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Journal de Saclay n°19 - CEA Saclay

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DÉCEMBRE 2002 > N°19Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>LE JOURNALDOSSIER SPÉCIALLE CENTRE <strong>CEA</strong> DE SACLAYA FÊTÉ SES 50 ANS DE RECHERCHES


50 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>1. Jean-Pierre PervèsLe centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> a fêté, les 23 et 24 octobre 2002, le cinquantième anniversaire <strong>de</strong> lamise en route <strong>de</strong> son premier accélérateur <strong>de</strong> particules Van <strong>de</strong> Graaff et <strong>de</strong> la pile EL2, points<strong>de</strong> départ du véritable essor du site. Ce numéro du "<strong>Journal</strong>" n’a pas pour ambition <strong>de</strong> résumerun <strong>de</strong>mi siècle d’une saga scientifique et humaine, il donnera toutefois <strong>de</strong>s repères aux lecteursqui pourront également se reporter au livre publié à l’occasion <strong>de</strong> cet événement symbolique(voir p. 24).2. Le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> en 19523. Premiers cours au laboratoire <strong>de</strong> chimie<strong>de</strong> l’Institut national <strong>de</strong>s sciences ettechniques nucléaires (INSTN). Créé en1956, l’INSTN a déjà formé <strong>de</strong>s générations<strong>de</strong> scientifiques et <strong>de</strong> techniciens.2ÉditeurCentre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>91191 Gif-sur-Yvette Ce<strong>de</strong>xDirecteurJean-Pierre PervèsDirecteur <strong>de</strong> la publicationYves BourlatRédacteur en chefChristophe PerrinRédactionSophie AstorgIrène Rio,Nicole Roinel,Thierry Roll,Jean-Luc Sida,Edgar Soulié.Conception graphiqueMazarine2, square Villaret <strong>de</strong> Joyeuse75017 ParisTél. : 01 58 05 49 25En 1945, la France,dévastée par laguerre, tire l’essentiel<strong>de</strong> son électricitédu charbon et <strong>de</strong>ses barrages. Le1pays est tenu àl’écart <strong>de</strong>s recherches nucléaires parles Anglo-saxons, alors que la divi-aux-Roses, jusqu’à la mise en service<strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> en 1952.Rapi<strong>de</strong>ment, les disciplines foisonnent: physique et chimie nucléaires,biologie, mé<strong>de</strong>cine, technologie.Des percées scientifiquesconsidérables<strong>de</strong> la construction <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> production.Viennent aussi les révisionsdéchirantes avec, en particulier, lechoix par EdF <strong>de</strong> la filière <strong>de</strong>s réacteursà eau pressurisée et l’abandondu développement <strong>de</strong> la filière graphite-gaz.Le <strong>CEA</strong> s’engage plus intensémentdans <strong>de</strong>s coopérations nationaleset internationales, dans le domaine<strong>de</strong> la physique par exemple et accen-gaz carbonique est incontournable.Notre industrie nucléaire est complète.Les technologies nécessaires à la maîtrise<strong>de</strong> ses rejets et <strong>de</strong> ses déchetssont disponibles. Nous disposons <strong>de</strong>vingt ans, grâce aux acquis <strong>de</strong> nosprédécesseurs, pour imaginer etmettre au point les usines nucléairesdu futur. Il ne faut plus se limiter à lasimple production d’électricité etpersonnes y travaillent chaque jour.Nous accueillons <strong>de</strong> très nombreuxcollaborateurs extérieurs et <strong>de</strong>s chercheursdu mon<strong>de</strong> entier. Nos interlocuteurssont multiples. Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> latechnologie est ouvert et compétitif.Nos collaborations s’éten<strong>de</strong>nt à laterre entière. Le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>poursuivra sa mission aux frontièresentre la science et la technologie,Véronique LefèbvreChristophe PerrinJacques Bor<strong>de</strong>tCrédits photos<strong>CEA</strong>,<strong>CEA</strong>-Bigot,sion du mon<strong>de</strong> en <strong>de</strong>ux blocs se prépare,mais les compétences nemanquent pas.Pendant 20 ans, le <strong>CEA</strong>, et <strong>Saclay</strong> enparticulier, dominent largement lesrecherches nucléaires en France, <strong>de</strong>tue son appel à une industrie <strong>de</strong>venuetrès performante. Le centre <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>n’est plus seul au sein du <strong>CEA</strong> et lesl’énergie nucléaire pourra, parexemple, fournir <strong>de</strong> la chaleur directementutilisable pour <strong>de</strong>s usagesentre les sciences nucléaires et lesautres disciplines scientifiques.Intégré dans l’espace européen etIconographieChantal FuseauComité <strong>de</strong> rédactionCatherine Andrieux,Michel Bauer,Fanny Bazile,Isabelle Courson,Philippe Dillman,Michel Fontugne,Daniel Gillet,Étienne Klein,Patrick Mauchien,<strong>CEA</strong>-Gonin,<strong>CEA</strong>-Sudre,<strong>CEA</strong>-Benausse,<strong>CEA</strong>-Biaugeaud,ESA-S.Corvaja 2002,IFA,AACMA,<strong>CEA</strong>-Garcin-Gasser,<strong>CEA</strong>-VigourouxCommission paritaireN° ISSN 1276-2776Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>Pendant la guerre, <strong>de</strong>s scientifiquesfrançais ont mis à l’abri leur savoir etles matériaux utiles à leurs expériences.Restés en France, comme Joliot-Curie, ou émigrés en Amérique dunord, comme Lew Kowarski, PierreAuger, Bertrand Goldschmidt, HansHalban, ils seront à l’origine durenouveau <strong>de</strong>s sciences nucléaires enFrance.l’amont à l’aval. Il en résultera <strong>de</strong>spercées scientifiques considérables etles premiers éléments d’un développementindustriel, avec la filière <strong>de</strong>sréacteurs graphite-gaz et le traitement<strong>de</strong>s combustibles usés. On défricheaussi dans d’autres directions :réacteurs à eau légère, réacteursrapi<strong>de</strong>s à sodium, à hautetempérature, à sels fondus… C’est lecentres <strong>de</strong> province ont pris <strong>de</strong> l’importance.Les trente <strong>de</strong>rnières années du XXèmesiècle sont aussi marquées par lamontée d’oppositions aux sciences ettechnologies nucléaires. Le <strong>CEA</strong> doitapprendre à expliquer ses programmes.<strong>Saclay</strong> reçoit <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> visiteurs,crée dès 1995 le Groupe <strong>de</strong> travail<strong>CEA</strong> <strong>Saclay</strong> et son environnement.domestiques ou industriels, contribuerà la production d’hydrogène commecomburant pour véhicules propres et àla satisfaction <strong>de</strong>s besoins en eaudouce <strong>de</strong>s pays secs par <strong>de</strong>ssalement<strong>de</strong>s eaux saumâtres.Le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> figure aujourd’huiparmi les plus grands centres <strong>de</strong>recherche européens. Chercheurs,ingénieurs, techniciens : près <strong>de</strong> 5 500dans une économie régionale en pleineexpansion, il doit rester un centre<strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> référence au niveaumondial, dans lequel <strong>de</strong>s générationsd’étudiants, techniciens, ingénieurs etscientifiques seront formés et créerontles technologies <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.Jean-Pierre Pervès,Directeur du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>Alain Menelle,Alain Moreau,Jean Poitou,Droits <strong>de</strong> reproduction, texteet illustrationsréservés pour tous paysLe 18 octobre 1945, le Général DeGaulle crée le Commissariat àl’énergie atomique (<strong>CEA</strong>). Le comité àtemps <strong>de</strong>s explorateurs.C’est aussi le temps <strong>de</strong> l’émergence dupétrole roi. L’état cherche un équilibreFin 1998, le Prési<strong>de</strong>nt du Conseilgénéral <strong>de</strong> l’Essonne officialise cettedémarche et institue la CommissionPhotos <strong>de</strong> couverturel’énergie atomique, organe suprêmeentre indépendance énergétique, aveclocale d’information (CLI).Haut/gauche :R. Maillet, J. Debiesseet S. Winter au centre<strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> en 1955,Bas/gauche :<strong>de</strong> nombreux invités ontparticipé aux journéesanniversaires du Centre<strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>Haut/droit :Expérience <strong>de</strong> physiqueau Laboratoire LéonBrillouin,Bas/droit :Claudie Haigneré,Ministre déléguée à larecherche et auxnouvelles technologiesdu <strong>CEA</strong>, déci<strong>de</strong>, avec Raoul Dautry,Administrateur général et FrédéricJoliot-Curie, Haut-commissaire, laconstruction d’un grand centre <strong>de</strong>recherche nucléaire. Ce sera <strong>Saclay</strong>.Mais il y a urgence. Les premierslaboratoires sont montés dans le fortdésaffecté <strong>de</strong> Châtillon, à Fontenay-un charbon national qui vit ses <strong>de</strong>rniersinstants, et compétitivité, pour produirel’électricité indispensable au développementéconomique.A l’orée <strong>de</strong>s années 70, le <strong>CEA</strong> <strong>de</strong>vientle conseil et l’associé d’une industriequ’il contribue à créer et qui prendraprogressivement la pleine responsabilitéQue serontles années 2000 ?Le <strong>de</strong>venir énergétique du pays est ànouveau en question. L’effet <strong>de</strong> serredoit être freiné. Une énergie nucléairesûre, économe, efficace, associée àtoutes les énergies non émettrices <strong>de</strong>23


