de</strong>s contraintes économiques.Rapport DSR N°316 2


L’IRSN constate, aux termes <strong>de</strong> son examen global <strong>de</strong> l’exploitation <strong>du</strong> <strong>parc</strong> en 2008, <strong>la</strong> persistance <strong>de</strong>s principalestendances relevées en 2007, à savoir <strong>de</strong> nombreux aléas <strong>et</strong> difficultés d’exploitation impliquant les facteurshumains <strong>et</strong> <strong>de</strong>s aspects organisationnels. Les p<strong>la</strong>ns d’actions engagés par EDF pour renforcer <strong>la</strong> rigueurd’exploitation <strong>et</strong> corriger certains défauts d’origine organisationnelle pro<strong>du</strong>isent <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s plutôt contrastés selonles centrales <strong>et</strong> les domaines visés. Des progrès sensibles sont enregistrés <strong>sur</strong> le nombre d’arrêts automatiques <strong>de</strong>sréacteurs, ré<strong>du</strong>its <strong>de</strong> moitié par rapport à 2007, ainsi que <strong>sur</strong> les sorties <strong>du</strong> « domaine <strong>de</strong> fonctionnement normal »<strong>du</strong> réacteur, ré<strong>du</strong>ites d’environ un tiers. Par contre, le nombre <strong>de</strong> non conformités aux spécifications techniquesd’exploitation reste élevé, <strong>et</strong> beaucoup reste à faire pour ré<strong>du</strong>ire les défail<strong>la</strong>nces humaines <strong>et</strong> organisationnellesqui sont à l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité d’entre elles. Par ailleurs, <strong>la</strong> hausse <strong>du</strong> nombre d’événements liés à <strong>la</strong>maintenance <strong>et</strong> en particulier les défauts <strong>de</strong> qualité lors d’interventions, tendance déjà soulignée par l’IRSN pour2007 <strong>et</strong> qui s’amplifie en 2008, sont le signe <strong>de</strong> dérives à <strong>sur</strong>veiller, notamment <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> leur impact <strong>sur</strong> certainsmatériels importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>.Plusieurs événements singuliers affectant <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> ont marqué l’année 2008, bien qu’ils n’aient pas eu <strong>de</strong>conséquence grave. C’est le cas <strong>de</strong> l’événement <strong>sur</strong>venu à <strong>la</strong> centrale <strong>du</strong> Tricastin où <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>combustible sont restés accrochés aux équipements internes supérieurs lors <strong>de</strong>s opérations d’enlèvement <strong>de</strong> ceséquipements, créant un risque <strong>de</strong> relâchement <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> fission s’ils se décrochaient <strong>et</strong> chutaient <strong>sur</strong> lesautres assemb<strong>la</strong>ges. C<strong>et</strong> événement, dont le traitement a montré <strong>la</strong> bonne capacité d’intervention <strong>de</strong> l’exploitant<strong>et</strong> <strong>de</strong>s équipes sous-traitantes dans <strong>de</strong>s situations délicates, a également mobilisé l’IRSN.Un nombre significatif d’anomalies génériques ont été découvertes <strong>sur</strong> le <strong>parc</strong> en 2008, <strong>et</strong> parmi celles présentéesdans ce rapport, le mauvais positionnement <strong>de</strong> certaines barres antivibratoires dans le faisceau <strong>de</strong>s tubes <strong>de</strong>sgénérateurs <strong>de</strong> vapeur. C<strong>et</strong>te anomalie, qui a provoqué <strong>la</strong> fis<strong>sur</strong>ation par vibrations excessives d’un tube d’unréacteur <strong>de</strong> Fessenheim, est présente dans plusieurs générateurs <strong>de</strong> vapeur <strong>du</strong> <strong>parc</strong>. Ces défauts peuvent entraîner<strong>la</strong> rupture <strong>de</strong> tubes <strong>et</strong> donc une perte <strong>de</strong> confinement <strong>de</strong> flui<strong>de</strong> primaire ; d’où <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>espréventives consistant à boucher les tubes susceptibles d’être affectés.Les instal<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> leurs mo<strong>de</strong>s d’exploitation ne restent jamais figés dans le temps. Ils peuvent évoluer pour <strong>de</strong>sraisons <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, mais aussi pour <strong>de</strong>s raisons économiques. Outre les modifications résultant <strong>du</strong> réexamen <strong>de</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe, en <strong>vue</strong> <strong>de</strong>s troisièmes visites décennales qui débuteront en 2009, plusieursévolutions significatives ont fait l’obj<strong>et</strong> d’examens par l’IRSN en 2008. Quatre suj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> celles-ci sont exposés dansce rapport. Tout d’abord, l’IRSN a poursuivi l’examen <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong>stinées à renforcer <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>scentrales à l’égard <strong>de</strong>s conséquences d’une canicule, les événements canicu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> 2003 <strong>et</strong> 2006 ayant montré <strong>la</strong>nécessité <strong>de</strong> ce renforcement. L’IRSN a également procédé en 2008 à l’examen <strong>de</strong>s organisations <strong>et</strong> <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<strong>de</strong> maintenance mises en p<strong>la</strong>ce par EDF pour optimiser <strong>la</strong> maintenance <strong>de</strong> ses matériels. Sur un autre registre,l’IRSN a évalué les me<strong>sur</strong>es managériales <strong>et</strong> organisationnelles mises en œuvre par EDF pour accompagner sapolitique <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction sans comprom<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions. Enfin, <strong>de</strong>schangements <strong>de</strong> gestion <strong>du</strong> combustible nécessitent <strong>la</strong> modification <strong>de</strong> logiciels <strong>du</strong> système <strong>de</strong> protection <strong>du</strong>réacteur ; l’IRSN a évalué leur fiabilité <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base d’une métho<strong>de</strong> qu’il a lui-même développé dans le cadre <strong>de</strong> sesrecherches.Rapport DSR N°316 3


EVALUATION GLOBALE DE LA SURETE DUPARC EN EXPLOITATIONLe réacteur parfaitement sûr n’existe pas. Bien enten<strong>du</strong>, les principes <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> r<strong>et</strong>enuspour sa conception <strong>et</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> sa réalisation comptent pour beaucoup dans <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>d’un réacteur. Mais <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> l’exploiter est tout aussi importante.Il ne faut pas oublier que l’acci<strong>de</strong>nt <strong>sur</strong>venu en 1979 dans <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Three Mile Is<strong>la</strong>ndrésulte d’un ensemble <strong>de</strong> défail<strong>la</strong>nces <strong>et</strong> <strong>de</strong> défauts <strong>la</strong>tents liés à l’exploitation,indépendants entre eux, dont le cumul a con<strong>du</strong>it à l’acci<strong>de</strong>nt grave non prévu à <strong>la</strong>conception : <strong>la</strong> fusion <strong>du</strong> cœur <strong>du</strong> réacteur (voir le rapport rédigé par <strong>l'IRSN</strong> à l'occasion<strong>du</strong> 30ème anniversaire <strong>de</strong> l'acci<strong>de</strong>nt). Évaluer <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s réacteurs <strong>du</strong><strong>parc</strong> EDF repose <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s perm<strong>et</strong>tant l’analyse d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> donnéesissues <strong>de</strong> l’exploitation, en particulier celles concernant <strong>de</strong>s évènements ou <strong>de</strong>sinci<strong>de</strong>nts. L’IRSN a développé pour ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>s outils <strong>et</strong> métho<strong>de</strong>s d’analyse (voir le rapport2007) <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our d’expérience visant à apprécier annuellement, par réacteur mais aussi <strong>de</strong>manière globale pour le <strong>parc</strong> EDF, les tendances <strong>et</strong> éventuelles dérives dans <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>l’exploitation, à travers les évolutions <strong>de</strong> certains indicateurs. Ce chapitre présente lesprincipaux enseignements que l’IRSN tire <strong>de</strong> son évaluation globale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>du</strong> <strong>parc</strong>pour l’année 2008.Rapport DSR N°316 4


Les tendances <strong>de</strong> 2008 soulignées par l’IRSNMalgré <strong>de</strong>s disparités parfois importantes entre les centrales, les principales tendancessignalées par l’IRSN en 2007 se confirment en 2008. Les difficultés <strong>et</strong> aléas d’exploitationpersistent, voire s’intensifient. Plusieurs p<strong>la</strong>ns d’actions, cib<strong>la</strong>nt les faiblesses constatées,ont été mis en œuvre par EDF, certains avec succès, comme le montre <strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ctionradicale <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>s arrêts automatiques <strong>de</strong>s réacteurs. D’autres restent sans eff<strong>et</strong>,c’est en particulier le cas <strong>de</strong>s défauts <strong>de</strong> qualité lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> maintenance, jusqu’à présentcorrectement détectés, mais dont le nombre croissant porte les germes d’unedégradation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions.L’évaluation en continu <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s tranches <strong>du</strong> <strong>parc</strong> EDF <strong>de</strong>s réacteurs à eau sous pressionest menée au sein <strong>de</strong> l’IRSN selon différentes approches, comme l’examen détaillé <strong>de</strong>s événements déc<strong>la</strong>rés parl’exploitant, <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> tendances pour certains matériels ou situations sensibles, l’analyse approfondied’inci<strong>de</strong>nts. L’IRSN a mis en p<strong>la</strong>ce un jeu d’indicateurs (voir le rapport 2007) perm<strong>et</strong>tant d’évaluer annuellement<strong>de</strong> manière globale les évolutions <strong>de</strong> différents facteurs contribuant à <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions. Ces indicateursperm<strong>et</strong>tent d’exercer une veille <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> globale <strong>du</strong> <strong>parc</strong>, <strong>de</strong> discerner <strong>de</strong>s tendances <strong>et</strong>, le cas échéant,d’alerter si une dérive significative est constatée. Ces indicateurs ne perm<strong>et</strong>tent pas <strong>de</strong> déterminer <strong>et</strong> d’analyserles causes <strong>de</strong>s évolutions. Ils peuvent par contre apporter un éc<strong>la</strong>irage <strong>sur</strong> les domaines qui mériteraient unexamen plus approfondi. Il s’agit essentiellement d’un outil d’analyse statistique complétant les diverses voiesd’évaluation précé<strong>de</strong>mment mises en œuvre (les analyses approfondies, l’utilisation <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s probabilistes <strong>de</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> pour apprécier <strong>la</strong> gravité <strong>de</strong>s événements, les avis <strong>de</strong>s ingénieurs <strong>de</strong> l’IRSN chargés <strong>du</strong> suivi <strong>de</strong>s centrales…).Le présent chapitre présente les principales tendances perçues par l’IRSN en 2008.Un nombre d’évènements significatifs pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> toujours élevé mais stableLe nombre total d’évènements significatifs (ESS) <strong>sur</strong>venus<strong>sur</strong> les 58 réacteurs <strong>du</strong> <strong>parc</strong> EDF, est légèrement plus faibleen 2008 qu’en 2007 : 628 ESS en 2008 pour 650 en 2007. Ilfaut néanmoins rester pru<strong>de</strong>nt quant à l’interprétation <strong>de</strong>c<strong>et</strong>te inflexion qui fait suite à une augmentation continue<strong>de</strong> ces évènements <strong>de</strong>puis plusieurs années. En eff<strong>et</strong>, d’unepart on observe une forte disparité entre les centrales,d’autre part le nombre d’évènements significatifs pour <strong>la</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> c<strong>la</strong>ssés dans l’échelle internationale INES aaugmenté pour revenir au niveau constaté avant 2007(72 ESS <strong>de</strong> niveau 1 en 2008 contre 55 en 2007). Si aucun événement n’a été c<strong>la</strong>ssé à un niveau supérieur à 1, <strong>la</strong>plupart <strong>de</strong>s événements c<strong>la</strong>ssés ont pour origine un défaut <strong>de</strong> culture <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>.60050040030020010002006 2007 2008Niveau 0 Niveau 1 Niveau 2Évolution <strong>du</strong> nombre d’évènements significatifspour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> entre 2006 <strong>et</strong> 2008Rapport DSR N°316 5


En général, les tendances soulignées par l’IRSN en 2007 seconfirment en 2008, bien qu’EDF se soit fortement mobilisépour améliorer <strong>la</strong> rigueur d’exploitation dans les centralespar le déploiement <strong>de</strong> plusieurs p<strong>la</strong>ns d’actions dont unP<strong>la</strong>n <strong>de</strong> rigueur d’exploitation décliné <strong>sur</strong> chaque site.Certains <strong>de</strong> ces p<strong>la</strong>ns commencent à pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>spositifs <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s centrales,d’autres ne pro<strong>du</strong>isent pas ou peu <strong>de</strong> progrès dans lesdomaines visés. L’accroissement <strong>de</strong>s aléas <strong>et</strong> difficultésd’exploitation, tendance que l’IRSN avait relevée en 2007,reste d’actualité en 2008. Plusieurs facteurs y concourent,parmi lesquelles une évolution <strong>de</strong>s “référentiels”, rendantl’exploitation plus complexe, mais aussi <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>La <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong> l’exploitation d’une centrale nucléairerepose <strong>sur</strong> une multitu<strong>de</strong> d’activités : con<strong>du</strong>ite <strong>du</strong>procédé, maintenance <strong>et</strong> modifications <strong>de</strong>sinstal<strong>la</strong>tions, rédaction <strong>de</strong> documents opératoires,<strong>et</strong>c. Ces activités sont p<strong>la</strong>nifiées, préparées,réalisées, contrôlées, encadrées par <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong><strong>de</strong>s femmes, agissant collectivement au seind’organisations spécifiques. L’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>sous l’angle <strong>de</strong>s Facteurs OrganisationnelsHumains (FOH) consiste à examiner si les moyenstechniques, organisationnels <strong>et</strong> documentaires mis à<strong>la</strong> disposition <strong>de</strong> ces hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong> ces femmes leurperm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> contribuer efficacement à <strong>la</strong>prévention <strong>de</strong>s risques <strong>et</strong> à <strong>la</strong> récupération <strong>de</strong>sdéfail<strong>la</strong>nces quelles que soient leurs origines.pro<strong>du</strong>ctivité imposées aux centrales. Ils se tra<strong>du</strong>isentnotamment par <strong>de</strong> fortes tensions lors <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong>s tranches pour maintenance. En 2008, comme les annéesprécé<strong>de</strong>ntes, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s événements (environ 80 %) a pour origine une ou plusieurs défail<strong>la</strong>nceshumaines ou organisationnelles. On trouve par exemple dans c<strong>et</strong>te catégorie les défauts <strong>de</strong> lignage, les nonconformitésaux spécifications techniques d’exploitation, les défauts <strong>de</strong> qualité lors <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong>maintenance.L’exploitant est tenu <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer l’apparition <strong>de</strong> tout écart qui répond à l’un <strong>de</strong>s critères établis par l’Autorité <strong>de</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> nucléaire par l’envoi d’un fax dans les 48 heures suivant sa découverte. Il doit ensuite fournir sous <strong>de</strong>ux moisson analyse <strong>de</strong> l’événement dans un compte-ren<strong>du</strong> d’événement significatif (CRES).Les 10 critères <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>ration pour les événements significatifs pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> (ESS)ESS 1ESS 2ESS 3ESS 4ESS 5ESS 6ESS 7ESS 8ESS 9ESS 10arrêt automatique <strong>du</strong> réacteurmise en service d’un <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>non respect <strong>de</strong>s spécifications techniques d’exploitation (STE)agression interne ou externeacte ou tentative d’acte <strong>de</strong> malveil<strong>la</strong>nce susceptible d’affecter <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tionpassage en état <strong>de</strong> repli en application <strong>de</strong>s STE ou <strong>de</strong> procé<strong>du</strong>res <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite acci<strong>de</strong>ntelle à <strong>la</strong> suite d’uncomportement imprévu <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tionévénement ayant causé ou pouvant causer <strong>de</strong>s défail<strong>la</strong>nces multiplesévénement ou anomalie spécifique au circuit primaire principal, au circuit secondaire principal ou aux appareils <strong>de</strong>pression <strong>de</strong>s circuits qui leur sont connectés, con<strong>du</strong>isant ou pouvant con<strong>du</strong>ire à une condition <strong>de</strong> fonctionnement nonprise en compte à <strong>la</strong> conception ou qui ne serait pas encadrée par les consignes d’exploitation existantesanomalie <strong>de</strong> conception, <strong>de</strong> fabrication en usine, <strong>de</strong> montage <strong>sur</strong> site ou d’exploitation <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tion concernant<strong>de</strong>s matériels <strong>et</strong> <strong>de</strong>s systèmes fonctionnels autres que ceux couverts par le critère 8, con<strong>du</strong>isant ou pouvant con<strong>du</strong>ireà une condition <strong>de</strong> fonctionnement non prise en compte <strong>et</strong> qui ne serait pas couverte par les conditions <strong>de</strong>dimensionnement <strong>et</strong> les consignes d’exploitation existantestout autre événement susceptible d’affecter <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tion jugé significatif par l’exploitant ou parl’Autorité <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> nucléaire.Rapport DSR N°316 6


Des disparités entre centralesL’IRSN observe <strong>de</strong>s disparités, parfois importantes dans certains domaines, entre les centrales. Il y a dans le <strong>parc</strong>un nombre très limité <strong>de</strong> centrales qui présentent <strong>de</strong>s faiblesses dans un grand nombre <strong>de</strong> domaines observés.Malgré <strong>de</strong>s efforts importants, ces centrales ne connaissent qu’une dynamique lente <strong>de</strong> progression car les effortsdoivent être portés simultanément <strong>sur</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s domaines.Une forte baisse <strong>du</strong> nombre d’Arrêts automatiques <strong>du</strong> réacteur (AAR)Le nombre d’AAR a fortement baissé en 2008. La moyenne <strong>du</strong> <strong>parc</strong> a été divisée par <strong>de</strong>ux pour atteindre0,57 AAR/réacteur/an. C<strong>et</strong>te valeur est <strong>la</strong> plus basse <strong>de</strong>puis le démarrage <strong>du</strong> <strong>parc</strong> électronucléaire. Mais c<strong>et</strong>temoyenne cache <strong>de</strong>s disparités importantes entre les centrales. Ainsi, un nombre important <strong>de</strong> réacteurs n’a pasconnu d’AAR en 2008 alors que <strong>de</strong>ux centrales comptabilisent à elles seules près <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s AAR, dont l’originerelève à parts égales <strong>de</strong> causes humaines <strong>et</strong> <strong>de</strong> défail<strong>la</strong>nces techniques. Ces centrales comptabilisaient déjà unnombre élevé d’AAR en 2007.1,60Pour <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s réacteurs, on note donc une baisse<strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>s AAR plus ou moins marquée. Elle résulte<strong>de</strong>s efforts fournis par les exploitants <strong>sur</strong> site à <strong>la</strong> suite<strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce, <strong>de</strong>puis quelques années, d’un proj<strong>et</strong>national. Ce proj<strong>et</strong> comporte un vol<strong>et</strong> qui vise à fiabiliserles interventions <strong>de</strong>s « acteurs <strong>de</strong> terrain » <strong>et</strong> un secondvol<strong>et</strong> purement technique. Ce <strong>de</strong>rnier vol<strong>et</strong> consiste ài<strong>de</strong>ntifier les matériels ou composants dont <strong>la</strong> défail<strong>la</strong>nce(par dérég<strong>la</strong>ge, vieillissement ou autre type <strong>de</strong>dégradation) peut entraîner un AAR, en <strong>vue</strong> <strong>de</strong> lesfiabiliser, par exemple en renforçant leur maintenance, voire en les modifiant ou en les remp<strong>la</strong>çant. La baisseconstatée s’explique à <strong>la</strong> fois par une baisse <strong>de</strong>s causes techniques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s causes humaines <strong>de</strong>s AAR.Dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cas, le système <strong>de</strong> protection a été sollicité pour <strong>de</strong>s situations où <strong>de</strong>s variations réelles <strong>de</strong>sparamètres physiques le nécessitaient. Les écarts à l’origine <strong>de</strong> ces situations peuvent avoir <strong>de</strong>s causes humaines(44 %) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s causes techniques (56 %). Néanmoins, en 2008, dans 20 % <strong>de</strong>s situations, l’AAR a été sollicité par unsignal intempestif. Il existe donc encore une marge <strong>de</strong> progrès à exploiter par EDF.Pour l’ensemble <strong>de</strong>s AAR <strong>sur</strong>venus en 2008, l’IRSN constate que les séquences d’arrêt automatique se sontdéroulées correctement, ce qui montre <strong>la</strong> bonne fiabilité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te protection.Les évènements significatifs pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> concernant <strong>la</strong> mise en configuration <strong>de</strong> circuitsLes lignagesL’activité <strong>de</strong> lignage d’un circuit d’un réacteur à eau sous pression a pour finalité <strong>de</strong> le rendre disponible pour sonexploitation. C<strong>et</strong>te activité est réalisée, soit dans le cadre d’une intervention <strong>de</strong> maintenance, soit pour tester uncircuit afin <strong>de</strong> s’as<strong>sur</strong>er <strong>de</strong> sa disponibilité, soit pour un changement <strong>de</strong> configuration <strong>de</strong> circuit. La simplicitéapparente <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te activité routinière est source d’erreurs <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> nombre important <strong>de</strong> lignages à réaliser, enparticulier lors <strong>de</strong>s phases d’arrêt, mais aussi <strong>du</strong> fait que les acteurs qui réalisent les lignages ne me<strong>sur</strong>ent pastoujours <strong>la</strong> difficulté <strong>de</strong> ces tâches qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pourtant <strong>de</strong> <strong>la</strong> rigueur, que ce soit dans <strong>la</strong> préparation, dans1,401,201,000,800,600,400,200,002006 2007 2008Moyenne Parc Palier 900 MWe Palier 1300 MWe Palier 1400 MWeÉvolution <strong>du</strong> nombre d’arrêts automatiques <strong>de</strong>s réacteursentre 2006 <strong>et</strong> 2008 par tranche pour les différents paliersRapport DSR N°316 7


l’utilisation <strong>de</strong>s documents supports ou dans le contrôle <strong>de</strong> l’action réalisée. Les conséquences <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong>lignage affectent <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tion lorsqu’elles con<strong>du</strong>isent à <strong>de</strong>s indisponibilités (voire à <strong>de</strong>s dommages)dans <strong>de</strong>s systèmes importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>.En 2008, moins <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong>s ESS <strong>du</strong> <strong>parc</strong> ont résulté d’un défaut <strong>de</strong> lignage. C<strong>et</strong>te proportion varie en fait très peu<strong>de</strong>puis plusieurs années, <strong>et</strong> ce malgré les efforts importants <strong>de</strong>s centrales qui ont mis en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’actionslocaux pour <strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> nombre d’évènements <strong>de</strong> ce type. Il convient toutefois <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tiviser le nombred’erreurs <strong>de</strong> lignage en le rapportant au nombre important <strong>de</strong>s lignages réalisés chaque année (plusieurs milliers).L’activité <strong>de</strong>s lignages <strong>de</strong>s circuits nécessite une organisation robuste (préparation <strong>de</strong> l’activité, analyse <strong>de</strong> risque,qualité <strong>de</strong> l’intervention <strong>et</strong> contrôle <strong>de</strong> l’action) étant donné l’impact qu’une erreur pourrait avoir <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>l’instal<strong>la</strong>tion. L’évolution <strong>du</strong> nombre d’ESS re<strong>la</strong>tifs aux lignages contribue à apprécier <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> l’organisationà con<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> manière rigoureuse l’instal<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> à détecter les éventuelles dérives.Les condamnations administrativesCertains lignages importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> sont gérés par ce qu’onappelle <strong>de</strong>s « condamnations administratives ». Ne pas les respecterprésente <strong>de</strong>s risques pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>. L’IRSN reste donc attentif àl’évolution <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> non-respect <strong>de</strong>s condamnationsadministratives. En cas d’erreur ou d’oubli, certaines protections oufonctions ne pourraient pas remplir leur mission. Afin d’éviter <strong>de</strong>modifier ces lignages <strong>de</strong> façon inappropriée, <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong>Les « condamnations administratives »sont <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> consignationphysique (ca<strong>de</strong>nas, chaînes) installés <strong>sur</strong>les matériels <strong>et</strong> gérées <strong>de</strong> manièreformelle (registre centralisé). Ilsperm<strong>et</strong>tent d’être sûr, à tout moment,<strong>de</strong> l’état <strong>du</strong> lignage concerné.condamnation physique sont installés (ca<strong>de</strong>nas, chaînes). Parailleurs, ces condamnations sont gérées <strong>de</strong> manière administrative afin <strong>de</strong> pouvoir être sûr, à tout moment, <strong>de</strong>l’état <strong>du</strong> lignage concerné. Elles doivent constituer une ligne <strong>de</strong> défense forte pour se protéger <strong>de</strong>s défauts <strong>de</strong>lignage <strong>sur</strong> certains circuits importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>.Des écarts constatés dans les condamnations administratives sont significatifs <strong>de</strong> défail<strong>la</strong>nces dans l’organisation<strong>de</strong>s activités, voire d’une perte <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce dans l’exploitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale. L’examen par le groupe permanentd’experts pour les réacteurs nucléaires <strong>de</strong>s évènements significatifs ayant affecté le <strong>parc</strong> électronucléaire d’EDFau cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2003-2005 a mis en exergue <strong>la</strong> part croissante <strong>de</strong>s défail<strong>la</strong>nces dans <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>scondamnations administratives (environ une quinzaine par an). C<strong>et</strong>te hausse s’est poursuivie <strong>et</strong> en 2008, 24 ESS <strong>de</strong>ce type ont été recensés.La majorité <strong>de</strong>s écarts relevés en 2008 porte <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s levées partielles <strong>et</strong> temporaires <strong>de</strong> ces condamnations pourtravaux ou manœuvres d’exploitation. Les exigences re<strong>la</strong>tives aux phases <strong>de</strong> préparation <strong>et</strong> <strong>de</strong> contrôle, ainsi qu’à<strong>la</strong> traçabilité, ne sont pas toujours strictement respectées par les équipes d’EDF.Au cours <strong>de</strong> l’année 2008, EDF a mené une re<strong>vue</strong> technique <strong>sur</strong> ce suj<strong>et</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières annéesd’exploitation. C<strong>et</strong>te re<strong>vue</strong> a abouti à <strong>la</strong> décision <strong>de</strong> renforcer les exigences en matière <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s consignesadministratives, avec notamment un renforcement <strong>de</strong>s contrôles.Rapport DSR N°316 8


Les non-conformités aux spécifications techniques d’exploitationLes spécifications techniques d’exploitationLes règles générales d’exploitation fixent un ensemble <strong>de</strong> règles re<strong>la</strong>tives à l’exploitation <strong>du</strong> réacteur, dont le respect estnécessaire pour rester conforme à <strong>la</strong> démonstration <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> présentée dans le rapport <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> (RDS).Les spécifications techniques d’exploitation (STE) font partie <strong>de</strong>s règles générales d’exploitation (RGE). Elles ont pour rôle <strong>de</strong>définir :• les limites <strong>du</strong> fonctionnement normal <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tion,• en fonction <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> tranche considéré, les fonctions <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> dont <strong>la</strong> disponibilité est nécessaire pour lecontrôle, <strong>la</strong> protection <strong>et</strong> <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s barrières interposées entre le combustible nucléaire <strong>et</strong> l’environnement,ainsi qu’au caractère opérationnel <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite en cas d’inci<strong>de</strong>nt ou d’acci<strong>de</strong>nt,• <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite à tenir en cas <strong>de</strong> dépassement d’une limite <strong>du</strong> fonctionnement normal ou d’indisponibilité d’une fonction<strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> requise.L’IRSN définit une non-conformité aux spécifications techniques d’exploitation comme le non respect, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong>l’exploitant, d’une règle édictée par les spécifications techniques d’exploitation. A titre d’exemple, l’indisponibilité fortuited’un matériel ne constitue pas une non-conformité si ce matériel est réparé dans les dé<strong>la</strong>is requis. Par contre, si c<strong>et</strong>teindisponibilité a été provoquée par l’exploitant (par erreur ou omission) ou si <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée nécessaire pour corrigerl’indisponibilité <strong>du</strong> matériel dépasse le dé<strong>la</strong>i alloué sans que le repli (cf. p 12) ne soit amorcé, alors il s’agit d’une nonconformité.Après plusieurs années <strong>de</strong> forte hausse, l’année 2008 aconnu une hausse plus modérée <strong>de</strong> non-conformités auxspécifications techniques d’exploitation (NCSTE).Ce typeNC STE -Sorties <strong>de</strong>domaineAutres ESSd’évènements représente néanmoins près <strong>de</strong> 60 % <strong>de</strong>sévènements significatifs pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> en 2008.70 % <strong>de</strong>s NCSTE ont pour origine une ou plusieurs actionsNC STENombre <strong>de</strong> non-conformités aux spécificationstechniques d’exploitation en 2008inappropriées <strong>de</strong>s opérateurs <strong>et</strong> 95 % d’entre elles résultentd’une ou plusieurs défail<strong>la</strong>nces humaines ou organisationnelles. Les analyses réalisées <strong>sur</strong> l’année 2008 révèlentune tendance nouvelle, peu perceptible ou non détectée jusqu’à présent dans les comportements : parfois, sous <strong>la</strong>pression <strong>de</strong> <strong>la</strong> programmation <strong>de</strong>s activités, d’aléas ou d’insuffisances <strong>de</strong>s ressources humaines ou matérielles, lesexploitants semblent rencontrer <strong>de</strong>s difficultés pour intégrer <strong>de</strong> manière adéquate, dans leurs décisions, lesexigences réglementaires <strong>et</strong> organisationnelles qui concernent leurs activités.Les faiblesses constatées dans l’organisation rejoignent celles déjà notées en 2007 : <strong>de</strong>s défail<strong>la</strong>nces dans <strong>la</strong>préparation <strong>de</strong>s opérations, <strong>de</strong>s insuffisances dans les analyses <strong>de</strong> risques <strong>et</strong> les contrôles réalisés au cours ou àl’issue <strong>de</strong>s opérations, <strong>de</strong>s imperfections dans <strong>la</strong> communication opérationnelle.Au vu <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années <strong>sur</strong> les NCSTE, EDF a i<strong>de</strong>ntifié quelques spécifications techniques qui ontposé problème au cours <strong>de</strong> ces années <strong>et</strong> a mis en p<strong>la</strong>ce un p<strong>la</strong>n d’actions afin d’améliorer les résultats. Les eff<strong>et</strong>s<strong>de</strong> ce p<strong>la</strong>n <strong>sur</strong> l’évolution <strong>du</strong> nombre total <strong>de</strong> NCSTE sont à ce sta<strong>de</strong> peu visibles étant donné l’augmentationconstatée pour d’autres NCSTE. C’est le cas <strong>de</strong>s NCSTE où un matériel requis <strong>du</strong> point <strong>de</strong> <strong>vue</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> estren<strong>du</strong> indisponible par erreur ; ce type <strong>de</strong> NCSTE représente plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s NCSTE. Un autr<strong>et</strong>ype <strong>de</strong> NCSTE est en augmentation en 2008 ; il s’agit d‘évènements où <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite à tenir prescrite par lesspécifications techniques d’exploitation à <strong>la</strong> suite d’une indisponibilité n’est pas respectée.Rapport DSR N°316 9


Par contre, l’IRSN constate <strong>de</strong>s progrès sensibles pour cequi concerne les sorties <strong>de</strong> domaines <strong>de</strong> fonctionnementautorisé, dont le nombre a diminué <strong>de</strong> 30 % par rapport àl’année 2007. C<strong>et</strong>te ré<strong>du</strong>ction porte en particulier <strong>sur</strong> lessorties <strong>du</strong> domaine autorisé pour les pressions <strong>et</strong>températures <strong>du</strong> circuit primaire (- 24 %) <strong>et</strong> <strong>sur</strong> les nonrespects<strong>du</strong> gradient <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> puissance nucléaire ou<strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> chauffe ou <strong>de</strong> refroidissement <strong>du</strong> circuitprimaire (- 60 %). C<strong>et</strong>te amélioration résulte <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>esmises en p<strong>la</strong>ce dans les centrales au milieu <strong>de</strong> l’année2007, après le constat d’une hausse <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> sorties<strong>de</strong> domaines en 2005 <strong>et</strong> 2006. Ces me<strong>sur</strong>es consistent enune meilleure i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s transitoires <strong>et</strong> activitésprésentant un risque <strong>de</strong> sortie <strong>du</strong> domaine <strong>et</strong> en unrenforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce par les équipes <strong>de</strong>con<strong>du</strong>ite.Les domaines d’exploitationLe domaine <strong>de</strong> fonctionnement autorisé est divisé enplusieurs domaines d’exploitation. Chaque domained’exploitation regroupe <strong>de</strong>s états <strong>du</strong> réacteur qui présentent<strong>de</strong>s caractéristiques physiques voisines, ainsi que <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>sd’exploitation simi<strong>la</strong>ires. La définition d’un domained’exploitation se tra<strong>du</strong>it en pratique par <strong>de</strong>s contraintes àrespecter en termes <strong>de</strong> limites <strong>du</strong> fonctionnement normal<strong>du</strong> réacteur <strong>et</strong> <strong>de</strong> disponibilité <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>.Il est strictement interdit <strong>de</strong> sortir volontairement <strong>du</strong>domaine d’exploitation dans lequel se trouve le réacteursans respecter les « conditions requises pour changer l’état<strong>du</strong> réacteur ». En cas <strong>de</strong> sortie d’un domaine d’exploitation,l’exploitant doit tout m<strong>et</strong>tre en œuvre pour revenir à <strong>la</strong>situation initiale ou à une situation correcte dans les plusbrefs dé<strong>la</strong>is.Les évènements liés aux interventions <strong>de</strong> maintenanceLe constat établi pour l’année 2007, qui montrait une augmentation <strong>du</strong> nombre d’évènements dont l’origine peutêtre associée aux interventions <strong>de</strong> maintenance est toujours d’actualité. Près <strong>de</strong> 97 % <strong>de</strong> ces évènements ont <strong>de</strong>scauses organisationnelles ou sont liés à <strong>de</strong>s actions inappropriées <strong>de</strong>s intervenants. Parmi les causesorganisationnelles i<strong>de</strong>ntifiées par l’IRSN, il apparaît <strong>de</strong>s insuffisances dans <strong>la</strong> préparation <strong>de</strong>s interventions <strong>et</strong> lesanalyses <strong>de</strong> risques associées, ainsi que dans les contrôles au cours ou à l’issue <strong>de</strong>s interventions. L’IRSN noteégalement <strong>de</strong>s défail<strong>la</strong>nces impliquant les supports documentaires, qui contiennent <strong>de</strong>s erreurs ou dontl’ergonomie n’est pas adaptée. La part <strong>de</strong>s évènements pour lesquels l’action <strong>de</strong>s intervenants <strong>de</strong> <strong>la</strong> maintenanceest mise en cause est en augmentation par rapport à 2007, <strong>et</strong> l’augmentation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> défauts <strong>de</strong> qualité lorsd’interventions <strong>de</strong> maintenance s’est poursuivie en 2008. Compte tenu <strong>de</strong>s différents constats <strong>de</strong> non-qualitéd’intervention faits les années précé<strong>de</strong>ntes, un p<strong>la</strong>n d’actions a été mis en p<strong>la</strong>ce par EDF, qui fait partieintégrante <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> « Performance humaine ». Ce proj<strong>et</strong> vise à fiabiliser les interventions <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>scollectifs qui as<strong>sur</strong>ent le travail quotidien dans les centrales d’EDF. L’un <strong>de</strong>s leviers <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te fiabilisation est uneplus gran<strong>de</strong> présence <strong>de</strong> l’encadrement <strong>sur</strong> le terrain. Les prestataires, qui exécutent environ 80 % <strong>de</strong>sinterventions <strong>de</strong> maintenance, sont plus souvent, mais encore insuffisamment, associés à c<strong>et</strong>te démarche.Force est <strong>de</strong> constater, au vu <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’année 2008, que ce p<strong>la</strong>n d’action n’a pas encore porté ses fruits entermes d’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> maintenance. EDF partage ce constat mais souligne quel’analyse <strong>de</strong>s évènements <strong>de</strong> 2008 n’apporte pas d’enseignements complémentaires susceptibles <strong>de</strong> modifier sonp<strong>la</strong>n d’actions. L’IRSN souligne que, si les actions engagées, <strong>de</strong> par leur nature, ne peuvent pas pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>simmédiats, <strong>la</strong> pertinence <strong>et</strong> l’adéquation <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’actions restent à démontrer, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> hausse <strong>du</strong> nombred’événements <strong>de</strong> ce type en 2008.Rapport DSR N°316 10


