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Document - Université Lille 2 Droit et Santé

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Bertrand DURING, ‘’Histoire Culturelle des Activités Physique XIXe <strong>et</strong> XXe Siècle’’Le contexte social de la bachellerie au XVIIIe siècle.Sont partisans de son maintien :Les seigneurs : "Maintenir vivants des usages purement honorifiques <strong>et</strong> sans grandcaractère onéreux, c'est pour les seigneurs <strong>et</strong> leurs agents, un moyen de renforcer leurautorité auprès de leurs tenanciers ; c'est rendre plus aisée la perception des redevanceséconomiques, mais aussi s'assurer des rentrées accrues d'argent grâce aux droits sur lesmarchandises dont le mouvement s'accélère avec l'afflux des marchands <strong>et</strong> desbadauds lors de la fête de la bachellerie ; c'est enfin jouer à bon compte des défenseursdes "traditions immémoriales" face à la poussée uniformisatrice de l'Eglise <strong>et</strong> de l'Etat.L'engouement pour le r<strong>et</strong>our à la nature de la fin du XVIII° siècle explique en partie cecomportement des seigneurs, mais il est surtout le fruit d'une conjoncture politique <strong>et</strong>économique de "réaction seigneuriale" c'est-à-dire de remise en ordre <strong>et</strong> de reprise enmain des seigneuries...Le peuple des campagnes, quant à lui, s'est toujours évertué, <strong>et</strong> avec un acharnementremarquable - notamment contre les attaques non moins acharnées de l'Eglise - àdéfendre ses fêtes, <strong>et</strong> entre autres la fête de la bachellerie. Outre une distraction dulabeur quotidien, <strong>et</strong> une réactivation de la conscience de soi de la communauté, lesvillageois trouvaient aussi dans les bacheliers des porte-paroles de la collectivitéauprès du seigneur...( p.129) :Par contre se r<strong>et</strong>rouvent dans une commune hostilité à la fête de la bachellerie, <strong>et</strong> parconséquent à l'organisation juvénile du même nom, les pouvoirs centrauxecclésiastiques <strong>et</strong> civil, les paysans enrichis qui habitent encore le village <strong>et</strong> lesbourgeois éclairés anti-féodaux qui, au XVIIIe siècle, représenteront les Lumières.Deux discours s'affrontent donc, quant à l'origine <strong>et</strong> au bien-fondé de c<strong>et</strong>teorganisation. Son immémorialité est le principal argument avancé par les partisans dela bachellerie... En revanche... ses adversaires dénoncent la bachellerie à la foiscomme une exaction féodale, un usage singulier <strong>et</strong> ridicule, <strong>et</strong> une occasion de paresse<strong>et</strong> de débauche. C<strong>et</strong>te condamnation n'est que l'application locale d'une vasterévolution sociale <strong>et</strong> idéologique qui accompagne la montée de la bourgeoisie :l'irrationalité de la tradition est combattue, le travail productif est valorisé, les rôles <strong>et</strong>les fonctions des différents âges de la vie sont réévalués.(p.130)Les témoignages sur les jeux traditionnels montrent que ceux-ci concernent, soit lesjeunes adultes non mariés (bacheliers), soit la société tout entière à l'occasion de ses fêtes.Cérémonies religieuses mais aussi festins <strong>et</strong> beuveries les environnent, les prolongent.Souvent leur organisation est confiée à une classe d'âge déterminée, structurée à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> <strong>et</strong>qui remplit là à l'égard de la société tout entière une fonction importante. Il en est ainsi desbachelleries du Poitou, ou de ces abbayes de jeunesse du Dauphiné qui "plantaient des maïs,dirigeaient les danses, accompagnaient les noces <strong>et</strong> les baptêmes, tiraient à l'oiseau,allumaient des feux de joie, faisaient la bienvenue aux personnages de distinction... assistaientaux offices de la paroisse, chantaient au lutrin, escortaient les processions... mais causaientsouvent du scandale, des tapages, des rixes, <strong>et</strong> quelquefois même de graves désordres". (Pilotde Thorey, 1882, in A. van Gennep, Le Folklore du Dauphiné, Maisonneuve, 1932). Ce quiexplique que l'on soit surtout renseigné sur ces pratiques par les textes qui les condamnent, eninsistant sur les désordres, les violences.3

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