50 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>IL Y A 50 ANS…UN ÎLOT DES SCIENCES SUR LE PLATEAU DE SACLAY41 2 31952 :le centre d’étu<strong>de</strong>s nucléaires <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> accueille ses premièreséquipes. Ses origines remontent aux débuts duCommissariat à l’énergie atomique (<strong>CEA</strong>), créé par l’or-recherche est prévue. Un terrain est déjà trouvé : ce sera<strong>Saclay</strong>, sur un vaste plateau agricole peu habité mais proche<strong>de</strong> Paris.1. L’Administrateur général Raoul Dautry et le HautcommissaireFrédéric Joliot-Curie sur le chantier<strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.5donnance du 18 octobre 1945.Une poignée <strong>de</strong> scientifiques convaincus emmenés parAvec le célèbre architecte Auguste Perret, artisan <strong>de</strong> lareconstruction <strong>de</strong> la ville du Havre, les scientifiques <strong>de</strong>s-2. La construction du bâtiment <strong>de</strong> l’accélérateur <strong>de</strong>particules Van <strong>de</strong> Graaffl’Administrateur général Raoul Dautry, qui avait été Ministre<strong>de</strong> la reconstruction en 1945, et par le Haut-commissairesinent les contours <strong>de</strong> la future cité <strong>de</strong>s atomes. Ilsdéploieront une formidable énergie pour faire émerger le3. La construction du réfrigérant atmosphérique <strong>de</strong> lapile EL2.Frédéric Joliot-Curie, prix Nobel <strong>de</strong> physique, jettent lesbases <strong>de</strong> ce nouvel organisme. Son objectif : "poursuivre lesrecherches scientifiques et techniques en vue <strong>de</strong> l’utilisation<strong>de</strong> l’énergie atomique dans divers domaines <strong>de</strong> la science,<strong>de</strong> l’industrie et <strong>de</strong> la défense nationale".Le premier problème à résoudre est celui <strong>de</strong>s locaux. Cecentre, qui concrétise l’ampleur du projet politique etscientifique du <strong>CEA</strong>.Un ambitieux programme a déterminé les grands axes <strong>de</strong>recherche du centre : l’énergie nucléaire autour <strong>de</strong>s réacteursexpérimentaux, la physique <strong>de</strong> l’atome et la biologie.De ce projet émerge aussi une nouvelle approche4. Dernière oeuvre <strong>de</strong> l’architecte Auguste Perret, lecentre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> est conçu comme un "petitVersailles" dédié aux sciences <strong>de</strong> l’atome, un"palais <strong>de</strong> la science" inspiré <strong>de</strong>s campusuniversitaires anglo-saxons et <strong>de</strong>s phalanstèresimaginés par les utopistes.n’est pas l’un <strong>de</strong>s moindres, au moment où le pays entierest à reconstruire. Le <strong>CEA</strong> s’installe dans l’ancien fort militaire<strong>de</strong> Châtillon, à Fontenay-aux-Roses, où sera fabri-scientifique qui mêle étroitement recherche fondamentaleet recherche technologique. Elle s’articule autour <strong>de</strong> lamise en place <strong>de</strong>s grands équipements qui feront la répu-5. Deux installations majeures sont mises en route en1952, l’accélérateur <strong>de</strong> particules Van <strong>de</strong> Graaff(photo) et la pile atomique EL2.quée la première pile atomique française, Zoé, qui fonctionnele 15 décembre 1948.Dès cette époque, la construction d’un grand centre <strong>de</strong>tation <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : les réacteurs expérimentaux, EL2, EL3,Osiris, Orphée et les accélérateurs, cyclotron, ALS(Accélérateur linéaire <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>), Saturne…6. 17 mars 1961 : le général De Gaulle en visite à<strong>Saclay</strong>, accueilli par Jean Debiesse, directeur ducentre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> 1954 à 1970.La saga du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> est en marche465


50 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>AU SERVICE DEL’ÉLECTRONUCLÉAIREDepuis les premières piles atomiques expérimentalesZoé, EL2, EL3, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s réacteurs nucléaireset <strong>de</strong>s combustibles constitue un pilier <strong>de</strong> la rechercheau centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>. Dans les années 50, physicienset neutroniciens mènent <strong>de</strong>s expérimentationstous azimuts. De ce foisonnement émergeront plusieurstechnologies : filière rapi<strong>de</strong>, filière à eau lour<strong>de</strong>, filière àhaute température… ainsi que la fameuse filière àuranium enrichi graphite-gaz (UNGG), choisie par lespouvoirs publics car elle présentait le double avantaged’utiliser <strong>de</strong> l’uranium naturel et d’être productrice <strong>de</strong>plutonium, alors indispensable à la fabrication <strong>de</strong> labombe atomique.A la fin <strong>de</strong>s années 60, le contexte évolue. Le pays maîtrise,grâce au <strong>CEA</strong>, la technologie <strong>de</strong> l’enrichissement<strong>de</strong> l’uranium, mise au point à <strong>Saclay</strong> avant d’être testée2à Pierrelatte. En 1969, la filière graphite-gaz, qui faisaitfigure <strong>de</strong> filière nationale, est abandonnée au profit <strong>de</strong> lafilière à eau, <strong>de</strong> licence américaine. Sans abandonner lesrecherches sur d’autres filières, le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>participe à la francisation <strong>de</strong> la filière à eau pressurisée,choisie dans le cadre du vaste programme d’équipementnucléaire lancé en 1974. Le centre met alors à disposition<strong>de</strong> l’industrie électronucléaire ses compétences en matièred’étu<strong>de</strong> et ses moyens d’essais.Après avoir participé aux recherches sur le projet franco-allemandEuropean Pressurized Reactor (EPR), unréacteur à eau pressurisée <strong>de</strong> la 3 ème génération, le pôleénergie nucléaire <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> travaille aujourd’hui sur lesréacteurs du futur.1. Au début <strong>de</strong>s années 50, les chercheurs <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> ont travailléà la conception et à la transposition industrielle <strong>de</strong> lafilière graphite-gaz. Le passage à l’industrialisation <strong>de</strong> lafilière a conduit le <strong>CEA</strong> à mener une recherche plus appliquéepermettant d’améliorer la rentabilité et la sécurité <strong>de</strong> lafilière en exploitation. Photo : le montage du cœur du réacteurG2, à Marcoule.2. Les méthodologies <strong>de</strong> simulation <strong>de</strong>s systèmes et <strong>de</strong>s structures,en gran<strong>de</strong> partie mises au point au centre <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>,sont aujourd’hui indispensables à l’ingénierie et à la sûreténucléaires. Photo : Simulation numérique <strong>de</strong> la rupture d’unecuve <strong>de</strong> réacteur.3. Le Laboratoire d’examen <strong>de</strong>s combustibles irradiés (LECI) aouvert ses portes en 1959.451 34. Tamaris, inaugurée en 1990, abrite l’ensemble <strong>de</strong> moyensd’essais le plus important d’Europe pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> phénomènesdynamiques (séismes, vibrations, impacts). D’une manièregénérale, le <strong>CEA</strong> apporte son soutien aux industriels enmenant <strong>de</strong>s recherches sur la durée <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s installations, laperformance <strong>de</strong>s combustibles et <strong>de</strong>s matériaux, la sûreté <strong>de</strong>sréacteurs. Photo : essais sismiques d’une maquette.5. Les réacteurs expérimentaux sont indispensables à la rechercheet au développement <strong>de</strong>s réacteurs nucléaires, ainsi quepour tester la fiabilité <strong>de</strong> leur fonctionnement et leur durée<strong>de</strong> vie. Ils permettent également <strong>de</strong> tester la résistance <strong>de</strong>smatériaux, <strong>de</strong> doper <strong>de</strong>s puces <strong>de</strong> silicium, etc.Le réacteur Osiris, mis en service en 1966 à <strong>Saclay</strong>, resteparmi les réacteurs <strong>de</strong> recherche les plus performants aumon<strong>de</strong>. Photo : la piscine du réacteur.67