Les essais périodiquesLes essais périodiques (EP) sont nécessaires pour vérifier, au cours <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s réacteurs, <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong>scircuits <strong>et</strong> <strong>de</strong>s matériels associés constituant les fonctions <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> requises par les spécifications techniques d’exploitation,ainsi que <strong>de</strong>s moyens indispensables à <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite inci<strong>de</strong>ntelle ou acci<strong>de</strong>ntelle.Un matériel ou un système est déc<strong>la</strong>ré disponible si <strong>la</strong> périodicité pré<strong>vue</strong> pour ses essais est respectée <strong>et</strong> si les résultats <strong>de</strong>ces essais sont satisfaisants.Le nombre <strong>de</strong> non-respects <strong>de</strong> <strong>la</strong> périodicité <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong>sessais périodiques est en baisse en 2008 pour les réacteurs <strong>de</strong>900 MWe <strong>et</strong> <strong>de</strong> 1300 MWe, mais stagne pour les réacteurs <strong>de</strong>1450 MWe. Les efforts entrepris dans ce domaine (rigueur dans <strong>la</strong>p<strong>la</strong>nification <strong>de</strong>s essais périodiques) ont donc eu <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>spositifs. Si le suivi <strong>de</strong> c<strong>et</strong> indicateur, d’une année <strong>sur</strong> l’autre,présente un intérêt certain pour percevoir les évolutions dans <strong>la</strong>gestion <strong>de</strong> l’exploitation, il convient toutefois <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tiviserl’impact <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> associé. En eff<strong>et</strong>, les essais <strong>de</strong>« rattrapage » montrent que, dans <strong>la</strong> très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas,le matériel était disponible <strong>et</strong> n’était pas affecté <strong>de</strong> défauts dont ledé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> <strong>la</strong>tence (c’est-à-dire le temps <strong>de</strong> présence) aurait été prolongé <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> non-respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> périodicité <strong>de</strong>réalisation <strong>de</strong>s essais. Toutefois, bien que le nombre constaté <strong>de</strong> non-respects <strong>de</strong> <strong>la</strong> périodicité requise (quelquesdizaines par an <strong>sur</strong> le <strong>parc</strong>) soit effectivement faible en regard <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers d’essais réalisésannuellement <strong>sur</strong> le <strong>parc</strong>, l’IRSN considère que s’as<strong>sur</strong>er en permanence <strong>de</strong> <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong>s systèmes <strong>et</strong>matériels, <strong>et</strong> en particulier ceux <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>, reste un impératif en matière <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>. Les progrès sont doncnécessaires pour le palier 1450 MWe, <strong>et</strong> les améliorations constatées en 2008 <strong>sur</strong> les paliers 900 MWe <strong>et</strong> 1300 MWedoivent être poursuivies.La rédaction <strong>et</strong> <strong>la</strong> mise à jour <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res d’essais sont essentielles pour une bonne mise en œuvre <strong>de</strong>s essaispériodiques. En 2007, EDF a <strong>la</strong>ncé un proj<strong>et</strong> dont un <strong>de</strong>s objectifs est d’améliorer <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> documentationutilisée <strong>sur</strong> les sites. La première phase <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong> a consisté à standardiser pour l’ensemble <strong>du</strong> <strong>parc</strong> lesdocuments opératoires utilisés pour réaliser les essais périodiques (Voir l’article « proj<strong>et</strong> homogénéisation <strong>de</strong>spratiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s » dans le rapport 2007. En 2008, le nombre d’évènements significatifs ayant pourorigine un problème documentaire lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation d’essais périodiques, est en n<strong>et</strong>te diminution pour lespaliers 900 MWe <strong>et</strong> 1300 MWe ; le palier 1450 MWe présente encore <strong>de</strong>s faiblesses dans ce domaine.Les indisponibilités <strong>de</strong> matériels importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>Après avoir été en hausse pendant plusieurs années, le nombre d’indisponibilités <strong>de</strong> matériels importants pour <strong>la</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> a diminué en 2008. L’indicateur est d’une valeur moyenne pour le <strong>parc</strong>, sachant qu’il peut exister <strong>de</strong>sdisparités importantes entre centrales. Une étu<strong>de</strong> spécifique est menée par EDF pour comprendre ces écarts. Deplus, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> l’indisponibilité <strong>de</strong>s matériels est comptabilisée par chaque centrale <strong>et</strong> fait l’obj<strong>et</strong> d’un suivi.Une baisse constante, moins marquée pour les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années, <strong>de</strong> c<strong>et</strong> indicateur est constatée, signe queles centrales sont <strong>de</strong> plus en plus soucieuses <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre en état rapi<strong>de</strong>ment ces matériels. L’IRSN soulign<strong>et</strong>outefois que le nombre <strong>de</strong> défail<strong>la</strong>nces <strong>de</strong> certains systèmes importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> est en augmentation<strong>de</strong>puis 2005. C<strong>et</strong>te hausse est en fait significative pour trois systèmes : l’alimentation <strong>de</strong> secours <strong>de</strong>s générateurs32,521,510,50palier 900 MWe palier 1300 MWe palier 1400 MWeNombre moyen <strong>de</strong> non-respects <strong>de</strong> <strong>la</strong>périodicité <strong>de</strong>s essais périodiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>non-conformités <strong>de</strong>s gammes d’essai à <strong>la</strong>règle, par palier <strong>et</strong> par tranche, années2007 <strong>et</strong> 200820072008Rapport DSR N°316 11


<strong>de</strong> vapeur (ASG), l’injection <strong>de</strong> sécurité (RIS) <strong>et</strong> <strong>la</strong> réfrigération intermédiaire (RRI). Pour l’IRSN, ceci mérite unexamen plus approfondi <strong>de</strong>s défail<strong>la</strong>nces <strong>de</strong> ces systèmes, examen que l’IRSN a engagé pour le système ASG.Un nombre d’amorçages <strong>de</strong> repli qui stagneL’amorçage <strong>de</strong> repliLes contrôles pratiqués pendant le fonctionnement <strong>du</strong> réacteurL’évolution <strong>du</strong> nombre d’amorçages <strong>de</strong> repliperm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> découvrir <strong>de</strong>s défail<strong>la</strong>nces ou <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong>perm<strong>et</strong> d’apprécier, entre autres, l’évolutiondysfonctionnement <strong>de</strong> certains équipements qui participent à <strong>la</strong><strong>de</strong>s aléas d’exploitation impliquant <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>. Le <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>. En fonction <strong>de</strong> leur gravité, les spécifications techniquesnombre d’amorçages <strong>de</strong> repli en 2008 est d’exploitation imposent à l’exploitant <strong>de</strong> « replier » le réacteur dansun état plus sûr (état <strong>de</strong> repli) que l’état initial dans lequel a étésensiblement i<strong>de</strong>ntique à celui constaté en 2007découvert l’anomalie. L’amorçage <strong>du</strong> repli constitue le début <strong>de</strong>(environ 40 amorçages <strong>de</strong> repli). Près <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>réalisation <strong>de</strong>s opérations perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> rejoindre l’état <strong>de</strong> repli. Ilces amorçages <strong>de</strong> repli ont bien été réalisés en est précédé d’une pério<strong>de</strong> appelée « dé<strong>la</strong>i d’amorçage », perm<strong>et</strong>tant àconformité avec les spécifications techniques l’exploitant, soit <strong>de</strong> réparer l’anomalie ou <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en œuvre <strong>de</strong>sme<strong>sur</strong>es palliatives pour maintenir le réacteur dans l’état initial, soitd’exploitation ; un nombre très limité<strong>de</strong> se préparer au repli si l’anomalie n’est pas réparée ou compenséed’indisponibilités qui auraient dû con<strong>du</strong>ire à undans ce dé<strong>la</strong>i.amorçage <strong>de</strong> repli, mais qui n’a pas été réalisé,est noté pour l’année 2008. Il ne s’agit pas d’actions volontaires <strong>de</strong>s opérateurs mais d’une appréciation troptardive ou erronée <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation. La répartition <strong>de</strong>s amorçages <strong>de</strong> repli n’est pas homogène entre les centrales ;certains n’en ont pas connu en 2008 alors qu’une centrale en comptabilise sept à elle seule.Les performances (dans <strong>la</strong> détection <strong>et</strong> <strong>la</strong> récupération <strong>de</strong>s écarts) : <strong>de</strong>s résultats antagonistesLa capacité <strong>de</strong> détection <strong>de</strong>s écarts s’est améliorée pour certaines situations ou catégories d’évènements maiss’est détériorée pour d’autres. L’amélioration est notable pour les situations ayant fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ns d’actionspour améliorer <strong>la</strong> rigueur d’exploitation. C’est le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce en salle <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’autocontrôle<strong>de</strong>s agents en cas d’intervention (maintenance, lignages…). Une réactivité moindre que celle notée en 2007 estpar contre constatée lorsque les écarts à l’origine <strong>de</strong>s événements ne sont pas détectés par l’apparition d’a<strong>la</strong>rmesen salle <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite (par exemple lors <strong>de</strong> ron<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong> contrôles <strong>de</strong> résultats d’essais …).En conclusionCertaines tendances constatées <strong>de</strong>puis plusieurs années se sont poursuivies en 2008. C’est le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> hausse <strong>du</strong>nombre <strong>de</strong> non-conformités aux spécifications techniques d’exploitation <strong>et</strong> <strong>de</strong> celle <strong>du</strong> nombre d’évènements liésà <strong>la</strong> maintenance. Pour chaque évolution constatée ou suj<strong>et</strong> important à suivre pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, EDF a mis en p<strong>la</strong>ceun p<strong>la</strong>n d’actions. Pour <strong>la</strong> plupart, ce sont <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’action applicables à l’ensemble <strong>de</strong>s réacteurs. Ces p<strong>la</strong>nspeuvent être complémentaires mais <strong>la</strong> plupart <strong>du</strong> temps, ils sont dictés pour répondre à une difficulté. Un résultatremarquable <strong>de</strong> l’année 2008 est, à c<strong>et</strong> égard <strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> nombre d’arrêts automatiques <strong>du</strong> réacteur qui apratiquement été divisé par <strong>de</strong>ux.Un certain nombre d’actions sont p<strong>la</strong>nifiées par l’exploitant pour résoudre ses difficultés. Mais il doit veiller à ceque l’accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ns d’actions, qui rend plus complexe l’exploitation, ne crée pas à terme <strong>de</strong>s difficultés àintégrer <strong>de</strong> manière adéquate l’ensemble <strong>de</strong>s prescriptions supplémentaires issues <strong>de</strong> ces p<strong>la</strong>ns avec les exigencesréglementaires <strong>et</strong> organisationnelles auxquelles doivent faire face les équipes pour chaque activité, y compris <strong>la</strong>con<strong>du</strong>ite <strong>du</strong> réacteur. L’IRSN continuera <strong>de</strong> porter une attention particulière au suivi <strong>de</strong>s tendances <strong>sur</strong> ces suj<strong>et</strong>simportants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> ainsi qu’à <strong>la</strong> cohérence <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’actions.Rapport DSR N°316 12


EVENEMENTS ET INCIDENTSL’analyse <strong>de</strong>s événements <strong>et</strong> inci<strong>de</strong>nts constitue une activité essentielle <strong>de</strong> l’IRSN dans lecadre <strong>du</strong> suivi <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s centrales. Analyser un événement ou un inci<strong>de</strong>ntexige tout d’abord une bonne connaissance <strong>de</strong>s faits <strong>et</strong> <strong>du</strong> contexte dans lequel il s’estpro<strong>du</strong>it ; un préa<strong>la</strong>ble pour analyser les causes profon<strong>de</strong>s, évaluer l’inci<strong>de</strong>nce réelle <strong>et</strong>potentielle <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> le cas échéant <strong>sur</strong> les popu<strong>la</strong>tions <strong>et</strong>l’environnement, évaluer <strong>la</strong> pertinence <strong>de</strong>s actions correctives engagées pour éviter qu’ilne se repro<strong>du</strong>ise.Les origines <strong>de</strong>s événements peuvent être diverses : défail<strong>la</strong>nces humaines ouorganisationnelles, pannes matérielles, erreurs <strong>de</strong> conception. Les origines peuvent aussiêtre extérieures aux centrales, comme par exemple les agressions climatiques. Cechapitre présente une sélection d’événements qui ont fortement mobilisé l’IRSN parmiceux qui ont marqué l’année 2008.Décharger <strong>et</strong> recharger le combustible d’un réacteur sont <strong>de</strong>s opérations normalesd’exploitation. Mais parfois les choses se compliquent. Ce fut le cas <strong>sur</strong> un réacteur <strong>de</strong> <strong>la</strong>centrale <strong>du</strong> Tricastin, où <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> combustible sont restés accrochés auxéquipements internes supérieurs lors <strong>de</strong>s opérations d’enlèvement <strong>de</strong> ces équipements.Un bouchage partiel <strong>de</strong>s lignes d’injection <strong>de</strong> sécurité par <strong>du</strong> bore cristallisé a étédécouvert <strong>sur</strong> un réacteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> B<strong>la</strong>yais. Les investigations <strong>de</strong> l’exploitantmontrent que ce phénomène <strong>de</strong> cristallisation, qui rendait un système <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>partiellement indisponible, remontait à une intervention <strong>sur</strong> une vanne <strong>du</strong> circuitd’injection <strong>de</strong> sécurité réalisée cinq mois plus tôt.En matière <strong>de</strong> <strong>radioprotection</strong>, l’IRSN constate une situation simi<strong>la</strong>ire à celle <strong>de</strong> 2007.Bien qu’aucun événement n’ait eu <strong>de</strong> conséquence pour le personnel oul’environnement, <strong>de</strong>s efforts doivent être poursuivis concernant l’organisation <strong>de</strong>s accès<strong>et</strong> les conditions d’intervention en zone contrôlée. L’évacuation en juill<strong>et</strong> <strong>du</strong> personnelintervenant dans le bâtiment réacteur n°4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>du</strong> Tricastin à <strong>la</strong> suite d’unecontamination <strong>de</strong> l’atmosphère <strong>de</strong> ce bâtiment montre aussi <strong>de</strong>s défail<strong>la</strong>ncesorganisationnelles <strong>et</strong> matérielles dans le confinement radiologique <strong>de</strong>s chantiers menéslors <strong>de</strong>s arrêts.En juill<strong>et</strong>, l’exploitant <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim a découvert un envasement <strong>du</strong> rud’eau alimentant l’échangeur <strong>de</strong> chaleur d’un système <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>du</strong> réacteur n°2,m<strong>et</strong>tant en cause <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong> ce système. Une mobilisation importante <strong>de</strong>l’exploitant a permis <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre rapi<strong>de</strong>ment en conformité l’instal<strong>la</strong>tion.Rapport DSR N°316 13


Délicate opération <strong>de</strong> déchargement <strong>de</strong>combustible à <strong>la</strong> centrale <strong>du</strong> TricastinLe 8 septembre 2008 les opérations <strong>de</strong> déchargement <strong>du</strong> combustible <strong>du</strong> réacteur n°2 <strong>de</strong><strong>la</strong> centrale <strong>du</strong> Tricastin sont engagées. Préa<strong>la</strong>blement au déchargement <strong>du</strong> combustible<strong>de</strong> <strong>la</strong> cuve, le couvercle <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuve <strong>du</strong> réacteur <strong>et</strong> certains composants internes disposésau-<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> combustible doivent être enlevés. Deux assemb<strong>la</strong>ges combustibles restentaccrochés à ces composants par coincement <strong>et</strong> restent suspen<strong>du</strong>s au-<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> cœur,créant un risque <strong>de</strong> relâchement <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> fission dans l’enceinte <strong>de</strong> confinement encas <strong>de</strong> décrochage <strong>de</strong> ces assemb<strong>la</strong>ges <strong>et</strong> <strong>de</strong> chute <strong>sur</strong> les autres assemb<strong>la</strong>ges.Comment décharge-t-on le combustible <strong>du</strong> réacteur ?Après l’épuisement <strong>du</strong> combustible <strong>du</strong>rant les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction d’énergie, le réacteur est arrêté pourrenouveler le combustible. Le couvercle <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuve est enlevé sous eau. Les opérations <strong>de</strong> déchargement <strong>du</strong>combustible qui suivent consistent à transférer tous les assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> combustible <strong>du</strong> cœur <strong>du</strong> réacteur (aunombre <strong>de</strong> 157 <strong>sur</strong> le type <strong>de</strong> réacteur en fonctionnement au Tricastin) dans <strong>la</strong> piscine <strong>de</strong> désactivation situéedans le bâtiment <strong>du</strong> combustible. Ces opérations impliquent d’extraire au préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuve une structureconstituant les « équipements internes supérieurs » (EIS) p<strong>la</strong>cés <strong>sur</strong> les assemb<strong>la</strong>ges combustible (voir le schéma<strong>de</strong> <strong>la</strong> cuve <strong>du</strong> réacteur ci-après). Ces équipements ôtés, chaque assemb<strong>la</strong>ge combustible est ensuite extrait <strong>de</strong> <strong>la</strong>cuve pour être déposé dans <strong>la</strong> piscine <strong>de</strong> désactivation <strong>du</strong> combustible. L’opération <strong>de</strong> déchargement est réaliséeavec les assemb<strong>la</strong>ges maintenus sous eau.Piscine <strong>du</strong>BâtimentcombustiblePiscine <strong>du</strong>bâtimentréacteurEnceinte<strong>du</strong>Assemb<strong>la</strong>gescombustiblesrestés accrochésbâtimentCompartiment<strong>de</strong> stockage<strong>du</strong> combustibleCompartiment<strong>de</strong> transfertréacteurCompartiment <strong>de</strong>stockage <strong>de</strong>sstructures internesTube <strong>de</strong> transfert<strong>du</strong> combustibleDéchargement <strong>du</strong> combustibleRapport DSR N°316 14


La partie inférieure <strong>de</strong>s équipements internes supérieursest constituée d’une « p<strong>la</strong>que supérieure <strong>de</strong> cœur » (PSC)équipée <strong>de</strong> pions qui entrent dans les têtes <strong>de</strong>sassemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> combustible afin <strong>de</strong> les positionnercorrectement. Les assemb<strong>la</strong>ges reposent <strong>sur</strong> <strong>la</strong> « p<strong>la</strong>queinférieure <strong>de</strong> cœur » (PIC) qui est <strong>la</strong> partie haute <strong>de</strong>s« équipements internes inférieurs ». De <strong>la</strong> même façonque pour <strong>la</strong> PSC, <strong>la</strong> PIC est équipée <strong>de</strong> pions <strong>de</strong> centrage<strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> combustible. Une fois bien positionnésà l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces pions <strong>de</strong> centrage, l’ensemble <strong>de</strong>s 157assemb<strong>la</strong>ges forme le cœur <strong>du</strong> réacteur.Ent réeEauSort ieEauLa cuve d’un réacteurQue s’est-il passé ?Le 8 septembre 2008, <strong>la</strong> levée <strong>de</strong>s EIS <strong>du</strong> réacteur 2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>du</strong> Tricastin à l’ai<strong>de</strong> <strong>du</strong> pont po<strong>la</strong>ire est encours <strong>de</strong> réalisation. Le haut <strong>du</strong> cœur <strong>du</strong> réacteur est recouvert <strong>de</strong> plus d’une dizaine <strong>de</strong> mètres d’eau pendantl’opération. La levée est stoppée lorsque <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que supérieure <strong>du</strong> cœur se trouve environ 30 cm au <strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> p<strong>la</strong>n<strong>de</strong> joint <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuve, conformément aux procé<strong>du</strong>res en vigueur qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt qu’une inspection télévisuelle soitréalisée avant <strong>la</strong> levée complète <strong>de</strong>s équipements internes supérieurs. C<strong>et</strong>te inspection est effectuée pour vérifierl’absence d’accrochage <strong>de</strong> grappes <strong>de</strong> contrôle ou d’assemb<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> combustible.R P N M L K J H G F E D C B A1234567891011 neuf1213 2ème cycle1415 3ème cycle4ème cyclePSC(EIS)Assemb<strong>la</strong>ges combustible accrochés aux EISSchéma p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>gesAssemb<strong>la</strong>ges combustibles accrochés aux EISL’inspection montre que <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges adjacents, situés à <strong>la</strong> périphérie <strong>du</strong> cœur dans les positions B08 <strong>et</strong> C08,sont restés accrochés (voir schéma ci-<strong>de</strong>ssus). La partie inférieure <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges, qui ont une longueurd’environ quatre mètres, est restée insérée dans le « massif » <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges restants <strong>sur</strong> une hauteur d’environ50 cm. L’assemb<strong>la</strong>ge C08 est dans une position plus haute <strong>de</strong> 14 mm que l’assemb<strong>la</strong>ge B08. À <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> ceconstat, l’exploitant interrompt <strong>la</strong> manœuvre <strong>de</strong> levée <strong>de</strong>s EIS ; le bâtiment <strong>du</strong> réacteur est évacué <strong>et</strong> lesquelques ouvertures vers l’extérieur <strong>du</strong> bâtiment <strong>du</strong> réacteur qui restaient autorisées pendant <strong>la</strong> phase <strong>de</strong>manutention <strong>du</strong> combustible sont refermées à titre préventif, en particulier l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sas d’entrée <strong>du</strong>personnel dans le bâtiment réacteur. À ce sta<strong>de</strong>, <strong>la</strong> charge constituée par les EIS <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges, d’unemasse totale <strong>de</strong> 55 tonnes environ, reste suspen<strong>du</strong>e au croch<strong>et</strong> <strong>de</strong> manutention <strong>du</strong> pont po<strong>la</strong>ire au-<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> cœur<strong>du</strong> réacteur. Le refroidissement <strong>du</strong> cœur est as<strong>sur</strong>é <strong>de</strong> manière normale par les circuits <strong>de</strong> refroidissement àRapport DSR N°316 15


l’arrêt. L’étanchéité <strong>du</strong> combustible n’est pas dégradée, l’inci<strong>de</strong>nt n’a entraîné aucun rej<strong>et</strong>, que ce soit àl’intérieur ou à l’extérieur <strong>du</strong> bâtiment <strong>du</strong> réacteur.Quels risques pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> l’environnement ?C<strong>et</strong>te position anormale <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges entraine néanmoins un risque en cas <strong>de</strong> chute <strong>de</strong> l’un ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxassemb<strong>la</strong>ges <strong>sur</strong> le cœur. Il est possible d’imaginer qu’un décrochement soudain con<strong>du</strong>it à <strong>la</strong> perte d’étanchéitéd’assemb<strong>la</strong>ges combustibles irradiés (les assemb<strong>la</strong>ges initialement suspen<strong>du</strong>s <strong>et</strong> les assemb<strong>la</strong>ges heurtés lors <strong>de</strong>leur chute). Celle-ci entraînerait alors le relâchement <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> fission dans l’eau <strong>de</strong> <strong>la</strong> piscine, puis dans lebâtiment <strong>du</strong> réacteur. Une fraction <strong>de</strong> <strong>la</strong> radioactivité pourrait ensuite être rej<strong>et</strong>ée dans l’environnement. L’IRSNa réalisé une évaluation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te radioactivité en considérant <strong>la</strong> chute <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges <strong>et</strong> leur rupture, quientraînerait le relâchement <strong>de</strong> <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> fission qu’ils contiennent. Selon c<strong>et</strong>te hypothèse trèspessimiste en regard <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance mécanique <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges - <strong>et</strong> en considérant <strong>de</strong>s fuites “normales” <strong>de</strong>l’enceinte <strong>du</strong> bâtiment <strong>du</strong> réacteur, c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> a montré que les conséquences radiologiques à l’extérieur <strong>du</strong> siteseraient extrêmement faibles <strong>et</strong> ne nécessiteraient pas d’actions particulières <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> <strong>de</strong>l’environnement. Les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> réalisée par EDF se sont révélés comparables à ceux <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> réaliséepar l’IRSN.Des moyens importants développés par EDF pour revenir à une situation normaleAfin <strong>de</strong> ramener l’instal<strong>la</strong>tion dans ses conditions normales d’exploitation, l’exploitant a été amené à m<strong>et</strong>tre enœuvre <strong>de</strong>s outil<strong>la</strong>ges spécifiques développés à c<strong>et</strong>te occasion. La solution r<strong>et</strong>enue a consisté à sécuriser dans unpremier temps <strong>la</strong> position <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxassemb<strong>la</strong>ges pour éviter leur chute,puis à les désolidariser <strong>de</strong>s EIS. Ensuite,les EIS ont été transférés <strong>sur</strong> leur standsitué dans l’autre compartiment <strong>de</strong> <strong>la</strong>piscine <strong>du</strong> bâtiment réacteur ; les <strong>de</strong>uxassemb<strong>la</strong>ges ont ensuite été évacués,l’un après l’autre, jusqu’à <strong>la</strong> piscine <strong>du</strong>bâtiment <strong>du</strong> combustible. EDF a chargéun <strong>de</strong> ses fournisseurs habituels <strong>de</strong>développer les outil<strong>la</strong>ges nécessaires <strong>et</strong>d’effectuer l’intervention <strong>sur</strong> site.Des outil<strong>la</strong>ges <strong>sur</strong> me<strong>sur</strong>eL'outil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> sécurisation <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges développé par leprestataire d’EDF est constitué <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux poutres métalliques pré<strong>vue</strong>spour reposer au fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> piscine, <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> joint <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuve. Lespoutres sont munies <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tines <strong>de</strong> verrouil<strong>la</strong>ge pré<strong>vue</strong>s pour s’insérersous les têtes <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges. Ces poutres, reliées entre elles àleurs extrémités par l’intermédiaire <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cavaliers, as<strong>sur</strong>entl'immobilisation <strong>et</strong> <strong>la</strong> sécurisation <strong>de</strong> l'ensemble pour <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>l’intervention.L’outil perm<strong>et</strong>tant <strong>la</strong> désolidarisation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>s EIS estconstitué d’un bras écarteur piloté par un vérin hydraulique alimentépar une pompe manuelle. L’extrémité <strong>de</strong> ce bras, p<strong>la</strong>cé entre <strong>la</strong> faceinférieure <strong>de</strong>s EIS <strong>et</strong> le <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges, perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>réaliser l’écartement <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête d’assemb<strong>la</strong>ge <strong>du</strong> <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>quesupérieure <strong>du</strong> cœur <strong>et</strong> <strong>la</strong> désolidarisation par l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> pression as<strong>sur</strong>épar le vérin.L’outil<strong>la</strong>ge confectionné, <strong>de</strong>s essais à b<strong>la</strong>nc <strong>de</strong> l’intervention <strong>de</strong> décrochage <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges ont été réalisés auCentre d’expérimentation <strong>de</strong>s techniques d’intervention <strong>sur</strong> chaudière nucléaire à eau sous pression (CETIC). Cesessais, effectués en présence <strong>de</strong> l'ASN <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’IRSN, ont permis <strong>de</strong> qualifier l’outil<strong>la</strong>ge <strong>et</strong> le procédé prévu,d’opérer les <strong>de</strong>rniers rég<strong>la</strong>ges <strong>et</strong> d’entraîner le personnel pour c<strong>et</strong>te intervention délicate. L’intervention a eu lieule 23 octobre 2008. Les <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges ont été transférés dans <strong>la</strong> piscine <strong>de</strong> désactivation <strong>et</strong> EDF a ensuitepoursuivi les opérations <strong>de</strong> déchargement <strong>du</strong> reste <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges <strong>du</strong> cœur en respectant les procé<strong>du</strong>reshabituelles.Rapport DSR N°316 16


Les raisons <strong>du</strong> coincement <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>gesUne fois le déchargement terminé, EDF a engagé les investigations nécessaires pour comprendre ce qui s’étaitpassé. L’origine <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt remonte au précé<strong>de</strong>nt arrêt pour rechargement en 2007. L’examen approfondi <strong>de</strong>senregistrements vidéo, réalisés à <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> rechargement lors <strong>de</strong> l’arrêt 2007 afin d’établir <strong>la</strong> cartographie <strong>de</strong>sassemb<strong>la</strong>ges dans le cœur, a mis en évi<strong>de</strong>nce un jeu mécanique important, hors <strong>du</strong> critère, entre les têtes <strong>de</strong>sassemb<strong>la</strong>ges A08 <strong>et</strong> B08, ainsi qu’une absence <strong>de</strong> jeu entre les assemb<strong>la</strong>ges B08 <strong>et</strong> C08. Selon EDF, ce mauvaispositionnement <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges résulte <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence d’un corps étranger coincé entre le pied <strong>de</strong>l’assemb<strong>la</strong>ge B08 <strong>et</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que inférieure <strong>du</strong> cœur, inclinant c<strong>et</strong> assemb<strong>la</strong>ge contre l’assemb<strong>la</strong>ge voisin C08. Lors<strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s EIS à <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> rechargement <strong>de</strong> l’arrêt 2007, les pions <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que supérieure <strong>de</strong> cœurseraient entrés en force dans les trous correspondants <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges B08 <strong>et</strong> C08. C<strong>et</strong>te entrée enforce <strong>de</strong>s pions, accompagnée d’un grippage dû à un arrachement <strong>de</strong> matière, aurait empêché le dégagement <strong>de</strong>spions lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> levée <strong>de</strong>s EIS au début <strong>de</strong> l’arrêt <strong>de</strong> 2008.Le corps étranger r<strong>et</strong>rouvé <strong>sur</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que inférieure <strong>du</strong> cœur après le déchargement <strong>du</strong> cœur est une bille d’undiamètre <strong>de</strong> 4,7 mm. Elle provient d’un roulement à billes équipant <strong>la</strong> machine <strong>de</strong> chargement. Une dégradation<strong>de</strong> ce roulement a provoqué <strong>la</strong> chute <strong>de</strong> billes dans le circuit primaire lors <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> requalification <strong>de</strong> <strong>la</strong>machine <strong>de</strong> chargement avant le rechargement <strong>de</strong> l’arrêt <strong>de</strong> 2007. En fait, <strong>de</strong>ux billes ont chuté <strong>sur</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>queinférieure <strong>du</strong> cœur, dont une s’est r<strong>et</strong>rouvée coincée sous le pied <strong>de</strong> l’assemb<strong>la</strong>ge. Une troisième bille a étér<strong>et</strong>rouvée dans le fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuve <strong>du</strong> réacteur. Un renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> maintenance <strong>et</strong> <strong>de</strong>s contrôles <strong>de</strong>scomposants <strong>de</strong>s machines <strong>de</strong> chargement est <strong>de</strong>puis mis en œuvre par EDF <strong>sur</strong> le <strong>parc</strong>.L’IRSN fortement mobiliséDans un premier temps, dès <strong>la</strong> <strong>sur</strong>venue <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt, l’IRSN a évalué les risques que <strong>la</strong> situation dégradéeprésentait pour le personnel <strong>et</strong> l’environnement, en supposant <strong>la</strong> chute éventuelle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>gessuspen<strong>du</strong>s. Compte tenu <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te éventualité, l’IRSN a formulé <strong>de</strong>s recommandations <strong>de</strong>stinées à renforcer leconfinement <strong>du</strong> bâtiment <strong>du</strong> réacteur afin d’éviter les rej<strong>et</strong>s dans l’environnement. Par <strong>la</strong> suite, dans le cadre <strong>de</strong><strong>la</strong> préparation <strong>de</strong> l’intervention <strong>de</strong> sécurisation <strong>et</strong> d’extraction <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux assemb<strong>la</strong>ges, l’IRSN a été sollicité pouranalyser <strong>et</strong> donner un avis <strong>sur</strong> l’outil<strong>la</strong>ge prévu <strong>et</strong> <strong>sur</strong> les risques liés à l’intervention. A c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, <strong>de</strong>sreprésentants <strong>de</strong> l’IRSN ont assisté aux tests préliminaires réalisés au CETIC, ce qui leur a permis <strong>de</strong> compléterleur analyse grâce à une phase d’observation dans une situation proche <strong>de</strong> l’intervention réelle. Sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>radioprotection</strong>, l’IRSN a alors recommandé que <strong>de</strong>s dispositions complémentaires soient prises pendantl’opération <strong>de</strong> sécurisation, afin d’éviter une contamination <strong>de</strong>s opérateurs lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion d’outil<strong>la</strong>gescontaminés.L’IRSN souligne qu’un inci<strong>de</strong>nt simi<strong>la</strong>ire a affecté en 1998 le réacteur n°1 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Nogent-<strong>sur</strong>-Seine. Desme<strong>sur</strong>es correctives avaient alors été mises en œuvre <strong>sur</strong> le <strong>parc</strong> <strong>et</strong> notamment le contrôle, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise enp<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> combustible dans <strong>la</strong> cuve, <strong>de</strong>s jeux séparant les assemb<strong>la</strong>ges les uns <strong>de</strong>s autres, ceci afin <strong>de</strong> s’as<strong>sur</strong>er <strong>du</strong>bon ajustement <strong>de</strong>s pions <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que supérieure <strong>de</strong> cœur dans les trous <strong>de</strong>s têtes d’assemb<strong>la</strong>ges. Il s’avère quece contrôle n’a pas été réalisé avec suffisamment <strong>de</strong> rigueur lors <strong>du</strong> chargement <strong>de</strong> combustible dans le réacteurn° 2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>du</strong> Tricastin.Rapport DSR N°316 17


