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Apprendre le français dans un contexte professionnel - Délégation ...

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Rencontres2-3.06.2006<strong>Apprendre</strong> <strong>le</strong><strong>français</strong> <strong>dans</strong><strong>Délégation</strong> généra<strong>le</strong> à la langue <strong>français</strong>e et aux langues de France<strong>un</strong> <strong>contexte</strong><strong>professionnel</strong>


28 Apprentissage du <strong>français</strong> en <strong>contexte</strong><strong>professionnel</strong> : état de la recherche28 Du <strong>français</strong> sur objectifs spécifiques au <strong>français</strong>langue <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>Florence MOURLHON-DALLIES34 Développer la formation à la langue secondeau/pour <strong>le</strong> travailCompte rendu d’expériences en Al<strong>le</strong>magneMatilde GRÜNHAGE-MONETTI38 Usages <strong>professionnel</strong>s de la paro<strong>le</strong> :<strong>le</strong> cas des centres d’appel4Josiane BOUTET43 Construire <strong>un</strong> référentiel des compétenceslangagières pour <strong>le</strong>s métiers de la propretéHervé ADAMI50 Vers <strong>un</strong>e ingénierie de formation en<strong>français</strong> langue <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>50 Référentiels de compétences langagièreset portfolios du monde <strong>professionnel</strong>Jean-Marc MANGIANTE54 La recherche d’emploi avec <strong>le</strong> cahier« insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> » de Trait d’<strong>un</strong>ionClaire VERDIER


OuvertureAllocution de Xavier NorthDélégué général à la langue <strong>français</strong>eet aux langues de France6Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui à ce séminairede réf<strong>le</strong>xion qui nous ré<strong>un</strong>it autour d’<strong>un</strong> aspect fondamentalde la politique linguistique : l’apprentissage de lalangue <strong>dans</strong> <strong>un</strong> <strong>contexte</strong> <strong>professionnel</strong>.Comme vous <strong>le</strong> savez, la loi du 4 mai 2004, relative à la formation<strong>professionnel</strong><strong>le</strong> tout au long de la vie et au dialogue social,reconnaît la langue comme compétence <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>. Cecia pour conséquence que l’apprentissage de la langue <strong>français</strong>eest désormais pris en compte <strong>dans</strong> <strong>le</strong> champ de la formation<strong>professionnel</strong><strong>le</strong> continue au titre de l’éducation permanente.Cette nouvel<strong>le</strong> disposition a fait l’objet d’<strong>un</strong> séminaire en juin2005 : La maîtrise de la langue en milieu <strong>professionnel</strong> : quelsenjeux pour <strong>le</strong>s salariés et <strong>le</strong>s entreprises ? Le ministère del’Emploi, de la Cohésion socia<strong>le</strong> et du Logement (Direction dela population et des migrations - DPM - et <strong>Délégation</strong> généra<strong>le</strong>à l’emploi et à la formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> - DGEFP), <strong>le</strong> ministèrede la Culture et de la Comm<strong>un</strong>ication (<strong>Délégation</strong> généra<strong>le</strong>à la langue <strong>français</strong>e et aux langues de France - DGLFLF), <strong>le</strong>Fonds d’action et de soutien à l’intégration et à la lutte contre<strong>le</strong>s discriminations (FASILD), l’Agence nationa<strong>le</strong> de lutte contrel’il<strong>le</strong>ttrisme (ANLCI), avaient alors organisé cette rencontre despartenaires impliqués (branches <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s, OPCA (organismesparitaires col<strong>le</strong>cteurs agrés), partenaires sociaux,entreprises, etc.) pour permettre <strong>un</strong>e réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong>s enjeuxde la réforme du code du travail.Le séminaire que j’ai <strong>le</strong> plaisir d’ouvrir ce matin ouvre <strong>un</strong> nou-


sources humaines, dont l’objet serait précisément de restituer<strong>le</strong> séminaire de juin 2005 et celui de cette année.Je souhaiterais <strong>dans</strong> <strong>un</strong> premier temps remercier tous <strong>le</strong>s intervenantsqui ont répondu favorab<strong>le</strong>ment à notre invitation,notamment Matilde Grünhage-Monetti, venue spécia<strong>le</strong>ment deBonn, ainsi que <strong>le</strong>s participants, nombreux en cette veil<strong>le</strong> dePentecôte. Je suis heureux que <strong>le</strong> Conseil de l’Europe puisseéga<strong>le</strong>ment suivre nos travaux. Je voudrais enfin remercier <strong>le</strong>spersonnes qui se sont investies <strong>dans</strong> la préparation de notrerencontre : Mariela de Ferrari pour <strong>le</strong> CLP 1 , FlorenceMourlhon-Dallies de la Sorbonne nouvel<strong>le</strong>, Marie-FrançoiseRottier, Hubert Delmaire pour <strong>le</strong>s AEFTI 2 , enfin <strong>le</strong> CIEP.81 Comité de liaison pour la promotion des migrants et des publics en dificultéd’insertion2 Association pour l’enseignement et la formation des travail<strong>le</strong>urs immigrés et de<strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s


<strong>français</strong>e (DELF), <strong>le</strong> Diplôme approfondi de langue <strong>français</strong>e(DALF), qui sont des diplômes nationaux du ministère de l’Éducationnationa<strong>le</strong>. Nous avons distribué en 2005 plus de 80 000de ces diplômes <strong>dans</strong> <strong>le</strong> monde et nous commençons à en distribuerde plus en plus en France et c’est là sans doute quenos préoccupations se retrouvent. Le DELF se développe aussiénormément <strong>dans</strong> <strong>le</strong> milieu scolaire. Le DELF scolaire estmaintenant adopté <strong>dans</strong> 15 pays. Je crois que l’<strong>un</strong>e des qualitésde ce DELF, c’est qu’il repose sur <strong>le</strong> Cadre européencomm<strong>un</strong> de référence pour <strong>le</strong>s langues à partir duquel il étéréharmonisé en 2005.Nous avons <strong>un</strong> test, <strong>le</strong> Test de connaissance du <strong>français</strong>, quin’a que 3 ans d’âge et qui est plus ou moins maintenant obligatoire<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s <strong>un</strong>iversités <strong>français</strong>es pour l’accueil des étudiantsétrangers.10Alors voilà simp<strong>le</strong>ment ce que je voulais vous dire en introduction.Notre collaboration avec la DGLFLF est bien entendu encroissance et je m’en réjouis tout à fait. Je dois dire que laDGLFLF a vraiment investi ce secteur depuis quelques années,nous voyons croître ses activités et nous nous réjouissons dece partenariat qui est en train de s’instaurer. Je salue éga<strong>le</strong>mentcelui que nous avons maintenant avec la Direction de lapopulation et des Migrations. Nous avons fait cinq séminairesdepuis quelques années avec la DGLFLF et je dois dire quecelui-ci vient à son heure parce que, maintenant, <strong>le</strong> <strong>français</strong>langue de comm<strong>un</strong>ication <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> est quelque chosequi va se développer.


Allocution de Céci<strong>le</strong> CochyDirection de la population et des migrationsMinistère de l’Emploi, de la Cohésion socia<strong>le</strong> et du LogementL’apprentissage de la langue <strong>français</strong>e par <strong>le</strong>s étrangers, qu’ilssoient nouveaux migrants ou installés depuis longtemps sur <strong>le</strong>territoire national, est <strong>un</strong>e priorité forte de l’État.Concernant <strong>le</strong>s primo-arrivants, en attestent :> la création du service public de l’accueil et la mise enplace du contrat d’accueil et d’intégration, dispositif ausein duquel <strong>un</strong>e formation en langue <strong>français</strong>e est proposéepar l’État au signataire du contrat ;> la création du Diplôme initial de langue <strong>français</strong>e,annoncée lors du Comité interministériel à l’intégrationdu 24 avril dernier. Le DILF, oral et écrit, diplôme de<strong>français</strong> langue étrangère <strong>dans</strong> la lignée des DELF etDALF, sera la référence pour apprécier la connaissancesuffisante de la langue <strong>français</strong>e, exigée <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadrede la condition d’intégration de l’étranger <strong>dans</strong> la société<strong>français</strong>e ;> <strong>le</strong> projet de loi relatif à l’intégration et à l’immigration,voté récemment par l’Assemblée nationa<strong>le</strong> : il rend <strong>le</strong>contrat d’accueil et d’intégration et <strong>le</strong> suivi des formationsqui lui sont liées obligatoires et pose la nécessitéd’attester <strong>un</strong>e connaissance suffisante de langue <strong>français</strong>e(niveau correspondant au niveau DILF, oral etécrit) à la fois <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre du contrat et pour l’obtentionde la carte de résident.11La formation à la langue <strong>français</strong>e des migrants installés delongue date, dont <strong>le</strong>s salariés en entreprise, est éga<strong>le</strong>ment <strong>un</strong>enjeu majeur. Il s’agit de la reconnaissance de la maîtrise de lalangue comme <strong>un</strong>e véritab<strong>le</strong> compétence <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>, mais


aussi de la reconnaissance de la problématique spécifique desmigrants, s’agissant de l’apprentissage de la langue <strong>français</strong>e.Il s’agit effectivement pour <strong>le</strong>s migrants, dont certains possèdent<strong>un</strong> bon (voire très bon) niveau de scolarisation <strong>dans</strong> <strong>le</strong>urpays, d’apprendre la langue du pays d’accueil qui est <strong>un</strong>e autrelangue, <strong>un</strong>e langue étrangère.Cet apprentissage est désormais reconnu comme <strong>un</strong> droit,inscrit <strong>dans</strong> <strong>le</strong> Code du travail (artic<strong>le</strong> L 900-6), depuis la promulgationde la loi du 4 mai 2004, relative à la formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>tout au long de la vie et au dialogue social.En effet, la connaissance de la langue <strong>français</strong>e est de plus enplus essentiel<strong>le</strong> pour exercer <strong>un</strong>e activité <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> et i<strong>le</strong>st reconnu que plus la maîtrise de la langue est partagée,plus <strong>le</strong> salarié est autonome et plus ses chances de conserverson emploi et de progresser sont grandes.12Sur <strong>le</strong> fondement de la loi de 2004, la DPM a engagé avec sesdifférents partenaires, que je tiens à remercier cha<strong>le</strong>ureusement,plusieurs actions depuis deux ans pour favoriser la priseen compte de l’apprentissage de la langue comme compétence<strong>professionnel</strong><strong>le</strong> par <strong>le</strong>s plans de formation des entrepriseset par <strong>le</strong>s OPCA des branches <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s. Parmi cesactions, je souhaite citer :> l’organisation du colloque du 8 juin 2005> <strong>le</strong> développement d’<strong>un</strong> partenariat avec l’entrepriseADIA, qui conduit depuis 2005, au sein de son réseau,<strong>un</strong>e expérimentation visant à former à la maîtrise de lalangue <strong>français</strong>e des intérimaires d’origine étrangèreafin de favoriser <strong>le</strong>ur autonomie <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s actes de la viecourante et de la vie <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> nécessitant decomm<strong>un</strong>iquer à l’oral et à l’écrit> la prochaine signature de l’accord-cadre CAPEB 3 /DPM/DGEFP/DGLFLF, portant sur l’approfondissementet l’accroissement des compétences linguistiques <strong>dans</strong>l’artisanat du bâtiment.


Ces diverses actions sont menées en collaboration étroiteavec <strong>le</strong> FASILD, établissement public sous la tutel<strong>le</strong> de la DPM,et dont <strong>un</strong>e des nombreuses missions consiste à organiser etfinancer <strong>le</strong>s formations linguistiques des migrants.S’agissant du développement de la formation linguistique autitre de la formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> continue en entreprise, laDPM et <strong>le</strong> FASILD travail<strong>le</strong>nt éga<strong>le</strong>ment en partenariat avec <strong>le</strong>CLP, que je tiens à saluer et remercier éga<strong>le</strong>ment. Le travailpartenarial avec cette association fédérant de nombreux organismesde formation est désormais ancien et s’avère particulièrementfructueux.133 Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment


Adapter l’offre de formationaux besoinsFormation linguistique et situations de travail :pour la composante <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> intégrée ?14Des notions à interrogerIl semb<strong>le</strong> pertinent d’interroger <strong>le</strong>s notions utilisées autour despublics pas ou peu scolarisés <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur langue première, enparticulier cel<strong>le</strong>s qui sont rattachées aux « savoirs de base oufondamentaux » ou encore « l’alphabétisation ». Trop marquéespar l’apprentissage scolaire et linéaire, ces appellations ontinfluencé la plupart des choix pédagogiques des trente dernièresannées et, <strong>dans</strong> la plupart des cas, provoqué des clivageset des débats qui éloignent des savoir-faire requis par dessituations en milieu <strong>professionnel</strong>.La formation linguistique des publics migrants se réalise surfond d’interculturalité et de bilinguisme, quel que soit <strong>le</strong> degréde maîtrise ora<strong>le</strong> de la langue à l’arrivée en France ou <strong>dans</strong> <strong>le</strong>monde du travail. La spécificité se trouve <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur rapport àla langue, de moins en moins étranger et de plus en plus familierde par l’immersion et <strong>le</strong> contact permanent – actif oupassif - avec <strong>le</strong> milieu francophone.Les situations <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s confrontent <strong>le</strong>s salariés ou <strong>le</strong>sstagiaires migrants aux réalités culturel<strong>le</strong>s environnantes, entermes de rapport sociaux – avec <strong>le</strong>s collègues, <strong>le</strong>s supérieurshiérarchiques et <strong>le</strong>s clients éventuels – ainsi qu’au fonctionnementculturel de l’entreprise, marqué lui aussi par <strong>le</strong>s modesde fonctionnement de la branche et des métiers concernés,déterminés par <strong>le</strong> substrat socio-historique <strong>français</strong>.Des compétences d’observation, d’inférence et de décentra-


tion sont éga<strong>le</strong>ment sollicitées pour la participation à desinteractions efficaces et réussies, surtout lorsque <strong>le</strong>s moyenslinguistiques ne sont pas encore très développés.La comm<strong>un</strong>ication interculturel<strong>le</strong> en milieu <strong>professionnel</strong>concerne donc l’ensemb<strong>le</strong> des acteurs investis <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s équipesappelées à accueillir et gérer des publics aux originesdiverses.Les recherches relatives au bilinguisme et <strong>le</strong> plurilinguismepourraient contribuer à l’élargissement de la réf<strong>le</strong>xion et despratiques autour des aspects linguistiques rattachés aux compétencesculturel<strong>le</strong>s en milieu <strong>professionnel</strong>. Introduire cesouvertures permet d’objectiver <strong>le</strong> regard sur <strong>le</strong>s acquis et <strong>le</strong>scompétences des personnes concernées, qui maîtrisent parfoisplusieurs langues ou dia<strong>le</strong>ctes. Ce regard encourage ànuancer <strong>le</strong> jugement sur <strong>le</strong> degré de maîtrise de la langueseconde (accent, prononciation, erreurs d’orthographe ou desegmentation écrite...) et de relativiser <strong>le</strong> niveau de scolarité,source de stigmatisation si son analyse n’est pas croisée avecl’entrée compétences et la maîtrise de l’oral.Ces réf<strong>le</strong>xions interrogent sans doute de façon indirecte <strong>le</strong>smentalités et <strong>le</strong>s rapports à « la maîtrise du <strong>français</strong> » et aumonolinguisme.15Mobiliser des acteurs plurielsPour faciliter <strong>le</strong> croisement des différents chantiers entreprissimultanément (depuis la recherche jusqu’à la conception desformations), il conviendra d’identifier <strong>le</strong>s opérateurs porteursde la thématique devant la diffuser et mettre en œuvre <strong>le</strong>singénieries territoria<strong>le</strong>s rattachées à la formation linguistique<strong>professionnel</strong><strong>le</strong> – ou professionnalisante. Plusieurs articulationssont à construire pour que la prise en compte de la problématiqueimpacte <strong>le</strong> plus grand nombre d’acteurs et parconséquent <strong>le</strong> plus grand nombre de formés. Trois champsfonctionnant <strong>dans</strong> la plupart des cas de façon cloisonnée sontappelés à se croiser : l’insertion, la formation et l’emploi. Ces


croisements supposent des dynamiques partenaria<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong>sservices déconcentrés de l’État, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s,<strong>le</strong>s partenaires sociaux et <strong>le</strong>s entreprises. L’espace privilégiéoù se rencontrent <strong>le</strong>s intérêts et <strong>le</strong>s besoins des <strong>un</strong>s et desautres semb<strong>le</strong> être <strong>le</strong> « territoire ». Chaque échelon territorialpourrait compter sur <strong>un</strong> acteur spécifique, chargé de la diffusionde l’information pour la prise en compte de la langue,compétence <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>.16Vers des référentiels de comm<strong>un</strong>ication <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> ?Si <strong>le</strong> monde du travail se trouve en mutation au niveau deslogiques « métiers » et que <strong>le</strong>s mobilités <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s postes de travai<strong>le</strong>t <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s espaces géographiques s’avèrent de plus enplus fréquentes, <strong>le</strong>s logiques de recrutement et de gestion deressources humaines se voient bousculées par ces changementset par d’autres mutations sociéta<strong>le</strong>s – pyramide desâges, recrutement important de migrants pour <strong>le</strong>s métiers enpénurie de main-d’œuvre.Pour mieux répondre à ces nouveaux besoins, mesurer <strong>le</strong>scompétences langagières des salariés à travers des outils depositionnement transversaux semb<strong>le</strong> <strong>un</strong>e hypothèse uti<strong>le</strong> etfacilitatrice. Des référentiels qui articu<strong>le</strong>nt la dimension linguistiqueà la dimension <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> contribueraient eneffet à mieux suivre <strong>le</strong>s parcours de formation et <strong>le</strong>s promotions,intra ou interbranches.Malheureusement, il n’existe pas, à notre connaissance, devéritab<strong>le</strong> référentiel de compétences en milieu <strong>professionnel</strong>qui croise <strong>le</strong>s aspects langagiers avec <strong>le</strong>s situations de travail.Des projets embryonnaires retiennent cependant l’attention 4 .4 On a <strong>le</strong>s descripteurs mis en place par la région Pays-de-Loire, conçus avec l'appuide l'organisme SERTIF et « Pour la construction de parcours de formation », CLAPÎ<strong>le</strong>-de-France, 2002, à l'initiative de la DDTEFP 92


