Rapport de l'Organe international de contrôle des stupéfiants ... - INCB

ORGANE INTERNATIONAL DE CONTRÔLEDES STUPÉFIANTS2008RapportEMBARGORespectez la date de publication:Ne pas publier ou radiodiffuser avantle jeudi 19 février 2009, à 11 heures (HEC)ATTENTIONNATIONS UNIES

Rapports publiés par l’Organe internationalde contrôle des stupéfiants en 2008Le Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2008(E/INCB/2008/1) est complété par les rapports suivants:Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants sur la suite donnéeà la vingtième session extraordinaire de l’Assemblée générale(E/INCB/2008/1/Supp.1)Stupéfiants: Évaluations des besoins du monde pour 2009 – Statistiques pour 2007(E/INCB/2008/2)Substances psychotropes: Statistiques pour 2007 – Prévisions des besoins annuelsmédicaux et scientifiques concernant les substances des Tableaux II, III et IV de laConvention de 1971 sur les substances psychotropes (E/INCB/2008/3)Précurseurs et produits chimiques fréquemment utilisés dans la fabrication illicitede stupéfiants et de substances psychotropes: Rapport de l’Organe internationalde contrôle des stupéfiants pour 2008 sur l’application de l’article 12 de laConvention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et desubstances psychotropes de 1988 (E/INCB/2008/4)Les listes à jour des substances sous contrôle international, comprenant lesstupéfiants, les substances psychotropes et les substances fréquemment utilisées dans lafabrication illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, figurent dans lesdernières éditions des annexes aux rapports statistiques annuels (“Liste jaune”, “Listeverte” et “Liste rouge”) publiées également par l’Organe.Comment contacter l’Organe international de contrôledes stupéfiantsIl est possible d’écrire au secrétariat de l’Organe à l’adresse suivante:Centre international de VienneBureau E-1339B.P. 500A-1400 Vienne(Autriche)Le secrétariat peut aussi être contacté par:Téléphone: + (43-1) 26060Télex: 135612Télécopieur: + (43-1) 26060-5867 ou 26060-5868Télégramme:unations viennaAdresse électronique: secretariat@incb.orgLe texte du présent rapport est également disponible sur le site Web de l’Organe(www.incb.org).

ORGANE INTERNATIONAL DE CONTRÔLE DES STUPÉFIANTSRapportde l’Organe international de contrôledes stupéfiants pour 2008NATIONS UNIESNew York, 2009

E/INCB/2008/1PUBLICATION DES NATIONS UNIESNuméro de vente: F.09.XI.1ISBN 978-92-1-248162-3ISSN 0257-3725

Table des matièresAvant-propos ...............................................................................Notes explicatives ...........................................................................PageiiiixChapitresI. Les conventions internationales relatives au contrôle des drogues: histoire, réussites et défis .... 1A. Histoire ..................................................................... 1B. Réussites .................................................................... 4C. Défis ....................................................................... 51. Défis d’ordre sanitaire. ................................................. 52. Défis d’ordre juridique ................................................. 73. Le défi de la prévention. ................................................ 84. Les défis de la mondialisation ........................................... 10D. Recommandations .............................................................. 13II. Fonctionnement du système international de contrôle des drogues .......................... 15A. Stupéfiants. ................................................................... 151. État des adhésions à la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 et à cetteconvention telle que modifiée par le Protocole de 1972. ...................... 152. Coopération avec les gouvernements ...................................... 153. Prévention du détournement de stupéfiants vers le trafic illicite ................ 174. Usage impropre de la paille de pavot pour la fabrication illicite de drogues ...... 195. Contrôle du commerce de graines de pavot à opium ......................... 206. Mesures visant à garantir la disponibilité de stupéfiants à des fins médicales ..... 207. Consommation de stupéfiants ............................................ 22B. Substances psychotropes ........................................................ 231. État des adhésions à la Convention de 1971 sur les substances psychotropes ..... 232. Coopération avec les gouvernements ...................................... 233. Prévention du détournement de substances psychotropes vers le trafic illicite .... 244. Mesures de contrôle. ................................................... 265. Consommation de substances psychotropes ................................ 28v

C. Précurseurs ................................................................... 291. État des adhésions à la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite destupéfiants et de substances psychotropes de 1988 ........................... 292. Coopération avec les gouvernements ...................................... 303. Mesures de contrôle. ................................................... 304. Système électronique d’échange de notifications préalables à l’exportation ...... 315. Prévention du détournement des précurseurs vers le trafic illicite .............. 31D. Promotion de l’application universelle des traités internationaux relatifs au contrôle desdrogues ...................................................................... 331. Évaluation du respect de l’ensemble des traités par certains gouvernements ...... 332. Évaluation de l’application par les gouvernements des recommandationsformulées par l’Organe à la suite de ses missions de pays ..................... 363. Promotion du dialogue avec les gouvernements ............................. 40E. Mesures visant à assurer l’application des traités internationaux relatifs au contrôle desdrogues ...................................................................... 411. Mesures prises par l’Organe conformément à l’article 14 de la Convention de1961 et à l’article 19 de la Convention de 1971 ............................. 412. Consultation avec le Gouvernement afghan en vertu de l’article 14 de laConvention de 1961. ................................................... 41F. Thèmes spéciaux .............................................................. 431. Suite donnée à la vingtième session extraordinaire de l’Assemblée générale ..... 432. Le trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest ................................. 443. Distribution sur le marché non réglementé de substances placées sous contrôleinternational .......................................................... 454. Principes directeurs à l’intention des gouvernements pour la prévention de lavente illégale via l’Internet de substances placées sous contrôle international. .... 465. La contrebande de drogues par les services de messagerie .................... 476. Abus de sirops antitussifs contenant des stupéfiants. ......................... 497. Kétamine ............................................................ 49III. Analyse de la situation mondiale ..................................................... 52A. Afrique ...................................................................... 521. Principaux faits nouveaux ............................................... 522. Coopération régionale .................................................. 523. Législation, politique et action à l’échelle nationale. ......................... 554. Culture, production, fabrication, trafic et abus .............................. 575. Missions ............................................................. 61vi

B. Amériques .................................................................... 62Amérique centrale et Caraïbes .................................................... 621. Principaux faits nouveaux ............................................... 622. Coopération régionale .................................................. 633. Législation, politique et action à l’échelle nationale. ......................... 654. Culture, production, fabrication, trafic et abus .............................. 67Amérique du Nord. ............................................................. 691. Principaux faits nouveaux ............................................... 692. Coopération régionale .................................................. 713. Législation, politique et action à l’échelle nationale. ......................... 724. Culture, production, fabrication, trafic et abus .............................. 74Amérique du Sud. .............................................................. 791. Principaux faits nouveaux ............................................... 792. Coopération régionale .................................................. 803. Législation, politique et action à l’échelle nationale. ......................... 824. Culture, production, fabrication, trafic et abus .............................. 83C. Asie ......................................................................... 88Asie de l’Est et du Sud-Est ....................................................... 881. Principaux faits nouveaux ............................................... 882. Coopération régionale .................................................. 893. Législation, politique et action à l’échelle nationale. ......................... 914. Culture, production, fabrication, trafic et abus .............................. 925. Missions ............................................................. 95Asie du Sud ................................................................... 961. Principaux faits nouveaux ............................................... 962. Coopération régionale .................................................. 963. Législation, politique et action à l’échelle nationale. ......................... 974. Culture, production, fabrication, trafic et abus .............................. 99Asie occidentale ............................................................... 1011. Principaux faits nouveaux ............................................... 1012. Coopération régionale .................................................. 1033. Législation, politique et action à l’échelle nationale. ......................... 1054. Culture, production, fabrication, trafic et abus .............................. 106vii

5. Missions ............................................................. 110D. Europe ....................................................................... 1101. Principaux faits nouveaux ............................................... 1102. Coopération régionale .................................................. 1113. Législation, politique et action à l’échelle nationale. ......................... 1124. Culture, production, fabrication, trafic et abus .............................. 1155. Missions ............................................................. 117E. Océanie ...................................................................... 1181. Principaux faits nouveaux ............................................... 1182. Coopération régionale .................................................. 1193. Législation, politique et action à l’échelle nationale. ......................... 1194. Culture, production, fabrication, trafic et abus .............................. 120IV. Recommandations à l’intention des gouvernements, des organismes des Nations Unies et desautres organisations internationales et régionales compétentes ............................. 123A. Recommandations à l’intention des gouvernements .................................. 123B. Recommandations à l’intention de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crimeet de l’Organisation mondiale de la Santé .......................................... 131C. Recommandations à l’intention d’autres organisations internationales compétentes. ....... 131AnnexesI. Groupes régionaux figurant dans le rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2008 .............................................................. 132II. Composition actuelle de l’Organe international de contrôle des stupéfiants ..................... 135viii

Notes explicativesLes abréviations ci-après ont été employées dans le présent rapport:ASACRASEANBZPCARICOMCEDEAOCEICICADCONADICCONSEPDAREDEADEVIDAEuropolFLOFUNDASALVAGBLGHBIMPACTINTERPOLkgLSDMDMA3,4-MDP-2-PMERCOSURMINUSTAHOARRSOEAAssociation sud-asiatique de coopération régionaleAssociation des nations de l’Asie du Sud-EstN-benzylpipérazineCommunauté des CaraïbesCommunauté économique des États de l’Afrique de l’OuestCommunauté d’États indépendantsCommission interaméricaine de lutte contre l’abus des droguesConseil national contre les toxicomanies (Mexique)Conseil national de lutte contre les stupéfiants et substancespsychotropes (Équateur)Drug Abuse Resistance EducationDrug Enforcement Administration (États-Unis d’Amérique)Commission péruvienne pour le développement et pour un modede vie exempt de drogues (Pérou)Office européen de policeFairtrade Labelling Organizations InternationalFondation antidrogues d’El Salvadorgamma-butyrolactoneacide gamma-hydroxybutyriqueGroupe spécial international chargé de la lutte contre lescontrefaçons de produits médicaux (Organisation mondiale de lasanté)Organisation internationale de police criminellekilogramme(s)diéthylamide de l’acide lysergiqueméthylènedioxyméthamphétamine3,4-méthylènedioxyphényl-2-propanoneMarché commun du SudMission des Nations Unies pour la stabilisation en HaïtiAutomatic Rx Reporting SystemOrganisation des États américainsix

OEIOMSONUDCOPBATOTSCP-2-PPEN-OnlinePMASADCSARPCCOSENADsidaTHCUPUVIHOrganisation des États ibéro-américains pour l’éducation, lascience et la cultureOrganisation mondiale de la santéOffice des Nations Unies contre la drogue et le crimeEntente opérationnelle Bahamas-Turques et CaïquesOrganisation du Traité de sécurité collectivephényl-1 propanone-2Système en ligne de notifications préalables à l’exportationpara-méthoxyamphétamineCommunauté de développement de l’Afrique australeOrganisation de coopération régionale des chefs de police del’Afrique australeSecrétariat national antidrogue (Brésil)syndrome d’immunodéficience acquisetétrahydrocannabinolUnion postale universellevirus de l’immunodéficience humainex

Les appellations employées dans la présente publication et la présentation desdonnées qui y figurent n’impliquent de la part du Secrétariat de l’Organisation desNations Unies aucune prise de position quant au statut juridique des pays,territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontièresou limites.Les noms de pays ou régions figurant dans le présent document sont ceux quiétaient officiellement en usage au moment où les données ont été recueillies.Les données communiquées après le 1 er novembre2008 n’ont pas été prises en compte pour lapréparation du présent rapport.xi

E/INCB/2008/1I. Les conventions internationales relatives au contrôle des drogues: histoire,réussites et défis1. Le présent chapitre porte principalement sur lesorigines du contrôle international des drogues,notamment sur la façon dont il a évolué au cours duXX e siècle. Il aborde aussi les défis auxquels lacommunauté internationale fait actuellement face dansl’application des conventions, la manière dont lesgouvernements réagissent et les autres mesures qu’ilspourraient prendre.2. L’évolution historique du contrôle internationaldes drogues est vue à travers le prisme de lamondialisation, tout au long d’un siècle qui a été celuide la croissance et de la transformation massives deséchanges, de la finance, des transports et descommunications. La disparition des obstacles aucommerce et aux communications a beaucoupcontribué au développement humain et a eu pour lasociété des effets bénéfiques considérables, maisinégalement répartis. La pauvreté et les disparitéséconomiques, la pénurie de ressources vitales, lesconflits, la dégradation de l’environnement et leschangements climatiques ont créé de nouvellestensions, et ce sont les secteurs les plus vulnérables dela société qui en ont le plus pâti. Ces facteurs ont poséà leur tour de nouveaux défis pour la mise en œuvre ducontrôle international des drogues.3. Certains des défis débattus dans le présentchapitre relèvent explicitement du champ d’applicationdes conventions; d’autres n’ont pas été envisagés aumoment de la rédaction de ces dernières, mais ils n’enentravent pas moins la capacité des gouvernements deles appliquer. Ces défis sont les suivants:a) Défis d’ordre sanitaire: assurer ladisponibilité des stupéfiants et des substancespsychotropes nécessaires pour répondre aux besoinsmédicaux et scientifiques, qu’il s’agisse de soulager ladouleur ou de traiter des problèmes de santé liés auxdrogues;b) Défis d’ordre juridique: surmonter lesdivergences d’interprétation et appliquer lesconventions;c) Le défi de la prévention de l’abus dedrogues: identifier et diffuser les programmes sûrs etles bonnes pratiques qui dissuadent les jeunes etd’autres groupes vulnérables de la sociétéd’expérimenter les drogues;d) Le défi de la mondialisation: gérer lesavantages et les inconvénients que présente lamondialisation pour le régime international de contrôledes drogues.A. Histoire4. Le contrôle des drogues s’est mis en place aucours d’un long processus de changement etd’évolution sur le plan mondial. Les congrès deWestphalie (1648), d’Utrecht (1713) et de Vienne(1814-1815) ont vu l’établissement d’une série derègles internationales telles que l’égalité juridique detous les États et le principe selon lequel chaque État estsouverain sur son territoire. Un consensus s’est aussidégagé sur la nécessité d’un équilibre des pouvoirs. Laconstitution d’un corpus de textes législatifsinternationaux et la montée en puissance de ladiplomatie ont abouti à la création de la Société desNations puis de l’Organisation des Nations Unies.Dans le même temps naissaient peu à peu, à la faveurde la croissance du commerce de biens manufacturés etdu développement et de la mobilité accrus des capitauxprivés, des organismes internationaux destinés àfaciliter la coopération financière et commerciale.5. La mise en place de mesures de contrôle visant lecommerce de l’opium, au début du XX e siècle, a étérendue possible par une exceptionnelle confluenced’intérêts entre trois grandes nations de l’époque. Eneffet, la Chine, les États-Unis d’Amérique et laGrande-Bretagne avaient tous des raisons différentesde vouloir enrayer ce commerce. Le gouvernementchinois, qui avait opposé une longue résistance àl’importation d’opium depuis l’Inde par lesBritanniques, lançait une nouvelle campagne contre laconsommation et la production d’opium à fumer dansle pays. Le Gouvernement des États-Unis souhaitaitadopter des lois interdisant de fumer de l’opium chezsoi et sur le territoire américain pour mettre fin à lacontrebande d’opium en provenance des Philippines(que les États-Unis occupaient depuis 1898). EnGrande-Bretagne, le gouvernement libéral1

E/INCB/2008/1nouvellement élu, fortement soutenu par le mouvementanti-opium, lui-même d’inspiration confessionnelle,commençait à prendre le contre-pied des politiquescommerciales pro-opium des gouvernementsprécédents. C’est cette dynamique qui a amené13 États à se réunir en vue de discuter pour la premièrefois du contrôle international des drogues à laCommission internationale de l’opium, convoquée àShanghai (Chine) en février 1909. Lesrecommandations faites à Shanghai ont été consacréestrois ans plus tard par un traité multilatéraljuridiquement contraignant, le premier en son genre: laConvention internationale de l’opium signée à La Hayele 23 janvier 1912 1 .6. Les Parties à la Convention de 1912 convenaientde contrôler la production et la distribution de l’opiumet d’imposer des limites à la fabrication et à ladistribution de certaines drogues; un systèmeobligatoire de tenue de registres était imposé. C’était lapremière fois que le principe consistant à limiterl’emploi des drogues aux seuls usages médicaux etscientifiques était consacré par le droit international.L’Allemagne, soutenue en cela par la France et lePortugal, insistait pour que la Convention de 1912n’entre en vigueur que lorsque tous les États l’auraientratifiée, en conséquence de quoi elle n’est entrée envigueur qu’après la Première Guerre mondiale, lorsquesa ratification a été intégrée au Traité de Versaillesde 1919.7. En 1920, le contrôle international des drogues aété placé sous les auspices de la Société des Nations, etde nouveaux traités internationaux ont été adoptés en lamatière. La Convention internationale de l’opiumsignée à Genève le 19 février 1925 2 comprenait denombreuses dispositions qui ont ensuite été reprisesdans la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 3 ,comme celles concernant la fourniture de statistiquessur la production et les stocks d’opium et de feuille decoca, le régime de certificats d’importations etd’autorisations d’exportation pour les échangesinternationaux de drogues placées sous contrôle et lesmesures de contrôle du “chanvre indien”, comme onappelait alors le cannabis. La Convention pour limiterla fabrication et réglementer la distribution des__________________1 Société des Nations, Recueil des Traités, vol. VIII,n° 222.2 Ibid., vol. LXXXI, n° 1845.3 Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 520, n° 7515.stupéfiants, signée à Genève le 13 juillet 1931 4 ,limitait la fabrication mondiale de stupéfiants auxquantités nécessaires pour les besoins médicaux etscientifiques en mettant en place un régimed’évaluations obligatoire. La Convention de 1936 pourla répression du trafic illicite des drogues nuisibles 5 ,signée à Genève, était le premier traité à viserexplicitement le trafic international de drogues, maiselle n’a été signée que par 13 États et n’a eu que deseffets limités étant donné qu’elle est entrée en vigueuren 1939, alors que la Deuxième Guerre mondialeéclatait. Le Protocole visant à limiter et à réglementerla culture du pavot, ainsi que la production, lecommerce international, le commerce de gros etl’emploi de l’opium 6 , conclu à New York le 23 juin1953 sous les auspices de l’Organisation des NationsUnies, comprenait des dispositions strictes sur laconsommation, la production, l’exportation et lestockage d’opium brut, mais il n’est entré en vigueurqu’après la signature de la Convention de 1961, quil’annulait et le remplaçait.8. La Convention de 1961 a été conçue pourfusionner tous les traités multilatéraux existants dans ledomaine des drogues, pour simplifier les mécanismesde contrôle et pour étendre le régime de contrôle enplace à la culture des plantes servant de matièrespremières pour l’obtention de stupéfiants. Elle avaitpour objet, comme les traités précédents, de veiller à ceque des quantités suffisantes de stupéfiants soientdisponibles à des fins médicales et scientifiques,d’interdire toute consommation non médicale de cesdrogues et d’en empêcher le détournement vers lemarché illicite. Le Protocole de 1972 portantamendement de la Convention unique sur lesstupéfiants de 1961 7 appelait à redoubler d’efforts pourprévenir la production, le trafic et l’usage illicites destupéfiants et pour offrir des services de traitement etde réadaptation aux toxicomanes.9. Dans les années 1950, on a commencé às’inquiéter de l’abus d’amphétamines et debarbituriques et de la prescription excessive de sédatifset d’hallucinogènes. L’Organisation mondiale de lasanté (OMS) et la Commission des stupéfiants se sont__________________4 Société des Nations, Recueil des Traités, vol. CXXXIX,n° 3219.5 Ibid., vol. CXCVIII, n° 4648.6 Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 456, n° 6555.7 Ibid., vol. 976, n° 14151.2

E/INCB/2008/1saisies de ces questions au début des années 1960. Sil’on s’accordait sur la nécessité de soumettre cessubstances à des mesures de contrôle plus strictes, lesavis divergeaient quant à savoir s’il fallait les inscrireaux Tableaux de la Convention de 1961 ou élaborer unnouveau traité. Certains craignaient que l’ajout d’ungrand nombre de substances à la liste de cetteconvention n’atténue l’efficacité de cette dernière et nedécourage d’éventuelles Parties de la ratifier. De plus,beaucoup des substances devant être soumises àcontrôle entraient dans la composition de préparationspharmaceutiques prescrites à grande échelle. Les effetstoxicomanogènes des hallucinogènes faisaientégalement l’objet d’un débat.10. La Convention de 1971 sur les substancespsychotropes 8 portait sur une série de substances plushétérogène que la Convention de 1961 et prévoyait desmodalités différentes d’inscription aux Tableaux.Comme dans la Convention de 1961, les substances yétaient classées dans quatre Tableaux, en fonction del’usage thérapeutique qui pouvait en être fait et desrisques d’abus qui y étaient liés; cela étant, le “principed’analogie” qui apparaissait à l’article 3 de laConvention de 1961 - et selon lequel toute nouvellesubstance “[pouvant] donner lieu à des abus analogueset produire des effets nocifs analogues” à ceux desubstances déjà visées par la Convention était soumiseau même degré de contrôle que ces dernières - étaitabsent de la Convention de 1971. Cela a compliqué lesprocédures d’évaluation et retardé les inscriptions auxTableaux, comme l’Organe international de contrôledes stupéfiants l’a noté par le passé 9 . D’une manièregénérale, selon la Convention de 1961, les stupéfiantsétaient considérés comme dangereux tant que la preuvedu contraire n’avait pas été apportée; les substancespsychotropes, elles, échappaient au contrôle tant quel’OMS n’avait pas signalé qu’il existait des “raisonssuffisantes” de croire qu’elles risquaient de donner lieuà des abus ou qu’elles constituaient un problème desanté publique et un problème social justifiant qu’ellessoient placées sous contrôle international 10 . Le régime__________________8 Ibid., vol. 1019, n° 14956.9 Efficacité des traités internationaux relatifs au contrôledes drogues, Supplément au Rapport de l’Organeinternational de contrôle des stupéfiants pour 1994(publication des Nations Unies, numéro de vente:F.95.XI.5), par. 65.10 Istvan Bayer, “Genesis and development of theinternational control of psychotropic substances”,des évaluations était exclu de la Convention de 1971,dans l’intérêt des États fabricants de produitspharmaceutiques, mais cette lacune et bien d’autres ontensuite été comblées par des recommandations del’Organe que le Conseil économique et social a faitsiennes dans ses résolutions. Le rythme peu soutenudes adhésions explique que la Convention de 1971 nesoit entrée en vigueur que presque six ans après sonouverture à la signature, alors que ce délai avait été dequatre ans pour la Convention de 1961.11. Les modalités d’inscription aux Tableaux tant dela Convention de 1961 que de la Convention de 1971souffrent d’incohérences scientifiques: le cannabis et larésine de cannabis sont considérés comme desstupéfiants tandis que certains de leurs principes actifssont considérés comme des substances psychotropes etrelèvent d’un régime de contrôle moins strict. Lafeuille de coca et la cocaïne sont toutes deux desstupéfiants mais les amphétamines, qui ont des effetsstimulants comparables, sont des substancespsychotropes. Aucune plante n’étant visée par laConvention de 1971, les matières premières que sont lekhat et l’éphédra ne sont pas soumises à contrôle, alorsque la cathinone et l’éphédrine, qui en sont dérivées, lesont en vertu de la Convention de 1971 et de laConvention des Nations Unies contre le trafic illicitede stupéfiants et de substances psychotropes de 1988 11respectivement.12. La Convention de 1988 a été jugée nécessairecompte tenu de la progression de la criminalitétransnationale organisée et du trafic de drogues, ainsique des difficultés qu’il y avait à poursuivre despersonnes impliquées dans des infractions liées auxdrogues ou des opérations de blanchiment d’argent auniveau international, points que la Convention de 1961et la Convention de 1971 ne traitaient pas en détail.Les buts de la Convention de 1988 étaientd’harmoniser la définition et la portée des infractionsliées aux drogues à l’échelle mondiale; d’améliorer etde renforcer la coopération et la coordinationinternationales entre autorités compétentes; et defournir à ces dernières les moyens juridiques deréprimer plus efficacement le trafic international dedrogues. Comparée aux deux autres conventions, laConvention de 1988 est un instrument juridique plus__________________document établi à l’intention du National Institute onDrug Abuse, États-Unis d’Amérique, 1989, p. 42 et 43.11 Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1582, n° 27627.3

E/INCB/2008/1pratique et concret, qui contient des recommandationsprécises sur le recours aux techniques de détection etde répression. Elle est entrée en vigueur moins de deuxans après son ouverture à la signature.B. Réussites13. Le régime international de contrôle desstupéfiants et des substances psychotropes peut êtreconsidéré comme l’une des plus importantes réussitesdu XX e siècle en matière de coopération internationale:plus de 95 % des États Membres de l’ONU (quireprésentent 99 % de la population mondiale) sontparties aux trois conventions. Le nombre de substancesplacées sous contrôle en vertu de la Conventionde 1961 et de la Convention de 1971 n’a cesséd’augmenter au fil des ans: ce sont aujourd’hui119 stupéfiants et 116 substances psychotropes qui sontconcernés. Dans le même temps, la demande destupéfiants et de substances psychotropes a explosé:ainsi, la consommation mondiale de morphine estpassée de moins de 5 tonnes en 1987 à 39,2 tonnes en2007 12 . Malgré cela, aucun cas de détournement destupéfiants depuis le commerce international n’a étédétecté en 2007 et aucun cas de détournement desubstances psychotropes des Tableaux I ou II depuis lecommerce international ne l’a été depuis 1990 13 , mêmesi l’on relève toujours des prescriptions excessives, desvols et des détournements à l’échelle nationale.14. La Convention de 1971 a donné moins derésultats dans les premiers temps, pour les raisonsindiquées plus haut et parce que les substancespsychotropes sont, dans leur majorité, des ingrédientsessentiels de médicaments largement prescrits etconsommés. Cela dit, les améliorations qui ont étéapportées aux procédures de contrôle comme suite auxrésolutions du Conseil économique et social ont permisd’empêcher le détournement de substances desTableaux III ou IV depuis le commerce international.Comme suite à ces résolutions, les pratiques deprescription se sont aussi améliorées, en particulier ence qui concerne les barbituriques et autres hypnotiques,__________________12 Stupéfiants: Évaluations des besoins du monde pour2009 – Statistiques pour 2007 (publication des NationsUnies, numéro de vente E/F/S.09.XI.2).13 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2007 (publication des Nations Unies,numéro de vente F.08.XI.1), par. 77 et 107.tandis qu’en son article 13, la Convention de 1971fournissait aux Parties un fondement juridique pour lacoopération et l’action contre les détournements. LaConvention de 1988 a facilité l’application de mesurestelles que la coopération judiciaire, l’extradition, leslivraisons surveillées et les opérations antiblanchiment.Elle rendait également obligatoire le contrôle et lasurveillance de certains précurseurs, produitschimiques et solvants fréquemment utilisés dans lafabrication illicite de drogues et favorisait lacommunication entre autorités nationales pour ladétection des opérations suspectes et la prévention desdétournements.15. Comme l’Office des Nations Unies contre ladrogue et le crime (ONUDC) l’a indiqué en 2008, desprogrès ont été accomplis dans la réalisation desobjectifs fixés en 1998 par l’Assemblée générale à savingtième session extraordinaire. Entre 1998 et 2007,les cultures illicites de plantes servant à fabriquer desdrogues ont été réduites; reste que là où elles sepoursuivent, les problèmes ont empiré pour l’ensemblede la population. L’Afghanistan en est un parfaitexemple, où de plus en plus d’opium est transformé enmorphine ou en héroïne et où la culture du cannabis esten forte progression. Les problèmes que connaît lepays ne sont pas causés par les cultures illicites, maisils sont à bien des égards aggravés par elles, et ilss’inscrivent dans un cycle de conflits et d’instabilitéqui s’avère difficile à briser. Les problèmes persistantsde sécurité, associés à la piètre qualité desinfrastructures de transport, à la corruption et àl’absence de débouchés viables pour les produits issusdu développement alternatif, laissent peu depossibilités pour un développement économiquealternatif durable.16. Les progrès ne sont pas non plus très rapides danscertaines zones d’Océanie. Tous les États de la régionn’ont pas adhéré aux conventions. L’Afrique est larégion qui a le moins avancé au cours de la périodedécennale 1998-2007. Sur ce continent, une séried’éléments complexes, dont l’instabilité politique, lafaiblesse des capacités de surveillance, la dégradationde l’environnement, le sous-développementéconomique et le handicap que constituent lessubventions accordées par les pays développés à leuragriculture et à leur marché des produits de base,explique que peu ait été fait dans tous les domaines dela lutte contre les drogues.4

E/INCB/2008/1C. Défis1. Défis d’ordre sanitaire17. Les conventions internationales relatives aucontrôle des drogues, complétées par la Déclaration surles principes fondamentaux de la réduction de lademande de drogues 14 , obligent les Parties à prendredes mesures propres à protéger la santé et le bien-êtrede leurs populations. Les gouvernements doiventassurer la disponibilité des stupéfiants et dessubstances psychotropes pour les besoins médicaux etscientifiques; ils doivent prendre toutes les mesurespossibles pour prévenir et réduire ou éliminer l’abus dedrogues, pour offrir des services de traitement et deréadaptation des toxicomanes et pour atténuer lesconséquences sanitaires et sociales néfastes de l’abusde drogues. Si s’acquitter de ces obligations représenteun véritable défi pour tous les gouvernements, cela estencore plus difficile pour les pays les moins avancés,dont les gouvernements ont souvent bien du mal àfournir à leur population des soins de santé primaire.18. Au moment où la Convention de 1961 et laConvention de 1971 étaient négociées, on n’avaitdécouvert ni le VIH ni le virus de l’hépatite C, et lesproblèmes d’infections à transmission hématogèneassociés à l’abus de drogues par injection ne sont pasévoqués dans ces conventions. Il a fallu attendre lemilieu des années 1980 pour que ce lien soit mis aujour par les autorités sanitaires internationales. Lesgouvernements ont alors été encouragés à développerleurs capacités de traitement et à prendre des mesuresen vue de limiter la transmission des maladiesdiffusées par voie sanguine et d’apporter ainsi uneréponse au problème 15 . La Convention de 1988, qui estessentiellement un traité de droit pénal international,n’évoque que de manière générale les questions desanté, prévoyant que les Parties adoptent les mesuresappropriées pour supprimer ou réduire la demande__________________14 Adoptée par l’Assemblée générale à sa vingtièmesession extraordinaire, en 1998 (résolution S-20/3de l’Assemblée, annexe), la Déclaration énonce lespolitiques et stratégies à suivre en priorité pour réduirela demande de drogues dans le monde.15 Rapport de la Conférence internationale sur l’abus et letrafic illicite des drogues, Vienne, 17-26 juin 1987(publication des Nations Unies, numéro de vente:F.87.I.18), chap. I, sect. A., “Schéma multidisciplinairecomplet pour les activités futures de lutte contre l’abusdes drogues”, objectif n° 33, par. 389.illicite de stupéfiants et de substances psychotropes envue de réduire les souffrances humaines (art. 14,par. 4). Au milieu des années 1980, certainsgouvernements, faisant face à des problèmes croissantsrelatifs à l’abus de drogues par injection, ont vu en la“réduction des risques” sinon une solution, du moinsune réponse pragmatique, et ont commencé à prendredes mesures en conséquence 16 . Ce n’est qu’en 1998,avec l’adoption de la Déclaration sur les principesfondamentaux de la réduction de la demande dedrogues, que des lignes directrices internationalesprécises ont été définies concernant la réduction de lademande de drogues et l’atténuation des conséquencesnéfastes de l’abus de drogues pour les personnes et lasociété.19. Des difficultés supplémentaires sont apparues dufait de la hausse du coût des soins de santé dans lespays développés et en développement. Les pays endéveloppement ont été particulièrement touchés par leVIH/sida, lui-même lié à une recrudescence de latuberculose, et le paludisme continue de frapper denombreuses parties du monde. Dans les paysdéveloppés, le vieillissement de la population, ainsique les faibles taux de natalité, a réduit la part de lapopulation active par rapport à celle de la populationretraitée, ce qui cause des problèmes de financementdes soins de santé. Le recours massif aux médicamentsdits “de bien-être”, en relation avec l’obésité, larecherche de performances sexuelles ou le stress, estégalement à l’origine de problèmes sanitaires dansbeaucoup de régions. Les personnes de toutesconditions se tournent de plus en plus vers les drogues,qu’elles soient prescrites ou acquises illicitement, pourpallier les difficultés du monde moderne.20. L’objet premier des Conventions de 1961 et de1971 est d’assurer la disponibilité des drogues placéessous contrôle pour les besoins médicaux etscientifiques et de prévenir l’usage non médical de cessubstances. L’accès aux stupéfiants tels que lamorphine et la codéine, toutes deux inscrites sur la__________________16 Il n’existe pas de définition universellement convenue dela réduction des risques; toutefois, on entendgénéralement par cette expression une série de mesureset de politiques pratiques visant à atténuer lesconséquences néfastes de l’abus de drogues etn’englobant pas nécessairement l’abstinence. L’Organeestime que tout programme de prévention de l’abus dedrogues devrait avoir pour but l’abstinence.5