Indisponibilité partielled’une fonction <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>En août 2008, EDF a découvert pendant l’arrêt pour rechargement <strong>du</strong> réacteur n°3 <strong>de</strong> <strong>la</strong>centrale <strong>de</strong> B<strong>la</strong>yais, un bouchage partiel <strong>du</strong> circuit d’injection <strong>de</strong> sécurité par <strong>du</strong> borecristallisé. Le phénomène <strong>de</strong> cristallisation a commencé cinq mois plus tôt, après uneintervention <strong>sur</strong> une vanne <strong>de</strong> ce circuit. Le non respect d’une consigne d’exploitation <strong>et</strong>l’absence <strong>de</strong> perception <strong>du</strong> risque associé par l’exploitant sont à l’origine <strong>de</strong> c<strong>et</strong>teanomalie. L’IRSN mène une analyse approfondie <strong>de</strong> c<strong>et</strong> événement, c<strong>la</strong>ssé au niveau 1 <strong>de</strong>l’échelle <strong>de</strong> gravité INES.L’injection <strong>de</strong> sécurité : <strong>de</strong> l’eau <strong>et</strong> <strong>du</strong> boreEn fonctionnement normal, le combustible nucléaire est refroidi par <strong>de</strong> l’eau plus ou moins borée véhiculée par lecircuit primaire. En cas <strong>de</strong> brèche <strong>de</strong> ce circuit ou en cas <strong>de</strong> brèche <strong>du</strong> circuit secondaire, le système <strong>de</strong>« protection <strong>du</strong> réacteur » déclenche l’arrêt <strong>du</strong> réacteur <strong>et</strong> le démarrage <strong>du</strong> système d’injection <strong>de</strong> sécurité.Le rôle <strong>de</strong> ce système <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> est :• d’injecter <strong>de</strong> l’eau fortement borée dans le circuit primaire afin <strong>de</strong> maintenir <strong>la</strong> sous-criticité,• d’éviter le dénoyage <strong>du</strong> combustible nucléaire en compensant l’eau vaporisée qui sort par <strong>la</strong> brèche,• d’évacuer <strong>la</strong> puissance rési<strong>du</strong>elle qui continue <strong>de</strong> se dégager <strong>du</strong> combustible après l’arrêt <strong>du</strong> réacteur.Le système d’injection <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe est équipé d’un réservoir d’eau fortementconcentrée en aci<strong>de</strong> borique (21 000 ppm d’aci<strong>de</strong> borique). Dès le début <strong>de</strong> l’injection, le contenu <strong>de</strong> ce réservoirest injecté dans le circuit primaire, évitant ainsi tout r<strong>et</strong>our à un état critique. Afin d’éviter <strong>la</strong> cristallisation <strong>du</strong>bore, l’aci<strong>de</strong> borique contenu dans le réservoir est chauffé <strong>et</strong> maintenu en permanence en circu<strong>la</strong>tion par <strong>de</strong>spompes. Le système <strong>de</strong> chauffage <strong>de</strong> ce circuit perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> maintenir l’aci<strong>de</strong> à une température <strong>de</strong> 80°C, unea<strong>la</strong>rme étant activée si c<strong>et</strong>te température <strong>de</strong>scend en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 60°C. Le schéma <strong>de</strong> <strong>la</strong> page suivante montre lesparties chauffées <strong>du</strong> circuit (signalées en rouge).Toutefois, un risque <strong>de</strong> cristallisation pouvant con<strong>du</strong>ire àun bouchage <strong>de</strong> tuyauteries peut être rencontré en cas<strong>de</strong> :- défail<strong>la</strong>nce <strong>du</strong> dispositif <strong>de</strong> réchauffage ;- présence d’une solution d’aci<strong>de</strong> borique concentrée à21 000 ppm dans une portion <strong>de</strong> circuit non maintenue àune température suffisante (c’est le cas <strong>du</strong> présentLe bore est l’élément <strong>de</strong> numéro atomique 5. Ilprésente <strong>la</strong> propriété d’absorber les neutronspro<strong>du</strong>its par <strong>la</strong> réaction nucléaire. Dans le réacteurle bore est utilisé sous forme d’aci<strong>de</strong> borique (qui seprésente sous <strong>la</strong> forme d’une poudre b<strong>la</strong>nche solubledans l’eau). Une solution d’aci<strong>de</strong> borique peut secristalliser, en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration <strong>du</strong> bore,quand <strong>la</strong> température décroît.inci<strong>de</strong>nt) ;- solution d’aci<strong>de</strong> borique trop concentrée dans le réservoir d’injection <strong>de</strong> bore.Rapport DSR N°316 18


Que s’est-il passé à <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> B<strong>la</strong>yais ?Le 9 août 2008, le réacteur n°3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>du</strong> B<strong>la</strong>yais est en cours <strong>de</strong> mise à l’arrêt pour rechargement <strong>de</strong>combustible. En application <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res, l’injection <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution d’aci<strong>de</strong> borique à 21 000 ppm <strong>de</strong> bore dansle circuit primaire est réalisée. C<strong>et</strong>te injection, pré<strong>vue</strong> lors <strong>de</strong> chaque arrêt pour rechargement, perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>vérifier <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction.L’exploitant me<strong>sur</strong>e un débit d’injection <strong>de</strong> 60 m 3 /h au lieu<strong>de</strong>s 100 m 3 /h atten<strong>du</strong>s. Les investigations menées <strong>sur</strong> lescomposants <strong>du</strong> circuit susceptibles <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire le débit,révèlent <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> bore cristallisé au niveau <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>strois vannes disposées <strong>sur</strong> les lignes d’injection <strong>de</strong> sécuritédans les branches froi<strong>de</strong>s <strong>du</strong> circuit primaire (vannes A <strong>de</strong> <strong>la</strong>figure ci-contre). Du bore cristallisé obstrue partiellementces lignes, ce qui explique le manque <strong>de</strong> débit observé.L’origine <strong>de</strong> ce phénomène remonte en fait à mars 2008 ;elle est liée à <strong>la</strong> réparation d’une vanne motorisée situéejuste en amont <strong>du</strong> réservoir d’aci<strong>de</strong> borique à 21 000 ppm(vanne B). Pour les besoins <strong>de</strong> <strong>la</strong> réparation, c<strong>et</strong>te vanne estrestée ouverte pendant plus d’une heure. Ainsi, le réservoird’aci<strong>de</strong> borique <strong>et</strong> <strong>la</strong> portion <strong>de</strong> circuit attenante jusqu’auxvannes d’isolement en aval (vannes C) ont été soumis <strong>du</strong>rantc<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong> à <strong>la</strong> pression exercée par les pompesd’injection à haute pression, soit environ 170 bar. Il s’estalors pro<strong>du</strong>it, <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> fuite admis pour ces vannes,une montée en pression <strong>de</strong>s lignes situées en aval, dans <strong>la</strong>portion <strong>de</strong> circuit située entre ces vannes <strong>et</strong> les vannesSchéma simplifié <strong>du</strong> circuitd’isolement <strong>de</strong>s branches froi<strong>de</strong>s (vannes A). La pression <strong>du</strong>circuit est <strong>sur</strong>veillée pour détecter d’éventuelles fuites <strong>et</strong>, en cas <strong>de</strong> nécessité, <strong>la</strong> pression peut être ré<strong>du</strong>ite enouvrant une vanne <strong>de</strong> décharge (vanne D) pré<strong>vue</strong> à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>. Pour dépres<strong>sur</strong>iser <strong>la</strong> ligne, l’exploitant a doncmanœuvré c<strong>et</strong>te vanne ; toutefois <strong>la</strong> consigne <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite précisait que l’ouverture <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vanne <strong>de</strong>vait êtrebrève <strong>et</strong> sa <strong>du</strong>rée limitée au strict nécessaire à <strong>la</strong> dépres<strong>sur</strong>isation. En maintenant c<strong>et</strong>te vanne ouverte <strong>du</strong>rant uneheure, l’exploitant n’a pas suivi <strong>la</strong> consigne, favorisant ainsi le transfert d’aci<strong>de</strong> borique à 21 000 ppm dans <strong>la</strong>portion <strong>de</strong> circuit comprise entre les vannes C <strong>et</strong> les vannes A. Celle-ci n’étant pas maintenue en température, <strong>de</strong>scristaux <strong>de</strong> bore s’y sont formés <strong>et</strong>, lors <strong>de</strong> l’injection <strong>du</strong> bore à 21 000 ppm cinq mois plus tard, le 9 août 2008,ces cristaux ont été poussés dans les lignes d’injection <strong>et</strong> se sont accumulés au niveau <strong>de</strong>s vannes A dont <strong>la</strong> section<strong>de</strong> passage est significativement plus faible que celle <strong>du</strong> reste <strong>du</strong> circuit. L’une <strong>de</strong>s trois vannes s’est débouchéesous l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression, con<strong>du</strong>isant à l’établissement d’un débit <strong>de</strong> 60 m 3 /h ; les <strong>de</strong>ux autres vannes sontrestées obstruées.Rapport DSR N°316 19


Quelles étaient les conséquences possibles pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>du</strong> réacteur ?En cas <strong>de</strong> brèche <strong>du</strong> circuit primaire, l’obturation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lignes d’injection <strong>de</strong> sécurité <strong>sur</strong> trois <strong>du</strong>e à <strong>la</strong> présenced’aci<strong>de</strong> borique cristallisé aurait con<strong>du</strong>it à un débit d’injection inférieur à celui requis. Le refroidissement <strong>du</strong>combustible aurait donc été moins efficace <strong>et</strong> peut être même insuffisant. Par ailleurs, <strong>la</strong> quantité d’aci<strong>de</strong> boriqueà 21 000 ppm aurait été injectée dans le circuit primaire en un temps plus long, d’où une perte d’efficacité dansl’apport d’antiréactivité.La remise en conformitéL’exploitant a procédé au n<strong>et</strong>toyage <strong>de</strong>s vannes afin <strong>de</strong> r<strong>et</strong>irer toute trace <strong>de</strong> bore <strong>et</strong> a réalisé un essai compl<strong>et</strong> <strong>du</strong>circuit d’injection <strong>de</strong> sécurité. C<strong>et</strong> essai a permis <strong>de</strong> vérifier que le circuit était à nouveau opérationnel.La cristallisation <strong>du</strong> bore, un risque qui n’est pas nouveauDes cristallisations <strong>de</strong> bore ont déjà affecté les tranches <strong>de</strong> 900 MWe. La fréquence <strong>de</strong> ces cristallisations <strong>et</strong> leursconséquences pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> (qui peuvent être importantes) avaient con<strong>du</strong>it l’IRSN à mener, en 2003, une analyse<strong>de</strong>s causes possibles <strong>de</strong> cristallisation <strong>de</strong> bore dans différentes parties <strong>de</strong> circuits. Sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’analyse quel’IRSN lui avait transmise, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s questions que c<strong>et</strong>te analyse soulevait, l’ASN avait alors <strong>de</strong>mandé que, face àchaque risque i<strong>de</strong>ntifié par l’IRSN, EDF précise les dispositions prises dans les centrales. Ces dispositions reposentprincipalement <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s consignes d’exploitation (<strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>du</strong> circuit, vérification <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> bouchage,rinçage <strong>de</strong> tuyauterie si nécessaire, gui<strong>de</strong> d’exploitation…). Il s’avère que l’inci<strong>de</strong>nt <strong>sur</strong>venu à <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong>B<strong>la</strong>yais, résultant <strong>du</strong> non respect d’une consigne d’exploitation, <strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> perception <strong>du</strong> risque <strong>de</strong>cristallisation par l’exploitant, a montré les limites <strong>de</strong> ces préconisations.Après l’inci<strong>de</strong>nt, EDF a mis en œuvre <strong>de</strong> nouvelles dispositions, à savoir un renforcement <strong>de</strong>s consignesd’exploitation, qu’accompagnent <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> sensibilisation <strong>de</strong>s opérateurs au risque <strong>de</strong> cristallisation <strong>du</strong> bore,ainsi qu’un nouveau critère plus exigeant en termes <strong>de</strong> fuite admissible <strong>de</strong>s vannes en aval <strong>du</strong> réservoir d’aci<strong>de</strong>borique. L’IRSN considère que c<strong>et</strong> inci<strong>de</strong>nt constitue un événement précurseur. Il fait en eff<strong>et</strong> apparaître qu’endépit <strong>de</strong>s contrôles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s essais périodiques réalisés pour démontrer <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>,certains défauts <strong>la</strong>tents peuvent échapper à <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce exercée par les opérateurs. La suppression <strong>de</strong> <strong>la</strong>cartouche d’aci<strong>de</strong> borique à 21 000 ppm avait fait l’obj<strong>et</strong> d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> part d’EDF à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 1980 ;c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> n’a pas débouché <strong>sur</strong> une réalisation concrète car parallèlement, EDF a voulu améliorer lesperformances <strong>du</strong> combustible <strong>et</strong> a, <strong>de</strong> ce fait ré<strong>du</strong>it les marges disponibles, dont celles associées au risque <strong>de</strong> crised’ébullition, rendant par ailleurs indémontrable <strong>la</strong> possibilité d’un fonctionnement sans cartouche d’aci<strong>de</strong> boriqueà 21 000 ppm.Rapport DSR N°316 20


Les événements concernant<strong>la</strong> <strong>radioprotection</strong>Les événements significatifs en matière <strong>de</strong> <strong>radioprotection</strong> ayant affecté le <strong>parc</strong> <strong>de</strong>sréacteurs d’EDF en 2008 sont aussi nombreux qu’en 2007. L’analyse par l’IRSN <strong>de</strong> cesévènements con<strong>du</strong>it aux mêmes constats <strong>de</strong> prépondérance <strong>de</strong> certains écarts dans <strong>la</strong>maitrise <strong>de</strong>s situations à risques comme les accès en zone contrôlée « orange » <strong>et</strong> <strong>la</strong>réalisation <strong>de</strong>s tirs gammagraphiques. Les efforts d’EDF re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> prise en compte <strong>du</strong>r<strong>et</strong>our d’expérience en matière <strong>de</strong> <strong>radioprotection</strong> doivent donc être poursuivis.Répartition <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations d’événements concernant <strong>la</strong> <strong>radioprotection</strong>La réglementation re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s travailleurs contre les dangers <strong>de</strong>s rayonnements ionisants imposeaux exploitants <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions nucléaires <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer à l’ASN les écarts appelés « événements significatifs enmatière <strong>de</strong> <strong>radioprotection</strong> » (ESR). Ces écarts répon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s critères préa<strong>la</strong>blement définis par l’ASN.Les 10 critères <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>ration pour les événements significatifs pour <strong>la</strong> <strong>radioprotection</strong> (ESR)ESR 1ESR 2ESR 3ESR 4ESR 5ESR 6ESR 7ESR 8ESR 9ESR 10Dépassement d’une limite <strong>de</strong> dose indivi<strong>du</strong>elle annuelle réglementaire ou situation impré<strong>vue</strong> qui aurait pu entraîner,dans <strong>de</strong>s conditions représentatives <strong>et</strong> vraisemb<strong>la</strong>bles, le dépassement d’une limite <strong>de</strong> dose indivi<strong>du</strong>elle annuelleréglementaire, quel que soit le type d’exposition (ce critère inclut les cas <strong>de</strong> contamination corporelle).Situation impré<strong>vue</strong> ayant entraîné le dépassement <strong>du</strong> quart d’une limite <strong>de</strong> dose indivi<strong>du</strong>elle annuelle réglementaire,quel que soit le type d’exposition (ce critère inclut les cas <strong>de</strong> contamination corporelle).Tout écart significatif concernant <strong>la</strong> propr<strong>et</strong>é radiologique, notamment les sources <strong>de</strong> contamination hors zonecontrôlée supérieures à 1 MBq <strong>et</strong> une contamination vestimentaire supérieure à 10 kBq détectée au portique C3 oulors d’une anthropogammamétrie.Toute activité (opération, travail, modification, contrôle...) notable, comportant un risque radiologique, réalisée sansune analyse <strong>de</strong> <strong>radioprotection</strong> (justification, optimisation, limitation) ou sans prise en compte exhaustive <strong>de</strong> c<strong>et</strong>teanalyse.Action ou tentative d’action <strong>de</strong> malveil<strong>la</strong>nce susceptible d’affecter <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s travailleurs ou <strong>de</strong>s personnes <strong>du</strong>public contre les rayonnements ionisantsSituation anormale affectant une source scellée ou non scellée d’activité supérieure aux seuils d’exemptionDéfaut <strong>de</strong> signalisation ou non-respect <strong>de</strong>s conditions techniques d’accès ou <strong>de</strong> séjour dans une zone spécialementréglementée ou interdite (zones orange, rouge <strong>et</strong> zones <strong>de</strong>s tirs radio).7a Défauts <strong>de</strong> balisage <strong>et</strong> <strong>de</strong> signalétique7 b Autres écartsDéfail<strong>la</strong>nce non compensée <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce radiologique as<strong>sur</strong>ant <strong>la</strong> protection collective <strong>de</strong>s personnelsprésents.Dépassement <strong>de</strong> plus d’un mois <strong>de</strong> <strong>la</strong> périodicité <strong>de</strong> contrôle d’un appareil <strong>de</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce radiologique, s’il s’agitd’un appareil <strong>de</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce collective permanente (périodicité réglementaire <strong>de</strong> 1 mois), <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trois mois s’ils’agit d’un autre type d’appareil (lorsque <strong>la</strong> périodicité <strong>de</strong> vérification pré<strong>vue</strong> dans les RGE est comprise entre 12 <strong>et</strong>18 mois).Tout autre écart significatif pour I’ASN ou l’exploitant.Rapport DSR N°316 21


Pour chacun <strong>de</strong> ces événements, EDF analyse les circonstances <strong>et</strong> les causes <strong>de</strong> l’événement, ses conséquencesradiologiques réelles <strong>et</strong> celles qu’il aurait pu avoir, <strong>et</strong> m<strong>et</strong> en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s actions correctives pour éviter leurrenouvellement. Ces analyses perm<strong>et</strong>tent à l’IRSN d’établir <strong>de</strong>s tendances pour l’ensemble <strong>du</strong> <strong>parc</strong> <strong>et</strong> d’évaluerles actions correctives engagées par EDF.En 2008, 110 événements significatifs concernant <strong>la</strong> <strong>radioprotection</strong> ont été déc<strong>la</strong>rés par le <strong>parc</strong> <strong>de</strong> centralesnucléaires d’EDF, tous <strong>de</strong> niveau 0 <strong>sur</strong> l’échelle INES « <strong>radioprotection</strong> ». La répartition <strong>de</strong>s évènements <strong>de</strong><strong>radioprotection</strong> déc<strong>la</strong>rés en fonction <strong>du</strong> type d’écart détecté est très inégale. Une catégorie est toutefoisprépondérante : les écarts aux conditions techniques d’accès en zone contrôléeSurveil<strong>la</strong>nce radiologique1%Propr<strong>et</strong>é Radiologique1%Formation <strong>radioprotection</strong>4%Dosimétrie <strong>du</strong> personnel3%Tir gammagraphique15%Contamination hors zonecontrôléeContamination interne3%5%Contamination <strong>sur</strong>facique2%Contamination vestimentaireen sortie <strong>de</strong> site3%Défaut <strong>de</strong> source radioactive9%Défaut d'Analyse<strong>radioprotection</strong>11%Défaut d'accès en zonecontrôlée43%Répartition <strong>de</strong>s évènements <strong>de</strong> <strong>radioprotection</strong> déc<strong>la</strong>rés en fonction <strong>du</strong> type d’écart détectéAccès réglementé pour les travailleurs dans une centrale nucléaireConformément aux prescriptions réglementairesre<strong>la</strong>tives au zonage <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions, le service <strong>de</strong><strong>radioprotection</strong> effectue un balisage <strong>de</strong>s lieux, àl’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> panneaux <strong>de</strong> couleurs (trisecteursnormalisés) correspondant aux différents types <strong>de</strong>zone afin d’informer le personnel <strong>de</strong>s risquesprésents dans chaque zone.Les accès non autorisés en zone orange représentent <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s écarts détectés. Ils sont en augmentation :43 ESR <strong>de</strong> ce type en 2008 contre 35 en 2007 (défauts <strong>de</strong> balisage, non-respects <strong>de</strong>s dispositions organisationnelles<strong>et</strong> techniques, non prise en compte <strong>de</strong> l’augmentation <strong>du</strong> débit <strong>de</strong> dose ambiant). Les doses indivi<strong>du</strong>elles qui ontété reçues par les intervenants en une année n’ont jamais dépassé 20 mSv <strong>et</strong> 14 intervenants seulement ont reçuentre 16 <strong>et</strong> 20 mSv ; toutefois ce type d’anomalie pourrait con<strong>du</strong>ire à <strong>de</strong>s doses plus conséquentes.Rapport DSR N°316 22


Un autre type d’écart pourrait être évité si les intervenants exerçaient une plus gran<strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce au cours <strong>de</strong> leursinterventions en zone contrôlée. L’exposition aux rayonnements ionisants doit être vérifiée au cours <strong>de</strong> cesinterventions, notamment grâce aux dosimètres opérationnels qui perm<strong>et</strong>tent d’afficher <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> dose <strong>et</strong> <strong>de</strong>débit <strong>de</strong> dose en temps réel <strong>et</strong> donc perm<strong>et</strong>tent aux opérateurs <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es d’autoprotectionadéquates.Ces dosimètres sont munis d’une préa<strong>la</strong>rme <strong>et</strong> d’une a<strong>la</strong>rme sonore <strong>et</strong>visuelle (en dose <strong>et</strong> en débit <strong>de</strong> dose) qui prévient l’agent <strong>de</strong> sa présencedans un champ <strong>de</strong> rayonnements dépassant certains seuils. Même si les doseseffectivement reçues par les agents sont restées très faibles, l’analyse <strong>de</strong>sévènements déc<strong>la</strong>rés montre que, malheureusement, c<strong>et</strong>te <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce nefonctionne pas systématiquement. Ainsi, <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong> ces évènementsExemple <strong>de</strong> dosimètre opérationnel- me<strong>sur</strong>e <strong>et</strong> affichage numérique- A<strong>la</strong>rme <strong>et</strong> préa<strong>la</strong>rmeDe l’équivalent <strong>de</strong> dose intégré <strong>et</strong> <strong>du</strong>débit d’équivalent <strong>de</strong> dose γ <strong>et</strong> X entemps rée<strong>la</strong>uraient pu être évités par une préparation <strong>de</strong>s interventions plusapprofondie, un autocontrôle plus vigi<strong>la</strong>nt <strong>et</strong> un respect plus strict <strong>de</strong>s règles<strong>de</strong> <strong>radioprotection</strong> (cas <strong>de</strong>s franchissements volontaires <strong>de</strong>s balisages, <strong>de</strong>sdéposes inappropriées <strong>du</strong> balisage). EDF a donc entrepris <strong>de</strong> compléter sesactions d’amélioration, <strong>la</strong>ncées en 2007, en matière <strong>de</strong> respect <strong>de</strong> <strong>la</strong>réglementation, en renforçant notamment les pratiques <strong>de</strong> balisage <strong>de</strong>szones pour les rendre plus robustes <strong>et</strong> plus fiables.Les tirs gammagraphiquesLes tirs gammagraphiques (ou radiographiques), quicorrespon<strong>de</strong>nt à une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> contrôle non <strong>de</strong>structif<strong>de</strong>s tuyauteries très utilisée dans l’in<strong>du</strong>strie, présentent un<strong>de</strong>s risques majeurs <strong>de</strong> <strong>sur</strong>exposition <strong>de</strong>s travailleurs. Lenombre d’écarts lors <strong>de</strong> ces interventions représente unepart non négligeable <strong>de</strong>s ESR (une vingtaine), mais cenombre, stable au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, estLes tirs gammagraphiques sont effectués à l’ai<strong>de</strong> d’appareils mobiles auto protégés (plombés) contenant unesource radioactive scellée ém<strong>et</strong>tant <strong>de</strong>s rayonnementsgamma (généralement <strong>de</strong> l’Iridium 192 ou <strong>du</strong> césium 137)qui, une fois en position d’utilisation, expose un filmnéanmoins faible en regard <strong>du</strong> nombre total <strong>de</strong>s tirs réalisés radiographique d’une manière analogue à une<strong>sur</strong> le <strong>parc</strong> (environ 20 000 par an).radiographie médicale à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> rayons X. C<strong>et</strong>t<strong>et</strong>echnique constitue un moyen performant <strong>et</strong> trèsLes défauts <strong>de</strong> balisage sont majoritairement responsables<strong>de</strong>s ESR re<strong>la</strong>tifs aux tirs gammagraphiques. L’analyse <strong>de</strong>sévénements montre qu’ils n’ont pas eu <strong>de</strong> conséquenceréelle en termes <strong>de</strong> doses. En eff<strong>et</strong>, il faut à <strong>la</strong> fois unfréquemment utilisé <strong>de</strong> contrôle non <strong>de</strong>structif <strong>sur</strong> lessites. Elle est d’ailleurs également fréquemment mise enœuvre dans l’in<strong>du</strong>strie c<strong>la</strong>ssique pour vérifier, parexemple, <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s sou<strong>du</strong>res ou détecter un manque<strong>de</strong> matière dans <strong>de</strong>s tuyauteries.franchissement d’un balisage à proximité <strong>de</strong> <strong>la</strong> source <strong>et</strong>une source en fonctionnement au moment <strong>de</strong> ce franchissement pour entraîner <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> <strong>sur</strong>exposition.Par contre, ces <strong>sur</strong>expositions pourraient être très graves pour le personnel, <strong>et</strong> <strong>de</strong> plus ne pas être détectéeslorsque les tirs ont lieu hors <strong>de</strong>s zones contrôlées, dans <strong>de</strong>s locaux où peuvent circuler <strong>de</strong>s travailleurs non munis<strong>de</strong> dosimètres.Rapport DSR N°316 23


EDF a engagé en 2008 différentes actions visant à améliorer <strong>la</strong> maitrise <strong>de</strong>s tirs gammagraphiques <strong>et</strong> à ré<strong>du</strong>ire lesrisques radiologiques encourus par le personnel lors <strong>de</strong> ces tirs gammagraphiques. Néanmoins, à ce jour, les eff<strong>et</strong>s<strong>de</strong> ces actions ne sont pas encore visibles. Les efforts d’EDF doivent donc être poursuivis afin d’obtenir unediminution sensible <strong>de</strong>s risques d’exposition aux tirs gammagraphiques.Un évènement marquant en 2008 : l’évacuation <strong>du</strong> bâtiment <strong>du</strong> réacteur n°4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>du</strong> TricastinLe 23 juill<strong>et</strong> 2008, alors que le réacteur n°4 <strong>du</strong> Tricastin était arrêtépour son rechargement annuel en combustible., le déclenchementsimultané <strong>de</strong> plusieurs détecteurs as<strong>sur</strong>ant <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong>contamination atmosphérique <strong>du</strong> bâtiment <strong>du</strong> réacteur a con<strong>du</strong>itl’exploitant à faire évacuer les 97 personnes présentes à ce moment làdans le bâtiment. Le contrôle anthropogammamétrique <strong>de</strong> l’ensemble<strong>du</strong> personnel concerné (présent avant l’évènement ou lors <strong>de</strong> celui-ci) a montré une exposition interne pour117 intervenants. Compte tenu <strong>de</strong>s faibles niveaux <strong>de</strong> contamination me<strong>sur</strong>és, c<strong>et</strong> évènement a été c<strong>la</strong>ssé auniveau 0 <strong>de</strong> l’échelle INES.L’analyse menée par l’exploitant a montré que <strong>la</strong> dispersion <strong>de</strong> contamination a eu pour origines un défautd’analyse <strong>de</strong>s risques associés au ba<strong>la</strong>yage d’un circuit contaminé par <strong>de</strong> l’air ainsi que <strong>de</strong>s défauts <strong>de</strong>confinement <strong>de</strong>s chantiers dans les générateurs <strong>de</strong> vapeur. De plus, le déboitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> gaine <strong>du</strong> dispositif <strong>de</strong>mise en dépression <strong>du</strong> circuit primaire a favorisé <strong>la</strong> dissémination <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination dans l’enceinte <strong>du</strong> bâtiment<strong>du</strong> réacteur.Les évacuations <strong>du</strong> bâtiment <strong>du</strong> réacteur sont re<strong>la</strong>tivement fréquentes lors <strong>de</strong>s arrêts pour rechargement <strong>de</strong>sréacteurs nucléaires. Une gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> ces évacuations relève d’a<strong>la</strong>rmes intempestives liées à <strong>de</strong>sdysfonctionnements <strong>de</strong>s balises <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong> <strong>la</strong> radioactivité. Ces évacuations non justifiées par unecontamination réelle <strong>et</strong> l’évènement <strong>du</strong> Tricastin ont con<strong>du</strong>it EDF à renforcer ses prescriptions nationales <strong>de</strong><strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination atmosphérique dans le bâtiment <strong>du</strong> réacteur.Chaque année, l’IRSN publie <strong>sur</strong> son site intern<strong>et</strong> www.irsn.fr un bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s travailleurs exposésaux rayonnements ionisants en France. L’ensemble <strong>de</strong>s données re<strong>la</strong>tives aux expositions <strong>de</strong>s travailleurs sontenregistrées dans une base <strong>de</strong> données nationale, dénommée SISERI, gérée par l’IRSN <strong>et</strong> accessible en ligne auxmé<strong>de</strong>cins <strong>du</strong> travail <strong>et</strong> aux personnes compétentes en <strong>radioprotection</strong>.Rapport DSR N°316 24


Envasement <strong>du</strong> ru d’eau arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> station<strong>de</strong> pompage <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> FessenheimEn juill<strong>et</strong> 2008, EDF a découvert une dégradation <strong>de</strong>s performances <strong>du</strong> systèmed’aspersion dans l’enceinte <strong>du</strong> réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim. Ce système,prévu pour les situations acci<strong>de</strong>ntelles, est refroidi via <strong>de</strong>s échangeurs par l’eau <strong>du</strong> grandcanal d’Alsace qui jouxte <strong>la</strong> centrale. Les investigations menées par l’exploitant ont misen évi<strong>de</strong>nce un état avancé d’envasement <strong>du</strong> ru d’eau arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> station <strong>de</strong> pompage,qui alimente les échangeurs <strong>de</strong> refroidissement.Le refroidissement <strong>du</strong> système d’aspersion dans l’enceinte <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> FessenheimLe grand canal d’Alsace participe au refroidissement <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim. A <strong>la</strong> station <strong>de</strong>pompage <strong>de</strong> chaque réacteur, <strong>de</strong> l’eau en provenance <strong>du</strong> canal est, après filtration, envoyée vers le con<strong>de</strong>nseur <strong>du</strong>turboalternateur, qui as<strong>sur</strong>e <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction d’énergie électrique.Une partie <strong>de</strong> l’eau filtrée est prélevée <strong>de</strong> façongravitaire pour les besoins <strong>du</strong> systèmed’alimentation en eau brute as<strong>sur</strong>ant <strong>la</strong>réfrigération <strong>de</strong> systèmes importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>.Ce prélèvement est réalisé dans un collecteurparallélépipédique <strong>de</strong> distribution (2 m <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge,3 m <strong>de</strong> haut, d’un volume total <strong>de</strong> 400 m 3 ) nommé« ru d’eau arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> station <strong>de</strong> pompage ».Ce collecteur as<strong>sur</strong>e notamment l’alimentation <strong>de</strong>sréfrigérants <strong>du</strong> système d’aspersion dans l’enceinte<strong>de</strong> confinement (EAS). Ce système participe àl’évacuation <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance dégagée par le cœur dans l’enceinte en situation acci<strong>de</strong>ntelle <strong>de</strong> brèche primaire ou<strong>de</strong> perte <strong>de</strong> l’alimentation en eau <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> vapeur. Il est composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux voies redondantes (voies A<strong>et</strong> B), chacune munie, entre autres, d’un échangeur à tubes perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> refroidir l’eau <strong>du</strong> système EAS. Chaqueéchangeur est refroidi par une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux voies dédiées <strong>du</strong> système d’eau brute, qui sont disposées l’une à côté <strong>de</strong>l’autre, à l’extrémité <strong>du</strong> ru d’eau arrière.Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim, <strong>la</strong> solution r<strong>et</strong>enue (alimentation gravitaire <strong>de</strong>séchangeurs) pour le refroidissement <strong>du</strong> système d’aspersion dans l’enceinte, unique <strong>sur</strong> le <strong>parc</strong>, avait commeprincipal but d’as<strong>sur</strong>er une très bonne disponibilité <strong>de</strong> ce système <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>. Ainsi, <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion gravitaire <strong>de</strong>l’eau brute a permis <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> façon importante le nombre <strong>de</strong> composants actifs dont le bon fonctionnementest nécessaire en situation acci<strong>de</strong>ntelle.Rapport DSR N°316 25