50 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>AU CŒUR DE LAMATIÈREPhysiciens théoriciens, expérimentateurs et physico-chimistesforment le noyau dur <strong>de</strong>s pionniers<strong>de</strong> l’atome. Recherches fondamentales sur la matièreet recherches appliquées sur les réacteurs se croisentet se fertilisent. Les étu<strong>de</strong>s sont tournées en2 3 4priorité vers la neutronique, qui permet <strong>de</strong> comprendrele fonctionnement intime <strong>de</strong>s réacteursnucléaires. Le début <strong>de</strong>s années 60 est marqué parl’essor <strong>de</strong> la recherche en physique <strong>de</strong>s particules,avec le démarrage <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> épopée <strong>de</strong>sdétecteurs, qui permettent <strong>de</strong> traquer les composantsultimes <strong>de</strong> la matière.En 1968 s’ouvre, sur la commune <strong>de</strong> Saint-Aubin, lesite <strong>de</strong> l’Orme <strong>de</strong>s Merisiers. Consacré aux "sciences<strong>de</strong> la matière", il dépend du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.1A partir <strong>de</strong>s années 70, <strong>Saclay</strong> fait référence dans <strong>de</strong>nombreux domaines <strong>de</strong> la physique, avec1. Les recherches menées <strong>de</strong>puis les années 50 en physique4. Le réacteur <strong>de</strong> 14 MWth, Orphée, inauguré en 1981, fournit <strong>de</strong>snotamment la mise en service du synchrotronnucléaire visent à explorer, à l’ai<strong>de</strong> d’accélérateurs toujours pluspuissants, la structure intime du noyau. Photo : le cyclotron <strong>de</strong><strong>Saclay</strong>, mis en service en 1954.faisceaux <strong>de</strong> neutrons pour la recherche fondamentale. Les expériencesréalisées au sein du laboratoire Léon Brillouin, <strong>CEA</strong>/CNRSassociés, concernent la physique, la chimie et la biologie.Saturne II, en 1978, puis avec le Grand accélérateurnational d’ions lourds (GANIL). Ce laboratoire<strong>CEA</strong>/CNRS, implanté à Caen, dépend aussi <strong>de</strong>5Les détecteurs : <strong>de</strong> Gargamelle à Aleph5. Les lasers <strong>de</strong> puissance fournissent une gran<strong>de</strong> quantité<strong>Saclay</strong>.2. Depuis les années 60, les équipes <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> réalisent <strong>de</strong>sdétecteurs qui mesurent avec <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> précisionl’énergie, la masse et la charge <strong>de</strong>s particules issues <strong>de</strong> lacollision <strong>de</strong>s faisceaux. Photo : La chambre à bullesGargamelle, construite à <strong>Saclay</strong> et installée sur l’accélérateurd’énergie en <strong>de</strong>s temps très courts. Ils permettent d’étudier lecomportement <strong>de</strong> la matière dans <strong>de</strong>s conditions extrêmes,notamment celles où les forces électriques induites par lefaisceau laser dépassent les forces <strong>de</strong> cohésion <strong>de</strong>s atomes.Les équipes du <strong>CEA</strong> participent à la conception etaux expériences menées sur les grands accélérateursinternationaux.En parallèle, le développement <strong>de</strong> la physique <strong>de</strong>du CERN, à Genève, appartenait à cette première génération<strong>de</strong> détecteurs.3. Le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> a également construit la bobine supraconductricepour le détecteur Aleph, sur le grand accélérateur duCERN, en fonctionnement jusqu’à ces <strong>de</strong>rnières années.6. L’accélérateur Saturne, inauguré en 1958, a été entièrementrénové en 1978 pour la physique nucléaire. Baptisé Saturne Il,il permet une large variété d'expériences à la charnière <strong>de</strong> laphysique du noyau et <strong>de</strong> la physique <strong>de</strong>s particules.Photo : l’installation MIMAS, au cœur <strong>de</strong> Saturne.l’état con<strong>de</strong>nsé s’intéressant <strong>de</strong> près à l’électroniqueet aux nouvelles technologies prépare <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>savancées aussi bien en recherche fondamentalequ’en technologie (quantronique, lasers,nanotechnologies).869


50 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>DE LA TERRE AU CIEL1. Le 17 octobre 2002, la fusée russe Protona lancé, <strong>de</strong>puis Baïkonour (Kazakhstan), lesatellite INTEGRAL, qui abrite la camérad’imagerie gamma ISGRI (en français :Imageur gamma basse énergie pourINTEGRAL). Cet instrument, qui a <strong>de</strong>mandéprès <strong>de</strong> 10 ans <strong>de</strong> travaux aux chercheurs<strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, ouvre aux astrophysiciens unefenêtre d’observation sur les événementscosmiques <strong>de</strong>s hautes énergies.2. Le satellite en cours d’intégration dans lasalle blanche.3. L'analyse effectuée sur le tandétron, un13Apartir <strong>de</strong>s années 60, les techniques du nucléaire ontfait <strong>de</strong> tels progrès qu’il est possible <strong>de</strong> mesurer lestrès faibles radioactivités naturelles et leurs variations dansles échantillons géologiques ou archéologiques.accélérateur couplé à un spectromètre <strong>de</strong>masse, permet aux chercheurs d'affiner lespossibilités <strong>de</strong> datation en prélevant <strong>de</strong>séchantillons <strong>de</strong> l'ordre du milligramme.Photo : bison <strong>de</strong> la grotte ornée <strong>de</strong> Niaux(Ariège) <strong>de</strong>ssiné il y a 13 000 ans (datationdirecte <strong>de</strong> la fresque par le carbone 14 autandétron, à Gif-sur-Yvette).C’est ainsi que les chercheurs <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> commencerontà s’intéresser aux métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> datation au carbone 14,un isotope radioactif du carbone.Dans le sillage <strong>de</strong> ces premières étu<strong>de</strong>s, on découvre lesformidables possibilités offertes par les isotopes dansl’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s variations climatiques. Utilisant diversprocédés comme la mesure du cycle du carbone oul’analyse <strong>de</strong>s sédiments marins et <strong>de</strong> carottes <strong>de</strong> glaceextraites au Groenland et en Antarctique, les chercheurs<strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> se sont efforcés <strong>de</strong> modéliser ces variationsafin d’établir <strong>de</strong>s prévisions.4. La teneur en hydrogène léger et en<strong>de</strong>utérium <strong>de</strong> la glace est mesurée grâce auspectromètre <strong>de</strong> masse construit à <strong>Saclay</strong>dans les années 1970. On en déduit latempérature qui régnait lors <strong>de</strong>s chutes <strong>de</strong>neige qui ont constitué la couche <strong>de</strong> glace.En analysant les carottes <strong>de</strong> glace extraitesà Vostok, le Laboratoire <strong>de</strong>s sciences duclimat et <strong>de</strong> l’environnement (LSCE) adéterminé les variations climatiques enAntarctique durant les 400 000 <strong>de</strong>rnièresannées. Les équipes <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> ont été lespremières à mettre en évi<strong>de</strong>nce le lienentre la teneur en gaz à effet <strong>de</strong> serre <strong>de</strong> laglace et l’évolution <strong>de</strong> la température surle globe (voir aussi p.22)42C’est aussi dans les années 60 que l’astrophysique faitses débuts à <strong>Saclay</strong>. Du rayonnement nucléaire auxrayonnements cosmiques, il n’y a qu’un pas. Lesphysiciens qui conçoivent et construisent les instrumentsnécessaires aux détecteurs <strong>de</strong> particules et <strong>de</strong>rayonnements s’attaquent à l’observation <strong>de</strong>s particuleset <strong>de</strong>s rayonnements <strong>de</strong> l’espace. Ainsi s’ouvre larecherche <strong>de</strong> l’origine et <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> l’univers.5. Les équipes du <strong>CEA</strong> travaillent à laconception <strong>de</strong> la caméra Megacam, quisera montée sur le télescope CFHT àHawaï. Cette caméra à grand champ vapermettre <strong>de</strong> dresser la carte <strong>de</strong> trèsgran<strong>de</strong>s régions <strong>de</strong> l’univers, <strong>de</strong> son<strong>de</strong>rl’évolution et la répartition <strong>de</strong>s galaxieset <strong>de</strong> détecter les plus lointainesexplosions d’étoiles.10511


