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pleins feux _ pleins feux _ pleins feux - Archives du MRAP

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• sur le vif •apartheidà la francaise•Créées pour accueillir les personnes expulsées desinsalubres, les cités de transit sont devenues, à l'usage, des« normalisés ».(( Je suis arrivé ici en 1966, l'année de laconstruction de la cité. On m'avait alorspromis de me reloger rapidement dans uneH. L. M. Les années ont passé. Comme vousle voyez, je suis toujours là ». M. Zarroukiparle d'une voix lasse. Derrière lui, quelquesenfants jouent au ballon sur un terrain vague.Nous sommes à l'intérieur de la cité de transit<strong>du</strong> 51, rue <strong>du</strong> Port, à Gennevilliers, oùdemeurent 400 personnes dont 280 enfants.Au sud, l'autoroute A86 qui met Pontoise àquelques minutes seulement de Paris, dérouleson large tapis de bitume sur lequel,continuellement, des voitures vont etviennent dans un tintamarre lancinant etinsupportable pour les nerfs.logementsbidonvillesAu nord, des grues de déchargement sedécoupent dans le ciel et rappellent auxriverains qu'il y a là un port, le port deGennevilliers.A l'est, une ligne de chemin de ferempruntée exclusivement par des wagons demarchandises, frôle la cité. Elle en marque lalimite. Il ya quelques années un train a mêmedéraillé tout près de l'école de la cité.De l'autre coté de cette· barrière horizontales'étend une petite marre puante où viennentse réfugier, l'été, les moustiques. Depuis 1966deux personnes s'y sont noyées.Sur le fil <strong>du</strong> rasoir: la ligne de chemin de fer frôle la cité.9-----------------------------------------------------------------------~6----,1A l'Ouest, une collinette couverte d'unepelouse et de quelques arbres rachitiquesdescend lentement vers l'autoroute. Unetache verte dans un monde uniformémentgris. L'autoroute, le port de Gennevilliers, laligne de chemin de fer: l'horizon de la cité detransit se limite à ce triptyque.Autour, des terrains vagues où quelquesvieilles carcasses de voitures finissent derouiller accentuent l'aspect de désolation, desolitude. Un no man's land qui vient buter su"rl'autoroute et le mur ... Le mur, c'est lepare-bruit. Haut de plusieurs mètres il protègeles habitants de Gennevilliers et de Colombescontre les agressions sonores. Les habitantsde la cité n'ont pas bénéficié pour leur part dela même sollicitude de la part des pouvoirspublics. De leur côté il n'y a pas de pare-bruit.La cité, elle-même, est constituée deplusieurs baraquements en fibro-cimentpré-fabriqués. Chaque bloc, qui se présentesous la forme d'un bâtiment de plain-pied,regroupe plusieurs logements. Le tout reposesur une plaque de béton. Une école a étéinstallée au centre de la cité. Aujourd'hui,seules deux classes fonctionnent.La cité va à vau-l'eau . Les plaques defibro-ciment sont mal jointes. Le vent, le froidpénètrent dans les logements et frigorifientles enfants.« L'hiver, nous déclare Alain Bourgarel,l'un des animateurs <strong>du</strong> comité de défense <strong>du</strong>quartier (1), les pœles à mazout fonctionnentà plein rendement. En vain. Un enquêteréalisée au début de la création de l'écolemontrait que le pourcentage des maladiesd'origine pulmonaire chez les enfants de lacité était nettement supérieur à la moyennedépartementale ».La misère a trouvé à la cité (2) de la rue <strong>du</strong>Port un terrain favorable à son développement.(( Les logements sont imprégnés d'humidité,nous déclare M. Ouasti. (( Regardez,nous dit-il, en pointant son doigt en direc\iond'une tache caractéristique. Quand unefamille est relogée en H. L. M. la Cetrafa (3)fait démolir d'appartement qu'elle occupaitdans la cité. Alors un trou béant apparaÎt surle côté <strong>du</strong> batiment, entre le toit et le plafond.Il suffit qu'il pleuve en diagonale pour quenous ayons de l'eau dans nos chambres » .. Plusieurs fois, certains bâtiments ont étéinondés. La cité est en effet au dessous <strong>du</strong>niveau de la Seine.Les règles de sécurité ne sont pasrespectées. Aussi extraordinaire que celapuisse paraître, des lignes à haute tensionpassent au dessus de la cité et en particulierde l'école.A l'isolement, l'insalubrité