E/INCB/2008/1Liste modèle des médicaments essentiels de l’OMS, estconsidéré par l’OMS comme faisant partie des droitsde l’homme tels qu’ils sont définis dans le Pacteinternational relatif aux droits économiques, sociaux etculturels (résolution 2200 A (XXI) de l’Assembléegénérale, annexe) 17 . Il n’en reste pas moins que, selonl’OMS, l’accès aux médicaments essentiels est nul, ouquasi-nul, dans plus de 150 États membres sur les 193que compte cette organisation, tandis que près de 90 %des médicaments sous contrôle sont consommés enEurope et en Amérique du Nord. On estime, avec uneimportante marge d’incertitude, que probablement pasmoins de 86 millions de personnes souffrent chaqueannée de douleurs modérées à fortes qui ne sont pasprises en charge 18 .21. L’Organe est de longue date préoccupé par le faitque, malgré l’abondance de l’offre de matièrespremières opiacées pour satisfaire les besoinsmondiaux, de nombreux gouvernements n’assurent pasla disponibilité la plus large des médicamentsessentiels qui en sont dérivés 19 . Même dans les pays oùsont cultivées les plantes à partir desquelles sontobtenues les matières premières nécessaires à lafabrication de ces médicaments, le pourcentage de lapopulation qui a accès à des moyens satisfaisants poursoulager la douleur est parfois inférieur à 1 %.22. Les raisons de cette situation sont variées etcomplexes, et elles peuvent être liées à des traditionsculturelles anciennes. Dans bien des pays, les écoles demédecine ne forment que peu ou pas du tout aux soinspalliatifs; des restrictions sévères ou des formalitésécrites trop lourdes découragent les médecins deprescrire des opioïdes, et des appréhensions demeurent,tant parmi les patients que parmi le personnel médical,quant au potentiel addictif des opioïdes– appréhensions largement infondées lorsque ces__________________17 “Observation générale n° 14 (2000): le droit au meilleurétat de santé susceptible d’être atteint (article 12 duPacte international relatif aux droits économiques,sociaux et culturels)” (E/C.12/2000/4, 11 août 2000),par. 17.18 Organisation mondiale de la santé, Access to ControlledMedications Programme:Biennial Report 2006-2007(Genève, 2008), p. 1 et 2.19 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 1999 (publication des Nations Unies,numéro de vente: F.00.XI.1), par. 30 et 40.substances sont administrées sous surveillancemédicale pour traiter la douleur modérée à forte 20 .23. En 2005, afin de s’attaquer plus efficacement auproblème, l’Assemblée mondiale de la santé(résolution WHA 58.22) et le Conseil économique etsocial (résolution 2005/25) ont instamment prié l’OMSd’améliorer l’accès aux analgésiques opioïdes. C’estainsi qu’est né le Programme d’accès aux médicamentssous contrôle, auquel l’Organe participe activement.L’Organe attire depuis de nombreuses annéesl’attention sur ces problèmes, et il continuera depromouvoir le Programme, auquel il exhorte lesgouvernements à accroître leur soutien.24. Outre qu’ils doivent améliorer l’accès auxopioïdes analgésiques, les gouvernements doiventrelever le défi consistant à assurer une offre suffisantede substances placées sous contrôle pour satisfaire lademande croissante de traitement de substitution auxopioïdes, tout en empêchant le détournement de cessubstances à des fins illicites. Dans sa résolution2004/40, le Conseil économique et social soulignaitque le traitement pharmacologiquement etpsychosocialement assisté était l’une des possibilitésde traitement offertes pour améliorer la santé, lebien-être et le fonctionnement social des personnesdépendantes aux opiacés et pour prévenir latransmission du VIH et d’autres maladies à diffusionhématogène. Un tel traitement va de pair avec laréduction de l’usage illicite d’opioïdes, des activitéscriminelles et des décès par surdose 21 .25. L’Organe a conscience du défi que représente laprévention de la transmission du VIH parmi lespersonnes qui s’injectent des drogues, et il admet toutun éventail de modalités de traitement, dont le recoursau traitement de substitution pour la prise en chargedes toxicomanes. Cependant, les drogues desubstitution ne devraient être délivrées que dans lecadre d’un programme faisant l’objet d’unesurveillance médicale et visant l’abstinence effective,__________________20 Organisation mondiale de la santé, note d’informationsur le programme d’accès aux médicaments souscontrôle, mars 2007.21 Organisation mondiale de la santé, Programme commundes Nations Unies sur le VIH/sida et Office des NationsUnies contre la drogue et le crime, “Policy brief:reduction of HIV transmission through drug–dependencetreatment”, Evidence for action on HIV/AIDS andinjecting drug use (WHO/HIV/2004.04).6

E/INCB/2008/1et elles devraient être accompagnées de mesurespropres à prévenir l’abus et le détournement dedrogues.2. Défis d’ordre juridique26. À l’instar des autres traités internationaux, lestrois conventions internationales relatives au contrôledes drogues ne sont pas directement applicables: leursdispositions doivent être transposées dans le droitinterne au moyen de textes législatifs. Il est toutefoisun principe de droit international selon lequel ladéfinition des infractions est du seul ressort des États.Certaines des dispositions des conventions indiquentexpressément que les Parties “prévoiront [...]” ou“fourniront [...]”. D’autres sont conditionnées par cequ’on appelle une clause de sauvegarde: “Comptedûment tenu de leurs régimes constitutionnel, juridiqueet administratif,...” ou “ Sous réserve de ses principesconstitutionnels et des concepts fondamentaux de sonsystème juridique...”.27. Le processus de traduction des obligationsjuridiques de la sphère internationale dans la sphèrenationale peut donner lieu à des divergences entre lesdispositions juridiques nationales et les normesinternationales, et risque d’être teinté de considérationspolitiques. L’Organe apprécie que les systèmesjuridiques nationaux soient pris en considération dansles conventions, mais il craint que des interprétationsdivergentes des obligations internationalesn’affaiblissent l’efficacité globale du régime decontrôle.28. Aux termes de l’article 26 de la Convention deVienne sur le droit des traités de 1969 22 , “tout traité envigueur lie les Parties et doit être exécuté par elles debonne foi”. Aucun État ayant contracté des obligationsinternationales ne peut arguer, pour se défendre de nepas les observer, d’une lacune ou d’une contradictiondans son droit interne 23 . Le fait que certains termesemployés dans les conventions, comme “abus dedrogues”, “fins médicales et scientifiques” ou mesures__________________22 Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1155, n° 18232.23 J. Obitre-Gama, “The application of international lawinto national law, policy and practice”, rapport établi à lademande de l’Organisation mondiale de la santé en vuede la Conférence internationale sur le droit et la lutteantitabac dans le monde: vers une convention-cadre del’OMS pour la lutte antitabac, New Delhi, 7-9 janvier2000.adoptées “en vue de réduire les souffrances humaines”,ne soient pas définis autorise les gouvernements à lesinterpréter de diverses manières. De l’avis de l’Organe,certains gouvernements font de leurs obligationsinternationales une interprétation qui met en cause leurdétermination à poursuivre les objectifs desconventions.29. Selon l’Organe, certaines mesures de “réductiondes risques” ne sont pas conformes aux dispositionsdes conventions et ne sont essentiellement qu’uneforme de contrôle social. Il s’agit notamment del’ouverture d’établissements appelés “coffee shops”,où la vente, la détention et la consommation de petitesquantités de cannabis sont tolérées, et de salles ditesd’injection de drogues, où la détention et laconsommation illicites de substances placées souscontrôle sont permises. L’Organe admet que l’onpuisse prescrire et administrer un stupéfiant ou unesubstance psychotrope sous contrôle médical et dansdes conditions scientifiques, mais il convient de retenirque les Conventions de 1961 et de 1971 n’autorisent nila détention ni l’usage illicites de substances placéessous contrôle qui n’ont pas été médicalementprescrites.30. Dans quelques pays, on est arrivé à une impasseentre droit interne et droit international dansl’application des dispositions relatives à la feuille decoca. Au moment où l’on élaborait la Convention de1961, l’abandon progressif de la culture du cocaïerétait perçu à la fois comme bénéfique pour lespopulations de la sous-région andine et comme unmoyen d’éliminer ou de réduire la fabrication illicite etle trafic de cocaïne au niveau international.Aujourd’hui, un mouvement se développe pour éleverle statut de la feuille de coca au rang de symbole d’uneidentité ethnique et nationale utilisé par les populationsautochtones pour réaffirmer leurs racines culturelles etleurs droits historiques. Quelques gouvernements ontcontinué d’autoriser la culture du cocaïer etl’utilisation des feuilles de coca, voire à encourager cespratiques.31. L’Organe estime que le contrôle des drogues doitêtre pleinement compatible avec le respect des droitsde l’homme, et qu’il l’est. Cependant, les conventionsinternationales relatives au contrôle des droguesn’admettent l’existence d’un “droit” de détenir desstupéfiants ou des substances psychotropes que s’ilssont destinés à être utilisés à des fins médicales ou7

E/INCB/2008/1scientifiques. S’agissant de l’inscription de la feuille decoca au Tableau I de la Convention de 1961, lemessage est clair: l’usage non thérapeutique de cettesubstance sans extraction préalable de ses principauxalcaloïdes actifs, notamment la cocaïne, est interdit. En1992, donnant suite à la demande qui lui a été faite parle Gouvernement bolivien d’examiner la question, leComité d’experts de la pharmacodépendance de l’OMSa décidé de ne recommander aucune modification desmesures de contrôle, considérant que “dans la mesureoù l’on pouvait facilement en extraire la cocaïne, lafeuille de coca était inscrite au tableau approprié” 24 .32. En dépit du fait qu’au moment où elle signait laConvention de 1988, elle avait émis des réserves ausujet du paragraphe 2 de l’article 3, au motif que lesdispositions de ce paragraphe étaient “contraires à sesprincipes constitutionnels et aux conceptsfondamentaux de son système juridique”, la Boliviereste liée, conformément à l’article 25 de laConvention de 1998, par les obligations auxquelles elleavait souscrit au titre de la Convention de 1961.L’Organe rappelle ces obligations au Gouvernementbolivien et l’invite à continuer de s’acquitter de sesobligations conventionnelles internationales.33. L’application incohérente des dispositions sur lecontrôle du cannabis est un enjeu juridique de touteautre nature, aucun gouvernement n’ayant légalisé laculture de cette plante pour un usage non médical. Àl’origine, l’objectif de la Convention de 1961 étaitd’interdire l’usage du cannabis dans quelques pays oùil était traditionnellement destiné à un usage nonmédical. Aujourd’hui, il n’est pratiquement plusquestion d’usage non médical et le cannabis est devenula drogue illicite la plus largement consommée aumonde. Ces deux dernières décennies, de nouvellesformes plus puissantes de cannabis ont été élaborées,essentiellement dans les pays industrialisés. Destechniques de plus en plus sophistiquées étant utilisées,le cannabis est produit aujourd’hui avec une teneurbeaucoup plus élevée en tétrahydrocannabinol (THC)que dans les années 1980. Cette évolution semblecorrespondre à l’augmentation des demandes detraitement pour usage de cannabis dans plusieurs pays.Outre les risques connus du tabac, que l’on mélange__________________24 Comité OMS d’experts de la pharmacodépendance:vingt-huitième rapport, Série de rapports techniques,n° 836 (Genève, Organisation mondiale de la santé,1993).souvent avec du cannabis, certaines données indiquentque la consommation de cannabis pourrait être associéeà un risque accru de troubles psychotiques etschizophréniques.34. L’Organe estime que le cannabis représente undéfi pour plusieurs raisons:a) La tolérance de la consommation ducannabis à des fins récréatives dans de nombreux paysest en contradiction avec son inscription auxTableaux I et IV de la Convention de 1961;b) Le lien entre les politiques relatives aucannabis mises en œuvre dans différents pays et leurimpact sur les modes de consommation illicite dedrogues n’est pas clair;c) Aux yeux du public, l’usage “médical”supposé du cannabis et son usage “à des finsrécréatives” se recouvrent et prêtent à confusion;d) Les pays en développement qui s’emploientà éliminer les cultures illicites de cannabis sontdécouragés par les politiques de tolérance de paysvoisins plus riches et, probablement de ce fait,reçoivent une aide au développement alternatif trèsmodeste.3. Le défi de la prévention35. La question du cannabis est étroitement liée audéfi de la prévention primaire chez les jeunes etd’autres groupes vulnérables à l’usage de droguesillicites, puisque le cannabis tend à être la premièredrogue illicite consommée, et le plus largement. Lebien-être et la protection des jeunes constituent despriorités dans le régime conventionnel mis en place parles Nations Unies: la Convention relative aux droits del’enfant 25 , en son article 33, exige des États partiesqu’ils “prennent toutes les mesures appropriées, ycompris des mesures législatives, administratives,sociales et éducatives, pour protéger les enfants contrel’usage illicite de stupéfiants et de substancespsychotropes, ..., et pour empêcher que des enfants nesoient utilisés pour la production et le trafic illicites deces substances.”36. Au cours du siècle passé, des ressourcesimportantes ont été consacrées à la compréhension desfacteurs de “prévention” et de “risque” qui déterminent__________________25 Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1577, n° 27531.8

E/INCB/2008/1la première prise de drogue. Selon une étude menée surles jeunes de groupes ethniques et autochtones,l’exclusion sociale et l’isolement social, les inégalitéssociales et économiques apparentes et l’absence deréseaux communautaires sont quelques-uns desfacteurs importants de risque 26 . Il ressort égalementd’un examen global des programmes de prévention quel’investissement personnel dans les études et lapoursuite de la scolarité sont des éléments deprotection décisifs de l’environnement structurel quifaçonne le développement des jeunes. L’absentéisme etl’exclusion scolaires peuvent contribuer audéveloppement et à la consolidation de valeurs et deréseaux sociaux qui favorisent une consommationrégulière de drogues, et ils peuvent exacerber lesproblèmes des jeunes les plus marginalisés et les plusvulnérables 27 .37. Le problème de l’abus de drogues ne tient pasnécessairement à l’âge. Les tensions de la vie moderneet la pression constante à la réussite sont souventprésentées dans un langage qui encourage le recours àune assistance pharmacologique. Souvent renforcé parune publicité ciblée, il y a le sentiment que desremèdes artificiels et chimiques peuvent apporter uneréponse aux problèmes de la vie. Les jeunes sontparticulièrement vulnérables aux pressions dumarketing et à l’importance de l’“image”. Selonl’Organe, le défi qui se pose aux gouvernements estdonc de définir et de promouvoir des mesures adaptéesaux différents contextes nationaux, des mesures quisont en adéquation avec une approche plus globale ouplus “écologique” de la santé et du bien-être, et quiencouragent les individus à valoriser et à entretenirleur propre santé.38. À la fin de la période décennale 1998-2007, leDirecteur exécutif de l’ONUDC a noté qu’en dépit dequelques améliorations, les progrès accomplis pourmettre en œuvre la prévention en tant qu’élément de laréponse globale au problème de la drogue avaient été__________________26 La prévention de l’abus de drogues parmi les jeunes desminorités ethniques et autochtones (publication desNations Unies, numéro de vente: F.04.XI.17).27 David Hawks, Katie Scott et Nyanda McBride,Prevention of Psychoactive Substance Use: a SelectedReview of What Works in the Area of Prevention(Genève, Organisation mondiale de la santé, 2002).au mieux modestes 28 . Pour tous les gouvernements,l’un des défis les plus importants est de comprendrequelles sont les politiques de prévention qui marchentet pourquoi. La plupart des États Membres (94 %) ontsignalé avoir mené des campagnes d’informationpublique en 2007, mais seuls la moitié d’entre eux ontindiqué que les résultats des campagnes avaient étéévalués 29 . La première prise de drogues a été identifiéecomme un indice de développement et de gravité deproblèmes sociaux et de santé subséquents pourl’individu et la société dans son ensemble. De ce fait,l’Organe estime qu’il serait économiquement rationnelpour les gouvernements de redoubler d’efforts, de fairepreuve de ténacité et de donner la priorité àl’élaboration de programmes de prévention de l’abusde drogues à l’intention des jeunes et d’autres groupesvulnérables.39. L’Organe a également noté qu’il existait, dansdivers milieux géographiques et socioéconomiques, desprogrammes de prévention de l’abus de drogues fondéssur des données factuelles. Une diffusion plus large desenseignements tirés de ces programmes pourrait aiderles gouvernements à relever le défi de la réduction dela demande de drogues illicites. Tout indique que lesprogrammes de prévention de l’abus de drogues nepeuvent être efficaces que dans les conditionssuivantes:a) Lorsqu’il existe un lien avec la préventiond’autres comportements à problème, l’abus d’alcool oude tabac par exemple 29 ;b) Lorsqu’ils s’appuient sur des informationsfiables sur la nature et l’ampleur de l’abus de drogues,et sur les facteurs de risque et de protection à l’œuvredans la communauté 30 ;c) Lorsqu’ils sont conçus en fonction de l’âge,du genre et de l’appartenance ethnique, tiennentcompte des normes, des valeurs, des aspirations et dulangage propre à la culture des jeunes, et impliquent le__________________28 Cinquième rapport du Directeur exécutif sur le problèmemondial de la drogue: réduction de la demande dedrogues (E/CN.7/2008/2/Add.1, 21 février 2008), par. 10et 42.29 Prévenir la consommation de stimulants de typeamphétamine chez les jeunes: guide pour l’élaborationde politiques et de programmes (publication des NationsUnies, numéro de vente: F.07.XI.7), p. 17.30 Ibid., p. 18.9

E/INCB/2008/1groupe cible dans les phases de planification,d’expérimentation et d’évaluation 31 ;d) Lorsque l’approche n’est pas axéeuniquement sur les drogues; les approches dudéveloppement des aptitudes à la vie sont celles qui sesont révélées les plus efficaces 32 , et les interventionsaxées sur les parents et la famille peuvent être utilespour renforcer les liens de parenté et les rapportsfamiliaux 33 ;e) Lorsque les services sociaux, éducatifs et desanté peuvent repérer les jeunes et les familles plusvulnérables, et leur offrir une aide psychologiqueappropriée;f) Lorsque les campagnes de prévention et lesactivités de proximité correspondantes sontcoordonnées. L’expérience a montré qu’en dépit del’évolution du niveau d’information et desensibilisation, les campagnes médiatiques ne sauraientchanger à elles seules les attitudes ou lescomportements 34 .4. Les défis de la mondialisation40. La mondialisation a été favorisée par desrévolutions technologiques successives qui ont réduitles coûts des transports, de l’information et descommunications, et apporté des bienfaits à denombreuses personnes. Des possibilités plusimportantes s’offrent désormais aux pays endéveloppement de s’intégrer à l’économie mondiale,même si le processus n’est ni parfait ni complet et siles bénéfices n’ont pas été équitablement distribués.Les formations et les connaissances requises par les__________________31 Ibid., p. 20.32 “Cinquième rapport du Directeur exécutif sur leproblème mondial de la drogue: réduction de la demandede drogues” (E/CN.7/2008/2/Add.1, 21 février 2008),par. 14.33 États-Unis d’Amérique, Department of Health andHuman Services, National Institute of Health, PreventingDrug Use among Children and Adolescents: a Research-Based Guide for Parents, Educators, and CommunityLeaders, 2nd ed., NIH publication N° 04-4212(A)(Bethesda, Maryland, National Institute on Drug Abuse,2003), p. 2.34 “Cinquième rapport du Directeur exécutif sur leproblème mondial de la drogue: réduction de la demandede drogues” (E/CN.7/2008/2/Add.1, 21 février 2008),par. 41.technologies et les marchés mondiaux pourraientmarginaliser ou exclure ceux qui n’ont pas les notionsnécessaires, ce qui limite potentiellement, pourquelques pays, groupes sociaux et entreprises, ladisponibilité de nouvelles technologies 35 .41. Le développement des flux d’échanges et del’investissement direct étranger a été accompagné parune influence croissante des sociétés transnationales,avec pour corollaire une influence moins importanteque par le passé des gouvernements sur le monde dutravail, notamment les populations les plus vulnérables.Dans de nombreux pays, on a assisté à un effritementde la protection sociale autrefois assurée par l’État, lesemployeurs et la famille, qui a entraîné une réductiondu capital social.42. D’autres problèmes comme la pauvreté, lechangement climatique, la dégradation del’environnement, les inondations, la sécheresse et larecherche de nouvelles sources d’énergie ont entraînéégalement des pénuries de denrées alimentaires de baseet fait monter les prix des matières premières. Cesrépercussions et d’autres qu’on ignore de la crisefinancière mondiale actuelle peuvent conduire à uneinstabilité sociale et politique, à des conflits autour deressources rares et à des vagues de migrationéconomique. Selon le Centre bruxellois de recherchesur l’épidémiologie des désastres, les déplacements dusaux catastrophes environnementales comme lesinondations et les cyclones ont touché 197 millions depersonnes en 2007, l’Asie étant le continent qui a payéle plus lourd tribut 36 Les flux de réfugiés engendréspar les conflits ont un impact considérable sur les paysen développement: les plus pauvres reçoivent 80 % detous les réfugiés. Selon les données des Nations Unies,on comptait environ 11,4 millions de réfugiés à la finde 2007: l’Iran (République islamique d’) et lePakistan en accueillaient près de 3 millions, quivenaient pour la plupart d’Afghanistan, et la__________________35 Commission économique des Nations Unies pourl’Amérique latine et les Caraïbes, Mondialisation etdéveloppement (LC/G.2157(SES.29/3)), rapport établipour la vingt-neuvième session de la Commission(2002).36 Secrétariat de la Plate-forme mondiale pour la réductiondes catastrophes, “Chiffres concernant les catastrophesen 2007”, (UN/ISDR 200/01, 18 janvier 2008).10

E/INCB/2008/1République arabe syrienne accueillait 1,5 million deréfugiés iraquiens 37 .43. Selon l’Organe, ces nouvelles évolutions posentde sérieux défis aux gouvernements pour ce qui est deleur capacité à s’acquitter des obligations qui leurincombent en matière de contrôle international desdrogues. L’expérience a montré, par exemple, que si,dans les Andes, les petits paysans cultivent de ladrogue, c’est parce qu’ils sont pauvres, vivent dansl’insécurité et sont exclus de la société. Il ne fait aucundoute que face à un chômage élevé, à une faibleprésence et à une perte de crédibilité des pouvoirspublics, la culture et la production de plantes servant àfabriquer des drogues illicites puissent générer desrevenus. Il est également vrai qu’on n’a pas pris toutela mesure de l’offre de moyens de subsistancealternatifs durables dans les zones rurales et urbaines:les projets de développement alternatifs ont touchéenviron 23 % des cultivateurs de plantes servant àfabriquer des drogues illicites dans les Andes etseulement 5 % en Asie 38 . Très peu ont été lancés enAfrique, malgré la culture extensive illicite ducannabis dans cette région et la gravité des problèmesauxquels doivent faire face les populations qui luttentpour leur survie.44. Comme l’a noté l’Organe, le développementalternatif doit surmonter tout un ensemble de défis,dont essentiellement les coûts et la viabilité à longterme des moyens de subsistance. Il faut des ressourcesimportantes pour améliorer les infrastructures dans leszones rurales reculées aux écosystèmes fragiles. Il y aégalement le manque de compétences techniques,l’instabilité des prix du marché des culturesalternatives et l’absence de services publics de santé,d’éducation, de justice, de maintien de l’ordre et decrédit agricole 39 .__________________37 Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés,Tendances mondiales en 2007: Panorama statistique despopulations de réfugiés, de demandeurs d’asile, derapatriés, de personnes déplacées à l’intérieur de leurpays et d’apatrides (Genève, juin 2008).38 “Cinquième rapport du Directeur exécutif sur leproblème mondial de la drogue: plan d’action sur lacoopération internationale pour l’élimination descultures de plantes servant à fabriquer des droguesillicites et les activités de substitution”(E/CN.7/2008/2/Add.2, 17 décembre 2007), par. 9 et 58.39 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2004 (publication des Nations Unies,45. Un nombre croissant de coopératives agricoles deproduits biologiques (café, fruits et autres) participentactuellement au mouvement Fairtrade LabellingOrganizations International (FLO), qui regroupe enpartenariat des initiatives de labellisation d’Amériquedu Nord, d’Europe et d’Océanie, et des réseauxd’associations de producteurs d’Afrique, d’Amériquelatine et des Caraïbes et d’Asie. L’objectif estd’améliorer la position commerciale des associationsde producteurs de l’hémisphère Sud en assurant desmoyens de subsistance durables aux paysans, auxtravailleurs et aux communautés. Environ 600associations de producteurs certifiées de 59 pays sontactuellement membres du FLO, leurs activités profitantà 7 millions de personnes, et près de 2 milliards dedollars des États-Unis ont été dépensés en 2006 par lesconsommateurs sur leurs produits, soit uneaugmentation de 40 % par rapport à 2005 40 . L’Organeest conscient que les projets de développementalternatif mis en œuvre dans les zones où sont cultivéesdes plantes servant à fabriquer des drogues illicitessont confrontés à des problèmes complexes. Il estimecependant que les initiatives comme cellessusmentionnées, qui tirent directement partie del’ouverture de marché par la mondialisation, sont unsigne d’encouragement pour élargir la portée et assurerla viabilité des projets de développement alternatif.46. L’Organe a noté que la déréglementation et lalibéralisation des pratiques commerciales dans lemarché licite avaient de façon générale affaibli lepouvoir régulateur des gouvernements, à savoir lecontrôle qu’ils ont sur le commerce des médicaments,leur accessibilité, leurs prix et les pratiquescommerciales 41 . L’existence de zones de libre-échangerégionales comme l’Accord de libre-échange nordaméricain,le Marché commun du Sud (MERCOSUR)et l’Union européenne, si elle a eu de nombreusesretombées bénéfiques, leur a indirectement rendu plusdifficile la surveillance du mouvement des produitschimiques utilisés à diverses fins industrielleslégitimes pour la fabrication illicite de drogues. Le faitque les progrès techniques permettent de modifier demanière à peine perceptible la structure moléculaire__________________numéro de vente: F.05.XI.3), par. 2740 Voir le site Web de la Fondation Fairtrade(www.fairtrade.org.uk).41 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2000 (publication des Nations Unies,numéro de vente: F.01.XI.1), par. 33 d).11

E/INCB/2008/1des substances et qu’il est désormais possible d’obtenirfacilement toutes sortes de substances pures, a rendufloue la distinction entre fabrication licite et fabricationillicite, puis favorisé l’essor rapide de la synthèseclandestine de “drogues sur mesure”. Aujourd’hui, lescriminels conçoivent et fabriquent des substancespsychotropes dans le but précis de contourner lesrestrictions imposées par les réglementationsinternationales relatives au contrôle des drogues, puisils les mettent en circulation sur les marchés parallèleshors de tout système de contrôle. Ces faits nouveauxposent des défis particuliers pour l’application desconventions internationales relatives au contrôle desdrogues.47. L’Organe est depuis longtemps préoccupé par lerôle d’Internet dans la vente et la distribution dessubstances qui sont soumises à un contrôle et de cellesqui ne le sont pas, et de nombreuses affairesconcernant des pharmacies qui opèrent illégalement surInternet ont été portées à sa connaissance. Il estconscient qu’il est peut-être plus avantageux d’acheterdes produits pharmaceutiques en ligne, notammentdans des régions où les hôpitaux et les établissementspharmaceutiques sont très dispersés, mais il s’inquièteque des pharmacies “illégales” encouragent l’abus dedrogues au sein des groupes vulnérables. AuxÉtats-Unis, où l’abus de médicaments vendus surordonnance chez les jeunes adultes a fortementaugmenté depuis 2002 42 , 34 pharmacies illégales surInternet auraient délivré en 2006 plus de 98 millions dedoses de médicaments contenant de l’hydrocodone.Étant donné que, dans 84 % des cas, aucuneordonnance valide n’était exigée, il va sans dire que lesrisques pour les jeunes et d’autres groupes vulnérablessont élevés 43 .48. Selon l’Observatoire européen des drogues et destoxicomanies, les revendeurs de drogue en ligne ont deplus en plus la possibilité de répandre de nouveauxproduits ou de nouvelles pratiques en matière deconsommation de drogue, et utilisent des stratégies decommercialisation ciblées qui répondent rapidement__________________42 États-Unis, Office of National Drug Control Policy,Current State of Drug Policy: Successes and Challenges(Washington, mars 2008), p. 7.43 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2007..., par. 250 et 251.aux demandes des consommateurs et à l’évolution dumarché et de la situation juridique 44 .49. Convaincu qu’une riposte mondiale coordonnées’impose pour lutter contre la vente illégale demédicaments par des pharmacies sur Internet et dessites Web, l’Organe a élaboré les Principes directeurs àl’intention des gouvernements pour la prévention de lavente illégale via l’Internet de substances placées souscontrôle international 45 . Celles-ci comprennent desrecommandations sur les mesures à prendre auxniveaux national et multilatéral pour faciliter lacoopération, les mesures d’ordre légal commel’enregistrement et l’octroi de licence aux pharmaciessur Internet, et les campagnes de sensibilisation auxrisques liés aux achats en ligne.50. Un autre problème grave qui interpelle lesorganismes de santé publique et de contrôle desdrogues et qui est lié à l’augmentation des ventesillégales de médicaments sur Internet: la promotion etla vente de médicaments contrefaits, définis par l’OMScomme “tout médicament présentant une falsificationdélibérée et frauduleuse concernant son identité et/ousa source”. L’OMS, qui a lancé le Groupe spécialinternational chargé de la lutte contre les contrefaçonsde produits médicaux (IMPACT), estime que 7 à 10 %des produits pharmaceutiques sont contrefaits. Danscertains pays africains, ces chiffres pourraient allerjusqu’à 30 à 40 %. Selon une étude menée auxÉtats-Unis, les recettes mondiales de la vente demédicaments contrefaits atteindront 75 milliards dedollars des États-Unis en 2010, soit une augmentationde plus de 90 % par rapport à 2005 46 .51. Les médicaments contrefaits violent lesdispositions relatives à la propriété intellectuelle etconstituent un crime économique, et ils portent aussiatteinte aux systèmes nationaux de soins de santé,provoquent une perte de confiance dans les systèmes__________________44 Observatoire européen des drogues et des toxicomanies,Rapport annuel 2007: État du phénomène de la drogueen Europe (Luxembourg: Office des publicationsofficielles des Communautés européennes, 2007) p. 76.45 “Lignes directrices à l’intention des gouvernements pourla prévention de la vente illégale via Internet desubstances placées sous contrôle international”, àparaître comme publication des Nations Unies.46 Organisation mondiale de la santé, Aide-mémoire,Médicaments et contrefaits, n° 275 (version révisée),novembre 2006.12

E/INCB/2008/1de contrôle des drogues et les organismes de détectionet de répression, et exposent les utilisateurs à de gravesrisques de santé. Il va de soi que la contrefaçon estbeaucoup plus importante dans les régions où lasurveillance réglementaire est très faible et où lespopulations vulnérables peuvent être plus facilementexploitées. S’il est vrai que ce phénomène est devenuune activité criminelle internationale lucrative, forceest de reconnaître aussi que la réponse des organismesde détection et de répression est encore inefficace,faible et plutôt axée sur les objets de contrefaçoncomme les sacs à main et les montres. La technologieavance beaucoup plus vite que l’environnementréglementaire, et il n’y a pas de règles généralementreconnues au niveau international 47 .52. Une analyse de la criminalité prévoyait il y aquelques années que la cybercriminalité, qui peut sedéfinir comme comprenant les infractions facilitées parou commises contre les moyens de communicationélectroniques, se développerait à partir de pays nedisposant guère, voire pas du tout, de législation contrela cybercriminalité ni de moyens pour appliquer unetelle législation. Aujourd’hui, selon les informationsdisponibles, les trafiquants de drogues seraient ceuxqui auraient le plus recours au cryptage pour envoyerdes messages sur Internet, et ils seraient capables des’offrir les services d’informaticiens de haut niveaupour échapper à la police, coordonner les envois dedrogues illicites et blanchir de l’argent. La Conventionsur la cybercriminalité 48 , entrée en vigueur le 1 er juillet2004, est à ce jour le seul traité multilatéral às’attaquer à ce problème. Élaboré par les Étatsmembres du Conseil de l’Europe, l’Afrique du Sud, leCanada, les États-Unis et le Japon, il se veut non pasun instrument européen, mais un instrument mondialqui emporte l’adhésion de tous les continents.53. Les défis du système international de contrôle desdrogues sont à tout le moins aussi redoutablesaujourd’hui qu’il y a un siècle et ils sont peut-être pluscomplexes. Les conventions restent encore trèspertinentes au regard des problèmes et enjeux de notreépoque; de fait, elles sont même peut-être plusnécessaires aujourd’hui que par le passé. Face àl’augmentation des besoins mondiaux de stupéfiants et__________________47 Institut interrégional de recherche des Nations Unies surla criminalité et la justice (UNICRI), Counterfeiting: aGlobal Spread, a Global Threat (Turin (Italie), 2007).48 Conseil de l’Europe, Série des traités européens, n° 185.de substances psychotropes, les conventionsconstituent le cadre qui permet de faire en sorte que lademande à des fins licites et médicales corresponde àune offre mondiale suffisante. Dans un contexte où lamondialisation a affaibli le pouvoir des gouvernementset renforcé l’emprise des entreprises, la nécessité d’unesurveillance multilatérale indépendante rigoureuse estd’autant plus justifiée. Le contrôle international desdrogues sera efficace s’il peut compter de plus en plussur un système des Nations Unies fort pour promouvoirla santé et le bien-être universels dans un espritd’impartialité et de responsabilité.54. Sans prétendre à la perfection, le régimeinternational de contrôle des drogues a honorablementrésisté à l’épreuve du temps. Il peut à n’en point douterêtre encore amélioré et, pour ce faire, il existe desprocédures de modification. L’Organe est conscient desdifficultés auxquelles se heurtent les gouvernementspour s’acquitter des obligations qui leur incombent envertu des traités internationaux et il les invite à adopterdes approches constructives pour les surmonter et nonà rechercher des solutions individuelles qui pourraientcompromettre la cohérence et l’intégrité du régimeinternational de contrôle des drogues.D. Recommandations55. Pour appliquer plus efficacement les conventionsinternationales relatives au contrôle des drogues,l’Organe:a) Invite les gouvernements à réfléchir auxmeilleurs moyens de garantir le fonctionnementefficace des Conventions de 1961, de 1971 et de 1988;b) Encourage les gouvernements à s’investirdavantage dans la prévention, en particulier au profitdes jeunes et des groupes vulnérables, et à tirer parti del’expérience et des meilleures pratiques éprouvées dansdivers milieux;c) Invite les gouvernements à analyser lesdifférences entre les législations nationales etinternationales pour s’acquitter des obligations qui leurincombent en vertu des conventions internationalesrelatives aux drogues et, dans ce contexte, à faire lapreuve de leur “bonne foi” dans la poursuite desobjectifs des conventions;13