Néanmoins, <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> contrôle <strong>et</strong> <strong>de</strong> maintenance préventive sont nécessaires pour garantir <strong>la</strong> propr<strong>et</strong>é <strong>de</strong>scircuits <strong>et</strong> le maintien dans le temps <strong>de</strong>s caractéristiques atten<strong>du</strong>es, notamment leur capacité d’échang<strong>et</strong>hermique <strong>et</strong> leur débit <strong>de</strong> refroidissement.Aussi, l’exploitant doit vérifier périodiquement que les débits d’eau brute sont suffisants (chaque mois, une voieest testée). Pour ce<strong>la</strong>, il fait circuler <strong>de</strong> l’eau dans l’échangeur <strong>et</strong> me<strong>sur</strong>e le débit traversant l’échangeur. En<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s d’essais, l’échangeur est rempli d’eau déminéralisée. C<strong>et</strong>te disposition perm<strong>et</strong> d’éviter unencrassement <strong>de</strong>s tubes <strong>de</strong> l’échangeur par l’eau brute <strong>du</strong> canal, encrassement susceptible d’affecter lecoefficient thermique d’échange.Que s’est-il passé à Fessenheim ?En novembre <strong>et</strong> décembre 2007, lors <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> redémarrageaprès l’arrêt pour rechargement <strong>du</strong> réacteur n° 2, les débitsd’eau brute traversant les <strong>de</strong>ux échangeurs <strong>du</strong> systèmed’aspersion dans l’enceinte se sont avérés inférieurs aux valeursspécifiées. Le débit requis avait néanmoins été r<strong>et</strong>rouvé grâce àun rinçage <strong>de</strong>s échangeurs. Par <strong>la</strong> suite, un nouvel écart <strong>de</strong>débit a été constaté lors d’un essai périodique, mais corrigérapi<strong>de</strong>ment par un rinçage <strong>de</strong>s échangeurs. Compte tenu <strong>de</strong> cesécarts répétés, l’IRSN a recommandé, début juin 2008, quel’exploitant procè<strong>de</strong>, dès le premier arrêt programmé <strong>de</strong>chaque réacteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim, au n<strong>et</strong>toyage <strong>du</strong>Face avant <strong>de</strong> l’échangeur à tubesru d’eau arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> station <strong>de</strong> pompage, ainsi que <strong>de</strong>séchangeurs <strong>du</strong> système d’aspersion dans l’enceinte <strong>et</strong> <strong>de</strong>scanalisations d’eau brute les alimentant. Il est à noter que <strong>la</strong> nécessité d’as<strong>sur</strong>er l’alimentation en eau brute <strong>de</strong>ssystèmes ayant <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> rend préférable <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> ces travaux lorsque le réacteur estcomplètement déchargé.Après un nouvel écart <strong>de</strong> débit constaté <strong>sur</strong> <strong>la</strong> voie A fin juin 2008, l’exploitant a défini un nouveau mo<strong>de</strong>opératoire pour les essais périodiques bimensuels, qui prévoyait <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser couler un certain temps l’eau brute àtravers l’échangeur en essai avant <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e <strong>du</strong> débit, c<strong>et</strong> écoulement préliminaire perm<strong>et</strong>tantd’évacuer les éventuels dépôts en amont <strong>de</strong> l’échangeur. Le premier essai périodique réalisé dans ces conditions aété effectué le 4 juill<strong>et</strong> 2008 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> voie B alors que le réacteur était en arrêt à chaud, dans le cadre d’un arrêtcourt, programmé sans déchargement <strong>du</strong> combustible.Malgré ce nouveau mo<strong>de</strong> opératoire, l’exploitant a constaté, une fois <strong>de</strong> plus, une valeur insuffisante <strong>du</strong> débitd’eau brute. De <strong>sur</strong>croît, les relevés <strong>de</strong> débit effectués les jours suivants n’ont pas permis <strong>de</strong> conclure à <strong>la</strong>disponibilité <strong>de</strong> l’échangeur. Le réacteur a donc été replié dans l’état d’arrêt à froid <strong>et</strong> dépres<strong>sur</strong>isé. Les essaisréalisés <strong>sur</strong> <strong>la</strong> voie A ont donné <strong>de</strong>s résultats semb<strong>la</strong>bles à ceux obtenus pour <strong>la</strong> voie B.L’exploitant a donc décidé <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> contrôles <strong>du</strong> ru d’eau arrière <strong>et</strong> <strong>de</strong>s canalisations d’amenée <strong>de</strong> l’eaubrute dans les échangeurs.Rapport DSR N°316 26


Il est à noter qu’il n’existe pas <strong>de</strong> contrôle systématique <strong>et</strong> périodique <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s rus d’eau <strong>et</strong> <strong>de</strong>s tuyauteries<strong>du</strong> circuit d’alimentation <strong>de</strong>s échangeurs. C<strong>et</strong>te situation peut s’expliquer par <strong>la</strong> difficulté d’accé<strong>de</strong>r à cesinstal<strong>la</strong>tions ; par contre, elle montre <strong>de</strong>s faiblesses dans les contrôles d’un ouvrage pourtant nécessaire au bonfonctionnement d’une fonction <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>et</strong> c<strong>la</strong>ssé à ce titre important pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>. Le ru d’eau arrière <strong>de</strong><strong>la</strong> station <strong>de</strong> pompage avait toutefois été désenvasé lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> première visite décennale en 1990. Conscient <strong>du</strong>problème, <strong>et</strong> aussi en réponse à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ASN, l’exploitant a mené, à partir <strong>de</strong> 2000, plusieurs étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>faisabilité <strong>du</strong> suivi <strong>du</strong> niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> vase déposée, ainsi que <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> désenvasement, dans l’objectif <strong>de</strong>procé<strong>de</strong>r à ce désenvasement, au plus tard, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> troisième visite décennale pré<strong>vue</strong> en 2010. En eff<strong>et</strong>, compt<strong>et</strong>enu <strong>de</strong> son r<strong>et</strong>our d’expérience, l’exploitant était confiant quant à <strong>la</strong> propr<strong>et</strong>é <strong>du</strong> ru d’eau arrière.Où l’on découvre <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> vase bouchant partiellement le ru d’eau.L’inspection <strong>du</strong> ru d’eau arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> station <strong>de</strong> pompage a mis en évi<strong>de</strong>nce un dépôt <strong>de</strong> boue, <strong>sur</strong> une longueurd’environ 13 m <strong>et</strong> une hauteur atteignant 2,5 m, situé <strong>du</strong> côté <strong>de</strong>s tuyauteries alimentant les échangeurs <strong>du</strong>système d’aspersion dans l’enceinte. L’IRSN a alors estimé qu’en cas <strong>de</strong> sollicitation réelle <strong>du</strong> système d’aspersiondans l’enceinte, une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> boue présente dans le ru d’eau aurait pu être entrainée dans les échangeurs. Destransitoires hydrauliques, par exemple provoqués par l’arrêt <strong>de</strong>s pompes <strong>de</strong> refroidissement <strong>du</strong> con<strong>de</strong>nseur,auraient pu favoriser ce phénomène. De ce fait, il existait un risque non négligeable que les échangeurs nepuissent pas remplir leur mission en situation acci<strong>de</strong>ntelle. Leur défail<strong>la</strong>nce aurait été provoquée par le bouchage<strong>de</strong>s tubes <strong>de</strong>s échangeurs, mais aussi par <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> leur efficacité d’échange thermique <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> dépôts <strong>de</strong>boue dans les tubes.Corrosion <strong>sur</strong> les parois internes <strong>de</strong>stuyauteries d’eau bruteEn conséquence, le réacteur a été maintenu à l’arrêt <strong>et</strong> <strong>de</strong>s travaux<strong>de</strong> n<strong>et</strong>toyage <strong>du</strong> ru ont été réalisés avec aspiration <strong>de</strong>s boues. Cestravaux ont été complétés par <strong>la</strong> visite <strong>de</strong>s tuyauteries d’eau brute enamont <strong>de</strong>s échangeurs. Par ailleurs, un n<strong>et</strong>toyage <strong>de</strong> 15 % <strong>de</strong>s tubes<strong>de</strong>s échangeurs a été effectué. Ces travaux ne se sont pas révéléssuffisamment efficaces pour rétablir un débit suffisant dans leséchangeurs. Une hypothèse alors avancée par l’exploitant était l’état<strong>de</strong> corrosion <strong>de</strong>s parois internes <strong>de</strong>s tuyauteries en amont <strong>de</strong>séchangeurs, constaté lors <strong>de</strong>s travaux précités. Selon l’exploitant,l’augmentation sensible <strong>de</strong> <strong>la</strong>rugosité <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi interne <strong>de</strong>stuyauteries provoquée par <strong>la</strong> corrosion pouvait expliquer <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong>débit <strong>du</strong>e aux pertes <strong>de</strong> charge.Sans écarter c<strong>et</strong>te hypothèse, qui contribue certainement à ré<strong>du</strong>ire ledébit, l’IRSN a toutefois considéré que le faible débit constaté pouvaitaussi résulter d’un bouchage partiel <strong>de</strong>s échangeurs. En eff<strong>et</strong>, ces<strong>de</strong>rniers ont été conçus pour être conditionnés avec <strong>de</strong> l’eau déminéralisée ; or, lors <strong>de</strong>s essais réalisés en juin2008, un écoulement d’eau brute chargée <strong>de</strong> particules a été maintenu à travers ces échangeurs pendant unequinzaine <strong>de</strong> jours. L’IRSN a donc estimé que <strong>la</strong> propr<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s échangeurs ne pouvait pas être démontrée, tantqu’ils n’auraient pas été n<strong>et</strong>toyés dans leur intégralité.Rapport DSR N°316 27


Une <strong>de</strong>uxième phase <strong>de</strong> travaux a donc été <strong>la</strong>ncée, à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle les débits traversant les échangeurs sontre<strong>de</strong>venus corrects. Le réacteur a été redémarré au début d’août 2008, après que l’exploitant s’est engagé àremp<strong>la</strong>cer les tuyauteries corrodées lors <strong>du</strong> prochain arrêt pour rechargement <strong>de</strong> chaque réacteur.Par ailleurs, l’exploitant s’est engagé à poursuivre son analyse, en <strong>vue</strong> d’i<strong>de</strong>ntifier l’ensemble <strong>de</strong>s causes quientraînent <strong>de</strong>s ré<strong>du</strong>ctions <strong>de</strong> débit, <strong>et</strong> d’engager les actions correctives les plus appropriées.Des travaux <strong>de</strong> n<strong>et</strong>toyage ont également été effectués <strong>sur</strong> le réacteur n° 1 lors <strong>de</strong> l’arrêt pour rechargement qui adébuté en août 2008. L’envasement <strong>de</strong> son ru d’eau arrière s’est révélé moins important que celui <strong>du</strong> ru d’eau <strong>du</strong>réacteur n°2.Des me<strong>sur</strong>es pour éviter que <strong>la</strong> situation ne se renouvelleLe phénomène d’envasement <strong>du</strong> ru d’eau arrière découvert en 2008 a été présenté lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> réunion <strong>du</strong> GroupePermanent pour les réacteurs nucléaires, dédiée à <strong>la</strong> clôture <strong>du</strong> réexamen <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe àl’occasion <strong>de</strong> leurs troisièmes visites décennales. A c<strong>et</strong>te occasion, l’IRSN a noté que le suivi périodique <strong>de</strong> l’étatd’envasement <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise d’eau jusqu’au ru d’eau arrière serait désormais formalisé par EDF <strong>et</strong> mentionné dans lerapport <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s tranches <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim.Par ailleurs, fin 2008, l’exploitant <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim a transmis les résultats <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>vue</strong> techniqueengagée après les constats <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> juill<strong>et</strong>. Outre le remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s tuyauteries corrodées, l’exploitantréalisera, lors <strong>de</strong>s arrêts pour rechargement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux réacteurs en 2009, le n<strong>et</strong>toyage <strong>de</strong>s échangeurs, après avoirrecherché<strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>la</strong> mieux adaptée, <strong>et</strong> définira un programme local <strong>de</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>du</strong> niveau d’envasement<strong>du</strong> ru d’eau arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> station <strong>de</strong> pompage. L’IRSN portera une attention particulière <strong>sur</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>ces dispositions.Rapport DSR N°316 28


ANOMALIES GENERIQUES CONCERNANTLE PARCLa standardisation <strong>de</strong>s réacteurs à eau sous pression <strong>du</strong> <strong>parc</strong> EDF présente <strong>de</strong> nombreux avantagesen matière d’exploitation (mêmes référentiels d’exploitation, maintenance optimisée, partage <strong>du</strong>r<strong>et</strong>our d’expérience…). Elle peut par contre <strong>de</strong>venir un inconvénient en cas d’apparition d’undéfaut susceptible d’affecter plusieurs réacteurs, voire l’ensemble <strong>de</strong>s réacteurs <strong>du</strong> <strong>parc</strong>.Plusieurs anomalies <strong>de</strong> ce type sont apparues en 2008. Ce chapitre présente six anomalies, ditesgénériques, particulièrement suivies par l’IRSN.Un mauvais positionnement <strong>de</strong>s barres antivibratoires, pré<strong>vue</strong>s pour maintenir les tubes <strong>de</strong>sgénérateurs <strong>de</strong> vapeur, est à l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> fis<strong>sur</strong>ation par vibration excessive d’un tube <strong>du</strong>réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim. L’absence <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong>s tubes <strong>de</strong> générateur <strong>de</strong>vapeur qui en résulte, peut con<strong>du</strong>ire à une rupture <strong>de</strong> tubes <strong>et</strong> à <strong>de</strong>s rej<strong>et</strong>s radioactifs dansl’atmosphère.Les aéroréfrigérants <strong>de</strong>s groupes électrogènes <strong>de</strong> secours à moteur diesel équipant les centrales enbord <strong>de</strong> mer sont exposés à <strong>la</strong> corrosion <strong>du</strong>e à l’air marin, ce qui peut nécessiter un suiviparticulier, comme ce<strong>la</strong> a été constaté à <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> F<strong>la</strong>manville.L’utilisation <strong>de</strong> l’hydrogène entraîne <strong>de</strong>s risques particuliers tels que l’inf<strong>la</strong>mmation ou l’explosionen cas <strong>de</strong> mé<strong>la</strong>nge avec l’air. Plusieurs évènements <strong>et</strong> constats ont montré <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong>renforcer <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong> ces risques dans plusieurs centrales <strong>du</strong> <strong>parc</strong>.Afin d’améliorer les performances <strong>du</strong> combustible <strong>et</strong> notamment d’atteindre <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong>combustion plus importants, EDF utilise <strong>de</strong>puis plusieurs années un nouveau matériau pour legainage <strong>de</strong> crayons <strong>de</strong> combustible. La fiabilité <strong>de</strong> ce matériau a été mise en cause par l’apparition<strong>de</strong> fuites <strong>de</strong>s gaines. Les actions correctives nécessaires ont été déployées mais leur efficacité estencore aujourd’hui suivie <strong>et</strong> analysée par l’IRSN.Des modifications <strong>de</strong>s circuits <strong>de</strong> refroidissement <strong>de</strong>s pompes d’injection <strong>de</strong> sécurité à hautepression <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe, <strong>de</strong>stinées à garantir <strong>la</strong> tenue en température <strong>de</strong> ces pompes,ont con<strong>du</strong>it à l’apparition <strong>de</strong> nouveaux défauts, rendant nécessaire une nouvelle intervention pourune gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe.Des dégradations récurrentes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s défauts <strong>de</strong> conception <strong>sur</strong> certains supports <strong>de</strong> canalisationsayant un rôle important pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> ont con<strong>du</strong>it EDF à engager <strong>de</strong>s modifications <strong>et</strong> <strong>de</strong>s remisesen conformité <strong>de</strong> supports pour plusieurs centrales <strong>du</strong> <strong>parc</strong>.Rapport DSR N°316 29


Fis<strong>sur</strong>ation par fatigue <strong>de</strong>s tubes <strong>de</strong>générateurs <strong>de</strong> vapeurLes tubes <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> vapeur sont soumis à <strong>de</strong>s sollicitations mécaniques liéesaux écoulements hydrauliques. Des barres antivibratoires sont pré<strong>vue</strong>s à <strong>la</strong> conceptionpour maintenir ces tubes. Un mauvais positionnement <strong>de</strong> barres a entraîné une fis<strong>sur</strong>ationpar vibration excessive d’un tube <strong>du</strong> réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim.Le générateur <strong>de</strong> vapeurEnceinte <strong>de</strong> confinementPres<strong>sur</strong>iseurCombustibleCuve <strong>du</strong> réacteurPompeSortie vapeurEntrée eauCircu<strong>la</strong>tionflui<strong>de</strong> primaireFuite <strong>du</strong> circuitprimaireBarresantivibratoiresP<strong>la</strong>queentr<strong>et</strong>oiseTubeEau chau<strong>de</strong> enprovenance <strong>du</strong> cœurGénérateur <strong>de</strong> vapeurSortie vapeurvers <strong>la</strong> turbineou horsconfinementLes générateurs <strong>de</strong> vapeur(GV) sont <strong>de</strong>s échangeursthermiques constitués <strong>de</strong>plusieurs milliers <strong>de</strong> tubes àl’intérieur <strong>de</strong>squels circulel'eau <strong>du</strong> circuit primaire(voir figure 1). Lors <strong>du</strong>fonctionnement <strong>du</strong> réacteuren puissance, l'eau estportée à ébullition dans lecompartimentsecondaire<strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> vapeur.La vapeur ainsi pro<strong>du</strong>itealimente <strong>la</strong> turbine <strong>de</strong>générateur <strong>de</strong> vapeur ontune fonction <strong>de</strong>confinement <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its radioactifs présents dans le circuit primaire. La paroi <strong>de</strong> ces tubes fait donc partie <strong>du</strong>circuit primaire (<strong>de</strong>uxième barrière <strong>de</strong> confinement) <strong>et</strong> constitue aussi <strong>la</strong> troisième barrière <strong>de</strong> confinement.Malgré les dispositions prises lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication <strong>de</strong>s GV, c<strong>et</strong>te barrière peut se dégra<strong>de</strong>r enservice. Ainsi, à l’étranger, plusieurs ruptures <strong>de</strong> tube <strong>de</strong> générateur <strong>de</strong> vapeur (RTGV) se sont pro<strong>du</strong>ites <strong>et</strong> ontcon<strong>du</strong>it dans certains cas à <strong>de</strong>s rej<strong>et</strong>s <strong>de</strong> gaz radioactif dans l’environnement.l'alternateur. Les tubes <strong>de</strong>Compte tenu <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> rej<strong>et</strong> <strong>de</strong> gaz radioactif, voire d’eau contaminée, <strong>la</strong> probabilité d’une RTGV doit êtreextrêmement faible. C’est ainsi que, pour éviter que c<strong>et</strong>te situation acci<strong>de</strong>ntelle ne se pro<strong>du</strong>ise en France, EDF<strong>sur</strong>veille l’état <strong>de</strong>s tubes <strong>de</strong> chaque GV (le faisceau tubu<strong>la</strong>ire) en fonctionnement <strong>et</strong> lors <strong>de</strong>s arrêts pourmaintenance. Réacteur en fonctionnement, le contrôle <strong>de</strong> l’étanchéité <strong>de</strong>s tubes est as<strong>sur</strong>é par <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong> <strong>la</strong>radioactivité <strong>de</strong> l’eau <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> vapeur <strong>du</strong> circuit secondaire, complétées éventuellement par <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>esArrivéeeauOrigine <strong>de</strong> <strong>la</strong>fuite <strong>sur</strong>Fessenheim 2R<strong>et</strong>our <strong>de</strong>l'eau au cœurFigure 1 : Schéma simplifié <strong>du</strong> réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim <strong>et</strong>origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> fuiteRapport DSR N°316 30


chimiques. Le contrôle à l’arrêt est réalisé en recourant à <strong>de</strong>s techniques d’examen non <strong>de</strong>structif (courants <strong>de</strong>Foucault notamment).Malgré ce<strong>la</strong>, plusieurs fuites significatives se sont pro<strong>du</strong>ites entre 2004 <strong>et</strong> 2006 ; elles ont affecté les réacteurs n°1<strong>et</strong> n°4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Cruas (ces événements sont présentés dans le rapport IRSN 2007 <strong>sur</strong> l’état <strong>du</strong> <strong>parc</strong>électronucléaire français).Arrêt <strong>du</strong> réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim à <strong>la</strong> suite d'une fuite <strong>du</strong> circuit primaire au circuitsecondaireLe 18 février 2008, le réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim est en puissance lorsqu’une fuite <strong>du</strong> circuitprimaire au circuit secondaire est détectée. Le débit <strong>de</strong> <strong>la</strong> fuite augmentant, le réacteur est arrêté rapi<strong>de</strong>mentconformément aux règles d’exploitation. Après différentes investigations, EDF i<strong>de</strong>ntifie l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> fuite ; elleprovient d’une fis<strong>sur</strong>e traversante affectant une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> circonférence d’un tube, située au début <strong>de</strong> <strong>la</strong> partiecintrée <strong>du</strong> tube (voir <strong>la</strong> figure 1). L’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> fuite est unTubesBAV malpositionnéeBarres antivibratoires(BAV)Cintres enanomalie<strong>de</strong> soutienphénomène <strong>de</strong> fis<strong>sur</strong>ation progressive <strong>du</strong>e à <strong>de</strong>s vibrationsexcessives <strong>du</strong> cintre. Afin d’empêcher que <strong>de</strong> telles vibrationsexcessives aient lieu, <strong>de</strong>s barres anti-vibratoires (BAV) sontprésentes dans <strong>la</strong> partie supérieure <strong>du</strong> faisceau tubu<strong>la</strong>ire. Enl’absence <strong>de</strong> ces BAV, <strong>la</strong> partie cintrée <strong>de</strong>s tubes (voir lesfigures 2 <strong>et</strong> 3) peut en eff<strong>et</strong> se comporter comme unrésonateur ou un ressort.Figure 2 : Schéma <strong>du</strong> supportage <strong>de</strong>stubes <strong>de</strong> GV dans <strong>la</strong> partie supérieure <strong>du</strong>faisceau tubu<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> illustration d'uneanomalie <strong>de</strong> soutien par défautd’enfoncement d'une BAV(seuls quelques tubes sont représentés)A l'époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction <strong>de</strong>s GV <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong><strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim, les BAV étaient intro<strong>du</strong>itesaprès le montage <strong>de</strong> l'intégralité <strong>du</strong> faisceau tubu<strong>la</strong>ire<strong>et</strong> un enfoncement non homogène était possible. Afind’éviter c<strong>et</strong> inconvénient, le procédé <strong>de</strong> fabrication aété modifié <strong>et</strong> les procé<strong>du</strong>res <strong>de</strong> contrôle renforcées,ce qui a permis un positionnement correct <strong>de</strong>s BAVdans les GV construits <strong>de</strong>puis 1993.Mo<strong>de</strong> vibratoire principal horsp<strong>la</strong>n en l'absence <strong>de</strong> BAVP<strong>la</strong>que entr<strong>et</strong>oise supérieureas<strong>sur</strong>ant le maintien <strong>du</strong>faisceau tubu<strong>la</strong>ireFigure 3 : Schéma <strong>du</strong> mo<strong>de</strong> vibratoire principal d'uncintre en anomalie <strong>de</strong> soutienRapport DSR N°316 31


Risques en termes <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> conséquences pour le <strong>parc</strong>Au niveau international, un enfoncement non homogène <strong>de</strong> BAV a déjà été à l'origine <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux RTGV. La premièreest <strong>sur</strong>venue en 1987 à <strong>la</strong> centrale américaine <strong>de</strong> North Anna ; <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième s’est pro<strong>du</strong>ite en 1991 au Japon(centrale <strong>de</strong> Mihama). La fuite <strong>du</strong> réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim en 2008 a été détectée trèsrapi<strong>de</strong>ment grâce aux me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong> radioactivité installées à <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> vapeur ; elle n'a jamaisdépassé un débit <strong>de</strong> quelques litres par heure. En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> fuite a été neutralisée très rapi<strong>de</strong>ment par l’exploitantqui a arrêté le réacteur. C<strong>et</strong>te fuite n'a donc con<strong>du</strong>it à aucun rej<strong>et</strong> significatif dans l'environnement. Laconjonction d'une détection efficace <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> radioactivité au niveau <strong>de</strong>s tuyauteries <strong>de</strong> vapeur à<strong>la</strong> traversée <strong>de</strong> l’enceinte, d'une évolution lente <strong>du</strong> débit <strong>de</strong> fuite (passage <strong>de</strong> 1 l/h à 3 l/h en 1 heure environ) <strong>et</strong>d'une con<strong>du</strong>ite adaptée <strong>du</strong> réacteur a permis d'éviter que c<strong>et</strong> inci<strong>de</strong>nt n’évolue vers un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> type RTGV.Prévenir ce type d'inci<strong>de</strong>nt consiste, pour les réacteurs concernés, à m<strong>et</strong>tre hors service par bouchage les tubesprésentant un risque <strong>de</strong> vibrations excessives car, ainsi que l’a montré l’analyse <strong>de</strong> l’IRSN, il est impossible <strong>de</strong>garantir que les trois conditions précitées seront toujours réunies.Stratégie <strong>de</strong> traitement r<strong>et</strong>enue par EDFDe très nombreux tubes <strong>de</strong> générateur <strong>de</strong> vapeur sont en anomalie <strong>de</strong> soutien (plus <strong>de</strong> 10 000 tubes, soit environ1 % <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s tubes <strong>de</strong>s centrales <strong>du</strong> <strong>parc</strong> EDF). Compte tenu <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our d'expérience international <strong>sur</strong> lerisque <strong>de</strong> RTGV en cas d'enfoncement non homogène <strong>de</strong>s BAV, EDF n’a pas r<strong>et</strong>enu, dans les années 90, <strong>de</strong>neutraliser par bouchage tous les tubes en anomalie <strong>de</strong> soutien. Une campagne massive <strong>de</strong> bouchage <strong>de</strong> plus <strong>de</strong>10 000 tubes <strong>sur</strong> l'ensemble <strong>du</strong> <strong>parc</strong> électronucléaire serait une opération à forts enjeux : le coût dosimétriquepour les intervenants, <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à jour <strong>la</strong> démonstration <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> le coût économique. C<strong>et</strong>teoption n'a pas été r<strong>et</strong>enue par EDF qui a préféré m<strong>et</strong>tre en p<strong>la</strong>ce une stratégie ciblée. C<strong>et</strong>te stratégie repose <strong>sur</strong>trois vol<strong>et</strong>s : <strong>la</strong> définition <strong>et</strong> <strong>la</strong> détection <strong>de</strong> facteurs aggravants pour le risque <strong>de</strong> vibrations excessives <strong>de</strong>s tubes(déformation <strong>de</strong>s tubes au droit <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ques entr<strong>et</strong>oises, u<strong>sur</strong>e, corrosion), <strong>de</strong>s calculs perm<strong>et</strong>tant d'évaluer lerisque d'instabilité vibratoire d'un tube, <strong>de</strong>s contrôles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s bouchages <strong>de</strong> tubes au titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> maintenancepréventive. Tous les tubes sont contrôlés périodiquement afin notamment <strong>de</strong> détecter l'apparition <strong>de</strong> tels facteursaggravants. Les tubes pour lesquels un risque <strong>de</strong> fis<strong>sur</strong>ation par vibrations excessives a été i<strong>de</strong>ntifié sont stabilisés<strong>et</strong> bouchés. Les autres tubes jugés suffisamment stables par calculs sont <strong>la</strong>issés en service. C'était le cas <strong>du</strong> tube<strong>du</strong> réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim, qui a pourtant été à l'origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> fuite. L'événement ayant affectéce réacteur m<strong>et</strong> donc en cause <strong>la</strong> stratégie <strong>de</strong> traitement é<strong>la</strong>borée par EDF dans les années 90 pour les cintres enanomalie <strong>de</strong> soutien.Pour en comprendre les raisons, EDF a repris ses étu<strong>de</strong>s en utilisant les meilleurs moyens <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion disponibles<strong>et</strong> en affinant les hypothèses considérées. Ces étu<strong>de</strong>s ont été reprises pour l’ensemble <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> GV <strong>du</strong> <strong>parc</strong>électronucléaire français. Les résultats <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s ont con<strong>du</strong>it EDF à adm<strong>et</strong>tre qu’une erreur d’appréciation <strong>du</strong>risque <strong>de</strong> fis<strong>sur</strong>ation <strong>de</strong>s tubes affectés par une anomalie <strong>de</strong> supportage par les BAV existait dans les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>sannées 90 pour les GV <strong>du</strong> type <strong>de</strong> celui <strong>du</strong> réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim. Pour les autres types <strong>de</strong> GV,EDF a considéré que les conclusions <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s années 90 n’étaient pas remises en cause. Il a néanmoins prisl’initiative <strong>de</strong> boucher certains tubes qu’il considérait comme les plus sensibles au risque <strong>de</strong> fatigue pour lesréacteurs <strong>de</strong> 900 MWe (34 réacteurs <strong>sur</strong> les 58 en exploitation).Rapport DSR N°316 32


Préconisations <strong>de</strong> <strong>l'IRSN</strong>Pour l’IRSN, les calculs visant à apprécier le risque <strong>de</strong> fis<strong>sur</strong>ation (<strong>et</strong> <strong>de</strong> rupture) par vibrations excessives d’untube <strong>de</strong> GV sont complexes <strong>et</strong> leur interprétation délicate. En eff<strong>et</strong>, les résultats <strong>de</strong> ces calculs, obtenus à partir<strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tions couplées <strong>de</strong> thermohydraulique <strong>et</strong> <strong>de</strong> mécanique, sont extrêmement sensibles aux hypothèses <strong>et</strong>aux données d’entrée. Par exemple, les calculs réalisés dans les années 90 <strong>la</strong>issaient penser qu'il existait <strong>de</strong>smarges par rapport au risque <strong>de</strong> dégradation par vibrations excessives <strong>de</strong>s tubes en anomalie <strong>de</strong> soutien <strong>de</strong>s GV <strong>du</strong>réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim. La reprise <strong>de</strong>s calculs par EDF avec un modèle plus fin a mis enquestion l’existence <strong>de</strong> ces marges.De plus, l’IRSN a considéré que le risque estimé <strong>de</strong> rupture d’un tube repose essentiellement <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s donnéesglobales pour l’ensemble d’une famille <strong>de</strong> générateurs <strong>de</strong> vapeur. L’IRSN a également noté que <strong>la</strong> démarche d’EDFne comportait aucun facteur <strong>de</strong> sécurité. Enfin, <strong>la</strong> reprise <strong>de</strong>s calculs par EDF n’a pas permis <strong>de</strong> comprendrepourquoi le tube à l'origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> fuite est <strong>de</strong>venu brusquement instable après 30 années d’exploitation environ,alors même que le phénomène <strong>de</strong> fis<strong>sur</strong>ation par fatigue d’un tube soumis à <strong>de</strong>s vibrations excessives est unphénomène extrêmement rapi<strong>de</strong>. En conclusion, l’IRSN observe que l’approche d’EDF pour étudier lecomportement d’un tube soumis à <strong>de</strong>s vibrations excessives <strong>du</strong> fait d’un écoulement reste entachée d’incertitu<strong>de</strong>simportantes.Par ailleurs, l’IRSN a observé que les actions <strong>de</strong> maintenance <strong>du</strong> faisceau tubu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s GV mises en p<strong>la</strong>ce par EDF,qui reposent essentiellement <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s contrôles par examens non <strong>de</strong>structifs, n’ont pas permis d’éviter <strong>la</strong>fis<strong>sur</strong>ation d’un tube <strong>de</strong> GV. En particulier, les dépôts d’oxy<strong>de</strong>s dans le compartiment secondaire <strong>de</strong>s GV peuventmodifier les conditions d’écoulement <strong>du</strong> flui<strong>de</strong> secondaire <strong>et</strong> les conditions d’appui <strong>de</strong>s tubes par rapport à <strong>la</strong>conception. Ces phénomènes ne sont pas suffisamment pris en compte dans le programme <strong>de</strong> maintenance d’EDF(pour une présentation détaillée <strong>de</strong> l'eff<strong>et</strong> délétère <strong>de</strong>s dépôts d'oxy<strong>de</strong>s <strong>sur</strong> le risque d'endommagement <strong>de</strong>stubes, le lecteur pourra se référer au rapport IRSN 2007 qui présente un chapitre intitulé 'Le colmatage <strong>de</strong>sgénérateurs <strong>de</strong> vapeur', pages 34-35). L’IRSN a recommandé qu’EDF révise son programme <strong>sur</strong> ce point.La fuite <strong>du</strong> circuit primaire au circuit secondaire <strong>sur</strong>venue à Fessenheim constitue le quatrième arrêt fortuit d’unréacteur pour c<strong>et</strong>te raison <strong>de</strong>puis 2004.Le principe <strong>de</strong> défense en profon<strong>de</strong>ur impose <strong>de</strong> garantir une bonne qualité <strong>de</strong> résistance <strong>de</strong>s tubes <strong>de</strong>sgénérateurs <strong>de</strong> vapeur.Les fis<strong>sur</strong>es circonférentielles par vibrations excessives <strong>de</strong> quatre tubes <strong>de</strong> GV apparues <strong>de</strong>puis 2004 constituent<strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts précurseurs d’une RTGV. De ce fait, <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s tubes par les contrôles effectués au titre <strong>de</strong><strong>la</strong> maintenance n'apparaît plus suffisante. Pour c<strong>et</strong>te raison, <strong>l'IRSN</strong> a recommandé le bouchage <strong>de</strong> tous les tubes enanomalie <strong>de</strong> soutien, considérant que c’est le seul moyen fiable d’obtenir une confiance suffisante dans <strong>la</strong><strong>de</strong>uxième barrière <strong>de</strong> confinement.Les conséquences <strong>sur</strong> le fonctionnement <strong>de</strong>s réacteursDans l’attente <strong>du</strong> bouchage <strong>de</strong>s tubes concernés, <strong>de</strong>stiné à sécuriser le fonctionnement <strong>de</strong>s GV, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>sréalisées par EDF ont montré qu’un fonctionnement à puissance ré<strong>du</strong>ite, typiquement autour <strong>de</strong> 85% <strong>de</strong> <strong>la</strong>puissance nominale, serait <strong>de</strong> nature à ré<strong>du</strong>ire le risque <strong>de</strong> fis<strong>sur</strong>ation <strong>de</strong>s tubes par instabilité vibratoire. Les GV<strong>du</strong> réacteur n°3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Bugey, <strong>de</strong> même type que ceux <strong>du</strong> réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Fessenheim,Rapport DSR N°316 33


sont susceptibles d’être affectés par ce phénomène d’instabilité vibratoire. En juill<strong>et</strong> 2008, EDF a donc ré<strong>du</strong>itpréventivement <strong>la</strong> puissance <strong>du</strong> réacteur n°3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Bugey à 85 % Pn. L’inconvénient <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te baisse <strong>de</strong>puissance prolongée a été examiné par l’IRSN. En eff<strong>et</strong> le fonctionnement prolongé à puissance intermédiaire(FPPI) d’un réacteur accroît le risque <strong>de</strong> rupture <strong>de</strong> <strong>la</strong> première barrière <strong>de</strong> protection (les gaines <strong>de</strong>s crayons <strong>de</strong>combustible) par interaction entre les pastilles <strong>de</strong> combustible <strong>et</strong> les gaines. Ce phénomène bien connu peut êtreévité par un suivi particulier <strong>et</strong> l’application <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es compensatoires.Le phénomène d’Interaction Pastille-Gaine (IPG)La ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance <strong>du</strong> réacteur n°3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Bugey à 85% <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance nominaleest naturellement associée à une baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>du</strong> système pastille-gaine. Dans cesconditions, les pastilles se contractent <strong>et</strong> le jeu pastille-gaine s’ouvre. Si le niveau <strong>de</strong> puissance estmaintenu, <strong>la</strong> gaine, sous l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression exercée par le flui<strong>de</strong> primaire, se déforme <strong>et</strong> vient aucontact <strong>de</strong>s pastilles par fluage. Ce<strong>la</strong> provoque <strong>la</strong> ferm<strong>et</strong>ure <strong>du</strong> jeu pastille-gaine (figure 4c). Cefluage, lié à <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong> puissance, est appelé « déconditionnement ». Ainsi, en cas d’augmentation<strong>de</strong> puissance lors d’un transitoire inci<strong>de</strong>ntel (r<strong>et</strong>rait incontrôlé d’une grappe <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>, parexemple), <strong>la</strong> di<strong>la</strong>tation thermique <strong>de</strong>s pastilles in<strong>du</strong>it un chargement mécanique <strong>sur</strong> <strong>la</strong> gaine qui s<strong>et</strong>rouve à leur contact, chargement augmenté par rapport à celui que subirait un crayon conditionné àpuissance nominale. Le risque <strong>de</strong> rupture <strong>de</strong> l’intégrité <strong>de</strong> <strong>la</strong> gaine par IPG est alors accru. Cephénomène a con<strong>du</strong>it à limiter les <strong>du</strong>rées <strong>de</strong> fonctionnement prolongé à puissance intermédiaire(FPPI) pour les tranches <strong>du</strong> <strong>parc</strong> en exploitation afin <strong>de</strong> limiter l’apparition <strong>du</strong> fluage <strong>et</strong> <strong>parc</strong>onséquent le risque <strong>de</strong> rupture <strong>de</strong> gaine par IPG. Par ailleurs, <strong>de</strong>s précautions particulières <strong>de</strong>con<strong>du</strong>ite sont appliquées en <strong>vue</strong> <strong>de</strong> limiter l’interaction pastilles-gaine lors <strong>de</strong>s phases <strong>de</strong> montée enpuissance (limitation <strong>du</strong> gradient <strong>de</strong> montée en puissance).Risque<strong>de</strong> ruptureFLUAGEFLUAGEGaineJeu à froidPastille <strong>de</strong>combustibleJeu à chaudPastille di<strong>la</strong>téeà chaud(a) (b) (c)Figure 4 : Le crayon combustible: à froid (a), à chaud (b) <strong>et</strong> après un certain temps <strong>de</strong> fonctionnement (c)Rapport DSR N°316 34


