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Document - Université Lille 2 Droit et Santé

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Bertrand DURING, ‘’Histoire Culturelle des Activités Physique XIXe <strong>et</strong> XXe Siècle’’médiévaux travaillaient souvent à élaborer, même si l'organisation <strong>et</strong> les moyens dont ilsdisposaient leur interdisaient de l'établir" (op. Cit., p. 18).C<strong>et</strong>te hostilité du pouvoir central pour ce qu'il ne parvient pas à contrôler se traduit parune longue litanie de décr<strong>et</strong>s d'interdictions, prononcés aussi bien par l'autorité royale que parl'Eglise, <strong>et</strong> continuellement transgressés par le peuple avec le soutien, comme nous l'avonssignalé plus haut, de l'aristocratie.Pour que les interdictions deviennent efficaces, il faut que se transforme la société <strong>et</strong>avec elle les mentalités. Sana développer l’analyse, que nous reprendrons sous différents axesdans les chapitres qui suivent, nous nous contenterons du témoignage de l’Encyclopédie – ouDictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts <strong>et</strong> des Métiers – publiée à partir de 1751 parDiderot, D’Alembert, Rousseau. Il nous semble que c<strong>et</strong> ouvrage considérable par sonr<strong>et</strong>entissement, du fait de sa large diffusion en Europe <strong>et</strong> en Amérique, <strong>et</strong> parce qu’ilrassemble les principaux représentants des « Lumières », peut jouer dans notre enquête le rôled’un témoin privilégié des profondes transformations qui marquent la fin du XVIII° siècle.Si l’on se rapporte au Tome VI -1756- l’entrée « Fête » y est traitée en quatre articles. Lepremier, court <strong>et</strong> descriptif, dû à l’abbé Mall<strong>et</strong>, part du constat « qu’il n’est point de peuplequi n’ait eu ses fêtes, pour peu qu’il ait professé quelque religion » (565 a) <strong>et</strong> donne ensuite laliste des principales fêtes des Hébreux, des païens, des Mahométans, des Chinois <strong>et</strong> desIndiens Orientaux.Vient ensuite, <strong>et</strong> particulièrement développé, un article de Faigu<strong>et</strong>, intitulé « Fêtes desChrétiens – Histoire Ecclésiastique ». Le constat de départ donne le ton : « Les fêtes, quin’étaient pas d’abord en grand nombre, se multiplient dans la suite à l’excès ; à la fin tout lemonde en a senti l’abus… » (p. 565) D’un point de vue qui est bien plus celui de l’économieque celui de « l’histoire ecclésiastique », il est ensuite montré à quel point c<strong>et</strong> excès nuit à laproduction : « Quoi qu’il en soit, il est certain que les fêtes nuisent plus qu’on ne saurait ledire à toutes sortes d’entreprises <strong>et</strong> de travaux, <strong>et</strong> qu’elles contribuent même à débaucher lesouvriers ; elles leur fournissent de fréquentes occasions de s’enivrer ; <strong>et</strong> l’habitude de lacrapule une fois contractée, se réveille malheureusement au milieu même de leur occupation ;on ne l’éprouve que trop tous les jours, pour peu qu’on fasse travailler… » (P.566 b – 567 a).L’entrepreneur qui se révèle ainsi va jusqu’à chiffrer le coût global de fêtes : que l’on ajoutemanque à gagner <strong>et</strong> dépenses occasionnées, que l’on multiplie la somme ainsi obtenue par lenombre de fêtes chômées en dehors des dimanche <strong>et</strong> l’on obtient pour une population évaluéeà vingt millions d’âmes, quatre vingt treize millions de Livres par an. Compte tenu de ceconstat, <strong>et</strong> du fait que « ces saints jours consacrés par l’Eglise à la piété deviennent dans lapratique des occasions de crapule <strong>et</strong> de libertinage, souvent même de batteries <strong>et</strong> demeurtres » (p. 565 b), l’auteur propose un vaste plan de réforme du calendrier destiné àdiminuer le nombre de fêtes obligatoirement chômées.Il rejoint en cela la revendication plus ancienne du sav<strong>et</strong>ier de La Fontaine :« Le mal est que dans l’an s’entremêlent les joursQu’il faut chômer ; on nous ruine en fêtesL’une fait tort à l’autre ; <strong>et</strong> monsieur le curéDe quelque nouveau saint charge toujours son prône » (1668)9

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