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Document - Université Lille 2 Droit et Santé

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Bertrand DURING, ‘’Histoire Culturelle des Activités Physique XIXe <strong>et</strong> XXe Siècle’’Un exemple privilégié : la souleParmi les pratiques les mieux connues figure la soule. Plusieurs raisons à cela : sa violence,qui justifie la multiplication des interdictions ; mais aussi le rôle qu'on lui fait jouer auxorigines des grands sports de balle, <strong>et</strong> en particulier du rugby. En France, on joue à la soule àpartir du X° ou du XII° siècle, <strong>et</strong> jusqu'au XIX° siècle, <strong>et</strong> dans une aire géographique quicommence à être bien délimitée. On y joue aussi en Angl<strong>et</strong>erre, <strong>et</strong> comme le note N. Elias, "onmentionne des jeux semblables dans les documents médiévaux de nombreux pays. Il se peutqu'ils aient différé dans les détails, mais pas dans la manière de jouer, ni dans la brutalité,l'absence de contrainte <strong>et</strong> la violence". (Sport <strong>et</strong> Violence, in Actes de la Recherche enSciences Sociales, n°6, décembre 1976, p. 16).L'allure générale du jeu est bien caractérisée par J. Lacouture lorsqu'il écrit : "Le jeu de lasoule était violent <strong>et</strong> passionné, essentiellement populaire, bien qu'à l'occasion des nobles yprissent part... Dans la majorité des cas, le jeu consistait pour un groupe de villageois conduitspar un meneur, un "champion", à conquérir la "soule" en pleine mêlée <strong>et</strong> à la rapporter dansson village" (Du Combat Celte au jeu Occitan, in "L'Histoire", janvier 1979).Parmi beaucoup d'autres, nous citons trois documents, auxquels s'ajoute le texte emprunté à E.Zola, à des fins de comparaison : il y a plus qu'un simple rapport de cousinage entre soule,choule, chole <strong>et</strong> soule à la crosse, jeux dont les modalités diffèrent, mais pas le principe,comme cherche à le m<strong>et</strong>tre en évidence le tableau comparatif que nous proposons <strong>et</strong> à partirduquel se formuleront quelques hypothèses concernant les similitudes <strong>et</strong> surtout lesdifférences qui existent entre ces jeux <strong>et</strong> les sports qui en sont issus, sans qu'ils soient pourtantà leur image. En matière de jeux, les "rej<strong>et</strong>ons" sont plus à l'image des sociétés dans lesquellesils se développement qu'à celles de leurs "pères".J.J. Jusserand, Les sports <strong>et</strong> les jeux d'exercice dans l'Ancienne France, Paris,Plon, 1901Bou<strong>et</strong> <strong>et</strong> Perrin qui ont voulu r<strong>et</strong>racer, par la plume <strong>et</strong> le crayon, un tableau de la"Vie des Br<strong>et</strong>ons de l'Armorique" au XIX° siècle, n'ont eu garde d'om<strong>et</strong>tre ce jeu,considéré en Br<strong>et</strong>agne comme un des sports nationaux. Une des gravures montre ledébut de la partie, au moment où la soule va être lancée entre les deux camps, devantla porte de l'Eglise ; une autre représente un scrimmage, dont nos teams les mieuxentraînés ne se soucieraient guère, car il se poursuit au milieu d'un torrent. Le textedécrit avec beaucoup de vivacité les péripéties du jeu : "La soule a été lancée. Lesdeux armées n'en forment plus qu'une, se mêlent, s'étreignent, s'étouffent. A lasurface de c<strong>et</strong> impénétrable chaos, on voit mille têtes s'agiter, comme les vaguesd'une mer furieuse, <strong>et</strong> des cris inarticulés <strong>et</strong> sauvages s'en échappent... Grâce à savigueur ou à son adresse, l'un des champions s'est frayé un passage à travers c<strong>et</strong>temasse compacte <strong>et</strong> fuit emportant au loin la soule. On ne s'en aperçoit pas d'abord,tant l'ivresse du combat m<strong>et</strong> hors d'eux-mêmes ces combattants frénétiques!... Maislorsque ceux à qui il reste un peu plus de sang froid qu'aux autres voient enfin qu'ilss'épuisent en inutiles efforts... c<strong>et</strong> immense bloc d'une seule pièce se rompt, se divise,se disperse. Chacun vole soudain vers le nouveau champ de bataille <strong>et</strong> en y courant,on s'insulte, on s'attaque, on se culbute <strong>et</strong> vingt actions partielles s'engagent autour del'action principale" (Breiz Izel ou Vie des Br<strong>et</strong>ons de l'Armorique, 2 e éd., 1844,3vol., in 8t. III, p.21).4

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