213Il y a 10 000 ans les chasseurs duCloseau, dans les Hauts-<strong>de</strong>-Seine, vivaientdans <strong>de</strong>s habitations circu<strong>la</strong>ires dontsubsistent <strong>de</strong> gros blocs <strong>de</strong> pierre qui enmarquent <strong>la</strong> forme 1.Le relevé et le remontage <strong>de</strong>s éc<strong>la</strong>tsprovenant <strong>de</strong> blocs <strong>de</strong> silex indiquent <strong>la</strong>manière dont ils sont tombés sur le sol.Ils montrent même qu’à Champ<strong>de</strong> Bossuet, en Giron<strong>de</strong>, le tailleurnéan<strong>de</strong>rtalien était assis sur <strong>la</strong> pierreb<strong>la</strong>nche 2 visible au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> photo.Les matières dures animales(os, <strong>de</strong>nts, ramures, cornes) ont servià <strong>la</strong> fabrication d’outils, <strong>de</strong> parureset d’objets artistiques 3 comme ici :perle, pointe <strong>de</strong> sagaie et aiguille à chas<strong>de</strong> l’Abri Casserole, en Dordogne.Paléolithique
L’archéologie préventiveSauver les archives du solEn France, chaque année, 700 km 2 sont touchés par <strong>de</strong>s travaux d’aménagementdu territoire (carrières, terrassements, routes et voiesferrées, bâtiments privés et publics) entraînant <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>svestiges que recèle le sous-sol. L’archéologie préventive, en étudiantenviron 20 % <strong>de</strong> ces surfaces (15 000 hectares en 2005), permet <strong>de</strong>sauvegar<strong>de</strong>r par l’étu<strong>de</strong> les « archives du sol ».Ainsi, <strong>de</strong>puis une trentaine d’années, <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> sites, en milieuurbain comme en zone rurale, ont été fouillés, étudiés, comparés. Lasomme <strong>de</strong>s informations issues <strong>de</strong> ces recherches a profondémentenrichi <strong>la</strong> connaissance du passé. Dite <strong>de</strong> « sauvetage » dans les années1970, l’archéologie s’est progressivement imposée en amont <strong>de</strong>stravaux d’aménagement, mais manquait d’un cadre juridique. La loisur l’archéologie préventive du 17 janvier 2001 prévoit désormais l’intervention<strong>de</strong>s archéologues en préa<strong>la</strong>ble aux chantiers.Des connaissances nouvellesPar l’étendue <strong>de</strong>s zones étudiées et l’importance <strong>de</strong>s ensembles archéologiquesmis au jour, <strong>de</strong> nouveaux corpus sont accessibles. Une approchenovatrice du Paléolithique, du Néolithique ou <strong>de</strong>s âges <strong>de</strong>s Métauxest possible, tandis que <strong>de</strong>s données nombreuses sont désormaisdisponibles, notamment sur <strong>la</strong> romanisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule ou le hautMoyen Âge, données souvent complémentaires <strong>de</strong>s archives écrites.Une approche globale <strong>de</strong>s sociétés et <strong>de</strong>s territoiresL’archéologie préventive ne cherche pas <strong>de</strong> chefs-d’œuvre ou <strong>de</strong>monuments remarquables, elle vise à connaître les territoires et lessociétés passés à travers les innombrables « documents » conservéspar le sol, <strong>de</strong>puis les premières traces <strong>de</strong> présence humaine au Paléolithique,au moins 500 000 ans avant notre ère, jusqu’à nos jours. Cetteapproche globale est fondée sur une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s techniques, <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s<strong>de</strong> vie, <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sociales et politiques, <strong>de</strong>s peuplements. Elle permetégalement <strong>de</strong> comprendre les évolutions du climat, les métamorphosesdu paysage et les transformations <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation.Une discipline citoyenneSur le territoire européen, les vestiges sont partout. Ainsi, sur un tracé<strong>de</strong> TGV, on trouve, en moyenne, un site au kilomètre. Étroitementcorrélée à l’aménagement du territoire, l’archéologie préventiveconcerne chaque aménageur, chaque élu, chaque citoyen… Elle permet<strong>de</strong> relier l’histoire locale à l’histoire générale, dans une mise enperspective qui répon<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s interrogations fondamentales <strong>de</strong>l’homme sur ses origines, son histoire, ses valeurs… Elle peut éc<strong>la</strong>irer<strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> l’espace, l’évolution <strong>de</strong> l’urbanisme et <strong>de</strong> l’environnement,<strong>la</strong> question <strong>de</strong>s différences ethniques, culturelles ou religieuses…En étudiant les archives du sol, l’archéologie préventive permet undéveloppement économique raisonné, qui évite <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction aveugle<strong>de</strong>s traces du passé et <strong>de</strong>s gisements <strong>de</strong> connaissance qu’elles recèlent.1