Me<strong>sur</strong>es compensatoires associées au réacteur n°3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> BugeyDepuis début juill<strong>et</strong> 2008, le réacteur n°3 <strong>de</strong> Bugey est donc exploité en FPPI. Une autorisation pour ce type <strong>de</strong>fonctionnement a été accordée par l’ASN jusqu’à une irradiation maximale <strong>de</strong> 8000 MWj par tonne d’uranium (tU),correspondant à une pério<strong>de</strong> se terminant avant <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> cycle programmé. EDF a donc <strong>de</strong>mandé d’étendre <strong>la</strong><strong>du</strong>rée <strong>de</strong> FPPI autorisée afin <strong>de</strong> réaliser <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> cycle en cours (soit jusqu’à une irradiationd’environ 12000 MWj/tU). Afin <strong>de</strong> justifier <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> tranche, EDF a proposé <strong>de</strong> limiter <strong>la</strong> puissance par unité<strong>de</strong> longueur <strong>de</strong> combustible maximale atteignable pendant un éventuel inci<strong>de</strong>nt, en abaissant le seuil <strong>de</strong>protection qui entraîne l’arrêt automatique <strong>du</strong> réacteur. C<strong>et</strong>te protection perm<strong>et</strong> normalement d’arrêter leréacteur lorsque <strong>la</strong> puissance dépasse 109 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance nominale (<strong>la</strong> puissance à ne pas dépasser est en réalité<strong>de</strong> 118 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance nominale ; le seuil est fixé à 109 % pour prendre en compte les incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es).Abaisser ce seuil perm<strong>et</strong>trait d’écrêter <strong>la</strong> puissance maximale atteinte pendant un inci<strong>de</strong>nt. C<strong>et</strong>te modification,en ré<strong>du</strong>isant <strong>la</strong> puissance dans les pastilles <strong>de</strong> combustible, ré<strong>du</strong>it également leur di<strong>la</strong>tation thermique <strong>et</strong> ré<strong>du</strong>it lerisque <strong>de</strong> rupture <strong>de</strong> gaine par IPG. EDF a proposé un abaissement <strong>du</strong> seuil à 94 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance nominale, soit87 % en tenant compte <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s.Cependant, il est difficile <strong>de</strong> vérifier que c<strong>et</strong> abaissement <strong>du</strong> seuil <strong>de</strong> protection procure une marge suffisante àl’égard <strong>du</strong> risque d’IPG. En eff<strong>et</strong> seule une reprise <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s réalisée en repro<strong>du</strong>isant un fonctionnement <strong>du</strong>rableà 85 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance nominale <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> date <strong>de</strong> passage à ce niveau, perm<strong>et</strong>trait une évaluation précise. Enl’absence <strong>de</strong> telles étu<strong>de</strong>s, l’IRSN a recherché un moyen <strong>de</strong> s’as<strong>sur</strong>er néanmoins <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> marges <strong>de</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> pour un fonctionnement en FPPI jusqu’à <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> cycle. Pour ce<strong>la</strong>, l’IRSN a mis en évi<strong>de</strong>nce que lesinci<strong>de</strong>nts le plus susceptible <strong>de</strong> provoquer une rupture <strong>de</strong> gaine par IPG se pro<strong>du</strong>isaient à partir <strong>de</strong> situations où <strong>la</strong>différence axiale <strong>de</strong> puissance <strong>du</strong> cœur est élevée. Par conséquent, l’IRSN a recommandé <strong>de</strong> piloter <strong>la</strong> tranchedans un domaine limité en différence axiale <strong>de</strong> puissance à plus ou moins 5 %.Lors <strong>de</strong> l’arrêt <strong>du</strong> réacteur n° 3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Bugey en 2009, EDF a prévu <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r au bouchage <strong>de</strong>s tubesen anomalie <strong>de</strong> supportage. Compte-tenu <strong>de</strong>s performances atten<strong>du</strong>es <strong>de</strong>s GV après ce bouchage, EDF souhaiteporter <strong>la</strong> puissance à un niveau égal à 97,6 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur nominale.Rapport DSR N°316 35


Corrosion <strong>de</strong>s matériels <strong>de</strong>s centralesnucléaires situées en bord <strong>de</strong> mer ;le cas <strong>de</strong>s groupes électrogènes <strong>de</strong> secoursAu début <strong>de</strong> l’année 2008, <strong>de</strong>s contrôles <strong>de</strong>s groupes électrogènes <strong>de</strong> secours à moteurdiesel <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> F<strong>la</strong>manville ont montré un état fortement corrodé <strong>de</strong> leursaéroréfrigérants. Ces matériels, indispensables au bon fonctionnement <strong>de</strong>s groupesélectrogènes, sont situés à l’extérieur <strong>de</strong>s bâtiments abritant ces groupes, les exposantainsi à l’air marin. Ce phénomène, déjà constaté <strong>sur</strong> plusieurs centrales en bord <strong>de</strong> mer,montre que les protections par peinture <strong>de</strong>s <strong>sur</strong>faces métalliques ne sont efficacesqu’accompagnées d’un programme <strong>de</strong> contrôle <strong>et</strong> <strong>de</strong> maintenance spécifique, commel’avait recommandé l’IRSN il y a plusieurs années.Les centrales nucléaires à eau sous pression sont <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions in<strong>du</strong>strielles complexes constituées d'unemultitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> composants dont chacun a un rôle bien précis pour le fonctionnement <strong>de</strong> l'instal<strong>la</strong>tion. La <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>d'une centrale suppose le respect, tout au long <strong>de</strong> sa vie, <strong>de</strong>s exigences définies à <strong>la</strong> conception pour tous lescomposants importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> (IPS). Dès le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception <strong>de</strong>s réacteurs, le risque <strong>de</strong> corrosion estpris en considération en sélectionnant, entre autres, <strong>de</strong>s matériaux non sensibles à <strong>la</strong> corrosion, toutparticulièrement pour les appareils ou les tuyauteries contenant <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s radioactifs. Pour d'autres matériels,l’exigence <strong>de</strong> tenue à <strong>la</strong> corrosion n'est pas liée uniquement à <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> flui<strong>de</strong> véhiculé mais principalement auxconditions d’ambiance. Des me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong> protection par peinture peuvent être suffisantes pour protéger <strong>de</strong>s<strong>sur</strong>faces métalliques. L'efficacité <strong>de</strong> ces revêtements <strong>de</strong> protection doit cependant faire l'obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> vérificationspériodiques, car une altération <strong>de</strong> <strong>la</strong> peinture peut con<strong>du</strong>ire à <strong>de</strong>s dégradations <strong>de</strong>s matériels par <strong>la</strong> corrosionatmosphérique préjudiciables à <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>du</strong> réacteur. Ceci est particulièrement vrai en bord <strong>de</strong> mer en raison <strong>de</strong>l'air marin. L'absence <strong>de</strong> rénovation <strong>de</strong>s peintures <strong>de</strong> protection a d'ailleurs été <strong>la</strong> cause principale d'avaries <strong>de</strong>certains groupes électrogènes <strong>de</strong> secours à moteur diesel constatées entre 2003 <strong>et</strong> 2008. Malgré les dispositionsprises à <strong>la</strong> conception <strong>et</strong> à <strong>la</strong> construction à l’égard <strong>de</strong> <strong>la</strong> corrosion <strong>de</strong>s matériaux métalliques, le maintien en bonétat <strong>de</strong>s matériels doit rester une préoccupation permanente, afin <strong>de</strong> garantir un haut niveau <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>sinstal<strong>la</strong>tions nucléaires.Rapport DSR N°316 36


Les groupes électrogènes <strong>de</strong> secours, un matériel important pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>En cas <strong>de</strong> perte <strong>de</strong>s alimentations électriques externes <strong>du</strong> réacteur, <strong>de</strong>ux groupes électrogènes à moteur dieselsont prévus pour as<strong>sur</strong>er l’alimentation électrique <strong>de</strong>s systèmes nécessaires à <strong>la</strong> mise à l’arrêt <strong>et</strong> au maintien enétat sûr <strong>du</strong> réacteur, <strong>et</strong> le cas échéant l’alimentation <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> en situation acci<strong>de</strong>ntelle.La puissance <strong>de</strong> ces groupes estimportante : plusieurs MW, sousplusieurs kV. Chaque diesel estinstallé dans un bâtimentantisismique séparé. L'arrêt sûr<strong>de</strong> <strong>la</strong> tranche peut être as<strong>sur</strong>éen toutes circonstances par unseul groupe.Chaque groupe est refroidi parun système dédié. Ce systèmecomprend un circuit d'eau <strong>et</strong> <strong>de</strong>saéroréfrigérants disposés àl’extérieur, <strong>sur</strong> le toit <strong>du</strong>bâtiment abritant le groupe.Bâtiment abritant un groupe électrogène à moteur dieselDes constats <strong>de</strong> corrosion affectant les aéroréfrigérants <strong>de</strong>s groupes électrogènes <strong>de</strong> secoursAu cours d’inspections menées par l’ASN <strong>du</strong>rant l’année 2008, <strong>l'IRSN</strong> qui accompagnait les inspecteurs a constaté<strong>de</strong>s dégradations par corrosion <strong>de</strong>s groupes électrogènes <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> F<strong>la</strong>manville. En eff<strong>et</strong>, <strong>de</strong>s suintementsont été observés <strong>sur</strong> plusieurs tuyauteries <strong>du</strong> système <strong>de</strong> refroidissement au droit <strong>de</strong> leurs supports, qui sont <strong>de</strong>spoints singuliers puisque l’eau <strong>de</strong> pluie y stagne. L'analyse réalisée par EDF montre que <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> corrosion <strong>de</strong>ces tuyauteries avaient été observées courant 2006 mais qu'aucune action corrective n'avait été engagée. Pourc<strong>et</strong>te raison, le site <strong>de</strong> F<strong>la</strong>manville a déc<strong>la</strong>ré le 18 avril 2008 un événement significatif pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, c<strong>la</strong>ssé auniveau 1 <strong>sur</strong> l'échelle INES. Les photos 1 <strong>et</strong> 2 ci-après illustrent les dégradations observées <strong>sur</strong> le site <strong>de</strong>F<strong>la</strong>manville. Depuis, l’exploitant <strong>de</strong> F<strong>la</strong>manville a réalisé les remises à niveau nécessaires (voir photos 3 <strong>et</strong> 4 ciaprès).Ces phénomènes <strong>de</strong> corrosion <strong>de</strong>s groupes électrogènes <strong>de</strong>s centrales en bord <strong>de</strong> mer ne sont pas nouveaux. Dès1991, <strong>de</strong>s dégradations importantes ont été observées <strong>sur</strong> les groupes <strong>du</strong> réacteur n°4 <strong>du</strong> site <strong>de</strong> Paluel enNormandie, soit seulement 5 ans après leur mise en service in<strong>du</strong>strielle. Ces dégradations ont con<strong>du</strong>it à <strong>de</strong>s fuites<strong>de</strong>s circuits <strong>de</strong> réfrigération <strong>de</strong> ces groupes, qui auraient pu rendre les <strong>de</strong>ux groupes indisponibles <strong>et</strong> <strong>parc</strong>onséquent affecter <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>du</strong> réacteur. La présence d’eau <strong>de</strong> pluie, associée aux conditions d’ambiancemarine, était à l’origine <strong>de</strong> zones <strong>de</strong> corrosion visible <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face externe <strong>de</strong>s tuyauteries <strong>de</strong> réfrigération. Laprésence fréquente d'eau au droit <strong>de</strong>s tuyauteries était <strong>du</strong>e à une mauvaise conception <strong>du</strong> système <strong>de</strong>réfrigération, générique <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 1300 MWe. EDF a alors diligenté <strong>de</strong>s inspections <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>sréacteurs <strong>de</strong> 1300 MWe. A <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> ces inspections, <strong>de</strong>s dégradations <strong>de</strong> même nature, mais moins avancées, ontété i<strong>de</strong>ntifiées <strong>sur</strong> les sites <strong>de</strong> Cattenom <strong>et</strong> <strong>de</strong> Belleville où les conditions ambiantes sont pourtant moinsagressives que l'atmosphère saline <strong>du</strong> bord <strong>de</strong> mer. EDF a alors réalisé les réparations nécessaires <strong>et</strong> a remédié àce défaut générique <strong>de</strong> conception.Rapport DSR N°316 37


En avril 2003, lors d’une inspection <strong>sur</strong> le site <strong>de</strong> Gravelines, l’autorité <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> nucléaire a <strong>de</strong> nouveau constaté<strong>la</strong> présence <strong>de</strong> corrosion au niveau <strong>de</strong>s tuyauteries <strong>de</strong>s circuits <strong>de</strong> refroidissement <strong>de</strong>s groupes électrogènes. Aprèsce constat, <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> contrôle <strong>et</strong> <strong>de</strong> remise en état ont été réalisées fin 2003. En septembre 2003, EDF a faitle même type <strong>de</strong> constat pour les tuyauteries <strong>de</strong>s circuits <strong>de</strong> refroidissement <strong>de</strong>s groupes électrogènes <strong>du</strong> réacteurn°4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Paluel. Il s'agissait d'un phénomène <strong>de</strong> corrosion, lié à l'ambiance marine, découvert puistraité dans le cadre normal <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s matériels.Photo 1 : Exemple d’une corrosion externe d'un<strong>et</strong>uyauterie <strong>de</strong> refroidissement. A terme, ce type <strong>de</strong>corrosion peut con<strong>du</strong>ire au percement <strong>de</strong> <strong>la</strong> tuyauteriePhoto 2 : Exemple <strong>de</strong> corrosion d’une tuyauterie <strong>de</strong>refroidissement d’un groupe électrogène au droit d’unsupport. A terme, ce type <strong>de</strong> corrosion peut con<strong>du</strong>ire aupercement <strong>de</strong> <strong>la</strong> tuyauterieUn programme <strong>de</strong> maintenance perfectible <strong>et</strong> <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> remise à niveau tardivesPour l’IRSN, l’ensemble <strong>de</strong> ces constats montre que <strong>la</strong> corrosion <strong>de</strong>s tuyauteries <strong>du</strong> système <strong>de</strong> refroidissement <strong>de</strong>sgroupes électrogènes, notamment pour les sites en bord <strong>de</strong> mer, est un problème récurrent en dépit <strong>de</strong>sprescriptions <strong>de</strong> maintenance <strong>et</strong> <strong>de</strong>s contrôles réalisés annuellement par chaque site. EDF attribue <strong>la</strong> persistance<strong>du</strong> problème au fait que l'évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> corrosion est lente <strong>et</strong> favorise l'accoutumance <strong>du</strong> personnel auxproblèmes <strong>de</strong> corrosion. L’appréciation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te évolution aurait pu être quantifiée. Mais le fait qu’aucun seuild'acceptabilité n'était fixé <strong>et</strong> l'absence <strong>de</strong> référentiel <strong>sur</strong> le suj<strong>et</strong>, con<strong>du</strong>isaient les agents à se déterminer enfonction <strong>de</strong> leur propre sensibilité au problème. Ce qui a con<strong>du</strong>it l’IRSN à recomman<strong>de</strong>r que soient définis <strong>de</strong>sseuils d’acceptabilité.Dès 2004, l’IRSN a recommandé qu’EDF adapte les programmes locaux <strong>de</strong> maintenance pour tenir compte <strong>du</strong>risque <strong>de</strong> corrosion <strong>de</strong>s circuits <strong>de</strong> refroidissement <strong>de</strong>s groupes électrogènes situés en bord <strong>de</strong> mer, en précisantRapport DSR N°316 38


<strong>de</strong> manière exhaustive les matériels soumis à contrôle, <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s contrôles, leur périodicité <strong>et</strong>, le cas échéant,<strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es d’épaisseur <strong>de</strong>s tuyauteries, avec <strong>de</strong>s critères d’acceptabilité. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>stuyauteries <strong>de</strong> refroidissement précitées, <strong>l'IRSN</strong> rappelle que d'autres matériels importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, commeceux situés dans <strong>la</strong> station <strong>de</strong> pompage (cf. rapport IRSN 2007), sont également suj<strong>et</strong>s à <strong>la</strong> corrosion, en particulier<strong>sur</strong> les sites en bord <strong>de</strong> mer. A ce suj<strong>et</strong>, les services centraux d'EDF ont défini <strong>et</strong> déployé le proj<strong>et</strong> OEEI qui vise àObtenir un État Exemp<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s Instal<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> <strong>de</strong>vrait préciser les objectifs d’EDF dans ce domaine ainsi que lesmoyens nécessaires pour les atteindre. L'IRSN restera vigi<strong>la</strong>nt <strong>sur</strong> ce suj<strong>et</strong>.Photo 3 : l’instal<strong>la</strong>tion remise en conformité à<strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> F<strong>la</strong>manville(aéroréfrigérant d’un groupe électrogène <strong>de</strong> <strong>la</strong>tranche 1)Photo 4 : l’instal<strong>la</strong>tion remise en conformitéà <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> F<strong>la</strong>manville(aéroréfrigérant d’un groupe électrogène <strong>de</strong><strong>la</strong> tranche 2)Rapport DSR N°316 39


Les risques liés à l’utilisation <strong>de</strong> l’hydrogèneLes risques liés à l’utilisation d’hydrogène dans les centrales nucléaires nécessitent uneattention particulière lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception <strong>et</strong> au cours <strong>de</strong> l’exploitation, pour évitertoute inf<strong>la</strong>mmation ou explosion d’un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> ce gaz avec l’air. Plusieurs évènements<strong>et</strong> constats ont montré qu’il est nécessaire <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong> ces risques dansplusieurs centrales <strong>du</strong> <strong>parc</strong>.Les utilisations <strong>de</strong> l’hydrogène dans une centraleStocké <strong>sur</strong> le site dans un <strong>parc</strong> <strong>de</strong> bouteilles <strong>de</strong> gaz, <strong>de</strong>l’hydrogène pur est amené via <strong>de</strong>s canalisations jusquedans <strong>la</strong> salle <strong>de</strong>s machines pour être injecté dans lecircuit <strong>de</strong> refroidissement <strong>du</strong> rotor <strong>de</strong> l’alternateur, <strong>et</strong>jusque dans <strong>de</strong>s locaux <strong>du</strong> BAN pour être injecté dansle circuit primaire afin <strong>de</strong> compenser les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong>radiolyse <strong>de</strong> l’eau.La radiolyse <strong>de</strong> l’eau : sous l’action <strong>de</strong>s rayonnements,l’eau se décompose en hydrogène <strong>et</strong> oxygène, ce<strong>de</strong>rnier ayant un fort pouvoir oxydant. Ce phénomène,dénommé radiolyse, favorise <strong>la</strong> corrosion <strong>du</strong> circuitprimaire. Lorsque le réacteur fonctionne, l’injectiond’hydrogène dans le circuit primaire perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire<strong>la</strong> teneur en oxygène par recombinaison <strong>et</strong> donc <strong>de</strong>ré<strong>du</strong>ire efficacement <strong>la</strong> corrosion.Par ailleurs, les effluents gazeux hydrogénés pro<strong>du</strong>its lors <strong>du</strong> fonctionnement <strong>du</strong> réacteur sont périodiquementévacués <strong>du</strong> circuit primaire, par le circuit <strong>de</strong>s purges <strong>et</strong> évents, d’abord vers un réservoir tampon puis vers lesbâches <strong>de</strong> stockage <strong>du</strong> système <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s effluents gazeux (TEG). Outre l’hydrogène, ces effluentscontiennent <strong>de</strong>s gaz <strong>de</strong> fission (Xénon <strong>et</strong> Krypton) <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’azote. Il est à noter que, pour les tranches <strong>de</strong> 900 MWe,un même système TEG est utilisé par <strong>de</strong>ux réacteurs.Les risques liés à l’utilisation <strong>de</strong> l’hydrogèneA température <strong>et</strong> pression ambiantes, l’hydrogène se présente sous <strong>la</strong> forme d’un gaz sans couleur <strong>et</strong> sans o<strong>de</strong>ur.En présence <strong>de</strong> l’oxygène <strong>de</strong> l’air <strong>et</strong> dans certainesconditions, l’inf<strong>la</strong>mmation d’un nuage d’hydrogènequi résulterait <strong>de</strong> <strong>la</strong> fuite d’une canalisation ou d’unstockage pourrait donner lieu à une explosion : dansl’air sec, <strong>la</strong> déf<strong>la</strong>gration <strong>de</strong> l’hydrogène peut êtreobtenue pour <strong>de</strong>s concentrations al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> 4 % à 75 %d’hydrogène par volume d’air, alors que <strong>la</strong>détonation pourra être obtenue pour <strong>de</strong>sconcentrations al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> 18 % à 59 %.Explosion : libération soudaine d’énergie entraînant <strong>la</strong>propagation d’un front <strong>de</strong> f<strong>la</strong>mme <strong>et</strong> d’une on<strong>de</strong> <strong>de</strong><strong>sur</strong>pression. On parle <strong>de</strong> déf<strong>la</strong>gration si <strong>la</strong> vitesse <strong>du</strong> front<strong>de</strong> f<strong>la</strong>mme est subsonique, c'est-à-dire inférieure à <strong>la</strong>vitesse <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement <strong>du</strong> son dans le milieu ambiant, <strong>et</strong><strong>de</strong> détonation si <strong>la</strong> vitesse <strong>du</strong> front <strong>de</strong> f<strong>la</strong>mme estsupersonique ; les f<strong>la</strong>mmes accompagnent alors <strong>la</strong><strong>sur</strong>pression <strong>et</strong> il y a formation d’une on<strong>de</strong> <strong>de</strong> choc, quipeut provoquer <strong>de</strong>s dommages importants.Les conséquences <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> d’une explosion dans <strong>la</strong> partie nucléaire d’une centrale peuvent être <strong>la</strong> perte d’unou plusieurs équipements perm<strong>et</strong>tant le maintien ou le r<strong>et</strong>our dans un état sûr <strong>du</strong> réacteur, ou un relâchement <strong>de</strong>pro<strong>du</strong>its radioactifs dans l’environnement. Ce risque a été particulièrement mis en évi<strong>de</strong>nce lors d’un inci<strong>de</strong>ntRapport DSR N°316 40


<strong>sur</strong>venu à Chinon en 1998 : une analyse menée par l’IRSN à <strong>la</strong> suite d’une fuite d’hydrogène qui n’avait toutefoispas provoqué d’explosion, a montré <strong>la</strong> gravité <strong>de</strong>s dommages qu’auraient pu subir <strong>de</strong>s équipements importantspour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, <strong>et</strong> <strong>la</strong> nécessité d’engager <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s visant à ré<strong>du</strong>ire le risque.L’actualité 2008 concernant les risques liés à l’utilisation <strong>de</strong> l’hydrogèneLe réexamen <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWeDepuis 2005 EDF a fait évoluer ses exigences <strong>de</strong>stinées à prévenir les risques d’explosion internes aux sites. AussiEDF, dans le cadre <strong>du</strong> réexamen <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s REP, a dressé <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s locaux présentant un risque d’explosion encas <strong>de</strong> fuite d’hydrogène <strong>et</strong> défini les dispositions à prendre désormais pour maîtriser ce risque. De nombreusesmodifications matérielles ont ainsi été définies, consistant en particulier à installer <strong>de</strong>s détecteurs d’hydrogène, àm<strong>et</strong>tre en œuvre <strong>de</strong>s matériels utilisables en atmosphère explosible à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s matériels existants, à renforcerou à protéger <strong>de</strong>s tuyauteries véhicu<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’hydrogène, ou encore à fiabiliser certains organes d’isolement <strong>de</strong> cestuyauteries. EDF mène actuellement <strong>la</strong> même démarche dans le cadre <strong>de</strong>s réexamens <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong>1300 MWe <strong>et</strong> <strong>de</strong> 1450 MWeEn 2008, l’IRSN a analysé les évolutions <strong>du</strong> référentiel <strong>et</strong> son application <strong>sur</strong> les sites. C<strong>et</strong>te analyse s’estnotamment appuyée <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> calcul développés par l’IRSN. Les conclusions <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te analyse ont étéprésentées au Groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires lors d’une réunion consacrée auréexamen <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe. Ce référentiel a été jugé globalement acceptable, mais perfectibleen termes d’exhaustivité <strong>de</strong>s scénarios traités <strong>et</strong> <strong>de</strong> pessimisme <strong>de</strong>s critères r<strong>et</strong>enus, en particulier concernantl‘hypothèse d’une dilution homogène <strong>de</strong> l’hydrogène dans un local. Malgré le gain pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> apporté par <strong>la</strong>mise en œuvre <strong>de</strong>s modifications in<strong>du</strong>ites par le référentiel, les agressions <strong>de</strong>s tuyauteries véhicu<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>l’hydrogène résultant <strong>de</strong> <strong>la</strong> corrosion ou <strong>de</strong> phénomènes vibratoires doivent être également traitées.Un mé<strong>la</strong>nge air-hydrogène dû à une mauvaise position <strong>de</strong> vannes <strong>sur</strong> le réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Dampierreen-BurlyLe 11 février 2008, alors que le réacteur n°1 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Dampierre-en-Burly est en pro<strong>du</strong>ction, le réacteurnuméro 2 <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te centrale est arrêté <strong>et</strong> l’exploitant entame les activités préparatoires aux opérations <strong>de</strong>maintenance <strong>et</strong> <strong>de</strong> rechargement. Dans le cadre <strong>de</strong> ces activités, afin <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre l’ouverture en toute sécurité<strong>de</strong> <strong>la</strong> cuve <strong>du</strong> réacteur pour en décharger le combustible, il est nécessaire d’éliminer l’hydrogène présent dans leflui<strong>de</strong> primaire. Dans un premier temps, l’atmosphère <strong>du</strong> réservoir <strong>de</strong> contrôle chimique <strong>et</strong> volumétrique (RCV) estba<strong>la</strong>yée avec <strong>de</strong> l’azote afin <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire sa concentration en hydrogène. Pendant c<strong>et</strong>te opération, <strong>la</strong> teneur <strong>du</strong>flui<strong>de</strong> primaire en hydrogène dissous diminue également. Lorsque c<strong>et</strong>te teneur <strong>et</strong> <strong>la</strong> concentration d’hydrogènedans l’atmosphère <strong>du</strong> réservoir RCV sont suffisamment basses (inférieures à 15 %), l’exploitant injecte <strong>de</strong> l’eauoxygénée dans le circuit primaire afin <strong>de</strong> poursuivre, chimiquement, <strong>la</strong> déshydrogénation. Les effluents gazeuxhydrogénés provenant <strong>de</strong> ces opérations sont envoyés dans le système TEG. Enfin, lorsque les concentrationsd’hydrogène dissous dans le flui<strong>de</strong> primaire <strong>et</strong> présent dans l’atmosphère <strong>du</strong> réservoir RCV sont abaissées à <strong>de</strong>svaleurs qui écartent le risque d’inf<strong>la</strong>mmation (moins 2 % pour l’hydrogène gazeux <strong>et</strong> moins <strong>de</strong> 3 cm 3 /kg pourl’hydrogène dissous), l’exploitant procè<strong>de</strong> à l’oxygénation <strong>du</strong> flui<strong>de</strong> primaire après avoir remp<strong>la</strong>cé le ba<strong>la</strong>yage àl’azote <strong>du</strong> réservoir RCV par un ba<strong>la</strong>yage à l’air <strong>et</strong> réorienté l’évacuation <strong>de</strong>s effluents gazeux aérés provenant <strong>de</strong>c<strong>et</strong>te opération vers <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> BAN.Rapport DSR N°316 41


Le passage <strong>du</strong> ba<strong>la</strong>yage à l’azote au ba<strong>la</strong>yage à l’air <strong>du</strong> réservoir RCV nécessite, afin d’éviter tout risqued’explosion dû à un mé<strong>la</strong>nge d‘effluents hydrogénés aux effluents aérés, d’isoler le réservoir RCV <strong>du</strong> réacteur n°2<strong>du</strong> réservoir tampon TEG commun aux réacteurs n°1 <strong>et</strong> n°2. En eff<strong>et</strong>, le réacteur n°1, en pro<strong>du</strong>ction, génère enpermanence <strong>de</strong>s effluents gazeux hydrogénés qui sont recueillis dans le réservoir tampon <strong>du</strong> système TEG.A Dampierre, l’exploitant <strong>du</strong> réacteur n°2 n’a pas effectué correctement les opérations consistant à fermer <strong>la</strong>vanne 1 <strong>et</strong> à ouvrir les vannes 2 <strong>et</strong> 3 (cf. fig. 1) ; <strong>de</strong> ce fait, les effluents aérés provenant <strong>du</strong> réacteur n°2 ont étéenvoyés dans le réservoir tampon. Un capteur me<strong>sur</strong>ant <strong>la</strong> teneur en oxygène en amont <strong>du</strong> réservoir a déclenchéune a<strong>la</strong>rme qui a con<strong>du</strong>it l’exploitant à stopper immédiatement le ba<strong>la</strong>yage à l’air <strong>du</strong> ballon RCV <strong>du</strong> réacteur n°2.Une vérification <strong>et</strong> une correction <strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong>de</strong>s vannes ont alors permis <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver rapi<strong>de</strong>ment une situationnormale <strong>du</strong> système TEG.Figure 1 : schéma simplifié <strong>du</strong> traitement <strong>de</strong>s effluents gazeuxEffluents hydrogénés enprovenance <strong>du</strong> réservoir RCV <strong>du</strong>réacteur en puissancePartie commune aux 2 réacteurs :traitement <strong>de</strong>s effluents gazeuxEffluents aérés en provenance <strong>du</strong>réservoir RCV <strong>du</strong> réacteur à l’arrêtRéacteur n°1 en puissanceRéacteur n°2 à l’arrêtOxygène-mètreRéservoir tampon<strong>du</strong> système TEGManch<strong>et</strong>te pivotanteVers <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion générale<strong>du</strong> BAN après filtrationAprès c<strong>et</strong> inci<strong>de</strong>nt, EDF a rappelé aux équipes chargées <strong>de</strong>s manœuvres précitées les règles <strong>et</strong> procé<strong>du</strong>res àappliquer, en insistant <strong>sur</strong> <strong>la</strong> nécessité d’un autocontrôle <strong>de</strong> leurs activités par les intervenants.Pour l’IRSN, ces me<strong>sur</strong>es d’ordre organisationnel sont bien enten<strong>du</strong> nécessaires, mais leur robustesse n’est pasdémontrée. Malgré <strong>la</strong> présence d’une manch<strong>et</strong>te pivotante, qui interdit <strong>la</strong> communication simultanée <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxtranches avec <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion générale, une configuration particulière <strong>de</strong>s circuits <strong>du</strong> système TEG (ouverture parerreur <strong>de</strong> <strong>la</strong> vanne 1) pourrait con<strong>du</strong>ire à l’envoi d’effluents hydrogénés dans le système <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> BAN. Laformation d’une atmosphère explosive dans les gaines <strong>de</strong> ce système ne pouvant alors pas être exclue, l’IRSN a<strong>de</strong>mandé à EDF d’examiner <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une ligne <strong>de</strong> défense supplémentaire pour éviter ce risque. EDF aRapport DSR N°316 42