des locaux, lenon-respect des règles de sécurité, s'ajoutentles problèmes liés à la gestion de la cité. (( /1n'y a pas, déclare Alain Bourgarel,d'animation socio-culturelle. Le centre sociala été fermé il y a deux ans ». Le rôle <strong>du</strong> gérantnommé par la Cetrafa a également étédénoncé par le comité de défense. Nomméspar la société, les gérants étaient en généraldes sous-officiers de l'armée française enretraite dont la qualité première était qu'ilsparlaient l'arabe. La plupart se sontcomportés en petits chefs et n'ont pas hésitéà exploiter de la manière la plus odieuse lesimmigrés. Ainsi, en violation flagrante avec lalégislation en vigueur dans le département, ilsavaient institué une taxe de 10 % sur lespro<strong>du</strong>its ven<strong>du</strong>s dans la cité par descommerçants ambulants.Les habitants étaient obligés de s'incliner.Le centre commercial le plus proche se trouveen effet à plus d'un kilomètre de la cité.Isolement, exploitation, discrimination,misère, brimades, les éléments constitutifs del'apartheid sont en place. Et pourtant, nousne sommes pas en Afrique <strong>du</strong> Sud. Noussommes dans la banlieue parisienne.M. ZarrC3uki se rend compte qu'on l'atrompé. Quand il a quitté, en 1966, lebidonville de La Courneuve, on lui avait promisqu'il serait rapidement relogé dans uneH.L.M. Comme leur nom l'indique, les citésde transit (4) ne doivent pas avoir uncaractère permanent. A l'origine, elles ont étéconstruites afin d'accueillir pendant unepériode déterminée dans le temps (3 mois à 2ans) les personnes expulsées des loger:nentsinsalubres. Avec l'expérience on constate quel'opération a consisté à parquer lestravailleurs immigrés dans des bidonvillesnormalisés, des bidonvilles que la préfecture acréés de toute pièces afin de mieux contrôler,' à trave~s la Cetrafa, les gens qui y demeurent.M. Zarrouki, son épouse, ses nombreuxenfants sont en transit depuis ... 12 ans. (S) Ilsne sont pas les seuls dans ce cas. CertainsLes plaques de fibro-ciment sont maljointes.(( /1 suffit qu'il pleuve en diagonale pour que nous ayons de l'eau dans nos chambres ».sont là depuis deux ans, d'autres depuis sept.Devant tant d'injustices, de mépris affichépar la préfecture et la Cetrafa, les habitants sesont révoltés. Ils ont déclenché une grève desloyers en Juin 1976 afin d'exiger lerelogement en H.L.M. En mars dernier, laCetr'afa a riposté en faisant couper l'eau etl'électricité alors que les grévistes continuaientà payer les quittances. Finalement,devant la levée de boucliers, la préfecture etla Cetrafa ont cédé. L'eau et le courant ontété rétablis, les loyers (250 à 500 francs) neseront plus perçus.En revanche, le problème essentiel, lerelogement, n'a pas trouvé de solution. Les. habitants de la cité restent donc mobilisés.Jean-Pierre GIOVENCO(1) Le comité de. défense est né en 1966 au moment dela création de la cité. " regroupe les habitants de la cité,les antiracistes, des partis politiques, des syndicats, desenseignants, l'Amicale des Algériens; la municipalitéde Gennevilliers y est représentée par son maireadjoint.(2) La cité a été construite en 1966 sur des terrainsappartenant à la préfecture des Hauts de Seine contrel'avis de la ville de Gennevilliers Qui, alors, avait mis enavant l'insalubrité des lieux.(3) La Cetrafa (Centre de transit familiaux) est uneassociation régie par la loi de 1901. Sa fonction est degérer la cité. En réalité, elle exécute les basses œuvresde la préfecture ainsi Qu'ont pu le constater leshabitants de la cité. Les statuts indiquent d'ailleurs Quele préfet est président d'office de l'organisme.(4) La notion de cité de transit est contestable en soi.Elle porte en son sein des germes de racisme car elleimplique Que les travailleurs immigrés demeurant dansdes bidonvilles ne sont pas capables de s'intégrer dansune H.L.M. et Qu'il convient, auparavant, de les faireséjourner dans un purgatoire: la cité de transit.(5) De nombreuses cités de transit existent dans larégion Parisienne et en France. On en a dénombré àTours, Toulouse où séjournent des gitans, Lyon etc ...Au dessus de l'école, les lignes à haute tension...Ijouzwê)ë3~QiCl:CcoQ)....,oë.

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