E/INCB/2008/1d) Encourage les gouvernements des pays oùla consommation d’analgésiques opioïdes est faible àpromouvoir une utilisation rationnelle de cessubstances par les mesures préconisées par leProgramme d’accès aux médicaments placés souscontrôle, et à s’assurer que de telles incitations sontaccompagnées par d’autres mesures visant à prévenir ledétournement de ces substances; et suggère (comme ill’a fait dans son rapport pour 1999) 49 que lesgouvernements puissent envisager de collaborer avecl’industrie pharmaceutique pour rendre lesanalgésiques opioïdes de qualité plus abordables dansles pays les plus pauvres et pour que ceux qui mettenten place des programmes d’aide internationale puissentenvisager de faire don de médicaments essentiels dansle cadre de leurs programmes;e) Recommande aux gouvernements d’étudierle modèle Fairtrade (www.fairtrade.org.uk) dans ledessein d’améliorer la position commerciale et l’accèsaux marchés des produits issus des projets dedéveloppement alternatif dans les régions touchées parles cultures illicites de plantes servant à fabriquer desdrogues, en tenant compte dans chaque cas des facteursde pertinence et de faisabilité;f) Invite instamment les gouvernements àutiliser les Principes directeurs à l’intention desgouvernements pour la prévention de la vente illégalevia l’Internet de substances placées sous contrôleinternational;g) Encourage les gouvernements à soutenir lesinitiatives multilatérales contre la cybercriminalité.__________________49 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 1999...14

E/INCB/2008/1II. Fonctionnement du système international de contrôle des droguesA. Stupéfiants1. État des adhésions à la Convention unique surles stupéfiants de 1961 et à cette convention telleque modifiée par le Protocole de 197256. Au 1 er novembre 2008, les États parties à laConvention de 1961 ou à la Convention telle quemodifiée par le Protocole de 1972 50 étaient au nombrede 186, dont 183 étaient parties à la Convention telleque modifiée. L’Afghanistan, la Républiquedémocratique populaire lao et le Tchad sont toujoursparties à la Convention sous sa forme non modifiée.L’Organe engage à nouveau ces trois États à adhérerdès que possible au Protocole de 1972 portantmodification de la Convention de 1961. Au total, huitÉtats ne sont pas encore parties à la Convention de1961: un État en Afrique (Guinée équatoriale), un enAsie (Timor-Leste) et six en Océanie (îles Cook,Kiribati, Nauru, Samoa, Tuvalu et Vanuatu). L’Organedemande à nouveau à ces États de devenir sans tarderparties à la Convention de 1961. Il est particulièrementpréoccupé par le nombre d’États d’Océanie qui ne sontpas encore devenus parties à la Convention de 1961.2. Coopération avec les gouvernementsPrésentation de statistiques annuelles ettrimestrielles sur les stupéfiants57. Les Parties à la Convention de 1961 sont tenues,en vertu de son article 20, de présenter des statistiquesconcernant les stupéfiants. Les données statistiques etautres informations que l’Organe reçoit des Étatsparties servent à suivre les activités licites faisantintervenir des stupéfiants menées partout dans lemonde. Ces statistiques permettent ainsi à l’Organe dedéterminer dans quelle mesure les gouvernementsrespectent les dispositions de la Convention leurfaisant obligation de limiter aux seules fins médicaleset scientifiques la fabrication, le commerce etl’utilisation licites de ces substances, tout en veillant àce qu’elles soient disponibles à des fins légitimes.58. Les Parties à la Convention de 1961 doiventprésenter à l’Organe des rapports statistiques annuels__________________50 Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 976, n° 14152.sur la production, la fabrication, la consommation, lesstocks et les saisies de stupéfiants, ainsi que desstatistiques trimestrielles sur les importations etexportations de ces substances. Au 1 er novembre 2008,168 États et territoires au total avaient communiquédes statistiques annuelles pour 2007. Ce chiffrereprésente 80 % des 211 États et territoires tenus de lefaire. Des statistiques trimestrielles sur lesimportations et exportations ont été présentées pour2007 par 188 États et territoires en tout, soit 89 % des211 États et territoires tenus de le faire. Le taux deprésentation des statistiques annuelles et desstatistiques trimestrielles est semblable à celui desannées précédentes. On trouvera le détail desstatistiques reçues, ainsi que des données sur lerespect, par les différents États parties, de leursobligations en matière de communicationd’informations, dans le rapport technique de l’Organesur les stupéfiants pour 2008 51 .59. Quelques États, dont la Belgique, la Chine, lesÉtats-Unis d’Amérique, l’Iran (République islamiqued’) et les Pays-Bas, n’ont pas présenté les statistiquesrequises en 2008 à la date voulue. La présentationtardive des rapports empêche l’Organe de bien suivreles activités licites liées aux stupéfiants et l’oblige àretarder son analyse de la disponibilité de stupéfiants àdes fins légitimes dans le monde et de l’équilibre, àl’échelle mondiale, entre l’offre et la demande dematières premières opiacées.60. Le retard avec lequel les statistiques requises sontprésentées à l’Organe s’explique par des motifs quidiffèrent selon les pays et qui peuvent être notammentle manque de personnel qualifié, de ressourcesfinancières et de moyens techniques. L’Organe aexaminé la question en détail dans son rapport annuelpour 2007 52 . Il tient à exprimer à nouveau sapréoccupation devant le fait que certainsgouvernements accordent de moins en moinsd’attention au contrôle des stupéfiants fabriquéslicitement, et ce en dépit de l’abus croissant de cessubstances. Il invite une fois de plus les gouvernements__________________51 Stupéfiants: Évaluations des besoins du monde pour2009; Statistiques pour 2007…52 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2007…, par. 236 à 241.15

E/INCB/2008/1intéressés à dégager des ressources suffisantes pourveiller à ce que les autorités compétentes s’acquittentintégralement de leurs fonctions de contrôle et, enparticulier, présentent les rapports requis par laConvention de 1961.61. L’Organe aide les gouvernements à s’acquitterdes obligations que leur impose la Convention de 1961en matière de communication d’informations. Il a ainsi,en 2008 comme par le passé, donné à plusieursgouvernements qui en avaient fait la demande desexplications sur certaines questions se rapportant à cesobligations. L’Organe a élaboré à l’usage des autoritésnationales compétentes des supports de formation surle contrôle des stupéfiants et des directives sur lacommunication d’informations relatives à cessubstances qui sont disponibles sur son site Web(www.incb.org). Les obligations qui incombent auxÉtats parties en matière de communicationd’informations ont fait l’objet de discussions lors d’uneconsultation informelle que l’Organe a organisée pourcertains gouvernements au cours de la cinquante etunième session de la Commission des stupéfiants, enmars 2008. L’Organe encourage tous lesgouvernements à lui demander toute information dontils pourraient avoir besoin sur le contrôle desstupéfiants en vertu de la Convention de 1961, ycompris sur les obligations en matière decommunication d’informations.Présentation des évaluations des besoins enstupéfiants62. Le régime des évaluations des besoins enstupéfiants est un outil très important pour le contrôleinternational des stupéfiants. Il importe au plus hautpoint que les pays appliquent intégralement etjudicieusement le régime des évaluations s’ils veulentque le système international de contrôle des stupéfiantsfonctionne bien. Le niveau des évaluations devrait êtretel qu’il permette d’assurer l’accès aux stupéfiants pourles besoins médicaux et d’empêcher leur détournementvers des circuits illicites.63. Au 1 er novembre 2008, 167 États et territoires autotal avaient communiqué des évaluations de leursbesoins en stupéfiants pour 2009; ce chiffre représente79 % des 211 États et territoires tenus de communiquerdes statistiques annuelles pour confirmation parl’Organe. Le taux de présentation des évaluations estsemblable à celui des années précédentes. Cependant,dans le cas d’un certain nombre d’États et de territoiresqui ne les ont pas communiquées à temps pour qu’ellespuissent être examinées et confirmées, l’Organe a dûétablir lui-même des évaluations, conformément auparagraphe 3 de l’article 12 de la Convention de 1961.Pour établir des évaluations, l’Organe se fonde sur lesévaluations et statistiques fournies précédemment parles gouvernements concernés. Pour les pays qui n’enont pas présenté pendant plusieurs années, lesévaluations établies par l’Organe peuvent êtreinférieures aux évaluations communiquées auparavant,par mesure de précaution pour prévenir toutdétournement. C’est pourquoi les gouvernementsconcernés sont instamment priés d’étudier leursbesoins en stupéfiants pour 2009 et de fournir leurspropres évaluations à l’Organe pour confirmation, afind’éviter toute éventuelle difficulté à importer lesquantités nécessaires à des fins légitimes dans le pays.64. L’Organe publie les évaluations pour tous lespays et territoires dans son rapport technique sur lesstupéfiants. Les mises à jour, qui tiennent comptenotamment des évaluations supplémentaires fourniespar les gouvernements, peuvent être consultées sur sonsite Web.65. L’Organe examine les évaluations annuelles qu’ilreçoit des gouvernements en vue de limiter l’utilisationdes stupéfiants à la quantité nécessaire pour les besoinsmédicaux et scientifiques et d’assurer unapprovisionnement suffisant à ces fins. Lorsque cesévaluations lui semblent inadéquates, il prie lesgouvernements concernés d’ajuster leurs chiffres ou dedonner des explications. En 2008, l’Organe a, pourl’essentiel, constaté avec satisfaction que lesgouvernements à qui il avait adressé une demande ence sens y avaient donné rapidement suite.66. Les évaluations supplémentaires sont un outilimportant pour répondre à l’insuffisance desstupéfiants disponibles. L’Organe engage tous lesgouvernements à déterminer leurs besoins annuels enstupéfiants le plus précisément possible, de sorte qu’ilsn’aient à communiquer d’évaluations supplémentairesqu’en cas de circonstances imprévues ou lorsque lesprogrès de la médecine, notamment l’utilisation denouveaux médicaments, et la recherche scientifiqueentraînent de nouveaux besoins en stupéfiants.16

E/INCB/2008/1Déficiences dans la communication de statistiqueset d’évaluations67. Lorsqu’il analyse les statistiques et évaluationsreçues, l’Organe porte à l’attention des gouvernementsconcernés les anomalies constatées dans leurs rapportset leur demande de les rectifier et de résoudre lesproblèmes qui les ont occasionnées. Les défaillancesconstatées dans les rapports présentés par les États sontparfois dues à des problèmes liés à l’application desdispositions de la Convention, par exemple des lacunesdans la législation ou les réglementationsadministratives nationales ou le fait que certainstitulaires de licence ne s’acquittent pas des obligationsqui sont les leurs en vertu de la législation nationale,notamment pour ce qui est de soumettre en tempsvoulu aux autorités nationales des rapports exacts surles opérations faisant intervenir des stupéfiants.L’Organe invite à nouveau tous les gouvernementsconcernés à déterminer les causes des déficiencesconstatées dans les rapports statistiques et/ou lesévaluations qui lui sont communiqués en vue d’yremédier et de fournir les renseignements voulus.68. L’Organe constate que certains gouvernementsprésentent les mêmes évaluations année après année. Illeur demande donc d’évaluer régulièrement leursbesoins en stupéfiants pour veiller à ce que lesévaluations qu’ils lui soumettent pour confirmationreflètent leurs besoins effectifs en stupéfiants pendantl’année considérée. Il se tient à la disposition de tousles gouvernements pour leur donner les explicationsnécessaires concernant le régime des évaluations desbesoins en stupéfiants.3 Prévention du détournement de stupéfiants versle trafic illiciteDétournement du commerce international69. Le régime de contrôle prévu dans la Conventionde 1961 protège efficacement le commerceinternational de stupéfiants contre les tentatives dedétournement vers les circuits illicites. En 2008 commeces dernières années, aucun cas de détournement ducommerce international licite vers le trafic illicite n’aété détecté.70. L’efficacité du régime de contrôle du commerceinternational de stupéfiants est imputable pour unelarge part à la vigilance avec laquelle les paysexportateurs autorisent les exportations de stupéfiants.La très grande majorité des pays exportateursobservent rigoureusement les limites auxquelles lespays importateurs sont astreints en vertu du régime desévaluations des besoins. En 2008, cependant, commeles années précédentes, l’Organe a détecté un petitnombre de cas où l’on avait autorisé l’exportation destupéfiants en quantités excédant les évaluations despays importateurs concernés, en contrevenant auxdispositions de l’article 31 de la Convention de 1961.L’exportation de quantités supérieures aux évaluationsétablies par le pays importateur peut se traduire par undétournement de stupéfiants vers les circuits illicites.L’Organe a donc rappelé aux gouvernements intéressésqu’ils étaient tenus de se conformer aux dispositions del’article 31 et il leur a demandé, à chaque fois qu’ilsautoriseraient à l’avenir des exportations destupéfiants, de toujours vérifier les évaluationsannuelles des besoins de chaque pays et territoireimportateur qu’il publie.71. L’Organe prend note d’une enquête menée auDanemark et en Norvège sur la disparition d’un envoide 15 kg de phosphate de codéine expédié par aviond’Oslo à Singapour via Copenhague mais non arrivé àdestination. L’Organe encourage tous lesgouvernements à faire en sorte que les négociants ettransporteurs de substances placées sous contrôleinternational appliquent des mesures de sûreté et desécurité adéquates lorsqu’ils transportent de tellessubstances. Lorsqu’un envoi est perdu ou volé, les paysdoivent mener les investigations appropriées pour endéterminer les circonstances.Détournement des circuits de distributionnationaux72. De plus en plus de pays doivent faire face audétournement et à l’abus de préparationspharmaceutiques contenant des stupéfiants. Lesstupéfiants le plus souvent en cause sont notamment lacodéine, le dextropropoxyphène, la dihydrocodéine, lefentanyl, l’hydrocodone, la méthadone, la morphine,l’oxycodone, la péthidine et la trimépéridine. Lesdonnées reçues des gouvernements portent l’Organe àpenser que, dans certains pays, les préparationspharmaceutiques contenant des stupéfiants dont l’abusest le plus fréquent sont généralement celles qui sontaussi les plus vendues sur le marché licite. L’Organeengage tous les gouvernements concernés à lutterefficacement contre le détournement et l’abus de tellespréparations.17

E/INCB/2008/173. Un grand nombre de pays ont signalé que lespréparations pharmaceutiques contenant desstupéfiants donnaient lieu à des abus. Dans certainspays, l’abus de ces préparations dépasse en ampleurl’abus des drogues fabriquées ou produites illicitement.Ainsi, aux États-Unis, l’abus de préparationspharmaceutiques, en particulier de celles quicontiennent de l’oxycodone et de l’hydrocodone,dépasse l’abus de n’importe laquelle des droguesfabriquées ou produites illicitement, à l’exception ducannabis (voir également par. 445 et 446 ci-après).74. Ceux qui abusent de préparationspharmaceutiques contenant des stupéfiants pensentsouvent à tort que ces préparations ne sont pas nocives.Cette idée fausse est peut-être imputable en partie aufait que ces préparations sont souvent largementdisponibles. Les gouvernements doivent porter uneattention accrue au détournement et à l’abus de cespréparations. En particulier, ils devraient inclure desquestions à ce sujet dans les enquêtes nationales surl’abus de drogues afin de recueillir des informationssur la nature et l’étendue du problème. Il faut que lesgouvernements concernés appellent l’attention dupublic, dans leurs programmes de prévention de l’abusde drogues, sur les risques considérables associés àl’abus de préparations pharmaceutiques contenant desstupéfiants.75. L’abus de préparations pharmaceutiquescontenant des stupéfiants constitue un risque gravepour la santé. Par exemple, des décès liés à l’abus deméthadone ont été observés dans plusieurs pays. Danscertains États des États-Unis, les préparationscontenant de la méthadone sont mentionnées plussouvent que l’héroïne parmi les causes de décès. AuRoyaume-Uni, la méthadone a été au premier semestrede 2007 plus souvent citée comme cause de décès quetoute autre drogue psychoactive, héroïne/morphineexceptée.76. L’Organe a maintes fois appelé l’attention desgouvernements sur les informations concernant l’abusde timbres de fentanyl reçues de plusieurs pays. Dansson rapport annuel pour 2007, il a évoqué en particulierle détournement et l’abus de timbres usagés et jetés quicontenaient des quantités non négligeables de fentanyl.Tout en reconnaissant que les timbres de fentanylavaient une utilité médicale pour la prise en charge dela douleur, il a recommandé aux gouvernements deprendre des mesures particulières pour traiter lestimbres de fentanyl usagés 53 .77. L’Organe demande aux gouvernements des paysoù sont fabriqués des timbres de fentanyl derechercher, avec l’industrie pharmaceutique, le moyende réduire le contenu résiduel des timbres usagés. Lecontenu résiduel des timbres varie considérablement,ce qui pourrait permettre aux entreprisespharmaceutiques d’investir dans des types de timbresayant un moindre contenu résiduel. Indépendammentdes efforts de l’industrie, les gouvernements sont priésde veiller à ce que le traitement de ces timbres se fassedans des conditions de sécurité et sûreté adéquatespour empêcher tout détournement vers les marchésillicites.78. En Allemagne, en Belgique et en Irlande, où destimbres de fentanyl sont fabriqués, des mesures decontrôle spécifiques ont été introduites au stade de lafabrication pour prévenir tout détournement vers lemarché illicite de matières inutilisées et/ou restantes.L’Organe encourage les gouvernements de tous lesautres pays dans lesquels on fabrique des timbres defentanyl et qui voudraient en savoir plus au sujet de cesmesures de contrôle à se mettre en rapport avec luipour qu’il puisse leur communiquer un complémentd’information.79. L’abus de préparations pharmaceutiquescontenant des stupéfiants n’est pas toujours causé parla dépendance au stupéfiant contenu dans lapréparation. En Allemagne, par exemple, despréparations pharmaceutiques contenant de la tilidineont été détournées et consommées par les membres degangs de rues pour réduire la sensibilité à la douleur enprévision de bagarres entre bandes. De tellesutilisations non médicales de stupéfiants constituent unabus et peuvent entraîner une toxicodépendance.L’Organe invite tous les gouvernements à faire preuvede vigilance pour faire face à cette forme d’abus depréparations pharmaceutiques contenant desstupéfiants et à prendre des mesures pour empêcherque ces préparations ne soient détournées.80. L’Organe engage aussi les gouvernements àdemeurer vigilants en ce qui concerne l’abus depréparations pharmaceutiques contenant des substancesqui ne sont pas placées sous contrôle international. Parexemple, l’abus de dextrométhorphane, substance qui a__________________53 Ibid., par. 242 à 249.18

E/INCB/2008/1été exclue du Tableau I de la Convention de 1961 etqui n’est donc pas placée sous contrôle international,semble progresser. Comme des préparations contenantdu dextrométhorphane sont vendues sans ordonnance,les gouvernements voudront peut-être examiner si desmesures de contrôle supplémentaires ne s’imposent pas(voir par. 467 ci-dessous).4. Usage impropre de la paille de pavot pour lafabrication illicite de drogues81. Jusqu’au milieu des années 1990, l’abusd’extraits de paille de pavot contenant des alcaloïdesétait dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientalela forme la plus grave d’abus de drogues. Dans cespays, le pavot à opium était cultivé essentiellement àdes fins culinaires. L’Organe a recommandé que lesgouvernements concernés appliquent différentesmesures visant à renforcer, selon leur situationspécifique, les mesures nationales de contrôle de laculture du pavot à opium; celles-ci vont de ladélivrance de licences pour la culture et de lapromotion de variétés à faible teneur en morphine àune interdiction totale de la culture du pavot à opium,comme le prévoit l’article 22 de la Convention de 196182. L’Organe a reçu des informations sur l’usageimpropre de la paille de pavot de la part des pays où lepavot à opium était cultivé illicitement. Il note que,dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale,différentes mesures ont été prises pour empêcher lemésusage de paille de pavot, conformément à sesrecommandations. De ce fait, l’usage abusif de paillede pavot pour la fabrication illicite d’alcaloïdes adiminué dans la plupart des pays de ces sous-régions.Le recul de l’abus d’extraits de paille de pavot étaitcependant aussi imputable à la plus grandedisponibilité et à l’abus croissant d’autres opioïdes, enparticulier d’héroïne.83. Le mode d’abus des opioïdes peut varier dans lesdifférentes régions d’un même pays. Selon lesdernières informations communiquées par leGouvernement polonais, la proportion de toxicomanesadmis pour traitement à Varsovie qui déclaraient avoirconsommé des extraits de paille de pavot dans les30 jours précédant le début de leur traitement esttombée de près de 35 % en 1995 à moins de 2 %en 2005. À Cracovie, cependant, ce chiffre était de20 % en 2005.84. En Ukraine, ce sont les extraits de paille de pavotqui continuent de poser le plus sérieux problème enmatière d’abus de drogues; 98 % des toxicomanesinjecteurs du pays en feraient abus. La culture licite dupavot à opium à des fins culinaires s’est développéeces dernières années en Ukraine et la paille de pavotprovenant de cette culture licite a été détournée pourdes usages illicites. L’Organe demande auGouvernement ukrainien de prendre des mesuresefficaces pour prévenir le mésusage de paille de pavotpour la fabrication illicite de drogues (voir par. 734 à736 ci-après). En outre, l’Organe encourage lesgouvernements de tous les pays de la région àdemeurer vigilants en ce qui concerne la fabricationillicite et l’abus d’extraits de paille de pavot.85. L’usage impropre de paille de pavot estextrêmement limité dans les pays où le pavot à opium àforte teneur en morphine est cultivé pour l’extractiond’alcaloïdes. La raison en est l’adoption, dans laplupart de ces pays, d’un régime d’autorisation de laculture du pavot à opium et le contrôle exercé par lesorganes de réglementation et les services de répressionsur les producteurs et les usagers industriels de lapaille de pavot, conformément aux recommandationspertinentes de l’Organe.86. Par suite du perfectionnement des méthodes deculture du pavot à opium destiné à l’extractiond’alcaloïdes, la concentration d’alcaloïdes a beaucoupaugmenté dans la plante, ce qui accroît les risquesd’usage impropre. Dans certains pays où l’on produitde la paille de pavot pour en extraire des alcaloïdes,aucun régime d’autorisation n’a été mis en place pourcontrôler la culture du pavot à opium et des régimes decontrôle moins rigoureux continuent d’exister, parexemple un système d’enregistrement des cultivateursou de contrats obligatoires entre les producteurs etl’entreprise qui achète la paille de pavot. L’Organedemande aux gouvernements de tous les pays où lepavot à opium est cultivé pour l’extraction d’alcaloïdesde rester vigilants pour parer aux dangers dedétournement de stupéfiants de ces cultures. L’Organerecommande aux gouvernements des pays producteursqui ne l’ont pas encore fait de mettre en place unrégime d’autorisation de la culture du pavot à opium.19

E/INCB/2008/15. Contrôle du commerce de graines de pavot àopium87. Dans sa résolution 1999/32, le Conseiléconomique et social a invité les États Membres àprendre les mesures suivantes pour lutter contre lecommerce international de graines de pavot à opiumprovenant de pays où il n’existe pas de culture licite dupavot à opium:a) Les graines de pavot ne doivent êtreimportées que de pays où le pavot à opium est cultivéde manière licite, conformément aux dispositions de laConvention de 1961;b) Les gouvernements sont encouragés, dans lamesure du possible et lorsque les circonstancesnationales l’exigent, à obtenir des pays exportateurs uncertificat approprié sur le pays d’origine des graines depavot à opium en tant que condition de l’importation età notifier aux autorités compétentes des paysimportateurs les exportations de graines de pavot àopium;c) Les informations relatives à toutetransaction suspecte relative aux graines de pavotdevraient être portées à l’attention des autresgouvernements intéressés et de l’Organe.88. L’Organe a, à maintes reprises, encouragé lesgouvernements à appliquer la résolution 1999/32 duConseil économique et social et a rendu compte ducontrôle du commerce de graines de pavot à opiumdans différents pays 54 . Dans sa résolution 51/15, laCommission des stupéfiants a prié l’Organe derassembler des informations concernant l’applicationde la résolution 1999/32 du Conseil par les ÉtatsMembres et d’en faire part aux États Membres. À cettefin, l’Organe a adressé un questionnaire auxgouvernements des pays les plus concernés par lecommerce international de graines de pavot ainsiqu’aux pays voisins de ceux où le pavot à opium estcultivé illicitement. Plusieurs gouvernements ont déjàrépondu au questionnaire. L’Organe ne doute pas queles autres gouvernements intéressés fourniront euxaussi les informations demandées. Il examinera lesinformations reçues des gouvernements et rendracompte des résultats de cette analyse dans son rapportpour 2009.__________________54 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2005…, par. 76 à 78.6. Mesures visant à garantir la disponibilité destupéfiants à des fins médicalesOffre et demande de matières premières opiacées89. Conformément aux dispositions de la Conventionde 1961 et aux résolutions pertinentes de laCommission des stupéfiants et du Conseil économiqueet social, l’Organe examine régulièrement les questionsqui touchent l’offre et la demande de matièrespremières opiacées. En coopération avec lesgouvernements, il s’efforce de maintenir un équilibredurable entre l’offre et la demande. On trouvera uneanalyse circonstanciée de la situation actuelle de l’offreet de la demande de matières premières opiacées dansle monde dans le rapport technique de l’Organe sur lesstupéfiants pour 2008 55 .90. L’Organe se fonde, pour son analyse de l’offre etde la demande, sur les informations reçues desgouvernements des pays producteurs de matièrespremières opiacées ainsi que des pays où cessubstances sont utilisées pour la fabrication d’opiacésou de substances non visées par la Convention de1961. L’Organe demande aux gouvernements des paysqui produisent et/ou utilisent des matières premièresopiacées de veiller à ce que leurs évaluations et leursstatistiques soient de bonne qualité et de le tenirinformé de tout fait nouveau pouvant influer surl’évolution future de l’offre et de la demande de cessubstances.91. Pour que des opiacés soient disponibles à toutmoment à des fins médicales et scientifiques, les stocksmondiaux de matières premières opiacées doivent êtretels qu’ils permettraient de satisfaire la demandemondiale pendant environ un an 56 . À la fin de 2007, lesstocks totaux de matières premières opiacées riches enmorphine représentaient plus de 15 mois de demandemondiale. Les stocks totaux de matières premièresopiacées riches en thébaïne étaient suffisants pourrépondre à la demande mondiale pendant moins d’unan, mais ce déficit était compensé par l’importance desstocks de thébaïne et d’opiacés dérivés de la thébaïnequi étaient suffisants, à la fin de 2007, pour satisfaire lademande mondiale pendant près de 22 mois.__________________55 Stupéfiants: Évaluations des besoins du monde pour2009; Statistiques pour 2007...56 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2005..., par. 85.20

E/INCB/2008/192. En 2008, par suite de conditions météorologiquesdéfavorables, la production de matières premièresopiacées riches en morphine est restée en deçà desprévisions dans plusieurs pays. Toutefois, l’offremondiale de ces matières premières (production etstocks) est restée amplement suffisante pour satisfairela demande mondiale.93. Pour 2009, les gouvernements des paysproducteurs envisagent d’accroître la superficie descultures de pavot à opium riche en morphine pour faireen sorte que la production soit suffisante pour satisfairela demande de l’année et accroître les stocks.94. S’agissant des matières premières opiacées richesen thébaïne, il ressort des informations dont l’Organedispose qu’à l’échelle mondiale, la production adépassé la demande en 2008. Selon les plans des paysproducteurs, tel sera également le cas en 2009. Lesstocks de ces substances atteindront probablement unniveau supérieur à un an de demande. L’offre mondialede matières premières opiacées riches en thébaïne(production et stocks) continuera d’être amplementsuffisante pour satisfaire la demande mondiale.95. La demande mondiale continue d’augmenter pourles deux types de matières premières opiacées: cellesqui sont riches en morphine et celles qui sont riches enthébaïne. Il est à prévoir que, par suite des effortsdéployés par l’Organe et par l’OMS pour garantir ladisponibilité d’une quantité suffisante d’analgésiquesopioïdes, la demande mondiale d’opiacés et dematières premières opiacées continuera d’augmenter(voir par. 102 et 103 ci-après).Prévention de la prolifération de la production dematières premières opiacées96. Conformément aux résolutions pertinentes de laCommission des stupéfiants et du Conseil économiqueet social, l’Organe lance un appel à tous lesgouvernements pour qu’ils contribuent au maintiend’un équilibre entre l’offre et la demande licites dematières premières opiacées et qu’ils coopèrent afin deprévenir la prolifération des sources de production.Dans sa résolution 51/9, la Commission des stupéfiantsa exhorté les gouvernements de tous les pays où iln’existait pas de culture du pavot à opium aux fins dela production licite de matières premières opiacées à nepas se lancer dans la culture commerciale de cetteplante afin d’empêcher la prolifération des sitesd’approvisionnement. L’Organe demande à tous lesgouvernements de se conformer à la résolution 51/9 dela Commission.Culture de Papaver bracteatum et utilisationcomme matière première pour la fabricationd’opiacés97. Papaver bracteatum est une variété de pavot àopium pour laquelle la Convention de 1961 telle quemodifiée par le Protocole de 1972 ne prévoit aucuncontrôle. Dans certains pays, on a mené des étudesscientifiques sur la culture de cette variété de pavotpour l’extraction d’alcaloïdes, en particulier dethébaïne. L’Organe a évoqué la question de la cultureet de l’utilisation de Papaver bracteatum dans sonrapport pour 2007 57 .98. Plusieurs gouvernements ont fait savoir àl’Organe ce qu’ils pensaient de l’impact que pourraitavoir la culture commerciale de Papaver bracteatumsur l’offre mondiale de matières premières opiacéesainsi que des mesures à prendre à ce propos pourassurer un équilibre durable entre l’offre et la demandede matières premières opiacées. Ces gouvernementsont considéré, comme l’Organe, que la culture dePapaver bracteatum et la production de paille de pavotqui en résulterait si cette plante était cultivée à des finscommerciales pourraient influer sur l’équilibre entrel’offre et la demande de matières premières opiacées.Les gouvernements ont également souscrit à l’avis del’Organe selon lequel Papaver bracteatum, s’il étaitcultivé à l’échelle commerciale, devrait être placé souscontrôle international 58 .99. Aucun gouvernement n’a encore signalé deculture commerciale de Papaver bracteatum. L’Organedemande à tous les gouvernements de le tenir informéau cas où leur pays envisagerait d’entreprendre decultiver Papaver bracteatum à des fins commerciales.Il tient à rappeler à tous les gouvernements que, danssa résolution 2 (XXIX), la Commission des stupéfiantsa demandé instamment aux Parties qui pratiquaient laculture de Papaver bracteatum en vue de la productionde thébaïne ou de ses dérivés de communiquervolontairement à l’Organe des statistiques sur lessuperficies cultivées et la production.__________________57 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2007…, par. 91 à 95.58 Offre et demande de matières premières opiacées à desfins médicales et scientifiques (publication des NationsUnies, numéro de vente: F.82.XI.4), par. 357 et 358.21

