DÉCOUVERTE N°346 MARS 200729phénomène supplémentaire est susceptible<strong>de</strong> ralentir notre étoile, surtout si elle estjeune. Son <strong>champ</strong> <strong>magnétique</strong> s’ancre <strong>dans</strong>le disque d’accrétion qui a accompagné sanaissance et synchronise sa rotation sur <strong>la</strong>vitesse correspondant à une orbite <strong>de</strong>quelques rayons stel<strong>la</strong>ires. Cette vitesse étantinférieure à <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> rotation originelle<strong>de</strong> l’étoile, elle est freinée. Il n’est donc passurprenant <strong>de</strong> constater que les étoiles peumassives possédant donc une zone convectiveet un magnétisme dynamo tournentmoins vite que les étoiles massives, chau<strong>de</strong>set dénuées <strong>de</strong> zone convective.Magnétisme fossile47 Virginis, l’étoile étudiée par Babcock,intrigua immédiatement les astronomes. Sonmagnétisme différait sensiblement <strong>de</strong> celuidu Soleil. <strong>Le</strong>s observations permirent <strong>de</strong>découvrir que les variations périodiques <strong>de</strong>son <strong>champ</strong> <strong>magnétique</strong> ne résultaient que <strong>de</strong><strong>la</strong> rotation <strong>de</strong> l’étoile et pas d’une variationintrinsèque et cyclique. De plus, sa structuresemb<strong>la</strong>it plus simple, analogue en premièreapproximation au <strong>champ</strong> dipo<strong>la</strong>ire d’unbarreau aimanté. On pense aujourd’hui queces <strong>champ</strong>s proviendraient <strong>de</strong> l’amplificationd’un fragment du <strong>champ</strong> ga<strong>la</strong>ctique emprisonnépar le nuage ayant engendré l’étoile pareffondrement gravitationnel. <strong>Le</strong>s <strong>champ</strong>sfossiles modifient également le transport <strong>de</strong>séléments chimiques au sein <strong>de</strong>s atmosphèresstel<strong>la</strong>ires. On a ainsi pu montrer que surl’étoile epsilon <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> Ourse,l’oxygène est présent en quantité so<strong>la</strong>ire près<strong>de</strong> l’équateur mais qu’il a presque complètementdisparu près <strong>de</strong>s pôles <strong>magnétique</strong>s. <strong>Le</strong>magnétisme intervient à tous les sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong>vie <strong>de</strong>s étoiles. Quel rôle joue-t-il lors <strong>de</strong> leurnaissance ?La naissance <strong>de</strong>s étoiles<strong>Le</strong>s étoiles naissent par effondrement d’unnuage <strong>de</strong> gaz et <strong>de</strong> poussières. Intéressons-nous au sta<strong>de</strong> ultérieur : une proto-étoile s’estformée et accrète encore <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière. Elle<strong>de</strong>meure invisible, cachée <strong>de</strong>rrière un épaiscocon <strong>de</strong> poussières qui baigne <strong>dans</strong> le <strong>champ</strong>ga<strong>la</strong>ctique local. On sait aujourd’hui que lesétoiles jeunes, comme les T Tauri, sont <strong>la</strong>source d’éruptions violentes et d’un rayonnementX qui ionise <strong>la</strong> matière environnante.Champ <strong>magnétique</strong> et matière – il s’agit <strong>de</strong>p<strong>la</strong>sma – sont alors couplées près <strong>de</strong> l’étoile.Des phénomènes complexes mê<strong>la</strong>nt turbulence,pression thermique et forcescentrifuges sont alors à l’origine <strong>de</strong> jets <strong>de</strong>matière canalisés (fig. 8).Là où les jets rencontrent le milieu interstel<strong>la</strong>irese produisent <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> chocs matérialiséespar les objets <strong>de</strong> Herbig-Haro. Cesjets contribuent à ralentir l’étoile, mais ilsseraient aussi à l’origine <strong>de</strong>s fortes excentricités<strong>de</strong> nombreuses p<strong>la</strong>nètes extraso<strong>la</strong>ires<strong>découverte</strong>s à ce jour.Cadavres d’étoiles<strong>Le</strong>s naines b<strong>la</strong>nchesLa vie d’une étoile est un combat permanententre <strong>la</strong> gravité, qui tend à <strong>la</strong> faire s’effondreret <strong>la</strong> pression <strong>de</strong> radiation qui tend elle, aucontraire, à <strong>la</strong> di<strong>la</strong>ter. Dans le