Le sens de l'image - tolle, lege

12 Le MondeDimanche 10 - Lundi 11 août 2008MERCREDI 13 AOÛTFILMS DU JOURPar Jean-François Raugera On peut voiraaA ne pas manqueraaaChef-d’œuvre ou classiqueLE VOILE DES ILLUSIONS20.50 Canal+Première diffusionJohn Curran(EU, 2006, v.m., 121 min).Avec Edward Norton, NaomiWatts, Liev Schreiber.Dans les années 1920, unmédecin et sa femme partenten Chine pour purgerune crise conjugale. Ilsse retrouvent face à uneépidémie de choléra. Adaptationraide d’un romande Somerset Maugham.« Terra sonambula »,de Teresa Prata.DOMINIQUE GENTIL/FILMES FUNDOTERRA SONAMBULA22.45 ArteTeresa Prata(Port.-Moz., 2007, v.o.,95 min). Avec Nick LauroTeresa, Aladino Jasse,Ilda Gondzales.Muidinga, 12 ans, recherchesa famille en pleine guerrecivile au Mozambique.Inédit en salles.MON PÈREEST INGENIEUR aa23.40 France 3Robert Guédiguian(Fr., 2004, 105 min). AvecAriane Ascaride, Jean-PierreDarroussin, Gérard Meylan.Un homme interroge le passéd’une femme qui l’aaimé et qui s’est enferméedans le mutisme. Uneréflexion sur l’engagementet la dissolution du temps.Jean-Pierre Darroussinet Ariane Ascaride dans« Mon père est ingenieur ».LES ARCHIVES DU 7 e ARTa Du lundi au vendredi 16.45 FRANCE CULTUREMythographiesRADIOQu’y a-t-il de communentre l’aspirateur sans sac,la tente Quechua, le GPS,Che Guevara ou le Botox ?Ce sont tous des « mythes »de nos sociétés modernes,que les écrivains DominiqueQuessada et Camillede Toledo (deux auteursdes éditions Verticales)s’emploient à décrypterdans l’émission estivale« Mythographies ».« Les objets nous parlent,ils nous fabriquent autantque nous les fabriquons »,déclarent les producteursde la série déclinée dulundi au vendredi, depuisle 21 juillet et jusqu’au22 août, au fil de vingtcinqépisodes de quinzeminutes.Cinquante ans après lapublication des Mythologiesde Roland Barthes, lesmythes n’ont rien perdude leur importance.L’auteur décrivait alors laFrance des années 1950,a 21.00 ARTEParis sera-t-ildétruit ?DOCUMENTAIREMichael Busse et Maria-Rosa Bobbi (Fr., 2004).Pour Hitler, Paris était le symbolevictorieux de l’occupation allemandeen France, et il était dommagede le détruire. Mais enfin, s’il n’yavait pas le choix, il faudrait bienenvisager pareille extrémité. Lorsquele Führer lui confia le commandementde la capitale française,dans les premiers jours du moisd’août 1944, le général Dietrichvon Choltitz (évoqué dans le filmde René Clément, Paris brûle-t-il ?)sentit qu’il avait affaire à un démentqui ne reculerait devant rien. Defait, le 23 août, Hitler lui ordonnerade torpiller Paris, alors que lesAlliés sont aux portes de la capitale.Mais von Choltitz ne se résout pas àun tel acte.Il faut dire que le vent a tourné,et que von Choltitz a déjà été misen garde par un diplomate suédois,Raoul Nordling : la déroute allemandeétant désormais irréversible, s’ilen passant en revue la politique,l’économie etla culture populaire. Unmythe en chassant unautre, Roland Barthess’arrêterait peut-être surles mêmes objets queDominique Quessada etCamille de Toledo pourbrosser le tableau de lasociété du XXI e siècle. Eneffet, si les détergents, lanouvelle Citroën et lecatch sont passés demode, ils sont désormaisremplacés par le coach, leWi-Fi ou les journaux gratuits.Barthes analysait lasociété de consommationnaissante ; place aujourd’huià l’ère technologiqueet la société des loisirs.Ces mythes sont décortiquéspar le biais del’histoire et de la philosophie.De Sartre à Finkielkraut,de Hegel àBoltanski, la philosophiepermet d’appréhenderles objets en leur donnantune perspectivecontemporaine. La tenteprend la responsabilité de détruireParis, c’est le tribunal militaire assuré.Le commandant de Paris a dûentendre le bon sens de ces parolesrésonner en lui, d’autant que legénéral Leclerc en personne luienvoie un télex pour le prévenir ques’il bombarde les ponts de la capitale,aux mains de la Résistance, ilsera traité dans l’avenir comme uncriminel de guerre. Von Choltitz apeur. Seule l’entrée des Alliés dansla capitale peut l’empêcher d’exécuterune telle décision.Le 24 août, aux alentours de21 heures, les Alliés seront devantPendant l’hiver 2006-2007, la tente Quechua distribuéeaux sans-abri est passée du symbole des voyages et del’aventure à celui de la lutte politique des SDF. AFP23 août 1944, dans leur quartier général installé àl’hôtel Meurice, les Allemands ont reçu l’ordre d’Hitlerde torpiller Paris… (reconstitution) MVH-ARTDESIGN/BARUMQuechua, distribuée pendantl’hiver 2006-2007aux sans-abri à l’initiativede l’association LesEnfants de Don Quichotte,a changé de signification,passant du domainedu voyage et de l’aventureau symbole de la luttepolitique pour les personnessans domicile fixe.Sons d’ordinateur,bruits d’aspirateur, la bandemusicale qui sous-tendla série ajoute une dimensionvivante aux explicationsphilosophiques. Eteffectivement, les objetsnous « parlent » puisquele mot de la fin est toujourslaissé aux… mythes.« 18 millions de tee-shirts,120 millions de posters,[…]et toujours rien de changé», constate ainsi « CheGuevara » par la voixd’Alice Carel, dans le chapitreintitulé « Depuis mamort » de l’émissionconsacrée au mythiqueguérillero.Laurence GalloisNotre-Dame. Le25, Dietrich vonCholtitz signe lacapitulation. Faitprisonnier, iléchappera néanmoinsau tribunalde Nuremberg,écrivant plus tarddans ses Mémoiresavoir sauvéParis « par convictionmorale et éthique»…Auteurs deParis sera-t-ildétruit ? (déjà programméen2004), MichaelBusse et Maria-Rosa Bobbi nesemblent guère convaincus parcette thèse, et c’est une tout autrehistoire qu’ils racontent dans leurfilm. A l’aide d’archives, d’interviews– notamment un entretienavec le colonel Henri Rol-Tanguy,libérateur de la capitale avec legénéral Leclerc – et de reconstitutionsparfois un peu maladroites,ils retracent les seize derniersjours qui ont précédé la libérationde Paris, seize jours pendant lesquelsle destin de la capitale n’atenu qu’à un fil.Lo. R.