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Daniel Buren / « EXCENTRIQUE(S) travail in situ - Ministère de la ...

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MONUMENTA 2012 / <strong>Daniel</strong> <strong>Buren</strong> / « <strong>EXCENTRIQUE</strong>(S) <strong>travail</strong> <strong>in</strong> <strong>situ</strong> »Dès l'orig<strong>in</strong>e, les travaux sur toiles rayées, bien que proches à plus d'un titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> pe<strong>in</strong>ture,pourtant toujours accompagnées d'une notice <strong>in</strong>diquant succ<strong>in</strong>ctement comment ces œuvres<strong>de</strong>vaient être présentées lors <strong>de</strong> toute exposition dans un autre espace. Plus précisémentencore, c’est en 1975, en raison d’une contra<strong>in</strong>te, que <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> « <strong>travail</strong> <strong>situ</strong>é » s'estdéveloppée : le musée <strong>de</strong> Möncheng<strong>la</strong>dbach, en Allemagne, où <strong>Daniel</strong> <strong>Buren</strong> venait d'exposer,<strong>de</strong>vait déménager et transporter son œuvre dans un nouveau bâtiment, <strong>la</strong> question alors s’estposée : comment dép<strong>la</strong>cer les œuvres ?Tout comme certa<strong>in</strong>es pièces <strong>de</strong> l’art conceptuel peuvent être « rejouées » en différentscontextes selon un protocole, <strong>de</strong>s travaux <strong>situ</strong>és peuvent être rejoués dans différents endroits,à conditions <strong>de</strong> suivre <strong>de</strong>s pr<strong>in</strong>cipes établis par l’artiste - mais contrairement à l’art conceptuel,et c’est une différence fondamentale, l’œuvre ne saurait se réduire à ces <strong>in</strong>structions, ellen’existe que physiquement, dans un espace.La plupart <strong>de</strong>s Cabanes éc<strong>la</strong>tées sont, par exemple, <strong>de</strong>s travaux <strong>situ</strong>és, dispositifs <strong>in</strong>dissociablesd’un environnement mais qui ont <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> s’adapter à un nombre <strong>in</strong>f<strong>in</strong>i <strong>de</strong> <strong>situ</strong>ationsdifférentes et qui, à chaque fois, changent elles-mêmes, autant qu’elles transforment le lieu.Ce ne sont pas pour autant <strong>de</strong>s œuvres qui peuvent s’accrocher « n’importe où », <strong>in</strong>siste <strong>Daniel</strong><strong>Buren</strong>, et on retrouve là sa lutte contre <strong>la</strong> « soi-disant autonomie <strong>de</strong> l’œuvre d’art » ; il y a bienune règle du jeu à suivre et un type d’espace à adopter, ce sont <strong>de</strong>s travaux mobiles dont onpeut voir différentes comb<strong>in</strong>aisons, différentes versions.La métaphore du théâtre semble le mieux correspondre au pr<strong>in</strong>cipe <strong>de</strong>s travaux <strong>situ</strong>és : àchaque <strong>in</strong>stal<strong>la</strong>tion, c’est une pièce <strong>de</strong> théâtre que l’on rejoue ; le texte n’a pas bougé, mais <strong>la</strong>mise en scène, le décor, n’ont rien à voir avec <strong>la</strong> première représentation et en changentconsidérablement notre appréhension, tout comme elles changent l’apparence <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène.L’outil visuelLes ban<strong>de</strong>s verticales alternées, b<strong>la</strong>nches et colorées, <strong>de</strong> 8,7 cm <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge, peuvent apparaîtrecomme étant <strong>la</strong> signature du <strong>travail</strong> <strong>de</strong> <strong>Daniel</strong> <strong>Buren</strong>. Plutôt qu’une signature, elles sont un signe,le seul élément immuable <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> l’artiste (parmi d’autres éléments <strong>in</strong>nombrables et variés,en constant renouvellement) et ce <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> quarante ans, et pour <strong>de</strong>s raisons bien précises.Alors qu’il pe<strong>in</strong>t et qu’il s’<strong>in</strong>téresse déjà au motif que constituent les ban<strong>de</strong>s, <strong>Daniel</strong> <strong>Buren</strong>, en1965, remarque ces rayures régulières sur un tissu au célèbre marché Sa<strong>in</strong>t-Pierre, à Paris.Elles lui semblent d’abord <strong>in</strong>téressantes comme fond révé<strong>la</strong>teur pour <strong>la</strong> pe<strong>in</strong>ture : « Ce <strong>de</strong>ss<strong>in</strong> a<strong>de</strong>ux avantages : d’abord se montrer et ne pas être confondu avec un fond neutre ; et aussipouvoir servir <strong>de</strong> gui<strong>de</strong> à ce qui va s’<strong>in</strong>scrire sur <strong>la</strong> toile. » 4 Ses réflexions amènent <strong>Daniel</strong> <strong>Buren</strong>à constater que l’environnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> pe<strong>in</strong>ture est <strong>de</strong>venu plus prégnant que <strong>la</strong> pe<strong>in</strong>ture ellemême.Le motif <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s alternées apparaît alors comme un formidable <strong>in</strong>strument révé<strong>la</strong>teurà déployer dans l’espace, ce qu’il appellera son outil visuel.Cet outil, disposé judicieusement dans un lieu donné, peut attirer l’attention et en même tempss’<strong>in</strong>tégrer au site : c’est cet équilibre qui a permis à <strong>Daniel</strong> <strong>Buren</strong> <strong>de</strong> le conserver, son efficaciténe s’étant jamais démentie. À <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> ponctuations, les ban<strong>de</strong>s verticales révèlent lesspécificités, les dimensions d’un lieu (elles fonctionnent comme un <strong>in</strong>strument <strong>de</strong> mesure) ; elles<strong>in</strong>citent aussi le spectateur à porter un nouveau regard sur un endroit familier, elles sont unappel, un signe, le seul élément <strong>in</strong>variant d’un vocabu<strong>la</strong>ire qui s’est renouvelé <strong>de</strong> lieu en lieu, aufil <strong>de</strong>s ans.4- <strong>Daniel</strong> <strong>Buren</strong>, « Au sujet <strong>de</strong>… », Entretien avec Jérôme Sans. F<strong>la</strong>mmarion, Paris, 1998, p.24.7

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