E/INCB/2008/17. Consommation de stupéfiants100. La consommation mondiale (exprimée en dosesquotidiennes déterminées à des fins statistiques)d’analgésiques opioïdes pour le traitement de ladouleur modérée à forte a été multipliée par plus dedeux et demi au cours des 10 dernières années. Cetteprogression concerne toutefois principalement les paysd’Europe et d’Amérique du Nord. De tous les opioïdessoumis à un contrôle international, le fentanyl, lamorphine et l’oxycodone sont les substances les plusfréquemment utilisées comme analgésiques pour laprise en charge de la douleur modérée à forte. En 2007,les pays de ces deux régions représentaient ensembleprès de 96 % de la consommation mondiale defentanyl, 89 % de celle de morphine et 98 % de celled’oxycodone.101. Si, d’une façon générale, la consommationd’analgésiques opioïdes pour le traitement de ladouleur est relativement élevée en Europe, elle l’estplus dans les pays de l’ouest et du nord de cette régionque dans les autres. Au cours des 10 dernières années,toutefois, la consommation a beaucoup augmenté dansplusieurs pays d’Europe centrale, orientale etméridionale. C’est ainsi par exemple qu’en Espagne,en Grèce, en Hongrie, en Italie, en Pologne et enRépublique tchèque la consommation moyenned’analgésiques opioïdes pour le traitement de ladouleur modérée à forte dépassait en 2007 de plus decinq fois celle d’il y a 10 ans. Cette progression est dueprincipalement à l’augmentation de la consommationde fentanyl dans ces pays.102. Bien que l’offre mondiale de matières premièresopiacées soit suffisante, les gouvernements doiventprendre des mesures spécifiques pour assurer à leurpopulation un accès adéquat aux analgésiques opioïdes.La consommation d’analgésiques opioïdes pour letraitement de la douleur reste faible dans de nombreuxpays en développement. Plusieurs de ces pays ontcertes plus que doublé leur niveau de consommation aucours des 10 dernières années, mais cetteconsommation était très faible au départ. L’Organedemande à nouveau à tous les gouvernementsconcernés de repérer les obstacles qui entravent, dansleur pays, l’utilisation adéquate des analgésiquesopioïdes pour la prise en charge de la douleur et defaire le nécessaire pour améliorer la disponibilité deces stupéfiants à des fins médicales, conformément auxrecommandations pertinentes de l’OMS.103. L’Organe ne doute pas que le Programme d’accèsaux médicaments sous contrôle, dont les grandes lignesont été élaborées par l’OMS en coopération avec lui,aidera effectivement les gouvernements à cet égard.Les activités entreprises dans le cadre de ceprogramme devraient permettre d’éliminer certainsobstacles, tenant principalement à la réglementation,aux attitudes et aux connaissances, qui font que lesopioïdes ne sont pas disponibles en quantité suffisante.L’Organe donnera à l’OMS des avis concernant lesaspects du programme qui relèvent de son mandat. Ilengage tous les gouvernements et les entitésinternationales intéressées, comme l’ONUDC, àcoopérer avec l’OMS à la mise en œuvre de ceprogramme, et il demande à nouveau auxgouvernements de mettre à la disposition de l’OMS lesressources nécessaires à cette fin.104. Les gouvernements doivent se rendre comptequ’une plus grande disponibilité de stupéfiants à desfins médicales légitimes peut accroître le risque dedétournement et d’abus. Aux États-Unis, lespréparations pharmaceutiques dont le détournement etl’abus sont les plus fréquents sont celles contenant del’hydrocodone et de l’oxycodone. En 2007, lesÉtats-Unis représentaient plus de 99 % de laconsommation mondiale d’hydrocodone et 83 % decelle d’oxycodone. L’utilisation médicaled’hydrocodone y a atteint 19 doses quotidiennesdéterminées à des fins statistiques (S-DDD) pour1 000 habitants et par jour, et celle d’oxycodone, 5 S-DDD pour 1 000 habitants et par jour. L’Organe tient àrappeler à tous les gouvernements qu’ils doiventsurveiller étroitement les tendances de laconsommation de produits pharmaceutiques contenantdes stupéfiants et adopter, le cas échéant, des mesurespour lutter contre leur détournement et leur abus.105. La consommation mondiale de méthadone a plusque triplé ces 10 dernières années. La méthadone estutilisée dans plusieurs pays pour le traitement de ladouleur, mais la forte hausse de sa consommation estimputable surtout à son utilisation dans les traitementsd’entretien de la dépendance aux opioïdes. Les plusgros utilisateurs de méthadone continuent d’être lespays d’Amérique du Nord (Canada et États-Unis) etd’Europe (Allemagne, Espagne et Italie). Ces dernièresannées, cependant, la consommation a aussi beaucoupaugmenté dans certains pays d’autres régions, enparticulier en Chine et en République islamique d’Iran.L’Organe demande aux autorités de ces pays et des22

E/INCB/2008/1autres pays où la méthadone est utilisée à des finsmédicales d’être vigilantes en ce qui concerne ledétournement, le trafic et l’abus de méthadone et deprendre, le cas échéant, des mesures efficaces pourlutter contre ces phénomènes.B. Substances psychotropes1. État des adhésions à la Convention de 1971 surles substances psychotropes106. Le 1 er novembre 2008, le nombre d’États parties àla Convention de 1971 sur les substances psychotropesétait de 183. Des 11 États qui ne l’étaient pas encore,deux se trouvent en Afrique (Guinée équatoriale etLibéria), un dans les Amériques (Haïti), un en Asie(Timor-Leste) et sept en Océanie (Îles Cook, ÎlesSalomon, Kiribati, Nauru, Samoa, Tuvalu et Vanuatu).L’Organe demande aux États qui ne sont pas encoreparties à la Convention de 1971, en particulier auxÉtats d’Océanie, région dans laquelle le nombred’États non parties est le plus élevé, d’adhérer à laConvention de 1971 sans plus tarder.2. Coopération avec les gouvernementsPrésentation de rapports statistiques107. En vertu de la Convention de 1971, les Partiessont tenues de fournir à l’Organe des rapportsstatistiques annuels sur les substances psychotropes.Dans ses résolutions 1985/15 et 1987/30, le Conseiléconomique et social a prié en outre les gouvernementsde fournir volontairement des informations à l’Organesur les pays d’origine des importations et les pays dedestination des exportations des substances inscritesaux Tableaux III et IV de la Convention de 1971. Desprécisions concernant les statistiques reçues,notamment la situation des gouvernements en matièrede présentation des rapports, ainsi qu’une analyse deces statistiques figurent dans le rapport technique del’Organe sur les substances psychotropes 59 .108. La majorité des États exécutent régulièrement cesobligations en fournissant les rapports statistiques__________________59 Substances psychotropes: Statistiques pour 2007 –Prévisions des besoins annuels médicaux et scientifiquesconcernant les substances des Tableaux II, III et IV de laConvention de 1971 sur les substances psychotropes(publication des Nations Unies, numéro de vente:E/F/S.09.XI.3 ).obligatoires ou facultatifs, la plupart en temps voulu.Au 1 er novembre 2008, 157 États et territoires en toutavaient présenté à l’Organe des rapports statistiquesannuels sur les substances psychotropes pour 2007,conformément aux dispositions de l’article 16 de laConvention de 1971. Ce chiffre représente 74 % desÉtats et territoires tenus de fournir ces statistiques.Cent trente gouvernements au total ont fournivolontairement des informations sur les pays d’originedes importations et les pays de destination desexportations des substances inscrites aux Tableaux IIIet IV de la Convention de 1971. En outre, pour 2007,108 gouvernements ont fourni volontairement lesquatre rapports statistiques trimestriels sur lesimportations et les exportations de substances inscritesau Tableau II.109. La présentation tardive des rapports statistiquesannuels obligatoires rend difficile le contrôleinternational des substances psychotropes. L’Organeregrette que certains pays, dont d’importants paysfabricants et exportateurs tels qu’Israël, les Pays-Bas etle Royaume-Uni, aient continué d’éprouver desdifficultés à soumettre le rapport statistique annuel surles substances psychotropes avant la date limite(30 juin). En outre, quelques gouvernements n’ont pascommuniqué d’informations sur les pays d’origine desimportations ou les pays de destination desexportations des substances des Tableaux III et IV de laConvention de 1971, conformément aux résolutions1985/15 et 1987/30 du Conseil économique et social.Le fait que les rapports soient incomplets, soientcommuniqués tardivement ou ne soient pas présentésdu tout reflète peut-être des défaillances du systèmenational de contrôle. En outre, lorsque les informationssur les importations et les exportations sontincomplètes ou inexactes, il est difficile de détecter lesincohérences des statistiques du commerce, ce quientrave l’action internationale de contrôle des drogues.L’Organe demande instamment aux gouvernementsconcernés de déterminer pour quelles raisons ils nepeuvent soumettre en temps voulu des rapportsstatistiques exacts à l’Organe et de faire le nécessairepour respecter pleinement les dispositions de laConvention de 1971.Évaluation des besoins en substancespsychotropes110. Les gouvernements sont priés de communiquer àl’Organe des évaluations concernant leurs besoins23

E/INCB/2008/1annuels en substances psychotropes à des finsmédicales et scientifiques, conformément à larésolution 1981/7 du Conseil économique et socialpour les substances du Tableau II de la Convention de1971 et à la résolution 1991/44 du Conseil pour lessubstances des Tableaux III et IV. Les évaluations sontcommuniquées à tous les États et territoires pour aiderles autorités compétentes des pays exportateurs àapprouver l’exportation de substances psychotropes.Au 1 er novembre 2008, les gouvernements de tous lespays avaient soumis à l’Organe au moins une fois desévaluations de leurs besoins annuels en substancespsychotropes à des fins médicales.111. L’Organe recommande aux gouvernements derevoir et de mettre à jour les évaluations de leursbesoins annuels en substances psychotropes à des finsmédicales et scientifiques au moins tous les trois ans.En janvier 2008, tous les gouvernements ont été priésde le faire et, au 1 er novembre 2008, 93 gouvernementsavaient fourni à l’Organe des évaluationscomplètement révisées et 41 autres des évaluationsmodifiées concernant une ou plusieurs substances.112. Toutefois, 22 pays et territoires n’ont pas réviséles évaluations de leurs besoins légitimes en substancespsychotropes depuis trois ans au moins, ce quipréoccupe l’Organe étant donné que ces évaluationspeuvent ne plus refléter les besoins médicaux etscientifiques effectifs. Des évaluations inférieures auxbesoins légitimes effectifs peuvent retarder lesimportations de substances psychotropes requises à desfins médicales ou scientifiques tandis que desévaluations dépassant considérablement les besoinslégitimes réels peuvent augmenter le risque dedétournement de substances psychotropes vers lescircuits illicites. L’Organe encourage tous lesgouvernements à revoir et à mettre à jourrégulièrement leurs évaluations et à le tenir informé detoutes les modifications qui y sont apportées.3. Prévention du détournement de substancespsychotropes vers le trafic illiciteDétournement du commerce international113. Le commerce international licite de substancespsychotropes inscrites au Tableau I de la Conventionde 1971 est limité à des transactions sporadiques dequelques grammes seulement par an étant donné qu’envertu des dispositions de la Convention de 1971 cessubstances ne peuvent être utilisées qu’à des finsscientifiques ou à des fins médicales très limitées. Dece fait, il n’y a guère eu de tentative de détournementde ces substances du commerce international. Ladernière tentative de détournement d’une substanceinscrite au Tableau I, qui remonte à décembre 2000, aéchoué. Aucun détournement du commerceinternational licite d’une substance du Tableau I n’ajamais été signalé.114. Il en va de même des substances inscrites auTableau II de la Convention de 1971. Si, par le passé,le détournement de ces substances du commerceinternational licite était l’un des principaux moyensutilisés pour approvisionner les marchés illicites, lescas de détournement du commerce international desubstances du Tableau II sont aujourd’hui devenusrares, par suite de l’adoption de nouvelles mesuresvolontaires de contrôle aux niveaux national etinternational.115. La fénétylline, substance inscrite au Tableau II dela Convention de 1971, était pendant les années 1980l’une des substances les plus fréquemment détournéesdu commerce international (plusieurs centaines dekilogrammes par an) et faisait l’objet d’abus sous laforme de comprimés de Captagon. Depuis l’arrêt de lafabrication licite de ces comprimés, en 1985, lecontrôle exercé sur le plan international et la vigilancedont font preuve les pays fabricants et les paysimportateurs se sont accrus. Aucun cas dedétournement de fénétylline fabriquée de manière liciten’a été signalé depuis 1998. Cependant, comme leCaptagon continue d’être recherché sur les marchésillicites, des comprimés contrefaits continuent d’êtrefabriqués illégalement à partir de fénétylline oud’amphétamines d’origine illicite. Aujourd’hui, laplupart des comprimés saisis contiennent desamphétamines ainsi que des stimulants non placés souscontrôle international. Les pays les plus touchés par letrafic de comprimés contrefaits de Captagon setrouvent en Asie occidentale. Les comprimés saisisdans les divers pays se chiffrent par millions, et lamajeure partie était destinée aux pays de la péninsulearabique. L’Organe prie les pays concernés par le traficde comprimés contrefaits de Captagon de collaboreravec les autres pays de la région afin de mettre enplace un réseau d’échange d’informations et depromotion de la coopération entre les services dedétection et de répression, particulièrement en vued’établir des profils permettant de déterminer les paysd’origine des comprimés saisis.24

E/INCB/2008/1116. Parmi les substances du Tableau II de laConvention de 1971, seuls les amphétamines et leméthylphénidate sont fabriqués et commercialisés engrandes quantités, principalement pour le traitement dutrouble déficitaire de l’attention; l’industrie utilise, enoutre, de grandes quantités d’amphétamines. Depuis1990, il n’a pas été signalé de détournement de cessubstances du commerce international licite, ce qui estdû aux mesures de contrôle des substances duTableau II prévues dans la Convention de 1971 etsurtout au système d’autorisation des importations etdes exportations, qui est complété par les mesurescomplémentaires volontaires de contrôlerecommandées par l’Organe et approuvées par leConseil économique et social, comme l’évaluation parles pays de leurs besoins licites en substancespsychotropes et la présentation de rapports statistiquestrimestriels sur les exportations et les importations.117. Une diminution semblable du nombre de cas dedétournement du commerce international a étéconstatée pour les substances des Tableaux III et IV, endépit de l’ampleur des échanges internationaux licitesde ces substances, qui donnent lieu chaque année à desmilliers d’exportations et intéressent la plupart despays du globe. Cette évolution positive est due auxmesures complémentaires volontaires de contrôle ducommerce international recommandées par l’Organe,approuvées par le Conseil économique et social etadoptées par la majorité des pays, comme l’exigenced’autorisations d’importation et d’exportation pour lessubstances des Tableaux III et IV et l’évaluation par lespays de leurs besoins licites en substancespsychotropes.118. Depuis le 1 er novembre 2007, il n’a été signaléqu’une seule tentative de détournement de substancesdu Tableau III du commerce international, tentative quia été contrecarrée avec l’aide de l’Organe. Il s’agissaitde détourner 25 kg de flunitrazépam des Pays-Bas versla Guinée-Bissau. Les autorités néerlandaisescompétentes ont sollicité l’aide de l’Organe pourvérifier la légitimité du certificat d’importation et de ladocumentation complémentaire, qui semblaient avoirété falsifiés. L’Organe a pu établir que le certificatd’importation et la documentation complémentaireavaient été falsifiés, et l’exportation prévue a étéstoppée. Le flunitrazépam demeure l’une desbenzodiazépines dont l’abus est le plus répandu. En1995, après qu’il eut été démontré que lesdétournements et l’abus de préparations contenant duflunitrazépam, notamment de Rohypnol, étaientfréquents, cette substance a été transférée duTableau IV de la Convention de 1971 au Tableau III.Même si le marché illicite de flunitrazépam paraît êtrealimenté principalement par le détournement de cettesubstance des circuits de distribution nationaux, ilcontinue d’y avoir des tentatives de détournement ducommerce international. L’Organe relève que beaucoupde pays, dont les principaux pays fabricants etimportateurs, agissant en étroite coopération avecl’industrie pharmaceutique, ont adopté une politique decontrôle rigoureux du flunitrazépam. L’Organedemande à tous les gouvernements qui ne l’ont pasencore fait de suivre cet exemple.119. En ce qui concerne les substances du Tableau IV,deux tentatives de détournement d’alprazolam ont étécontrecarrées avec l’aide de l’Organe. Dans l’uned’elles, 2 millions de comprimés contenant del’alprazolam (au total 4 kg de la substance) devaientêtre détournés de l’Inde vers la Républiquedominicaine et, dans l’autre, 30 000 comprimésdevaient être détournés de l’Autriche vers la Serbie.Dans l’un et l’autre cas, on a utilisé des permisd’importation falsifiés. La vigilance dont font preuveles autorités nationales compétentes, l’application parles gouvernements des dispositions visant lessubstances du Tableau IV de la Convention de 1971 etla mise en place de mesures complémentaires decontrôle du commerce international ont permis dedéjouer ces deux tentatives. L’Organe prie tous lespays qui ne l’ont pas encore fait d’adopter un systèmeobligatoire de permis d’importation pour toutes lessubstances des Tableaux III et IV de la Convention de1971, cette mesure s’étant avérée particulièrementefficace pour repérer les tentatives de détournement.L’Organe prie aussi tous les pays exportateurs de sereporter aux évaluations des besoins en substancespsychotropes, qu’il publie régulièrement, pour vérifierla légitimité des commandes passées. Les transactionsparaissant suspectes du fait que les quantitéscommandées dépassent les évaluations établiesdevraient être vérifiées avec l’Organe avant quel’exportation des substances en question ne soitapprouvée, ou bien portées à l’attention du paysimportateur.25

E/INCB/2008/1Détournement des circuits de distributionnationaux120. La plupart des cas de détournement de substancespsychotropes des circuits de distribution nationaux,particulièrement au niveau du commerce de détail,portent sur des quantités relativement réduites, mais lesquantités totales détournées vers les marchés illicitespeuvent ne pas être négligeables. Les substances leplus souvent détournées sont les stimulants (surtout leméthylphénidate), les benzodiazépines (leflunitrazépam et le diazépam en particulier) et labuprénorphine, un analgésique.121. L’utilisation à des fins non médicales demédicaments de prescription qui contiennent dessubstances psychotropes continue de poser unproblème sérieux et de plus en plus important dans denombreux pays. Par exemple, selon les informationsfournies par les autorités des États-Unis, lesmédicaments de prescription contenant des substancesplacées sous contrôle constituent l’un des groupes desubstances dont l’abus est le plus courant, après lecannabis, mais avant la cocaïne, l’héroïne et laméthamphétamine. Au cours de la période quadriennale2004-2007, les laboratoires de police des États-Unisont analysé plus de 175 000 échantillons de droguescontenant des benzodiazépines. Il a été constaté quel’alprazolam, le clonazépam et le lorazépam, dans cetordre, étaient les benzodiazépines dont l’abus était leplus fréquent pendant cette période.122. Ces dernières années, le détournement (descircuits de distribution licites) et l’abus de préparationscontenant de la buprénorphine ont été cause depréoccupation. L’abus de cette substance a progressé,notamment dans les pays où la buprénorphine estutilisée pour traiter la dépendance aux opioïdes. Despréparations contenant de la buprénorphine ont étéacheminées en contrebande entre ces différents pays oudepuis ces pays vers des pays d’autres régions 60 .123. Afin de déceler des lacunes éventuelles dans lesmesures de contrôle appliquées à la buprénorphine quipourraient faciliter ces détournements, l’Organecontinue de demander aux gouvernements des pays et__________________60 Voir, par exemple, Rapport de l’Organe international decontrôle des stupéfiants pour 2006 (publication desNations Unies, numéro de vente: F.07.XI.11), par. 190 à192, et Rapport de l’Organe international de contrôledes stupéfiants pour 2007..., par. 114.territoires autorisant la consommation licite debuprénorphine de l’informer des mesures de contrôlequi sont appliquées à cette substance. D’après lesinformations reçues, la buprénorphine est soumise auxmêmes mesures de contrôle que les stupéfiants dans47 % des 49 pays et territoires qui ont répondu àl’Organe. En outre, dans 20 % des pays et territoires, ladistribution de la buprénorphine destinée au traitementde la dépendance aux opioïdes fait l’objet de certainesmesures de contrôle applicables aux stupéfiants. Enoutre, plus de 90 % des pays et territoires qui importentou exportent de la buprénorphine appliquent le systèmedes autorisations d’importation et d’exportation auxcommandes de cette substance, conformément auxrésolutions pertinentes du Conseil économique etsocial.124. L’Organe invite tous les gouvernements àredoubler de vigilance face au trafic et à l’abus depréparations contenant de la buprénorphine, et àenvisager de resserrer les mesures de contrôleappliquées à la distribution de ces préparations sur leplan national et à leur emploi pour le traitement destoxicomanes. L’Organe demande aux gouvernementsde surveiller, le cas échéant, la consommation demédicaments de prescription contenant des substancespsychotropes afin de repérer les détournementséventuels, et de sensibiliser le public aux conséquencesde l’abus de tels médicaments.125. L’Organe note que le détournement depréparations contenant des substances psychotropesplacées sous contrôle par le biais de sites Internetfonctionnant de manière illégale perdure. Des quantitésconsidérables de ces substances font l’objet d’abus nonseulement dans les pays dans lesquels elles sontdétournées mais aussi dans d’autres pays, où elles sontintroduites clandestinement. Selon certainesindications, la poste est très largement utilisée pour letrafic de drogues dans beaucoup de pays, et lesadministrations postales, les services des douanes et lapolice devront accentuer la coopération aux niveauxnational et international pour s’attaquer efficacement àce problème.4. Mesures de contrôleAide fournie aux gouvernements pour vérifier lalégitimité des importations126. Les gouvernements de nombreux paysexportateurs continuent de solliciter le concours de26

E/INCB/2008/1l’Organe pour vérifier la légitimité des autorisationsd’importation de substances psychotropes. L’Organepossède une collection de spécimens de certificats etd’autorisations officiels utilisés pour l’importation destupéfiants, de substances psychotropes et de produitschimiques précurseurs. Ces spécimens peuvent êtrecomparés aux documents d’importations douteux, cequi aide les gouvernements à vérifier l’authenticité deces documents. Au 1 er novembre 2008,116 gouvernements (57 % de ceux qui avaient étéinvités à le faire) avaient fourni à l’Organe unspécimen d’autorisation d’importation actuellementutilisé par leurs autorités pour autoriser l’importationde substances placées sous contrôle dans le pays. Lesgouvernements de tous les grands pays qui en fontcommerce, sauf l’Irlande et Singapour, ont fourni àl’Organe un tel spécimen. L’Organe est cependantpréoccupé par le fait que beaucoup des pays etterritoires qui participent à ce commerce dans unemoindre mesure ne l’aient pas encore fait, ce qui risquede retarder inutilement les importations légitimes.L’Organe demande aux gouvernements de tous les paysqui ne lui ont pas encore fourni de tels spécimens de lefaire sans plus tarder.127. L’Organe note que certaines réponses à sesdemandes de confirmation concernant la légitimité descommandes d’importation lui parviennent trèstardivement. L’Organe voudrait appeler l’attention desgouvernements concernés sur la nécessité de répondrerapidement à ses demandes. La non-confirmation de lalégitimité des commandes peut entraver lesinvestigations visant des tentatives de détournementet/ou causer des retards dans le commerce légitime desubstances psychotropes et compromettre ladisponibilité de ces substances à des fins légitimes.Mesures nationales de contrôle visant lecommerce international128. L’expérience montre que le systèmed’autorisation des importations et des exportations estle moyen le plus efficace de prévenir le détournementde substances placées sous contrôle depuis lecommerce international. L’Organe note avecsatisfaction qu’en 2007 les Gouvernements del’Algérie, de l’Iran (République islamique d’), duMonténégro, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, desPhilippines, de la République de Corée, de Singapouret de l’Uruguay ont étendu le système d’autorisationdes importations et des exportations à certainessubstances qui n’y étaient pas soumises auparavant.À présent, des autorisations d’exportation etd’importation sont exigées par la loi dans plus de160 pays et territoires pour les substances desTableaux III et IV.129. L’Organe demande à nouveau aux gouvernementsde tous les pays, parties ou non à la Convention de1971, qui ne le font pas encore de contrôlerl’importation et l’exportation de toutes les substancespsychotropes en les soumettant à un systèmed’autorisation. L’expérience montre en effet que lespays qui sont des centres du commerce internationalmais ne pratiquent pas ce type de contrôle risquent toutparticulièrement d’être visés par les trafiquants.L’Organe engage donc les gouvernements des pays quisont d’importants importateurs et exportateurs desubstances psychotropes à étendre ce contrôle à toutesles substances des Tableaux III et IV de la Conventionde 1971.130. Les gouvernements sont encouragés à envisagerde réviser le tableau – qui leur est communiqué deuxfois par an – indiquant les pays dont la législationexige la délivrance d’autorisations d’importation pourles substances des Tableaux III et IV de la Conventionde 1971 et à informer l’Organe de toute modificationdes informations y figurant.131. Outre le système d’autorisation des importationset des exportations, le système d’évaluation desbesoins en substances psychotropes à des finsmédicales et scientifiques établi par les autorités dechaque pays et territoire constitue le moyen de contrôlele plus important appliqué aux échanges internationauxde ces substances. L’expérience montre que, lorsqueles pays exportateurs vérifient si les quantitéscommandées par les pays importateurs correspondentaux évaluations que ceux-ci établissent pourdéterminer leurs besoins médicaux et scientifiques, ledétournement de substances psychotropes peut êtreempêché. L’Organe apprécie la coopération desautorités des pays exportateurs qui le contactentlorsqu’ils reçoivent des autorisations d’importation dequantités de substances psychotropes dépassant lesévaluations des besoins légitimes. En 2007, lesautorités de sept pays ont délivré des autorisationsd’importation de substances des Tableaux III ou IV dela Convention de 1971 sans avoir établi d’évaluationdes besoins correspondants. Par ailleurs, les autoritésde 29 pays et 1 territoire ont délivré des autorisations27

E/INCB/2008/1d’importation de quantités de substances inscrites auxTableaux II, III ou IV dépassant considérablement leursévaluations. L’Organe note avec satisfaction que lesgouvernements font preuve d’une plus grande vigilancepour ce qui est de délivrer des autorisationsd’importation de substances psychotropes, comme entémoigne la baisse de ces chiffres ces dernières années.L’Organe demande à nouveau aux gouvernements quine l’ont pas encore fait d’établir un mécanisme quigarantisse que leurs évaluations correspondent à leursbesoins légitimes réels et de ne pas autoriserl’importation de quantités dépassant leurs évaluations.5. Consommation de substances psychotropes132. Comme l’Organe l’a noté dans des rapportsantérieurs, le niveau de consommation de substancespsychotropes varie toujours considérablement enfonction des pays et des régions du fait de la diversitéculturelle de la pratique médicale et des variations deshabitudes de prescription qui en découlent. Cependant,les niveaux de consommation élevés et faibles sontcause de préoccupation pour l’Organe. Une offreaccrue de substances psychotropes qui n’est pasmédicalement justifiée risque de mener audétournement et à l’abus des substances considérées,comme le montrent les exemples ci-après. Danscertains pays, un niveau de consommation très faiblede substances psychotropes peut être le signe que cessubstances y sont quasiment inaccessibles à certainesfractions de la population. Pour répondre à leurdemande, ces substances, tout comme des médicamentsde contrefaçon présumés en contenir, sont parfoisvendus sur des marchés parallèles. L’Organerecommande de nouveau à tous les gouvernements decomparer le schéma de consommation de leurs pays àcelui d’autres pays et régions afin de déceler lestendances anormales qui doivent retenir leur attentionet de prendre les mesures voulues pour y remédier, lecas échéant.Stimulants inscrits au Tableau II de la Conventionde 1971 qui sont utilisés pour le traitement dutrouble déficitaire de l’attention133. Le méthylphénidate, l’amphétamine et ladexamphétamine, substances du Tableau II de laConvention de 1971, sont utilisés avant tout pourtraiter le trouble déficitaire de l’attention(principalement chez les enfants) et la narcolepsie.L’utilisation de ces substances a toujours été beaucoupplus élevée dans les Amériques qu’ailleurs.134. Des stimulants inscrits au Tableau II de laConvention de 1971, le méthylphénidate est le plusutilisé. La fabrication de méthylphénidate et sonutilisation pour le traitement du trouble déficitaire del’attention continuent de progresser fortement,essentiellement en raison de la situation auxÉtats-Unis, où la substance fait l’objet d’une fortepublicité, y compris d’annonces s’adressantdirectement aux consommateurs potentiels. Même si laconsommation calculée de méthylphénidate auxÉtats-Unis a considérablement reculé en 2007, ce paysreprésentait encore, entre 2005 et 2007, près de 80 %de la consommation mondiale calculée de la substance.Son utilisation pour le traitement du trouble déficitairede l’attention a aussi augmenté, quoique dans une bienmoindre mesure, dans le reste du monde, enregistrantune hausse importante dans de nombreux pays. Parmiles pays ayant signalé une forte augmentation de laconsommation de méthylphénidate au cours des cinqdernières années figurent l’Islande, la Norvège, laSuède, la Belgique, l’Allemagne et le Canada, dans cetordre.135. L’Organe constate une fois de plus avecinquiétude que des cas de détournement et d’abus desstimulants inscrits au Tableau II de la Convention de1971 se sont produits dans certains pays, en particulierdans ceux où ces substances sont souvent prescrites.L’Organe prie tous les gouvernements de veiller à ceque les mesures de contrôle prévues dans laConvention de 1971 soient appliquées aux stimulantsdu Tableau II, et il lance un appel aux gouvernementsconcernés pour qu’ils redoublent de vigilance face audétournement, au trafic et à l’abus de ces substances.L’Organe invite les gouvernements à l’informer de toutfait nouveau survenant dans ce domaine.Buprénorphine136. La buprénorphine, qui figure au Tableau III de laConvention de 1971 depuis 1989, appartient à lafamille des opioïdes utilisés principalement commeanalgésiques. Depuis la fin des années 1990, labuprénorphine est cependant de plus en plus utiliséepour la désintoxication et le traitement de substitutiondes personnes dépendantes aux opioïdes, et denouvelles préparations contenant de fortes doses debuprénorphine (Subutex®) ou de la buprénorphine28

E/INCB/2008/1associée à la naloxone (Suboxone®) ont été mises surle marché dans plusieurs pays pour traiter latoxicomanie. De ce fait, la fabrication mondiale debuprénorphine a considérablement augmenté etl’emploi croissant de cette substance a été signalé dansbeaucoup de pays. Ainsi, la fabrication debuprénorphine a plus que décuplé au cours de lapériode 1998-2007, passant de 460 kg en 1998 à5 tonnes en 2007. Pendant la même période, le nombrede pays déclarant des importations de buprénorphineest passé de 10 à 60. À l’heure actuelle, la plupart despays utilisent cette substance pour le traitement de ladépendance aux opioïdes.137. L’utilisation accrue de buprénorphine à des finsmédicales a eu pour corollaire le détournement accrude préparations contenant cette substance. Commel’Organe l’a indiqué dans son rapport pour 2006 61 , dansbien des pays, la buprénorphine qui est détournée descircuits nationaux de distribution ou entrée encontrebande sert à satisfaire la demande sur lesmarchés illicites. L’Organe prie à nouveau tous lesgouvernements de surveiller de près la distribution dela buprénorphine, y compris tous les produitspharmaceutiques en contenant, et de renforcer, le caséchéant, le contrôle applicable à cette substance, pourmettre fin à son détournement de la chaîned’approvisionnement.Stimulants inscrits au Tableau IV de laConvention de 1971 qui sont utilisés commeanorexigènes138. Les stimulants inscrits au Tableau IV de laConvention de 1971 sont principalement utiliséscomme anorexigènes. La phentermine est le plus utilisédes stimulants du Tableau IV, suivie du fenproporex, del’amfépramone, de la phendimétrazine et du mazindol.L’Organe suit attentivement l’évolution de laconsommation de ces substances, afin de détecter desniveaux de consommation qui peuvent ne pascorrespondre aux besoins médicaux et risqueraientdonc de donner lieu au détournement et à l’abus dessubstances considérées.139. Au cours de la période 1998-2007, laconsommation calculée de stimulants inscrits auTableau IV de la Convention de 1971 a été plus élevée__________________61 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2006..., par. 190 à 192.dans les Amériques qu’ailleurs. Entre 2005 et 2007, laconsommation calculée moyenne de stimulants duTableau IV y était de 11 S-DDD pour 1 000 habitantset par jour (contre 2 S-DDD en Europe et en Océanie,1 S-DDD en Asie et 0,2 S-DDD en Afrique).L’Argentine, le Brésil et les États-Unis, dans cet ordre,continuent d’être les pays où la consommation parhabitant calculée de stimulants inscrits au Tableau IVest la plus élevée. L’Organe note avec satisfactionqu’en 2006, le Brésil a commencé à appliquer desmesures de contrôle plus strictes pour les stimulantsinscrits au Tableau IV et que, depuis lors, laconsommation calculée de ces substances a reculé dansce pays par rapport aux années précédentes. En 2007,la consommation de ces substances a égalementdiminué en Argentine et aux États-Unis. Cetteannée-là, l’Argentine, le Brésil et les États-Unisreprésentaient ensemble 78 % de la consommationmondiale de ces stimulants exprimée en S-DDD.140. En 2007, la consommation calculée de stimulantsdu Tableau IV de la Convention de 1971 a baissé danscertains pays d’Asie, comme la République de Corée etSingapour, où elle avait été élevée par le passé. Entre2005 et 2007, la consommation calculée moyenne dansces deux pays correspondait à environ la moitié decelle calculée pour les Amériques. La consommationcalculée moyenne de stimulants du Tableau IV adiminué ces dernières années dans l’ensemble del’Asie, ainsi qu’en Europe et en Océanie.141. L’Organe encourage les gouvernements quisignalent des niveaux élevés de consommation destimulants inscrits au Tableau IV de la Convention de1971 à surveiller de près la situation afin de détectertoute prescription excessive d’anorexigènes ou autrepratique non professionnelle du monde médical, et àveiller à ce que les circuits de distribution nationauxsoient contrôlés comme il se doit.C. Précurseurs1. État des adhésions à la Convention des NationsUnies contre le trafic illicite de stupéfiants et desubstances psychotropes de 1988142. Au 1 er novembre 2008, le nombre d’États partiesà la Convention de 1988 était de 182. L’Organe exhorteune nouvelle fois la Guinée équatoriale, les ÎlesMarshall, les Îles Salomon, Kiribati, la Namibie,29