Quel<strong>le</strong> formation des acteurs ?Une réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong>s compétences nécessaires aux acteursintervenant en France <strong>dans</strong> <strong>le</strong> domaine du <strong>français</strong> langue <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>devrait être menée pour élargir <strong>le</strong>s champs et <strong>le</strong>sfonctions à croiser, en particulier pour ce qui est de l’analyseorganisationnel<strong>le</strong> en situation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> et des compétenceslangagières mobilisées en situation de travail.Si la formation initia<strong>le</strong> peut être revisitée au regard de ces nouvel<strong>le</strong>sperspectives, il ne faudra pas oublier la formation et lavalidation des acquis des acteurs déjà en exercice <strong>dans</strong> <strong>le</strong>sorganismes de formation désireux d’acquérir des compétencesen ingénierie de formation en <strong>français</strong> <strong>professionnel</strong>.PerspectivesDes indicateurs de mobilisation multip<strong>le</strong>s témoignent d’<strong>un</strong>evolonté généralisée d’investir des recherches et des méthodologiesinnovantes pour mettre en œuvre de nouveaux regardset de nouvel<strong>le</strong>s pratiques. Nous devrons veil<strong>le</strong>r à faire évoluerparticulièrement <strong>le</strong>s traitements actuels qui préconisent « <strong>le</strong>linguistique avant » et « <strong>le</strong> <strong>professionnel</strong> après ou ail<strong>le</strong>urs »,pour que <strong>le</strong>s publics eux-mêmes intègrent ces dynamiquescroisées <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur mode de fonctionnement et profitent de<strong>le</strong>urs capacités d’adaptabilité et de la plasticité encouragéepar <strong>le</strong>s processus migratoires. Nous sommes invités à fairevivre des transversalités permettant de croiser des champsdisciplinaires, des ingénieries, des regards et des pratiques quifavoriseront la définition d’objectifs pluridimensionnels pour <strong>le</strong><strong>français</strong> appris en tant que langue <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>.17Mariela DE FERRARICLP


Le réseau des GRETA 5expériences réussies: tour de France desLe réseau des GRETA - branche formation continue de l’Éducationnationa<strong>le</strong> bénéficie d’<strong>un</strong>e expérience d’<strong>un</strong> tiers de sièc<strong>le</strong>et je suis heureux de partir avec vous pour ce petit tour deFrance qui ne prétend pas à l’exhaustivité.18L’entrée certificationEl<strong>le</strong> me parait être <strong>un</strong>e entrée qui a traversé la décennie. On aeu ce qu’on appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s <strong>un</strong>ités capitalisab<strong>le</strong>s. À l’époque, nousformions surtout en promotion socia<strong>le</strong> des salariés, et parmi<strong>le</strong>s salariés, des migrants. Différentes expériences ont eu lieuqui ont permis de développer <strong>un</strong>e démarche d’ingénierie <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>.Alors, aujourd’hui, quid de la certification ? On par<strong>le</strong> de la validationdes acquis de l’expérience. Dans <strong>le</strong> cadre de la commissionde simplification des actes administratifs, j’ai travailléavec <strong>le</strong> CAPET 6 , avec <strong>le</strong> FAFSAB 7 . Un livret simplifié a été réaliséqui est devenu celui de l’Éducation nationa<strong>le</strong>. Le livret d’accompagnementa éga<strong>le</strong>ment été produit, et arrivent <strong>le</strong>s premièresdemandes de salariés venant de l’étranger qui veu<strong>le</strong>nt <strong>un</strong>ecertification pour avoir <strong>un</strong>e reconnaissance socia<strong>le</strong>.L’entrée par la mesure et <strong>le</strong> partenariatUn exemp<strong>le</strong> : <strong>un</strong> besoin qui avait été repéré à Lyon avait aboutià la mise en place d’<strong>un</strong> Stage d’insertion et de formation pourl’emploi (SIFE) col<strong>le</strong>ctif. Pendant 4 ans, il y a eu <strong>un</strong>e collaborationexemplaire entre <strong>le</strong> GRETA et l‘AFPA 8 , c’est-à-dire que <strong>le</strong>sformateurs FLE du GRETA intervenaient sur <strong>le</strong>s plateaux techniquesde maçonnerie de l’AFPA ; ça fonctionnait bien, tout <strong>le</strong>5 Groupements d’établissements publics locaux d’enseignement6 Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique7 Fonds d’assurance formation des salariés de l’artisanat du bâtiment8 Association nationa<strong>le</strong> pour la formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> des adultes


monde trouvait du travail, la dimension interculturel<strong>le</strong> étaitcomplètement intégrée. Depuis, la mesure (SIFE) a été supprimée.L’entrée par <strong>le</strong>s métiersIl est important de savoir sur quoi on a pu capitaliser. Il y abien sûr <strong>le</strong> BTP (bâtiment et travaux publics). Il y a eu énormémentde choses de faites, des référentiels métiers intégrantl’apprentissage du <strong>français</strong>, de la comm<strong>un</strong>ication, des maths.Dans <strong>le</strong>s bilans de compétences, ce qu’on voit apparaître,c’est <strong>le</strong> problème d’image des métiers en tension, car <strong>le</strong>s nouveauxarrivants ne veu<strong>le</strong>nt pas y rester.Les effets produits sont : beaucoup de référentiels métiers,l’émergence de la formation différenciée et la mesure deseffets ; aujourd’hui, on ne forme plus pour rien. Je travail<strong>le</strong>avec des comm<strong>un</strong>es rura<strong>le</strong>s et <strong>un</strong> maire peut me dire, si cen’est pas uti<strong>le</strong>, « on ne fait pas ».Un exemp<strong>le</strong> : <strong>le</strong> cours de l’éco<strong>le</strong> nava<strong>le</strong> pour officiers étrangersqui existe toujours à Brest, depuis maintenant plus de dixans, avec la marine koweïtienne et <strong>le</strong>s Émirats arabes <strong>un</strong>is. Ladimension du <strong>français</strong> est complètement intégrée <strong>dans</strong> <strong>le</strong>sapprentissages ; ce qui est intéressant, c’est qu’à chaque foisque l’on aborde du concret, par exemp<strong>le</strong> la manœuvre pour <strong>un</strong>timonier, il y a <strong>un</strong>e accélération de l’apprentissage.19L’entrée par <strong>le</strong> projet <strong>professionnel</strong>Il y a eu <strong>un</strong>e opération conduite en Bourgogne, avec la provincede Shanghaï, avec <strong>un</strong> public d’étudiants durant <strong>un</strong>e annéeen immersion. Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est l’importancedes pré-requis. C’est déterminant : ceux qui parlaient <strong>un</strong> peuanglais et <strong>un</strong> petit peu, déjà, <strong>français</strong>, ont très bien réussi,sinon pour beaucoup, ça a été <strong>le</strong> retour au pays. Le dispositifcomportait trois étages, l’atelier pédagogique personnalisé(APP) a été mobilisé, ensuite la personne pouvait al<strong>le</strong>r à l’<strong>un</strong>iversitéet après l’emploi. On a l’exemp<strong>le</strong> d’<strong>un</strong>e étudiante chi-


noise qui aujourd’hui, après avoir fait <strong>un</strong> doctorat en gestion, aouvert <strong>un</strong>e entreprise d’import-export à Dijon.L’entrée par <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s technologiesSur ce sujet, je vous invite à consulter <strong>le</strong> site du GRETA du Puyen-Velay(www.velay.greta.fr), qui propose <strong>un</strong> guide du formateur.Sur ce site, vous trouvez tout : du contrat de travail jusqu’aulicenciement, <strong>un</strong>e trentaine de séquences pédagogiquesavec, à chaque fois, <strong>un</strong>e création de parcours individuel possib<strong>le</strong>,<strong>un</strong>e ergonomie, des séquences. Ceci a été réalisé en2004, <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre d’<strong>un</strong> projet européen.20L’entrée par la compétenceJe conclurai, en disant que maintenant, c’est cette entrée quidevient prégnante. Je prendrai pour exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> travail réalisé<strong>dans</strong> Prélude 9 par <strong>le</strong>s collègues de Lyon, en collaboration avec<strong>le</strong> CR2i 10 . Ils ont fait <strong>un</strong> livret de validation des compétencespour <strong>le</strong>s publics en grande difficulté et pour <strong>le</strong>s migrants, téléchargeab<strong>le</strong>sur <strong>le</strong>ur site. Il y a la formation de tuteurs enaccompagnement, <strong>le</strong>s tuteurs rejoignant <strong>un</strong>e fois par mois <strong>le</strong>spublics formés.Le fil rouge, c’est la qualité, puisque, concrètement, il faut êtreuti<strong>le</strong>, il faut que <strong>le</strong>s gens signent des procédures qu’ils mettenten œuvre, et c’est ça la démarche qualité à <strong>un</strong> moment donnéet la responsabilisation des acteurs.En conclusion, il y a beaucoup de choses qui existent, qu’ilvaudrait mieux capitaliser, et il faut peut-être à <strong>un</strong> momentdonné arrêter d’innover.Jean-Yvon CABIOC’H<strong>Délégation</strong> académique à la formation continue, Rennes9 Pour <strong>un</strong> réseau européen de lutte contre <strong>le</strong>s discriminations racia<strong>le</strong>s <strong>dans</strong> l’emploi10 Centre de ressources et d’initiatives pour l’international. www.cr2i.com


La plate-forme linguistique je<strong>un</strong>es de la régionÎ<strong>le</strong>-de-FrancePrésentation du pô<strong>le</strong> de mobilisation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>C’est <strong>un</strong> dispositif financé par <strong>le</strong> conseil régional d’Î<strong>le</strong>-de-France qui a été créé en 1996 à destination des 16-25 ans quisont tous orientés par <strong>le</strong> réseau des missions loca<strong>le</strong>s ; cecireprésente à peu près sur notre pô<strong>le</strong> 250 à 300 je<strong>un</strong>es à l’année; ces stagiaires sont rém<strong>un</strong>érés. Le pô<strong>le</strong> fonctionne enentrées et sorties permanentes tout au long de l’année. C’est<strong>un</strong> dispositif préalab<strong>le</strong> à l’insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>, c’est-àdirequ’il vise soit l’accès direct à <strong>un</strong> emploi, soit <strong>un</strong>e formationpré-qualifiante ou qualifiante. Pour cela, on travail<strong>le</strong> l’élargissementdes choix <strong>professionnel</strong>s. C’est <strong>un</strong> travail sur <strong>le</strong>smétiers porteurs, <strong>un</strong> travail aussi sur <strong>le</strong>s pré-requis nécessairesà la réalisation d’<strong>un</strong> projet, <strong>un</strong> travail sur la remise à niveauet <strong>un</strong>e familiarisation avec <strong>le</strong> milieu de l’entreprise par <strong>le</strong> biaisde stages pratiques.Travail<strong>le</strong>r avec ce public de je<strong>un</strong>es <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre de la mobilisation,c’est aussi travail<strong>le</strong>r sur la confiance en soi, sur <strong>le</strong>développement des capacités comm<strong>un</strong>icatives, sur l’environnementsocial et <strong>professionnel</strong>, pour <strong>le</strong>ur permettre de seconstruire <strong>un</strong> projet <strong>professionnel</strong> à long ou à court terme quiprenne en compte <strong>le</strong>ur situation personnel<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong>. Le publicest très hétérogène, ce qui invite à individualiser beaucoup <strong>le</strong>sparcours. En moyenne, <strong>le</strong>s parcours sont de 450 heures encentre et de 200 heures en entreprise, ce qui fait à peu près 5mois de parcours. Cette durée varie beaucoup en fonction desprofils des stagiaires accueillis, ce qui invite la « mobilisation »à travail<strong>le</strong>r avec d’autres dispositifs. Outre <strong>le</strong>s plates-formeslinguistiques, <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> travail<strong>le</strong> donc avec <strong>le</strong>s espaces « dynamiqueinsertion » pour <strong>le</strong>s plus en difficulté, avec <strong>le</strong> réseau desAPP (ateliers pédagogiques personnalisés) pour ceux qui ontbesoin de remise à niveau, et peut travail<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong>s PAQ21


(pô<strong>le</strong>s d’accès à la qualification), ainsi qu’avec l’Éducationnationa<strong>le</strong> pour tout ce qui est formation intégrée ou projet« réussite pour tous ».22Les je<strong>un</strong>es concernés viennent de 80 pays environ du Maghrebet d’Afrique subsaharienne (50%) mais aussi d’Asie, d’Amériquelatine ou des pays de l’Europe de l’Est.Parallè<strong>le</strong>ment à ces différences de provenance, on a bien sûrdes spécificités linguistiques et de profils d’apprentissage différenciés.18% des je<strong>un</strong>es accueillis ont <strong>un</strong> diplôme <strong>un</strong>iversitaire,<strong>le</strong> parcours d’insertion proposé peut de ce fait poser question: ce ne sont pas des je<strong>un</strong>es de bas niveau de qualification.Les analphabètes sont de moins en moins nombreux, c’est là<strong>un</strong> constat positif de notre point de vue, mais on a néanmoinsdes parcours linguistiques très découpés. On vient en France,on fait <strong>un</strong> peu de scolarité, on part en Afrique, on revient, on ades acquisitions parcellaires. On considère ces je<strong>un</strong>es commere<strong>le</strong>vant de la post-alphabétisation, mais qu’en est-il réel<strong>le</strong>ment? Ne seraient-ils pas plus proches de l’il<strong>le</strong>ttrisme ?Comment fonctionne <strong>le</strong> dispositif ?Les missions loca<strong>le</strong>s recensent <strong>le</strong>s besoins linguistiques desje<strong>un</strong>es. La plate-forme linguistique accueil<strong>le</strong> environ 250je<strong>un</strong>es par an. Le pô<strong>le</strong> diagnostic établit <strong>le</strong> positionnementlinguistique des je<strong>un</strong>es, <strong>le</strong> bilan intermédiaire et <strong>le</strong> bilan final.La plate-forme linguistique a pour rô<strong>le</strong> d’animer des séquencespédagogiques linguistiques et de travail<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong>s platesformesde mobilisations l’articulation de parcours. El<strong>le</strong> représenteenviron 40% des parcours.En résumé, ce dispositif associe <strong>un</strong> pô<strong>le</strong> diagnostic, la plateformede mobilisation, la plate-forme linguistique, cinq missionsloca<strong>le</strong>s.L’objectif de la formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> de la région Î<strong>le</strong>-de-France est l’insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> et non <strong>le</strong> développement


des compétences linguistiques pures. Généra<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> parcoursprévisionnel des je<strong>un</strong>es comprend cinq phases qui,passée la phase d’accueil, alternent dominante linguistique ettravail sur <strong>le</strong> projet. Les je<strong>un</strong>es accueillis ont aujourd’hui <strong>un</strong>emoyenne de présence sur <strong>le</strong> territoire <strong>français</strong> de moins d’<strong>un</strong>an. Il y a 3 ans, c’était 2 ans, aujourd’hui moins d’<strong>un</strong> an pour60% du public. Donc, au-delà des compétences linguistiquesstrictes, il y a des besoins de connaissance de l’environnement.La phase d’accueil comporte <strong>un</strong> travail de dynamique degroupe, <strong>un</strong>e identification des référents et <strong>un</strong>e premièreréf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> projet. La première phase linguistique intensiveaborde <strong>le</strong>s aspects fondamentaux de la mécanique opératoirede la langue.Les parcours linguistiques sont organisés en fonction du positionnement,réalisé par <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> diagnostic au sein duquel estindiquée la durée. À titre d’exemp<strong>le</strong>, pour <strong>un</strong> je<strong>un</strong>e re<strong>le</strong>vant dela post-alphabétisation, on peut avoir des parcours de 600heures. Pour <strong>le</strong>s personnes re<strong>le</strong>vant du <strong>français</strong> langue étrangère,on est plutôt entre 450, 500-600 heures en fonction detypologies affinées à l’oral plus particulièrement.23Une fois que <strong>le</strong>s premiers outils linguistiques sont acquis, peutcommencer <strong>le</strong> travail sur <strong>le</strong> projet, avec notamment deuxstages en entreprise, <strong>le</strong> premier étant <strong>un</strong> stage de découvertedu milieu de l’entreprise qui est suivi d’<strong>un</strong> bilan intermédiaire.Ensuite, quand c’est <strong>un</strong> peu plus clair pour <strong>le</strong>s stagiaires,« quel métier je veux faire et quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s étapes pour queje puisse y parvenir », arrive <strong>un</strong> deuxième stage en entreprisequi permet de confirmer <strong>le</strong> projet <strong>professionnel</strong>, avec éventuel<strong>le</strong>mentla négociation d’<strong>un</strong> contrat de professionnalisation oud’<strong>un</strong> contrat de travail. C’est à l’issue du deuxième stage pratiqueque commence réel<strong>le</strong>ment la recherche d’emploi ou deformation qualifiante ou pré-qualifiante, et là <strong>le</strong> linguistiquen’intervient plus, il n’y a plus que de la mobilisation à temps


p<strong>le</strong>in. Progressivement, <strong>le</strong> linguistique s’efface pendant <strong>le</strong> parcourset la mobilisation prend tout son sens.Ce travail entre deux dispositifs requiert avant tout <strong>un</strong>e bonnecirculation de l’information entre <strong>le</strong>s partenaires pour que <strong>le</strong>parcours des je<strong>un</strong>es soit pertinent, et ceci pour tous <strong>le</strong>s casqui peuvent se présenter, difficultés socia<strong>le</strong>s ou personnel<strong>le</strong>sd’<strong>un</strong> stagiaire, modification du parcours prévisionnel. Maisl’adaptation des parcours aux besoins des je<strong>un</strong>es constitue<strong>un</strong>e réel<strong>le</strong> plus-value qui justifie p<strong>le</strong>inement <strong>un</strong> réel travail d’ingénieriepédagogique.24Céline FLACZYKADPI 11Caroline BENYAYERCNA CEFAG 1211 Association pour <strong>le</strong> développement de la pédagogie de l’individualisation12 Centre de formation aux arts graphiques et au multimédia