50 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>DE L’ATOMEAU VIVANT3La recherche en biologie au <strong>CEA</strong> s’est articulée autour<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux axes principaux : les applications <strong>de</strong>s technologiesissues du nucléaire dans les domaines biolo-Le Service hospitalier Frédéric Joliot (SHFJ), qui dépend<strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, a ouvert ses portes en 1958 à l’hôpitald’Orsay, afin <strong>de</strong> développer les applications <strong>de</strong> l’énergierôle <strong>de</strong> ces molécules, <strong>de</strong> diagnostiquer certainesmaladies (cancers, Alzheimer, épilepsie, Parkinson,etc.) et d’analyser le fonctionnement d’organes telsgiques et médicaux, et l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s effets sur le vivantnucléaire dans le domaine médical.que le cœur ou le cerveau.<strong>de</strong>s rayonnements et <strong>de</strong>s toxiques issus <strong>de</strong>s activitésAu fil <strong>de</strong>s années, les chercheurs ont bénéficié <strong>de</strong>sCes activités ont permis <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s6nucléaires.connaissances acquises dans le nucléaire pourcompétences dans le domaine <strong>de</strong> l’ingénierie <strong>de</strong>sC’est dans cette optique qu’a été créé à <strong>Saclay</strong>, en 1953,analyser la structure <strong>de</strong>s molécules biologiques. Ilsprotéines et <strong>de</strong>s recherches sur le fonctionnementle service <strong>de</strong> biologie, avec ses trois laboratoires <strong>de</strong>ont développé <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> marquage et miscellulaire et la génétique (voir aussi p. 22-23)physiologie, <strong>de</strong> biochimie et <strong>de</strong> biophysique.au point <strong>de</strong> nouveaux traceurs afin <strong>de</strong> comprendre le1 2451. La découverte <strong>de</strong>s "traceurs radioactifs" a ouvert une voienouvelle dans l’exploration <strong>de</strong>s fonctions du vivant. Il s’agit<strong>de</strong> remplacer un élément naturel d’une molécule par un élémentradiomarqué, ce qui permet <strong>de</strong> suivre cette moléculesans en modifier les propriétés biologiques.Au SHFJ (Service hospitalier Frédéric Joliot), le cyclotron permet<strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s molécules marquées pour la recherche,pour <strong>de</strong>s utilisations cliniques en cancérologie et en mé<strong>de</strong>cinenucléaire et pour l’industrie pharmaceutique.La production <strong>de</strong> la première molécule marquée réalisée enFrance à partir du radioélément artificiel, l’io<strong>de</strong> 128, la thyroxine,une hormone <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong>, a eu lieu à Châtillon.Photo : un examen <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> au fort <strong>de</strong> Châtillon.2. Dès sa création, le centre <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, chargé d’étudier leseffets <strong>de</strong>s rayonnements ionisants, s’est intéressé à la radioprotectionet à la surveillance <strong>de</strong> l’environnement. Photo : lasalle <strong>de</strong> comptage du groupe <strong>de</strong> radiotoxicologie à <strong>Saclay</strong>dans les années 50.3. Le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> va accueillir un nouveau centre <strong>de</strong>neuro-imagerie en champ intense baptisé NeuroSpin. Cetteinstallation unique en Europe s’attachera à dépasser leslimites actuelles <strong>de</strong> l’exploration cérébrale.Photo : image IRM anatomo-fonctionnelle montrantl'activation <strong>de</strong>s aires motrices cérébrales lors d'unmouvement <strong>de</strong> la main droite pour attrapper un objet.4. Depuis le lancement, en 1989, du programme Protéine2000, la biologie structurale et l’ingénierie <strong>de</strong>s protéinessont <strong>de</strong>venues l’un <strong>de</strong>s secteurs forts du <strong>CEA</strong>.Les biologistes étudient et façonnent <strong>de</strong>s protéinesqui pourront servir à élaborer <strong>de</strong>s médicaments <strong>de</strong>stinésà lutter efficacement contre l’hypertension,le cancer ou le sida.Photo : Structures <strong>de</strong> protéines modélisées par résonancemagnétique nucléaire.5. Le Service hospitalier Frédéric Joliot constitue un pôle <strong>de</strong>renom international dans le domaine <strong>de</strong> l’imageriemédicale.Les équipes disposent d’un plateau technique en imagerieisotopique et par résonance magnétique nucléaire uniqueen Europe.6. Au moment <strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> la vache folle, le <strong>CEA</strong> a mobiliséses compétences dans le domaine <strong>de</strong>s protéines et enmatière <strong>de</strong> marquage et <strong>de</strong> détection pour mettre au pointun test <strong>de</strong> dépistage <strong>de</strong> l’Encéphalopathie spongiformebovine (ESB). Ce test est actuellement le plus vendu dansle mon<strong>de</strong>.Photo : les travaux sur la maladie <strong>de</strong> Creutzfeldt-Jakob sonteffectués au sein du laboratoire <strong>de</strong> haute sécurité microbiologique<strong>de</strong> niveau 3 ouvert à <strong>Saclay</strong> en avril 2001.1213


50 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>JOURNÉES ANNIVERSAIRES DES 23 ET 24 OCTOBRE 2002Placées sous le haut patronage <strong>de</strong> Jean-Pierre Raffarin, Premier Ministre, les journées anniversaires <strong>de</strong>s 23 et 24 octobre ontpermis <strong>de</strong> redécouvrir les chemins parcourus avec un regard neuf et <strong>de</strong> présenter <strong>de</strong>s perspectives.L’après-midi du mercredi 23 octobre a été dédié à trois colloques réunis sous le titre général "De la recherche à l’industrie",et intitulés “santé et environnement”, “nanosciences et nanotechnologies”, “simulation <strong>de</strong>s réacteurs et <strong>de</strong>s matériaux”.Ces rencontres ont permis <strong>de</strong> témoigner <strong>de</strong> la richesse et <strong>de</strong> l’étendue <strong>de</strong>s recherches menées au centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.Le jeudi 24, un large public s’est réuni autour <strong>de</strong> Claudie Haigneré, Ministre déléguée à la recherche et aux nouvellestechnologies, Pascal Colombani, Administrateur général du <strong>CEA</strong>, Jean-Pierre Pervès, Directeur du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>,Véronique Lefèbvre, historienne, <strong>de</strong>s Directeurs <strong>de</strong>s quatre grands secteurs dans lesquels le centre poursuit ses recherches et<strong>de</strong> trois prix Nobel <strong>de</strong> physique : Carlo Rubbia, Clau<strong>de</strong> Cohen-Tannoudji et Georges Charpak.PARTAGER LA FIERTÉ D’UNE HISTOIREBRILLANTE“Il est bon que nous sachions partager cettefierté d’une histoire brillante, fruit d’une volontépolitique claire et <strong>de</strong> l’engagement tenace <strong>de</strong>nombreux scientifiques, ingénieurs et techniciensaux qualités remarquables, ou biensouvent même, exceptionnelles" a expliquéClaudie Haigneré, Ministre déléguée à la rechercheet aux nouvelles technologies, en ouvrant lajournée du 24 octobre.Lors <strong>de</strong> son intervention, Claudie Haigneré a"partagé quelques réflexions" inspirées par cetanniversaire. Extraits :Prions et maladie <strong>de</strong> la vache folle"… le <strong>CEA</strong> a su, au cours <strong>de</strong>s années, faire preuve d'uneremarquable réactivité et d'un remarquable discernement.Les exemples abon<strong>de</strong>nt ; comme mé<strong>de</strong>cin et biologiste,j'en retiendrais un seul dont j'ai pris récemment connaissance,la mobilisation exemplaire du <strong>CEA</strong> sur les prions aumoment où la singularité biologique qu'ils représentent n'avaitattiré que bien peu l'attention <strong>de</strong>s chercheurs spécialisés…Il me semble que la possibilité <strong>de</strong> mobiliserrapi<strong>de</strong>ment personnels et moyens sur <strong>de</strong>s projets précis1joue un rôle <strong>de</strong> poids dans