épon<strong>du</strong> qu’un tel rej<strong>et</strong> à <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> BAN entraînerait un dépassement d’activité <strong>et</strong> serait immédiatementdétecté. Par ailleurs, en comparant le débit <strong>de</strong> rej<strong>et</strong> à <strong>la</strong> cheminée <strong>du</strong> BAN au débit <strong>de</strong> rej<strong>et</strong> <strong>de</strong>s effluentshydrogénés, EDF estime que le risque <strong>de</strong> formation d’un mé<strong>la</strong>nge explosif dans les gaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> BANest très faible. Néanmoins, le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une ligne <strong>de</strong> défense supplémentaire est en coursd’instruction à EDF.Des fuites <strong>de</strong> tuyauteries véhicu<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’hydrogèneLe 4 juin 2007, une fuite s’est pro<strong>du</strong>ite dans une tuyauterie véhicu<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’hydrogène dans le BAN <strong>du</strong> réacteur n°1<strong>de</strong> Chinon. C<strong>et</strong>te tuyauterie, qui passait dans un local à l’ambiance particulièrement humi<strong>de</strong>, présentait un état<strong>de</strong> corrosion avancée. Toutefois, <strong>la</strong> limite d’inf<strong>la</strong>mmabilité <strong>de</strong> l’hydrogène n’a pas été atteinte. La centrale aremp<strong>la</strong>cé <strong>la</strong> tuyauterie, contrôlé l’état <strong>de</strong>s tuyauteries dans les locaux simi<strong>la</strong>ires <strong>et</strong>, constatant qu’elles aussiétaient corrodées, les a remp<strong>la</strong>cées. Enfin, il a fait part <strong>de</strong> c<strong>et</strong> évènement aux services centraux d’EDF <strong>et</strong> auxautres centrales. Au regard <strong>de</strong>s conséquences possibles pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> d’une explosion dans le local concerné par<strong>la</strong> fuite, l’ASN a <strong>de</strong>mandé à EDF <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer un évènement significatif pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>.En 2008, l’ASN a mené <strong>de</strong>s inspections avec <strong>la</strong> participation technique <strong>de</strong> l’IRSN, dans plusieurs centrales pour yvérifier <strong>la</strong> maîtrise <strong>du</strong> risque d’explosion. La plupart <strong>de</strong> ces inspections ont montré que les dispositions prises parEDF n’étaient pas complètes en regard <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation applicable aux tuyauteries contenant <strong>de</strong>s substancesexplosives. Or, EDF avait jusqu’au 15 février 2006 pour m<strong>et</strong>tre ses instal<strong>la</strong>tions en conformité avec <strong>la</strong>réglementation <strong>et</strong> n’avait alors pas mentionné <strong>de</strong> difficultés particulières quant à son application.Le 13 novembre 2008, l’ASN a pris <strong>de</strong>ux décisions à ce suj<strong>et</strong>. La première, n°2008-DC-118, a prescrit à EDFd’améliorer, sous trois mois, <strong>la</strong> maîtrise <strong>du</strong> risque d’explosion dans ses centrales nucléaires (cf. communiquéIRSN). La secon<strong>de</strong>, n°2008-DC-199, prise au regard <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation constatée lors <strong>de</strong> l’inspection <strong>du</strong> CNPE <strong>de</strong> Cruas-Meysse, a mis en <strong>de</strong>meure EDF <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre, sous trois mois, <strong>la</strong> centrale en conformité avec <strong>la</strong> réglementation.ConclusionL’IRSN considère que le référentiel, tel qu’é<strong>la</strong>boré par EDF <strong>de</strong> ses exigences <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> en matière <strong>de</strong> protectioncontre le risque d’explosion interne aux sites est globalement acceptable. Il estime cependant que certainessituations constatées <strong>sur</strong> les sites montrent que pour maintenir à un niveau acceptable <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s réacteurs auregard <strong>de</strong>s risques liés à l’utilisation <strong>de</strong> l’hydrogène, outre le renforcement <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong> détection <strong>de</strong> fuite<strong>et</strong> l’instal<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> matériels utilisables en atmosphère explosive, <strong>la</strong> maintenance <strong>et</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s systèmesvéhicu<strong>la</strong>nt ou utilisant ce gaz restent primordiales.Rapport DSR N°316 43


Intro<strong>du</strong>ction d’un nouveau matériau <strong>de</strong>gainage <strong>du</strong> combustibleEn 1988, EDF a <strong>la</strong>ncé un programme d’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> nouveaux types d’assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>combustible dans les réacteurs. Les gaines <strong>de</strong>s crayons <strong>de</strong> ces combustibles sont en alliage<strong>de</strong> zirconium appelé « M5 ». Toutefois, dès 2001, l’apparition <strong>de</strong> fuites <strong>de</strong> gaines <strong>de</strong>sassemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> combustible équipés <strong>de</strong> crayons en alliage M5 a mis en doute <strong>la</strong> fiabilité<strong>de</strong> ce matériau. Les problèmes d’exploitation rencontrés ont con<strong>du</strong>it l’IRSN àrecomman<strong>de</strong>r qu’EDF réalise <strong>de</strong>s investigations re<strong>la</strong>tives à l’origine <strong>de</strong>s pertesd’étanchéité constatées <strong>et</strong> ralentisse le rythme <strong>de</strong> déploiement d’assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>combustible avec gaines en alliage M5 <strong>sur</strong> le <strong>parc</strong>. Le problème a été pris très au sérieuxpar le fabricant <strong>de</strong> ces assemb<strong>la</strong>ges <strong>et</strong> par EDF qui ont mis en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s actionscorrectives dont l’eff<strong>et</strong> est encore aujourd’hui suivi par l’IRSN.Contexte – Historique d’intro<strong>du</strong>ctionLes gaines <strong>de</strong>s crayons <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> combustible constituent <strong>la</strong>première « barrière » <strong>de</strong> confinement <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> fission. Pour lesréacteurs <strong>du</strong> <strong>parc</strong> d’EDF, elles ont d’abord été réalisées en zircaloy 4, unalliage métallique à base <strong>de</strong> zirconium contenant <strong>de</strong> l’étain <strong>et</strong> d’autreséléments. Le zirconium est utilisé pour les gaines notamment <strong>parc</strong>e qu’i<strong>la</strong>bsorbe peu les neutrons. Toutefois, dans un souci d’amélioration <strong>de</strong>sperformances <strong>du</strong> matériau <strong>de</strong> gainage perm<strong>et</strong>tant d’atteindre <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong>combustion plus élevés, EDF m<strong>et</strong> en œuvre <strong>de</strong>puis plusieurs années <strong>sur</strong> son<strong>parc</strong> <strong>de</strong> réacteurs un alliage dit Massif 5 (M5) pro<strong>du</strong>it par AREVA-NP,comportant <strong>du</strong> niobium <strong>et</strong> d’autres additifs ; c<strong>et</strong> alliage a été développé en<strong>vue</strong> d’améliorer <strong>la</strong> résistance à <strong>la</strong> corrosion <strong>et</strong> à l’hydruration (ou absorptiond’hydrogène) <strong>du</strong> gainage. L’alliage M5 se distingue également <strong>du</strong> zircaloy 4Un assemb<strong>la</strong>ge combustiblepar <strong>de</strong>s vitesses <strong>de</strong> déformation sous irradiation différentes <strong>et</strong>, enparticulier, par un grandissement plus faible (le grandissement estl’accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> longueur <strong>de</strong>s gaines <strong>de</strong>s crayons sous l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>l’irradiation neutronique).L’intro<strong>du</strong>ction en réacteur <strong>de</strong> l’alliage M5 a débuté en France en 1988 avec le chargement <strong>de</strong> quelques crayons <strong>de</strong>combustible dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> développement dit « X1 première phase » d’AREVA-NP. Il s’agissaitalors d’une variante <strong>de</strong> l’alliage M5 actuel. L’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> crayons à gainage en alliage M5 recristallisé s’estensuite poursuivie entre 1990 <strong>et</strong> 1996 dans le cadre <strong>de</strong> quatre programmes expérimentaux dits <strong>de</strong> « préqualification» visant à tester différentes nuances d’alliage.Rapport DSR N°316 44


La qualification à l’échelle in<strong>du</strong>strielle <strong>du</strong> gainage en alliage M5 n’est intervenue qu’en 1999 avec l’intro<strong>du</strong>ction àtitre expérimental d’une première recharge complète dans le réacteur <strong>de</strong> Nogent 2. Les gaines <strong>de</strong>s crayons étaientalors en alliage M5 mais <strong>la</strong> structure <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges (grilles <strong>de</strong> maintien…) était toujours en zircaloy 4. Ce n’estqu’en 2004 que le premier chargement d’assemb<strong>la</strong>ges « tout M5 » est intervenu dans <strong>la</strong> tranche 2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong>Nogent. Pour l’heure, <strong>de</strong>s recharges tout M5 sont en cours d’irradiation dans trois réacteurs <strong>de</strong> 1300 MWe <strong>et</strong> lesquatre réacteurs <strong>de</strong> 1450 MWe.R<strong>et</strong>our d’expérience <strong>de</strong> l’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> l’alliage M5La fiabilité <strong>de</strong>s crayons à gainage en alliage M5 a été mise en doute dès 2001 <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> fuites. Lebi<strong>la</strong>n dressé en 2004 faisait apparaître un taux <strong>de</strong> défail<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s crayons en alliage M5 quatre à cinq foissupérieur à celui <strong>de</strong>s crayons à gainage en zircaloy 4. Au total, entre 2001 <strong>et</strong> 2008, une trentaine <strong>de</strong> fuitesd’assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> combustible à gainage en alliage M5 ont été détectées. A ce jour, EDF a mis en évi<strong>de</strong>nce troistypes <strong>de</strong> défauts à l’origine <strong>de</strong>s pertes d’étanchéité <strong>de</strong>s crayons <strong>de</strong> combustible à gainage en alliage M5.Deux types <strong>de</strong> défauts concernent les sou<strong>du</strong>res entre les tubes <strong>et</strong> les bouchons.Différents procédés <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re sont utilisés pour <strong>la</strong> fabrication <strong>de</strong>s crayons<strong>de</strong> combustible :- le soudage <strong>la</strong>ser perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> réaliser une sou<strong>du</strong>re circu<strong>la</strong>ire au moyen d’unfaisceau <strong>la</strong>ser in<strong>du</strong>isant une fusion <strong>de</strong>s matériaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> gaine <strong>et</strong> <strong>du</strong>bouchon,- le soudage TIG (Tungstène Inerte Gaz) est un procédé <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re à l’arcin<strong>du</strong>isant une fusion <strong>de</strong>s matériaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> gaine <strong>et</strong> <strong>du</strong> bouchon, en utilisantune électro<strong>de</strong> non fusible <strong>et</strong> un gaz inerte pour protéger l’électro<strong>de</strong>,- le soudage USW (Ups<strong>et</strong> Shape Welding) : dans ce procédé,l’échauffement provient <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance <strong>de</strong>s pièces à sou<strong>de</strong>r à un courantélectrique. Une force <strong>de</strong> rapprochement est appliquée <strong>sur</strong> les éléments àsou<strong>de</strong>r.Le premier type <strong>de</strong> défaut affecte les sou<strong>du</strong>res circu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s bouchonsSchéma d’un crayon <strong>de</strong>combustible(inférieurs ou supérieurs) en alliage M5 réalisées par le procédé par <strong>la</strong>ser.Les défail<strong>la</strong>nces d’étanchéité constatées, qui concernent 7 crayons autotal, se sont pro<strong>du</strong>ites au cours <strong>de</strong>s 1 ers , 2 èmes ou 3 èmes cycles d’irradiation<strong>de</strong> l’assemb<strong>la</strong>ge en réacteur. Ce type <strong>de</strong> défaut serait lié à <strong>la</strong> présenced’un polluant entraînant un percement ponctuel <strong>sur</strong> une portion biendélimitée <strong>du</strong> cordon <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re pendant l’irradiation dans le réacteur.Selon EDF, les investigations con<strong>du</strong>ites ont montré <strong>la</strong> sensibilité <strong>du</strong> procédé<strong>de</strong> soudage par <strong>la</strong>ser à une pollution soli<strong>de</strong>, très vraisemb<strong>la</strong>blement <strong>de</strong>l'aluminium.Percement localisé <strong>de</strong> <strong>la</strong> sou<strong>du</strong>recircu<strong>la</strong>ire <strong>du</strong> bouchon inférieur d’uncrayon à gainage en alliage M5Rapport DSR N°316 45


Le second type <strong>de</strong> défaut affecte <strong>de</strong>s sou<strong>du</strong>res <strong>de</strong> queusot (orifice parlequel se fait <strong>la</strong> pres<strong>sur</strong>isation à l’hélium <strong>du</strong> crayon pour lui perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>résister à <strong>la</strong> pression <strong>du</strong> circuit primaire) <strong>du</strong> bouchon supérieur réaliséesavec le procédé TIG. Les pertes d’étanchéité constatées, qui concernent autotal 9 crayons <strong>de</strong> combustible, se sont manifestées au cours <strong>de</strong>s premierscycles d’irradiation. EDF a indiqué qu’il s’agissait dans tous les cas <strong>de</strong>crayons <strong>de</strong> combustible ayant fait l’obj<strong>et</strong> d’une reprise <strong>de</strong> soudage (sanschangement <strong>de</strong> bouchon). La combinaison <strong>de</strong> doubles passages <strong>du</strong> crayon enchambre <strong>de</strong> soudage (résultant d'un défaut d'amorçage <strong>de</strong> <strong>la</strong> sou<strong>du</strong>re plusDéfaut <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re au niveau <strong>du</strong>queusot d’un crayon en alliageM5fréquent avec l’alliage M5 qu’avec le zircaloy 4) <strong>et</strong> d'une sensibilitémoindre <strong>de</strong>s bouchons <strong>de</strong> zircaloy 4 à <strong>la</strong> pollution par l’oxy<strong>de</strong> d'uraniumprésent lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication, expliquerait <strong>la</strong> fréquence plus élevée <strong>de</strong> c<strong>et</strong>ype <strong>de</strong> défauts constatée <strong>sur</strong> les crayons à bouchon en alliage M5.Enfin, un troisième type <strong>de</strong> défaut affecte certains assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>combustible au cours <strong>de</strong> leur premier cycle d’irradiation ; en 2008, <strong>de</strong>smarques <strong>de</strong> type poinçonnement <strong>et</strong> <strong>de</strong>s percements ont été observés.L’analyse a montré que, pendant <strong>la</strong> fabrication, les opérationsd’insertion <strong>de</strong>s crayons à gainage en alliage M5 dans les grilles <strong>de</strong>maintien <strong>de</strong> ces crayons peuvent créer <strong>de</strong>s copeaux. Ces copeaux sontà l’origine <strong>de</strong> pertes d’étanchéité (au nombre <strong>de</strong> 12) <strong>de</strong> crayons àgaine en alliage M5 <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> leur u<strong>sur</strong>e par fr<strong>et</strong>ting (u<strong>sur</strong>e résultant<strong>de</strong> mouvements oscil<strong>la</strong>toires <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ite amplitu<strong>de</strong>) associée auxcopeaux restés coincés sous les ressorts <strong>de</strong>s grilles.Squel<strong>et</strong>te d’assemb<strong>la</strong>geActions correctives mises en œuvreAfin <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver au plus vite une fiabilité <strong>de</strong>s crayons <strong>de</strong> combustible en alliage M5 au moins équivalente à celle<strong>de</strong>s crayons à gainage en zircaloy 4, différentes actions correctives ont été mises en p<strong>la</strong>ce par EDF :- en 2005, l’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> propr<strong>et</strong>é dans les différentes usines <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> combustible pour se prémunir<strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> pollution,- à compter <strong>de</strong> début 2007, l’utilisation d’un procédé <strong>de</strong> soudage moins sensible à <strong>la</strong> pollution : il s’agit <strong>du</strong>« procédé USW» en remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s procédés par <strong>la</strong>ser <strong>et</strong> TIG. De par <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>du</strong> procédé USW, il n’ya plus nécessité d’un queusot dans le bouchon supérieur (mise en pression <strong>du</strong> crayon <strong>et</strong> soudage en simultané),- le remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s bouchons en alliage M5 par <strong>de</strong>s bouchons en zircaloy 4,- <strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> copeaux lors <strong>de</strong>s opérations d’insertion <strong>de</strong>s crayons dans les assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>combustible en ré<strong>du</strong>isant <strong>la</strong> vitesse d’insertion <strong>de</strong>s crayons,- <strong>la</strong> modification <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong>s crayons dans les grilles.Rapport DSR N°316 46


Le point <strong>de</strong> <strong>vue</strong> <strong>de</strong> l’IRSNDès les premières pertes d’étanchéité qui ont affecté le réacteur n°2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Nogent en 2001, l’IRSN asouligné l’importance d’étudier dans les plus brefs dé<strong>la</strong>is l’origine <strong>de</strong> ces pertes d’étanchéité <strong>et</strong> considéré qu’unegénéralisation au <strong>parc</strong> <strong>de</strong> l’utilisation <strong>du</strong> type d’assemb<strong>la</strong>ge impliqué était prématurée. De 2003 à 2006, EDF a<strong>la</strong>ncé une série d’investigations en usine, d’essais <strong>et</strong> d’expertises approfondies afin <strong>de</strong> déterminer l’origine <strong>de</strong>spertes d’étanchéité <strong>et</strong> a pris les dispositions correctives mentionnées ci-<strong>de</strong>ssus.En 2006, <strong>de</strong>s pertes d’étanchéité continuant à se pro<strong>du</strong>ire, l’ASN a estimé qu’il était nécessaire « d’adopter unedémarche pru<strong>de</strong>nte » quant à l’intro<strong>du</strong>ction d’assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> combustible à gainage en alliage M5 <strong>et</strong> a estiménécessaire que « le dialogue technique se poursuive notamment <strong>sur</strong> […] <strong>la</strong> fiabilité <strong>de</strong>s fabrications d’assemb<strong>la</strong>gesen alliage M5 ».Des éléments <strong>de</strong> compréhension contribuant à apprécier les différentes causes <strong>de</strong> perte d’étanchéité ont ététransmis. Toutefois, l’IRSN constate que ceux-ci ne perm<strong>et</strong>tent pas d’expliquer <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgie <strong>la</strong>sensibilité particulière <strong>de</strong>s crayons à gainage <strong>et</strong> bouchons en alliage M5 aux polluants suspectés (aluminium <strong>et</strong>oxy<strong>de</strong> d’uranium selon les procédés mis en œuvre). Des actions visant à comprendre l’origine <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te sensibilité<strong>de</strong>s crayons <strong>de</strong> combustible aux conditions <strong>de</strong> soudage doivent être entreprises.Comme indiqué plus haut, il est indéniable que les problèmes <strong>de</strong> fiabilité <strong>de</strong>s crayons utilisant l’alliage M5 ont étépris au sérieux par le fabricant. Toutefois, l’efficacité <strong>de</strong>s actions correctives ne pourra être appréciée que <strong>sur</strong> <strong>la</strong>base <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our d’expérience <strong>de</strong> l’irradiation <strong>de</strong> recharges « tout M5 » qui sont ou seront intro<strong>du</strong>ites dans lestranches <strong>de</strong> 1300 MWe <strong>et</strong> 1450 MWe. Aussi, dans l’attente <strong>de</strong> <strong>la</strong> transmission d’éléments complémentaires <strong>de</strong> <strong>la</strong>part d’EDF, l’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> nouvelles recharges utilisant l’alliage M5 a été limitée par l’ASN <strong>sur</strong> le conseil <strong>de</strong>l’IRSN aux 3 réacteurs <strong>de</strong> 1300 MWe ayant déjà chargé <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges en alliage M5 (<strong>sur</strong> les 20 réacteurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>ype que compte le <strong>parc</strong> nucléaire). A ce jour, <strong>du</strong> combustible à gainage en alliage M5 est présent dans17 réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe, trois réacteurs <strong>de</strong> 1300 MWe <strong>et</strong> les quatre réacteurs <strong>de</strong> 1450 MWe.L’IRSN souligne ici que l’intro<strong>du</strong>ction en réacteur d’un nouveau type <strong>de</strong> combustible, <strong>de</strong> même que toutemodification concernant <strong>la</strong> fabrication <strong>de</strong>s combustibles, est susceptible d’entraîner <strong>de</strong>s conséquences inatten<strong>du</strong>esen termes <strong>de</strong> performances. C’est pour c<strong>et</strong>te raison que l’IRSN a <strong>de</strong>puis toujours recommandé une approchepru<strong>de</strong>nte qui se tra<strong>du</strong>it par un processus long <strong>et</strong> progressif dont les étapes successives doivent être respectées afin<strong>de</strong> pouvoir disposer d’un r<strong>et</strong>our d’expérience suffisant avant <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à toute nouvelle étape.Rapport DSR N°316 47


Température ambiante élevée pour lespompes d’injection <strong>de</strong> sécuritéEDF a déc<strong>la</strong>ré, le 31 juill<strong>et</strong> 2007, <strong>de</strong>s défauts <strong>de</strong> dimensionnement <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong>refroidissement <strong>de</strong>s locaux abritant les pompes d’injection <strong>de</strong> sécurité à haute pression<strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe. La température <strong>de</strong> ces locaux pouvant dès lors <strong>de</strong>venir élevéedans certaines situations acci<strong>de</strong>ntelles, EDF a dès 2008 remp<strong>la</strong>cé les vannesthermostatiques <strong>du</strong> circuit <strong>de</strong> lubrification <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ces pompes, un dérég<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>c<strong>et</strong>te vanne, sensible à <strong>la</strong> température, pouvant rendre indisponible <strong>la</strong> pompe. Desdysfonctionnements <strong>de</strong> ces nouvelles vannes sont toutefois rapi<strong>de</strong>ment apparus, qui ontcon<strong>du</strong>it EDF à déc<strong>la</strong>rer en octobre 2008 un nouvel événement significatif à caractèregénérique.Les écarts <strong>de</strong> conformité déc<strong>la</strong>rés en 2007En 2007, EDF a signalé <strong>de</strong>s défauts <strong>de</strong> dimensionnement <strong>de</strong>s systèmes as<strong>sur</strong>ant le refroidissement <strong>de</strong>s locauxabritant les pompes d’injection <strong>de</strong> sécurité à haute pression <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe (à l’exception <strong>de</strong>sréacteurs <strong>de</strong> Bugey <strong>et</strong> <strong>de</strong> Fessenheim), susceptibles <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en doute <strong>la</strong> tenue en température <strong>de</strong> ces pompes <strong>et</strong>donc leur disponibilité lors <strong>de</strong> certaines situations acci<strong>de</strong>ntelles. Ces défauts <strong>et</strong> leur impact possible <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>ont fait l’obj<strong>et</strong> d’un article dans le rapport IRSN 2007.Pour rappel, ces défauts ont été détectés par EDF dans le cadre <strong>du</strong> réexamen <strong>de</strong>s exigences re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong>protection <strong>de</strong>s centrales contre les températures élevées, réexamen engagé après les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> forte chaleurobservées en 2003 <strong>et</strong> en 2006. L’étu<strong>de</strong> avait alors montré que <strong>la</strong> température dans les locaux <strong>de</strong>s pompes pouvaitêtre, lors <strong>de</strong> certaines situations acci<strong>de</strong>ntelles, transitoirement supérieure à <strong>la</strong> température maximale prescritepar le constructeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> pompe. L’analyse par EDF <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> ce dépassement pour le fonctionnement<strong>de</strong>s pompes, avait montré que l’élément <strong>de</strong>s pompes le plus sensible à <strong>la</strong> température ambiante était <strong>la</strong> vann<strong>et</strong>hermostatique qui régule <strong>la</strong> température <strong>de</strong> l’huile <strong>de</strong> lubrification. En eff<strong>et</strong>, une <strong>sur</strong>chauffe <strong>de</strong> l’élément rég<strong>la</strong>nt<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vanne pouvait con<strong>du</strong>ire à <strong>la</strong> bloquer dans <strong>la</strong> position qui oriente l’huile dans <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> contournement <strong>de</strong>l’aéroréfrigérant <strong>et</strong>, par voie <strong>de</strong> conséquence, entraîner l’indisponibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> pompe par échauffement <strong>de</strong> l’huile<strong>de</strong> lubrification.Rapport DSR N°316 48


La remise en conformité <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions engagée par EDFDans un premier temps, afin <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver toute <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong>s pompes lors <strong>de</strong>s situations acci<strong>de</strong>ntelles, EDF aremp<strong>la</strong>cé les vannes thermostatiques en question par <strong>de</strong>s vannes qualifiées à plus haute température, semb<strong>la</strong>blesà celles équipant le circuit analogue <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 1300 MWe. Le remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s vannes thermostatiques aeu lieu entre les mois d’avril <strong>et</strong> août 2008.Dans un second temps, EDF <strong>de</strong>vra vérifier, (voir l’article « inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> canicule <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>scentrales »), que les nouvelles températures <strong>de</strong> l’air extérieur <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> source froi<strong>de</strong> (servant au refroidissement<strong>du</strong> réacteur) prises en compte pour <strong>la</strong> conception <strong>de</strong>s équipements <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> dans le cadre <strong>du</strong> dossier « grandchaud », ne rem<strong>et</strong>tent pas en cause le bon fonctionnement <strong>de</strong>s pompes.Pompe <strong>de</strong> prégraissageVanne thermostatiqueRégu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> température<strong>de</strong> l’huile <strong>de</strong> lubrificationAir DVNPompe atteléeAir DVHEau RRIAéroréfrigérantHuile /air localLubrification <strong>de</strong>s paliers <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> butée <strong>de</strong> <strong>la</strong> pompe <strong>et</strong> <strong>du</strong> multiplicateurSchéma <strong>de</strong> principe <strong>du</strong> circuit <strong>de</strong> graissage <strong>de</strong>s pompes d’injection <strong>de</strong> sécurité à haute pressionNouvel événement significatif déc<strong>la</strong>ré par EDF en octobre 2008En 2008, peu après <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s nouvelles vannes thermostatiques <strong>sur</strong> les circuits <strong>de</strong> graissage, <strong>et</strong> bien queles essais <strong>de</strong> fonctionnement réalisés <strong>sur</strong> <strong>la</strong> première pompe modifiée aient été jugés satisfaisants par EDF, <strong>de</strong>sdysfonctionnements <strong>de</strong> ces vannes sont <strong>sur</strong>venus à Dampierre, au B<strong>la</strong>yais <strong>et</strong> au Tricastin, ce qui a con<strong>du</strong>it EDF àdéc<strong>la</strong>rer un événement significatif générique en octobre 2008. Ces dysfonctionnements, <strong>du</strong>s à <strong>la</strong> rupture d’unélément <strong>de</strong> <strong>la</strong> tige <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> <strong>de</strong>s vannes, détériore <strong>la</strong> comman<strong>de</strong> <strong>de</strong>s vannes <strong>et</strong> con<strong>du</strong>isent au bipasse <strong>de</strong>l’aéroréfrigérant, <strong>et</strong> donc à l’élévation certaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> l’huile <strong>et</strong> <strong>de</strong>s composants lubrifiés. EDF aprocédé à <strong>de</strong>s expertises <strong>de</strong>s vannes thermostatiques défail<strong>la</strong>ntes <strong>et</strong> effectué <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong> pression <strong>et</strong> <strong>de</strong>vibration <strong>sur</strong> les circuits <strong>de</strong> graissage <strong>de</strong>s pompes. EDF en a dé<strong>du</strong>it que <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> pression dans le circuit,in<strong>du</strong>ites par le fonctionnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> pompe <strong>de</strong> prégraissage, sont à l’origine <strong>de</strong>s dysfonctionnements observés. Lesdysfonctionnements sont susceptibles d’affecter l’ensemble <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe (à l’exception <strong>de</strong>s réacteurs<strong>de</strong> Bugey <strong>et</strong> <strong>de</strong> Fessenheim).A <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> ce constat, EDF a rapi<strong>de</strong>ment mis en œuvre <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong>stinées à ré<strong>du</strong>ire l’impact <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong><strong>de</strong>s défail<strong>la</strong>nces <strong>de</strong>s nouvelles vannes thermostatiques. Ces dispositions prévoient notamment <strong>de</strong> forcer en positionRapport DSR N°316 49


ouverte vers l’aéroréfrigérant <strong>la</strong> vanne thermostatique d’une pompe d’injection <strong>de</strong> sécurité par réacteur, <strong>de</strong>limiter le temps <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong>s pompes <strong>de</strong> prégraissage <strong>et</strong> d’effectuer un suivi renforcé <strong>du</strong>fonctionnement <strong>de</strong>s pompes d’injection <strong>de</strong> sécurité. L’IRSN a estimé que ces dispositions étaient acceptables, àtitre provisoire. Parallèlement, EDF a prévu <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer les pompes <strong>de</strong> prégraissage actuelles d’une technologie« à pal<strong>et</strong>tes » par <strong>de</strong>s pompes « à engrenages » dont le fonctionnement in<strong>du</strong>it moins <strong>de</strong> vibrations. C<strong>et</strong>tedisposition a été mise en p<strong>la</strong>ce <strong>sur</strong> une pompe <strong>du</strong> réacteur n°1 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>du</strong> Tricastin en mai 2009 <strong>et</strong> a faitl’obj<strong>et</strong> d’essais <strong>de</strong> requalification. Les résultats <strong>de</strong> ces essais montrent une ré<strong>du</strong>ction significative <strong>de</strong>s niveauxvibratoires. L’impact favorable <strong>de</strong> <strong>la</strong> modification doit encore être vérifié pour une <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> fonctionnementsuffisamment longue, avant d’être généralisée à l’ensemble <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe (à l’exception <strong>de</strong>sréacteurs <strong>de</strong> Bugey <strong>et</strong> <strong>de</strong> Fessenheim, mais aussi <strong>de</strong>s quatre <strong>de</strong>rniers réacteurs mis en service <strong>du</strong> palier 900 MWedont les pompes sont déjà équipées <strong>de</strong> pompes <strong>de</strong> graissage « à engrenages » ).Par ailleurs, outre <strong>la</strong> recommandation <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s vannes thermostatiques <strong>de</strong>s pompes d’injection <strong>de</strong>sécurité, l’IRSN a formulé un certain nombre d’autres recommandations visant à approfondir <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>sphénomènes affectant le refroidissement <strong>de</strong>s pompes d’injection <strong>de</strong> sécurité ; elles concernent en particulier :- les limites <strong>de</strong> fonctionnement en température <strong>de</strong> certains matériaux constitutifs d’éléments <strong>de</strong> <strong>la</strong>pompe (paliers <strong>et</strong> butée) ;- le comportement thermique <strong>de</strong>s locaux <strong>de</strong>s pompes suivant les configurations d’exploitation <strong>de</strong>ssystèmes <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion ;- l’influence <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong>s circuits <strong>de</strong> graissage <strong>sur</strong> l’évolution <strong>de</strong>s températures <strong>de</strong> l’huile<strong>et</strong> <strong>de</strong>s équipements lubrifiés associés.Rapport DSR N°316 50


Dégradations <strong>de</strong>s supports <strong>de</strong> certainescanalisations importantes pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>La bonne tenue <strong>de</strong>s canalisations aux sollicitations mécaniques, thermiques <strong>et</strong> vibratoiresqui s’exercent <strong>sur</strong> elles, est en gran<strong>de</strong> partie fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception <strong>et</strong> <strong>du</strong> maintien enbon état <strong>de</strong> leurs supports. Plusieurs anomalies <strong>et</strong> dégradations affectant <strong>de</strong>s supports <strong>de</strong>canalisations ayant un rôle important pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, en particulier <strong>de</strong> canalisations <strong>du</strong>circuit <strong>de</strong> secours d’alimentation en eau <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> vapeur, ont été découvertesen 2008. La <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>du</strong> fonctionnement <strong>de</strong>s réacteurs pouvant en être affectée,notamment en cas <strong>de</strong> séisme, l’IRSN a recommandé une remise en conformité dans lesplus brefs dé<strong>la</strong>is.Les supports <strong>de</strong>s canalisationsDimensionnés <strong>et</strong> fabriqués pour faire face aux situations acci<strong>de</strong>ntelles envisagées, les supports <strong>de</strong>s canalisationsdoivent respecter, à tout instant, les exigences définies lors <strong>de</strong> leur conception. Au même titre que lescanalisations, les supports doivent être constamment maintenus en bon état : l’exploitant est donc tenu d’as<strong>sur</strong>erles n<strong>et</strong>toyages, les réparations ainsi que les remp<strong>la</strong>cements qui s’avèrent nécessaires.Les supports font en particulier l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> contrôles exhaustifs. Il y a lieu <strong>de</strong> distinguer, d’une part les contrôles <strong>de</strong>fin <strong>de</strong> montage (à <strong>la</strong> construction ou ultérieurement à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> modifications ou <strong>de</strong> réparations <strong>de</strong>s circuits),d’autre part les contrôles périodiques pendant l’exploitation.L’objectif essentiel <strong>de</strong>s contrôles <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> montage est <strong>de</strong> vérifier <strong>la</strong> conformité <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation <strong>et</strong> <strong>du</strong> montageaux spécifications <strong>de</strong> conception. Ils portent donc <strong>sur</strong> <strong>la</strong> présence, <strong>la</strong> position <strong>et</strong> <strong>la</strong> conformité géométrique <strong>de</strong>ssupports, <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s liaisons soudées ou boulonnées, l’absence <strong>de</strong> bridage <strong>de</strong>s canalisations, <strong>et</strong>c. Les contrôlesen exploitation sont définis dans les programmes <strong>de</strong> maintenance ; ils visent à s’as<strong>sur</strong>er <strong>du</strong> bon rég<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>ssupports <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur intégrité <strong>et</strong> sont essentiellement effectués lors <strong>de</strong>s arrêts pour rechargement <strong>de</strong>s réacteurs.Toutefois, lors <strong>de</strong> leurs tournées quotidiennes d’inspection, les agents d’exploitation peuvent également détecter<strong>de</strong>s anomalies.Des dégradations constatées <strong>sur</strong> le circuit <strong>de</strong> secours d’alimentation en eau <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> vapeur (ASG).D’importantes modifications <strong>de</strong>s supports <strong>de</strong>s circuits ASG <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe ont été engagées en 2008.Celles-ci ont pour obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> rendre ces supports conformes aux exigences <strong>de</strong> tenue au séisme qui leurs sontapplicables, mais aussi <strong>de</strong> renforcer leur tenue aux sollicitations vibratoires, sollicitations qui ont fait l’obj<strong>et</strong>d’investigations <strong>de</strong>puis plusieurs années, comme il est rappelé ci-après.Rapport DSR N°316 51