Les APP, Ateliers de pédagogie personnaliséeLe réseau des APP est peut-être <strong>un</strong> exemp<strong>le</strong> trop rare d’<strong>un</strong>eaction qui a été expérimentée par des acteurs de terrain audébut des années 80 et qui a été reprise à son compte et généraliséepar l’État.Un réseau d’auto-formation accompagnéeLe réseau regroupe 460 APP et 860 lieux de formation pourl’ensemb<strong>le</strong> du territoire, DOM compris. Un certain nombred’APP peuvent développer des antennes délocalisées. En 2005,201 000 personnes ont été accueillies et <strong>le</strong>s APP ont réaliséprès de 12 300 000 heures de formation, ce qui fait, en moyenne,76 heures de formation par personne. On est sur des tempscourts quand on se réfère au monde de l’insertion, mais quandon travail<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> monde de l’entreprise, c’est très long.Un APP moyen, c’est 430 personnes et 27 000 heures avecdes variantes substantiel<strong>le</strong>s, selon <strong>le</strong> <strong>contexte</strong> : la reconnaissancede l’APP par <strong>le</strong>s partenaires, la localisation, rura<strong>le</strong>dépeuplée ou en milieu urbain, <strong>le</strong> <strong>contexte</strong> institutionnel.Le cahier des charges est national, la nouvel<strong>le</strong> version a étéfaite après <strong>un</strong>e consultation très large de tous <strong>le</strong>s APP et detous <strong>le</strong>s partenaires. C’est <strong>un</strong> cahier des charges co-construit ;APP est <strong>un</strong>e marque déposée, <strong>un</strong> label national, propriété duministère de l’Emploi.25L’APP est <strong>un</strong>e démarche pédagogique. Il est fondé au traversd’<strong>un</strong>e convention signée entre <strong>le</strong> Directeur régional de l’emploiet de la formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>, et <strong>un</strong> organisme porteur.L’APP n’a pas d’existence juridique propre, ce qui veut dire quederrière <strong>le</strong>s APP, il y a <strong>un</strong>e grande diversité d’organismes deformation.Qu’est-ce qui caractérise la prestation ? C’est la personnalisation.La démarche pédagogique est centrée sur la personne et


el<strong>le</strong> est fondée sur <strong>le</strong>s modalités de l’auto-formation. L’APPnégocie avec chaque personne <strong>un</strong> protoco<strong>le</strong> individuel de formation(PIF) qui précise <strong>le</strong>s domaines, la durée, <strong>le</strong> rythme,etc., d’<strong>un</strong>e réponse formation propre à chac<strong>un</strong>.26Les publicsIls sont divers : il y a des demandeurs d’emploi (68%) maisaussi des salariés hors contrats aidés (12%) et des stagiairesde la formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> (4,5%). Leur âge va de 16 ans(à condition que <strong>le</strong>s personnes ne soient plus scolarisées) àdes retraités. Les trois-quarts des apprenants sont desfemmes. On note <strong>un</strong>e diversité de niveau, cela va de gens quisont proches de l’il<strong>le</strong>ttrisme à des gens qui ont bac + 2, bac +3 qui peuvent avoir des difficultés de maîtrise du <strong>français</strong>. Il ya eu des techniciens supérieurs, des ingénieurs, qui étaientenvoyés par <strong>le</strong>ur entreprise pour des prestations d’expressionécrite et ora<strong>le</strong>. La mixité des publics est déterminante pour <strong>le</strong>lien social, el<strong>le</strong> est <strong>un</strong>e arme pédagogique.Les domainesCe sont <strong>le</strong> <strong>français</strong>, <strong>le</strong>s mathématiques, l’initiation aux langues,<strong>le</strong>s sciences, l’internet, la bureautique, la comptabilité,<strong>le</strong>s méthodes de travail et l’accompagnement méthodologique.Autres caractéristiquesL’APP développe des prestations de formation de proximité sur<strong>un</strong> territoire géographique ; son action repose sur <strong>un</strong> ancrageterritorial fort. Un comité d’orientation et de suivi (COS) rassemb<strong>le</strong><strong>le</strong>s partenaires ; il fixe <strong>le</strong>s grandes orientations duprojet de chaque APP et suit l’activité.Les financements sont diversifiés : <strong>le</strong> ministère de l’Emploi,certains conseils régionaux, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s entreprises,<strong>le</strong>s individuels payants, l’Agefiph 13 , <strong>le</strong>s Assedic …13 Fonds issu de la loi du 10 juil<strong>le</strong>t 1987 pour l'insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> despersonnes handicapées


L’atelier est ouvert tout au long de l’année et tous <strong>le</strong>s jours dela semaine.Les APP fonctionnent en réseau ; il y a <strong>un</strong>e <strong>un</strong>ité d’action quifait qu’au niveau national et au niveau régional, <strong>le</strong>s APP peuventéchanger des bonnes pratiques. De même, <strong>un</strong> certainnombre de services sont comm<strong>un</strong>s, par exemp<strong>le</strong>, <strong>un</strong> systèmenational de suivi statistique de l’activité des APP ; cela permetd’avoir <strong>un</strong>e visibilité au mois <strong>le</strong> mois de ce qui se passe, ce quiest très important pour la négociation et la visibilité face auxfinanceurs.La permanence de l’activité permet vraiment <strong>un</strong> travail enéquipe pédagogique. Les APP n’échappent pas, <strong>dans</strong> certainscas, au problème de l’instabilité des formateurs, c’est <strong>un</strong>equestion qu’il est important de résoudre... Un APP, c’est, entreautres : <strong>un</strong>e équipe pédagogique et <strong>un</strong> lieu stab<strong>le</strong> équipé pourl’auto-formation accompagnée.27Michel TETARTAnimateur national du réseaudes Ateliers de pédagogie personnalisée


Apprentissage du <strong>français</strong> en<strong>contexte</strong> <strong>professionnel</strong> : étatde la rechercheDu <strong>français</strong> sur objectifs spécifiques au <strong>français</strong>langue <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>28La problématique se situant au carrefour des différentschamps d’enseignement du <strong>français</strong>, nous proposerons toutd’abord <strong>un</strong> tab<strong>le</strong>au de synthèse des divers <strong>contexte</strong>s <strong>dans</strong> <strong>le</strong>squelsl’enseignement du <strong>français</strong> se veut professionnalisant.De gauche à droite, <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au propose <strong>un</strong> continuum allant del’enseignement général (ou généraliste) à l’enseignement <strong>le</strong>plus pointu, envisagé pour des métiers précis. Entre ces deuxextrêmes se situent l’enseignement du <strong>français</strong> de la comm<strong>un</strong>icationet de l’insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s, transversal à tous<strong>le</strong>s domaines d’activités et à toutes <strong>le</strong>s professions puis l’enseignementdu <strong>français</strong> <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e branche d’activité donnée,qui marque <strong>un</strong> premier degré de spécialisation, avant de rejoindrela colonne la plus à droite, cel<strong>le</strong> véritab<strong>le</strong>ment des objectifs<strong>le</strong>s plus pointus, centrés sur des postes de travail bien circonscrit.Ce continuum se retrouve aussi bien pour l’enseignementdu <strong>français</strong> langue étrangère (FLE), que pour <strong>le</strong> <strong>français</strong>langue seconde (FLS) et <strong>le</strong> <strong>français</strong> langue maternel<strong>le</strong> (FLM).Il convient de remarquer que <strong>dans</strong> <strong>le</strong> champ du <strong>français</strong> langueétrangère, <strong>le</strong> continuum a été déjà très bien balisé, tant institutionnel<strong>le</strong>mentque du point de vue éditorial.Actuel<strong>le</strong>ment, nous contribuons, pour <strong>le</strong> FLS et pour <strong>le</strong> FLM, àfaire émerger la notion de <strong>français</strong> langue <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>


Hors préoccupationd’emploi :enseignementgénéralistedelanguePréparant l’entréesur <strong>le</strong> marché dutravai :l <strong>français</strong>transversalaux domainesd’activité et auxpostes de travailÀ l’intérieur d’<strong>un</strong>secteur d’activité :<strong>le</strong> domaine estprécisé, mais pas<strong>le</strong> poste de travailDans <strong>un</strong> domainedonné et pour <strong>un</strong>poste de travailprécisFLE(étrangers)FLS(migrants)FLM(natifs)Français de lacomm<strong>un</strong>ication<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>(cf. Français.comou <strong>le</strong> Certificat de<strong>français</strong> <strong>professionnel</strong>de la CCIP)Français pour l’insertion<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>(parexemp<strong>le</strong> <strong>dans</strong> Traitd’Union)Techniques d’expression(CV,entretien d’embauche,recherchede stage)Modu<strong>le</strong>s d’insertion<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>pour natifs enrecherche d’emploiFrançais de spécialité(<strong>français</strong> du tourisme,<strong>français</strong> dudroit, <strong>français</strong>scientifique ettechnique)Français langue<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>(déclinaison parbranche)Publics :- étudiants (nouveauxpublics)- <strong>professionnel</strong>sétrangers en complémentde professionnalisationen France (éco<strong>le</strong>Boul<strong>le</strong>, médecine)- migrants s’orientantvers <strong>un</strong> secteur(métiersd’aide à la personne)Français langue<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>// Français desdisciplines« cours de <strong>français</strong>» <strong>dans</strong> <strong>le</strong>séco<strong>le</strong>s <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s,pour <strong>le</strong>sbacs pros, <strong>le</strong>s formationsd’apprentisFrançais surobjectif(s) spécifique(s): du <strong>français</strong>intervenantponctuel<strong>le</strong>ment<strong>dans</strong> la pratique<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>(en France ou àl’étranger)Français langue<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>(déclinaison parmétier)Publics demigrants- formés justeavant <strong>le</strong>ur venueen France- ou sur place,<strong>un</strong>e fois arrivés(GRETA)S’ils sont formésen entreprise <strong>dans</strong><strong>le</strong> pays d’accueil :La seconde languesur <strong>le</strong> lieu de travail(M. GrünhageMonetti)Français langue<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>- fin de cursusd’éco<strong>le</strong>s <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s(éco<strong>le</strong>sd’ingénieurs eninformatique)- montée en compétences,évolutionde carrière,maintien <strong>dans</strong>l’emploi29


(FLP) tout en réinvestissant en France <strong>le</strong>s savoirs faire du <strong>français</strong>de spécialité et du FOS. Rappelons que <strong>le</strong> FLP est <strong>le</strong> <strong>français</strong>enseigné à des personnes devant exercer <strong>le</strong>ur professionentièrement en <strong>français</strong>. Dans <strong>un</strong> tel cas, <strong>le</strong> cadre d’exercicede la profession au comp<strong>le</strong>t est en <strong>français</strong> (aspects juridiqueset institutionnels, échanges avec <strong>le</strong>s collègues et la hiérarchie,pratique du métier) même si des portions de l’activité de travailpeuvent être réalisées en anglais ou <strong>dans</strong> d’autres langues(cel<strong>le</strong>s de collègues). Cela différencie <strong>le</strong> FLP du FOS, car <strong>le</strong>FOS a <strong>un</strong> champ d’action beaucoup plus restreint : tel qu’ils’est développé depuis trente ans, <strong>le</strong> FOS permet essentiel<strong>le</strong>mentà des non natifs de maîtriser <strong>le</strong> <strong>français</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur <strong>contexte</strong><strong>professionnel</strong> d’origine, en ciblant des compétences limitées(besoins de <strong>le</strong>cture technique, contacts avec <strong>un</strong>e clientè<strong>le</strong><strong>français</strong>e, négociations en <strong>français</strong>).30On remarquera enfin que <strong>le</strong> FLP s’adresse pour partie à desnatifs, re<strong>le</strong>vant alors du <strong>français</strong> langue maternel<strong>le</strong> (FLM).Cette voie est jusqu’à présent peu explorée. Or, notre expériencepersonnel<strong>le</strong>, <strong>dans</strong> des éco<strong>le</strong>s d’ingénieurs ou à l’éco<strong>le</strong>Boul<strong>le</strong>, montre que <strong>le</strong> travail de précision des compétences linguistiquessollicitées par l’exercice de métiers précis, initia<strong>le</strong>mentprévu pour aider des étrangers à s’adapter au <strong>contexte</strong><strong>professionnel</strong> <strong>français</strong>, est éga<strong>le</strong>ment très précieux pour <strong>le</strong>sFrançais eux-mêmes, et ce à tous <strong>le</strong>s niveaux de qualification.Pour reprendre <strong>un</strong>e formu<strong>le</strong> née au Canada, nous pensons qu’i<strong>le</strong>xiste bel et bien des profils linguistiques des professions,c’est-à-dire qu’il est possib<strong>le</strong> de définir et de sérier <strong>le</strong>s compétenceslinguistiques incontournab<strong>le</strong>s pour <strong>un</strong> métier donné.Les évolutions didactiques induites par <strong>le</strong> FLPÀ l’origine de l’émergence du FLP s’est jouée <strong>un</strong>e dynamiqueintel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> et institutionnel<strong>le</strong>.Du côté de l’<strong>un</strong>iversité tout d’abord, on peut dire que tout étaitprêt pour qu’<strong>un</strong>e nouvel<strong>le</strong> approche voie <strong>le</strong> jour. Après avoir


longuement exploré la problématique de l’enseignement du<strong>français</strong> à l’étranger, la recherche en didactique du FLE s’estrecentrée ces quinze dernières années sur la question du <strong>français</strong>langue seconde en France. Les publics de migrants ontété mieux pris en compte, d’abord <strong>dans</strong> des travaux de recherchepuis par <strong>le</strong>s éditeurs de FLE.Les organismes de formation et <strong>le</strong>s institutions veillant à lapolitique d’enseignement du <strong>français</strong> ont éga<strong>le</strong>ment prisconscience ces dernières années de l’intérêt de se doter denouveaux outils d’enseignement. L’étude commandée au CLPconjointement par <strong>le</strong> FASILD et la DPM a donné <strong>un</strong> signal significatifen la matière, incitant à terme à revivifier <strong>le</strong>s interventionset <strong>le</strong>s démarches en cours afin de <strong>le</strong>s optimiser. Cetteétude est partie du constat que de plus en plus de migrants(récents ou plus anciens sur <strong>le</strong> territoire) devaient être opérationnelsen <strong>français</strong> pour accéder à l’emploi ou pour conserver<strong>le</strong>ur travail. Même <strong>le</strong>s postes dits de bas niveau de qualificationnécessitent de plus en plus <strong>le</strong> passage à des conversationsstructurées, voire à <strong>un</strong> écrit minimal. Alors que <strong>le</strong>s financementspublics ne vont plus de soi et que des dispositifscomme <strong>le</strong> Diplôme initial de langue <strong>français</strong>e incitent <strong>le</strong>sentreprises à investir <strong>dans</strong> la formation, <strong>un</strong> tournant semb<strong>le</strong>pris : l’efficacité de la formation linguistique tend à n’êtrereconnue que si el<strong>le</strong> a des retombées sur <strong>le</strong> travail conduit par<strong>le</strong> migrant/stagiaire. Comme l’a bien montré l’enquête menéepar <strong>le</strong> CLP auprès des organismes de formation dont il est latête de pont, la demande de cours de <strong>français</strong> général pourdes publics typiquement FLS diminue : <strong>le</strong>s organismes sontcontactés en vue de formations plus courtes, aux retombéesrapidement mesurab<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> poste de travail, <strong>le</strong>s commanditairesétant guidés par la logique de l’employabilité. Autantd’impératifs qui devaient inévitab<strong>le</strong>ment conduire <strong>le</strong>s formateursà se démarquer de la logique des apprentissages scolaires (<strong>français</strong>,calcul) pour se rapprocher des didacticiens, notammentceux du FOS, experts en ingénierie de formation sur mesure.31