E/INCB/2008/1Nauru, les Palaos, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, leSaint-Siège, la Somalie, le Timor-Leste et Tuvalu àappliquer les dispositions de l’article 12 et à ratifier laConvention sans plus tarder. Si tous les États qui sontdes fabricants, importateurs et exportateurs importantsde produits chimiques inscrits aux Tableaux sontparties à la Convention de 1988, près de la moitié desÉtats d’Océanie ne l’ont pas ratifiée. En 2008, destentatives de détournement de précurseurs ont eu lieudans cette région, ce qui fait ressortir à quel point il esturgent que tous les États deviennent parties à laConvention de 1988 62 .2. Coopération avec les gouvernementsPrésentation de statistiques sur les saisies143. En vertu de l’article 12 de la Convention de 1988,toutes les Parties sont tenues de fournir annuellementdes renseignements sur les substances chimiquesutilisées dans la fabrication de drogues illicites. Au1 er novembre 2008, 133 États et territoires, y comprisla Commission européenne (au nom des États membresde la Communauté européenne), avaient fourni cesrenseignements. L’Organe note que le Honduras, laJamahiriya arabe libyenne, le Niger, le Soudan et leTogo, qui ne lui avaient pas fourni de renseignementsles années précédentes, ont recommencé à le faire. Ilnote également que la Serbie a pour la première foisfourni ces renseignements.144. Bien que l’Angola, le Burundi, le Gabon et laGambie soient parties à la Convention de 1988, cesÉtats n’ont jamais communiqué les renseignementsrequis. L’Organe souhaite leur rappeler qu’ils sonttenus de le faire en vertu de la Convention et que celarevêt une grande importance.145. Si 50 gouvernements ont signalé des saisies deproduits chimiques précurseurs en 2007, seulsquelques-uns d’entre eux ont communiqué à l’Organedes renseignements supplémentaires sur des produitschimiques non placés sous contrôle, les méthodes dedétournement et les envois stoppés. L’Organe demande__________________62 Pour un rapport détaillé sur les faits récents concernantles précurseurs, voir le Rapport de l’Organeinternational de contrôle des stupéfiants pour 2008 surl’application de l’article 12 de la Convention desNations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et desubstances psychotropes de 1988 (publication desNations Unies, numéro de vente : F.09.XI.4).instamment aux gouvernements de tous les pays, enparticulier aux principaux pays importateurs etexportateurs, comme la Chine, le Japon et le Pakistan,de fournir des renseignements détaillés concernant lesenquêtes liées aux saisies et à l’interception d’envoisde précurseurs, car cette information est essentiellepour cerner les nouvelles tendances qui se font jour enmatière de fabrication de drogues illicites et de traficde précurseurs.Présentation annuelle de données sur lecommerce et les utilisations licites de substancesinscrites aux Tableaux I et II de la Conventionde 1988146. L’Organe tient à souligner qu’il est important queles gouvernements lui fournissent des renseignementsconcernant le commerce, les utilisations et les besoinslicites de substances inscrites aux Tableaux I et II de laConvention de 1988. Ces renseignements se sontavérés utiles pour détecter les transactions suspectes etpermettre ainsi aux autorités de prévenir ledétournement de produits chimiques précurseurs.Depuis 1995, l’Organe demande aux gouvernements decommuniquer à titre volontaire ces données,conformément à la résolution 1995/20 du Conseiléconomique et social.147. Au 1 er novembre 2008, 112 États et territoiresavaient communiqué pour 2007 des données surle commerce licite de précurseurs. De plus,104 gouvernements avaient fourni pour 2007 desrenseignements sur les utilisations et les besoins licitesde ces substances. La Commission européenne aégalement fourni ces renseignements pour ses Étatsmembres. Étant donné que ces mesures ont été prises àtitre volontaire, l’Organe exprime sa satisfaction à tousles gouvernements qui ont fourni des informations surle mouvement licite des produits chimiquesprécurseurs et invite tous les gouvernements à suivrecet exemple.3. Mesures de contrôle148. Il est capital pour les gouvernements de disposerdes moyens voulus pour contrôler réellement lemouvement des produits chimiques précurseurs auniveau national. Appliqués judicieusement, ces moyenspermettent aux services publics de surveiller de près lecommerce de produits chimiques précurseurs et d’enprévenir le détournement. L’Organe note que de30

E/INCB/2008/1nouvelles mesures juridiques ont été adoptées pourrenforcer le contrôle des précurseurs en Afrique duSud, en Australie, au Belize, en Chine, en El Salvador,au Honduras, au Mexique et au Nicaragua.149. Du fait des bons résultats obtenus ces dernièresannées grâce à la surveillance du commerceinternational de précurseurs, il semble que lestrafiquants soient contraints de rechercher de nouveauxcircuits de distribution. Pour obtenir des produitschimiques précurseurs pour leurs laboratoires dedrogues illicites, la plupart des trafiquants détournentdes précurseurs du commerce national ou lesintroduisent en contrebande dans le pays. C’est le caspar exemple pour les produits chimiques utilisés dansla fabrication illicite d’héroïne en Afghanistan et dansla fabrication illicite de cocaïne dans certains paysd’Amérique du Sud. L’Organe demande doncinstamment aux gouvernements de porter l’attentionvoulue à leur appareil interne de contrôle desprécurseurs.Évaluations des besoins légitimes en précurseurs150. Dans sa résolution 49/3, la Commission desstupéfiants a prié les États membres d’adresser àl’Organe des évaluations annuelles de leurs besoinslégitimes en 3,4-méthylènedioxyphényl-2-propanone(3,4-MDP-2-P), en phényl-1 propanone-2 (P-2-P), enéphédrine et en pseudoéphédrine, ainsi que, dans lamesure du possible, des indications approximatives dece qu’ils devront importer en préparations contenantces substances qui peuvent être facilement utilisées ouextraites par des moyens aisés à mettre en œuvre. Au1 er novembre 2008, les gouvernements de 109 Étatsavaient présenté des évaluations annuelles de leursbesoins légitimes. Depuis 2006, ces évaluations sontpubliées dans les rapports de l’Organe sur l’applicationde l’article 12 de la Convention de 1988. L’Organecontinue également de publier sur son site Web(www.incb.org) les mises à jour des évaluationsannuelles des besoins légitimes des pays en précurseursdes stimulants de type amphétamine. Ces informationsont aidé les gouvernements à détecter des envoissusceptibles d’être détournés. C’est pourquoi, vul’utilité de ces données, l’Organe encourage tous lesgouvernements à revoir régulièrement les évaluationsde leurs besoins et à lui fournir en temps voulu desinformations exactes à ce sujet. De son côté, l’Organe aentrepris l’analyse des méthodes utilisées par lesdifférents pays pour établir les évaluations des besoinslégitimes annuels en précurseurs des stimulants de typeamphétamine afin de repérer les meilleures pratiques.4. Système électronique d’échange de notificationspréalables à l’exportation151. Le système électronique d’échange denotifications préalables à l’exportation (PEN Online) adéjà eu un impact sur le contrôle des envoisinternationaux de produits chimiques précurseurs. Au1 er novembre 2008, 98 pays et territoires avaientdemandé un accès au système PEN Online. Depuisl’entrée en service du système, en mars 2006, environ20 000 notifications préalables à l’exportationenvoyées à 179 pays et territoires sont passées par leportail en ligne. L’Organe note avec satisfaction queles gouvernements de pays importateurs sont de plusen plus nombreux à avoir un droit d’accès au système,et il se félicite de la résolution 1817 (2008) du Conseilde sécurité, dans laquelle celui-ci exhorte notammentles gouvernements qui ne l’ont pas encore fait às’inscrire au système PEN Online et à l’utiliser.152. PEN Online s’est imposé comme un importantmoyen de communication pouvant servir à renforcer lecontrôle des précurseurs et permettant auxgouvernements des pays importateurs de communiquerinstantanément une première appréciation de lalégitimité des envois suspects. Cela étant, l’Organe anoté que de nombreux gouvernements ayant un accèsau système n’en utilisaient pas toutes les fonctions , enparticulier pas celle qui permettait un retourd’informations. Il faudrait spécialement prendre enconsidération le délai fixé par le gouvernement du paysexportateur pour répondre à la notification. Pour ne pasgêner inutilement le commerce licite, l’Organeencourage vivement les gouvernements à utiliser toutesles fonctionnalités du système PEN Online, notammentà répondre, le cas échéant, à l’État exportateur.5. Prévention du détournement des précurseursvers le trafic illicite153. L’Organe continue de soutenir le Projet“Cohesion” et le Projet “Prism”. Ces deux initiativesont permis de repérer des cas de trafic de substancesnon placées sous contrôle, certaines lacunes desmécanismes de contrôle, ainsi que des méthodes etitinéraires de détournement utilisés. Du 2 janvier au30 septembre 2008, dans le cadre du Projet “Prism”,des activités axées sur le commerce d’éphédrine31

E/INCB/2008/1et de pseudoéphédrine (notamment préparationspharmaceutiques, éphédra et détection d’envois), deP-2-P et d’acide phénylacétique ont été menées enAfrique, dans les Amériques, en Asie occidentale et enOcéanie. Elles ont permis d’empêcher que 37,1 tonnesd’éphédrine et de pseudoéphédrine, qui auraient permisde fabriquer 23,4 tonnes de méthamphétamine, neparviennent à des laboratoires de drogues illicites. Cesproduits chimiques précurseurs dont la destinationfinale était, dans la plupart des cas, l’Amérique duNord, étaient acheminés à travers l’Afrique, l’Asieoccidentale et l’Amérique centrale, l’Europe servant depoint de transbordement.154. Depuis que l’appareil de contrôle et desurveillance du commerce d’éphédrine et depseudoéphédrine a été renforcé dans certains pays, lestrafiquants recherchent de nouveaux moyensd’approvisionner leurs laboratoires de drogues illicites.De nouvelles substances sont employées commeprécurseurs dans la fabrication de drogues illicites etde nouveaux circuits de distribution sont utilisés. Enoutre, les trafiquants passent commande auprèsd’entreprises pharmaceutiques licites et utilisent cesentreprises pour détourner des préparations contenantde l’éphédrine et de la pseudoéphédrine, en particulieren Afrique et en Asie occidentale. En Afrique, parexemple, l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Nigéria,l’Ouganda, la République démocratique du Congo, laRépublique-Unie de Tanzanie et la Zambie étaientparmi les pays visés par les trafiquants pour leursopérations de détournement ou de tentative dedétournement de ces substances.155. Les mesures adoptées par le Gouvernementmexicain pour interdire l’importation d’éphédrine et depseudoéphédrine continuent d’avoir des répercussionssur le mouvement de précurseurs en Amérique centrale,où les importations de ces substances ont fortementaugmenté. Les réseaux de trafiquants se procurent desprécurseurs en Amérique centrale et en Amérique duSud et mettent en place des laboratoires de droguesillicites. Quelques pays ont adopté de nouvelles lois,dont les dispositions ont besoin d’être appliquées plusrapidement. L’Organe encourage donc lesgouvernements des pays d’Amérique centrale etd’Amérique du Sud à renforcer leurs mécanismes decontrôle des produits chimiques précurseurs et àcollaborer avec lui en lui communiquant lesrenseignements qui permettront de repérer lesdifférentes étapes de la fabrication illicite de stimulantsde type amphétamine.156. Du 1 er avril au 30 septembre 2008 a été menée,dans le cadre du Projet “Cohesion”, une activité dedurée limitée axée sur l’échange d’informationsconcernant les saisies, les tentatives de détournementet les envois suspects d’anhydride acétique, ainsi qued’autres produits chimiques utilisés dans la fabricationillicite d’héroïne. Au cours de cette activité, 20 cas desaisies, détournements et tentatives de détournement deprécurseurs ont été signalés à l’Organe.157. L’Organe se félicite des résultats positifs obtenusau cours de la période 2007-2008 en ce qui concerne laprévention du détournement d’une partie del’anhydride acétique destiné à l’Afghanistan. Lesefforts déployés par la communauté internationale pourlutter contre le trafic de produits chimiques enAfghanistan se sont considérablement intensifiés aucours de cette période. Plusieurs réunionsinternationales ont eu lieu, telle que la Conférenceinternationale de soutien à l’Afghanistan, tenue à Parisle 12 juin 2008. En 2008, dans le cadre du Projet“Cohesion”, l’Organe a été informé de saisiesimportantes d’anhydride acétique réalisées enAfghanistan, en Hongrie, en Inde, en Iran (Républiqueislamique d’), au Pakistan, en République de Corée, enSlovénie et en Turquie.158. Le détournement et la contrebande de produitschimiques devant être utilisés dans la fabricationillicite d’héroïne en Afghanistan continuent de poserproblème et l’Organe craint que les mécanismes decontrôle en place dans le pays ne soient pas suffisants.C’est pourquoi il exhorte le Gouvernement afghan àprendre des mesures supplémentaires, notamment enrenforçant les mesures de contrôle des précurseurs, enenquêtant sur les saisies de produits chimiqueseffectuées sur son territoire et en l’informant de cessaisies. Par ailleurs, l’Organe souhaite rappeler auxgouvernements la résolution 1817 (2008) du Conseil desécurité, dans laquelle le Conseil invite tous les ÉtatsMembres, en particulier les pays producteurs deproduits chimiques précurseurs, l’Afghanistan, les paysvoisins et tous les pays situés le long des itinérairesempruntés par les trafiquants à renforcer leurcoopération avec l’Organe, notamment en seconformant pleinement aux dispositions de l’article 12de la Convention de 1988, afin d’éliminer les faillesqui permettent aux organisations criminelles de32

E/INCB/2008/1détourner des produits chimiques précurseurs descircuits commerciaux internationaux licites (voir aussipar. 224 ci-après).159. L’origine du permanganate de potassium détournéen Amérique du Sud et les méthodes employées pour ledétourner continuent de préoccuper l’Organe. Lenombre des détournements du commerce internationald’envois contenant des produits chimiques utilisés dansla fabrication illicite de cocaïne qui ont été détectés ouempêchés continue de diminuer. Il n’y a pourtant paspénurie de ces substances. Selon certains indices, lestrafiquants ont trouvé d’autres moyens de se procurerles produits chimiques précurseurs dont ils ont besoinen les détournant du commerce national ou en lespassant en contrebande dans la région. L’Organedemande instamment aux gouvernements de continuerde renforcer le contrôle des circuits nationaux dedistribution, et il invite les gouvernements des pays desAmériques à mettre à profit l’expérience acquise aucours du Projet “Cohesion” pour ce qui est del’anhydride acétique et à concevoir des stratégiessimilaires pour combattre le détournement de produitschimiques utilisés dans la fabrication illicite decocaïne.D. Promotion de l’application universelledes traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues160. Pour s’acquitter du mandat qui lui incombe envertu des traités internationaux relatifs au contrôle desdrogues, l’Organe entretient avec les gouvernementsun dialogue qui prend la forme, notamment, deconsultations régulières et de missions dans les pays.Ce dialogue vise à aider les gouvernements à respecterles dispositions des traités.1. Évaluation du respect de l’ensemble des traitéspar certains gouvernements161. L’Organe examine régulièrement la situation ence qui concerne le contrôle des drogues dans lesdifférents pays et le respect des dispositions des traitésinternationaux pertinents par les gouvernements. Cetexamen porte sur différents aspects du contrôle desdrogues, notamment le fonctionnement des servicesnationaux qui en sont chargés, l’adéquation de lalégislation et de la politique relatives au contrôle desdrogues à l’échelon national, les mesures prises par lesgouvernements pour combattre le trafic et l’abus dedrogues et le respect par les gouvernements de leursobligations en matière de notification prévues par lestraités internationaux relatifs au contrôle des drogues.Les conclusions de l’examen ainsi que lesrecommandations de l’Organe concernant les mesures àprendre pour corriger la situation sont transmises auxgouvernements concernés pour qu’ils envisagent lasuite à donner.162. À l’issue de son examen, l’Organe rend des avissur des aspects spécifiques du contrôle des drogues, lecas échéant. Ces avis, qui reposent sur l’interprétationdes dispositions des traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues, sont communiqués auxgouvernements concernés et, lorsqu’il y a lieu, renduspublics par l’Organe dans son rapport annuel.163. En 2008, l’Organe a examiné la situation enmatière de contrôle des drogues au Brésil, en Haïti, auMyanmar et aux Pays-Bas, ainsi que les mesures prisespar les gouvernements de ces pays pour appliquer lestraités internationaux relatifs au contrôle des drogues.Ce faisant, il a accordé une attention particulière auxévolutions du contrôle dans ces pays.Brésil164. L’Organe a pris note des informations récemmentreçues du Gouvernement brésilien concernant lerenforcement de la réglementation du commerce, de ladistribution et de la consommation de substancespsychotropes, en particulier de stimulants. Il constateque la consommation de stimulants au Brésil acommencé depuis peu à reculer. En outre, il a reçu desinformations sur les mesures de lutte contre la drogueprises par le Gouvernement pour empêcher ledétournement des précurseurs vers les circuits illicites.165. Tout en prenant note de ces améliorations,l’Organe reste préoccupé par le fait que l’abus dedrogues a nettement progressé au Brésil; que desstimulants placés sous contrôle en vertu de laConvention de 1971 ont souvent été prescrits de façonexcessive et que la consommation de stimulantsinscrits au Tableau IV de ladite Convention resteimportante; que le détournement de préparationspharmaceutiques contenant des substances placées souscontrôle vers les marchés illicites a augmenté; et que ladisponibilité d’analgésiques opioïdes pour le traitementde la douleur demeure insuffisante et très inférieureaux besoins estimatifs de la population brésilienne.33

E/INCB/2008/1Bien que des précurseurs continuent d’être saisis, lesquantités saisies demeurent limitées.166. Depuis sa mission dans le pays, en 2003,l’Organe a entretenu un dialogue étroit avec leGouvernement brésilien au moyen de communicationsrégulières ainsi qu’à l’occasion de réunions avec sesreprésentants. En 2006, l’Organe a envoyé une autremission au Brésil pour y discuter avec les autoritésnationales compétentes des mesures adoptées et desprogrès accomplis par le Gouvernement en matière delutte contre la drogue. L’objectif de l’Organe étaitd’aider le Gouvernement à appliquer les dispositionsdes traités internationaux relatifs au contrôle desdrogues.167. L’Organe note qu’en septembre 2006 unenouvelle loi a été adoptée et qu’elle a marqué untournant important dans la politique brésilienne de luttecontre la drogue. Conformément à cette nouvelle loi,les toxicomanes, tout en demeurant passibles desanctions, ne sont pas punis exclusivement par despeines de prison, tandis que les trafiquants font l’objetde sanctions plus rigoureuses. L’Organe considère cettenouvelle loi comme un élément positif et engageinstamment le Gouvernement brésilien à assurer desstructures suffisantes dans le cadre des efforts qu’ildéploie pour combattre le problème croissant posé parl’abus de drogues, notamment des structures detraitement, de conseil et de réadaptation pour lestoxicomanes. Il souligne également qu’il importe derenforcer les mesures visant à prévenir l’abus dedrogues, compte tenu des défis majeurs auxquels leGouvernement doit faire face dans sa lutte contre leproblème de la drogue.168. L’Organe ne doute pas que le Gouvernementbrésilien continuera de renforcer ses efforts en matièrede lutte contre la drogue et il est prêt à poursuivre sondialogue avec lui et à lui fournir l’assistance nécessaires’il en fait la demande.Haïti169. Haïti connaît depuis quelques années desproblèmes croissants de trafic et d’abus de drogues,surtout de cannabis et de cocaïne. L’Organe note queles efforts entrepris dans le pays en matière de luttecontre la drogue ont été compromis par le manque decoordination au sein du Gouvernement et par lescarences de la législation en vigueur. Les services dedétection et de répression et les capacités du systèmejudiciaire sont également insuffisants dans le pays, etl’état de droit est quasiment inexistant.170. L’Organe est préoccupé par le fait qu’Haïtidemeure le seul pays des Amériques à ne pas encoreêtre partie à la Convention de 1971. Il relève en outreque les nouveaux textes législatifs relatifs au contrôledes drogues, rédigés au début des années 2000, n’ontpas encore été adoptés. Il engage instamment leGouvernement haïtien à faire le nécessaire pouradhérer à la Convention de 1971 et à adopter lesnouveaux textes législatifs dès que possible.171. L’Organe note qu’en dépit de l’existence d’uneCommission nationale de lutte contre la drogue(CONALD) en Haïti, le Gouvernement n’a pas encoreapprouvé une stratégie nationale à long terme en lamatière. Il demeure préoccupé par le manque continud’informations sur le trafic et les saisies de drogues enHaïti, eu égard en particulier à la situationgéographique du pays, qui le rend vulnérable au traficde drogues, surtout de cocaïne.172. L’Organe est conscient des grandes difficultésque rencontre le Gouvernement haïtien dans les effortsqu’il déploie pour améliorer la situation économique etsociale dans son ensemble, en particulier à la lumièredes catastrophes naturelles qui se sont produitesrécemment et qui ont infligé de nouvelles épreuves à lapopulation. Toutefois, il reste préoccupé par le faitqu’il y ait peu d’informations disponibles, voir aucune,sur les mesures prises par le Gouvernement pour luttercontre l’abus et le trafic de drogues, de sorte qu’il luiest difficile d’évaluer la situation.173. L’Organe exhorte le Gouvernement haïtien àprendre des mesures à titre prioritaire pour renforcer lalutte contre la drogue et demande aux membres de lacommunauté internationale, notamment àl’Organisation des Nations Unies, de fournir à Haïtil’assistance nécessaire pour l’aider à faire face à lasituation.Myanmar174. Le Myanmar se trouve dans une région qui,pendant de nombreuses années, a été la principale zonede culture illicite de pavot à opium dans le monde.Depuis 1999, le Gouvernement du Myanmar mène unplan de lutte contre la drogue qui prévoit sur unepériode de 15 ans, d’ici à 2014, l’élimination de toutesles activités de production et de trafic illicites, et les34

E/INCB/2008/1efforts soutenus d’éradication déployés par leGouvernement ont, au fil des ans, permis d’obtenird’importants résultats. Entre 1999 et 2006, l’on estimeque 85 % de toute la superficie consacrée à la cultureillicite du pavot à opium ont été éradiqués, en partieavec l’aide de la communauté internationale.175. L’Organe demeure cependant préoccupé par lefait que la culture illicite du pavot à opium auMyanmar s’est accrue de 29 % en 2007, ce qui pourraitsignifier une production d’opium en hausse de 46 % enraison de l’augmentation des rendements. C’était lapremière fois depuis 2000 qu’on observait uneprogression sensible des cultures illicites de pavot àopium par rapport à l’année précédente, et il y a desraisons de penser que ces cultures ont à nouveauaugmenté en 2008.176. L’Organe constate qu’au Myanmar l’offre demoyens de subsistance alternatifs légitimes auxagriculteurs qui se livrent à la culture illicite de pavot àopium continue de poser des difficultés. Tout enprenant acte des efforts menés par le Gouvernement duMyanmar pour éradiquer les cultures illicites de pavotà opium, l’Organe l’encourage à travailler avec lacommunauté internationale pour faire face à ceproblème et à adopter des mesures adéquates pouroffrir des moyens de subsistance légitimes à cesagriculteurs.177. De nombreux agriculteurs qui auparavantcultivaient illicitement du pavot à opium se sonttournés vers la fabrication de méthamphétamine qui estpratiquée à grande échelle dans le pays, d’où uneaggravation de l’abus de cette substance dans denombreux pays de l’Asie de l’Est et du Sud-Est. Touten étant conscient des difficultés auxquelles leGouvernement du Myanmar s’est heurté pour étendreson contrôle aux régions du pays où sont menées desactivités illicites liées aux drogues, l’Organe luidemande instamment de continuer à intensifier sesefforts pour s’attaquer à la fabrication illicite deméthamphétamine, en coopération avec lesgouvernements des pays voisins.Pays-Bas178. L’Organe a depuis longtemps exprimél’inquiétude que lui inspirent certaines politiquessuivies par le Gouvernement néerlandais, en particulierla politique en vertu de laquelle de petites quantités decannabis peuvent être vendues et consommées dans des“coffee shops”. Il est préoccupé aussi par ce qu’il estconvenu d’appeler les “salles de consommation dedrogues”, structures où les toxicomanes peuvent abuserde drogues illicites. La prescription de cannabis à desfins médicales et le programme d’entretien à l’héroïneaux Pays-Bas sont également des questions quel’Organe suit de près.179. L’Organe a, au fil des ans, entretenu un dialoguesuivi avec le Gouvernement néerlandais au sujet de cesquestions et d’autres encore. Certains progrès ont étéaccomplis: en 2003, le Gouvernement néerlandais ainformé l’Organe qu’il avait décidé de mettre fin auprogramme “d’analyse des comprimés” (qui permettaitaux personnes fréquentant des clubs et d’autres lieuxde faire contrôler les drogues illicites pour en vérifierl’“innocuité”), s’étant rendu compte que ce programmene répondait pas à l’idée qu’il fallait inculquer auxjeunes à l’égard de l’abus des drogues. L’Organe s’estfélicité de cette décision et a instamment invité lesautres gouvernements qui avaient entrepris desprogrammes semblables à faire de même.180. En outre, en août 2004, le Gouvernementnéerlandais a informé l’Organe qu’il avait décidéd’apporter un changement important à sa politiqueconcernant le cannabis. Dans un documentd’orientation interministériel portant sur cettesubstance, il a reconnu que les “coffee shops” n’étaientpas sans avoir une part de responsabilité dans lapoursuite du commerce illicite de drogues et nedonnaient pas de résultats satisfaisants pour ce qui étaitde réprimer la criminalité liée à la drogue. Suite àl’infléchissement de sa politique, il a adopté desmesures visant à réduire le nombre de “coffee shops”situés à proximité des écoles et dans les régionsfrontalières et a sanctionné les points de vente nonautorisés. L’Organe note que ces mesures ne sont pasencore entièrement appliquées et il continuera desuivre de près la situation. Le Gouvernement aégalement mené des campagnes afin d’informer lepublic, en particulier les jeunes, des dangers queprésente l’abus de cannabis.181. L’Organe relève que la lutte contre la drogue estune question hautement prioritaire aux Pays-Bas àlaquelle le Gouvernement continue d’allouer desressources considérables. Le contrôle des activitéslicites liées aux stupéfiants, aux substancespsychotropes et aux précurseurs chimiques dans lepays est rigoureux et efficace et, dans la plupart des35

E/INCB/2008/1domaines, l’Organe a toujours pu compter sur l’étroitecoopération du Gouvernement. Celui-ci a continué derenforcer les mesures de détection et de répressionpour combattre le problème posé par la fabricationillicite de stimulants de type amphétamine, enparticulier de méthylènedioxyméthamphétamine(MDMA), et de coopérer avec l’Organe à la réalisationd’opérations conjointes pour améliorer le contrôle desprécurseurs.182. L’Organe se félicite de l’infléchissement de lapolitique du Gouvernement néerlandais au sujet des“coffee shops”, qui constitue un pas important sur lavoie de la pleine application des dispositions des traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues. Ilcompte également que le Gouvernement reconsidérerasa politique concernant les “salles de consommation dedrogues” et lui demande instamment d’adopter lesmesures nécessaires pour mettre fin au fonctionnementde ces établissements. L’Organe note que leGouvernement a demandé une évaluation indépendantede la politique nationale de lutte contre la drogue. Il nedoute pas que cette évaluation, qui devrait être menéeen 2010, donnera l’occasion au Gouvernement deréexaminer les aspects de sa politique mentionnés plushaut et de respecter pleinement ses obligationsinternationales en vertu des conventions internationalesrelatives au contrôle des drogues.183. L’Organe a invité une délégation de haut niveaudu Gouvernement néerlandais à assister à sa quatrevingt-treizièmesession, en novembre 2008, pourexaminer des questions relatives à l’application par leGouvernement des conventions internationalesrelatives au contrôle des drogues et pour échanger desvues sur ce point. L’Organe se félicite des informationsdétaillées présentées par la délégation au sujet de lasituation relative au contrôle des drogues dans le payset attend avec intérêt de poursuivre le dialogue avec leGouvernement sur le respect, par les Pays-Bas, desconventions internationales relatives au contrôle desdrogues et sur d’autres questions pertinentes.2. Évaluation de l’application par lesgouvernements des recommandations formuléespar l’Organe à la suite de ses missions de pays184. Dans le cadre de son dialogue suivi avec lesgouvernements, l’Organe entreprend chaque année uneévaluation de l’application des recommandationsformulées par lui à la suite de ses missions de pays.185. En 2008, l’Organe a invité les gouvernements dessix pays ci-après à l’informer de la suite donnée auxrecommandations qu’il avait formulées à l’issue de sesmissions sur place en 2005: Arabie saoudite,Bangladesh, Fédération de Russie, Ghana, Lesotho etMexique. Il leur a demandé de l’informer notammentdes résultats obtenus et des difficultés rencontrées.186. L’Organe remercie les Gouvernements duBangladesh, de la Fédération de Russie, du Ghana etdu Mexique d’avoir communiqué dans les délais lesrenseignements demandés, ce qui lui a permisd’évaluer la situation de ces pays en matière decontrôle des drogues et de respect des traitésinternationaux y relatifs. Les informationscommuniquées par le Gouvernement du Lesotho ontété reçues trop tard pour pouvoir être prises en comptedans le présent rapport et elles le seront donc dans lerapport de l’Organe pour 2009.187. L’Organe regrette de n’avoir reçu aucuneinformation du Gouvernement de l’Arabie saoudite endépit des rappels qui lui ont été adressés, et il le prieinstamment de communiquer les informationsdemandées sans plus tarder.Bangladesh188. L’Organe relève que le Gouvernement bangladaiss’est efforcé de renforcer le contrôle des droguesdepuis la mission qu’il a envoyée dans le pays en 2005.Il note en particulier que des ressourcessupplémentaires ont été allouées à la Direction ducontrôle des stupéfiants et que le Conseil national decontrôle des stupéfiants, qui est l’organeinterministériel chargé de coordonner la politique enmatière de contrôle des drogues dans le pays, a reprisses activités. Le Bangladesh a également amélioré sacoopération avec les services de détection et derépression des pays voisins, en particulier de l’Inde.189. Cela étant, l’Organe note avec préoccupationqu’il reste encore beaucoup à faire pour renforcer lecontrôle de la vente au détail de préparationspharmaceutiques contenant des substances placées souscontrôle. Bien que, dans l’ensemble, la législation et laréglementation appliquées en la matière soientadéquates, le Gouvernement bangladais n’a pas pu lesfaire respecter comme il convient, et il est souventpossible de se procurer ces préparations sansordonnance. L’Organe demande au Gouvernementd’adopter d’urgence des mesures dans ce domaine pour36

E/INCB/2008/1que la distribution de substances placées sous contrôle,à tous les niveaux, soit suivie de près et que cessubstances soient utilisées exclusivement à des finsmédicales et scientifiques.190. L’Organe reste préoccupé par l’insuffisance desmesures de réduction de la demande illicite de droguesau Bangladesh. La disponibilité de services detraitement de l’abus de drogues demeure limitée, etl’on manque de données fiables concernant la situationen matière d’abus dans le pays. L’Organe note que leGouvernement bangladais prend des mesures pourrenforcer ses capacités dans ce domaine, par exempleen établissant des centres de traitement dansl’ensemble du pays, et il l’encourage à poursuivre sesefforts de réduction de la demande.Ghana191. L’Organe note que, depuis sa mission dans lepays, en 2005, le Gouvernement ghanéen a accomplicertains progrès en matière de contrôle des drogues. Àla suite d’une restructuration majeure dans le domainedu contrôle des drogues, y compris de l’adoption demesures visant à resserrer la coordination entre lesorganismes publics compétents, l’Organe de contrôledes stupéfiants, qui est le principal organe chargé decoordonner les activités de contrôle des drogues dansle pays, a recommencé à fonctionner en décembre 2007et il a créé un comité interorganisations sur laréduction de la demande. En outre, il a élaboré un planstratégique pour la période 2008-2010 visant àrenforcer les mesures de détection et de répression desinfractions en matière de drogues, le contrôle ducommerce licite des substances inscrites aux Tableauxdes Conventions et les actions de prévention de l’abusde drogues.192. Le Gouvernement ghanéen a donné suite à larecommandation formulée par l’Organe en ce quiconcerne le respect de son obligation de communiquerdes informations conformément aux traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues, et desprogrès sensibles ont été accomplis dans ce domaineces dernières années. Il a également donné suite auxrecommandations de l’Organe concernant la réductionde la demande. Depuis sa création, en janvier 2007, laDirection de la réduction de la demande s’estactivement employée à mener des activités desensibilisation dans les établissements d’enseignementet a lancé des programmes de formation aux principesde prescription rationnelle des opioïdes à l’intentiondes médecins, ainsi que des programmes deréadaptation et de réinsertion des toxicomanes.L’Organe encourage le Gouvernement ghanéen àentreprendre une enquête d’évaluation rapide de lasituation concernant l’abus de drogues dans le paysafin de s’attaquer plus efficacement à ce problème.193. L’Organe relève qu’il n’y a guère eu de progrèspour ce qui est de garantir l’offre de stupéfiants à desfins médicales dans le pays. L’offre d’opiacés pour letraitement de la douleur dans les établissements desoins demeure insuffisante. L’Organe demande auGouvernement de faire le point de la situation et deprendre les mesures nécessaires pour garantir l’accèsaux stupéfiants, en particulier aux opiacés, à des finsmédicales.194. En outre, l’absence de législation concernant lecontrôle des précurseurs et le fait qu’il n’existe pasd’autorité compétente aux fins de l’application desdispositions de l’article 12 de la Convention de 1988restent des domaines dont le Gouvernement ghanéendoit se préoccuper. L’Organe engage instamment leGouvernement à redoubler d’efforts pour progresserdans ces domaines. Il compte que le Gouvernementpoursuivra son action en vue de donner pleinementeffet aux dispositions des traités internationaux relatifsau contrôle des drogues.Mexique195. L’Organe constate que, depuis sa mission auMexique en 2005, le Gouvernement a pris des mesurespour donner suite aux recommandations qu’il avaitformulées. Des progrès ont été accomplis dans certainsdomaines du contrôle des drogues.196. Peu après la dernière mission de l’Organe, leGouvernement mexicain a officiellement invoquél’article 12 de la Convention de 1988 concernant lesnotifications préalables à l’exportation aux fins del’importation de tous les précurseurs. Il a égalementresserré le régime de contrôle applicable à l’éphédrineet à la pseudoéphédrine en introduisant desmécanismes de contrôle supplémentaires, par exempleen réglementant la prescription de préparationscontenant de la pseudoéphédrine ainsi que les quantitésde ces deux substances pouvant être importées.Parallèlement aux efforts entrepris pour éradiquer lescultures illicites de pavot à opium et de cannabis, il acontinué de réaliser des projets de développement37

