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Le sens de l'image - tolle, lege

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2 <strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong>Dimanche 10 - Lundi 11 août 2008SÉRIES D’ÉTÉ<strong>Le</strong>s métiers <strong>de</strong> la fiction (5)Maîtred’œuvreDirecteur <strong>de</strong> la photographie. Gérard <strong>de</strong> Battistase considère comme un « chef <strong>de</strong> chantier »au service du réalisateur. C’est lui qui définitles réglages et les mouvements <strong>de</strong> la caméra,coordonne le travail du cadreur, <strong>de</strong> l’éclairagisteet <strong>de</strong>s autres techniciens ou machinistesQUI est-ce ? <strong>Le</strong>s témoinsd’un tournage,curieux ou figurants,posent souventla question. Ilsont vite i<strong>de</strong>ntifié leréalisateur et son premierassistant, qui sefont entendre et immanquablementremarquer. Mais qui estdonc cet homme (ou cettefemme), l’œil souvent rivé à la caméra,pas toujours, dont le rôle, àpremière vue indéfinissable, revêtmanifestement une gran<strong>de</strong> importanceau regard du réalisateurcomme <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s techniciens? Bien qu’inscrit en trèsbonne place au générique, le directeur<strong>de</strong> la photographie, ou chefopérateur, « chef op’» pour les intimes,est souvent quelqu’un <strong>de</strong>discret.Comme Gérard <strong>de</strong> Battista, parexemple. « Je suis entré dans le métierpar la fenêtre », raconte ce <strong>de</strong>rnier,qui, ne se voyant pas exemplaire,précise d’emblée qu’il n’apas fait l’IDHEC, <strong>de</strong>venu la Fémis,l’école du cinéma et <strong>de</strong>l’audiovisuel. Autodidacte ? Oui,mais fort précoce ! Aujourd’huisexagénaire, notre homme est, enquelque sorte, entré dans la carrièreà l’âge <strong>de</strong> 11 ans. Arméd’une petite caméra d’amateur, iltourne alors <strong>de</strong> très courts métragesavec un camara<strong>de</strong> <strong>de</strong> classe<strong>de</strong> cinquième, un certain SergeMoati, qui sera bien plus tard, àla télévision, le « bon-à-toutfaire» que l’on sait : producteur,réalisateur et animateur. « Sergeécrivait, moi je filmais, et nous ymettions tout notre sérieux », raconte,amusé, Gérard <strong>de</strong> Battista.A la fin <strong>de</strong>s années 1960, les<strong>de</strong>ux compères se retrouvent enAfrique, où ils réalisent <strong>de</strong>s documentairessur <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong>développement, pour le comptedu ministère <strong>de</strong> la coopération.Là-bas, ils font une rencontre majeure,celle <strong>de</strong> Jean Rouch, le cinéasteethnologue qui a inspiréla Nouvelle Vague. Ce maître recomman<strong>de</strong>Gérard <strong>de</strong> Battista àFrançois Reichenbach. S’ensuivraune collaboration <strong>de</strong> quinzeans. Mais le jeune cadreur – ouopérateur (vulgairement appelécameraman) –, avant que d’être« chef op’», travaille aussi avecd’autres documentaristes <strong>de</strong> renom,tels Chris Marker etWilliam Klein. Nombre <strong>de</strong> ses collèguesqui ont « fait l’école » peuventenvier à Gérard <strong>de</strong> Battistapareille formation sur le tas.<strong>Le</strong> premier long métrage <strong>de</strong> fictionauquel il travaille, en 1978,est <strong>Le</strong> Soleil en face, <strong>de</strong> PierreKast, avec Jean-Pierre Cassel, entièrementtourné avec une caméraà l’épaule, façon reportageou documentaire, exercice« Un directeur <strong>de</strong> la photodoit être dirigé un peucomme un acteur. »auquel, évi<strong>de</strong>mment, il est déjàrompu. A ce propos, Gérard <strong>de</strong>Battista se livre à une <strong>de</strong> ces misesau point dont il a le secret :« Il faut arrêter <strong>de</strong> faire tout unplat avec cette manière <strong>de</strong> tourner ;pour une scène <strong>de</strong> La Bête humaine,Renoir l’avait utilisée dès1937 et Duvivier dans La Ban<strong>de</strong>raencore avant… » Incollable surl’histoire <strong>de</strong> son métier, cethomme, qui a une centaine <strong>de</strong>films <strong>de</strong> cinéma et <strong>de</strong> télévision àson actif (documentaires compris,et sans compter quelquePour Gérard <strong>de</strong> Battista (au premier plan sur la photo), le directeur<strong>de</strong> la photographie « est celui qui dirige la fabrication <strong>de</strong> l’imageet <strong>de</strong> la lumière, <strong>de</strong> la première rencontre avec le metteur en scène,longtemps avant le tournage, jusqu’à l’étalonnage et parfois jusqu’àla vérification <strong>de</strong>s copies envoyées dans les salles ». RUDY WAKStrois cents films publicitaires),cultive la mo<strong>de</strong>stie <strong>de</strong> ceux quisont sûrs <strong>de</strong> leur savoir, <strong>de</strong> leursavoir-faire.C’est ainsi, sans la moindre insistance,qu’il explique toutel’étendue <strong>de</strong> sa fonction. « <strong>Le</strong> directeur<strong>de</strong> la photo, dit-il, est celuiqui dirige la fabrication <strong>de</strong> l’imageet <strong>de</strong> la lumière, <strong>de</strong> la première rencontreavec le metteur en scène,longtemps avant le tournage, jusqu’àl’étalonnage [l’unification <strong>de</strong>la lumière et du rendu photographique<strong>de</strong>s différents élémentsdu film], et parfois jusqu’à la vérification<strong>de</strong>s copies envoyées dansles salles. » En amont du tournage,après les discussions initialesavec le réalisateur, au vu duscénario, le chef op’ participe auxrepérages, au choix <strong>de</strong>s décors et<strong>de</strong>s costumes, peut intervenir surle découpage et sur le plan <strong>de</strong> travail.Sur le plateau, Gérard <strong>de</strong>Battista considère qu’il est un« chef <strong>de</strong> chantier » qui non seulementdéfinit les réglages et mouvements<strong>de</strong> la caméra, mais encorecoordonne le travail du (ou<strong>de</strong>s) cadreur (s), <strong>de</strong> l’éclairagisteet autres techniciens ou machinistes,en veillant, à tout moment, àrester au service <strong>de</strong> l’« architecte», le réalisateur. Et d’ajouter: « Un directeur <strong>de</strong> la photodoit être dirigé un peu comme unacteur. »Cette conception du métier estsans doute l’une <strong>de</strong>s raisons pourlesquelles Gérard <strong>de</strong> Battista a travailléavec <strong>de</strong>s gens aussi différentsque Bertrand Blier, MehdiCharef, Josiane Balasko, GérardJugnot (cinq films), Tonie Marshall,Clau<strong>de</strong> Zidi, Clau<strong>de</strong> Miller,Clau<strong>de</strong> <strong>Le</strong>louch et Bernard Stora.<strong>Le</strong> chef op’ à tout faire confesseêtre « assez éclectique ». Aprèsavoir notamment tourné avec lui<strong>de</strong>ux remarquables téléfilms, SuzyBerton et <strong>Le</strong> Grand Charles (<strong>de</strong>Gaulle), puis Elles et moi – à venirprochainement sur France 2 –,

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