cette réactivité. Cette cultured'une recherche sur projets, capable <strong>de</strong> mobiliser toutes lesénergies et compétences nécessaires en temps utile, mérited'être plus largement partagée dans l'ensemble <strong>de</strong> nosorganismes et universités".Energie"La France s'illustre <strong>de</strong>puis longtemps par une gran<strong>de</strong> compétencedans le domaine <strong>de</strong> l'énergie nucléaire avec une23longue expérience en matière <strong>de</strong> fission. Elle y a développéune réputation d'excellence, en particulier au travers <strong>de</strong>sactivités du Commissariat à l'énergie atomique. La constructionau fil <strong>de</strong>s décennies <strong>de</strong>s compétences scientifiques,technologiques, industrielles dans le domaine dunucléaire a permis, au-<strong>de</strong>là d'une indépendance énergétiquedans le domaine <strong>de</strong> l'électricité, une prise <strong>de</strong>conscience précoce <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> la fission et <strong>de</strong>s espoirsqu'elle porte. Cette compétence implique une très gran<strong>de</strong>sûreté <strong>de</strong> la filière nucléaire, et ce au cours <strong>de</strong> tout soncycle, qualité internationalement reconnue et qui fait du<strong>CEA</strong> un exemple en la matière, un exemple dont la Francepeut être fière".Fondamental"J'ai rappelé à plusieurs reprises toute l'importance que,dans le cadre <strong>de</strong> mes attributions, j'accor<strong>de</strong> au soutien à larecherche fondamentale, socle <strong>de</strong> tout l'édifice <strong>de</strong> recherche& développement. Il est particulièrement intéressant <strong>de</strong>constater la diversité <strong>de</strong>s recherches menées à <strong>Saclay</strong> ( …)Je souhaite que ce centre puisse continuer à s'appuyer surune recherche fondamentale fondée sur l'excellence scientifique,en interaction forte avec les développements technologiques,sur un savoir-faire éprouvé dans la valorisationet le transfert <strong>de</strong> technologies, ainsi que sur <strong>de</strong>s partenariatsciblés, tant avec les autres organismes <strong>de</strong> recherche que lesuniversités et les industriels".Climat"Je souhaite souligner le rôle particulier joué par lestravaux menés à <strong>Saclay</strong>, au sein du Laboratoire <strong>de</strong>ssciences du climat et <strong>de</strong> l'environnement, pour étudier leréchauffement climatique et l'effet <strong>de</strong> serre en utilisantles techniques nucléaires. Vous savez que cet enjeu dudéveloppement durable, étroitement lié aux enjeux énergétiques,constitue un champ d'action prioritaire pour legouvernement dans son ensemble et pour l'action queje souhaite mener dans cette perspective. A ce titre, lesrecherches et découvertes <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>retiennent toute mon attention, en même temps qu'ellesattirent l'intérêt <strong>de</strong> la communauté scientifique. Leschercheurs <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> ont ainsi obtenu une série <strong>de</strong>résultats remarquables qui ont contribué à une prise <strong>de</strong>conscience accrue <strong>de</strong>s risques encourus par notreplanète du fait même <strong>de</strong> l'activité humaine. Je citerai enparticulier le développement <strong>de</strong>s modèles isotopiquesbasés sur l'utilisation <strong>de</strong> modèles <strong>de</strong> circulation générale<strong>de</strong> l'atmosphère".Excellence"S'intégrant à la fois aux autres communautésscientifiques et offrant à nos concitoyens les réponsesadaptées en termes d'information et <strong>de</strong> sécurité, le <strong>CEA</strong>confirme chaque jour ici à <strong>Saclay</strong> son rôle fédérateur etprouve son excellence".1. Après son allocution, Claudie Haigneré a visité l’Agora <strong>de</strong>ssciences (voir p. 23) et dédicacé le livre d’or du centre <strong>CEA</strong><strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.2. Claudie Haigneré a rappelé l’importance qu’elle accor<strong>de</strong> ausoutien <strong>de</strong> la recherche fondamentale.3. Pascal Colombani, Claudie Haigneré, Jean-Pierre Pervès(premier plan)1415


JOURNÉES ANNIVERSAIRES DES 23 ET 24 OCTOBRE 200250 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>UNE BELLEHISTOIRE FRANÇAISE3<strong>Saclay</strong> et <strong>de</strong> Fontenay-aux-Roses, un ensemblement, réduction <strong>de</strong>s consommations et <strong>de</strong>s rejets".d’envergure internationale pour la simulation et les"L’avenir du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, comme celui du <strong>CEA</strong>1Il s’agit d’une "belle histoire française" a expliquéPascal Colombani, Administrateur général du<strong>CEA</strong>, avant d’abor<strong>de</strong>r l’avenir. Extraits :technologies numériques.Avec la poursuite <strong>de</strong> ses recherches en ingénierie médicale,avec ses travaux dans le domaine <strong>de</strong>s biotechnologies et<strong>de</strong>s maladies à prions et avec le projet NeuroSpin*, <strong>Saclay</strong>sera un <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> ce que nous appelons le croissanten général, repose aussi et surtout sur les femmes et leshommes qui y travaillent, sur leur esprit d’innovation. Lanécessité <strong>de</strong> s’ouvrir plus encore sur le mon<strong>de</strong> est un <strong>de</strong>sdéfis majeurs que <strong>de</strong>vra relever notre organisme et larecherche française dans son ensemble"."Aucun avenir n’est garanti, aucune organisation n’estimmuable, mais quand les réussites du passé sont faitesd’avoir su concilier rigueur et souplesse, unité et diversi-2Un pôle <strong>de</strong> compétences mondialmédical, qui comprendra <strong>de</strong>s laboratoires du <strong>CEA</strong>, <strong>de</strong>slaboratoires mixtes <strong>CEA</strong>/Inserm et <strong>CEA</strong>/CNRS installés surnos centres et <strong>de</strong>s services associés aux centres hospitalouniversitairesd’Ile-<strong>de</strong>-France.*NeuroSpin : centre <strong>de</strong> neuro-imagerie en champ intense pour lemarquage isotopique in vivo - en particulier du cerveau - par imageriefonctionnelle.té, ambition et sagesse, elles sont en quelque sorte <strong>de</strong>bon augure pour le futur. Ainsi peut-on brosser un tableau<strong>Saclay</strong> se doit <strong>de</strong> rester un pôle <strong>de</strong> compétences mondialen sciences nucléaires, du fondamental à l’appliqué, asso-L’esprit d’innovation1. Pascal Colombani.très général <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s orientations <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> à trèslong terme, inséparables à beaucoup d’égards <strong>de</strong> cellesciant compréhension, simulation et expérimentation. <strong>Saclay</strong><strong>de</strong>vra donc participer au maintien <strong>de</strong> la suprématie françai-Nous <strong>de</strong>vrons développer <strong>de</strong> nouvelles applications dansle domaine <strong>de</strong>s nanosciences, ou <strong>de</strong>s nouvelles techno-2. Le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><strong>de</strong>s autres centres <strong>de</strong> la région parisienne, et qui font partiedu plan stratégique à dix ans que le <strong>CEA</strong> définit en cemoment même :La vocation <strong>de</strong> campus international <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> sera renforcéeautour <strong>de</strong>s sciences nucléaires fondamentales et appliquées,<strong>de</strong>s sciences du climat et <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong>ssciences du vivant et <strong>de</strong>s techniques d’imagerie isotopique,en pleine collaboration avec les universités et autresorganismes <strong>de</strong> recherche.se dans ce domaine et à la poursuite <strong>de</strong> nos activitésnucléaires. Dans le futur, un redéploiement <strong>de</strong>s plus grandséquipements sera inévitable. Le centre <strong>de</strong>vrait, à terme,avoir vocation à se concentrer sur les activités <strong>de</strong>modélisation, <strong>de</strong> simulation et <strong>de</strong> compréhension fine <strong>de</strong>sphénomènes physiques et physico-chimiques. Ce développement<strong>de</strong> la simulation s’intègrera à ce qu’on appelle lecroissant numérique. Basé sur les gran<strong>de</strong>s installations <strong>de</strong>calcul scientifique <strong>de</strong> Bruyères-le-Châtel, les plus puissantesd’Europe, il contribuera à constituer, avec les équipes <strong>de</strong>logies <strong>de</strong>s systèmes à logiciel prépondérant en partenariatavec le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> Fontenay-aux-Roses.Nous resterons actifs et impliqués dans la mise en œuvredu synchrotron Soleil.