E/INCB/2008/1alternatif couvrant 75 % des superficies où ces culturesillicites étaient pratiquées. Il a également adopté desmesures concrètes pour s’attaquer au problème de lacorruption.197. Tout en prenant acte de ces éléments positifs,l’Organe note que le Gouvernement mexicain doitencore faire face à d’importants problèmes. Bien qu’ilcontinue de déployer des efforts notables, la corruptionreste un obstacle majeur aux activités de lutte contre ladrogue au niveau national, au niveau des États et auplan local, et les organisations criminelles organiséesexercent un très grand pouvoir dans certaines régionsdu pays. Malgré les mesures concrètes prises par leGouvernement, l’abus de drogues reste important, enparticulier chez les écoliers et les jeunes. Le pavot àopium et le cannabis continuent d’être cultivésillégalement à grande échelle, et le trafic de droguesdemeure un problème grave.198. L’Organe note que le système d’inspection despoints de vente au détail des préparationspharmaceutiques contenant des substances placées souscontrôle comporte toujours des lacunes. Il fautégalement former les pharmaciens pour assurer uncontrôle étroit de la vente des substances placées souscontrôle et veiller à ce qu’elles soient utiliséesexclusivement à des fins médicales. L’Organeencourage le Gouvernement mexicain à poursuivre sesefforts pour faire en sorte que l’offre d’opiacés à desfins médicales soit suffisante, conformément auxprincipes directeurs concernant l’élaboration de normespratiques pour le diagnostic et l’administration demédicaments palliatifs, qui ont été adoptés en 2006.199. L’Organe prend acte de l’engagement duGouvernement mexicain de combattre la drogue etcompte bien que des mesures seront prises sur le longterme pour lutter contre les cultures illicites, lafabrication et le trafic illicites de drogues, ledétournement des substances placées sous contrôle etl’abus de drogues dans le pays.Fédération de Russie200. Le trafic et l’abus de drogues ontconsidérablement augmenté en Fédération de Russiedepuis les années 1990, après l’éclatement de l’Unionsoviétique. L’abus d’opiacés, et en particulierd’héroïne, est une source de profonde préoccupation,l’abus de drogues par injection étant la principalecause de la propagation rapide de l’infection à VIH. LeGouvernement a reconnu que le problème de la drogueconstituait une grave menace pour la sécurité nationaleet a continué d’adopter des mesures dans diversdomaines de la lutte contre la drogue pour faire face auproblème.201. L’Organe note que le Gouvernement de laFédération de Russie a pris des mesures pour appliquerles recommandations qu’il avait formulées à la suite dela mission qu’il avait envoyée dans le pays en 2005. Enparticulier, le Gouvernement a renforcé les structuresadministratives afin d’améliorer la coordination desmesures de contrôle des drogues au plan national,notamment en créant le Comité d’État de lutte contre ladrogue. Ce comité récemment créé comprend une largegamme d’organismes publics, y compris ceux qui sontchargés de questions liées aux médias et à la cultureL’Organe se félicite de cet effort qui vise à associerl’ensemble de la société à la lutte antidrogue.202. Le Gouvernement de la Fédération de Russie acontinué de renforcer les programmes de réduction del’offre et l’action des services de détection et derépression. Il a adopté des mesures pour resserrer lescontrôles aux frontières moyennant l’achat de nouveaumatériel et la formation du personnel des serviceschargés de la surveillance des frontières, ce qui s’esttraduit par une augmentation des quantités de droguessaisies. Il a également réorienté l’action des services dedétection et de répression, lesquels s’attachentdésormais à lutter contre la criminalité organisée et nonplus cibler les toxicomanes. En outre, il a donné suite àla recommandation formulée par l’Organe au sujet deson obligation de communiquer des informations, et lesrapports statistiques requis par les traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues sontdésormais présentés plus ponctuellement à l’Organe.203. L’une des principales recommandationsformulées par l’Organe à la suite de sa mission de 2005tendait à ce que le Gouvernement de la Fédération deRussie applique une approche équilibrée en matière delutte contre la drogue, consistant non seulement àcontinuer de s’employer à réduire l’offre, mais aussi àredoubler d’efforts pour réduire la demande. L’Organenote que, depuis la mission, le Gouvernement a adoptédes mesures dans ce domaine, et compte qu’ilcontinuera d’œuvrer à la mise en place d’une approcheglobale pour s’attaquer au problème que représentel’abus de drogues dans le pays.38

E/INCB/2008/1204. L’Organe constate qu’en Fédération de Russie despeines de substitution à l’emprisonnement ne sonttoujours pas prévues pour les auteurs non violentsd’infractions liées aux drogues. Il relève lesdispositions des conventions internationales relativesau contrôle des drogues sur cette question, enparticulier les alinéas b) et c) du paragraphe 4 del’article 3 de la Convention de 1988, aux termesdesquels les États parties peuvent prévoir des mesuresde traitement, d’éducation, de postcure, de réadaptationou de réinsertion sociale dans les cas appropriés.L’Organe invite le Gouvernement de la Fédération deRussie à adopter de telles mesures.* * *205. L’Organe a reçu des informations desgouvernements indonésien, pakistanais et thaïlandaissur l’application de ses recommandations suite auxmissions effectuées dans les pays concernés en 2004.Étant donné que ces informations lui ont étécommuniquées trop tardivement pour qu’il puisse lesprendre en compte dans son rapport pour 2007, ilpublie les résultats de son examen dans le présentrapport.Indonésie206. L’Organe note qu’à l’issue de sa mission dans lepays en 2004 le Gouvernement indonésien a réalisé desprogrès dans certains domaines du contrôle desdrogues. En particulier, le Gouvernement a prisd’importantes mesures dans le domaine du contrôle desprécurseurs, notamment avec l’adoption deréglementations qui renforcent le systèmed’autorisation des importations et des exportations deprécurseurs à usage pharmaceutique ou industriel. Il aégalement adopté un deuxième plan d’action nationalsur le contrôle des précurseurs pour la période 2006-2010. Ce plan d’action prévoit la révision de lalégislation pour renforcer le contrôle des précurseursainsi que la création de groupes d’étude chargés àl’échelle provinciale et municipale du contrôle de cessubstances. L’Organe se félicite de ces mesures et nedoute pas que le Gouvernement mettra pleinement enœuvre le plan d’action national.207. L’Organe note également que le Gouvernementindonésien a poursuivi ses efforts dans le domaine dela réduction de la demande, avec par exemple la miseen place de structures de traitement de la toxicomanieet de programmes de prévention à l’échelon local. Auvu de la dégradation de la situation concernant l’abusde drogues en Indonésie, l’Organe prie instamment leGouvernement de redoubler d’efforts dans ce domaine.Il l’encourage en particulier à procéder à uneévaluation de la situation à l’échelle nationale et àprendre toutes les mesures nécessaires pour faire face àce problème, conformément aux traités internationauxrelatifs au contrôle des drogues.208. L’Organe note qu’il ne semble pas y avoir eu deprogrès dans plusieurs autres domaines, notammentpour ce qui est, d’une part, de resserrer la coordinationentre les ministères nationaux et les organismeschargés de la lutte contre la drogue et, d’autre part,d’assurer une offre suffisante de stupéfiants pour lesbesoins médicaux, en particulier pour la prise encharge de la douleur. L’Organe ne doute pas que leGouvernement indonésien mettra tout en œuvre pourque des progrès soient réalisés également dans cesdomaines.Pakistan209. L’Organe note que le Gouvernement pakistanaiss’est employé à appliquer les recommandations qu’ilavait formulées à l’issue de sa mission en 2004. LeGouvernement a alloué des ressources considérables àla lutte contre le problème de l’abus de drogues dans lepays, comme en témoignent les efforts qu’il mène dansle domaine de la prévention ainsi que du traitement etde la réadaptation des toxicomanes. En 2005, il a créésur le territoire deux centres modèles de traitement etde réadaptation des toxicomanes, avec la participationet la contribution actives d’organisations nongouvernementales œuvrant dans ce domaine. En 2006,il a procédé à une évaluation de l’abus de drogues auniveau national, avec l’aide de l’ONUDC. L’Organel’encourage à poursuivre ses efforts dans le domaine dela réduction de la demande, et en particulier à renforcerles systèmes de collecte de données sur les tendancesde l’abus de drogues dans le pays.210. Tout en se félicitant de ces évolutions positivesen matière de contrôle des drogues, l’Organe estpréoccupé par le fait qu’il n’a pas encore été donnésuite à ses recommandations visant à renforcer lecontrôle des préparations pharmaceutiques contenantdes substances placées sous contrôle et que cespréparations font l’objet d’un abus important dans lepays. Il prie instamment le Gouvernement d’accélérerle processus d’élaboration de nouvelles39

E/INCB/2008/1réglementations pour contrôler efficacement cessubstances afin de prévenir leur détournement descircuits de distribution licites ainsi que leur abus.211. En outre, le Gouvernement doit encore mettre enplace des mécanismes de contrôle efficaces pour lesprécurseurs chimiques passant par le Pakistan àdestination de l’Afghanistan, et prendre des mesures dedétection et de répression contre la distribution illégalede préparations pharmaceutiques contenant dessubstances placées sous contrôle par le biais descyberpharmacies situées dans le pays. Des mesuresdevraient également être prises pour faire face à lareprise de la culture illicite de pavot à opium àl’échelle nationale. L’Organe ne doute pas que leGouvernement poursuivra ses efforts en matière delutte contre la drogue, en particulier dans les régionsoù des progrès doivent encore être réalisés, pour faireen sorte que les dispositions des traités internationauxrelatifs au contrôle des drogues soient pleinementappliquées au Pakistan.Thaïlande212. L’Organe a envoyé une mission en Thaïlande en2004 pour étudier la situation du pays en matière delutte contre la drogue, notamment pour examiner lesmesures prises par le Gouvernement dans le cadre de la“guerre contre la drogue”. Il s’agissait d’une campagnenationale conduite par le Gouvernement début 2003,alors que la Thaïlande détenait le taux d’abus destimulants de type amphétamine (en particulier deméthamphétamine) le plus élevé au monde. Pendantcette campagne, de nombreux assassinats ont eu lieu,souvent dans des circonstances que l’on ne peutqualifier que de suspectes.213. La mission a constaté que des comitésindépendants avaient été créés pour enquêter sur tousles assassinats ayant eu lieu pendant la campagnenationale et, le cas échéant, pour poursuivre lesfonctionnaires impliqués. Conformément auxconclusions de cette mission, l’Organe a demandé auGouvernement thaïlandais de le tenir informé del’évolution de ces enquêtes. Depuis lors, l’Organe a étéen relation étroite avec le Gouvernement à ce sujet.214. L’Organe note que, conformément auxinformations récemment reçues du Gouvernementthaïlandais, 55 agents des services de détection et derépression au total doivent être poursuivis pour leurimplication présumée dans les assassinats perpétrésdurant la “guerre contre la drogue”. Le Gouvernementa également informé l’Organe qu’il n’avait pasl’intention de reprendre cette campagne et que toutesles mesures contre le trafic de drogues qui seraientprises par les pouvoirs publics seraient conformes auxprincipes des droits de l’homme. L’Organe note que lesefforts menés actuellement par le Gouvernement pourlutter contre l’abus et le trafic de drogues visent, entreautres, à associer davantage la population à la luttecontre le problème de la drogue, du moins en partiepour suivre les mesures prises par les pouvoirs publicset veiller à ce que les obligations juridiques soientrespectées.215. L’Organe a également recommandé auGouvernement d’accroître l’offre d’opiacés pour laprise en charge de la douleur en Thaïlande. Il note quel’offre de ces substances reste faible dans le pays etencourage le Gouvernement à revoir ses procéduresdans ce domaine.3. Promotion du dialogue avec les gouvernements216. Conformément aux objectifs des traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues,l’Organe, lorsqu’il y a lieu, invite des délégationsgouvernementales à ses sessions afin de resserrer ledialogue avec les gouvernements concernant le respectdes traités. En 2008, l’Organe a invité des délégationsde la Bolivie, des Pays-Bas (voir par. 183 ci-dessus) etde la Suisse.Bolivie217. L’Organe a invité une délégation de haut niveaudu Gouvernement bolivien à assister à sa quatre-vingttreizièmesession, en novembre 2008, pour examinerdes questions relatives à l’application par la Boliviedes conventions internationales relatives au contrôledes drogues et pour échanger des vues sur ce point.L’Organe se félicite des informations détailléesprésentées par la délégation bolivienne au sujet de lasituation relative au contrôle des drogues dans le payset des mesures adoptées par le Gouvernement pourlutter contre la drogue.218. Tout en prenant note des explications données parla délégation, l’Organe reste préoccupé par certainsaspects de la politique de lutte contre la drogue enBolivie, qui sont incompatibles avec les conventionsinternationales relatives au contrôle des drogues. Lalégislation nationale autorise la culture et la40

E/INCB/2008/1consommation de la feuille de coca à des fins nonmédicales, en particulier la mastication de la feuille decoca. Cette pratique est contraire aux dispositions de laConvention de 1961, en particulier à l’article 4, envertu duquel les États parties sont tenus de “limiterexclusivement aux fins médicales et scientifiques laproduction, la fabrication, l’exportation, l’importation,la distribution, le commerce, l’emploi et la détentiondes stupéfiants”.219. L’Organe note que le Gouvernement bolivienréexamine actuellement sa législation nationale enmatière de contrôle des drogues en vue d’autoriserl’utilisation de la feuille de coca pour les usagestraditionnels ainsi que pour une vaste gamme deproduits industriels, dont une partie est destinée àl’exportation. L’Organe prie instamment leGouvernement de veiller à ce que toutes les mesuresadoptées soient conformes aux obligations qui luiincombent en vertu de la Convention de 1961.Suisse220. Une délégation de haut niveau du Gouvernementsuisse a été invitée à la quatre-vingt-douzième sessionde l’Organe, en mai 2008, pour examiner des questionsrelatives à l’application par la Suisse des traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues et pouréchanger des vues sur ce point. L’Organe se félicite desinformations détaillées présentées par la délégationsuisse au sujet de la situation relative au contrôle desdrogues dans le pays et des mesures adoptées par leGouvernement pour combattre le trafic et l’abus dedrogues.221. L’Organe note en particulier que l’idée deproposer la dépénalisation du cannabis a été rejetée etque le Gouvernement l’a récemment informé de sadécision d’établir un organisme national chargé ducannabis, conformément à l’article 28 de la Conventionde 1961. L’Organe se réjouit de cette évolution positivedu contrôle des drogues en Suisse.222. Tout en prenant note des explications données ausujet de l’activité des “salles de consommation dedrogues” en Suisse, l’Organe demande instamment auGouvernement de mettre des services de traitementappropriés à la disposition des toxicomanes,conformément aux traités internationaux pertinents.L’Organe poursuivra son dialogue avec leGouvernement suisse et compte qu’une étroitecoopération se poursuivra dans ce domaine ainsi quedans d’autres domaines liés au contrôle des drogues.E. Mesures visant à assurer l’applicationdes traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues1. Mesures prises par l’Organe conformément àl’article 14 de la Convention de 1961 et àl’article 19 de la Convention de 1971223. L’article 14 de la Convention de 1961 telle quemodifiée par le Protocole de 1972 ainsi que l’article 19de la Convention de 1971 énoncent les mesures quepeut prendre l’Organe pour assurer l’exécution desdispositions de ces deux conventions. L’Organe ainvoqué ces mesures à l’égard d’un nombre limitéd’États qui n’avaient toujours pas mis leurs mesures decontrôle nationales en conformité avec les conventions.La plupart de ces États ayant pris des mesurescorrectives, l’Organe a décidé de mettre un terme àl’action qu’il avait engagée conformément auxditsarticles.2. Consultation avec le Gouvernement afghan envertu de l’article 14 de la Convention de 1961224. En 2008, la communauté internationale apoursuivi ses efforts visant la reconstruction del’Afghanistan et la lutte contre les problèmes liés à ladrogue dans ce pays. Le Conseil de sécurité a adopté larésolution 1817 (2008), dans laquelle il engageait tousles États Membres à renforcer la coopérationinternationale et régionale afin de lutter contre laproduction illicite et le trafic de drogues enAfghanistan, notamment en améliorant la surveillancedu commerce international des précurseurs chimiques,et à empêcher que ces substances ne soient détournéesdes circuits commerciaux internationaux licites auxfins d’utilisation illicite en Afghanistan. En outre, àl’issue de la Conférence internationale de soutien àl’Afghanistan qui s’est tenue en juin 2008 à Paris, desressources très importantes ont été promises pour veniren aide au Gouvernement afghan. L’Organe accueilleavec satisfaction ces événements importants et, en saqualité d’organe conventionnel indépendant,continuera de suivre de près la situation relative aucontrôle des drogues en Afghanistan afin de s’assurerque le Gouvernement fait des progrès conformément àl’article 14 de la Convention de 1961.41

E/INCB/2008/1225. En 2000, l’Organe a invoqué l’article 14 de laConvention de 1961 à l’égard de l’Afghanistan. Il apris cette mesure parce qu’il estimait que l’incapacitédu Gouvernement à mettre fin à la culture illicite dupavot à opium compromettait gravement les objectifsde ladite Convention. En 2001, il a appelé l’attentionde la communauté internationale, et en particulier cellede la Commission des stupéfiants et du Conseiléconomique et social, sur la situation en Afghanistan.226. Ces dernières années, l’Organe est intervenuauprès du Gouvernement et de la communautéinternationale lorsqu’il y a eu lieu. Il a notammententretenu des contacts étroits avec le Gouvernementafghan, y compris en diligentant des missions de hautniveau dans le pays et en invitant le Gouvernement àenvoyer des délégations à ses sessions pour participeraux discussions. Il a également apporté une assistancetechnique à l’Afghanistan, par exemple par le biais dela formation dispensée aux autorités afghanes pourl’application des traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues.227. L’Organe note avec préoccupation quel’Afghanistan reste la source de plus de 90 % de tout lepavot à opium cultivé illicitement dans le monde. En2008, la superficie totale de ces cultures dans le payss’est élevée à 157 000 hectares, et la productiond’opium y a été évaluée à 7 700 tonnes, soit ladeuxième en importance jamais enregistrée. Tout ennotant qu’en 2008 la culture illicite de pavot à opium areculé de 19 % et la production d’opium de 6 %,l’Organe prie instamment le Gouvernement et lacommunauté internationale de poursuivre leurs effortsvisant à éliminer la culture illicite de pavot à opiumdans le pays.228. Environ 98 % des cultures illicites de pavot àopium en Afghanistan sont concentrées dans septprovinces du sud et du sud-ouest du pays, où lasécurité demeure problématique. Ce chiffre montre quel’on ne pourra réellement remédier à cette situation quesi le Gouvernement exerce un contrôle efficace surtoutes les régions du pays. Les progrès limités réaliséslors de la campagne d’éradication du pavot àopium menée en 2008 sont à cet égard éloquents: seuls5 017 hectares de pavot à opium cultivé illicitementont été éradiqués, contre 19 047 hectares en 2007 et15 300 hectares en 2006. La superficie totale de pavotà opium éradiquée en 2008 n’a représenté que 10 % del’objectif fixé pour cette année là.229. La culture illicite du pavot à opium n’est pas leseul problème qui se pose en Afghanistan en matière delutte contre la drogue. L’Organe note avec inquiétudeque la culture illicite de la plante de cannabis s’estconsidérablement développée dans le pays cesdernières années. En 2008, cette culture a été signaléedans 14 provinces, non seulement dans des zones deculture illicite de pavot à opium, mais aussi dans deszones qui avaient été déclarées exemptes de pavot àopium. Des cultivateurs ont abandonné la culture dupavot à opium pour celle du cannabis, car cettedernière est de plus en plus lucrative en Afghanistan etle Gouvernement n’a pris aucune mesure pourl’empêcher. L’Organe exhorte celui-ci à prendre desmesures pour remédier à la situation. Il appelle lacommunauté internationale à apporter une assistanceau Gouvernement afghan pour lui permettre deprogresser dans ses efforts visant à éliminer toutes lesactivités illicites liées à la drogue sur son territoire, ycompris la culture illicite de la plante de cannabis.230. L’Organe note que, bien qu’il n’y ait enAfghanistan aucun besoin légitime d’anhydrideacétique, des commandes de cette substance destinées àce pays ont encore été passées dans certains paysd’Asie et d’Europe. En 2007 et 2008, l’Organe a étéinformé de saisies importantes d’anhydride acétiquedans des pays d’Asie occidentale, dont l’Afghanistan,ainsi que de cas de prévention de livraisons atteignantun total de plusieurs centaines de tonnes dans plusieurspays à l’extérieur de la région. La plupart del’anhydride acétique saisi avait été détourné descircuits de distribution nationaux.231. Comme examiné plus en détail aux paragraphes677 et 678 ci-après, les mécanismes de contrôle enplace, notamment pour les précurseurs chimiques, sontinsuffisants pour empêcher l’introduction de diversproduits chimiques en Afghanistan et leurdétournement en vue de la fabrication illicited’héroïne. L’Organe engage le Gouvernement afghan àrenforcer le contrôle des précurseurs dans le pays ainsique les capacités d’interception et d’investigation desservices nationaux de détection et de répression et delui faire rapport sur toutes les saisies de produitschimiques réalisées sur son territoire. Il tient à rappelerà tous les gouvernements, en particulier auGouvernement afghan et à ceux des pays voisins, qu’ilimporte d’appliquer la résolution 1817 (2008) duConseil de sécurité (voir le rapport de l’Organe pour42

E/INCB/2008/12008 sur l’application de l’article 12 de la Conventionde 1988).232. L’Organe note avec inquiétude que l’offreexcessive de drogues illicites et la facilité avec laquelleon peut s’en procurer en Afghanistan ont contribué à laprogression de l’abus de drogues dans le pays. Uneenquête réalisée par l’ONUDC en 2005 sur l’abus dedrogues en Afghanistan a mis en évidence lesproblèmes croissants liés à l’abus d’opiacés et decannabis ainsi qu’un abus important de préparationspharmaceutiques. Pour remédier à ces problèmes, leGouvernement a adopté en 2008 un plan d’actiontendant à réduire la demande qui couvre la période2008-2012. L’Organe s’en félicite et il exhorte leGouvernement à prendre les mesures nécessaires pourfaire appliquer ce plan. Il le prie instamment de veillerà ce que des mesures appropriées soient prises pourfaire face à l’abus de drogues chez les groupesparticulièrement vulnérables du pays, y compris lesfemmes.233. Comme l’a souligné l’Organe dans ses rapportsannuels, la corruption liée à la drogue en Afghanistanest un problème généralisé et profondément ancré, cequi entrave considérablement les efforts que déploie leGouvernement pour faire face aux problèmes liés à ladrogue. L’Organe note avec inquiétude que desfonctionnaires corrompus permettent aux trafiquants dedrogues de poursuivre leur activité dans l’impunité,tandis que les fonctionnaires qui essaient de remédier àcette situation sont souvent l’objet de harcèlement,d’actes de violence ou de menaces de mort. L’Organetient à rappeler que, pour lutter avec succès contre lacorruption liée à la drogue, le Gouvernement doitmanifester avec force sa volonté politique et agirfermement, et que des résultats probants et mesurablesdans ce domaine sont nécessaires. Il exhorte leGouvernement à prendre des mesures efficaces, à tousles niveaux de l’administration, à l’encontre desfonctionnaires corrompus qui sont impliqués dans desactivités illicites liées aux drogues et à rendre publicsles résultats de ces mesures.234. L’Afghanistan est partie aux trois traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues.Toutefois, malgré les graves problèmes auxquels il seheurte en la matière, il reste l’un des très rares pays quidoivent encore adhérer au Protocole de 1972 portantamendement de la Convention de 1961. L’Organeexhorte le Gouvernement afghan à y adhérer à titreprioritaire.F. Thèmes spéciaux1. Suite donnée à la vingtième sessionextraordinaire de l’Assemblée généralePréparatifs du débat de haut niveau devant setenir à la cinquante-deuxième session de laCommission des stupéfiants235. Dans le cadre de la suite donnée à la vingtièmesession extraordinaire de l’Assemblée générale,l’Organe a réalisé en 2007 une évaluation de la mise enœuvre à l’échelle mondiale des traités internationauxrelatifs au contrôle des drogues à partir d’informationscommuniquées par les gouvernements dans unquestionnaire. En conséquence, un rapport reprenantles conclusions de cette évaluation a été communiqué àla Commission des stupéfiants à sa cinquante etunième session, en mars 2008, pour examen par lesgouvernements.236. L’Organe a publié un rapport sur la suite donnéeà la vingtième session extraordinaire de l’Assembléegénérale 63 . Ce rapport donne un aperçu des activitésentreprises par l’Organe et des progrès accomplis dansla suite donnée à la vingtième session extraordinaire del’Assemblée générale. Il recense également lesprincipaux problèmes en suspens et présente lesrecommandations de l’Organe au sujet des mesures queles gouvernements et les organisations internationalesconcernées devraient prendre pour lutter contre ladrogue.237. En outre, conformément à la résolution 51/4 de laCommission des stupéfiants, l’Organe a été activementassocié aux préparatifs du débat de haut niveau devantse tenir à la cinquante-deuxième session de laCommission sur la suite donnée à la vingtième sessionextraordinaire de l’Assemblée générale. Il a participéet contribué sur le fond aux travaux des cinq groupesde travail intergouvernementaux d’experts àcomposition non limitée, notamment en communiquantaux groupes de travail des documents sur les cinq__________________63 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants sur la suite donnée à la vingtième sessionextraordinaire de l’Assemblée générale (publication desNations Unies, numéro de vente: F.09.XI.7).43

E/INCB/2008/1thèmes suivants: a) réduction de la demande de drogue;b) réduction de l’offre; c) lutte contre le blanchimentd’argent et promotion de la coopération judiciaire;d) coopération internationale pour l’élimination descultures de plantes servant à fabriquer des droguesillicites et pour le développement alternatif; ete) contrôle des précurseurs et des stimulants de typeamphétamine.238. Les documents communiqués aux groupes detravail rendent compte du point de vue de l’Organe surles différents sujets à l’étude, donnent une vued’ensemble des progrès accomplis et des problèmesrencontrés dans ces domaines, et exposent brièvementles recommandations de l’Organe. Celui-ci note queses vues ont été prises en compte dans les délibérationsdes groupes de travail et dans les conclusions finalesdu processus d’examen de la suite donnée à lavingtième session extraordinaire de l’Assembléegénérale.239. L’Organe tient à souligner que les objectifs fixéspour 2008 par l’Assemblée générale à sa vingtièmesession extraordinaire sont tout aussi pertinents etimportants qu’ils l’étaient en 1998 et que de nouveauxproblèmes touchant le contrôle international desdrogues ont surgi. Il demande aux gouvernements et àl’ensemble de la communauté internationale depoursuivre leurs efforts afin de réaliser de nouveauxprogrès dans la lutte contre le problème mondial de ladrogue. Il continuera de coopérer étroitement avec lesgouvernements et les organisations internationalescompétentes en vue de l’adoption, lors du débat dehaut niveau de la cinquante-deuxième session de laCommission des stupéfiants, prévue en mars 2009,d’une déclaration politique et de plans d’action pourles activités à mener.L’importance du rôle de la société civile dans lalutte contre la drogue240. L’Organe prend note des déclarations etrésolutions adoptées à l’occasion du forum “Au-delà de2008” qui a regroupé des organisations nongouvernementales et qui s’est tenu à Vienne du 7 au9 juillet 2008. Il est convaincu depuis toujours qu’avecleurs connaissances et leur expérience les membres dela société civile, y compris les organisations nongouvernementales, jouent un rôle important dans lalutte internationale contre la drogue. À cet égard,l’Organe pourrait utiliser les informations qui sontpertinentes pour son évaluation de la situation en lamatière dans différents pays ainsi que pour celle durespect des traités internationaux relatifs au contrôledes drogues par les gouvernements.Le premier Forum mondial contre la drogue241. Le premier Forum mondial contre la drogue, quis’est tenu à Stockholm du 8 au 10 septembre 2008,avait pour thème principal 100 ans de préventionantidrogue. Il a rassemblé plus de 600 participantsreprésentant 82 pays. Le Président de l’Organe y aégalement participé. Ce Forum a donné l’occasion derassembler des chercheurs et des représentantsd’organisations s’employant à lutter contre lesproblèmes liés aux drogues illicites dans toutes lesrégions du monde. Il a donné lieu à l’adoption d’unerésolution contre l’usage non médical (l’abus) destupéfiants. Il a marqué le lancement d’un réseaumondial d’organisations unies dans leur soutien enfaveur des traités internationaux relatifs au contrôle desdrogues.2. Le trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest242. Ces dernières années, on a observé une netteprogression de la contrebande via l’Afrique de l’Ouestde cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et àdestination de l’Europe. Les trafiquants de droguesvisent les pays ayant des structures gouvernementalesfragiles et disposant de moyens limités pour faire faceau trafic et à ses conséquences, dont la corruption etl’abus de drogues. L’Organe redoute que le trafic dedrogues n’affaiblisse les structures politiques,économiques et sociales de ces pays et ne réduise ainsile contrôle des gouvernements sur leurs territoires etinstitutions.243. On estime que 27 % environ (40 tonnes) de lacocaïne consommée chaque année en Europe est passéeen contrebande par l’Afrique de l’Ouest, presque tousles pays de la sous-région étant touchés: Cap-Vert,Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali,Mauritanie, Nigéria, Sénégal et Sierra Leone. Lesgouvernements des pays concernés ont signalé dessaisies de cocaïne s’élevant au total à 3 tonnes en 2006et à plus de 6 tonnes en 2007. Les années précédentes,la quantité totale saisie était sensiblement inférieure.244. L’accroissement des saisies est une évolutionpositive en ce sens qu’elle indique une plus grandesensibilisation des services de détection et de44

E/INCB/2008/1répression de ces pays au trafic de cocaïne etl’existence d’une volonté politique de lutter contre leproblème. Toutefois, les saisies de cocaïne en Afriquede l’Ouest laissent souvent une grande place au hasardet les capacités des services de détection et derépression, de même que celles du système judiciaire, àenquêter et à poursuivre les trafiquants de drogues sontinsuffisantes dans beaucoup de pays de la sous-région.Nombre de pays se heurtent également à de gravesproblèmes liés à la corruption, ce qui en fait des ciblesprivilégiées pour les organisations de trafiquants dedrogue.245. Parallèlement au développement du trafic decocaïne, l’abus de cette substance a progressé enAfrique de l’Ouest, bien que son niveau reste faible parrapport à celui qu’il atteint dans d’autres régions.L’accroissement de l’abus de cocaïne est un sujet degrave préoccupation, compte tenu du fait en particulierque, dans nombre de ces pays, les capacités desservices de détection et de répression et celles dusystème judiciaire sont inadaptées et qu’il reste encoreà élaborer des programmes de réduction de lademande.246. Le développement du trafic de cocaïne dansl’ensemble de l’Afrique de l’Ouest aura d’importantesrépercussions sur la situation en matière de lutteantidrogue non seulement sur le plan national, maisaussi à l’échelle régionale et internationale. Lesgouvernements concernés, de même que lacommunauté internationale, doivent remédierd’urgence à cette situation.247. L’Organe constate que la communautéinternationale a réagi de façon énergique face àl’intensification du trafic de cocaïne en Afrique del’Ouest. Comme suite à l’appel lancé par le Conseil desécurité aux dirigeants de la Guinée-Bissau afin qu’ilsprennent des mesures contre le trafic de drogue, lacommunauté internationale a affecté des fonds pourappuyer les mesures antidrogue dans ce pays. L’Organeexhorte la communauté internationale, en particulier lesystème des Nations Unies, à apporter augouvernement des pays de l’Afrique de l’Ouest l’aidenécessaire pour s’attaquer à ce problème (voir par. 298à 300 ci-après).3. Distribution sur le marché non réglementé desubstances placées sous contrôle international248. L’Organe se félicite de l’adoption de la résolution51/13 de la Commission des stupéfiants, dans laquellecelle-ci demandait aux États Membres et à lacommunauté internationale de prendre des mesuresappropriées pour faire face au problème persistant de ladistribution sur le marché non réglementé desubstances placées sous contrôle international. Toutcomme la Commission, il est préoccupé par le fait quela distribution de ces substances sur le marché nonréglementé se caractérise de plus en plus par laparticipation de réseaux criminels organisés et parl’élargissement de la gamme des produits contenantdes stupéfiants ou des substances psychotropes qui sontainsi disponibles. La consommation de médicamentscontenant des substances placées sous contrôleinternational que l’on trouve sur le marché nonréglementé, qu’ils aient été détournés des circuitslégitimes ou contrefaits, expose la santé des patients àde graves risques, y compris la dépendance, et peutparfois avoir des conséquences fatales.249. Dans son rapport pour 2006, l’Organe a appelél’attention des gouvernements sur la pratiquelargement répandue qui consiste à vendre sur le marchénon réglementé des drogues placées sous contrôleinternational et il a recommandé des mesures àl’intention de tous les gouvernements touchés pourqu’ils puissent lutter contre ce phénomène. Enparticulier, il a souligné qu’il était nécessaire, d’unepart, que toutes les parties concernées appliquentstrictement les règles relatives aux contrôles et, d’autrepart, que les États Membres assurent le respect de lalégislation en vigueur. Les gouvernements doiventégalement faire en sorte que des stupéfiants et dessubstances psychotropes ne soient pas illégalementfabriqués, importés ou exportés et ne soient pasdétournés au profit du marché non réglementé. Enoutre, ils devraient procéder à des inspections desfabricants, des exportateurs, des importateurs et desdistributeurs, et évaluer systématiquement leursbesoins en stupéfiants et en substances psychotropes desorte que l’offre soit suffisante pour répondre à lademande légitime 64 . L’Organe note avec satisfactionque la Commission des stupéfiants, dans sarésolution 51/13, a prié les États Membres de réfléchir__________________64 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2006..., par. 38.45