En septembre 2005, un agent d’exploitation a, lors d’une tournée d’inspection dans le réacteur n°4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale<strong>de</strong> Cruas-Meysse, constaté <strong>la</strong> dégradation <strong>de</strong> trois supports <strong>du</strong> tronçon commun d’aspiration <strong>de</strong>s motopompes <strong>du</strong>circuit <strong>de</strong> secours d’alimentation en eau <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> vapeur.L’état <strong>de</strong>s lieux réalisé alors par l’exploitant a fait apparaître que <strong>sur</strong> ces trois supports, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>tines <strong>de</strong> fixationétaient fis<strong>sur</strong>ées en racine <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>res <strong>et</strong> <strong>de</strong>s chevilles étaient rompues. Ces supports n’étaient donc plus à même<strong>de</strong> remplir leur fonction, tant en fonctionnement normal qu’en situation acci<strong>de</strong>ntelle. Une réparation temporaireconsistant en un étayage d’appoint fut immédiatement mise en œuvre en attendant leur réparation définitivepré<strong>vue</strong> lors <strong>de</strong> l’arrêt pour rechargement <strong>du</strong> réacteur.Localisation <strong>de</strong>s trois supports dégradésRupture <strong>de</strong>s chevillesSupport montrant <strong>la</strong> rupture <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux chevillessupérieures, avant leur remise en conformitéCauses <strong>de</strong>s dégradationsAprès l’expertise <strong>de</strong>s supports déposés, l’exploitant a estimé que les fis<strong>sur</strong>ations <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>tines <strong>de</strong> supportageétaient <strong>du</strong>es à un phénomène <strong>de</strong> fatigue vibratoire lors <strong>de</strong> certaines configurations particulières d’exploitation.Dès 1984, <strong>de</strong>s anomalies simi<strong>la</strong>ires avaient été constatées <strong>sur</strong> le même circuit <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>et</strong> avaient con<strong>du</strong>itEDF à effectuer <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> supports pour l’ensemble <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe. Malgré ce<strong>la</strong>, l’IPSN avaitsouligné en 1987, à l’occasion d’une réunion <strong>du</strong> groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires, <strong>la</strong>persistance d’un comportement vibratoire anormal <strong>de</strong> <strong>la</strong> tuyauterie d’aspiration <strong>de</strong>s motopompes <strong>de</strong> certainsréacteurs, ce qui l’avait amené à ém<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>s réserves <strong>sur</strong> <strong>la</strong> pertinence <strong>de</strong>s modifications réalisées. A <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>sdégradations constatées en 2005, EDF a réalisé une caractérisation approfondie <strong>du</strong> comportement vibratoire <strong>de</strong>stuyauteries <strong>du</strong> système ASG, qui lui a permis <strong>de</strong> concevoir <strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en œuvre une modification adaptée <strong>de</strong>ssupports pour le seul réacteur n°4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Cruas-Meysse. Considérant que <strong>de</strong>s dégradations i<strong>de</strong>ntiquespourraient affecter les autres réacteurs <strong>de</strong> même type, l’IRSN a recommandé <strong>de</strong>s contrôles <strong>de</strong>s supports <strong>et</strong> <strong>de</strong>scampagnes <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es vibratoires pour ces réacteurs. Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation d’une réunion <strong>du</strong> groupe permanentd’experts pour les réacteurs nucléaires consacrée à l’analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> maintenance d’EDF, l’IRSN a en 2008 examiné<strong>de</strong> nouveau ce suj<strong>et</strong>. A partir <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s campagnes d’essais réalisées en 2007, l’IRSN aconsidéré qu’il était nécessaire que les modifications spécifiques <strong>du</strong> réacteur n°4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale <strong>de</strong> Cruas-Meyssesoient également mises en p<strong>la</strong>ce dans les autres réacteurs <strong>de</strong> même type.Rapport DSR N°316 52


En accord avec l’analyse <strong>de</strong> l’IRSN, EDF a décidé <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre ces modifications en p<strong>la</strong>ce. De plus, EDF a égalementconvenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> renforcer ses programmes <strong>de</strong> maintenance en cas <strong>de</strong> sollicitations prolongées <strong>du</strong> circuitASG dans une p<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> débits susceptible d’engendrer un niveau vibratoire élevé <strong>de</strong>s tuyauteries.Lors <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong>s supports qui en ont résulté, EDF a constaté que <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> certains supports lors<strong>de</strong> <strong>la</strong> construction <strong>de</strong>s réacteurs ne répondait pas aux exigences résultant <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> conception. En eff<strong>et</strong>, telsqu’ils avaient été fabriqués, ces supports ne perm<strong>et</strong>taient pas <strong>de</strong> démontrer le bon comportement <strong>et</strong> l’intégrité <strong>du</strong>circuit ASG en cas <strong>de</strong> séisme. A ce titre, EDF a déc<strong>la</strong>ré le 28 mai 2008 un événement significatif pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>c<strong>la</strong>ssé au niveau 1 dans l’échelle INES. Après consultation <strong>de</strong> l’IRSN, l’ASN a <strong>de</strong>mandé à EDF une remise enconformité <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s supports <strong>de</strong> tous les réacteurs concernés avant le 30 mars 2009.Rapport DSR N°316 53


LES EVOLUTIONS SIGNIFICATIVESDes avancées dans l’état <strong>de</strong>s connaissances techniques <strong>et</strong> scientifiques, <strong>de</strong>s faiblessesi<strong>de</strong>ntifiées ou <strong>de</strong>s leçons tirées <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our d’expérience, un environnement ou uneréglementation qui évoluent, <strong>de</strong>s impératifs économiques… autant <strong>de</strong> raisons quicon<strong>du</strong>isent à faire évoluer les instal<strong>la</strong>tions ou leurs modalités d‘exploitation. Lesréexamens <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, réalisés par les exploitants tous les 10 ans, sont l’un <strong>de</strong>s cadresessentiels pour <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> telles évolutions. En eff<strong>et</strong>, les évolutions oumodifications les plus importantes nécessitent plusieurs années <strong>de</strong> réflexions <strong>et</strong> d’étu<strong>de</strong>savant leur définition précise <strong>et</strong> leur mise en p<strong>la</strong>ce. L’IRSN analyse ces évolutions oumodifications à différents sta<strong>de</strong>s. Durant l’année 2008, plusieurs suj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> ce type ontété examinés par l’IRSN ; parmi lesquels ceux exposés dans ce chapitre.Bien que les centrales nucléaires d’EDF soient conçues pour supporter <strong>de</strong>s températuresélevées <strong>de</strong> l’air <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’eau, les événements canicu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> 2003 <strong>et</strong> 2006 ont montré <strong>la</strong>nécessité, dans un contexte <strong>de</strong> réchauffement climatique, <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>scentrales à l’égard <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> canicule. EDF a <strong>la</strong>ncé un p<strong>la</strong>n d’actions à court, moyen<strong>et</strong> long termes dont l’IRSN analyse les développements <strong>de</strong>puis 2003.Réaliser une maintenance efficace pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, tout en limitant les coûts, y compris« radiologique » ; c<strong>et</strong> objectif d’optimisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> maintenance con<strong>du</strong>it EDF à définir <strong>de</strong>sévolutions significatives <strong>de</strong> l’organisation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s qui <strong>la</strong> régissent, dontl’inci<strong>de</strong>nce <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> a fait l’obj<strong>et</strong> d’une évaluation par l’IRSN.Ré<strong>du</strong>ire les coûts <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction sans comprom<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions estl’objectif affiché d’EDF <strong>de</strong>puis plusieurs années. Toutefois, l’accroissement <strong>de</strong>s pressionspro<strong>du</strong>ctives est une <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> compétitivité. Si ce n’est pascontreba<strong>la</strong>ncé par <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es managériales <strong>et</strong> organisationnelles visant le maintien d’unhaut niveau <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, ce<strong>la</strong> peut con<strong>du</strong>ire à <strong>de</strong>s dérives propres à favoriser l’occurrenced’un acci<strong>de</strong>nt. Ce suj<strong>et</strong> a fait l’obj<strong>et</strong> d’une évaluation spécifique <strong>de</strong> l’IRSN.Les changements <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> combustible <strong>et</strong> les évolutions <strong>de</strong>stinées à améliorer <strong>la</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> nécessitent <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong>s logiciels <strong>du</strong> système <strong>de</strong> protection <strong>du</strong> réacteur,dont <strong>la</strong> fiabilité doit être évaluée. Compte tenu <strong>de</strong> leur nombre important <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurcomplexité, l’IRSN a développé une métho<strong>de</strong> d’évaluation <strong>de</strong>s logiciels <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> critiques(à temps <strong>de</strong> réponse garanti), en utilisant directement les résultats qu’il a acquis par <strong>de</strong>srecherches <strong>et</strong> développements propres.Rapport DSR N°316 54


L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> canicule <strong>sur</strong> <strong>la</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s centralesLes centrales nucléaires d’EDF ont été conçues pour supporter les températures élevées<strong>de</strong> l’air <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’eau susceptibles <strong>de</strong> <strong>sur</strong>venir localement. Toutefois, à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>sévénements canicu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> 2003 <strong>et</strong> 2006, il est apparu nécessaire <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong>protection <strong>de</strong> ces centrales à l’égard <strong>du</strong> risque d’une canicule dans un contexte <strong>de</strong>réchauffement climatique. EDF a ainsi <strong>la</strong>ncé un p<strong>la</strong>n d’actions à court, moyen <strong>et</strong> longtermes dont l’IRSN analyse les développements <strong>de</strong>puis 2003. Des étapes importantes dansl’analyse ont été franchies en 2007 <strong>et</strong> 2008.Les besoins en refroidissement <strong>de</strong>s centrales nucléairesLes centrales nucléaires ont besoin d’une source <strong>de</strong> refroidissementpour pouvoir pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> l’électricité tout en garantissant <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>.C<strong>et</strong>te source <strong>de</strong> refroidissement est constituée, selon les sites <strong>et</strong> leséquipements <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale, par l’air ou par l’eau <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer oud’une rivière (source froi<strong>de</strong>). Le refroidissement doit, pour l’air,as<strong>sur</strong>er le bon fonctionnement <strong>de</strong>s matériels quelle que soit <strong>la</strong>température <strong>de</strong> l’air extérieur, pour l’eau as<strong>sur</strong>er <strong>la</strong> performance<strong>de</strong>s systèmes utilisant <strong>la</strong> source froi<strong>de</strong> pour refroidir différentséquipements. Aussi, <strong>de</strong>s températures élevées <strong>de</strong> l’eau ou <strong>de</strong> l’airsont susceptibles d’affecter le fonctionnement <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>scentrales nucléaires.L’impact <strong>de</strong> l’épiso<strong>de</strong> canicu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> 2003 <strong>sur</strong> les sources <strong>de</strong>refroidissement <strong>de</strong>s centralesLes besoins en eau <strong>de</strong>s centralesCircuit ouvert (fleuve, mer) : source froi<strong>de</strong>principale = eauCircuit directement connecté au fleuve ou à <strong>la</strong>mer.Sites en bord <strong>de</strong> mer <strong>et</strong> certains fleuves (Rhin,Rhône)Deux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> refroidissementCircuit fermé (tours <strong>de</strong> réfrigération) : sourcefroi<strong>de</strong> principale = airCircuit fermé fonctionnant avec <strong>de</strong>s tours <strong>de</strong>réfrigération (échangeur eau/air + appoint d’eaupour compenser l’évaporation)Sites fluviaux (Seine, Loire, Garonne, Rhône…)Les centrales nucléaires ont été conçues pour supporter <strong>de</strong>s températures élevées - dites « températures <strong>de</strong>dimensionnement » - <strong>de</strong> l’air <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’eau, définies pour <strong>la</strong> plupart dans les années 1970. En outre, lefonctionnement <strong>de</strong>s réacteurs nucléaires s’inscrit dans les limites <strong>de</strong> températures <strong>de</strong> l’eau, <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’air dans leslocaux, prescrites dans les règles générales d’exploitation (RGE) <strong>et</strong> les arrêtés d’autorisation <strong>de</strong> rej<strong>et</strong>s d’effluents<strong>et</strong> <strong>de</strong> prélèvements d’eau, qui imposent <strong>de</strong>s dispositions particulières d’exploitation en cas <strong>de</strong> dépassement.La canicule <strong>de</strong> l’été 2003 a constitué un événement climatique majeur, par son ampleur géographique, sa <strong>du</strong>rée <strong>et</strong>les niveaux <strong>de</strong> température observés. Au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong> épiso<strong>de</strong> canicu<strong>la</strong>ire, les températures <strong>de</strong>dimensionnement r<strong>et</strong>enues à <strong>la</strong> conception <strong>de</strong>s centrales ont parfois été dépassées, contraignant EDF à ré<strong>du</strong>ire <strong>la</strong>pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> certains réacteurs pour respecter les règles générales d’exploitation <strong>et</strong> les arrêtés d’autorisation <strong>de</strong>rej<strong>et</strong>s.Rapport DSR N°316 55


Lancement par EDF d’un p<strong>la</strong>n d’actions « grands chauds » <strong>et</strong> son analyse par l’IRSNAprès l’été 2003, afin <strong>de</strong> garantir le bon fonctionnement <strong>de</strong>s réacteurs en cas <strong>de</strong> températures élevées <strong>de</strong> l’air ou<strong>de</strong> l’eau, dans le respect <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, EDF a <strong>la</strong>ncé un vaste p<strong>la</strong>n d’actions.A court terme, <strong>de</strong>s modifications temporaires <strong>de</strong>s RGE ont été proposées annuellement par les centrales <strong>et</strong>analysées par l’IRSN en prévision <strong>de</strong>s étés 2004 à 2008. Elles portent, d’une part <strong>sur</strong> les conditions <strong>de</strong>fonctionnement <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion, d’autre part <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s matériels <strong>de</strong> <strong>la</strong> source froi<strong>de</strong>. Encomplément, EDF a é<strong>la</strong>boré <strong>de</strong>s règles particulières d’exploitation en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> canicule en renforçant <strong>la</strong><strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s matériels sensibles à <strong>la</strong> chaleur <strong>et</strong> en prescrivant <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite <strong>et</strong>, si nécessaire, <strong>la</strong> miseen p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> moyens mobiles temporaires <strong>de</strong> refroidissement.Pour le plus long terme, EDF a en avril 2006, transmis à l’ASN une démarche <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s centrales nucléairescontre les risques associés à une canicule. Il s’agit d’un dossier « grands chauds » <strong>et</strong> <strong>de</strong> notes d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinéesentre autres à préciser les métho<strong>de</strong>s à suivre pour réévaluer les températures maximales <strong>de</strong> l’air <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’eauauxquelles les instal<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>vront faire face. Dans ce dossier, EDF affiche l'objectif <strong>de</strong> construire un référentielva<strong>la</strong>ble pour les trente prochaines années. Pour ce<strong>la</strong>, EDF vise à déterminer <strong>de</strong>s températures « extrêmes » <strong>de</strong> l'air<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> source froi<strong>de</strong>, en en tenant compte <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s <strong>du</strong> réchauffement climatique au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong>. Cestempératures seront ensuite utilisées pour les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vérification <strong>de</strong> <strong>la</strong> tenue <strong>et</strong> <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong>sdifférents systèmes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s équipements associés.En 2006 <strong>et</strong> 2007, l’IRSN a examiné <strong>la</strong> démarche décrite dans le dossier « grands chauds » pour les réacteurs <strong>de</strong>900 MWe qui se sont avérés les plus sensibles aux températures élevées. Après examen, l’IRSN a estimé que <strong>la</strong>démarche proposée par EDF est globalement satisfaisante. Toutefois, l’analyse <strong>du</strong> dossier « grands chauds » <strong>de</strong>vaitêtre poursuivie par l’analyse <strong>de</strong>s notes d’étu<strong>de</strong>s.Aussi, dans le courant <strong>de</strong> 2008, une analyse complémentaire a été menée par l’IRSN, d’une part <strong>sur</strong> <strong>la</strong>détermination <strong>de</strong>s températures <strong>de</strong> l’air <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’eau à r<strong>et</strong>enir pour les différentes centrales <strong>du</strong> <strong>parc</strong> nucléaired’EDF, d’autre part <strong>sur</strong> les situations <strong>de</strong> fonctionnement enveloppes r<strong>et</strong>enues par EDF pour mener les étu<strong>de</strong>sre<strong>la</strong>tives aux centrales <strong>du</strong> palier 900 MWe.Après examen, l’IRSN considère que l’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche r<strong>et</strong>enue con<strong>du</strong>ira à une amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong><strong>de</strong>s réacteurs lors <strong>de</strong> températures élevées. L’IRSN a cependant souligné certaines insuffisances <strong>du</strong> dossier EDF,portant <strong>sur</strong> l’exhaustivité <strong>de</strong>s situations acci<strong>de</strong>ntelles à considérer aux températures élevées <strong>et</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong>détermination <strong>de</strong>s températures r<strong>et</strong>enues pour mener les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vérification thermique. Sur ce point, l’IRSN asouligné que les températures « extrêmes » <strong>de</strong> l’air <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’eau, déterminée selon <strong>la</strong> démarche pré<strong>vue</strong>, <strong>de</strong>vrontêtre révisées en cohérence avec les évolutions <strong>de</strong>s connaissances scientifiques, <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong>s donnéesdisponibles. A ce titre, une veille climatique est mise en œuvre par EDF.Rapport DSR N°316 56


Des actions d’amélioration réalisées <strong>et</strong> à venirLa mise en œuvre <strong>du</strong> dossier « grands chauds » implique <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s modifications matérielles <strong>et</strong>documentaires dans les centrales. D’ores <strong>et</strong> déjà, les étu<strong>de</strong>s d’EDF ont con<strong>du</strong>it à réaliser ou à prévoir <strong>la</strong> réalisation<strong>de</strong> modifications telles que par exemple :- le remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> réfrigération pour augmenter leurs performances,- l’ajout <strong>de</strong> climatiseurs,- l’augmentation <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong>s échangeurs thermiques importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>,- <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> certains matériels pour garantir leur tenue à <strong>de</strong>s températures supérieures à cellesr<strong>et</strong>enues lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception initiale <strong>de</strong>s centrales.L’objectif visé par EDF est <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s modifications <strong>sur</strong> un premier réacteur <strong>de</strong> 900 MWe àl’horizon <strong>de</strong> 2011. Dans l’attente <strong>de</strong> l’imp<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ensemble <strong>de</strong> modifications « grands chauds », <strong>de</strong>sdispositions transitoires ainsi que certaines modifications sont mises en œuvre à plus court terme. Ces actionsperm<strong>et</strong>tent d’améliorer <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s réacteurs <strong>du</strong> <strong>parc</strong> en exploitation à l’égard <strong>de</strong>s risques d’une caniculeanalogue à celle observée en 2003.A long terme, les modifications associées au nouveau dossier « grands chauds » seront mises en p<strong>la</strong>ce <strong>sur</strong>l’ensemble <strong>du</strong> <strong>parc</strong> électronucléaire français, pour renforcer <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s réacteurs <strong>du</strong> <strong>parc</strong> en exploitation àl’égard <strong>du</strong> risque <strong>de</strong> températures extrêmes, en tenant compte <strong>de</strong> l’évolution climatique, envisageable à l’horizon2030.Groupe <strong>de</strong> réfrigérationEchangeur thermique eau/eauRapport DSR N°316 57


LA POLITIQUE DE MAINTENANCE D’EDFA <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ASN, L’IRSN a procédé à un examen approfondi <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong>maintenance d’EDF <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa mise en œuvre par les centrales afin d’évaluer l’inci<strong>de</strong>nce,<strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s réacteurs, <strong>de</strong>s évolutions d’organisation <strong>et</strong> <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s mises en œuvrepar EDF pour optimiser <strong>la</strong> maintenance. Les conclusions <strong>de</strong> c<strong>et</strong> examen ont étéprésentées au groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires lors d’uneréunion tenue en mars 2008.L’IRSN a organisé son évaluation selon <strong>de</strong>ux axes. Le premier axe, essentiellement technique, concernait lesmétho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> maintenance, le processus <strong>de</strong> capitalisation <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our d’expérience <strong>et</strong> l’analyse <strong>du</strong> r<strong>et</strong>ourd’expérience concernant certains matériels importants pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>. Le <strong>de</strong>uxième axe, re<strong>la</strong>tif aux aspectsorganisationnels <strong>et</strong> humains, a traité <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s compétences, <strong>de</strong> préparation <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce<strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> maintenance.Des métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> maintenance qui privilégient <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nceL’Optimisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Maintenance par <strong>la</strong> Fiabilité(OMF) est une métho<strong>de</strong> fondée <strong>sur</strong> une analysefonctionnelle qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choixconcernant <strong>la</strong> maintenance <strong>de</strong>s matériels en fonction<strong>de</strong> <strong>la</strong> gravité <strong>de</strong> leurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> défail<strong>la</strong>nce pour <strong>la</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong>s réacteurs en exploitation<strong>et</strong> en fonction <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our d'expérience.La maintenance conditionnelle perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> limiter lesopérations lour<strong>de</strong>s <strong>de</strong> maintenance intrusives en lessubordonnant à une évolution anormale <strong>de</strong>s valeurs<strong>de</strong> certains paramètres <strong>de</strong> fonctionnement ou auconstat d’une dégradation.La maintenance par matériels témoins perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>limiter les opérations lour<strong>de</strong>s <strong>de</strong> maintenanceintrusives à certains matériels d'une même famill<strong>et</strong>echnologique dont l'état <strong>de</strong> santé est réputéreprésentatif <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille.EDF a développé plusieurs métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> maintenance(OMF, maintenance conditionnelle, maintenance parmatériels témoins) en <strong>vue</strong> d’optimiser les activitéscorrespondantes. Il s’agit pour EDF <strong>de</strong> faire unemaintenance efficace au p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> en limitantles interventions <strong>de</strong> maintenance coûteuses, y comprisen termes radiologiques.L’IRSN a examiné ces métho<strong>de</strong>s afin <strong>de</strong> déterminer siles évolutions <strong>de</strong> maintenance qui pourraient endécouler ne risquent pas <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ire à une dégradation<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions.Au terme <strong>de</strong> son analyse, l’IRSN estime que lesmétho<strong>de</strong>s précitées, qui privilégient <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>smatériels aux opérations <strong>de</strong> maintenance intrusivesprésentent <strong>de</strong> l’intérêt. Il estime en particulier que l’application <strong>de</strong> ces métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong>vraient perm<strong>et</strong>tre, danscertains cas <strong>de</strong> limiter les dégradations <strong>de</strong> matériels qui pourraient résulter <strong>de</strong>s démontages <strong>et</strong> <strong>de</strong> limiter les doses<strong>de</strong> rayonnement reçues par les intervenants lors <strong>de</strong> ces opérations. Par contre, ces métho<strong>de</strong>s in<strong>du</strong>isent un risquenouveau qui est celui <strong>de</strong> ne pas détecter <strong>de</strong>s défauts non prévisibles qui auraient pu être découverts par <strong>de</strong>sexamens plus approfondis lors <strong>de</strong>s démontages <strong>de</strong> matériels. Dans ces conditions, pour les matériels importantspour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> faisant l’obj<strong>et</strong> d’une telle maintenance, l’IRSN estime donc indispensable le maintien <strong>de</strong> visitescomplètes, à une périodicité adaptée ; EDF en a accepté ce principe.Rapport DSR N°316 58


3025201510503864112216229143121261565482112 2 2543913001044823121 1Un processus <strong>de</strong> capitalisation <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our d’expérience à compléterLes eff<strong>et</strong>s d’une évolution <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> maintenance <strong>sur</strong> <strong>la</strong> fiabilité <strong>de</strong>s équipements ne sont pas immédiats.Ils n’apparaissent généralement que quelques années plus tard, d’où <strong>la</strong> nécessité d’effectuer une analyse fine <strong>du</strong>comportement <strong>de</strong>s matériels <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée. Bien qu’EDF utilise <strong>de</strong>s outils visant à capitaliser le r<strong>et</strong>our d’expérience,l’IRSN n’est pas en me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> confirmer que leur efficacité est suffisante pour détecter <strong>de</strong>s signaux faiblesprécurseurs <strong>de</strong> défail<strong>la</strong>nces. En eff<strong>et</strong>, tant au p<strong>la</strong>n local qu’au p<strong>la</strong>n national, EDF n’a pas mis en p<strong>la</strong>ce d’outilspécifique perm<strong>et</strong>tant d’évaluer l’adéquation <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> maintenance réalisées. Les indicateursgénéralement utilisés (nombre d’évènements ou nombre d’indisponibilités <strong>de</strong> matériels importants pour <strong>la</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>…) n’apportent pas suffisamment d’informations pour pouvoir être exploités en termes <strong>de</strong> maintenance.L’IRSN a donc estimé indispensable qu’EDF complète son processus actuel par un ensemble d’indicateursperm<strong>et</strong>tant d’évaluer périodiquement l’efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> maintenance.Des programmes <strong>de</strong> maintenance qui peuvent être améliorésL’IRSN a spécifiquement analysé le r<strong>et</strong>our d’expérience pour un ensemble d’échantillons <strong>de</strong> matériels faisantl’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> différentes métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> maintenance (OMF ou non, maintenance conditionnelle, maintenance parmatériels témoins). L’IRSN a examiné plus <strong>de</strong> 20 000 évènementsparmi ceux enregistrés dans <strong>la</strong> base <strong>de</strong> données <strong>du</strong> Système EDFd’Analyse Par l’Historisation pour le R<strong>et</strong>our d’expérience (SAPHIR).Les questions résultant <strong>de</strong>s observations <strong>et</strong> <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> l’IRSNont con<strong>du</strong>it EDF à améliorer dans certains cas les programmes <strong>de</strong>maintenance, par exemple en augmentant <strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong> certainesvisites périodiques.6050403020100Révision <strong>de</strong> PBMPRévision <strong>de</strong> PBMPRévision <strong>de</strong> PBMPBi<strong>la</strong>n événements robin<strong>et</strong>terie OMF - circuit RIS 900Cumul <strong>de</strong>s événements robin<strong>et</strong>terie circuit EAS CPY (compl<strong>et</strong>) par repère fonctionnel1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005TRISLBGRADAMCRUCHBBLAValeurEDFEn complément <strong>de</strong>s évolutions <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s, <strong>la</strong> nouvelle politique<strong>de</strong> maintenance d’EDF nécessite <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> l'organisation<strong>du</strong> travail. Ceci a con<strong>du</strong>it l’IRSN à examiner le maintien <strong>de</strong>sEAS001VBEAS002VBEAS003VBEAS004VBEAS007VBEAS008VBEAS009VB,non_fonc t, bloc age, <strong>du</strong>r méc ac ouple servo12%Bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s événements robin<strong>et</strong>terie EAS CPY OMF, c<strong>la</strong>ssés par typeEAS010VBEAS011VBdéterioration, u<strong>sur</strong>e, rupture5%,AUTOELEC3116%EAS012VBEAS013VBEAS014VBEAS017VBDP ou AP8%EAS018VBEAS114VBindic ations4%EAS123VREAS125VRFDC126%EAS126VREAS131VB3%DTEAS133VBEAS134VBComman<strong>de</strong>manue le2%,non-c onformitéEAS141VREAS145VREAS146VREAS151VREAS152VREAS166VBEAS167VBEAS170VREAS175VBcompétences <strong>de</strong> maintenance ainsi que les modalités <strong>de</strong> contrôle <strong>et</strong><strong>de</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s opérations correspondantes.Un dispositif <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s compétences globalement robuste, montageTTLE0%Tarage0%Fuite23%,jeurég<strong>la</strong>ge21%EDF a fait évoluer sa politique in<strong>du</strong>strielle d’achat (en termes <strong>de</strong> matériels <strong>et</strong> <strong>de</strong> prestations) afin <strong>de</strong> bénéficierd’un « eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> volume » <strong>et</strong> <strong>de</strong> contribuer au maintien <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong>s prestataires. C<strong>et</strong>te politique con<strong>du</strong>it à<strong>de</strong> nouvelles re<strong>la</strong>tions entre EDF <strong>et</strong> ses prestataires <strong>et</strong> à une transformation <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> maintenance. Pouraccompagner ces changements, EDF comme ses sous-traitants ont dû faire évoluer <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> leurscompétences. En 2008, l’IRSN a examiné le dispositif <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s compétences en cours <strong>de</strong> déploiement dansles services <strong>de</strong> maintenance <strong>de</strong>s centrales d’EDF. Ce dispositif comprend un ensemble d’outils comme « lesprospectives métiers » <strong>et</strong> « les cartographies <strong>de</strong> compétences ». Les dispositions prises par EDF apparaissentglobalement robustes ; elles perm<strong>et</strong>tent à chaque centrale d’i<strong>de</strong>ntifier, par domaine d’activité, les compétencesdisponibles mais également <strong>de</strong> prévoir <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns <strong>de</strong> professionnalisation <strong>et</strong> <strong>de</strong> recrutement. EDF développeégalement <strong>de</strong>s démarches perm<strong>et</strong>tant l’évaluation <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong>s entreprises prestataires en préa<strong>la</strong>ble auxpassations <strong>de</strong> marché <strong>et</strong> à l’issue <strong>de</strong>s prestations. Parallèlement, EDF m<strong>et</strong> en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s partenariats avec lesentreprises prestataires afin <strong>de</strong> mieux structurer les <strong>parc</strong>ours <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> leur personnel. L’IRSN estime queRapport DSR N°316 59


dans leur principe ces initiatives sont positives, mais qu’une évaluation <strong>de</strong> leurs eff<strong>et</strong>s <strong>sur</strong> les systèmes <strong>de</strong> gestion<strong>de</strong>s compétences mis en p<strong>la</strong>ce par les entreprises prestataires doit être menée <strong>sur</strong> le terrain. Les inspectionscon<strong>du</strong>ites par l’ASN dans ces entreprises perm<strong>et</strong>tront d’apprécier <strong>la</strong> situation à moyen terme <strong>de</strong> l’externalisation<strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> maintenance.Les métiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation en pleine évolutionIntervention <strong>de</strong> maintenance<strong>sur</strong> ungroupe électrogène à moteur dieselDans le contexte <strong>du</strong> recours à <strong>la</strong> sous-traitance, <strong>la</strong> préparation <strong>de</strong>sinterventions <strong>de</strong> maintenance est un élément clé <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, <strong>et</strong>notamment lors <strong>de</strong>s arrêts pour maintenance <strong>de</strong>s réacteurs. Lapréparation perm<strong>et</strong> également d’établir les bases <strong>du</strong> programme<strong>de</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce à m<strong>et</strong>tre en œuvre en phase <strong>de</strong> réalisation. Or, lesévolutions <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> maintenance d’EDF s’accompagnentd’une mutation <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation qui se tra<strong>du</strong>it entreautres par un é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong>s compétences mises en œuvre.Ainsi, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s tâches techniques traditionnelles, lespréparateurs as<strong>sur</strong>ent désormais aussi <strong>de</strong>s missions relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong>gestion <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> (coordination <strong>de</strong> travaux, négociation avec lesprestataires <strong>et</strong>c.). Pour l’IRSN, EDF doit veiller à ce que, malgréles contraintes nouvelles auxquelles sont soumises les activité <strong>de</strong>spréparateurs, ceux-ci puissent exercer sereinement les tâchesnécessitant réflexion <strong>et</strong> allier un travail <strong>de</strong> fond aux sollicitationsen temps réel dont ils font l’obj<strong>et</strong>.Des ressources à <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong>s ambitions en matière <strong>de</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce ?La <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> maintenance sous-traitées, dont <strong>la</strong> majeure partie est réalisée <strong>sur</strong> le terrain,contribue à prévenir <strong>et</strong> détecter <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong>s prestataires. Toutefois, l’examen réalisé en 2008 par l’IRSN dansplusieurs centrales, a montré qu’EDF éprouve certaines difficultés à justifier que les effectifs affectés à <strong>la</strong><strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce sont suffisants pour réaliser les actions pré<strong>vue</strong>s. EDF a ainsi été amené à préciser l’organisation miseen p<strong>la</strong>ce pour as<strong>sur</strong>er <strong>la</strong> compatibilité entre les ressources affectées à <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>et</strong> le contenu technique <strong>de</strong>sprogrammes <strong>de</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce.Rapport DSR N°316 60


Le management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>dans un contexte <strong>de</strong> compétitivitéAu cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, le marché <strong>de</strong> l’électricité s’est progressivement ouvert à<strong>la</strong> concurrence. En prenant le statut <strong>de</strong> « société anonyme » <strong>et</strong> en <strong>de</strong>venant un acteurin<strong>du</strong>striel dans un marché concurrentiel, EDF se trouve désormais davantage confronté à<strong>la</strong> question <strong>de</strong> sa compétitivité. Optimiser les coûts <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction sans comprom<strong>et</strong>tre <strong>la</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions est un objectif affiché d’EDF.La recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétitivité rend nécessaire le renforcement <strong>du</strong> management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>Manager <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> c’est m<strong>et</strong>tre en p<strong>la</strong>ce <strong>et</strong> faire vivre dans le temps les dispositions techniques, organisationnelles<strong>et</strong> humaines qui perm<strong>et</strong>tent une maîtrise satisfaisante <strong>de</strong>s risques.L’accroissement <strong>de</strong>s pressions liées à <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction est une <strong>de</strong>s manifestations associées à <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong>recherche <strong>de</strong> compétitivité. S’il n’est pas contreba<strong>la</strong>ncé par <strong>de</strong>s dispositions managériales <strong>et</strong> organisationnellesdédiées au maintien d’un haut niveau <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, il peut con<strong>du</strong>ire à <strong>de</strong>s dérives propres à favoriser l’occurrenced’un acci<strong>de</strong>nt. La pression liée à <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction a été un <strong>de</strong>s facteurs à l’origine <strong>de</strong> L’acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> criticité <strong>de</strong> l’usine<strong>de</strong> Tokaï Mura (Japon - 1999), <strong>de</strong> <strong>la</strong> collision ferroviaire <strong>de</strong> Paddington (Gran<strong>de</strong> Br<strong>et</strong>agne - 1999), <strong>de</strong> <strong>la</strong> corrosion<strong>du</strong> couvercle <strong>de</strong> cuve à <strong>la</strong> centrale nucléaire <strong>de</strong> Davis Besse (États-Unis - 2002) ou <strong>de</strong> l’explosion en vol <strong>de</strong> <strong>la</strong>nav<strong>et</strong>te Columbia (États–Unis - 2003)Toutefois, l’évocation <strong>de</strong> ces acci<strong>de</strong>nts ne doit pas <strong>la</strong>isser penser qu’il existe une re<strong>la</strong>tion systématique <strong>et</strong>déterministe entre <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétitivité <strong>et</strong> une «catastrophe ». Si <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétitivitécomplique <strong>de</strong> manière certaine <strong>et</strong> évi<strong>de</strong>nte le management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, elle ne le rend pourtant pas impossible.Le système <strong>de</strong> management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> les leviers <strong>de</strong> compétitivité mis en œuvre par EDFEDF a fait évoluer progressivement son système <strong>de</strong> management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>du</strong> <strong>parc</strong> nucléaire. Initialementtourné vers <strong>de</strong>s dispositions relevant <strong>de</strong>s démarches « d’as<strong>sur</strong>ance <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité », EDF a ensuite développé <strong>de</strong>s« outils organisationnels » <strong>de</strong>stinés à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>et</strong> à <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s risques, puis a complété son dispositif enm<strong>et</strong>tant en œuvre les principes <strong>du</strong> « management par <strong>la</strong> qualité ». Renforçant les liens entre management <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> facteurs humains, EDF déploie <strong>de</strong>puis fin 2006 <strong>sur</strong> l’ensemble <strong>de</strong> ses sites <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> « performancehumaine » dont les eff<strong>et</strong>s sont, en 2008, encore difficilement appréciables. Ces pratiques comprennent <strong>de</strong>uxvol<strong>et</strong>s centrés respectivement <strong>sur</strong> les intervenants <strong>de</strong> premier niveau <strong>et</strong> <strong>sur</strong> leurs managers ; elles visent :• <strong>la</strong> fiabilisation <strong>de</strong>s interventions par <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> pratiques « standards » telles que le pré-jobbriefing, <strong>la</strong> minute d’arrêt, le recours à un contrôle spécifique (autocontrôle ou contrôle croisé), <strong>la</strong>communication sécurisée, le débriefing,Rapport DSR N°316 61