<strong>Saclay</strong> <strong>de</strong>vra aussi, comme les huit autres centres du <strong>CEA</strong>,satisfaire aux critères du développement durable sous tousses aspects, notamment en s’attachant à en respecter, auquotidien, toutes les contraintes : garantie <strong>de</strong> la sûreté et<strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong>s installations, protection <strong>de</strong> l’environne-3. Le synchrotron Soleil, qui sera mis en service en 2005 sur leplateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, constituera un outil majeur pour la recherchefondamentale et appliquée. Le rayonnement synchrotronprésente <strong>de</strong>s propriétés proches <strong>de</strong> la lumière laser, avec <strong>de</strong>sfaisceaux <strong>de</strong> rayonnement X <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> intensité etextrêmement fins. Il permettra, par exemple, <strong>de</strong> déceler etd’analyser <strong>de</strong>s traces infimes <strong>de</strong> polluants industriels dansles sols et les plantes, servira à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong>sprotéines et <strong>de</strong>s matériaux.Photo : le projet Soleil, dont la construction est financée parun partenariat interrégional et européen, largement soutenupar la région Ile-<strong>de</strong>-France et le département <strong>de</strong> l’Essonne.1617


50 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>UN, DEUX, TROIS…PRIX NOBELJOURNÉES ANNIVERSAIRES DES 23 ET 24 OCTOBRE 2002ILS ONT DITSouplesse : "On nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aujourd’hui, dans <strong>de</strong>nombreux domaines, d’être très réactifs, <strong>de</strong> ne plus menernos recherches sur une durée <strong>de</strong> dix ou vingt ans mais surune durée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois ans." Jean-Pierre PervèsEquipe : Une <strong>de</strong>s clés <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s réussites du <strong>CEA</strong>,c’est "une organisation du travail en équipe mêlant, aumême niveau <strong>de</strong> considération, chercheurs, ingénieurs ettechniciens." Claudie HaigneréConsacré aux conférences <strong>de</strong> trois prix Nobel, l’après-midi a permis d’entendre <strong>de</strong>s personnalitéstrès différentes, mais qui ont au moins un point commun (outre leur prestigieux prix) : celui d’avoirconservé <strong>de</strong> fructueux liens avec <strong>Saclay</strong> et ses équipes.Carlo Rubbia (prix Nobel <strong>de</strong> physique 1984), a consacréson exposé à la nécessité <strong>de</strong> lutter contre le réchauffementdû à l’accumulation <strong>de</strong>s gaz à effet <strong>de</strong> serre. Une lutte qui,pour être efficace, implique, selonlui, d’échapper au cercle vicieux quilie étroitement croissance économique,augmentation <strong>de</strong> laconsommation d’énergie et augmentation<strong>de</strong> CO2. "Ce cerclevicieux" – a-t-il indiqué, "ne peutêtre brisé qu’avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> technologiesinnovatrices". Et Carlo 1Rubbia d’analyser un certain nombre<strong>de</strong> ces nouvelles technologies, parmi lesquelles l’hydrogène,auquel va sa préférence.Georges Charpak (prix Nobel <strong>de</strong>physique 1992) a communiquésa passion pour les détecteurs,ce qui lui a permis d’exposer largementson expérience auCERN, à Genève, et à <strong>Saclay</strong>.L’orateur a présenté quelquesapplications médicales et biologiques<strong>de</strong> ses travaux. Puis, il a3insisté sur les liens entre recherche fondamentale etrecherche appliquée. "Le va-et-vient entre la recherchefondamentale et appliquée, tel qu’il se pratique à<strong>Saclay</strong>, est essentiel", a-t-il indiqué, "et il doit êtreabsolument préservé. Il n’y a pas et il ne doit pas yavoir <strong>de</strong> frontière entre les <strong>de</strong>ux."Effet <strong>de</strong> serre : "L’effet <strong>de</strong> serre, c’est un peu commeune maladie : facile à soigner au début mais difficile à diagnostiquer,puis difficile à soigner plus tard alors que lediagnostic <strong>de</strong>vient facile à poser." Carlo RubbiaDéchets : "Des efforts considérables ont été faits, enFrance et ailleurs, et nous disposons désormais d’une palette<strong>de</strong> solutions techniques satisfaisantes. Aux déci<strong>de</strong>ursmaintenant <strong>de</strong> choisir et <strong>de</strong> nous permettre <strong>de</strong> démontrer, envraie gran<strong>de</strong>ur, la validité <strong>de</strong> nos solutions."Jacques Bouchard1. Carlo Rubbia2. Clau<strong>de</strong> Cohen-Tannoudji3. Georges CharpakExpliquer : "Les gens sont inquiets <strong>de</strong> ne pas comprendre: il faut donc leur expliquer, leur expliquer et leurexpliquer encore" André SyrotaNucléaire : "Le nucléaire, au fil du temps, s’est avérééconomique, sûr, et respectueux vis-à-vis <strong>de</strong> l’environnement.C’est encore une industrie très jeune… et les évolutionsen cours vont renforcer ces différentes qualités"Jacques Bouchard4. Lors <strong>de</strong> ces journées, l’architecture du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, dueà Auguste Perret, a été mise en valeur par <strong>de</strong>s éclairages.Photo : le bâtiment Raoul DautryClau<strong>de</strong> Cohen-Tannoudji (prix Nobel <strong>de</strong> physique1997) a, pour sa part, parlé <strong>de</strong> la lumière, sourceessentielle d’information sur les atomes. Etudiant lesinteractions entre atomes etphotons, il a dressé un bilan <strong>de</strong>srecherches effectuées et ouvertun certain nombre <strong>de</strong> perspectives.Il a souligné à quel point lesrecherches poursuivies dans cedomaine lui semblent illustrer – etmême symboliser - la façon dontavance la science : "La recherche2entraîne la création <strong>de</strong> nouveauxoutils, les sources laser dans notre cas, et ces nouveauxoutils, à leur tour, relancent la recherche…" Puis, il adonné en conclusion quelques exemples d’applications<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s déjà réalisées ou en cours.Les trois Nobel, chacun à leur tour, ont évoqué,au cours <strong>de</strong> leur exposé, le rôle joué par <strong>Saclay</strong>dans leur travail et les bénéfices qu’ils ont retirés<strong>de</strong> la collaboration avec ses équipes."Quand j’étais jeune étudiant au milieu <strong>de</strong>sannées 50", a ainsi rappelé Clau<strong>de</strong> Cohen-Tannoudji, "les cours donnés par les physiciensdu <strong>CEA</strong> <strong>Saclay</strong>, qu’il s’agisse d’AnatoleAbragam ou <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Bloch, d’Albert Messiahou <strong>de</strong> Michel Trocheris, ont joué un rôle fondamentalaussi bien pour moi que pour mes collègues.Ces cours, qui étaient polycopiés, dontcertains, parfois, <strong>de</strong>venaient <strong>de</strong>s livres, étaientpour nous <strong>de</strong> vraies bibles. Par la suite, lesrelations avec <strong>Saclay</strong> se sont poursuivies… etnos collaborations ont été multiples."18419