32Il n’en demeure pas moins que <strong>le</strong> FLP est <strong>un</strong> domaine encorerécent, en cours de construction, implicant des réorientations,des adaptations et des nouveautés par rapport à l’héritage duFLE qui nourrit pour l’instant notre réf<strong>le</strong>xion.En FLP, par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s publics nous paraissent ainsi se définirselon trois critères :> <strong>le</strong> niveau de <strong>français</strong>, qui n’est pas toujours <strong>un</strong> niveaude FLE, puisqu’on peut rencontrer en FLP des natifs oudes apprenants offrant <strong>un</strong>e comm<strong>un</strong>ication ora<strong>le</strong> prochedu bilinguisme mais <strong>un</strong> écrit très inférieur, si on penseaux migrants d’Afrique francophone ou du Maghreb,voire à des natifs en position d’il<strong>le</strong>ttrisme ;> <strong>le</strong> degré de professionnalisation, très hétérogène, car onpeut avoir affaire en FLP à des personnes en formationinitia<strong>le</strong>, à des personnes déjà très formées, à de véritab<strong>le</strong>s<strong>professionnel</strong>s ;> <strong>le</strong> passé/passif de formation : <strong>le</strong> public va de personnessuivant régulièrement des stages en formationcontinue à des personnes re<strong>le</strong>vant de systèmes d’aide àl’insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>, voire à des publics n’ayantjamais bénéficié de la moindre formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>.Les représentations et attentes par rapport à <strong>un</strong>e formationen <strong>français</strong> et à la formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> engénéral varient donc fortement, y compris à l’intérieurd’<strong>un</strong> même groupe d’apprenants.De manière généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s publics de FLP sont assez différentsde ceux du FOS. En FOS, on a essentiel<strong>le</strong>ment affaire à desétrangers restant plutôt <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur pays (pas à des migrants)qui ont <strong>le</strong> plus souvent <strong>un</strong> plus haut niveau de qualificationqu’en FLP. Les publics de FOS sont qui plus est en général bienprofessionnalisés et occupent parfois <strong>le</strong> même poste depuisplusieurs années : l’apprentissage du <strong>français</strong> est vécu comme<strong>un</strong> « plus », qui permet <strong>un</strong>e montée en compétences et assure<strong>un</strong>e forme d’ascension <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>. En FLP, on rencontre


assez fréquemment des publics dits de bas niveau de qualification,parfois analphabètes dont l’objectif premier est l’accès àl’emploi, pour la plupart. Il ne s’agit pas d’améliorer son <strong>français</strong>pour obtenir <strong>un</strong>e promotion, mais de trouver du travail ou de semaintenir sur son poste, ce qui n’est possib<strong>le</strong> qu’en progressanten <strong>français</strong>. Dans de tel<strong>le</strong>s conditions, l’apprentissage du<strong>français</strong> revêt <strong>un</strong>e résonance psychoaffective très particulière.Il en est de même, pour <strong>le</strong>s publics de je<strong>un</strong>es diplômés natifs àla recherche de <strong>le</strong>ur premier emploi à l’issue de <strong>le</strong>ur formation.Sur <strong>un</strong> plan plus théorique, on pourrait convoquer plusieursnotions clés pour comprendre <strong>le</strong>s relations entre compétencelinguistique et compétence <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong> champ duFLP. Nous mentionnerons comme des pistes particulièrementprometteuses en premier lieu la part langagière du travail,notion développée par J. Boutet. Entrant plus avant <strong>dans</strong> <strong>le</strong>sspécificités de l’enseignement du FLP, nous nous réfèreronséga<strong>le</strong>ment aux trois dimensions du langage, présentées <strong>dans</strong>TRIM et Odysseus, deux études européennes patronnées parM. Grünhage Monetti en 2004 et 2005 et amp<strong>le</strong>ment commentées<strong>dans</strong> l’étude DPM/FASILD que nous avons conduite avecM. de Ferrari (CLP). Ces considérations théoriques posées, ilresterait encore à entrer <strong>dans</strong> <strong>le</strong> détail de l’ingénierie de formationpropre au FLP. Loin de développer ces aspects méthodologiquesqui pourraient, <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre de la présente publication,apparaître comme des préoccupations techniques,nous en appel<strong>le</strong>rons plutôt à donner des suites pratiques auxpremiers jalons posés lors de cette journée, afin d’asseoir <strong>le</strong>développement du FLP comme discipline d’intervention face àla demande socia<strong>le</strong> et politique de professionnalisation en<strong>français</strong>.33Florence MOURLHON-DALLIESUniversité de la Sorbonne nouvel<strong>le</strong>, Paris 3


France, j’ai observé <strong>le</strong> procès de travail, j’ai enregistré troiscents heures de travail, je <strong>le</strong>s ai transcrites et analysées. Ladirection nous avait demandé d’intervenir parce que, selonel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s enquêtes de satisfaction indiquaient que <strong>le</strong>s clientsn’étaient pas satisfaits des centres d’appel. « C’est parce que<strong>le</strong>s salariés utilisent <strong>un</strong> jargon, des termes techniques et que<strong>le</strong>s clients n’y comprennent plus rien ».En fait, ce dont on s’est aperçu, <strong>un</strong>e fois l’analyse faite, c’estque ce que pensait la direction ne s’est absolument pas vérifié,il n’y avait pas de termes techniques, il n’y avait pas dejargon, il y avait <strong>un</strong>e satisfaction clients tota<strong>le</strong>. Il y a aucontraire de la part des conseil<strong>le</strong>rs des plates-formes <strong>un</strong>e trèsgrande attention au niveau d’expertise des clients qui est souventtrès faib<strong>le</strong>. En fait, face à <strong>un</strong>e demande confuse, ils trouventd’emblée la formu<strong>le</strong> adéquate et la renvoient au client.40Exemp<strong>le</strong> :Client : Voilà, je suis mensualisé, et je voulais savoir où j’enétais par rapport à ma mensualisation...Parce que j’ai re<strong>le</strong>vé mon compteur – heures creuses, heuresp<strong>le</strong>ines - et je voulais enfin… savoir où j’en étais par rapport à lamensualisation...Parce que mon dernier prélèvement doit être fait <strong>le</strong> mois prochain,je voulais savoir si on avait dépassé... où on en étaitquoi...Téléconseil<strong>le</strong>r : Ah, d’accord. Alors, avant qu’on édite votre facturede régularisation, vous souhaitez faire <strong>un</strong> point avec moi survotre consommation ?Le téléconseil<strong>le</strong>r analyse la demande <strong>un</strong> peu confuse, la comprend,la reformu<strong>le</strong> et propose au client <strong>un</strong>e expression synthétiquede sa demande : « vous souhaitez faire… ».Dans l'exemp<strong>le</strong> suivant, l'agent, confronté à l'incompréhensiondu client, traduit en quelque sorte immédiatement <strong>un</strong>e expressiontechnique de l'entreprise et la reformu<strong>le</strong> en <strong>un</strong>e suite


adaptée au niveau d'expertise de son interlocuteur :Exemp<strong>le</strong> 2 :Téléconseil<strong>le</strong>r : Alors, il n’y a pas de système associé avec <strong>un</strong>epompe à cha<strong>le</strong>ur pour <strong>un</strong>e climatisation réversib<strong>le</strong> ?Client : Là, vous me par<strong>le</strong>z hébreu...Téléconseil<strong>le</strong>r : Alors, j’explique, il y a juste <strong>le</strong> chauffage ? Il n’yaura pas de climatisation ?Les conseil<strong>le</strong>rs se trouvent souvent <strong>dans</strong> des positions quasimentdidactiques. Chaque fois qu'ils emploient <strong>un</strong> terme diffici<strong>le</strong>à comprendre, ils <strong>le</strong> traduisent, <strong>le</strong> reformu<strong>le</strong>nt ou <strong>le</strong> paraphrasent.Ils ne laissent donc jamais passer <strong>un</strong>e incompréhensionde la part du client. Quand on analyse de près l'activité deconseil au sein des dialogues <strong>professionnel</strong>s, comme je l'aifait, on s'aperçoit que <strong>le</strong>s conseil<strong>le</strong>rs mettent en place <strong>un</strong>ensemb<strong>le</strong> de procédés linguistiques et rhétoriques très performantsqui dessinent <strong>un</strong>e véritab<strong>le</strong> professionnalité, ou, commenous l'annoncions en introduction, <strong>un</strong> véritab<strong>le</strong> capital de comm<strong>un</strong>ication.41Au terme de l'analyse des 300 dialogues <strong>professionnel</strong>s, ilétait clair que la demande initia<strong>le</strong> de l'entreprise était au senspropre déplacée, el<strong>le</strong> n'était pas au bon endroit. Car, si <strong>le</strong>sclients sont insatisfaits, ils ne sont pas insatisfaits du centred'appel, mais de ce qui se passe après, <strong>dans</strong> la gestion dessuites de <strong>le</strong>ur dossier. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>un</strong> client appel<strong>le</strong> parcequ'il a <strong>un</strong> problème technique. Au centre d'appel, on lui dit :oui, je comprends votre problème… on va vous envoyer <strong>un</strong>technicien. Rendez-vous est pris. C'est fini pour <strong>le</strong> centre d'appel.Mais <strong>le</strong> technicien ne vient pas, donc <strong>le</strong> client rappel<strong>le</strong>,quelques jours plus tard, il tombe sur quelqu'<strong>un</strong> d'autre, etc. Sice même client est ensuite démarché pour <strong>un</strong>e enquête desatisfaction, il est clair que sa réponse sera négative.


Une entreprise fait <strong>un</strong> diagnostic, nous fait venir à la suite dece diagnostic en tant qu'expert. On conduit des analyses linguistiquesprécises, dont ce court exposé ne donne qu'<strong>un</strong>eidée très partiel<strong>le</strong>, on décrit l'analyse de l'activité, en l'occurrence,l'activité langagière des téléconseil<strong>le</strong>rs. Ceci conduit àpouvoir affirmer que <strong>le</strong> diagnostic initial n'était pas adéquat autravail réel. Je crois qu'il est important en matière de formation,de s'appuyer sur de tel<strong>le</strong>s analyses du travail réel, car sion n'avait pas fait ce travail, il est probab<strong>le</strong> qu'<strong>un</strong> modu<strong>le</strong> deformation sur <strong>le</strong> non-emploi des termes techniques aurait étéproposé, ou encore des prescriptions à ce sujet. Il faut à <strong>un</strong>moment ou à <strong>un</strong> autre en passer par l'analyse de l'activité,sans laquel<strong>le</strong> on risque de faire de mauvais diagnostics, demauvaises évaluations et de mauvais modu<strong>le</strong>s de formation.42Josiane BOUTETUniversité de Paris VII,réseau de recherche Langage et travail


Construire <strong>un</strong> référentiel des compétenceslangagières pour <strong>le</strong>s métiers de la propretéCe travail a été effectué à la demande du FAF Propreté (Fondsd’assurance formation), organisme paritaire col<strong>le</strong>cteur agréepar <strong>un</strong>e équipe du CRAPEL 14 /ATILF 15 .Le <strong>contexte</strong>Certains salariés du secteur de la propreté sont confrontés àdes problèmes de maîtrise de la langue <strong>français</strong>e. Ces problèmes,d’ordres très divers, sont suffisamment importants pourque <strong>le</strong> FAF Propreté s’en préoccupe.Comme d’autres branches industriel<strong>le</strong>s ou de services (bâtiment,hôtel<strong>le</strong>rie, intérim), <strong>le</strong>s métiers de la propreté recrutentmajoritairement du personnel faib<strong>le</strong>ment ou non qualifié et/oud’origine étrangère. Les salariés recrutés pour des tâchesd’exécution sont essentiel<strong>le</strong>ment des personnes qui n’ont pasbeaucoup d’autres choix <strong>professionnel</strong>s, compte tenu justementde <strong>le</strong>urs faib<strong>le</strong>s qualifications. Ces branches n’ont doncpas beaucoup de marge de manœuvre pour recruter <strong>le</strong>ur personne<strong>le</strong>t doivent composer avec cette réalité. Les problèmesde maîtrise de la langue posés par <strong>le</strong>s salariés recrutés ne sontpas tous <strong>le</strong> fait de migrants non francophones : il existe aussi<strong>un</strong>e part de salariés francophones, scolarisés en France, quiéprouvent des difficultés très importantes à l’écrit et sontdonc en situation d’il<strong>le</strong>ttrisme.43La nécessité de la maîtrise de la langue <strong>dans</strong> <strong>le</strong> secteur de lapropreté a progressivement émergé avec <strong>le</strong>s exigences et <strong>le</strong>scontraintes des normes de qualité : rapports avec <strong>le</strong> client,14 Centre de recherches et d’applications pédagogiques en langues,<strong>un</strong>iversité de Nancy II15 Analyse et traitement informatique de la langue <strong>français</strong>e


44comm<strong>un</strong>ication entre <strong>le</strong>s agents et entre <strong>le</strong>s agents et l’encadrement,comp<strong>le</strong>xification des procédures, contraintes desécurité, sophistication du matériel et des produits. Tout ceciconduit à <strong>un</strong> développement de ce que J. Boutet a appelé « lapart langagière du travail » aussi bien en termes de besoinsd’interactions verba<strong>le</strong>s ora<strong>le</strong>s efficaces que de maîtrise de l’écritpar la multiplication des procédures de comm<strong>un</strong>ication etd’information : fiches de poste, cahiers de liaison, consignesde sécurité, fiches techniques, etc. Cette part langagière dutravail est maintenant incontournab<strong>le</strong>, y compris pour des secteursindustriels qu’on n’aurait pas cru concernés jusque là. Lademande du FAF Propreté s’inscrit <strong>dans</strong> ce <strong>contexte</strong> général,mais aussi <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre d’<strong>un</strong>e démarche particulière. Le référentie<strong>le</strong>n cours d’élaboration a en effet <strong>un</strong> trip<strong>le</strong> objectif :> évaluer <strong>le</strong>s compétences langagières des personnes lorsdes recrutements ;> évaluer <strong>le</strong>s compétences langagières des salariés désireuxde s’engager <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e procédure de Validation desacquis de l’expérience (VAE). Ces salariés doivent constituer<strong>un</strong> dossier sur la base des référentiels techniquesavec <strong>un</strong> accompagnateur dont <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> consiste en <strong>un</strong>eaide à la mise en forme du dossier et <strong>un</strong>e aide linguistiquepuisque <strong>le</strong>s salariés sont a priori susceptib<strong>le</strong>sd’éprouver des difficultés d’ordre linguistique ;> évaluer <strong>le</strong>s compétences langagières des salariés quis’engagent <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e démarche de formation classique :en effet, <strong>le</strong>s personnes dont <strong>le</strong>s compétences linguistiquesne sont pas suffisantes risquent de subir <strong>un</strong>échec. Il s’agit donc de prévoir <strong>un</strong>e éventuel<strong>le</strong> pré-formationlinguistique.Dans ce <strong>contexte</strong>, on n’évalue donc pas des compétences linguistiquesgénéra<strong>le</strong>s, ce qui n’aurait auc<strong>un</strong> sens, mais <strong>un</strong>ecapacité à verbaliser et à expliciter <strong>un</strong> savoir faire technique et<strong>professionnel</strong>. Le référentiel a, entre autres, pour but d’évaluer


