4Avec le CCAS,la solidarité se réinventeAider, accompagner, responsabiliser :Sylvie Boudry défend une certaine idéedes SolidaritéssocialesSylvie Boudry,adjointe au mairechargée desSolidarités sociales etdes personnes âgées,vice-présidente duCCAS et coordinatricedu Forum permanentdes SolidaritésEn 1893-94,le maire VictorHassebroucqfait construireles actuels locauxdu CCAS parl’architecte Leroux,en remplacementde ceux installésau sein de l’hôpital,rue Nationale<strong>Label</strong> <strong>Ville</strong> : Vous assistez le mairedans ses fonctions de président duCCAS comme vice-présidente. Quelregard portez-vous sur cette institutionque vous connaissez bien ?Sylvie Boudry : Le CCAS est un établissementperformant qui est surtout identifiépour son travail remarquable auprèsdes personnes âgées. Ses autresdomaines d’action sont moins bienconnus de la population. L’action socialepâtit d’une connotation négative. Etpourtant… Passer la porte du CCAS nedoit pas être un fardeau mais porterl’espoir de voir le bout du tunnel. Noussommes là pour aider et soutenir lesTourquennois dans les difficultés passagèresqu’ils rencontrent, pour éviter auxpersonnes qui trébuchent de tomberplus bas. Encore faut-il faire face à sapropre réalité, quelque fois si brutale. Notre rôle est depermettre aux familles de rebondir pour éviter la dégringoladeliée au surendettement, à la perte d’emploi, à laperte de logement… Aujourd’hui, personne n’est à l’abrid’un accident de vie. La crise économique nous a tousrendus potentiellement vulnérables. Cependant, on n’apas tous la capacité financière ou plus simplement lamême énergie pour lutter. Par exemple, deux populationssont touchées plus durement que les autres : lesretraités et les jeunes.LV : À propos de la crise que nous traversons, quelsoutils la ville a-t-elle mis en place ?SB : Notre responsabilité d’élu, c’est aussi d’anticiperles solutions à apporter à ces familles en difficulté.Comme nous pouvons le faire en matière d’économielocale, nous pourrons aussi utiliser la crise pour trouver,créer, inventer des solutions nouvelles et des pratiquesinnovantes en réponse à la précarité subite de certainshabitants. Le Forum permanent des Solidarités est cepremier outil qui doit permettre de répondre auxsituations liées directement à la crise en mutualisant lesénergies présentes sur la ville où il existe un réseaupartenarial assez fort, voire plus fort qu’ailleurs. Autreoutil, un Conseil institutionnel des Solidarités a été créépour, d’une part coordonner l’action publique et lesdispositifs publics, et d’autre part être un appui concretaux propositions qui sont formulées par le Forum.LV : Justement, quels sont les axes de travail duForum permanent des Solidarités ?SB : Les deux champs d’application du Forum sontpremièrement le conseil et l’accompagnement et,deuxièmement les aides matérielles et financières dansle domaine des énergies et de la santé. Nous venons defaire un grand pas en signant une convention avec lesEaux du Nord, EDF et GDF-Suez. Afin de prévenirl’endettement et les coupures d’énergies, les fournisseurss’engagent à informer les services sociaux dessituations les plus difficiles. Nous envisageons aussi dedévelopper le micro crédit social pour lequel nousavons déjà signé une convention avec la BanquePostale.•••Novembre 2009
Avec le CCAS,la solidarité se réinvente5Actions préventives et collectives…Innover pour mieux aiderAider aujourd’hui, c’est avant tout accompagner. Le CCAS n’a de cessede réinventer l’aide et l’action sociale, notamment par la mise enplace d’actions collectives d’insertion innovantes (voir ci-dessous).Parmi elles, le Restaurant convivial fait figure, depuis 1992, d’initiativepilote. Elle a reçu en 1999 le prix Kofi Annan de la performance etde l’efficience, et dix ans aprèsdemeure exemplaire, sinonunique en France.LV : Le recul de l’exclusion reste uncombat au quotidien…SB : Notre politique vise à fairereculer l’exclusion, pas à l’alimenter.À ceux qui en ont le plus besoin,nous tendons la main mais pas cellede la charité ou de la bienfaisance.Notre but est de responsabiliser,d’accompagner dans la durée. Lapauvreté ne peut être qu’un étatpassager, en aucun cas une fatalité.Notre travail est de remettre en selleles personnes qui viennent detomber K.O. C’est pourquoi, lacommission permanente qui attribuedes aides volontaristes se réunitchaque semaine. En 2008, elle aaidé financièrement 2 934 personnessur le point de basculer qui disposaientd’un «reste à vivre» inférieurà 6 euros, par jour et par personne.Aux yeux du Conseil d’administration,ce n’est pas de l’assistanat maisun coup de pouce pour leur permettrede repartir.Propos recueillis par Juliette CapetACCOMPAGNER autrementVIS TA MINE vise, depuis 1998, l’accès au sportpour tous, en proposant des activités sportives quifavorisent le retour à une prise en charge de sasanté, le développement personnel, mais aussi un(ré)apprentissage de la vie sociale. H20 recouvredes prestations de «dépannage» ponctuel (douche,lavage et séchage du linge) pour toute personne ensituation de logement précaire (S.D.F., personnevivant dans une habitation sans salle d’eau ousubissant une coupure d’eau momentanée…)Comme toutes les meilleures idées, celleciest simple comme «bonjour» ou comme«bon appétit». Il s’agissait de trouver unealternative au traditionnel entretien entrele «travailleur social» et la personne en difficulté,qui veut qu’un bureau les sépare.Comme si l’on pouvait toujours et facilementdire ses malheurs sur rendez-vous,commander l’heure de la confidence…Quoi de plus convivial que le temps durepas ? Venir et mettre les pieds sous latable… pas question. Dans ce restaurantlà,les hommes (ils sont majoritaires) et lesfemmes paient 0,90 € leur repas et mettentla main à la pâte. Quatre jours par semaine,dans la cuisine de l’antenne du CCAS de larue des Ursulines, on épluche, on coupe,on mélange et puis l’on goûte. Ensemble,on partage. Chacun à son poste fait ce qu’il peut, participe comme il veut et tout le monde estimportant. Derrière les fourneaux, pas de chef ni de brigade, mais une petite dizaine de personnesqui s’agite, dans la joie de faire partie d’un groupe. D’ailleurs, si l’un d’entre eux ne vient pascomme il s’était engagé à le faire, les autres s’inquiètent. Ici l’on cause de tout et de rien, du superfluet de l’important. Une bénévole et une animatrice assurent une présence discrète, repèrent lebon moment, celui où la langue peut se délier enfin. Nos cuistots sont un jour tombés. Casséspar la vie, désocialisés, désynchronisés,ils se retrouvent là pour untemps : 6 ou 9 mois… le tempsd’un apprivoisement. Jusqu’audéclic. Car une fois sa place trouvéedans le groupe, il s’agit d’ensortir. Le restaurant convivial estl’occasion, pour une soixantainede personnes par an, de renoueravec les autres, mais aussi avecsoi, de faire à nouveau des projets.Un tremplin vers la vie.Christelle TaczalaNovembre 2009