50 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>JOURNÉES ANNIVERSAIRES DES 23 ET 24 OCTOBRE 20021. Jacques BouchardJACQUES BOUCHARD, DIRECTEUR DE L’ÉNERGIE NUCLÉAIREL’ÉNERGIE NUCLÉAIRE ADEL’AVENIR !En France, où la loi parle d’une "place reconnue pour lenucléaire", en Europe, où émerge une stratégie <strong>de</strong>sécurité d’approvisionnement énergétique, dans lemon<strong>de</strong> où <strong>de</strong>ux milliards <strong>de</strong> personnes atten<strong>de</strong>nt toujoursl’électricité, l’énergie nucléaire a <strong>de</strong> l’avenir ! Or partout,domine l’option "tout fossile", responsable <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong>serre, même en France où, tout <strong>de</strong> même, le tiers <strong>de</strong>l’énergie consommée provient <strong>de</strong> l’atome. Exempt <strong>de</strong>contre-indication climatique, le nucléaire ne pourra que sedévelopper sous la pression <strong>de</strong> besoins vitaux. Sousréserve que les attentes <strong>de</strong> la société soient mieux prisesen compte que par le passé. Enjeu majeur, la réduction<strong>de</strong> la nocivité <strong>de</strong>s déchets passe par le tri et le recyclage.Les solutions techniques existent à ce jour : leur démonstrationen vraie gran<strong>de</strong>ur est désormais suspendue à unedécision politique. Aujourd’hui, leréacteur européen EPR*, issu <strong>de</strong> la filièreactuelle, est dans les starting-blocks,prêt à <strong>de</strong>venir une réalité industrielle.D’ores et déjà se <strong>de</strong>ssine, au sein d’un"forum" international, une filière nucléairedu développement durable. A l’horizon2030-40, cette 4ème génération <strong>de</strong>1réacteurs sera véritablement pensée pourminimiser les déchets ultimes et préserver les ressourcesnaturelles, produire <strong>de</strong> l’eau douce, ou <strong>de</strong> l’hydrogène pourles automobiles, en même temps que <strong>de</strong> l’électricité. Danscette aventure, <strong>Saclay</strong> apportera un ensemble inestimable<strong>de</strong> compétences et <strong>de</strong> moyens.* European Pressurized water Reactor2. Christian Desmoulins3. Véronique Lefèbvre, historienne, Jean-Pierre Pervès, directeurdu centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> et Alain Denvers, journaliste,animateur <strong>de</strong> la journée du 24, lors <strong>de</strong> la présentation <strong>de</strong>l’histoire du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.4. Le château d’eau du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> était, à l’époque<strong>de</strong> sa construction, <strong>de</strong> conception entièrement nouvelle puisqu’ilétait le premier à s’évaser vers le haut. Ses plans sontdatés du 9 décembre 1948.ILS ONT DIT4CHRISTIAN DESMOULINS, DIRECTEUR DE LA RECHERCHE TECHNOLOGIQUEDONNER DE LA PUISSANCEtransmettre doivent à mon avis être <strong>de</strong>ux attitu<strong>de</strong>s complémentaires."Clau<strong>de</strong> Cohen-TannoudjiINDUSTRIELLE AU PAYSL’ambition <strong>de</strong>s technologues à l’affûtd’innovations convertibles en produitscompétitifs vise à donner <strong>de</strong> la puissanceindustrielle au pays.Ingéniérie logicielle et matériaux émergentsDans le domaine <strong>de</strong>s matériaux, la poussière <strong>de</strong> diamantremplace avantageusement le silicium comme capteur enenvironnement hostile, dans les centrales nucléairesnotamment mais aussi …dans les cylindres <strong>de</strong>s voitures.Un capteur capable d’y suivre l’évolution <strong>de</strong> la pression et3Recherche fondamentale/recherche appliquée :"Si les scientifiques du passé ne s’étaient pas intéressés àTransparence : "Enfin <strong>Saclay</strong>, et je sais que ceci voustient particulièrement à cœur, ce sont aussi <strong>de</strong>s communes,<strong>de</strong>s riverains, <strong>de</strong>s élus et <strong>de</strong>s collectivités localesauprès <strong>de</strong>squelles le <strong>CEA</strong> œuvre pour que la plus gran<strong>de</strong>transparence soit faite, en amont comme en aval, sur lasécurité <strong>de</strong>s installations ou le traitement <strong>de</strong>s déchets."Claudie Haignerésont les <strong>de</strong>ux domaines d’excellence sélec-d’envoyer un ordre <strong>de</strong> rétroaction sur l’injection permettrait<strong>de</strong>s problèmes fondamentaux, on n’aurait pas, aujourd’hui,2tionnés pour <strong>Saclay</strong> après analyse du marché.L’expérience en sûreté logicielle pour lescentrales nucléaires a en effet conduit naturel-une économie <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong> carburant. C’est précisément ceque <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra aux fabricants la norme automobile en2008 pour respecter l’engagement <strong>de</strong> la France à Kyoto.l’électricité, la radio et la télé… On n’aurait pas toutes ceschoses qui ont transformé nos vies. Un <strong>de</strong>s grands atouts<strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, c’est précisément ce mélange entre rechercheInternational : "Les recherches sont aujourd’hui <strong>de</strong>plus en plus internationales. En conséquence <strong>de</strong> quoi,plus que jamais aujourd’hui, il faut partager."lement à développer la sécurité <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>sL’enjeu financier est <strong>de</strong> taille !fondamentale et recherche appliquée, qui a permis tant <strong>de</strong>Jean-Pierre Pervèsélectriques <strong>de</strong>s Airbus A380 et A400 : pourquoi ne pasLe maître mot est désormais le partenariat avecdécouvertes. Et c’est pourquoi il faut dire : Merci <strong>Saclay</strong> !"s’intéresser <strong>de</strong>main aux voitures sans axe <strong>de</strong> direction ?Autre exemple : la RATP souhaite intensifier son réseaul’entreprise. Ainsi, l’idée <strong>de</strong> plate-forme, autour d’un thèmeparticulier, permet d’ouvrir un guichet unique aux entrepri-Georges CharpakPermanence : "Ce qui m’a le plus frappé dans montravail d’historienne, c’est <strong>de</strong> voir comment, en cinquante<strong>de</strong> caméras <strong>de</strong> surveillance au point que l’exploitationvisuelle <strong>de</strong>s informations <strong>de</strong>vient irréaliste. La solutionses pour leur faciliter l’accès aux travaux <strong>de</strong> recherche du<strong>CEA</strong>. Une telle structure a aussi une dimension <strong>de</strong> forma-Révolution : "Une révolution technologique majeureest nécessaire pour combattre le réchauffement <strong>de</strong> laans, le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> n’a pas cessé d’évoluer, touten conservant son projet fédérateur d’origine. L’histoireconsiste à rendre ces caméras "intelligentes" en lestion universitaire et d’accueil pour les jeunes pousses. Uneplanète." Carlo Rubbia<strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, c’est en somme la preuve par neuf <strong>de</strong> ceamenant à ne retenir que les scènes suspectes compor-plate-forme logicielle pourrait bientôt voir le jour dans lequ’est une bonne idée… et <strong>de</strong> la force que conserve unetant <strong>de</strong>s gestes rapi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s bruits contrastés.sud <strong>de</strong> l’Ile <strong>de</strong> France.Transmettre : "Chercher à comprendre et chercher àbonne idée dans le temps." Véronique Lefèbvre2021


50 ans du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>FRANÇOIS GOUNAND, DIRECTEUR DES SCIENCES DE LA MATIÈREL’exploration <strong>de</strong> la matière tient en haleine une multitu<strong>de</strong>d’équipes mixtes <strong>CEA</strong>-CNRS, composées <strong>de</strong> chercheurs,ingénieurs et techniciens présents aux quatre coins<strong>de</strong> la planète, voire au-<strong>de</strong>là… Ainsi le satellite-observatoire"Integral*" lancé le 17 octobre <strong>de</strong>rnier emporte-t-il en orbiteun instrument ma<strong>de</strong> in <strong>Saclay</strong>, capable <strong>de</strong> fournir aux astrophysiciens<strong>de</strong>s images <strong>de</strong>s phénomènes les plus violents <strong>de</strong>l’univers, comme les explosions d’étoiles et les trous noirs.Aux pôles, <strong>de</strong>s climatologues récupèrent <strong>de</strong>s échantillons<strong>de</strong> glace issus <strong>de</strong> forages profonds, pour analyser la compositionatmosphérique <strong>de</strong>s temps anciens. Grâce à lacarotte <strong>de</strong> Vostok, longue <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 3 km, le taux <strong>de</strong> gaz àeffet <strong>de</strong> serre a pu être corrélé avec la température sur unepério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 400 000 ans. Le taux actuel, jamais atteint dansce passé, laisse craindre une élévation <strong>de</strong> températurecomprise entre 1,5° et 5,5° d’ici 2100 d’après les modèlesJOURNÉES ANNIVERSAIRES DES 23 ET 24 OCTOBRE 2002DES PARTICULES AUX GALAXIESclimatiques, si aucune mesure préventive n’est prise d’ici là.Attentifs aux questionnements <strong>de</strong> la société, les chercheursse préoccupent aussi <strong>de</strong>s mutations <strong>de</strong> l’industrie, en anticipantpar exemple le plafonnement <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong>l’électronique sur silicium. Ces physiciens s’engagent sur lavoie <strong>de</strong> l’informatique quantique en cherchant à fabriquer età organiser <strong>de</strong>s objets à l’échelle du milliardième <strong>de</strong> mètre.Signe <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> cesrecherches, Motorola détache <strong>de</strong>puis 18 mois<strong>de</strong>s personnels dans le laboratoire d’électroniquemoléculaire <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, pariant sur unerupture technologique majeure. Un processeurquantique <strong>de</strong> la taille d’un palm pilot contiendraitautant d’informations que l’universcompte <strong>de</strong> particules : une révolution !