des compétences linguistiques méta-<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s ou métaprocédura<strong>le</strong>s.Les principes méthodologiquesLe principe de base qui conduit notre travail est <strong>le</strong> primat duterrain, de la réalité <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> et des postes de travail.Nous partons de cette réalité pour construire <strong>le</strong> référentiel etnon pas de la langue ou des « niveaux linguistiques » posés apriori. Mais nous voulons éviter <strong>un</strong> autre danger : rester tropprès du terrain, ce qui nous conduirait à adopter <strong>un</strong>e positionutilitariste forcément réductrice. Les compétences langagièresrequises sont déterminées par <strong>le</strong> <strong>contexte</strong> <strong>professionnel</strong>, maisel<strong>le</strong>s sont aussi transversa<strong>le</strong>s : <strong>le</strong>s particularités ne sont pasd’abord d’ordre linguistique (sauf peut-être <strong>le</strong> <strong>le</strong>xique), maisd’ordre langagier. Il s’agit d’évaluer des compétences langagièrescontextualisées. Pour cela, nous effectuons des entretiensavec des <strong>professionnel</strong>s et des visites de chantiers. Nous utilisonsd’autre part des enregistrements d’interactions sur <strong>le</strong> lieude travail, des documents écrits authentiques (fiches de poste,cahiers de liaison, fiches techniques, etc.), des photos dessites et notamment de la signalétique <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s bâtiments et surdivers panneaux d’affichage et d’information, source de problèmespour <strong>un</strong> certain nombre de salariés.45Nous nous appuyons éga<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s référentiels techniquesqui décrivent des savoirs et des savoir-faire extrêmement comp<strong>le</strong>xeset détaillés. Ces référentiels techniques posent en filigranela question des compétences linguistiques. En effet,pour décrire <strong>un</strong>e machine ou son mode opératoire, il fautconnaître cette machine et savoir comment el<strong>le</strong> fonctionne,mais aussi être capab<strong>le</strong> de l’expliquer, ce qui est <strong>un</strong>e touteautre affaire. Notre choix a donc consisté à reprendre <strong>le</strong>s référentielstechniques afin de mettre à jour <strong>le</strong>s compétences verba<strong>le</strong>ssous jacentes. Nous avons recensé ces compétencesverba<strong>le</strong>s puis nous <strong>le</strong>s avons réorganisées et reclassées en


fonction des actes de langage qu’el<strong>le</strong>s mettent en œuvre. Nousobtenons ainsi <strong>un</strong>e architecture de référentiel qui s’appuie sur<strong>le</strong>s exigences de maîtrise technique des métiers et des postesde travail tout en proposant <strong>un</strong>e approche transversa<strong>le</strong> descompétences langagières. Les compétences langagièresrecensées par actes de paro<strong>le</strong> permettent de retrouver <strong>un</strong>eforme de logique et de cohérence de la verbalisation du et autravail.46Enfin, nous tentons, de nous baser sur <strong>le</strong> travail réel et non sur<strong>le</strong> travail prescrit. Ceci, <strong>dans</strong> la mesure du possib<strong>le</strong>, en fonctionde ce que nous permet notre position forcément extérieure.On sait que <strong>le</strong> travail qui prescrit des consignes, des formulaires,des procédures explicitées et des documents n’est pas<strong>le</strong> travail réel. Seu<strong>le</strong> l’observation en temps réel des salariéssur <strong>le</strong>ur poste de travail pourrait nous donner <strong>un</strong>e idée précisede ce que fait <strong>le</strong> salarié, qui n’est pas toujours tout à fait cequ’il doit ou devrait faire.Les principes théoriquesLe projet de référentiel n’est pas <strong>un</strong> projet de recherche ausens propre du terme : il s’agit de concevoir et de produire <strong>un</strong>outil qui doit avoir <strong>un</strong>e portée opérationnel<strong>le</strong> et c’est pourquoi<strong>le</strong>s attendus méthodologiques sont déterminants. Ce projet deréférentiel, cependant, doit déboucher sur <strong>un</strong> travail deréf<strong>le</strong>xion et de recherche.Premier élément théorique : notre conception de la langue.Cette conception n’est pas nouvel<strong>le</strong>, mais il convient d’y revenirici : la langue n’est pas qu’<strong>un</strong> système de signes, denormes, de structures, déconnecté du <strong>contexte</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong>quel ilvit et fonctionne. Notre but n’est pas de savoir si <strong>un</strong> salarié estcapab<strong>le</strong> de faire <strong>un</strong>e phrase correcte en <strong>français</strong> ou s’il connaît<strong>le</strong> sens de tel ou tel mot, mais s’il est capab<strong>le</strong> de rendrecompte à sa hiérarchie, de signa<strong>le</strong>r <strong>un</strong> problème, de décrire<strong>un</strong>e panne ou <strong>un</strong> dysfonctionnement. La comm<strong>un</strong>ication en


milieu <strong>professionnel</strong> est <strong>un</strong>e situation concrète de comm<strong>un</strong>icationet c’est <strong>dans</strong> ce cadre que la personne est évaluée. Si <strong>le</strong>salarié produit <strong>un</strong>e phrase syntaxiquement correcte, maisinadaptée à la situation, l’évaluation sera négative. En revanche,si <strong>le</strong> salarié sait se faire comprendre de façon claire enemployant des structures non canoniques, l’évaluation serapositive.Deuxième élément de notre approche théorique : on ne comm<strong>un</strong>iquepas seu<strong>le</strong>ment avec des mots ou du matériel verbal.On comm<strong>un</strong>ique aussi avec des gestes, des mimiques, des postures,des intonations, etc. Ces compétences non verba<strong>le</strong>s etparaverba<strong>le</strong>s, que nous avons intégrées au référentiel, neseront cependant pas traitées en tant que tel<strong>le</strong>s, mais <strong>dans</strong> ladynamique de l’interaction, comme des éléments appuyant <strong>le</strong>verbal et non comme des éléments autonomes, utilisés defaçon systématique. Les limites sont de toutes façons poséespar <strong>le</strong>s contraintes pragmatiques : la comm<strong>un</strong>ication doit êtrerapide et efficace.47Troisième élément théorique : nous voulons évaluer des compétenceslangagières <strong>dans</strong> la dynamique de l’interaction, cequi suppose d’évaluer la capacité des salariés à mettre enœuvre des stratégies de comm<strong>un</strong>ication utilisant <strong>le</strong>s compensations,<strong>le</strong>s reformulations et tous <strong>le</strong>s procédés qui ont pourbut d’utiliser l’interaction comme moyen de co-construire dusens.Enfin, si nous pensons que la langue, avant d’être <strong>un</strong>e structure,est <strong>un</strong>e pratique toujours contextualisée, nous considéronsqu’<strong>un</strong>e évaluation des compétences langagières doit être el<strong>le</strong>mêmecontextualisée. La linguistique de l’énonciation a depuislongtemps montré que <strong>le</strong> langage comporte <strong>un</strong> grand nombred’éléments indiciels – <strong>le</strong>s déictiques – qui renvoient directementau moment, au lieu et aux participants de l’interaction. Si


l’on évalue <strong>le</strong>s compétences langagières des salariés, il faut <strong>le</strong>faire en <strong>contexte</strong> de travail. S’il n’est pas matériel<strong>le</strong>ment possib<strong>le</strong>de <strong>le</strong> faire sur <strong>un</strong> chantier, nous pensons qu’il est souhaitab<strong>le</strong>que l’évaluation soit effectuée au moins <strong>dans</strong> <strong>un</strong> environnementqui ressemb<strong>le</strong> à <strong>un</strong> chantier. Le référentiel, là encore,n’a pas pour objectif de mesurer des compétences de verbalisation« pures », mais <strong>un</strong>e capacité à s’appuyer sur <strong>le</strong> <strong>contexte</strong>situationnel immédiat. Les locuteurs, de façon généra<strong>le</strong>,s’appuient sur <strong>le</strong> <strong>contexte</strong> et ne verbalisent qu’<strong>un</strong>e partie dumessage. Le reste relève des implicites situationnels, linguistiquesou culturels.48Perspectives de rechercheNotre travail contient en soi des éléments de recherche : ils’agit de valider <strong>un</strong>e conception théorique de la comm<strong>un</strong>icationverba<strong>le</strong> par la création d’<strong>un</strong> outil qui doit apporter des élémentsconcrets d’évaluation et de positionnement. Mais notreexpérience sur <strong>le</strong> terrain nous fait déjà entrevoir des pistes derecherche. Les perspectives ouvertes par la loi de 2004 sur <strong>le</strong>droit à la formation linguistique devraient initier <strong>un</strong>e synergiede recherche-action. Ces pistes de recherche se trouventtoutes à des croisements interdisciplinaires : sociolinguistique,didactique du <strong>français</strong>, sociologie du travail, ergonomie,psychologie, etc.La piste essentiel<strong>le</strong> concerne bien sûr l’enseignement etl’apprentissage du <strong>français</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong> champ de la formationd’adultes en insertion, et notamment <strong>le</strong>s adultes migrants.D’autre part, <strong>le</strong>s secteurs <strong>professionnel</strong>s qui sont en premièreligne sur <strong>le</strong>s questions de maîtrise de la langue (BTP, propreté,intérim, hôtel<strong>le</strong>rie) sont aussi ceux qui emploient beaucoup demain-d’œuvre que <strong>le</strong>s statistiques officiel<strong>le</strong>s et la sociologieclassent parmi <strong>le</strong>s catégories populaires (ouvriers, employésfaib<strong>le</strong>ment ou non qualifiés). Or <strong>le</strong>s enfants de ces salariéssont eux aussi <strong>le</strong>s premiers touchés pas <strong>le</strong>s questions de faib<strong>le</strong>qualification ou d’échec scolaire. Les recherches menées <strong>dans</strong>


<strong>le</strong> champ de la maîtrise de la langue en milieu <strong>professionnel</strong>pourraient sans doute nous apporter beaucoup d’informationssur <strong>le</strong> rapport à la langue, au savoir et à l’apprentissage desenfants d’origine populaire et remettraient en cause, à monavis, bien des certitudes didactiques.Hervé ADAMIUniversité de Nancy IICRAPEL/ATILF/UMR 7118 CNRS49


Vers <strong>un</strong>e ingénierie deformation en <strong>français</strong> langue<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>Référentiels de compétences langagières etportfolios du monde <strong>professionnel</strong>50Je vais vous présenter <strong>un</strong> dispositif relativement récent puisqu’ila été mis en place en septembre 2005 au centre delangue de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP).Il s’agit de la création d’<strong>un</strong> pô<strong>le</strong> pédagogique constitué deresponsab<strong>le</strong>s pédagogiques du centre de langue qui, en partenariatavec des <strong>un</strong>iversités, ont travaillé sur l’analyse debesoins de certains milieux <strong>professionnel</strong>s <strong>dans</strong> <strong>le</strong> but d’établirdes référentiels de compétence.Pourquoi avoir lancé ce projet alors qu’il existe déjà à la CCIPdes examens de <strong>français</strong> <strong>professionnel</strong> ? Nous avons étéconfrontés comme beaucoup de centres de langue à <strong>un</strong>e sorted’explosion des demandes de formation en <strong>français</strong> <strong>professionnel</strong>qui ont augmenté en 2005 de 250%. Il y a aussi <strong>un</strong>egrande diversification des publics, <strong>le</strong>s besoins sont de plus enplus importants. À cela on peut trouver des raisons, la mondialisationdes échanges, la mobilité internationa<strong>le</strong> <strong>un</strong>iversitaireet <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>, d’où l’idée d’adapter <strong>le</strong>s outils de référenceau monde <strong>professionnel</strong>.Quel<strong>le</strong> a été notre démarche ?> identifier et analyser <strong>le</strong>s besoins du monde <strong>professionnel</strong> ;> recueillir <strong>le</strong> maximum de données authentiques au seindes situations <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s ;


établir des référentiels de compétences ciblant la pratiquede certains métiers ;> constituer <strong>un</strong> réseau d’<strong>un</strong>iversités partenaires de la CCIPen impliquant des étudiants de master 2 professionne<strong>le</strong>ffectuant <strong>le</strong>ur stage en entreprise, encadrés par <strong>le</strong>urprofesseur et <strong>un</strong> responsab<strong>le</strong> pédagogique de la CCIP ;> approfondir <strong>le</strong>s référentiels par l’élaboration de portfolios<strong>professionnel</strong>s.C’est <strong>un</strong>e adaptation de la démarche FOS.Les étapes> observation approfondie du <strong>contexte</strong> <strong>professionnel</strong> ;> sé<strong>le</strong>ction des personnels concernés et repérage de <strong>le</strong>urstâches, <strong>le</strong>ur position au sein de la structure ;> analyse des besoins à l’aide d’outils : questionnaires,gril<strong>le</strong>s d’observation, gril<strong>le</strong>s d’entretiens avec <strong>le</strong> repéragedes actes de paro<strong>le</strong> et formulation de premièreshypothèses ;> col<strong>le</strong>cte de données pour ajuster <strong>le</strong>s hypothèses : enregistrementde situations ora<strong>le</strong>s, recueil de documentsécrits ;> analyse des données (contenu linguistique, mise en relationavec <strong>le</strong>s objectifs comm<strong>un</strong>icatifs) ;> élaboration du référentiel.51Quelques éléments de comparaison avec notre démarcheFOSFrançais généralObjectif largeFormation à moyen ou à long termeDiversité thématique et des compétencesContenus maîtrisés par l’enseignantTravail autonome de l’enseignantMatériel existantFrançais sur objectifs spécifiquesObjectif précisFormation à court terme (urgence)Centration sur certaines situations cib<strong>le</strong>sContenus nouveaux a priori non maîtriséspar l’enseignantContacts, avec <strong>le</strong>s acteurs du métier étudiéMatériel à élaborer


Français de spécialitéFrançais sur objectifs spécifiquesObjectif largeObjectif précisFormation à moyen ou à long terme Formation à court terme (urgence)Diversité des thèmes et des compétences Centration sur certaines situations cib<strong>le</strong>sliées à <strong>un</strong>e discipline (économie, commerce,physique, médecine…)Contenus nouveaux a priori non maîtriséspar l’enseignantContenus nouveaux a priori non maîtriséspar l’enseignantTravail autonome de l’enseignantContacts, avec <strong>le</strong>s acteurs du métier étudiéMatériel existant (insuffisant <strong>dans</strong> certains Matériel à élaborerdomaines)52La référentialisation, c’est :> <strong>un</strong> long processus qui s’appuie sur <strong>un</strong>e analyse desbesoins, <strong>le</strong>s résultats d’enquêtes sur <strong>le</strong> terrain ;> <strong>un</strong> référé qui devra être catégorisé et transformé en« référent » : résultats attendus par compétence, pour<strong>un</strong> apprenant de niveau lambda ;> <strong>un</strong>e démarche descriptive, mais non prescriptive.Construire <strong>un</strong> référentiel, c’est :> analyser des besoins au travers des situations de comm<strong>un</strong>ication;> décrire des habilités langagières ;> proposer des exemp<strong>le</strong>s de tâches et de textes ;> catégoriser <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e/des compétence(s) : compréhensionécrite, compréhension ora<strong>le</strong>, expression écrite,expression ora<strong>le</strong> ;> pré-indexer à <strong>un</strong> niveau.Analyser des besoins, c’est :> recenser <strong>le</strong>s situations de comm<strong>un</strong>ication <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>requérant l’usage du <strong>français</strong> ;> prendre connaissance des discours qui sont à l’œuvre<strong>dans</strong> ces situations : à quel<strong>le</strong>s utilisations du <strong>français</strong>l’apprenant sera-t-il confronté au moment de son activi-


té <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> ou <strong>un</strong>iversitaire ? Avec qui par<strong>le</strong>ra-til? À quel sujet ? De quel<strong>le</strong> manière ? Que lira-t-il ?Qu’aura-t-il à écrire ?Exemp<strong>le</strong> : <strong>un</strong> employé de banque devant recevoir des Français> savoir accueillir <strong>le</strong>s clients francophones au guichet ettraiter avec eux des opérations de change d’argent,d’ouverture de compte ;> informer sur l’état du compte ou sur différents problèmestels que la perte de la carte b<strong>le</strong>ue ;> savoir fournir toutes <strong>le</strong>s informations sur <strong>un</strong>e demandede prêt, <strong>un</strong>e opération de placement ;> faire remplir des documents écrits ;> expliquer <strong>le</strong>s différences de fonctionnement avec <strong>le</strong>sbanques <strong>français</strong>es ;> traduire et expliquer en <strong>français</strong> <strong>le</strong>s documents locaux.Dans notre référentiel, nous distinguons objectif et compétence.Ces référentiels sont en cours de réalisation et n’ont pasatteint <strong>le</strong>ur forme définitive.53Jean-Marc MANGIANTEUniversité d’ArtoisChambre de commerce et d’industrie de Paris


