Bertrand DURING, ‘’Histoire Culturelle des Activités Physique XIXe <strong>et</strong> XXe Siècle’’EspaceenvironnantJeuxtraditionnelsEx : la soul<strong>et</strong>erritoire de vierural, non limitéGymnastique dedéveloppementla villeSport "anglais"Ex : rugby,athlétismela ville terrains,espaces précismesurésActivités deloisir en pleinenatureles "éléments"de jeu, ou peu le gymnase sites privilégiésd'exerciceTempscalendrier calendrier des préciscalendrier fédéral saisons, vacancesfêtesdurée variable fixe chronomètre variableDéfinition desjoueursclasse d'âge,ensemble de lapopulationcatégories d'âgesou de statutsdifférentscatégories d'âges<strong>et</strong> de niveau,statuts différentsPublic les participants rare important pourl'activitéAnalyse del'activitéRègles souples, localesTechniques non spécifiquesApprentissage non spécifiquesViolences aucours del'activitéRisques pourl'individuforte : celle quicaractérise c<strong>et</strong>ype de sociétéprécises,rationnellesprécises,rationnellesspécifique(précisionjustesse)aucune entre lesparticipants oustrictementcontrôléeprécises,institutionnaliséesspécifiquesfaisant l'obj<strong>et</strong>d'apprentissage<strong>et</strong> entraînementvariable selon lesdisciplines <strong>et</strong>précisémentdélimitée par leensemble de lapopulation,clivagesd'appartenancesocialeles participantssouplesspécifiquesspécifiquesnullerèglementimportants minimes mesurables souventimportantsLa critique des fêtes <strong>et</strong> jeux traditionnels au XVIII °l'Encyclopédiesiècle : le témoignage deL'opposition aux fêtes <strong>et</strong> jeux traditionnels, à leur exubérance, à leur violence, vientd'abord des pouvoirs qu'ils m<strong>et</strong>tent entre parenthèses. L'analyse proposée par N. Elias sous l<strong>et</strong>itre Sport <strong>et</strong> Violence (Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n°6, décembre 1976) doitêtre évoquée ici : "Exaspérés par l'excitation violente à laquelle le peuple s'abandonnait sansraisons selon eux (c'est-à-dire du point de vue des autorités étatiques), les rois <strong>et</strong> les princes necessaient - en Angl<strong>et</strong>erre, en France <strong>et</strong> dans d'autres pays parvenus au même stade dedéveloppement - de publier des décr<strong>et</strong>s contre nombre de jeux appréciés par le peuple. Sanspenser en termes généraux de monopole du pouvoir physique, les rois <strong>et</strong> les princes8
Bertrand DURING, ‘’Histoire Culturelle des Activités Physique XIXe <strong>et</strong> XXe Siècle’’médiévaux travaillaient souvent à élaborer, même si l'organisation <strong>et</strong> les moyens dont ilsdisposaient leur interdisaient de l'établir" (op. Cit., p. 18).C<strong>et</strong>te hostilité du pouvoir central pour ce qu'il ne parvient pas à contrôler se traduit parune longue litanie de décr<strong>et</strong>s d'interdictions, prononcés aussi bien par l'autorité royale que parl'Eglise, <strong>et</strong> continuellement transgressés par le peuple avec le soutien, comme nous l'avonssignalé plus haut, de l'aristocratie.Pour que les interdictions deviennent efficaces, il faut que se transforme la société <strong>et</strong>avec elle les mentalités. Sana développer l’analyse, que nous reprendrons sous différents axesdans les chapitres qui suivent, nous nous contenterons du témoignage de l’Encyclopédie – ouDictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts <strong>et</strong> des Métiers – publiée à partir de 1751 parDiderot, D’Alembert, Rousseau. Il nous semble que c<strong>et</strong> ouvrage considérable par sonr<strong>et</strong>entissement, du fait de sa large diffusion en Europe <strong>et</strong> en Amérique, <strong>et</strong> parce qu’ilrassemble les principaux représentants des « Lumières », peut jouer dans notre enquête le rôled’un témoin privilégié des profondes transformations qui marquent la fin du XVIII° siècle.Si l’on se rapporte au Tome VI -1756- l’entrée « Fête » y est traitée en quatre articles. Lepremier, court <strong>et</strong> descriptif, dû à l’abbé Mall<strong>et</strong>, part du constat « qu’il n’est point de peuplequi n’ait eu ses fêtes, pour peu qu’il ait professé quelque religion » (565 a) <strong>et</strong> donne ensuite laliste des principales fêtes des Hébreux, des païens, des Mahométans, des Chinois <strong>et</strong> desIndiens Orientaux.Vient ensuite, <strong>et</strong> particulièrement développé, un article de Faigu<strong>et</strong>, intitulé « Fêtes desChrétiens – Histoire Ecclésiastique ». Le constat de départ donne le ton : « Les fêtes, quin’étaient pas d’abord en grand nombre, se multiplient dans la suite à l’excès ; à la fin tout lemonde en a senti l’abus… » (p. 565) D’un point de vue qui est bien plus celui de l’économieque celui de « l’histoire ecclésiastique », il est ensuite montré à quel point c<strong>et</strong> excès nuit à laproduction : « Quoi qu’il en soit, il est certain que les fêtes nuisent plus qu’on ne saurait ledire à toutes sortes d’entreprises <strong>et</strong> de travaux, <strong>et</strong> qu’elles contribuent même à débaucher lesouvriers ; elles leur fournissent de fréquentes occasions de s’enivrer ; <strong>et</strong> l’habitude de lacrapule une fois contractée, se réveille malheureusement au milieu même de leur occupation ;on ne l’éprouve que trop tous les jours, pour peu qu’on fasse travailler… » (P.566 b – 567 a).L’entrepreneur qui se révèle ainsi va jusqu’à chiffrer le coût global de fêtes : que l’on ajoutemanque à gagner <strong>et</strong> dépenses occasionnées, que l’on multiplie la somme ainsi obtenue par lenombre de fêtes chômées en dehors des dimanche <strong>et</strong> l’on obtient pour une population évaluéeà vingt millions d’âmes, quatre vingt treize millions de Livres par an. Compte tenu de ceconstat, <strong>et</strong> du fait que « ces saints jours consacrés par l’Eglise à la piété deviennent dans lapratique des occasions de crapule <strong>et</strong> de libertinage, souvent même de batteries <strong>et</strong> demeurtres » (p. 565 b), l’auteur propose un vaste plan de réforme du calendrier destiné àdiminuer le nombre de fêtes obligatoirement chômées.Il rejoint en cela la revendication plus ancienne du sav<strong>et</strong>ier de La Fontaine :« Le mal est que dans l’an s’entremêlent les joursQu’il faut chômer ; on nous ruine en fêtesL’une fait tort à l’autre ; <strong>et</strong> monsieur le curéDe quelque nouveau saint charge toujours son prône » (1668)9