Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Likati ...

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L’aliment de base est le manioc, consommé sous forme de fufu 1 , de chikwange, de lituma 2 , debakinde 3 et de masele, suivi du riz et des bananes plantain. Ces aliments sont généralementaccompagnés de feuilles de manioc. Les protéines sont rarement consommées dans les ménages.Elles proviennent des arachides, des produits de chasse et de pêche, et de ramassage (chenilles,termites et escargots), c'est-à-dire saisonniers ou disponibles en faible quantité. De manièregénérale, ce régime est pauvre et prédispose la population à des carences nutritionnelles.La période de soudure, lors de laquelle la sécurité alimentaire des ménages est la plus vulnérablesur le plan nutritionnel par rapport à d’autres périodes de l’année, s’étend de janvier à mars.Durant cette période, les activités préparatoires des champs sont en cours - défrichage, abattage,incinération et semi, la plupart des ménages consomment alors un seul repas par jour.Par rapport à la situation humanitaire, il y a aucune agence humanitaire au niveau de la zone, maisune seule ONGD, le projet CEDERI soutenu par CBCN (Communauté Baptiste du Congo Nord) quiappuyait l’association FADI (Femmes ACODER pour le Développement Intégré) dans le voletagriculture, élevage de petit bétail et de la prise en charge des cas de malnutrition depuis 2002 ànos jours. Faute de moyens financiers suffisant, l’ONG donnait une bouillie à base de farine de sojaet de maïs sans sucre et huile. Par ailleurs, le même projet CEDERI est intervenu dans le domainedes Soins de Santé Primaire (SSP) dans trois aires de santé (Tobongisa, Mobenge et Muma) endonnant des médicaments pour les enfants âgés de moins de cinq ans et en payant du personnelmédical.3.2 Typologie des ménagesLe ménage agricole constitue l’unité économique de base pour l’organisation et la conduite destravaux agricoles. Toutefois, il existe une division de travail en fonction du sexe. Pour les culturesvivrières, les travaux pré-culturaux (défrichage, abattage et incinération) sont exécutésexclusiment par l’homme, tandis que la femme prend le relais du semis jusqu’à la vente desproduits. Le transport de lourds fardeaux (bois, panier de manioc, etc.) est l’apanage de la femme.Au moment où celle-ci prend le relais, l’homme vaque à d’autres occupations telles que la chasse,la pêche, la cueillette et même des activités d’exploitation minières (or et diamant). C’est mêmele moment favorable où l’homme voyage pour rendre visite aux membres de la famille qui viventloin d’eux.Par rapport à l’organisation du pouvoir, il y a coexistence du pouvoir coutumier et administratif. Leterritoire de Likati comprend quatre postes d’états dont deux se trouvent dans la zone de santé deLikati (Muma et Likati), qui du reste sont administrés par un chef de poste d’état. Chaque posted’état est subdivisé en secteurs et/ou chefferies dotés à la fois d’un pouvoir administratif etcoutumier. Le poste d’état de Likati possède deux chefferies (Avuru Gatanga et Mobati Boyele)tandis que le poste d’état Muma, lui possède une chefferie (Avuru Dumo) et un secteur (KoloNgbandi). Il est à noter que chaque secteur/chefferie est subdivisé en groupement dirigé, soit parun chef de groupement, soit par un chef coutumier investi à la fois du pouvoir coutumier etadministratif. Chaque groupement a un notable et est composé de plusieurs villages dirigés par deschefs de village investis soit du pouvoir administratif, soit du pouvoir coutumier.Par rapport à l’organisation sociale au sein des communautés, les réseaux de solidarités sont trèsforts au sein de la population et coexistent entre différents niveaux : famille élargie, clan, voisin,village, communauté religieuse, personnes originaires de la même zone géographique pour lesmigrants, etc. Cette solidarité se manifeste de plusieurs manières :- Facilitation de l’accès aux moyens de production (équipement de pêche et de chasse,outillage agricole, semences) par le prêt ou le don.- Échange permanent de nourriture - on donne ce que l’on peut et on reçoit, même si onn’est pas à mesure de donner. Ce système permet de s’assurer que tout le monde ait àmanger.1 Fufu : pâte fait à base de la farine de manioc ;2 Lituma : pâte obtenue d’un mélange de manioc et de la banane plantain, mais à prédominance de banane ;3 Bakinde : bouillie du peuple Zande fait à base du manioc cru trempé dans l’eau pendant un jour, coupé enpetits morceaux, légèrement séchés au soleil et enfin pilés pour obtenir une pâte à consommée avec dupoisson, des légumes, feuilles de manioc, etc.Action Contre la Faim / Zone de santé de Likati / P O / Sécurité Alimentaire 12/33