La recherche d’emploi avec <strong>le</strong> cahier « insertion<strong>professionnel</strong><strong>le</strong> » de Trait d’<strong>un</strong>ion 2 1654Un constat sur <strong>le</strong>s besoins des personnes que j'ai rencontrées<strong>dans</strong> différents postes (chargée de bilans linguistiques, prestataireANPE, chargée de mission) est à l'origine du cahier« Insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> ». Le besoin essentiel de ces personnesest l'insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>.Dans <strong>le</strong>s prestations ANPE 17 , il y a trois mois de suivi individuelà raison d'<strong>un</strong>e dizaine de séances d'<strong>un</strong>e heure. Le but est d'accompagnerla personne <strong>dans</strong> sa recherche d'emploi ou <strong>dans</strong>l'élaboration de son projet <strong>professionnel</strong>, son positionnement,sa recherche de formation. Travail<strong>le</strong>r <strong>un</strong> projet avec <strong>un</strong> publicne maîtrisant pas <strong>le</strong> <strong>français</strong> pose évidemment d'importantesdifficultés.Le problème se retrouve en centre de formation avec desdemandeurs d'emploi, mais aussi avec des salariés qui aspirentà <strong>un</strong> meil<strong>le</strong>ur poste (exemp<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s personnes ayant <strong>un</strong>haut niveau de qualification <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur pays, mais exerçant enFrance <strong>un</strong> travail en dessous de <strong>le</strong>ur niveau).C'est pourquoi, il nous a semblé important pour <strong>le</strong> niveau 2 deTrait d'<strong>un</strong>ion de proposer <strong>un</strong> cahier consacré à l'insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>.Le cahier est basé sur des documents col<strong>le</strong>ctés <strong>dans</strong> desstructures d'accompagnement à la recherche d'emploi et descorrespondances reçues par <strong>le</strong>s stagiaires, mais aussi desrécits de difficultés auxquel<strong>le</strong>s ils s'étaient heurtés. La progressionpasse donc du <strong>français</strong> général au <strong>français</strong> <strong>professionnel</strong>.Tout a été col<strong>le</strong>cté pour travail<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong> vocabulairespécifique, mais aussi sur <strong>le</strong>s codes (tenue vestimentaire, vou-16 Paris, CLE international, 200517 Agence nationa<strong>le</strong> pour l’emploi


voiement…) dont la maîtrise est nécessaire pour <strong>un</strong>e bonneinsertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>. Il est important que <strong>le</strong>s gens serepèrent <strong>dans</strong> l'espace <strong>dans</strong> <strong>le</strong>quel ils évoluent, d'<strong>un</strong>e institutionà l'autre.Sachant qu'il faut aussi pouvoir faire <strong>le</strong> point sur soi, nous proposons<strong>un</strong>e auto-évaluation guidée à travers des documents debilan de compétence. La recherche d'emploi demande <strong>un</strong>egrande autonomie. Lorsque <strong>le</strong>s personnes sont reçues en bilande compétence, el<strong>le</strong>s ont besoin de s'exprimer sur <strong>le</strong>urs sentiments,sur la perception qu'el<strong>le</strong>s ont d'el<strong>le</strong>s-mêmes.Le but n'est à l'évidence pas de remplacer <strong>un</strong> conseil<strong>le</strong>r <strong>professionnel</strong>,de préparer en termes de compétences linguistiquesadaptées (<strong>français</strong> sur objectifs spécifiques) <strong>le</strong>s nonfrancophones aux exigences de l'élaboration du projet professionne<strong>le</strong>t de la recherche d'emploi.L’organisation du cahier d’insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>12 <strong>un</strong>ités de 6 pages, organisées selon <strong>le</strong>s actes de langage deTrait d'<strong>un</strong>ion 2 :> 2 pages sur l'oral, compréhension principa<strong>le</strong>ment avecdes situations très diversifiées : à l'ANPE, entretiensd'embauche, situations <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s de comm<strong>un</strong>icationentre collègues, premier jour de travail ;> 2 ou 4 pages d'exploitation des documents authentiques :courriers ANPE, ASSEDIC, fiches ROME (répertoire opérationnelmétiers emploi) de l'ANPE ;> 2 pages à partir de l'<strong>un</strong>ité 7 sur l'auto-évaluation duprojet <strong>professionnel</strong>.55Claire VERDIERCETEC A2F(Centre d'entraînement aux techniques d'expressionet de comm<strong>un</strong>ication - Actions de formation, Paris)


Élaborer <strong>un</strong> programme pédagogique pour <strong>un</strong>epré-qualification pour <strong>le</strong>s métiers de la propreté56Cadre et <strong>contexte</strong>Du 14 décembre 2005 au 12 mai 2006 l’AEFTI Lorraine Alsacea animé <strong>un</strong>e pré-qualification pour l’emploi aux métiers de lapropreté d’<strong>un</strong>e durée de 750 heures. Il s’agissait d’<strong>un</strong>e formationpilote financée par <strong>le</strong> FARE (Fonds d’action pour la réinsertionet l’emploi, dédié aux entreprises de propreté).Conformément aux priorités dégagées par l’accord de brancherelatif à la formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> du 25 octobre 2004, labranche propreté souhaitait en effet créer des passerel<strong>le</strong>spour favoriser l’insertion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> des je<strong>un</strong>es et adultesdemandeurs d’emploi, notamment l’accès aux emplois d’agentde service 1 et 2 (AS 1/AS 2) définis par la convention col<strong>le</strong>ctivePropreté.Les destinataires de cette formation étaient des demandeursd’emploi ayant validé <strong>le</strong>ur projet <strong>professionnel</strong> d’agent de serviceet rencontrant des difficultés en <strong>français</strong> : publics re<strong>le</strong>vantde l’Alpha +, du FLE intermédiaire, de l’il<strong>le</strong>ttrisme, voirede la remise à niveau.Les exigences du cahier des chargesL’appel d’offres pour cette formation pilote demandait de développer<strong>un</strong> projet pédagogique innovant qui devait notamment :> relier <strong>le</strong>s apprentissages du métier et « comportementaux» (attitudes de service) aux savoirs de base ens’appuyant sur dérou<strong>le</strong>ment des chantiers en entreprise ;> prendre en compte <strong>le</strong> développement de comportementsappropriés à la prestation de service ;> inscrire la formation <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e alternance hebdomadaire(2 à 3 jours par semaine) entre centre de formation (450heures) et stage en entreprise (300 heures) avec suivi(10 heures par participant) ;


préparer l’accès à <strong>un</strong> emploi de plus de 20 heures hebdomadaireset pour <strong>un</strong>e durée supérieure à 6 mois.Le cahier des charges prévoyait <strong>un</strong>e organisation en 3 phases :Phase 1 : Lancement global du groupe (90 h)> en centre : lancement du groupe (75 h) ;> en entreprise : découverte de l’entreprise et du poste detravail (15 h).Phase 2 : Mise en œuvre des apprentissages en alternancegroupe / individualisation 590 h> en centre : formation linguistique, métier, attitudes deservice (330 h) ;> en entreprise : tenue du poste (260 h).Phase 3 : Accompagnement vers l’emploi et l’autonomie(70 h)> en centre : techniques de recherche d’emploi (45 h) ;> en entreprise : candidatures et rendez-vous (25 h).Les modalités d’évaluationCes 3 phases étaient jalonnées d’évaluations régulières :> <strong>un</strong> suivi et <strong>un</strong>e évaluation des contrats d’objectifs individuelspassant par <strong>un</strong>e évaluation formative mensuel<strong>le</strong>des apprentissages linguistiques, métier et comportementauxen centre et en entreprise ;> <strong>un</strong>e évaluation sommative fina<strong>le</strong> formalisant et valorisant<strong>le</strong>s acquis sous forme d’<strong>un</strong> portefeuil<strong>le</strong> de compétences.57L’évaluation fina<strong>le</strong> des compétences techniques s’est faitenotamment à l’aide d’<strong>un</strong> QCM écrit dont il fallait pouvoir comprendre<strong>le</strong>s items, et par <strong>un</strong>e mise en situation pratique (parexemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> nettoyage d’<strong>un</strong> bureau et de sanitaires, avec préparationpréalab<strong>le</strong> du matériel et des produits) dont il faut pouvoirverbaliser <strong>le</strong>s modes opératoires - ce qui nous rapprochedes exigences d’<strong>un</strong>e VAE (validation des acquis de l’expérience).


Contenus de la formationLinguistiqueTechniques <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>sPréparer son RV avec l'entreprised'accueil :se présenter, rappe<strong>le</strong>r l'objet du RV,demander <strong>le</strong> lieu et <strong>le</strong>s horaires deschantiers, <strong>le</strong> nom du tuteur et de lapersonne à qui s'adresser, faire signersa convention de stageLocaliser ses chantiers à l'aide d'<strong>un</strong>planOrganiser ses déplacements sur <strong>le</strong>schantiers : itinéraires et horaires detransports58Se repérer sur son site de travail etson chantier :lire <strong>un</strong> plan, décoder la signalétique et<strong>le</strong>s panneauxAcquérir <strong>le</strong>s mots-c<strong>le</strong>fs pour identifier<strong>le</strong> matériel de base et son usageRepérer <strong>le</strong> rangement (classement,étiquetage) du matériel et desconsommab<strong>le</strong>s <strong>dans</strong> <strong>le</strong> local techniquede l'OFDécouvrir et identifier <strong>le</strong> matériel debase utilisé par <strong>le</strong>s entreprises :- l'aspirateur eau -poussière- <strong>le</strong> chariot- <strong>le</strong>s différents balais- <strong>le</strong>s texti<strong>le</strong>s de nettoyageGestes de base : démonstration, précautionset premiers essais pratiquesRangement et entretien du matérielComm<strong>un</strong>iquer ora<strong>le</strong>ment avec l'employeur,<strong>le</strong>s collègues et <strong>le</strong> client : utiliser<strong>le</strong> vouvoiement, demander /donner <strong>un</strong>e information de lieu, <strong>un</strong>eexplication


Attitudes de serviceEntrepriseSe présenter à <strong>un</strong> employeur : civilité,présentation physiqueRV avec <strong>un</strong> responsab<strong>le</strong> de l'entreprised'accueil : se présenter, s'informersur ses chantiers, faire signer laconvention de stageLe rô<strong>le</strong> de l'agent de service : ce qu'illui appartient de faire ou de ne pasfaire, en déclinant <strong>le</strong>s critères de basede la prestation de serviceSe présenter devant <strong>un</strong> employeur, descollègues et devant <strong>un</strong> client (civilité,hygiène corporel<strong>le</strong> et vestimentaire,tenue)Respect du matériel et des installations1. Découvrir et utiliser <strong>le</strong> matériel del'entreprise.Première mise en situation <strong>dans</strong> <strong>le</strong>cadre d'<strong>un</strong>e prestation de service debase2. Observer :- <strong>le</strong>s aspects organisationnels et techniquesdu travail d'agent de service- l'organisation de l'entreprise de propretéet du chantier- <strong>le</strong>s relations avec la clientè<strong>le</strong>Validation des objectifs <strong>professionnel</strong>s59Joanne COLLINAEFTI Lorraine Alsace


Les mots pour construire - <strong>un</strong>e ingénierie deformation pour <strong>le</strong>s publics migrants du secteurbâtimentL’origine du projetEn 2003, <strong>un</strong>e petite entreprise du Bâtiment, SARL maçonnerieet construction spécialisée <strong>dans</strong> <strong>le</strong> montage de parpaings et lamaison individuel<strong>le</strong>, recrute des maçons. Face à la pénurie demain d’œuvre et devant l’urgence des chantiers, <strong>le</strong> chef decette entreprise bretonne décide de recruter <strong>dans</strong> son paysd’origine, la Turquie. Six je<strong>un</strong>es hommes arrivent en France(19, 23, 24, 26, 30 ans), primo-arrivants et primo-apprenants<strong>dans</strong> <strong>le</strong> bâtiment.60Le <strong>contexte</strong> de la formationLa formation se dérou<strong>le</strong> à temps p<strong>le</strong>in au GRETA (35 heureshebdomadaires, total de 266 heures) :> entrée progressive par <strong>le</strong> FLE, langue de comm<strong>un</strong>icationpour la vie quotidienne, puis comm<strong>un</strong>ication <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>;> vocabulaire technique, ateliers pratiques : la langue despécialité (la part langagière sur <strong>le</strong> poste de travail visé) ;> technologie + vie socia<strong>le</strong> et <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>.La formation est envisagée comme <strong>un</strong>e insertion <strong>dans</strong> <strong>un</strong><strong>contexte</strong> social : des salariés et non pas des demandeursd’emploi (cadre de travail négocié avec <strong>le</strong>s services du travail).L’accompagnement par <strong>un</strong> tutorat de proximité est organisé<strong>dans</strong> et hors entreprise.Le <strong>contexte</strong> du travailLa formation s’est adaptée au <strong>contexte</strong> du travail: rythme del’entreprise, anticipation des temps forts de l’activité, besoinsde main-d’œuvre et week-ends). L’accueil <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s équipes


existantes est comm<strong>un</strong>autaire (<strong>le</strong> chef d’entreprise est Turc).Le <strong>contexte</strong> est connu du formateur référent du GRETA. La premièregénération migrante des chefs d’équipe a été formée aumanagement par <strong>le</strong> GRETA.Les objectifs de formation pour l’entreprisePour <strong>le</strong> chef d’entreprise, il s’agit de « rattraper » <strong>le</strong>s chantiersen cours pour éviter <strong>le</strong>s pénalités de retard. Il a besoin rapidementd’<strong>un</strong>e main-d’œuvre qualifiée et donc productive.L’entreprise souhaite aborder dès <strong>le</strong> début de la formation <strong>le</strong>squestions de sécurité et de rég<strong>le</strong>mentation sur <strong>le</strong>s chantiers.L’apprentissage de la langue <strong>français</strong>e est considéré comme<strong>un</strong> moyen d’intégration socia<strong>le</strong>. Il s’agit d’acquérir <strong>un</strong> outilintel<strong>le</strong>ctuel de base et surtout de se donner <strong>le</strong>s moyens decomm<strong>un</strong>iquer et de comprendre ce que <strong>le</strong>s autres disent. Àcette formation linguistique, on associe la connaissance desmatériaux et des principes de construction. La compétence linguistiqueest éga<strong>le</strong>ment vue comme <strong>un</strong> outil de gestion descompétences (l’entreprise est en expansion).61Les besoins et motivations des migrantsPour ces je<strong>un</strong>es Turcs, il s’agit d’avoir <strong>un</strong> travail salarié etreconnu (<strong>un</strong> visa et <strong>un</strong> contrat de travail), <strong>un</strong> statut (<strong>un</strong>e reconnaissancepour cette première génération). Ils veu<strong>le</strong>nt vivre enFrance et en profiter et souhaitent alors par<strong>le</strong>r <strong>français</strong> pour sefaire comprendre et comprendre <strong>le</strong>s autres. L’espoir de la réussitesocia<strong>le</strong> <strong>le</strong>s anime éga<strong>le</strong>ment.Les objectifs de la formation> acquisition des bases en compréhension et expressionora<strong>le</strong>s et compétences de base en comm<strong>un</strong>ication ;> apprentissage du <strong>français</strong> de la vie quotidienne ;> apprentissage du vocabulaire de base de la construction ;> sensibilisation à la prévention et à la sécurité.


L’ingénierie pédagogiqueÀ la fin de la formation, en 2004, <strong>le</strong>s formateurs des disciplinesbâtiment et <strong>français</strong> langue étrangère chargés de la formationdes Turcs ont manifesté <strong>le</strong> désir de formaliser <strong>le</strong>ur expériencepédagogique sur <strong>un</strong> support de formation : <strong>le</strong> matérielspécialisé serait alors capitalisé et faci<strong>le</strong>ment transférab<strong>le</strong>. Eneffet, <strong>le</strong> programme de <strong>français</strong> sur objectifs spécifiques (ici lamaçonnerie) a imposé aux formateurs de se familiariser avecce domaine. Recueillir toutes <strong>le</strong>s données nécessaires à la préparationde <strong>le</strong>urs cours <strong>le</strong>ur a donné beaucoup de travail.Conserver la trace du matériel didactique <strong>le</strong>ur a semblé d’<strong>un</strong>grand intérêt.En 2005, <strong>le</strong> GIP-FAR 18 de l’Académie de Rennes (réseau desGRETA de Bretagne) a ainsi piloté la production du CD-ROM« Les mots pour construire ».62ContenusLe CD-ROM est composé de 11 modu<strong>le</strong>s. Chaque modu<strong>le</strong>aborde <strong>le</strong>s activités du maçon <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e entreprise et renvoieau <strong>le</strong>xique principal. Il est destiné à être utilisé prioritairement<strong>dans</strong> <strong>un</strong>e approche interdisciplinaire : à partir de la réalité deschantiers, il outil<strong>le</strong> <strong>le</strong> formateur <strong>dans</strong> la gestion de la professionnalisationet l’intégration du stagiaire migrant ou primoentrant<strong>dans</strong> l’entreprise. Il met l’accent sur <strong>le</strong>s situationsd’organisation de chantiers et de production et intègre <strong>le</strong> vocabulairespécifique individuel et col<strong>le</strong>ctif des chantiers. Les11 modu<strong>le</strong>s livrés sur CD-ROM peuvent éga<strong>le</strong>ment être implantéssur <strong>un</strong>e plate-forme de formation à distance ou consultéssur <strong>un</strong> site internet.La production d’<strong>un</strong>e ressource en <strong>français</strong> langue <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>Le processus de production d’<strong>un</strong>e ressource de formation multimédia<strong>dans</strong> <strong>le</strong> domaine du <strong>français</strong> sur objectifs spécifiquesse dérou<strong>le</strong> en <strong>un</strong>e succession d’étapes. On retrouve la phase


d’étude d’opport<strong>un</strong>ité qui donne lieu au cahier des charges,puis <strong>le</strong>s étapes de scénarisation, de conception et de développementmultimédia. Le <strong>français</strong> sur objectifs spécifiques est<strong>un</strong> domaine qui exige <strong>un</strong>e col<strong>le</strong>cte de matériel exhaustive, cequi a été réalisé par l’équipe du GRETA. À partir de référentielsdiplômes a été rédigé <strong>un</strong> référentiel d’activités prenant encompte la dimension individuel<strong>le</strong> et col<strong>le</strong>ctive (l’organisationdu chantier et la vie de l’entreprise), <strong>le</strong> verbal et <strong>le</strong> non-verbal.Le scénario pédagogique du CD-ROM « Les mots pour construire» s’est inspiré de la maquette de maison démontée etremontée, utilisée par <strong>un</strong> artisan messager chargé de présenterson métier <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s.La maîtrise de cette base <strong>le</strong>xica<strong>le</strong>, devrait faciliter à toutnouvel entrant la construction d’<strong>un</strong>e identité <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> etpersonnel<strong>le</strong> au sein de l’entreprise qui l’accueil<strong>le</strong>.Avec la réalisation de ce support de formation multimédia,nous bénéficions désormais de l’expérience réussie d’<strong>un</strong>eingénierie pédagogique au service des formateurs du réseaudes GRETA qui travail<strong>le</strong>nt auprès des publics migrants <strong>dans</strong> <strong>le</strong>sentreprises.Nous avons développé des compétences en didactique <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>en termes d’analyse de situations langagières, constructionde référentiels décrivant l’activité <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> et<strong>le</strong>ur rapport au discours. Riches de cette méthodologie, noussommes en mesure aujourd’hui de mobiliser ces compétencespour <strong>le</strong>s transférer <strong>dans</strong> d’autres secteurs et pour d’autresmétiers.63Élisabeth LETERTREChargée de mission au GIP-FAR 18 de Rennes18 Groupement d’intérêt public - formation de l’académie de Rennes