• l’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>s conditions réelles d’intervention par un renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong>présence <strong>de</strong>s managers <strong>sur</strong> le terrain.En complément, différents proj<strong>et</strong>s ont été <strong>la</strong>ncés par EDF au cours <strong>de</strong>s 10 <strong>de</strong>rnières années en <strong>vue</strong> <strong>de</strong> renforcercertains axes <strong>du</strong> management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> ; notamment <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s compétences, au suivi<strong>de</strong>s prestataires, à <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong>s risques d’incendie ou à <strong>la</strong> diminution <strong>du</strong> nombre d’arrêts automatiquesintempestifs <strong>de</strong>s réacteurs.Parallèlement <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong>stinées à augmenter <strong>la</strong> compétitivité ont été mises en p<strong>la</strong>ce par EDF. Les principalesconcernent l’optimisation <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> maintenance <strong>et</strong> <strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> maintenance, <strong>la</strong>ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s <strong>du</strong>rées <strong>de</strong>s arrêts périodiques <strong>de</strong>s réacteurs, l’allongement <strong>de</strong>s cycles perm<strong>et</strong>tant <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong>fréquence <strong>de</strong> rechargement <strong>du</strong> combustible, <strong>la</strong> rationalisation <strong>de</strong>s politiques d’achat <strong>de</strong> prestations <strong>et</strong> <strong>de</strong>spratiques <strong>de</strong> contractualisation, les démarches d’optimisation <strong>de</strong>s coûts <strong>et</strong> <strong>de</strong>s effectifs.A <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ASN, l’IRSN a évalué le système <strong>de</strong> management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> d’EDF entre octobre 2006 <strong>et</strong>octobre 2007. C<strong>et</strong>te évaluation a essentiellement reposé <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s entr<strong>et</strong>iens avec <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>riés d’EDF <strong>et</strong> <strong>de</strong>sobservations <strong>de</strong> situations <strong>de</strong> travail (près <strong>de</strong> 150 entr<strong>et</strong>iens <strong>et</strong> environ 70 <strong>de</strong>mi-journées d’observation dans lesentités nationales ainsi que dans 10 centrales).Le 24 avril 2008, l’IRSN a présenté ses conclusions au groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires.L’évaluation réalisée par l’IRSN a permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce plusieurs points forts <strong>du</strong> management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>mis en p<strong>la</strong>ce par EDF, mais aussi plusieurs points qui nécessitent vigi<strong>la</strong>nce.Les atouts <strong>du</strong> système <strong>de</strong> management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> d’EDFLe premier constat fait par l’IRSN est <strong>la</strong> réelle dynamique développée par EDF autour <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, tantau niveau national qu’au sein <strong>de</strong>s centrales nucléaires. La <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> est encadrée, pilotée, contrôlée, me<strong>sur</strong>ée,p<strong>la</strong>cée au cœur <strong>de</strong>s performances <strong>du</strong> <strong>parc</strong>, <strong>et</strong> ce dans différentes instances, à différents niveaux hiérarchiques <strong>et</strong>au plus près <strong>du</strong> terrain, par <strong>de</strong>s dispositifs formels ou informels. La dynamique managériale créatrice <strong>de</strong> ce« mouvement autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> » contribue à l’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> au développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> « culture <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> ».Un autre point fort rési<strong>de</strong> dans l’engagement personnel <strong>et</strong> collectif <strong>du</strong> personnel EDF <strong>sur</strong> les questions touchant à<strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s dispositifs techniques ou organisationnels mis en p<strong>la</strong>ce comme lignes <strong>de</strong> défense, <strong>la</strong> maîtrise<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>du</strong> <strong>parc</strong> nucléaire français passe in fine par les hommes <strong>et</strong> les femmes, sa<strong>la</strong>riés d’EDF ou prestataires,qui interviennent quotidiennement dans les instal<strong>la</strong>tions. Malgré l’expression <strong>de</strong> difficultés, <strong>de</strong> préoccupations,voire d’inquiétu<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong> <strong>la</strong>ssitu<strong>de</strong>, aucun <strong>de</strong>s propos recueillis par l’IRSN au cours <strong>de</strong> son évaluation ne révèle <strong>de</strong>l’indifférence à l’égard <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>. Tous se sentent au moins concernés par <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, <strong>la</strong> plupart sontimpliqués à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés divers dans son management.Par ailleurs, le système <strong>de</strong> contrôle est un maillon important <strong>du</strong> management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>. La structure« multicouches » <strong>du</strong> système <strong>de</strong> contrôle développé par EDF perm<strong>et</strong> à ce système <strong>de</strong> jouer son rôle dans <strong>la</strong>détection <strong>de</strong>s fragilités organisationnelles <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions.Rapport DSR N°316 62


Contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong>Direction NationaleEDFInterventionContrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong>DirectionNationale <strong>du</strong> ParcNucléaireContrôle InterneIndépendant(au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale)Le système <strong>de</strong> contrôles multicouches mis en p<strong>la</strong>ce par EDFContrôle hiérarchiqueindivi<strong>du</strong>el (managers)ou collectif (auto-évaluation)Contrôle en temps réel au niveau <strong>de</strong>s équipes(auto-contrôles, contrôles croisés)L’analyse réalisée par l’IRSN montre également les capacités d’EDF à s’organiser en « mo<strong>de</strong> proj<strong>et</strong> ». Ainsi,s’agissant <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong>s réacteurs pour les opérations <strong>de</strong> maintenance <strong>et</strong> <strong>de</strong> rechargement <strong>de</strong>combustible ou <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> l’appui technique national pour résoudre <strong>de</strong>s problèmes techniques, lefonctionnement en « mo<strong>de</strong> proj<strong>et</strong> » agit comme un outil <strong>de</strong> « décloisonnement » d’une gran<strong>de</strong> efficacité <strong>et</strong> perm<strong>et</strong><strong>de</strong> p<strong>la</strong>nifier <strong>et</strong> d’optimiser le travail dans les instal<strong>la</strong>tions.Enfin, <strong>la</strong> multiplicité <strong>de</strong>s regards, amenant une diversité <strong>de</strong> points <strong>de</strong> <strong>vue</strong> dans les processus <strong>de</strong> décision, est unfacteur <strong>de</strong> performance <strong>de</strong>s organisations <strong>de</strong> haute fiabilité. Les observations <strong>de</strong> l’IRSN m<strong>et</strong>tent en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>ssituations dans lesquelles <strong>la</strong> multiplicité <strong>de</strong>s regards est institutionnalisée <strong>et</strong> p<strong>la</strong>nifiée (réunions formellesrythmant l’arrêt <strong>de</strong> tranche, par exemple) ou s’organise en temps réel en tant que <strong>de</strong> besoin. C<strong>et</strong>tecaractéristique <strong>du</strong> fonctionnement <strong>de</strong>s organisations d’EDF favorise <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> recul perm<strong>et</strong>tant aux indivi<strong>du</strong>s <strong>de</strong>s’abstraire <strong>de</strong>s pressions <strong>du</strong> terrain dans lesquelles ils sont <strong>la</strong> plupart <strong>du</strong> temps plongés.Des suj<strong>et</strong>s nécessitent <strong>de</strong> <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce dans les années à venirL’évaluation <strong>de</strong> l’IRSN a également mis en évi<strong>de</strong>nce certaines vulnérabilités qui <strong>de</strong>vront faire l’obj<strong>et</strong> d’uneattention particulière dans les années à venir.La première <strong>de</strong> ces vulnérabilités est <strong>la</strong> complexité <strong>de</strong>s règles auxquelles sont subordonnées les activités <strong>de</strong>sintervenants dans les instal<strong>la</strong>tions. La question <strong>de</strong>s règles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s prescriptions techniques ou organisationnelles estapparue <strong>de</strong> manière récurrente, <strong>et</strong> souvent ressentie comme facteur <strong>de</strong> difficultés, lors <strong>de</strong>s différentesobservations réalisées par l’IRSN dans les centrales EDF. Les règles ont été conçues pour encadrer <strong>et</strong> faciliterl’exploitation d’un système technique complexe, mais leur sens est parfois per<strong>du</strong> <strong>et</strong> elles sont actuellementsuj<strong>et</strong>tes à <strong>de</strong>s interprétations ou à <strong>de</strong>s dérives bureaucratiques lors <strong>de</strong> leur utilisation. Elles sont difficilementmaîtrisables dans leur ensemble <strong>et</strong> consommatrices <strong>de</strong> ressources pour leur mise à jour. La multiplication <strong>de</strong>scontraintes <strong>et</strong> <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> performance toujours accrues con<strong>du</strong>isent à préciser <strong>de</strong> plus en plus finement leslimites <strong>de</strong> ce qui est autorisé <strong>et</strong> <strong>de</strong> ce qui est interdit. L’ensemble <strong>de</strong>s règles applicables au sein d’une centralenucléaire constitue un système tentacu<strong>la</strong>ire qui as<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> plus en plus difficilement sa fonction première <strong>de</strong> ligne<strong>de</strong> défense.Rapport DSR N°316 63


La dynamique managériale mentionné plus haut a cependant pour conséquence négative <strong>de</strong> multiplier lesdémarches, les dispositifs, les actions <strong>et</strong> les proj<strong>et</strong>s ; <strong>et</strong> d’in<strong>du</strong>ire un eff<strong>et</strong> d’accumu<strong>la</strong>tion pour les sa<strong>la</strong>riés. Bienque difficile à caractériser, c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> d’empilement cristallise nombre <strong>de</strong> frustrations <strong>sur</strong> le terrain (« je n’ai plusle temps <strong>de</strong> faire mon métier… »). De plus, le déploiement <strong>de</strong> ces démarches n’est que trop rarement précédéd’une analyse préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong>s conséquences in<strong>du</strong>ites alors que certaines d’entre elles ont un impact non négligeable<strong>sur</strong> l’organisation en p<strong>la</strong>ce (gestion <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> rechange, démarches d’optimisation <strong>de</strong>s coûts <strong>et</strong> <strong>de</strong>s effectifs).Leur accompagnement n’est pas toujours optimal <strong>et</strong> <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> travail liée à leur mise en p<strong>la</strong>ce n’est pastoujours anticipée. Les causes <strong>de</strong>s difficultés rencontrées au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mise en p<strong>la</strong>ce ne sont passuffisamment prises en compte.Aussi, le r<strong>et</strong>our d’expérience (REX) « organisationnel » (traitement <strong>de</strong>s dysfonctionnements ou écartsorganisationnels) apparaît problématique. C’est le cas notamment lors <strong>de</strong>s arrêts périodiques <strong>de</strong>s réacteurspendant lesquels <strong>la</strong> constitution <strong>du</strong> REX organisationnel « au fil <strong>de</strong> l’eau » semble mal s’accommo<strong>de</strong>r <strong>de</strong> <strong>la</strong>multiplicité <strong>de</strong>s activités. Certains dispositifs dédiés à l’analyse a posteriori <strong>de</strong> décisions délicates ont <strong>du</strong> mal àpro<strong>du</strong>ire les résultats escomptés. Par ailleurs, le personnel <strong>de</strong>s centrales a parfois fait état <strong>de</strong> difficultés pourtenir compte <strong>de</strong>s enseignements <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our d’expérience, compte tenu <strong>du</strong> fait que les <strong>de</strong>stinataires <strong>de</strong> cesenseignements ne sont pas toujours bien i<strong>de</strong>ntifiés.Concernant le contrôle hiérarchique <strong>et</strong> le contrôle exercé par « <strong>la</strong> filière indépendante <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> » au sein <strong>de</strong>scentrales nucléaires, il existe aussi <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> positionnement <strong>de</strong>s acteurs qui semblent bien i<strong>de</strong>ntifiées <strong>et</strong>prises en compte par EDF. Par ailleurs, l’analyse <strong>de</strong> l’IRSN caractérise c<strong>la</strong>irement <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> défail<strong>la</strong>nces<strong>de</strong>s contrôles internes. La légitimité d’action <strong>de</strong>s services <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>/qualité associée aux orientations fixées par <strong>la</strong>direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> centrale, <strong>la</strong> capacité collective d’auto-interrogation <strong>et</strong> <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s alertes, <strong>la</strong> compétence<strong>de</strong>s intervenants en matière d’analyse <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, apparaissent comme <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vulnérabilité. Les actionsengagées au niveau national <strong>sur</strong> ces suj<strong>et</strong>s témoignent <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> ces fragilités. L’efficacité <strong>de</strong>ces actions, trop récentes pour avoir été analysées, fera l’obj<strong>et</strong> d’une attention particulière <strong>de</strong> l’IRSN dans lesannées à venir.Un besoin <strong>de</strong> « respiration »L’amélioration continue recherchée ne doit pas in<strong>du</strong>ire un « mouvement perpétuel ». Celui-ci peut en eff<strong>et</strong> êtredéstabilisant pour les acteurs <strong>du</strong> terrain qui sont loin <strong>de</strong>s décisions à l’origine <strong>de</strong> ce mouvement <strong>et</strong> qui ont peud’éléments pour en comprendre les tenants <strong>et</strong> les aboutissants. Pour l’IRSN, le renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> robustesse <strong>du</strong>système <strong>de</strong> management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> d’EDF nécessite l’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> « temps <strong>de</strong> respiration » ; ceux-ci<strong>de</strong>vraient être mis à profit pour renforcer les lignes <strong>de</strong> défense organisationnelles qui auraient été affaiblies <strong>et</strong>c<strong>la</strong>rifier <strong>la</strong> manière dont les exigences <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> compétitivité doivent être conjointement gérées. La force<strong>du</strong> système <strong>de</strong> management <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> d’EDF est qu’il est porté, <strong>sur</strong> le terrain, par <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmesqui sont capables <strong>de</strong> comprendre, d’innover, voire <strong>de</strong> s’opposer à certaines décisions. Pour l’IRSN, c<strong>et</strong>te force doitêtre entr<strong>et</strong>enue.Rapport DSR N°316 64


Modifications <strong>de</strong>s logiciels <strong>du</strong> système<strong>de</strong> protection <strong>du</strong> réacteurLes changements <strong>de</strong> gestion <strong>du</strong> combustible <strong>et</strong> les évolutions <strong>de</strong>stinées à améliorer <strong>la</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> nécessitent <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong>s logiciels <strong>du</strong> système <strong>de</strong> protection <strong>du</strong> réacteur.Comme toute modification d’un matériel ou d’un logiciel participant à une fonction <strong>de</strong><strong>sûr<strong>et</strong>é</strong>, ces modifications font l’obj<strong>et</strong> d’une autorisation par l’Autorité <strong>de</strong> Sûr<strong>et</strong>éNucléaire. Compte tenu <strong>du</strong> nombre important <strong>de</strong> celles-ci <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur complexité, l’IRSN adéveloppé une métho<strong>de</strong> d’évaluation <strong>de</strong>s logiciels <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> critiques « temps réels »(à temps <strong>de</strong> réponse garanti), utilisant directement les résultats qu’il a acquis par sespropres recherches <strong>et</strong> développements.Rôle <strong>du</strong> système <strong>de</strong> protection <strong>du</strong> réacteurEn cas <strong>de</strong> détection d’un évènement anormal, tel qu’une augmentation excessive <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>du</strong> réacteur,les systèmes <strong>de</strong> protection <strong>et</strong> <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> activent <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> pilotage automatique afin <strong>de</strong> maintenirl’instal<strong>la</strong>tion dans un état sûr en évitant aux opérateurs <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir agir sans temps <strong>de</strong> réflexion.Pour les réacteurs français à eau sous pression <strong>de</strong> 1300 MWe <strong>et</strong><strong>de</strong> 1450 MWe, les fonctions <strong>de</strong> protection <strong>et</strong> <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> sontas<strong>sur</strong>ées par le Système <strong>de</strong> Protection Intégré Numérique(SPIN). Ce dispositif comporte 3 étages (voir le schéma cicontre)Le SPIN <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 1300 MWe contient <strong>de</strong>s logiciels dansles étages 2 <strong>et</strong> 3 <strong>et</strong> celui <strong>du</strong> 1450 MWe dans les 3 étages.La logique d’un système <strong>de</strong> protection est en fait constituée <strong>de</strong>nombreux logiciels imp<strong>la</strong>ntés <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s cartes électroniques ayantchacune un rôle bien défini. Certains <strong>sur</strong>veillent les paramètres<strong>du</strong> réacteur, comme par exemple <strong>la</strong> température, <strong>la</strong> pressionou le niveau <strong>de</strong> flux neutronique, d’autres réalisent <strong>de</strong>séchanges <strong>de</strong> données <strong>sur</strong> les réseaux reliant les cartes entreelles. Le système <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 1300 MWecomporte une quarantaine <strong>de</strong> cartes <strong>et</strong> celui <strong>de</strong>s réacteurs plusrécents <strong>de</strong> 1450 MWe, environ une centaine.Les 3 étages <strong>du</strong> Système <strong>de</strong> Protection Intégré Numérique équipant lesréacteurs <strong>de</strong> 1300 MWe (SPIN 1300) <strong>et</strong> les réacteurs 1450 MWe (SPINN4). Plusieurs centaines <strong>de</strong> capteurs <strong>et</strong> d’actionneurs sont reliés auSPIN.- Le premier étage collecte les informations fournies par les capteurs<strong>de</strong> me<strong>sur</strong>e (pression, température…) ; il est alimenté par <strong>de</strong>s fils noirs<strong>sur</strong> le schéma- Le <strong>de</strong>uxième calcule <strong>et</strong> compare les résultats aux limites <strong>de</strong>fonctionnement pré<strong>vue</strong>s- Le troisième gère les résultats <strong>de</strong> ces comparaisons <strong>et</strong> déci<strong>de</strong> s’il y alieu d’arrêter le réacteur <strong>et</strong>/ou d’activer <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> ;il transm<strong>et</strong> les ordres par <strong>de</strong>s fils rouges <strong>sur</strong> le schémaRapport DSR N°316 65


EDF modifie les logiciels <strong>de</strong> ses systèmes <strong>de</strong> protectionEn 2008, l’IRSN a terminé l’analyse <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> concernant quatre modifications qui seront imp<strong>la</strong>ntées par EDF dansles prochaines années. Ces modifications portent <strong>sur</strong> les logiciels <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong>1300 MWe <strong>et</strong> <strong>de</strong> 1450 MWe ainsi que <strong>sur</strong> le logiciel d’un système chargé <strong>de</strong> <strong>sur</strong>veiller <strong>la</strong> marge par rapport aurisque d’ébullition dans <strong>la</strong> cuve <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 900 MWe <strong>et</strong> <strong>de</strong> 1450 MWe en situation post-acci<strong>de</strong>ntelle.1/ Modification d’une documentation volumineuseLa documentation <strong>du</strong> logiciel d’un système <strong>de</strong> protectioncomporte plusieurs centaines <strong>de</strong> documents re<strong>la</strong>tifs à :- <strong>la</strong> spécification (que veut-on faire ?),- <strong>la</strong> conception (comment le faire ?),- les tests (est-ce que ce<strong>la</strong> marche ?).Pour le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> modification <strong>du</strong> SPIN 1300, l’IRSN a examinéenviron 70 documents soit 4 000 pages spécifiques au logiciel.Extrait <strong>de</strong> <strong>la</strong> spécification <strong>du</strong> logiciel dénomméUF5 <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 1300 MWe: <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong>pression dans l’enceinte est désormais filtrée2/ Modification <strong>de</strong> nombreux fichiers informatiquesLe logiciel proprement dit est constitué <strong>de</strong> fichiers contenant lesprogrammes sources écrits dans un <strong>la</strong>ngage informatique. Parmile millier <strong>de</strong> fichiers <strong>du</strong> logiciel <strong>du</strong> système <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>sréacteurs <strong>de</strong> 1300 MWe, 300 ont été modifiés par l’exploitant <strong>et</strong>ces modifications ont été analysées par l’IRSN. Les fichiers sontFichiers version 4Fichiers version 5plus nombreux pour les réacteurs 1450 MWe.3/ Modification <strong>de</strong>s testsSi quelques tests peuvent être suffisants pour vérifier <strong>la</strong> qualitéd’une modification mineure, une campagne <strong>de</strong> plusieurscentaines <strong>de</strong> tests, nécessairement réalisée par le concepteur,est souvent nécessaire dans le cas d’une évolution significative<strong>du</strong> logiciel. C<strong>et</strong>te campagne <strong>de</strong> tests est un élément important<strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> <strong>et</strong> se décline suivant « une stratégie <strong>de</strong>test ». Les tests couvrent tous les niveaux <strong>du</strong> développement,<strong>de</strong>s tests unitaires <strong>de</strong> chaque fonction aux essais <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tioncomplète. Ces <strong>de</strong>rniers doivent vérifier que les modificationssont bien réalisées <strong>et</strong> que les parties non modifiées fonctionnenttoujours correctement.Extrait <strong>du</strong> fichier PENC5.SPN chargé <strong>de</strong> traiter <strong>la</strong>pression dansenceinte: l’ancienne me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong>pression <strong>de</strong> l’enceinte PEN (lignes en rouge) estremp<strong>la</strong>cée par PENS filtrée (lignes en jaune)Extrait <strong>de</strong>s tests réalisés <strong>sur</strong> le logiciel UF5:vérification <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> pressionfiltrée dans l’enceinte PENSRapport DSR N°316 66


Imp<strong>la</strong>ntation d’un composant mémoire modifié.Les programmes sources comportent <strong>de</strong> nombreuses lignes <strong>de</strong> programme, <strong>de</strong> 40 000 pour les premièresinstal<strong>la</strong>tions informatisées à 400 000 pour les <strong>de</strong>rnières. Ces programmes sources sont transformés pour pouvoirêtre lus par le calcu<strong>la</strong>teur (programmes exécutables) ; pour ce<strong>la</strong>, ils sont écrits sous <strong>la</strong> forme d’une succession <strong>de</strong>1 <strong>et</strong> <strong>de</strong> 0 <strong>et</strong> stockés dans <strong>de</strong>s mémoires. La modification <strong>du</strong> logiciel dans l’instal<strong>la</strong>tion correspond auremp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> mémoires. En 2009, 80 % <strong>de</strong>s logiciels <strong>du</strong> système <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s réacteurs <strong>de</strong> 1300 MWeseront modifiés.Démarche d’analyse <strong>de</strong> l’IRSNLe développement <strong>de</strong> logiciels (dits critiques) dans le nucléairedoit respecter entre autres les exigences <strong>de</strong> <strong>la</strong> RègleFondamentale <strong>de</strong> Sûr<strong>et</strong>é (RFS) re<strong>la</strong>tive aux logiciels ainsi queles normes internationales <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission ÉlectrotechniqueInternationale (CEI). L’IRSN participe aux travaux quicon<strong>du</strong>isent à l’établissement <strong>de</strong> telles règles <strong>et</strong> normes.L’évaluation d’un logiciel par l’IRSN comporte l’examen <strong>de</strong>documents, en commençant par le P<strong>la</strong>n Qualité <strong>et</strong> l’analysed’impact qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> suivre le processus <strong>de</strong>développement, puis l’examen <strong>du</strong> programme source <strong>et</strong> <strong>de</strong>programmes exécutables (fichiers informatiques) <strong>et</strong>, enfin <strong>la</strong>réalisation <strong>de</strong> tests. L’IRSN m<strong>et</strong> en œuvre une démarche fondée<strong>sur</strong> un ensemble <strong>de</strong> moyens <strong>et</strong> <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s lui perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong>réaliser une re<strong>vue</strong> <strong>de</strong> ces trois aspects, en sélectionnant lessuj<strong>et</strong>s pour lesquels les modifications ont <strong>de</strong>s conséquencessignificatives pour <strong>la</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> (analyse dite parImp<strong>la</strong>ntation d’un composant mémoireCycle <strong>de</strong> développement d’un logiciel <strong>de</strong> système<strong>de</strong> protection :- Spécification = ce que le logiciel doit faire : il fautarrêter les pompes si <strong>la</strong> pression enceinte augmente- Conception = comment le logiciel le fait : lesfonctions amenant à l’ « arrêt <strong>de</strong>s pompes » sontmodifiées- Programmation : les fichiers informatiques « gestion<strong>de</strong>s pompes » <strong>et</strong> « me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression enceinte »sont modifiés- Tests unitaires = tests <strong>de</strong> <strong>la</strong> programmation :réalisés par fichier- Tests d’intégration = tests <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception :réalisés par groupes <strong>de</strong> fichiers- Tests <strong>de</strong> validation = tests <strong>de</strong> <strong>la</strong> spécification :réalisés <strong>sur</strong> le logiciel entierSpécificationValidationConceptionIntégrationProgrammation Tests unitaires« échantillonnage »).1 : L’IRSN examine d’abord l’ensemble <strong>de</strong>s documents pour comprendre comment fonctionne l’organisation miseen p<strong>la</strong>ce pour réaliser <strong>la</strong> modification. Il en examine <strong>la</strong> complétu<strong>de</strong> (c’est-à-dire sa capacité <strong>de</strong> couvrir tous lesaspects <strong>et</strong> toutes les phases <strong>de</strong> <strong>la</strong> modification), <strong>la</strong> cohérence<strong>et</strong> évalue les métho<strong>de</strong>s employées (par exemple :l’indépendance <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> développement <strong>et</strong> <strong>de</strong>vérification). L’IRSN s’as<strong>sur</strong>e que <strong>la</strong> documentation décrit sansambiguïté ce que <strong>de</strong>vra faire le logiciel (analyse <strong>de</strong>sspécifications) <strong>et</strong>comment il le fera (analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong>conception). L’IRSN examine comment les documents <strong>de</strong>chaque étape (voir le schéma ci-contre) sont impactés, chaquepoint <strong>de</strong> modification doit se décliner <strong>de</strong> <strong>la</strong> spécification auxtests <strong>de</strong> validation.Extrait <strong>du</strong> graphe d’appel <strong>de</strong>s fonctions <strong>du</strong> SPIN N4 obtenu aumoyen <strong>de</strong> l’outil QACLa fonction modifiée (en rouge) appelle 4 fonctions qui doiventtoujours fonctionner correctement après <strong>la</strong> modification.L’analyse statique réalisée ici exploite le contenu <strong>de</strong>s fichiersi f i d l i i lRapport DSR N°316 67


2 : L’IRSN examine les programmes sources. Il s’agit ici <strong>de</strong> vérifier <strong>la</strong> bonne « fabrication » <strong>du</strong> logiciel : application<strong>de</strong> règles <strong>de</strong> programmation jugées pertinentes, utilisation adéquate <strong>de</strong>s données traitées, pertinence <strong>de</strong>scommentaires traçant les modifications dans les fichiers. L’IRSN vérifie que <strong>la</strong> programmation est cohérente avecles documents <strong>de</strong> spécification <strong>et</strong> <strong>de</strong> conception (noms <strong>de</strong>s données <strong>et</strong> <strong>de</strong>s fonctions, calculs…). A c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, l’IRSNutilise <strong>de</strong>s outils informatiques qu’il a développés en col<strong>la</strong>boration avec <strong>de</strong>s services spécialisés <strong>du</strong> Commissariat àl’Energie Atomique.3 : Le <strong>de</strong>rnier examen <strong>de</strong> l’IRSN porte <strong>sur</strong> les tests <strong>et</strong> leur « couverture » (testent-ils toutes les modifications ?). Lefonctionnement <strong>du</strong> logiciel est-il bien celui atten<strong>du</strong> ? L’IRSN vérifie que les informations générées par le logicielprésentent un état déterminé y compris pour tout évènement susceptible <strong>de</strong> <strong>sur</strong>venir (panne, valeur <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>eaberrante ou dégradée …). L’IRSN examine également le rôle <strong>et</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s outils matériels <strong>et</strong> informatiquesutilisés par les équipes <strong>de</strong> développement <strong>et</strong> <strong>de</strong> test.Rapport DSR N°316 68


Définitions <strong>et</strong> abréviationsASN : Autorité <strong>de</strong> <strong>sûr<strong>et</strong>é</strong> nucléaire.BAN : Bâtiment <strong>de</strong>s auxiliaires nucléairesBecquerel : (Bq) Unité <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>e, légale <strong>et</strong> internationale, utilisée pour <strong>la</strong> radioactivité. Un Becquerel est égal àune désintégration par secon<strong>de</strong>.Bore : Le bore est un élément chimique <strong>de</strong> symbole B <strong>et</strong> <strong>de</strong> numéro atomique 5. Il a <strong>la</strong> propriété d’absorber lesneutrons, ce qui perm<strong>et</strong> <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction en chaîne.ASG : Système <strong>de</strong> secours <strong>de</strong> l’alimentation en eau <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> vapeur. Ce système a pour rôlel’alimentation en eau <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> vapeur (GV) toutes les fois où elle est impossible à réaliser par le posted’eau. C’est un circuit <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> qui, lors d’acci<strong>de</strong>nts ou d’inci<strong>de</strong>nts entraînant l’indisponibilité <strong>de</strong>l’alimentation normale <strong>de</strong>s GV (ARE), as<strong>sur</strong>e l’alimentation en eau <strong>de</strong> ceux-ci, perm<strong>et</strong>tant ainsi l’évacuation <strong>de</strong> <strong>la</strong>puissance rési<strong>du</strong>elle.différence axiale <strong>de</strong> puissance : Différence entre <strong>la</strong> puissance dans le haut <strong>du</strong> cœur <strong>et</strong> <strong>la</strong> puissance dans le bas <strong>du</strong>cœur rapportée à <strong>la</strong> puissance moyenne <strong>du</strong> cœurDVH : Système <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> local <strong>de</strong>s pompes d’injection <strong>de</strong> sécurité à haute pressionDVN : Système <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> bâtiment <strong>de</strong>s auxiliaires nucléairesEAS : Système (<strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>) d’aspersion dans le bâtiment abritant le réacteur.INES : International Nuclear Event Scale, échelle internationale <strong>de</strong>s événements nucléaires à but médiatique.MWe : Le mégawatt électrique est l’unité utilisée pour <strong>la</strong> puissance fournie au réseau électrique par une centralenucléaire.RCV : Système <strong>de</strong> contrôle chimique <strong>et</strong> volumétrique (<strong>du</strong> circuit primaire).Réaction en chaîne : Dans le domaine <strong>du</strong> nucléaire, une réaction en chaîne se pro<strong>du</strong>it lorsqu'un neutron cause <strong>la</strong>fission d'un atome fissile pro<strong>du</strong>isant un nombre <strong>de</strong> neutrons supérieur ou égal à 1, qui à leur tour causent d'autresfissions.REP : Réacteur à eau sous pression.Réservoir PTR : Réservoir d’eau borée <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> capacité qui alimente notamment les circuits d’injection <strong>de</strong>sécurité (RIS) <strong>et</strong> d’aspersion dans l’enceinte (EAS) en cas d’acci<strong>de</strong>nt.RIS : Système d’injection <strong>de</strong> sécurité d’eau borée dans le cœur.RRI : Système <strong>de</strong> réfrigération intermédiaireSalle <strong>de</strong>s machines : bâtiment abritant le turbo-alternateur qui pro<strong>du</strong>it l’électricitéSievert : Unité légale d'équivalent <strong>de</strong> dose (ou dose efficace) qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> l'eff<strong>et</strong> biologiquepro<strong>du</strong>it par une dose absorbée donnée <strong>sur</strong> un organisme vivant. L'équivalent <strong>de</strong> dose n'est pas une quantitéphysique me<strong>sur</strong>able ; elle est obtenue par le calcul. Elle dépend <strong>de</strong> l'énergie transmise aux tissus, <strong>du</strong> type <strong>de</strong>rayonnement <strong>et</strong> <strong>du</strong> tissu traversé.SEC : Système d’alimentation en eau brute secourue (as<strong>sur</strong>e le refroidissement <strong>de</strong> l’eau <strong>du</strong> système RRI)Taux <strong>de</strong> combustion : rapport exprimant le nombre <strong>de</strong> noyaux fissiles ayant subi une fission <strong>sur</strong> le nombre initial <strong>de</strong>ces noyaux.TEG : Système <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s effluents gazeux ; il recueille les effluents gazeux provenant <strong>du</strong> circuit primaire.VD3 : 3ème visite décennale d’un réacteur nucléaire.Rapport DSR N°316 69


Crédit photoPage 4 : photo EDF – médiathèque 2008Pages 26 <strong>et</strong> 27 : 2 photos EDF-CNPE <strong>de</strong> FessenheimPages 37, 38, 39 : 5 photos, EDF-CNPE <strong>de</strong> F<strong>la</strong>manvillePages 44 <strong>et</strong> 46 : 2 photos AREVAPages 45 <strong>et</strong> 46 : 2 photos EDFPage 52 : Photo EDF-CNPE Cruas-MeyssePage 57 : 2 photos EDFPage 60 : photo EDFpage 2, 5, 7, 9, 11, 14, 15, 19, 22, 25, 30, 31, 34, 42, 49, 52, 59, 63, 65, 66 : illustration IRSNRapport DSR N°316 70

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!