- Travaux collectifs des champs (mutualité ou association). Il s’agit du défrichage, del’abattage des arbres, de l’incinération et même des semis.Il faut noter que l’exécution en commun de certains travaux agricoles, par exemple ledéfrichement en forêt, n’est qu’une forme d’entraide et non une forme directe ou indirecte decollectivisation ; l’exploitation reste individuelle ou micro familiale.Le mode principal d’acquisition des terres est l’héritage coutumier. Chacun cultive en général surla terre de ses ancêtres en choisissant librement l’emplacement de ses champs. Dans le cas desétrangers établis dans la communauté et ayant reçu une portion de terre, ils ne possèdent sur cettedernière qu’un simple droit d’usage accordé par le propriétaire terrien, moyennant parfois unevaleur symbolique. Le bénéficiaire ne peut prétendre à aucun droit de propriété. La jouissance estsouvent de courte durée.Par ailleurs, le patriarcat constitue le mode d’héritage en vigueur jusqu’à ce jour au sein descommunautés ethniques de la zone et la succession du pouvoir suit également les mêmes prescrits.Par rapport à la pratique de mariage reconnue, la monogamie et la polygamie sont les deux formesacceptées par la communauté. Avec la prolifération des églises de réveil, les mariagespolygamiques commencent petit à petit à diminuer.La typologie des ménages découlant des entretiens avec les communautés se présente comme suit :Les ménages vulnérables ou pauvres sont les ménages sans vélos et sans intrants agricolesn’exploitant des champs qu’aux environs immédiats des villages. Ils représentent près de 72% desménages de la zone de santé, soit 4748 ménages, d’après l’estimation faite avec les populationslocales (focus-groups). Parmi ceux-ci se dégagent, la catégorie des plus vulnérables dans laquellefigurent les ménages ayant des enfants malnutris, ménages exploitant une superficie agricole totalede moins de 25 ares (faute d’intrants agricoles), ménages monoparentaux où la femme est chef defamille et les pêcheurs artisanaux. Cette catégorie regroupe 61% des ménages vulnérables, soit2896 ménages très vulnérables.Les ménages dit ni riches, ni pauvres sont composés par les familles d’ouvriers artisans (maçon,menuisier, etc.) et des petits creuseurs ayant de petits champs, soit aux environs immédiats deshabitations, soit en forêt secondaire. Ils représentent 30% des ménages de la zone de santé, soit1384 ménages.Les ménages riches au sein de la population sont ceux qui exploitent des champs en forêtprimaire, disposant de motos et de vélos et d’au moins cinq outils agricoles de bonne qualité.Certains de ces ménages associent même à l’activité agricole d’autres activités comme l’extractionde diamants et le petit commerce. Ils représentent 7% des ménages de la zone de santé, soit 462ménages.3.3 ProblématiquesEu égard aux nombreux conflits qui ont secoué la zone et au disfonctionnement des servicesétatiques qui en a découlé, le territoire d’Aketi, particulièrement la zone de santé de Likati,connaît aujourd’hui une agriculture peu productive. En effet, le sous-équipement en outilsagricoles, le manque de semences de qualité, les maladies phytosanitaires et zoo sanitaires,l’enclavement (mauvais état des infrastructures routières) ont réduit considérablement laproduction et limité l’accès aux marchés d’approvisionnement/écoulement en produits divers.L’enquête sur la sécurité alimentaire des populations de la zone de santé de Likati a mis enexergue les contraintes suivantes des ménages agricoles et pêcheurs: Une baisse sensible de la production agricole entre 1997 et 2009, selon les informationsrecueillies auprès de la FAO de Kisangani. Cette baisse serait due à la dégénérescence dumatériel végétal local, aux maladies phytosanitaires (mosaïque du manioc, etc.), aumanque d’outils aratoires et aux conséquences des guerres (déplacements de populations,pillages des moyens de production par les éléments armés); La baisse sensible de la production agricole observée ces dernières années est aussiimputable à l’abandon des activités agricoles par une bonne partie des agriculteurs auAction Contre la Faim / Zone de santé de Likati / P O / Sécurité Alimentaire 13/33
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