Expérience d’enseignement-apprentissage du<strong>français</strong> langue étrangère en milieu hospitalier64Éléments de <strong>contexte</strong>Contexte institutionnelLe manque de personnel soignant <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s hôpitaux <strong>français</strong>est bien connu. Pour la période 2002-2004, <strong>un</strong> accord multipartenariala été établi entre la France et l’Espagne pour lamise en place d’<strong>un</strong> dispositif de formation pour <strong>le</strong>s candidats àl’expatriation.Ainsi que <strong>le</strong> stipulait <strong>le</strong> cahier des charges, cette formation delangues se devait d’être conçue <strong>dans</strong> <strong>un</strong> esprit d’intégration<strong>professionnel</strong><strong>le</strong> et personnel<strong>le</strong> et avait pour objectif de faireacquérir aux stagiaires <strong>dans</strong> <strong>un</strong> laps de temps réduit (<strong>un</strong> mois)<strong>le</strong>s bases de la langue <strong>français</strong>e. Ces acquisitions devaient <strong>le</strong>urpermettre de comm<strong>un</strong>iquer <strong>dans</strong> la vie quotidienne et <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>et autorisaient des approfondissements ultérieurs. Àl’issue de cette première étape, <strong>le</strong>s infirmières et infirmiersrejoignaient <strong>le</strong>ur établissement d’affectation, ce dernier prenanten charge <strong>le</strong> second vo<strong>le</strong>t de <strong>le</strong>ur formation. Depuis l’année2005, <strong>le</strong> centre hospitalier recrute directement <strong>le</strong> personnelinfirmier en Espagne avec comme condition au contrat <strong>le</strong>travail en bloc opératoire.C’est <strong>le</strong> service formation de l’hôpital qui se charge désormaisde la mise en œuvre des deux modu<strong>le</strong>s linguistiques de120 heures chac<strong>un</strong>.Compte rendu d’expérience : dérou<strong>le</strong>ment de deux sessions en2005Le premier modu<strong>le</strong> de 120 heures, réparti sur 4 semaines, adébuté dès <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain de l’arrivée à Paris des 11 personnesrecrutées. Il a eu lieu à l’IFSI (Institut de formation en soinsinfirmiers) de l’hôpital Bichat. Pour cette partie de la formation,nous étions deux formatrices. Après <strong>un</strong> stage d’adapta-


tion <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> à l’éco<strong>le</strong> d’IBODE de l’hôpital de laSalpêtrière, <strong>le</strong>s stagiaires ont intégré <strong>le</strong>ur service et ont commencé<strong>le</strong> travail en bloc opératoire (en gynécologie, orthopédie,cardiologie, service viscéral). Ils ont d’autre part poursuivi<strong>le</strong>ur formation à la langue <strong>français</strong>e par <strong>un</strong> deuxième modu<strong>le</strong>de 120 heures comprenant 20 séances de 6 heures programméescomme suit : 8 séances de mi-avril à mi-juin, puis 12séances de septembre à décembre 2005, avec <strong>un</strong>e participationplus ou moins régulière par suite d’obligations de serviceincontournab<strong>le</strong>s. Les cours se sont déroulés <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e sal<strong>le</strong> dela faculté de médecine du CHU 19 de Bichat.Caractéristiques du publicLe groupe comptait 6 infirmières et 5 infirmiers, âgés de 22 à30 ans. Certains venaient d’achever <strong>le</strong>urs études en Espagneet n’avaient pas encore eu, ou à peine l’opport<strong>un</strong>ité d’exercer<strong>le</strong>ur métier, d’autres l’avaient parfois pratiqué - mais pas enbloc opératoire - <strong>dans</strong> des centres hospitaliers européens. Àl’exception d’<strong>un</strong> coup<strong>le</strong> qui avait travaillé en France <strong>dans</strong> <strong>un</strong>hôpital de province, tous <strong>le</strong>s stagiaires re<strong>le</strong>vaient d’<strong>un</strong> niveaudébutant comp<strong>le</strong>t en <strong>français</strong>.65Démarche didactiqueQuels paramètres pour la mise en œuvre ?> <strong>le</strong> temps d’apprentissage très limité ;> <strong>le</strong> choix d’objectifs prioritaires pour <strong>un</strong>e efficacité accélérée;> l’acquisition d’<strong>un</strong>e langue utilisée <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s situations devie quotidienne, et d’<strong>un</strong>e langue employée en <strong>contexte</strong><strong>professionnel</strong> ;> <strong>un</strong> élément contraignant de poids : <strong>le</strong> masque chirurgical;19 Centre hospitalier <strong>un</strong>iversitaire


l’aspect culturel et interculturel : connaissance d’<strong>un</strong>enouvel<strong>le</strong> société en général et adaptation au monde dutravail (relations entre collègues, relations hiérarchiques);> la gestion de l’absence pour obligation de service lorsde la deuxième session ;> <strong>le</strong> sentiment d’insécurité linguistique 20 <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s relations<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s.66Les prioritésLe travail didactique concerne <strong>le</strong>s 4 aptitudes : la compréhensionet l’expression ora<strong>le</strong>s et écrites. Toutefois, étant donné <strong>le</strong>rô<strong>le</strong> important de transmission exigé par <strong>le</strong> travail d’infirmier,agent de liaison entre médecin, malade, famil<strong>le</strong>, différents serviceshospitaliers, administration…, l’accent est mis en prioritésur la comm<strong>un</strong>ication ora<strong>le</strong> et en tout premier lieu sur lacompréhension ora<strong>le</strong>.Méthodes de FLE et supports pour <strong>le</strong> <strong>français</strong> médicalNous avons choisi de travail<strong>le</strong>r avec la méthode Accord quinous a paru adaptée aux besoins de notre public Un supportprécieux paru en 2004, Santé.médecine.com 21 de FlorenceMourlhon-Dallies et Jacqueline Tolas, a servi de complémentindispensab<strong>le</strong> pour l’aspect <strong>professionnel</strong>, culturel et institutionneldu monde hospitalier.Stratégies d’enseignement-apprentissageNotre but était de placer <strong>le</strong>s stagiaires <strong>le</strong> plus possib<strong>le</strong> <strong>dans</strong><strong>un</strong>e attitude active en variant <strong>le</strong>s activités, <strong>le</strong>s thèmes, <strong>le</strong>rythme, afin de maintenir <strong>le</strong>ur attention.20 Terme utilisé par des sociolinguistes dès <strong>le</strong>s années 1970, cf. William Labov,Sociolinguistique, Éditions de Minuit, 197621 Santé.médecine.com, C<strong>le</strong> international


En ce qui concerne <strong>le</strong>s compétences langagières, c’est la compréhensionora<strong>le</strong> qui devait être développée rapidement. Nousavons donc mis en place <strong>un</strong>e stratégie d’écoute renforcée :apprendre à faire des hypothèses, anticiper, repérer à partird’indices captés et construire ainsi du sens. Afin d’aiguiser l’écouteet de surmonter la gêne du masque, nous avons éliminétout élément facilitateur (illustrations, textes écrits) et privilégié<strong>le</strong>s <strong>contexte</strong>s bruyants (annonces publiques, micros-trottoirs).Pour la compréhension écrite, nous avons favorisé <strong>un</strong>eapproche pragmatique : des artic<strong>le</strong>s de vulgarisationmédica<strong>le</strong>pour la compréhension et la rédaction d’écrits fonctionnelscourts.Dérou<strong>le</strong>ment de l’action de formation linguistiqueÉvaluation formativeVu l’approche comm<strong>un</strong>icative de l’enseignement, l’évaluationdes acquis constituait <strong>un</strong> processus continu tout au long de laformation, <strong>un</strong>e aide à l’apprentissage.67Outils pour accompagner l’apprentissageLe livret du stagiaire est l’<strong>un</strong> des outils de l’accompagnementen formation continue. Conçu et préparé par <strong>le</strong> centre de formation,il comprend <strong>le</strong> contrat pédagogique, la clarification dela démarche pédagogique adoptée, <strong>le</strong>s fiches de suivi complétéesséance après séance et <strong>le</strong>s gril<strong>le</strong>s d’auto-évaluation descompétences langagières <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s 4 aptitudes.Le journal de bord de l’enseignant est <strong>un</strong> document pour l’institutionformatrice. Il comprend <strong>le</strong> suivi pédagogique avec <strong>le</strong>sobjectifs travaillés, <strong>le</strong>s activités ou <strong>le</strong>s tâches mises en œuvreet <strong>le</strong>s supports utilisés.Attestation de capacitésÀ la fin de chaque modu<strong>le</strong> de 120 heures, la formatrice établitdes attestations de capacités comprenant des savoir-faire langagiersformulés en termes de : <strong>le</strong> stagiaire est capab<strong>le</strong> de...


68Ces capacités prennent en compte la comm<strong>un</strong>ication ora<strong>le</strong> etécrite aussi bien <strong>dans</strong> <strong>le</strong> domaine de la vie courante que <strong>dans</strong><strong>le</strong> monde hospitalier.L’évaluation fina<strong>le</strong> par capacités est rendue possib<strong>le</strong> grâce àl’évaluation formative. Cet acte d’évaluation n’est pas anodin,il peut avoir <strong>un</strong> impact auprès de l’établissement employeur,particulièrement auprès de l’administration (être enregistré àla DDASS 22 en tant qu’infirmier étranger n’est pas si simp<strong>le</strong>,l’inscription peut être refusée arbitrairement sous prétexted’<strong>un</strong>e connaissance de la langue insuffisante).En moins de 10 mois de présence en France et 240 heures decours maximum <strong>le</strong>s 9 stagiaires débutants ont atteint <strong>le</strong> niveauB1 du CECR 23 , utilisateur indépendant ; <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> d’infirmiersqui avait déjà travaillé en France a atteint <strong>le</strong> niveau B2, aveccomme différence <strong>un</strong> degré de spontanéité et d’aisance <strong>dans</strong><strong>le</strong>s échanges avec des locuteurs natifs ne comportant auc<strong>un</strong>etension de part et d’autre.Anna MASIEWICZGRETA Geforme 9322 Direction départementa<strong>le</strong> des affaires sanitaires et socia<strong>le</strong>s23 Cadre européen comm<strong>un</strong> de référence pour <strong>le</strong>s langues


Le guide des pratiques pertinentes, <strong>un</strong> outil àl’intention des organismes de formationJe vais vous par<strong>le</strong>r d’<strong>un</strong> outil réalisé en 2005 et dont <strong>le</strong> titre dedépart était : Aborder la formation linguistique en <strong>contexte</strong> <strong>professionnel</strong>.Cet outil est venu à la suite d’études sur <strong>le</strong> sujet quiont été réalisées aussi bien pour la DPM que pour <strong>le</strong> FASILD.Parmi <strong>le</strong>s freins et <strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers qui ont été mis en avant <strong>dans</strong> cesdeux études, l’<strong>un</strong> attirait particulièrement l’attention : c’étaittout ce qui concernait <strong>le</strong>s pratiques des organismes de formationqui intervenaient auprès des salariés. Un très fort décalageapparaissait entre <strong>le</strong>s formations proposées, <strong>le</strong>s réalisations,<strong>le</strong>s demandes et <strong>le</strong>s besoins réels des salariés avec à laclé <strong>un</strong> certain nombre d’échecs. C’est pourquoi, <strong>dans</strong> <strong>un</strong>deuxième temps, il a été décidé de travail<strong>le</strong>r avec des organismesde formation, pour essayer de voir ce qu’il fallait changer.Ce travail est <strong>un</strong> travail de co-construction qui a été réaliséavec des organismes du réseau CLP ; sur <strong>le</strong>s 75 membres duréseau, 25 ont accepté de s’engager <strong>dans</strong> ce travail. Ont étéimpliqués des directeurs de centre, des responsab<strong>le</strong>s pédagogiqueset des formateurs. L’action s’est étalée sur <strong>un</strong>e périodede 6 mois, avec des moments de réf<strong>le</strong>xion col<strong>le</strong>ctive, des travauxen sous-groupes, des discussions, des choix et enfin laformalisation. Les personnes impliquées ont travaillé en mêmetemps sur <strong>le</strong>urs propres pratiques. Sur <strong>le</strong>s 25 participants, <strong>un</strong>seul pouvait se targuer d’être <strong>un</strong> expert en la matière, <strong>le</strong>sautres pouvaient avoir fait des tentatives plus ou moins réussies,d’autres en étaient au stade de la réf<strong>le</strong>xion sur l’opport<strong>un</strong>itéde s’engager <strong>dans</strong> <strong>un</strong> nouveau marché et d’autres étaienttrès en deçà d’<strong>un</strong>e prise de décision. Les questionnements deces organismes avec <strong>le</strong>urs propres problématiques ont alimenté<strong>le</strong> travail. Ni mode d’emploi, ni manuel de formation, ceguide qui formalise des questionnements se veut <strong>un</strong>e aide pour69


<strong>le</strong>s organismes. En voici <strong>le</strong> plan :DES PRATIQUES PERTINENTESUNE ENTREPRISEUN FINANCEURUN/DES SALARIE(S)Des clients multip<strong>le</strong>sDES BESOINSDes salari és devanttraiter de l ’information etmaîtriser des situationsde comm<strong>un</strong>ication(ora<strong>le</strong>s et écrites)UN CONTEXTEL’entreprise et sonorganisationUNE REPONSE ADAPTEE ET COHERENTEQui tienne compte du croisement entre <strong>le</strong>s besoins :- De l ’ ENTREPRISE- Du SALARIE en situation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>, en particulier pour la maîtrise descomm<strong>un</strong>ications- De L ’ ORGANISATION et des ENVIRONNEMENTS/CONTRAINTES <strong>dans</strong> <strong>le</strong>squelsévolue <strong>le</strong> salari éDES RESULTATS EFFICACESEn termes de r éinvestissement de la formationen situation quotidienne de travail70


Évelyne LE BOULANGERCLP(Comité de liaison pour la promotion des migrantset des publics en dificulté d’insertion)71