Soleil, <strong>la</strong> pression<strong>de</strong> radiation provient <strong>de</strong>s réactionsnucléaires se dérou<strong>la</strong>nt en son sein.L’hydrogène se transforme en hélium avec unfort dégagement d’énergie. Quand l’hydrogèneviendra à manquer d’ici cinqmilliards d’années, <strong>la</strong> diminution du débitd’énergie provoquera l’expansion <strong>de</strong> sonatmosphère et <strong>la</strong> contraction <strong>de</strong> son cœur. Plus<strong>de</strong>nse, plus chaud, ce <strong>de</strong>rnier sera alors lesiège <strong>de</strong> nouvelles réactions nucléaires transformantl’hélium en carbone et oxygène. <strong>Le</strong>Soleil entrera <strong>dans</strong> une nouvelle pério<strong>de</strong>d’équilibre mais cette <strong>de</strong>rnière ne durera paséternellement. Lorsque le combustible héliumsera épuisé, nulle échappatoire ne seraautorisée car <strong>la</strong> masse du Soleil étant tropfaible, <strong>la</strong> pression résultante au centre ne sera
30DÉCOUVERTE N°346 MARS 2007jamais assez gran<strong>de</strong> pour permettre une fusiondu carbone ou <strong>de</strong> l’oxygène. Notre étoileconnaîtra alors <strong>de</strong>s phases d’instabilité,expulsera ses couches externes et donneraainsi naissance au très photogéniquephénomène <strong>de</strong> nébuleuse p<strong>la</strong>nétaire. En lieu etp<strong>la</strong>ce du cœur effondré, on trouvera le cadavre<strong>de</strong> ce qui fut jadis le Soleil : une naineb<strong>la</strong>nche. La naine b<strong>la</strong>nche est un objet auxpropriétés exotiques et elle constitua un défiinsurmontable pour <strong>la</strong> physique c<strong>la</strong>ssique.Imaginez un astre qui concentre <strong>la</strong> massed’une étoile <strong>dans</strong> le volume d’une p<strong>la</strong>nète <strong>de</strong><strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> Terre… sa <strong>de</strong>nsité, prodigieuse,équivaut à un million <strong>de</strong> fois celle <strong>de</strong> l’eau.Lors <strong>de</strong> son effondrement, le cœur ionisé <strong>de</strong>l’étoile emporte avec lui les lignes <strong>de</strong> <strong>champ</strong><strong>magnétique</strong> qui se trouvent donc resserrées.L’intensité du <strong>champ</strong> augmente <strong>de</strong> manièreconsidérable et influence certainement <strong>la</strong> rotation<strong>de</strong> <strong>la</strong> naine b<strong>la</strong>nche. En effet, <strong>de</strong>s calculsmontrent que l’effondrement <strong>de</strong> notre Soleil<strong>de</strong>vrait conduire à un astre dont <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>rotation s’élèverait à environ trois minutes.Or, les astronomes ont réussi à prouver que lesFIGURE 8HH30 est une étoile très jeune,âgé d’à peine 500 000 ans.En cinq années d’observation, le télescope spatialHubble a dévoilé <strong>de</strong>s changements <strong>dans</strong> sondisque et ses jets. La scène est rendue visiblepar <strong>la</strong> réflexion <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> l’étoile sur<strong>la</strong> poussière située au-<strong>de</strong>ssus et sous le p<strong>la</strong>ndu disque. <strong>Le</strong> diamètre <strong>de</strong> ce disque s’élèveà 450 unités astronomiques, soit 450 fois <strong>la</strong>distance moyenne Terre-Soleil. <strong>Le</strong> <strong>champ</strong><strong>magnétique</strong> stel<strong>la</strong>ire joue un rôle majeur <strong>dans</strong><strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s jets, qui quittent le disqueà près d’un million <strong>de</strong> kilomètres par heure.@ NASA, A<strong>la</strong>n Watson (Universidad NacionalAutonoma <strong>de</strong> Mexico, Mexique), Karl Stapelfeldt(Jet Propulsion Laboratory), John Krist (SpaceTelescope Science Institute) et Chris Burrows(Agence Spatiale Européenne/Space TeslecopeScience Insitute).naines b<strong>la</strong>nches mettent quelques heures àquelques jours pour faire un tour sur ellesmêmes.Il faut donc que <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong>perte <strong>de</strong> moment cinétique interviennent, bienqu’ils ne soient pas encore bien compris. Nuldoute que les puissants magnétismes dont lesnaines b<strong>la</strong>nches sont <strong>la</strong> source n’y sont pasétrangers…