* INTErnational Gamma RAy Laboratory1"J’AI VU METTRE EN MARCHE EL3 "J“ ’ai vu mettre en marche EL3", titrent Les Nouvelles <strong>de</strong>s quatre secteurs d’activités du centre : énergieLittéraires, le 4 juillet 1957.nucléaire, recherche technologique, sciences <strong>de</strong> laLa pile inaugurée ce jour-là - qui fut la pile expérimentalela plus importante <strong>de</strong> son temps en Europe - a cessématière, sciences du vivant.<strong>de</strong> fonctionner en 1979. Elle est <strong>de</strong>venue un "Agora <strong>de</strong>s EL3 présente notamment une maquette du satellitesciences" où sont présentées les activités du centre "Integral", lancé avec succès le 17 octobre 2002 <strong>de</strong>puis<strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.Baïkonour, avec, à son bord, une caméra d’imagerieDes textes, <strong>de</strong>s photos, <strong>de</strong>s maquettes, <strong>de</strong>s appareils gamma conçue et réalisée sous la maîtrise d’œuvrequi ont marqué l’évolution <strong>de</strong> la science évoquent d’équipes du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>. "Nous avions dixcinquante ans d’histoire et illustrent le développement ans <strong>de</strong> travail dans la coiffe <strong>de</strong> la fusée : le moins quel’on puisse dire est que nous n’étions pas tout à faitrassurés", confie François Gounand, Directeur <strong>de</strong>ssciences <strong>de</strong> la matière.ANDRÉ SYROTA, DIRECTEUR DES SCIENCES DU VIVANTLA BIOLOGIE DU 21 ÈMECentre pluridisciplinaire par excellence,<strong>Saclay</strong> possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s atouts pourrelever les défis <strong>de</strong> la biologie mo<strong>de</strong>rne. LesSIÈCLE OULES SCIENCES DE LA COMPLEXITÉPar le nucléaire, le <strong>CEA</strong> développe <strong>de</strong> nouvelles thérapiesnécessitant une imagerie pour résoudre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s questions<strong>de</strong> santé publique. Le <strong>CEA</strong> dispose, au Service33 et 4. L’agora <strong>de</strong>s sciences présente les activités du centre <strong>CEA</strong><strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.synergies avec le nucléaire ne manquent pas.hospitalier Frédéric Joliot, d’un plateau d’imagerie parPour le nucléaire, les radiobiologistes cherchentrésonance magnétique et par émission <strong>de</strong> positons uniqueà répondre aux préoccupations <strong>de</strong>s riverainsen Europe. Pour le compléter, nous prévoyons la construc-d’une installation en étudiant les effets sur lation d’un centre d’imagerie en champ intense, NeuroSpin,2santé et sur l’environnement <strong>de</strong>s rayonnementset <strong>de</strong>s toxiques issus <strong>de</strong> ses activités, en parti-qui ambitionne <strong>de</strong> scruter à l’échelle du millionième <strong>de</strong>mètre quelques milliers <strong>de</strong> neurones. Inégalée à ce jour,culier pour les faibles expositions. A ce titre, le <strong>CEA</strong> s’estcette résolution sera atteinte grâce à un aimant trèsintéressé à la protéine prion résistante aux radiations, cepuissant, développé par les physiciens <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> quiqui lui a permis <strong>de</strong> développer très vite le test <strong>de</strong> dépis-conçoivent les aimants <strong>de</strong>s grands accélérateurs <strong>de</strong>tage <strong>de</strong> l’ESB le plus performant du marché. Autre gran-particules. Par ailleurs, on ne compte pas les utilisations<strong>de</strong> réussite, le programme bio puces et l’implantationmédicales <strong>de</strong>s radio-isotopes, ces marqueurs greffésdans la génopole d’Evry d’une plate-forme <strong>de</strong> produc-sur toutes sortes <strong>de</strong> molécules.tion <strong>de</strong> puces à ADN : ces biopuces sont <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>Un champ d’investigations inépuisable s’ouvre en biologie,puissants outils pour analyser les altérations du génomeque certains n’hésitent pas à qualifier <strong>de</strong> «sciences <strong>de</strong> laconsécutives à une agression.complexité» : <strong>de</strong> quoi travailler tout le siècle prochain !221. François Gounand 2. André Syrota423


UNE MÉMOIRE POUR LE PRÉSENTLe livre "Au cœur <strong>de</strong> la matière, 50 ans <strong>de</strong> recherches au <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>" plonge aucœur d’une histoire jalonnée <strong>de</strong> multiples aventures scientifiques et humaines. Salecture permet <strong>de</strong> mieux comprendre l’i<strong>de</strong>ntité propre <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> au sein du <strong>CEA</strong> etsa place particulière dans le paysage scientifique français.Questions à Véronique Lefebvre, historienne, auteur <strong>de</strong> cet ouvrage :1Comment est né ce livre ?Le cinquantenaire du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong><strong>Saclay</strong> a fourni l’occasion <strong>de</strong> se penchersur ses origines, à un moment où l’on prenait conscienceque la mémoire <strong>de</strong>s débuts commençait à s’estomper. Ladécision <strong>de</strong> raconter l’histoire était prise. Il restait à voircomment procé<strong>de</strong>r. Les organisateurs <strong>de</strong> cet anniversaireont alors choisi d’éditer un livre qui, sur la base d’unevraie investigation historique, reste d’un bon niveauscientifique tout en s’adressant à un large public.Quelle a été votredémarche ?Il s’est agi d’une entreprise collective.Nous avons réalisé enquelques mois un travail considérable<strong>de</strong> documentation etd’archives et nous avons effectuéune quarantaine d’entretiens individuelspour recueillir les points<strong>de</strong> vue <strong>de</strong> grands témoins. Uncomité <strong>de</strong> pilotage constitué <strong>de</strong>représentants <strong>de</strong>s différentesdirections <strong>de</strong> recherches <strong>de</strong><strong>Saclay</strong> a apporté son soutien actifà toutes les phases du projet.Quels étaient les grandsobjectifs du livre ?Le premier objectif était <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s repères soli<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>souligner la cohérence et le sens <strong>de</strong> l’évolution multiformedu centre <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> en établissant <strong>de</strong>s liens historiquesentres les grands secteurs <strong>de</strong> recherche. Il s’agissait aussi<strong>de</strong> comprendre le parcours <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> au regard <strong>de</strong>l’histoire politique, scientifique et industrielle <strong>de</strong> notre2pays. Connaître ses racines, savoir d’où l’on vient pourmieux comprendre qui l’on est, tel était l’objectif. Leregard <strong>de</strong> l’historien permet d’avoir une approchedistanciée du passé, mais attention, ce type d’ouvrage nevise pas l’exhaustivité. C’est un outil <strong>de</strong> connaissance, unmoyen <strong>de</strong> mieux cerner l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> son objet, fruit d’uneœuvre commune, un encouragement à ouvrir d’autresportes, à mener d’autres recherches….Quelles sont les gran<strong>de</strong>s conclusions quevous en tirez ?Cette histoire permet d’analysercomment <strong>Saclay</strong> est en quelquesorte dépositaire <strong>de</strong> la mémoire<strong>de</strong>s origines du <strong>CEA</strong>. Ellemontre le rôle fédérateur dunucléaire entre les différentesdisciplines développées au <strong>CEA</strong>et la capacité du centre à mettreune recherche fondamentaleinternationalement reconnueau service <strong>de</strong> technologiesindustrielles… Cette force estcertainement l’un <strong>de</strong>s plusbeaux héritages du passé.Aujourd’hui, plus que jamais,<strong>Saclay</strong> apparaît comme l’un <strong>de</strong>sgrands établissements scientifiques où se nouent <strong>de</strong>sliens entre <strong>de</strong>s sciences différentes, un carrefour d’oùémergent <strong>de</strong>s projets aux confins <strong>de</strong> plusieurs disciplines.1. V. Lefèbvre2. "Au cœur <strong>de</strong> la matière, 50 ans <strong>de</strong> recherches au <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>",Véronique Lefèbvre, Le Cherche Midi éditeur, octobre 2002,215 pages, 36€.24

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