72 La professionnalisation des intervenantsOn sait aujourd'hui, suite à l'enquête INSEE 24 , Information etvie quotidienne, conduite en partenariat avec l'ANLCI, que 9%de la population <strong>français</strong>e de 18 à 65 ans, ayant été scolariséeen France, est en situation d'il<strong>le</strong>ttrisme ; 57% de ces personnessont en activité <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>. On sait qu'<strong>un</strong>e entreprisesur quatre, selon <strong>un</strong>e enquête faite <strong>dans</strong> la région PACA par <strong>le</strong>centre ressources il<strong>le</strong>ttrisme, considère que l'il<strong>le</strong>ttrisme constitue<strong>un</strong> frein à son évolution. On sait éga<strong>le</strong>ment que 11% desje<strong>un</strong>es ont des difficultés dont 4,3% sont en situation d'il<strong>le</strong>ttrisme(d'après <strong>le</strong> test national de la JAPD 25 réalisé par tous <strong>le</strong>sje<strong>un</strong>es à l'âge de 17 ans).72Le rô<strong>le</strong> de l'Agence nationa<strong>le</strong> de lutte contre l'il<strong>le</strong>ttrisme estde sensibiliser, fédérer et optimiser <strong>le</strong>s moyens affectés parl'État, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s entreprises et la sociétécivi<strong>le</strong> à la lutte contre l'il<strong>le</strong>ttrisme. El<strong>le</strong> a été créée en 2000,renouvelée <strong>dans</strong> son mandat pour cinq ans en décembre 2005 ;c'est <strong>un</strong> GIP (groupe d'intérêt public), qui a son siège à Lyon etdes chargés de mission <strong>le</strong> représentant <strong>dans</strong> toutes <strong>le</strong>srégions. Son rô<strong>le</strong> est aussi de promouvoir, accompagner etoutil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s acteurs, qu'ils soient individus ou organismes.Ses priorités pour 2006-2008> continuer à mesurer. L'enquête INSEE dont je viens depar<strong>le</strong>r a été réalisée à l'échel<strong>le</strong> de la France métropolitaine.Nous travaillons actuel<strong>le</strong>ment à sa déclinaison enrégion et à son exploitation par branche <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>à la demande des OPCA ;> L'agence co-organise avec des acteurs régionaux des24 INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques25 Journée d'appel de préparation à la défense


plans d'action régionaux avec <strong>le</strong>s services de l'État, <strong>le</strong>scol<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s entreprises ;> Le Forum permanent des pratiques est <strong>un</strong> projet qui adémarré en 2004 et qui en est à sa deuxième phase.C'est <strong>un</strong> outil, mais aussi <strong>un</strong> espace de professionnalisationdes acteurs de la lutte contre l'il<strong>le</strong>ttrisme. On utilise<strong>le</strong> Forum pour repérer et formaliser « <strong>le</strong>s bonnes pratiques», « <strong>le</strong>s pratiques pertinentes » (<strong>un</strong> coffret de DVDet CD-ROM est disponib<strong>le</strong> sur demande à l'Agence).Repérer, mais aussi valoriser, mutualiser <strong>le</strong>s expériences,rendre plus compétents <strong>le</strong>s acteurs, développer desmodes d'action constituent des axes d'action du Forum.En 2004-2005, quarante pratiques ont été formalisées ;l'Agence n'a pas choisi ces pratiques ; el<strong>le</strong>s sont regroupéesen quatorze thématiques choisies par des acteursde terrain. Quarante autres pratiques ont été présentéesà l'occasion d'<strong>un</strong>e rencontre internationa<strong>le</strong> qui a eu lieuà Lyon en avril 2005 ;> Le Forum se poursuit en 2006-2007, avec l'appui duFSE 26 essentiel<strong>le</strong>ment. La deuxième phase va beaucoupplus loin <strong>dans</strong> l'ancrage local du Forum ; il ne s'agit plusseu<strong>le</strong>ment de valoriser et mettre en exergue, mais dedévelopper <strong>le</strong>s pratiques, mutualiser des dispositifspérennes et bien entendu professionnaliser <strong>le</strong>s acteurs.73Les « forums en régions » viennent d'être lancés, développantdes travaux thématiques sur <strong>le</strong>s méthodes et <strong>le</strong>s outils, sur laVAE, l'utilisation des TIC, la prévention, <strong>le</strong>s pratiques culturel<strong>le</strong>s,la formation de base <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s entreprises, etc.La professionnalisation des intervenants signifie plus que laformation de formateurs ; c'est <strong>un</strong>e affaire de processus, c'est26 Fonds social européen


74<strong>un</strong>e dynamique. Il ne suffit pas de suivre <strong>un</strong>e formation, dedevenir pertinent <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e tâche, il faut s'inscrire <strong>dans</strong> <strong>un</strong> processuset <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e dynamique individuel<strong>le</strong> et col<strong>le</strong>ctive. Onpeut par<strong>le</strong>r d'<strong>un</strong>e formation initia<strong>le</strong> (tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s offres <strong>dans</strong>des <strong>un</strong>iversités), de valorisation de l'expérience ; mais l'expériencene suffit pas : pour être <strong>professionnel</strong>, il faut interrogerson expérience, la formaliser, il faut avoir <strong>un</strong> retour réf<strong>le</strong>xif.Parmi <strong>le</strong>s autres modalités de professionnalisation se trouventprincipa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s formations qualifiantes avec des objectifsspécifiques et des échanges de pratiques <strong>dans</strong> <strong>un</strong> esprit detransfert.Nous parlons de mutualisation des ressources, mais n'oublionspas <strong>le</strong>s ressources humaines. Tout ceci est lié à la formationtout au long de la vie de la personne. Un formateur peut-ils'arrêter de se former ?On pourrait inscrire l'organisation apprenante comme l'<strong>un</strong>edes modalités de la formation tout au long de la vie. Il s'agit làdu développement des compétences col<strong>le</strong>ctives et de la professionnalisationdes structures. Je vous renvoie aux travauxdu groupe national organisé <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre du Forum et conduitpar Véronique Lec<strong>le</strong>rcq (rapport sur la professionnalisation desintervenants, téléchargeab<strong>le</strong> sur notre site : www.anlci.fr ). Onpar<strong>le</strong> de la professionnalisation du métier du formateur en formationde base, des individus, mais aussi de la professionnalisationdes structures. Si <strong>un</strong>e structure, qui travail<strong>le</strong> avec desbénévo<strong>le</strong>s, fait preuve de professionnalisme, el<strong>le</strong> fera monteren compétence <strong>le</strong>s bénévo<strong>le</strong>s. En ce qui concerne <strong>le</strong>s préconisationsrelatives à ce sujet <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre de notre Forum permanentdes pratiques, il est suggéré d'al<strong>le</strong>r vers <strong>un</strong> schémadirecteur qui implique <strong>le</strong>s individus, <strong>le</strong>s structures et bien sûr<strong>le</strong>s politiques.Elie MAROUNAgence nationa<strong>le</strong> de lutte contre l’il<strong>le</strong>ttrisme (ANLCI)


Un référentiel de compétences pour la formationde formateurs en <strong>français</strong> langue de comm<strong>un</strong>ication<strong>professionnel</strong><strong>le</strong>La mission du CIEP est d'abord <strong>un</strong>e mission de formation d'enseignants,mais nous travaillons aussi sur la normalisation del'éducation, notamment sur la démarche qualité, la labellisation,l'aide à la rédaction de termes de référence pour <strong>le</strong>sappels d'offre ou l'aide à la réponse à des appels d'offre enpartenariat avec des organismes.Formation initia<strong>le</strong> des formateurs et besoins de terrainUn premier constat pointe <strong>un</strong> écart très important entre la formationinitia<strong>le</strong> des formateurs et <strong>le</strong>s besoins de terrain.Beaucoup d'<strong>un</strong>iversités assurent cette formation, mais trèspeu lui accordent <strong>un</strong>e place en adéquation avec <strong>le</strong>s besoins deterrain. C'est que l'<strong>un</strong>iversité <strong>français</strong>e est d'abord tournéevers la recherche. Si el<strong>le</strong> ouvre aussi à la professionnalisation,c'est d'abord et avant tout pour répondre à des besoins enmilieu scolaire. Ainsi, la grande masse des futurs formateurssont préparés à intervenir en milieu scolaire, ce qui est tout àfait logique, car <strong>le</strong> système scolaire est <strong>le</strong> premier employeurde ce type de personnes.Or, <strong>le</strong>s adultes qui apprennent <strong>le</strong> <strong>français</strong> langue <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>ont besoin d'échanger au quotidien <strong>dans</strong> l'entrepriseavec <strong>le</strong>urs collègues, de travail<strong>le</strong>r en <strong>français</strong>. Quand <strong>le</strong> travai<strong>le</strong>st <strong>un</strong> travail de prestation de service, la part de la langue esttrès importante. Ces personnes ont éga<strong>le</strong>ment besoin d'apprendrela langue pour se former, pas seu<strong>le</strong>ment pour échangeret pour travail<strong>le</strong>r. Il convient de <strong>le</strong>ur donner <strong>le</strong> potentielpour se former et continuer à évoluer au sein de l'entreprise.Enfin, nous n'oublions pas qu'el<strong>le</strong>s doivent aussi apprendre àgérer <strong>le</strong>s échanges <strong>professionnel</strong>s avec <strong>le</strong>ur part de culturel etd'interculturel.75


Une autre question peu abordée <strong>dans</strong> la formation initia<strong>le</strong>serait : qu'est-ce qu'<strong>un</strong> adulte apprend ? Un adulte n'apprendpas comme <strong>un</strong> élève, il a ses représentations, ses attentes, sesmotivations, <strong>un</strong> comportement spécifique, que <strong>le</strong> formateurdoit prendre en compte pour que son action pédagogique aitvraiment <strong>un</strong> impact. De son côté, <strong>le</strong> formateur choisit desmodalités de travail, des techniques d'animation, <strong>un</strong>e attitudeciblées et professionnalisantes. Tout doit être choisi, la manièrede par<strong>le</strong>r, d'être face à ces personnes, d'organiser <strong>le</strong>s groupes,la formulation des consignes, la gestion du temps, etc.76Un problème se pose pour <strong>le</strong> recrutement : <strong>le</strong>s je<strong>un</strong>es qui sortentde l'<strong>un</strong>iversité apprennent ces métiers-là sur <strong>le</strong> tas avectoutes <strong>le</strong>s difficultés du transfert des compétences des plusanciens vers <strong>le</strong>s plus je<strong>un</strong>es, et cette difficulté qu'on a pourmutualiser toute cette expérience acquise depuis des années.L'ANLCI, la DGLFLF, <strong>le</strong> service public en général, s'emploient àrendre visib<strong>le</strong> cette expérience, mais ce n'est pas suffisant.Il y a aussi des <strong>professionnel</strong>s reconvertis à l'enseignement du<strong>français</strong> ; <strong>le</strong>s entreprises sont très séduites par ces personneslàparce qu'el<strong>le</strong>s ont du mal à rentrer <strong>dans</strong> la problématiquelinguistique et la contournent en faisant appel à d'anciensmaçons, à d'anciens responsab<strong>le</strong>s marketing, à d'anciennessecrétaires pour al<strong>le</strong>r donner des cours de langue et assurer celien entre langue et compétence <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>. Enfin ontrouve <strong>le</strong>s formateurs par discipline, avec ce grand inconvénientde dispenser <strong>un</strong> enseignement morcelé et par couches,ce qui n'est pas ce que nous attendons puisque nous avonsbesoin d'<strong>un</strong> enseignement intégré.Quel référentiel de compétences ?Le référentiel que nous proposons porte sur l'ingénierie de formation,l'ingénierie pédagogique, <strong>le</strong>s techniques d'animationpour adultes. Nous avons essayé de traduire ces thématiquesen compétences <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s.


Piloter la formationC'est la première grande mission du formateur, avec, en premierlieu, la rédaction de commandes. En effet, il n'y a pasaujourd'hui de référentiels métiers couplés avec des référentielslangues. Dans dix ans l'<strong>un</strong>iversité aura peut être produitsuffisamment de référentiels et <strong>le</strong>s aura rendu accessib<strong>le</strong>s auxformateurs, mais aujourd'hui ce matériel fait défaut.Monter des stages de formationLes techniques viennent principa<strong>le</strong>ment du <strong>français</strong> sur objectifsspécifiques, de l'ingénierie de formation. Il existe <strong>un</strong>e liste :faire <strong>un</strong> diagnostic, concevoir des programmes de formationintégrée, organiser la progression. Il est important de choisir<strong>un</strong> dispositif de valorisation de cette formation pour créer <strong>un</strong>effet lisib<strong>le</strong> par l'entreprise. Cel<strong>le</strong>-ci fait en effet <strong>un</strong> investissementfinancier et doit pouvoir lire <strong>le</strong>s progrès accomplis et <strong>le</strong>stransformer par <strong>un</strong>e évolution de carrière, <strong>un</strong>e augmentationde salaire par exemp<strong>le</strong>.77Gérer <strong>le</strong>s relations avec <strong>le</strong>s prescripteursTous <strong>le</strong>s acteurs sont impliqués <strong>dans</strong> <strong>le</strong> processus de formation; du « patron » jusqu'au cadre intermédiaire et aux collègues,il faut qu'<strong>un</strong> dialogue s'instaure. Le formateur doit doncsavoir gérer <strong>le</strong>s relations avec tous <strong>le</strong>s prescripteurs et tous <strong>le</strong>sacteurs. Quelques exemp<strong>le</strong>s d'acquisitions souhaitab<strong>le</strong>s : connaîtrela législation de la formation continue et <strong>le</strong>s conventionscol<strong>le</strong>ctives, utiliser des référentiels métiers, avoir <strong>un</strong>e cultured'entreprise, et gérer sa propre formation continue.Concevoir et animer des séquences d'apprentissageNotre source d'inspiration est doub<strong>le</strong> et renvoie aux travaux dePhilippe Ernoux, mais aussi de Guy Le Boterf qui travail<strong>le</strong> énormémentsur la construction de la compétence. Les travaux deGuy Le Boterf ont <strong>le</strong> grand avantage de ne pas stigmatiser <strong>un</strong>epopulation en particulier : de l'ingénieur à la personne chargée


de la manutention, tous ces publics sont considérés de lamême manière <strong>dans</strong> l'élaboration de la formation. Dire que cepublic-là est spécifique, c'est aussi <strong>le</strong> stigmatiser <strong>dans</strong> l'entrepriseet freiner <strong>le</strong>s investissements en sa faveur puisqu'il estmoins source de va<strong>le</strong>ur ajoutée que l'ingénieur pour <strong>le</strong>s décideurset <strong>le</strong>s prescripteurs.78Créer des activités pédagogiques intégréesPour y parvenir on intervient en co-animation avec <strong>un</strong> <strong>professionnel</strong>du métier. Construire <strong>le</strong> <strong>français</strong> langue <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>,c'est avoir <strong>un</strong>e démarche pédagogique intégrée ; ce n'estpas travail<strong>le</strong>r <strong>le</strong> <strong>le</strong>xique, la grammaire, la gestion de situation,mais travail<strong>le</strong>r en même temps <strong>un</strong> ensemb<strong>le</strong> de compétences.Nous nous référons aux théories cognitives et nous avons <strong>le</strong>plus possib<strong>le</strong> recours à des tuteurs, à la co-construction, à lamétacognition. On peut faire de certains adultes en formationdes guides pour d'autres au sein du même groupe et utilisertout <strong>le</strong> potentiel pour construire l'apprentissage de façon intégrée.Nous utilisons ce même type de démarche avec nos partenairesétrangers.Parmi <strong>le</strong>s autres compétences nécessaires à <strong>un</strong> formateur,citons : utiliser <strong>le</strong>s TIC, savoir gérer <strong>le</strong>s écarts culturels et faire<strong>un</strong>e distinction entre la culture nationa<strong>le</strong> globa<strong>le</strong> et la culturedu métier.Manuela FERREIRA PINTOCentre international d’études pédagogiques (CIEP)


BibliographieBoutet J. (1995) : Paro<strong>le</strong>s au travail, Paris : L'Harmattan.De Saint-Georges I. (2004) : Actions, médiations et interactions : <strong>un</strong>e approchemultimoda<strong>le</strong> du travail sur <strong>un</strong> chantier. Cahiers de linguistique <strong>français</strong>e n°26,« Les modè<strong>le</strong>s du discours face au concept d'action », Université de Genève.Green, B. (1997) : Literacy, information and the <strong>le</strong>arning society, JointConference of the Australian Association for the Teaching of English, theAustralian Literacy Educators Association, and the Australian School LibraryAssociation, Darwin.Grünhage-Monetti M. (2005) : TRIM : Training for the Integration of Migrant andEthnik Workers into the Labour Market and Local Comm<strong>un</strong>ity. Schneider VerlagHohengehren GmbH.Grünhage-Monetti M. et al. (2004) : ODYSSEUS : la deuxième langue sur <strong>le</strong> lieude travail. Les besoins linguistiques pour <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs migrants : l'organisationde l'apprentissage des langues à des fins <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>s. Conseil de l'Europe.Holtzer G. (2004) : Du <strong>français</strong> fonctionnel au <strong>français</strong> sur objectifs spécifiques: histoire des notions et pratiques, <strong>dans</strong> Le <strong>français</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong> monde,Recherches et applications : De la langue aux métiers, janvier 2004, C<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong>t FIPF.Lebel<strong>le</strong> M. et De Ferrari M. (2005) : La maîtrise de la langue en milieu <strong>professionnel</strong>: enjeux et opport<strong>un</strong>ités pour l'entreprise. Un changement de regard surl'apprentissage des compétences langagières, Paris, CLP.Le Boulanger E. (2005) : Aborder la formation linguistique en <strong>contexte</strong> <strong>professionnel</strong>: guide pour des pratiques pertinentes, Paris, CLP.Letertre E. (2006) : « Les mots pour construire » : Lexique <strong>français</strong> de la maçonnerie.Support de formation multimédia à destination des formateurs Bâtimentet FLE. Points comm<strong>un</strong>s n°27, Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris.Mangiante J.-M et Parpette C. (2004) : Le <strong>français</strong> sur objectif spécifique,Hachette.Mourlhon-Dallies F. (2006) : Penser <strong>le</strong> <strong>français</strong> langue <strong>professionnel</strong><strong>le</strong>, Le <strong>français</strong><strong>dans</strong> <strong>le</strong> monde, n°346 de juil<strong>le</strong>t. FIPF et CLE International.Mourlhon-Dallies F. et De Ferrari M. (2005) : Développer la formation linguistiqueau titre de la formation <strong>professionnel</strong><strong>le</strong> continue en entreprise, étude de laDirection de la population et des migrations, ministère de l'Emploi, de laCohésion socia<strong>le</strong> et du Logement, rapport final.Wenger E. (1998) : Comm<strong>un</strong>ities of practice : <strong>le</strong>arning, meaning and identity,Cambridge University Press, Cambridge.79


Ministère de l’emploi,de la cohésion socia<strong>le</strong>et du logement

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