E/INCB/2008/1à l’application des recommandations faites parl’Organe pour s’attaquer au problème que pose lemarché non réglementé. Il demande à tous lesgouvernements de prendre toutes les mesuresnécessaires pour appliquer le régime international decontrôle des drogues, y compris les résolutionspertinentes du Conseil économique et social 65 et lesmesures recommandées par la Commission 66 .250. L’Organe estime que l’élimination du marché nonréglementé doit se faire dans le cadre d’une actionconcertée associant les gouvernements et les partiesconcernées, comme l’industrie pharmaceutique, lesassociations professionnelles et les organisationsinternationales. Il accueille favorablement le quaranteet unième rapport du Comité OMS d’experts desspécifications relatives aux préparationspharmaceutiques 67 , publié en 2007, qui contient desconseils aux gouvernements pour lutter contre lesproblèmes de médicaments contrefaits et ne répondantpas aux normes. Il se félicite des mesures prises par leGroupe spécial international chargé de la lutte contreles contrefaçons de produits médicaux (IMPACT) del’OMS en vue d’empêcher le commerce et ladistribution des produits de contrefaçon ou desmédicaments de médiocre qualité.251. L’Organe note que, comme suite auxrecommandations formulées dans son rapport pour2006 68 et conformément à la résolution 51/13 de laCommission des stupéfiants, l’ONUDC, encollaboration avec l’OMS, étudie comment il seraitpossible d’apporter une assistance technique aux ÉtatsMembres qui en ont besoin pour être à même de lutterplus efficacement contre les problèmes liés au marchénon réglementé.__________________65 En particulier les résolutions 1991/44 et 1996/30 duConseil.66 En particulier les résolutions 48/5 et 50/11 de laCommission.67 Comité OMS d’experts des spécifications relatives auxpréparations pharmaceutiques, quarante et unièmerapport, OMS, Série de rapports techniques, n° 943(Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2007).68 Rapport de l’Organe international des stupéfiants pour2006..., par. 39.4. Principes directeurs à l’intention desgouvernements pour la prévention de la venteillégale via l’Internet de substances placées souscontrôle international252. Depuis plusieurs années, l’Organe est préoccupépar la vente et l’achat illégaux via l’Internet depréparations pharmaceutiques contenant des substancesplacées sous contrôle international. Il a attirél’attention des gouvernements sur les évolutionsintervenant dans ce domaine et leur a demandé deprêter l’attention voulue à la détection de cestransactions illégales, et aux enquêtes connexes, pourqu’ils appliquent les dispositions législatives etréglementaires visant à lutter contre ces transactions etqu’ils sensibilisent les clients des cyberpharmacies auxrisques potentiels pour leur santé. Il a régulièrementinvité les gouvernements à coopérer pleinement les unsavec les autres aux enquêtes pertinentes et àsensibiliser davantage les agents des services dedétection et de répression et les organismes chargés dela réglementation et du contrôle des drogues à lanécessité de lutter contre la vente illégale par descyberpharmacies de substances placées sous contrôleinternational.253. Au fil des années, l’Organe a recueilli auprès desautorités nationales des informations sur leurexpérience de la lutte contre le problème de la venteillégale de produits pharmaceutiques via l’Internet etsur les mesures qu’elles avaient prises pour mettre fin àces transactions. Il ressort des informations reçues desgouvernements que la plupart des pays ne disposentpas de législations, de réglementations administrativeset de mécanismes de coopération suffisants pour luttercontre ces activités. En conséquence, l’Organe a décidéd’élaborer des principes directeurs sur les questionsrelatives aux cyberpharmacies à l’intention desautorités nationales compétentes.254. Les Principes directeurs à l’intention desgouvernements pour la prévention de la vente illégalevia l’Internet de substances placées sous contrôleinternational ont été élaborés par l’Organe avec l’aided’experts nationaux, d’experts d’organisationsinternationales concernées (comme l’ONUDC, l’Unionpostale universelle (UPU), l’Organisationinternationale de police criminelle (INTERPOL) etl’Organisation mondiale des douanes), de fournisseursd’accès à l’Internet, de services financierset d’associations pharmaceutiques. Ces principes46

E/INCB/2008/1directeurs, qui doivent être envoyés à tous lesgouvernements et affichés sur le site Web de l’Organe(www.incb.org), ont pour objet d’aider lesgouvernements à élaborer des législations et desprincipes d’action nationaux à l’intention desprescripteurs, des pharmaciens, des services dedétection et de répression, des organismes deréglementation et du public en ce qui concernel’utilisation de l’Internet pour la délivrance, l’achat,l’exportation et/ou l’importation de substances placéessous contrôle international.255. Les principes directeurs comprennent desrecommandations quant aux mesures à prendre auxniveaux international et national, et ils sont regroupésen trois parties: dispositions législatives etréglementaires; mesures générales; et coopérationnationale et internationale. Ils devraient aider chaquegouvernement à déterminer les mesures de contrôle lesplus appropriées pour son pays. Certainesrecommandations, en particulier celles qui ont trait auxdispositions des traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues, devraient être appliquées danstous les pays. Afin de garantir une action concertée auniveau international, tous les pays devraient aussi seconformer aux exigences fondamentales en matièred’échange d’informations et de coopération.256. L’Organe invite tous les gouvernements à utiliserles Principes directeurs et à l’informer de la façon dontils les appliquent concrètement. Il espère égalementque ces principes serviront de base à une coopérationinternationale fructueuse et déboucheront, à longterme, sur un accord international en la matière.257. La Commission des stupéfiants et le Conseiléconomique et social partagent les préoccupations del’Organe concernant la vente illégale via l’Internet desubstances placées sous contrôle international. Dans sarésolution 50/11, la Commission a encouragé les ÉtatsMembres à signaler à l’Organe, de manière régulière etnormalisée, les saisies de substances licites placéessous contrôle international qui ont été commandées vial’Internet et livrées par courrier, pour permettre àl’Organe de réaliser une évaluation approfondie destendances en la matière. Dans la même résolution, ellea encouragé l’Organe à poursuivre son travail afind’attirer l’attention sur l’utilisation impropre del’Internet pour offrir, vendre et distribuer illégalementdes substances licites placées sous contrôleinternational et de prévenir cette utilisation.258. L’Organe a élaboré un modèle utilisable par lespays pour déclarer sous une forme normalisée lessaisies de stupéfiants et de substances psychotropesvendues illégalement via l’Internet et livrées par lesservices postaux. Ce modèle sera porté à l’attention desgouvernements au début de l’année 2009. L’Organeinvite tous les gouvernements à l’utiliser pour luicommuniquer les informations pertinentes. Il les inviteégalement à continuer de lui fournir desrenseignements sur leur législation nationale relative àla vente via l’Internet de substances placées souscontrôle international, sur les mécanismes nationaux decoopération et sur leur expérience pratique du contrôlede ces ventes, et de lui communiquer les coordonnéesdes points focaux nationaux pour les activités enrapport avec les cyberpharmacies illégales.5. La contrebande de drogues par les services demessagerie259. Ces deux dernières années, l’Organe a recueilliauprès des gouvernements des informations surl’utilisation impropre des services de messagerie parles trafiquants de drogues. Les informations obtenuesmontrent que ces services ont été utilisés pour le traficde drogues dans toutes les régions. Les trafiquants ontcompris que le recours à des services de messagerieétait une méthode relativement sûre pour acheminerdes drogues illicites. Certains gouvernements ontindiqué que c’était l’un des principaux modesopératoires employés pour la contrebande de drogues.260. Tous les pays ne sont probablement pasconscients de l’ampleur réelle du problème, plusieursgouvernements ayant indiqué qu’ils n’étaient pas enmesure de la déterminer. Toutefois, dans les pays où lesservices de détection et de répression ont étésensibilisés au problème de l’acheminement clandestinde drogues par des services de messagerie, denombreux cas ont été détectés.261. Les drogues acheminées par services demessagerie sont des drogues fabriquées illicitementmais aussi des préparations pharmaceutiques contenantdes stupéfiants et des substances psychotropes qui ontété détournées des circuits de distribution licites.L’héroïne, la cocaïne, le cannabis, la MDMA(communément appelée “ecstasy”), le diéthylamide del’acide lysergique (LSD) et les amphétamines sont lessubstances les plus concernées. Les préparationspharmaceutiques acheminées de cette façon sont des47

E/INCB/2008/1substances psychotropes, comme les benzodiazépines,et des stupéfiants, comme la codéine. Bien que lesquantités de drogues introduites en contrebande dansune lettre ou un colis soient relativement faibles, ellesreprésentent un volume considérable une foisadditionnées, ce qui montre l’importance que lesorganisations de trafiquants attachent à cette méthode.262. Il a été indiqué que l’utilisation des services demessagerie pour la contrebande de drogues sedéveloppait car, par le biais de ces services: a) onpouvait facilement dissimuler des drogues; b) il étaitpossible d’envoyer fréquemment de petites quantités;c) le coût opérationnel était peu élevé; d) il étaitpossible d’expédier d’un seul endroit des envois versplusieurs destinations; et e) il était difficile de vérifierla validité des informations fournies par l’expéditeur.263. La plupart des gouvernements qui ont enregistrédes cas de contrebande de drogues faisant intervenirdes services de messagerie pensent que cette activitéillicite est menée sans la complicité des sociétés demessagerie mais constitue une utilisation impropre deleurs services, avec parfois la participation d’unemployé. Dans ces cas précis, les dispositions prises enmatière de sécurité et de contrôle par les sociétés sesont avérées insuffisantes. Aucune société demessagerie, même parmi les plus importantes, n’est àl’abri de tentatives de contrebande de drogues.Toutefois, selon les informations communiquées parcertains pays, les petites sociétés sont plusfréquemment visées que les grandes, car ces dernièresexigent normalement des renseignements détaillés surles envois et utilisent un système de localisation quifacilite le suivi du mouvement de l’envoi del’expéditeur au destinataire.264. L’Organe note que, dans de nombreux pays, iln’est pas nécessaire d’adopter des mesures de contrôlespécifiques pour les services de messagerie. Lesmesures et réglementations de contrôle postal envigueur, si elles sont pleinement appliquées auxservices de messagerie, suffisent pour lutter contre lacontrebande de stupéfiants et de substancespsychotropes. L’Organe encourage tous lesgouvernements qui ne l’ont pas encore fait à adopterdes mesures législatives et administratives afin que lesdispositions voulues soient prises pour lutter contrel’utilisation impropre des services postaux et desservices de messagerie aux fins du trafic de drogues.Les gouvernements sont invités à prendre des mesuressemblables face à l’envoi de graines de cannabis et dematériel tel que celui destiné précisément à la cultureillicite et à l’abus de cannabis.265. Les importations et exportations de substancesplacées sous contrôle international par les services demessagerie sont soumises à toutes les dispositions decontrôle imposées pour le commerce international deces substances, notamment la délivranced’autorisations ou de permis. Il faudraitsystématiquement exiger de l’expéditeur qu’il soit enmesure de présenter une copie de l’autorisation en casd’inspection, et des services de messagerie qu’ilsdemandent à l’expéditeur de présenter laditeautorisation lorsqu’il envoie une lettre ou un colis. Lesservices de messagerie devraient aussi faire en sorteque les accords de livraison contiennent desinformations sur les substances interdites et lessubstances placées sous contrôle.266. Les dispositions législatives et lesréglementations administratives concernant lesmesures visant à assurer la sécurité du transport dessubstances placées sous contrôle sont essentielles pourlimiter les risques de vol ou de perte. Certainsgouvernements ont déjà promulgué desréglementations spéciales pour le transport destupéfiants et de substances psychotropes. Les servicesde messagerie devraient s’y conformer.267. L’Organe note que, dans la plupart des pays, lesservices de messagerie doivent effectuer desvérifications sur les colis et alerter les autorités en casde transactions suspectes. Avant qu’un envoi ne soitaccepté, des renseignements sur l’expéditeur et ledestinataire devraient être recueillis et enregistrés. Ilsdevraient être confrontés à des documents d’identitéfiables et devraient accompagner le colis. Tous les colisqui ne peuvent être dûment identifiés devraient êtreouverts et examinés. Lorsque le personnel des servicesde messagerie procède à l’enlèvement d’un colis à uneadresse donnée, cette adresse devrait être consignéedans un registre.268. L’Organe mesure toute l’importance qu’il y a àdispenser la formation voulue aux employés desservices postaux et des services de messagerie. Lepersonnel devrait être sensibilisé aux risques decontrebande de drogues par des actions de formationspéciales et par un échange régulier d’informations, ycompris des alertes. Ce genre de formation doit êtredispensé régulièrement pour tenir le personnel au48

E/INCB/2008/1courant des nouvelles tentatives d’utilisation desservices postaux et des services de messagerie aux finsde la contrebande de drogues. Il pourrait être utile defournir aux employés des services de messagerie desconsignes sur les méthodes d’identification des envoissuspects.269. Les gouvernements devraient renforcer lesorganismes chargés de contrôler les services postaux etles services de messagerie et établir des canaux pourl’échange d’informations entre les autorités chargéesde la réglementation, les services de détection et derépression, les organes judiciaires, l’administrationpostale et les services de messagerie afin de permettrel’investigation rapide des affaires de trafic de drogues.Des réunions régulières entre les services de détectionet de répression et les services postaux et demessagerie pourraient permettre d’apporter desinformations sur l’évolution du trafic de drogues, lesmodes opératoires des groupes de trafiquants et lesméthodes de dissimulation, par exemple les typescourants d’emballage.270. Des techniques appropriées de vérification,comme les vérifications aléatoires et les vérificationsaprès profilage (sur la base d’indicateurs de risques etde renseignements collectés), se sont révélées utilespour prévenir la contrebande de drogues. Lesinformations communiquées par les services demessagerie sur les envois internationaux avant leurarrivée facilite l’identification des envois suspects etaccélère leur sélection en vue de leur inspection par lesdouanes.271. Les gouvernements devraient coopérer en vue deprévenir l’utilisation impropre des services demessagerie pour la contrebande de drogues. Selonplusieurs gouvernements, la technique des livraisonssurveillées est le moyen le plus efficace de lutter contrel’acheminement clandestin de drogues par les servicesde messagerie. Elle permet aux autorités d’identifier laméthode de contrebande, ainsi que le destinataire de lamarchandise, et de recueillir des éléments de preuveessentiels pour démanteler les organisations criminellesimpliquées. L’Organe encourage tous lesgouvernements concernés à utiliser la technique deslivraisons surveillées, lorsqu’il y a lieu, et à coopéreravec d’autres gouvernements en la matière.272. L’Organe encourage les efforts de coopérationmenés au niveau régional et international en vue delutter contre l’utilisation des services de messageriepour la contrebande de drogues. À cet égard, il prendnote du Plan d’action de Tripoli qui a été adopté lorsdu Colloque régional sur la lutte contre le trafic dedrogues et le blanchiment d’argent par voie postaleorganisé avec l’aide de l’ONUDC en novembre 2007(voir par. 303 ci-après), et qui prévoit des mesuresspécifiques sur la coopération et l’échanged’informations.273. Les gouvernements devraient observer lesaccords internationaux existants et les utiliser en vuede poursuivre leur coopération contre l’utilisationimpropre des services de messagerie pour lacontrebande de drogues. La Convention postaleuniverselle réglemente les envois internationaux decourrier par les services postaux publics. L’Organeencourage les gouvernements à appliquer lesdispositions de cette Convention aux services demessagerie privés et à modifier leur législationnationale en conséquence. Il invite l’UPU à étendreaux services de messagerie privés les dispositions de laConvention applicables aux services postaux publics.274. L’Organe demande à tous les gouvernements deredoubler de vigilance face aux cas d’utilisationimpropre des services de messagerie pour lacontrebande de drogues et d’adopter des mesures pourlutter efficacement contre cette activité illicite. Il invitetous les gouvernements concernés à continuer de luifournir des informations pertinentes sur ce sujet.6. Abus de sirops antitussifs contenant desstupéfiants275. Il est avéré que des sirops antitussifs contenantdes stupéfiants, comme de la codéine, de ladihydrocodéine, de l’éthylmorphine, de l’hydrocodoneet de la pholcodine, ont été détournés et ont fait l’objetd’abus dans certains pays. Toutefois, les données surl’ampleur du détournement et de l’abus de ces siropssont limitées. En conséquence, l’Organe a envoyé en2008 un questionnaire aux gouvernements d’unecinquantaine de pays dans toutes les régions pourobtenir des informations sur le détournement et l’abusde sirops antitussifs contenant des stupéfiants,notamment des renseignements détaillés sur lesprincipaux sirops antitussifs faisant l’objet d’abus,l’ampleur de cet abus et les sourcesd’approvisionnement des consommateurs, ainsi que surles mesures prises par les gouvernements pour luttercontre ce détournement et cet abus. En outre, des49

E/INCB/2008/1informations ont été extraites des rapports desgouvernements et d’organisations internationalesconcernées pour compléter les données obtenues grâceau questionnaire.276. L’abus de sirops antitussifs contenant desstupéfiants a été signalé par plusieurs gouvernements.Bien que cet abus soit d’une ampleur limitée dans laplupart des pays, il constitue dans certains un problèmeimportant. Selon une enquête menée au Bangladesh,4,3 % des patients ayant demandé un traitement pourtoxicomanie en 2007 ont indiqué que les siropsantitussifs contenant de la codéine étaient leur produitprimaire. En République islamique d’Iran, selonl’évaluation du Gouvernement, environ 100 000personnes font abus de sirops antitussifs contenant dela codéine, en les associant souvent à desbenzodiazépines. Aux États-Unis, l’abus de siropsantitussifs contenant des stupéfiants serait largementrépandu dans certains États, comme le Texas, où lesservices de détection et de répression ont constaté queles sirops contenant de l’hydrocodone et de la codéineétaient les produits pharmaceutiques dont l’abus avaitété le plus courant en 2006.277. L’abus de sirops antitussifs est principalement lefait d’adolescents et de jeunes adultes. Les personnesqui en font abus sont souvent polytoxicomanes. Dansla plupart des pays, les usagers se procurent des siropsantitussifs contenant des stupéfiants, en particulier dela codéine, en les achetant dans des pharmacies etd’autres points de vente licites, certaines de cespréparations pouvant être obtenues légalement sansordonnance. Dans les pays où une ordonnance estexigée, ils se les procurent illégalement dans despharmacies qui ne demandent pas d’ordonnance ou surle marché illicite. Les marchés illicites sontapprovisionnés au moyen de sirops qui ont étédétournés des circuits licites de distribution, enparticulier par des achats illégaux à des grossistes ou àl’occasion de vols auprès de grossistes, de pharmaciesou d’hôpitaux.278. Les sirops antitussifs sont détournés dans certainspays pour être ensuite introduits clandestinement dansd’autres. Par exemple, des sirops de ce type contenantde la codéine font l’objet d’une contrebande de l’Indevers le Bangladesh, le Népal et la Thaïlande. L’Organeappelle les gouvernements concernés à prendre desmesures contre le détournement et la contrebande desirops antitussifs.279. Plusieurs gouvernements ont fait état de certainesmesures qui se sont révélées efficaces pour prévenir ledétournement et l’abus de sirops antitussifs dans leurpays. Ces mesures prévoyaient notamment lerenforcement du contrôle et de la surveillance descircuits de distribution de ces sirops et l’application deprogrammes de prévention de l’abus de drogues parmiles jeunes pour mieux les sensibiliser aux risques quecomporte le mésusage de sirops antitussifs.280. Les sirops antitussifs contenant des stupéfiantssont des médicaments efficaces pour de nombreuxpatients et importants dans la pratique médicale et dansles soins de santé. Toutefois, l’Organe appelle tous lesgouvernements à rester vigilants face aux problèmesliés à l’abus de tels sirops et à adopter, si nécessaire,des mesures pour prévenir efficacement leurdétournement et leur abus.7. Kétamine281. Depuis 2004, l’Organe appelle l’attention desgouvernements sur le problème que posent le trafic etl’abus de kétamine, substance qui n’est actuellementpas placée sous contrôle international 69 . La kétaminefait l’objet d’un abus dans un certain nombre de pays,en particulier dans les Amériques, en Asie de l’Est etdu Sud-Est, en Asie du Sud et en Océanie.282. En mars 2006, le Comité OMS d’experts de lapharmacodépendance a procédé à un examen critiquede la kétamine. Il a conclu que les informations qui luiétaient présentées n’étaient pas, à ce moment-là,suffisantes pour justifier le placement de la kétaminesous contrôle international. Il a toutefois demandé ausecrétariat de l’OMS d’établir une version actualiséede l’examen critique pour qu’il puisse en prendreconnaissance à sa réunion suivante.283. Pour permettre aux gouvernements de prendredes mesures appropriées contre le détournement etl’abus de kétamine, la Commission des stupéfiants aadopté, en mars 2006, la résolution 49/6, dans laquelle__________________69 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2004 (publication des Nations Unies,numéro de vente: F.05.XI.3), par. 390; Rapport del’Organe international de contrôle des stupéfiants pour2005..., par. 385, 431, 471 et 641; Rapport de l’Organeinternational de contrôle des stupéfiants pour 2006...,par. 199 à 204, 457 et 458; et Rapport de l’Organeinternational de contrôle des stupéfiants pour 2007...,par. 222 à 225.50

E/INCB/2008/1elle priait instamment les États Membres d’envisagerde surveiller l’utilisation de la kétamine en l’inscrivantsur la liste des substances placées sous contrôle envertu de leur législation nationale, lorsque la situationinterne l’exigeait. En mars 2007, elle a adopté larésolution 50/3, dans laquelle elle encourageait lesÉtats Membres à envisager l’adoption d’un système demesures de précaution à l’usage de leurs servicesadministratifs en vue de faciliter la détection rapide dudétournement de kétamine.284. Notant que l’abus et le trafic de kétamine sepoursuivaient dans un grand nombre de pays depuis denombreuses années, l’Organe s’est félicité del’adoption par la Commission des stupéfiants desrésolutions 49/6 70 et 50/3 71 et a demandé à tous lesgouvernements de leur donner suite sans délai. Enoutre, il a décidé de demander à tous lesgouvernements de lui communiquer des informationssur les mesures juridiques et administrativesspécifiques adoptées conformément à larésolution 49/6 de la Commission, notamment desdonnées sur les mesures prises pour contrôler lakétamine et sur les importations, les exportations, lessaisies, l’abus et le trafic de cette substance.Conformément à cette décision, un questionnaire a étéadressé à tous les gouvernements en août 2008.285. Au 1 er novembre 2008, 63 pays et 4 territoiresavaient communiqué à l’Organe les informationsdemandées. Trente-quatre d’entre eux ont signalé quela kétamine était déjà inscrite sur la liste dessubstances placées sous contrôle en vertu de leurlégislation nationale, conformément à la résolution49/6 de la Commission des stupéfiants, et 32 ontindiqué que des dispositions juridiques ou des mesuresadministratives avaient été adoptées pour donner suiteà cette résolution. Parmi les pays et territoires quin’avaient pas encore placé la kétamine sous contrôle,9 ont fait observer que leur situation interne exigeraitune telle mesure, en raison surtout de l’ampleur del’abus de cette substance.286. S’agissant du contrôle du commerce internationallicite, 35 des pays ayant répondu au questionnaireavaient rendu obligatoires les autorisations__________________70 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2006..., par. 203.71 Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2007..., par. 222.d’importation et d’exportation pour la kétamine et uns’apprêtait à le faire; deux autres pays avaient renduobligatoires les autorisations d’importationuniquement. La grande majorité (78 %) des pays etterritoires ayant répondu étaient en mesure decommuniquer des renseignements précis sur le volumetotal, par année, de la fabrication, des importations etdes exportations de kétamine.287. Vingt et un pays et territoires ayant répondu ontfourni des renseignements détaillés sur l’abus et letrafic illicite de kétamine, y compris des informationssur les saisies de cette substance. Si la plupart ontmentionné de nombreuses saisies de petites quantitésde kétamine, certains ont déclaré en avoir saisi degrandes quantités, l’Australie arrivant en tête, avec dessaisies totalisant 15,2 tonnes au cours de la période2007-2008. Les autres pays concernés étaient la Chine(1 tonne en 2006), puis l’Allemagne, la Malaisie, lesPhilippines et la Thaïlande.288. Conformément à la pratique établie, qui consisteà transmettre à l’OMS toutes les informations relativesau trafic et à l’abus de kétamine, l’Organe lui acommuniqué tous les renseignements susmentionnéspour qu’elle les utilise dans son examen critique de lakétamine prévu en 2009. Il demande de nouveau à tousles gouvernements de continuer de fournir à l’OMStoutes les informations disponibles sur l’abus dekétamine dans leur pays, afin d’aider le Comité OMSd’experts de la pharmacodépendance à déterminer s’ilconviendrait d’inscrire la kétamine à l’un des tableauxdes conventions internationales relatives au contrôledes drogues.289. Pour que les gouvernements puissent plusfacilement vérifier la légitimité des importations et desexportations de kétamine, l’Organe publie desinformations sur les mesures prises par lesgouvernements pour contrôler cette substance,notamment des renseignements sur les prescriptionsnationales déjà adoptées dans différents pays enmatière d’autorisations d’importation et d’exportation.L’Organe demande à tous les gouvernements qui nel’ont pas encore fait de lui communiquer desinformations actualisées sur leurs mesures nationalesde contrôle réglementaire de la kétamine. Il invite tousles gouvernements à consulter ces informations avantd’autoriser l’importation ou l’exportation de kétamine.51

E/INCB/2008/1III. Analyse de la situation mondialeA. Afrique1. Principaux faits nouveaux290. De plus en plus souvent, des envois de cocaïnedestinés essentiellement aux marchés illiciteseuropéens transitent clandestinement par l’Afrique. Lessaisies de plus en plus nombreuses qui sont effectuéesen haute mer dans le golfe de Guinée et sur lecontinent africain indiquent que l’Afrique de l’Ouestest devenue l’une des principales plaques tournantes dela contrebande de cocaïne en provenance d’Amériquedu Sud et à destination de l’Europe. Il est fait étatd’une hausse de l’abus de cocaïne dans certains despays touchés par ce trafic, ainsi que de la progressiondu trafic via les pays sans littoral du Sahel. L’Organeest très préoccupé par ces faits nouveaux et se félicitede l’intérêt que le Conseil de sécurité accorde à ceproblème qui menace gravement la stabilité et ledéveloppement de cette sous-région, en particulier despays sortant d’un conflit ou de troubles civils.291. La production, le trafic et l’abus de cannabisposent toujours des problèmes majeurs en Afrique. Lecannabis est la substance la plus consommée ducontinent: on estime que plus de 42 millions depersonnes en font abus dans la région. Il est cultivéillicitement puis acheminé clandestinement en Afriqueet au-delà, principalement vers l’Europe et l’Amériquedu Nord. Selon les estimations, le continent assurerait26 % de la production mondiale de cannabis. Si del’herbe de cannabis est illicitement produite un peupartout en Afrique, le Maroc reste l’un des plus grosproducteurs de résine de cannabis au monde.292. C’est principalement par l’Afrique de l’Est quel’héroïne en provenance d’Asie du Sud-Ouest entreclandestinement sur le continent africain,essentiellement par les grands aéroports d’Addis-Abeba et de Nairobi. De l’Afrique de l’Est, elle passeen Europe et en Amérique du Nord, soit directement,soit par les pays d’Afrique de l’Ouest (en particulier laCôte d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria) et, dans unemoindre mesure, d’Afrique du Nord. L’abus d’héroïneest devenu préoccupant dans certains pays d’Afriquede l’Est et d’Afrique australe, en particulier l’Afriquedu Sud, le Kenya, Maurice et la Zambie.293. Des préparations pharmaceutiques fabriquéesillicitement ou des médicaments de prescriptioncontenant des stupéfiants et des substancespsychotropes qui ont été détournés des circuits dedistribution licites restent disponibles sur les marchésnon réglementés d’un grand nombre de pays africains.Cette situation n’est toujours pas résolue du fait decadres législatifs inadéquats, de mécanismesadministratifs inefficaces et de ressources insuffisantespour mener à bien les activités de contrôle relativesnotamment au système de licences et à l’inspection descircuits de distribution.294. L’Afrique est, depuis quelques années,particulièrement visée par le détournement d’éphédrineet de pseudoéphédrine destinées à la fabrication illicitede méthamphétamine dans les Amériques et ailleurs.En 2008, de nombreuses cargaisons suspectes de cesprécurseurs ont été arrêtées alors qu’elles rejoignaientl’Afrique, et ce sont presque 30 tonnes d’éphédrine etde pseudoéphédrine dont on a empêché ledétournement vers ou via l’Afrique.2. Coopération régionale295. Les questions de lutte contre la drogue continuentd’occuper une place importante à l’ordre du jour del’Union africaine. En décembre 2007, la Conférenceministérielle de l’Union africaine a entériné le Pland’action révisé sur la lutte contre la drogue et laprévention du crime (2007-2012), qui a ensuite étéapprouvé par les chefs d’État de l’Union réunis àAddis-Abeba du 30 janvier au 2 février 2008. Uncertain nombre de domaines prioritaires y ont étéidentifiés, notamment le renforcement et l’efficacité dela formulation des politiques, de la coordination et dela collaboration en matière de lutte contre la droguepour faire face au trafic, à la criminalité organisée et àla corruption aux niveaux régional, sous-régional etnational; le renforcement des capacités institutionnellesdes services de détection et de répression, du systèmede justice pénale et des services de criminalistique enmatière de lutte contre la drogue et de prévention ducrime; la prise en compte des problèmes liés auxdrogues et au crime dans les stratégies dedéveloppement; le renforcement des capacités et leperfectionnement des ressources humaines en matièrede prévention de l’abus de drogues et de traitement et52

E/INCB/2008/1réadaptation des toxicomanes. L’Organe encourage lesgouvernements des pays africains à prendre toutes lesmesures nécessaires pour que le Plan d’action révisésoit mis en œuvre avec succès.296. L’Organe note que la menace que constituel’augmentation rapide du trafic de transit par certainspays d’Afrique de l’Ouest commence à préoccuper lacommunauté internationale. Ainsi, en juin 2008, leConseil de sécurité a fait part de son inquiétude face aurisque considérable que présentaient le trafic dedrogues et la criminalité organisée pour laconsolidation de la paix en Guinée-Bissau, et mis engarde contre le danger que le commerce illicite dedrogues faisait courir à un pays qui devait lutter pouravancer sur les plans politique et économique.L’Organe se félicite de ce que le Conseil de sécurité aitappelé la communauté internationale à poursuivre sonassistance à la Guinée-Bissau. Il exhorte tous lesgouvernements à aider le pays à s’acquitter desobligations qui sont les siennes en vertu des traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues (voirégalement par. 247 ci-dessus).297. Dans le cadre de la Communauté économique desÉtats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), lesgouvernements des pays de l’Afrique de l’Ouestparticipent à des actions conjointes visant à combattrele trafic de transit en progression rapide, en particuliercelui de cocaïne en provenance d’Amérique latine et àdestination de l’Europe. En avril 2008, les ministres dela justice, de l’intérieur et de la sécurité du BurkinaFaso, du Cap-Vert, du Ghana, de la Guinée, du Mali, dela Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Tchad et duTogo, ainsi que des représentants de la Côte d’Ivoire etdu Nigéria, ont tenu une réunion spéciale informellelors de la dix-septième session de la Commission pourla prévention du crime et la justice pénale. L’objectifétait de poser les jalons d’une conférence de hautniveau sur le trafic de cocaïne par l’Afrique de l’Ouestqui permettrait d’élaborer une approche concertée pourrenforcer l’action des services nationaux de sécuritéface aux nouvelles menaces que faisait peser le traficde drogues par des groupes criminels transnationauxorganisés (voir également par. 247 ci-dessus).298. Cette conférence de haut niveau sur la menaceque représente le trafic de drogues pour la sécurité enAfrique de l’Ouest a été organisée conjointement par laCEDEAO, l’ONUDC et le Bureau des Nations Uniespour l’Afrique de l’Ouest à Praia, en octobre 2008. Yont participé les ministres de la justice et de l’intérieurdes 15 États membres de la CEDEAO, ainsi que desreprésentants des grands partenaires de développementinternationaux et des principaux pays d’Amériquelatine participant à la lutte contre la drogue tels quel’Autriche, le Brésil, l’Espagne, les États-Unisd’Amérique, la France, l’Italie, le Luxembourg, lePortugal, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne etd’Irlande du Nord, la Suisse et le Venezuela(République bolivarienne du). D’importantes entitésinternationales, dont le Département des opérations demaintien de la paix du Secrétariat et d’autresorganismes des Nations Unies, l’Union africaine, laCommission européenne, l’Office européen de police(Europol), INTERPOL et l’Organisation mondiale desdouanes, y ont également été conviées. Les participantsont adopté deux documents à présenter aux chefsd’État pour adoption en décembre 2008, à savoir unedéclaration politique sur la prévention de l’abus dedrogue, du trafic de drogues et de la criminalitéorganisée en Afrique de l’Ouest et un plan d’actionrégional qui dresse la liste des initiatives devant êtreprises à l’échelle régionale par la Commission de laCEDEAO en vue de compléter les plans, stratégies etprogrammes d’action nationaux de lutte contre ladrogue, ainsi que les engagements spécifiques quedevraient prendre les partenaires extérieurs en matièred’assistance.299. La dix-huitième Réunion des chefs des serviceschargés au plan national de la lutte contre le traficillicite de drogues, Afrique, s’est tenue àYamoussoukro en septembre 2008 à l’invitation duGouvernement ivoirien. Y ont assisté des représentantsde 25 pays africains, ainsi que 10 observateurs. Lesparticipants ont étudié la situation actuelle de lacoopération sous-régionale et régionale dans le cadrede la lutte contre le trafic de drogues et élaboré desstratégies pour lutter contre le trafic de cannabis, destimulants de type amphétamine et de précurseurschimiques en Afrique.300. Pour aider les gouvernements des pays d’Afriquede l’Ouest à lutter contre la contrebande de drogues surleur territoire, l’ONUDC a lancé, en 2007, unprogramme de deux ans sur la coopération en matièrede détection, de répression et de renseignement contrele trafic de cocaïne entre l’Amérique latine et lesCaraïbes et l’Afrique de l’Ouest. Ce programme, quiest financé par la Commission européenne, vise àrenforcer l’échange d’informations et de53

E/INCB/2008/1renseignements entre services de détection et derépression des deux régions par le biais d’uneplateforme de communication électronique etd’activités de formation et de mentorat sur la collecte,le rassemblement et l’analyse des renseignements. Lespays participant au programme sont, en Afrique del’Ouest, le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Sénégal et le Togo et, en Amérique latine etdans les Caraïbes, la Bolivie, le Brésil, la Colombie,l’Équateur, la Jamaïque, le Pérou, la Républiquedominicaine et le Venezuela (République bolivariennedu).301. Une table ronde d’experts pour l’Afrique de l’Esta été organisée à Nairobi en septembre 2008 dans lecadre de l’Initiative du Pacte de Paris, partenariatinternational conduit par l’ONUDC qui vise à luttercontre le trafic et l’abus d’opiacés afghans. Cetteréunion a rassemblé de grands spécialistes de ladétection et de la répression des infractions liées auxdrogues et de la réduction de la demande des paysd’Afrique de l’Est et de pays voisins, ainsi que despays partenaires du Pacte de Paris dans la sous-région.Elle avait pour objectif d’évaluer la situation enmatière d’abus de drogues, en particulier d’opiacés, enAfrique de l’Est, d’identifier les bonnes pratiques, lesdéfis actuels, les actions et les objectifs prioritairesdans le domaine de la réduction de la demande, etd’élaborer des mesures appropriées pour lutter, auxniveaux national et régional, contre la contrebanded’opiacés afghans vers et via cette sous-région.302. La coopération entre les pays d’Afrique australeen matière de lutte contre la drogue s’organise dans lecadre de la Communauté de développement del’Afrique australe (SADC) et de l’Organisation decoopération régionale des chefs de police de l’Afriqueaustrale (SARPCCO). En avril 2008, le Gouvernementmalawien a accueilli un atelier régional de la SADCsur le trafic de drogues et la culture de la plante decannabis, son éradication et la production de cannabis.Les hauts responsables des polices antidrogued’Afrique du Sud, du Botswana, du Lesotho, duMalawi, de Maurice, de la Namibie, du Swaziland, dela Zambie et du Zimbabwe, et les représentantsd’INTERPOL qui y ont assisté, se sont accordés surune stratégie opérationnelle pour l’interception dedrogues dans la sous-région, des opérationstransfrontières et de nouvelles initiatives visant àprévenir le détournement de précurseurs chimiques.Les chefs des services de criminalistique de laSARPCCO ont par ailleurs tenu une réunion àLivingstone (Zambie) en avril 2008 pour renforcer lacoopération technique dans la sous-région et créer unréseau sous-régional de laboratoires de criminalistique.En août 2008, la treizième réunion générale annuellede la SARPCCO a été organisée à Windhoek àl’invitation du Gouvernement namibien. Lesparticipants y ont adopté des mesures visant à renforcerles capacités de la police et des services decriminalistique en Afrique australe et des initiativestransfrontières de lutte contre la criminalitétransnationale.303. L’Organe note qu’un certain nombre d’Étatsafricains a entrepris d’autres initiatives pour luttercontre le trafic de drogues et le blanchiment d’argent.En novembre 2007, les participants au Colloquerégional arabe sur la lutte contre le trafic de drogues etle blanchiment d’argent par voie postale, tenu à Tripoli,ont adopté le Plan d’action de Tripoli sur la lutte contrele trafic de drogues et le blanchiment d’argent par voiepostale. Ce Plan d’action prévoit des mesures devantpermettre de lutter contre le trafic de drogues et leblanchiment d’argent par envois postauxinternationaux; celles-ci portent notamment sur lacoopération et l’échange d’informations, leperfectionnement des ressources humaines, lasensibilisation et le rôle des médias dans la lutte contrele trafic de drogues par voie postale. Le colloque aaccueilli des représentants de la Ligue des États arabes,de l’UPU, d’INTERPOL et de l’ONUDC, ainsi que desreprésentants d’entreprises postales du secteur privé(voir également par. 272 ci-dessus).304. En avril 2008, un séminaire sous-régional sur lalutte contre le blanchiment d’argent et le financementdu terrorisme s’est tenu au Gabon à l’intention desÉtats membres de la Communauté économique etmonétaire de l’Afrique centrale et de la Communautééconomique des États de l’Afrique centrale. Unetrentaine de fonctionnaires du Burundi, du Cameroun,du Congo, du Gabon, de la République centrafricaine,de la République démocratique du Congo, de SaoTomé-et-Principe et du Tchad y ont assisté. Ils ontadopté des recommandations relatives au renforcementdu cadre juridique et institutionnel de lutte contre leblanchiment d’argent et le financement du terrorisme,aux mécanismes de confiscation d’avoirs et à lacoopération interinstitutions et internationale.54

E/INCB/2008/1305. En août 2008, lors de la huitième réunion duConseil des ministres du Groupe antiblanchiment del’Afrique orientale et australe 72 , tenue à Mombasa(Kenya), a été adopté le deuxième plan stratégiquetriennal, qui couvre la période allant d’avril 2009 àmars 2012. Ce plan définit neuf objectifs stratégiquespour lutter contre le blanchiment d’argent et lefinancement du terrorisme, notamment la formulationde politiques, la coopération régionale, le renforcementdes capacités, la formation, la sensibilisation et lesservices consultatifs aux États membres.3. Législation, politique et action à l’échellenationale306. En réponse aux problèmes urgents auxquels leGouvernement bissau-guinéen doit faire face enmatière de lutte contre le trafic de cocaïne sur sonterritoire, l’ONUDC et le Ministère de la justice ontélaboré un programme multidisciplinaire intégré quivise à lutter contre le trafic de drogues et la criminalitéorganisée dans ce pays (voir également par. 247ci-dessus). Ce programme, qui a démarré en avril 2008,aidera le Gouvernement à réformer son secteur de lasécurité, à stabiliser le processus de paix et à préserverle développement social du pays, au moyen d’activitéstouchant au renforcement des capacités de détection etde répression, à la réforme institutionnelle et à laformation à l’échelle du pays. Il permettra d’appliquerplus efficacement les recommandations du Conseil desécurité concernant la Guinée-Bissau. Des programmessimilaires sont prévus par l’ONUDC pour d’autrespays de la sous-région, dont le Libéria, le Mali, laMauritanie, le Niger et la Sierra Leone.307. En décembre 2007, le Parlement sénégalais aadopté une nouvelle loi qui prévoit en cas de trafic dedrogues une peine de 10 à 20 ans de travaux forcés,soit le double de ce qui était prévu jusque-là. LeSénégal est depuis peu touché par une contrebandemassive de cocaïne en provenance d’Amérique latineet à destination de l’Europe, comme le montrent deux__________________72 Le Groupe antiblanchiment de l’Afrique orientale etaustrale est un organe régional du type du Grouped’action financière sur le blanchiment de capitaux(GAFI) pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe quia été créé en 1999. Ses membres actuels sont l’Afriquedu Sud, le Botswana, le Kenya, le Lesotho, le Malawi,Maurice, le Mozambique, la Namibie, l’Ouganda, laRépublique-Unie de Tanzanie, les Seychelles, leSwaziland, la Zambie et le Zimbabwe.saisies importantes réalisées dans le pays en juin 2007.Au Nigéria, un projet de loi qui prévoit des peines plussévères et plus efficaces pour les gros trafiquants dedrogues a été présenté au Parlement. En Sierra Leone,une mise à jour de la loi sur la lutte contre les droguesest en cours de rédaction, avec l’assistance del’ONUDC.308. Le Gouvernement ghanéen a pris un certainnombre de mesures législatives et administratives pourlutter contre l’augmentation du trafic de drogues quipasse par son territoire. La législation sur lasurveillance des activités maritimes est en passe d’êtremise à jour, une stratégie nationale de lutte contre ladrogue a été élaborée pour la période 2008-2010 etl’Organe ghanéen de contrôle des stupéfiants a étérestructuré et pourvu de ressources supplémentaires. Lasécurité a été renforcée à l’aéroport internationald’Accra, avec la coopération technique duRoyaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande duNord. Le service mixte de contrôle portuaire composéd’agents de la police et des douanes qui a été créé auGhana en 2007 dans le cadre du Programme mondialde contrôle des conteneurs de l’ONUDC et del’Organisation mondiale des douanes reste actif dans leport de Tema.309. Le Gouvernement éthiopien a pris des mesurespour lutter contre le trafic de drogues via l’aéroportinternational d’Addis-Abeba. Une équipe conjointe desurveillance de l’aéroport a été créée en 2007 avec lacoopération technique de l’ONUDC. La situationgéographique stratégique de l’Éthiopie, dans la cornede l’Afrique, et le grand nombre de liaisons proposéespar les lignes aériennes éthiopiennes ont fait del’aéroport d’Addis-Abeba l’une des principales plaquestournantes du trafic de drogues en Afrique, enparticulier pour la contrebande d’héroïne enprovenance d’Asie et à destination de l’Afrique del’Ouest et de l’Europe.310. Le Service nigérian de détection et de répressiondes infractions liées à la drogue a renforcé ses mesuresde contrôle dans plusieurs aéroports, notamment ceuxde Lagos et Kano, qui proposent des vols directs àdestination de pays d’Europe et d’Asie occidentale. Il aégalement mis en place un programme d’agrémentpour la délivrance de visas qui doit permettre de freinerle trafic de drogues dont se rendent coupables desNigérians à l’étranger. Ce programme, auquelparticipent de manière volontaire les gouvernements55

E/INCB/2008/1des pays ayant des ambassades au Nigéria, oblige lesdemandeurs de visa à obtenir préalablement unagrément du Service de détection et de répression desinfractions liées à la drogue.311. L’Organe prend note des efforts que l’Agencenationale nigériane pour l’administration et le contrôledes aliments et des produits pharmaceutiques déploiepour lutter contre les médicaments contrefaits dans lepays. Ces dernières années, l’Agence a renforcé lecadre réglementaire, amélioré les procéduresd’homologation des médicaments et fermé denombreuses entreprises qui importaient desmédicaments contrefaits destinés aux marchés nonréglementés du Nigéria et d’ailleurs. En mai 2008, ellea saisi, sur un navire à Lagos, un conteneur de 6 mètresdans lequel se trouvaient des produits pharmaceutiquescontrefaits. Depuis 2005, elle pilote le Réseaud’organismes de réglementation des médicaments del’Afrique de l’Ouest, plateforme d’interaction etd’échange de stratégies contre les médicamentscontrefaits.312. En avril 2008, le Gouvernement sud-africain arenforcé sa législation sur le contrôle des précurseursen ajoutant l’éphédrine et la pseudoéphédrine auxsubstances visées par sa loi de 1965 sur lesmédicaments et les substances connexes. Le Parlementsud-africain examine actuellement un projet de loi surla prévention et le traitement de l’abus de substancesdestinée à remplacer la loi de 1992 sur la prévention etle traitement des toxicomanies; la nouvelle loiréglementera la création, l’homologation et la gestiondes centres de traitement, des services de soins avec ousans hospitalisation et des services de proximité, etdéfinira le mandat de l’Autorité centrale des drogues,qui est chargée de suivre et de superviser l’applicationdu plan directeur national de contrôle des drogues.313. L’Organe s’inquiète de l’augmentation alarmante,en Côte d’Ivoire, du nombre de lieux localementappelés “fumoirs” où il est fait abus de droguesprovenant de sources illicites. Il salue l’action desservices de détection et de répression ivoiriens, qui aconduit au démantèlement de 29 lieux de ce type en2007 et à la saisie, sur place, de quantités importantesde cannabis, d’héroïne, de cocaïne et de substancespsychotropes et il encourage le Gouvernement ivoirienà continuer de considérer la lutte contre l’abus dedrogues dans le pays comme une priorité.314. L’Organe note avec satisfaction qu’uneimportante campagne de sensibilisation contre l’abusde drogues chez les jeunes a été menée conjointementpar l’ONUDC, les services de police des Émiratsarabes unis et la Right Start Fondation Internationaldans un certain nombre de pays et de territoiresd’Afrique du Nord et d’Asie occidentale en mars etavril 2008 73 . Cette campagne a été organisée dans lesécoles, les universités, les associations de jeunes et lesendroits publics fréquentés par les jeunes. Au cours descinq semaines qu’elle a duré, 5 000 manifestations,dont des concerts, des conférences en milieu scolaire etdes émissions diffusées sur les chaînes de télévisionpar satellite, ont été proposées. Des formations deformateurs ont également eu lieu à l’intention de1 800 volontaires. Ce sont au total 7 390 toxicomanesqui ont demandé à bénéficier de services de traitementet de réadaptation, dont 1 592 ont été effectivementadmis dans des centres de traitement.315. L’Organe note également les efforts faits par lesgouvernements de certains pays africains en matière detraitement et de réadaptation des toxicomanes. EnAlgérie, les préparatifs sont en cours en vue dulancement, en 2009, d’un réseau national de structuresde traitement et de postcure pour les toxicomanes. Cesstructures comprendront 15 nouveaux centres dedésintoxication, 53 centres de soins ambulatoires et185 cellules d’accueil et d’orientation destoxicomanes. Au Kenya, un programme desensibilisation et de traitement créé en 2005 a permisde traiter plus de 3 100 patients à Nairobi et àMombasa. Des programmes de traitement de latoxicomanie sont également en place dans d’autrespays comme l’Ouganda et les Seychelles. Unprogramme de traitement de substitution aux opiacésest notamment mené avec succès à Maurice depuis2007.316. L’Organe se félicite des mesures prises par uncertain nombre de gouvernements de pays africainspour combattre le blanchiment d’argent. Depuisnovembre 2007, une nouvelle législation sur le sujet aété votée au Burundi, au Ghana, au Lesotho et auRwanda. En 2008, le Gouvernement namibien a adoptédes règlements visant à donner effet à la loi sur lerenseignement financier de 2007. Un service derenseignement financier a été créé au sein du Ministère__________________73 Algérie, Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis,Jordanie, Maroc, Palestine, Qatar, Tunisie et Yémen.56

E/INCB/2008/1des finances en République-Unie de Tanzanie, et il estprévu qu’un service similaire soit prochainement missur pied au Rwanda. Le Gouvernement kenyan arécemment présenté au Parlement un projet delégislation contre le blanchiment d’argent, et enÉthiopie, une loi complète sur la question est en coursde rédaction, qui devrait être présentée au Parlement en2008. Les Comores ont obtenu le statut d’observateurauprès du Groupe antiblanchiment de l’Afriqueorientale et australe, et la République démocratique duCongo, qui a adopté une législation contre leblanchiment d’argent en 2004, cherche maintenant, elleaussi, à obtenir ce statut.4. Culture, production, fabrication, trafic et abusStupéfiants317. L’Afrique reste le deuxième plus gros producteurd’herbe de cannabis au monde après les Amériques,avec 22 % de la production mondiale (ou 8 900 tonnes)en 2006 74 . De l’herbe de cannabis est illicitementproduite dans de nombreux pays africains. Les plusgros producteurs sont: en Afrique australe, l’Afrique duSud, le Malawi, le Swaziland, la Zambie et laRépublique démocratique du Congo, dans cet ordre; enAfrique de l’Ouest, le Nigéria, le Ghana, la Guinée, laCôte d’Ivoire, le Bénin et le Togo; en Afrique du Nord,l’Égypte et le Maroc; et, en Afrique de l’Est, laRépublique-Unie de Tanzanie. Pour l’essentiel, l’herbede cannabis d’origine africaine est consomméelocalement. Toutefois, celle produite dans certains paysafricains, principalement l’Afrique du Sud, le Ghana,le Maroc et le Nigéria, est également passée encontrebande hors du continent, notamment versl’Europe et, dans une moindre mesure, l’Asie de l’Est.En 2006, 1 217 tonnes d’herbe de cannabis, soit 23 %du volume saisi dans le monde cette année-là, ont étésaisies en Afrique. Les saisies les plus importantes ontété effectuées en Afrique du Sud (359 tonnes ou 7 %des saisies mondiales), au Malawi (272 tonnes), enRépublique-Unie de Tanzanie (225 tonnes), au Nigéria(192 tonnes) et en Égypte (101 tonnes).318. Selon des données de l’ONUDC 75 , le Maroc, quiapprovisionne les marchés illicites d’Europe__________________74 L’année 2006 est la dernière pour laquelle des donnéesglobales de l’ONUDC sur la production, la fabrication,le trafic et l’abus à l’échelle mondiale sont disponibles.75 Rapport mondial sur les drogues 2008 (publication desNations Unies, numéro de vente: F.08.XI.1), p.108.occidentale et d’Afrique du Nord, reste le plus grosproducteur mondial de résine de cannabis. En 2005, lesdonnées disponibles avaient semblé indiquer uneréduction de la production de cannabis et lessuperficies cultivées avaient diminué, s’établissant à76 400 hectares. Cette évolution avait été attribuée àl’intensification de la campagne lancée par leGouvernement marocain pour éradiquer la cultureillicite de la plante de cannabis, ce que corroborait unediminution des saisies de résine et d’herbe de cannabissignalées. En 2007, toutefois, le Gouvernement a durcila répression et les saisies de résine et d’herbe decannabis ont à nouveau augmenté, les saisies de résinepassant de 89 tonnes en 2006 à 118 tonnes en 2007, etcelles d’herbe de 60 tonnes en 2006 à 209 tonnes en2007. Les saisies ont continué d’augmenter au cours dela première moitié de 2008, les autorités marocainesayant procédé à de nombreuses saisies de plusieurstonnes de résine et d’herbe de cannabis. Depuis 2005,aucune étude sur l’étendue de la culture illicite decannabis n’a été réalisée au Maroc. Des donnéesprécises sur les superficies effectivement cultivées sontnéanmoins essentielles pour prendre des mesures delutte efficaces à ce sujet. L’Organe invite donc leGouvernement marocain à actualiser les donnéesconcernant l’ampleur des cultures illicites de cannabissur son territoire dans le cadre de ses contacts réguliersavec l’ONUDC.319. En 2006, 12 % des 1 025 tonnes de résine decannabis saisies dans le monde l’ont été en Afrique duNord. La plus grande partie de la résine en provenancedu Maroc et à destination de l’Europe passe encontrebande par l’Espagne, ainsi que par la France etl’Italie. En outre, la résine de cannabis à destination del’Europe ou de l’Asie occidentale passe par laMauritanie, le Mali, le Niger, la Jamahiriya arabelibyenne et le Tchad pour rejoindre l’Égypte. Cetteannée-là, des saisies importantes ont été signalées,outre au Maroc, en Jamahiriya arabe libyenne(14,8 tonnes), en Algérie (10 tonnes), au Sénégal(8,4 tonnes) et en Égypte (5,1 tonnes). Il est probableque l’augmentation du trafic de cannabis par l’Afriquedu Nord favorise de développement de marchésillicites dans les pays touchés par ce trafic.320. Selon les estimations de l’ONUDC, environ42 millions de personnes font abus de cannabis enAfrique, où le taux de prévalence annuelle parmi les15-64 ans est de 8 %. Les taux de prévalence annuelleles plus élevés du continent sont enregistrés en Afrique57

E/INCB/2008/1de l’Ouest et Afrique centrale (12,6 %), où les Étatsont signalé une nette augmentation de l’abus decannabis, et en Afrique australe, où ce taux s’élève à8,4 %. En 2006, comme les années précédentes, lamajorité (63 %) des demandes de traitement pourconsommation de drogues en Afrique concernait l’abusde cannabis.321. Même si la cocaïne n’est pas fabriquée enAfrique, la rapide augmentation des saisies de cettesubstance dans la région au cours des dernières années,en particulier en Afrique de l’Ouest, indique que lecontinent est en passe de devenir une importante zonede transit et de stockage des cargaisons de cocaïne enprovenance d’Amérique latine et à destination del’Europe (voir par. 242 à 246 ci-dessus et 512ci-après). Avant 2005, la quantité totale de cocaïnesaisie en Afrique représentait à peine une tonne. Entre2005 et 2007, en revanche, ce sont au moins 33 tonnesde cette substance en partance pour l’Europe depuisl’Afrique de l’Ouest qui ont été saisies, essentiellementau large des Îles Canaries, du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau, ainsi que dans différents pays du Golfe deGuinée, notamment le Bénin, la Côte d’Ivoire, leGhana, le Nigéria, le Togo et, plus à l’ouest, la Guinée,le Libéria, la Mauritanie, le Sénégal et la Sierra Leone.Selon les estimations de l’ONUDC, environ 27 % (ou40 tonnes) de la cocaïne consommée annuellement enEurope a transité par l’Afrique de l’Ouest.322. Le trafic de cocaïne par l’Afrique s’est poursuiviau même rythme en 2008, des saisies importantes ayantété réalisées au cours des 10 premiers mois. Au Ghana,399 kg de cocaïne ont été saisis dans un véhiculeautomobile en provenance de Guinée. En Sierra Leone,700 kg ont été saisis à bord d’un avion qui venait de laRépublique bolivarienne du Venezuela. La marinefrançaise a par ailleurs saisi 2,5 tonnes de cocaïne àbord d’un bateau de pêche libérien au large du Libériaen janvier 2008 et 3 autres tonnes sur un navirepanaméen en provenance du Brésil et à destination del’Algérie en février 2008.323. La plupart du temps, la cocaïne est acheminée enAfrique de l’Ouest par grandes quantités à bord denavires, souvent dissimulée dans des conteneurs. Àl’arrivée, elle est stockée, reconditionnée en plus petitslots puis expédiée en Europe et aux États-Unis,généralement au moyen de passeurs qui peuvent avaleret transporter dans leur estomac jusqu’à 1 kg ouenregistrer des bagages contenant de très grandesquantités de cocaïne. Les organisations de trafiquantsont commencé à employer la technique dite “shotgunapproach” (technique “du tir groupé”), qui consiste àfaire partir un grand nombre de passeurs sur un mêmevol de sorte que les services de détection et derépression aient plus de difficultés à tous les repérer etles arrêter.324. L’émergence de l’Afrique de l’Ouest comme zonede transit pour le trafic de cocaïne peut s’expliquer deplusieurs façons. La situation géographique de cettesous-région en fait un point idéal pour letransbordement des cargaisons d’Amérique latinedestinées aux marchés européens en pleine expansion.En l’utilisant comme point de transit, les trafiquantstentent d’échapper aux mécanismes de surveillanceaccrue et aux unités d’interception efficaces que lesservices nationaux de détection et de répression desÉtats-Unis et de certains pays européens ont mis enplace sur les itinéraires de contrebande traditionnels.Les trafiquants exploitent également les lacunes dontsouffre le système de détection et de répression denombreux pays d’Afrique de l’Ouest.325. Les cargaisons de cocaïne qui transitent parl’Afrique de l’Ouest sont également passées encontrebande par l’Afrique de l’Est, comme l’indiquentles saisies effectuées dans certains ports et aéroports decette région et sur des vols à destination de l’Europe etd’ailleurs en provenance d’Afrique de l’Est. L’aéroportd’Addis-Abeba est récemment devenu un point detransit pour les cargaisons de cocaïne destinées à laTurquie. En 2008, cinq saisies totalisant 6 kg decocaïne ont été effectuées à l’aéroport d’Istanbul et, àchaque fois, la substance avait été passée encontrebande par des nationaux de pays d’Afrique del’Ouest arrivés par avion d’Addis-Abeba. Il estégalement prouvé que la cocaïne est transportée parvoie terrestre comme par voie aérienne depuisl’Afrique de l’Ouest vers l’Afrique du Nord avantd’être introduite en contrebande en Europe par voiemaritime ou aérienne. En outre, de la cocaïne continued’être introduite en contrebande dans des paysd’Afrique australe, principalement via l’Angola àdestination de l’Afrique du Sud. Ce dernier pays restele seul pays africain à signaler un niveau de saisiesannuelles de cocaïne relativement élevé.326. L’augmentation du trafic de cocaïne en Afriques’est traduit par une hausse de l’abus de cette substancedans la région, évolution particulièrement sensible58

E/INCB/2008/1dans les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afriqueaustrale et le long de la côte Atlantique en Afrique duNord. Selon les estimations actuelles de l’ONUDC,environ 1,1 million de personnes font abus de cocaïneen Afrique et le taux de prévalence annuel parmi les15-64 ans se situe à 0,2 %, ce qui est inférieur à lamoyenne mondiale de 0,37 %. Une hausse de l’abus decocaïne et/ou de crack a été signalée dans certains paysd’Afrique australe tels que la Namibie et l’Afrique duSud. Les demandes de traitement pour abus de cocaïnesignalées par ce dernier pays atteignent un niveauconsidérablement plus élevé que la moyenne africaine.L’abus de cette substance pourrait s’étendre rapidementen Afrique de l’Ouest si l’on ne s’attaquait pas demanière résolue au problème du trafic de transit parcette sous-région.327. Le pavot à opium continue d’être cultivéillicitement dans la péninsule du Sinaï, en Égypte. En2007, l’éradication des cultures illicites de pavot àopium a considérablement progressé dans ce pays, lasuperficie totale des cultures concernées ayant été de98 hectares, presque deux fois supérieure à celle de2006 (51 hectares). L’opium dérivé de ces culturesserait consommé localement et non utilisé pour lafabrication illicite d’héroïne. Le Gouvernementalgérien a signalé que suite à l’intensification de sesmesures de détection et de répression ainsi qued’interdiction, il avait éradiqué de petites parcelles decultures illicites de pavot à opium dans le nord dupays: plus de 74 000 plants ont été éradiqués en 2007et près de 80 000 au cours des neuf premiers mois de2008. L’Organe prend note des efforts faits par leGouvernement algérien et l’encourage à continuer derepérer et d’éradiquer toutes les cultures illicites depavot à opium sur son territoire.328. De l’héroïne en provenance d’Asie du Sud-Ouestcontinue d’arriver en Afrique par l’est du continent. Laposition stratégique de l’Afrique de l’Est, sur la longueroute commerciale qui relie traditionnellementl’Europe et l’Asie du Sud-Ouest, et les nombreux volsproposés par les compagnies aériennes kényanes etéthiopiennes entre l’Afrique de l’Est et les principauxpays d’approvisionnement en héroïne d’Asie, ainsi quel’Afrique de l’Ouest et l’Europe, ont créé desconditions favorables à la contrebande de cettesubstance depuis l’Asie vers l’Afrique de l’Ouest etl’Europe. Les aéroports internationaux d’Addis-Abebaet de Nairobi sont devenus des points d’entrée et detransit majeurs pour l’ensemble de l’Afrique et au-delà.De grandes quantités d’héroïne en provenanced’Afrique de l’Est traversent le continent pourrejoindre les pays d’Afrique de l’Ouest, en particulierla Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria, puis l’Europeet les États-Unis. Les saisies d’héroïne se poursuiventen Côte d’Ivoire, au Kenya, à Maurice, au Nigéria et enRépublique-Unie de Tanzanie. Cette substance estacheminée essentiellement par voie aérienne, au moyende passeurs, même si le fret aérien commercial et lesservices de courrier exprès sont de plus en plus utilisés.En outre, le trafic via Tripoli a récemment augmenté.Une partie de l’héroïne de contrebande temporairementstockée en Afrique de l’Est est venue alimenter lemarché illicite local. L’héroïne en provenanced’Afrique de l’Est est également introduite danscertains pays d’Afrique australe, notamment l’Afriquedu Sud et Maurice, où il en est fait abus.329. Selon les statistiques de l’ONUDC, environ1,4 million de personnes en Afrique (ou 0,3 % des15-64 ans) font abus d’opiacés, surtout d’héroïne.L’Égypte constitue le plus important marché d’opiacés(environ 330 000 personnes) du continent. Uneaugmentation de l’abus d’opiacés a été signalée dans laplupart des pays d’Afrique de l’Est et d’Afriqueaustrale. Les taux de prévalence annuelle les plusélevés sont enregistrés à Maurice (2 %) et en Égypte(0,7 %). Selon le Réseau épidémiologique sud-africainsur l’abus de drogues, la demande de traitement pourabus d’héroïne a augmenté en Afrique du Sud. Lesstatistiques récentes indiquent que Le Cap est l’un desendroits du pays où l’on trouve le plus deconsommateurs de cette substance (plus de 15 000). EnAfrique du Sud, l’héroïne est surtout fumée; l’abus parinjection est stable ou en diminution.Substances psychotropes330. L’une des préoccupations majeures de l’Organeest l’abus de produits pharmaceutiques contenant dessubstances psychotropes qui sont vendus sansordonnance médicale ou dans la rue. Cette pratique aété observée dans de nombreux pays d’Afrique del’Ouest et d’Afrique centrale. L’Organe appelle lesautorités de réglementation des drogues de ces pays àprendre ses préoccupations très au sérieux. Lestentatives de détournement de substances psychotropesdu commerce international vers les filières illicites envue d’approvisionner les marchés non réglementés sepoursuivent. À titre d’exemple, en novembre 2007, il aété fait échec, avec l’assistance de l’Organe, à une59

E/INCB/2008/1tentative de détournement de 25 kg de flunitrazépamen provenance des Pays-Bas et à destination de laGuinée-Bissau.331. Des amphétamines sont fabriquées illicitement enAfrique du Sud et, à plus petite échelle, en Égypte. Dela méthcathinone (“cat”) est fabriquée clandestinementen Afrique du Sud, où elle est largement disponible.L’augmentation de l’abus de méthamphétamine(crystal, localement appelé “tik”) dans la zone du Capinquiète les autorités. Il apparaît que laméthamphétamine passée en contrebande ou fabriquéeen Afrique du Sud alimente la demande illicite. En2007, la police sud-africaine a démantelé30 laboratoires clandestins, dont la plupart fabriquaientde la méthamphétamine ou de la méthcathinone. Enaoût 2008, 54 kg de méthamphétamine (crystal)provenant de Lagos ont été saisis à l’aéroportinternational de Johannesburg.332. L’abus d’amphétamines en Afrique progresselentement depuis quelques années, du faitprincipalement de l’augmentation de l’abus deméthamphétamine en Afrique du Sud. L’ONUDCévalue le nombre de consommateurs d’amphétamine enAfrique à 2,3 millions, soit environ 9 % du totalmondial. Le taux de prévalence annuel moyen y estestimé à 0,4 % chez les 15-64 ans, les taux annuels lesplus élevés de la région étant signalés au Nigéria etdans quelques autres pays d’Afrique de l’Ouest, enÉgypte et en Afrique du Sud.333. De la méthaqualone (Mandrax) illicitementfabriquée en Chine ou en Inde continue d’êtreintroduite en Afrique du Sud, principalement via leMozambique, le Swaziland et le Zimbabwe. Il en estégalement fabriqué dans des laboratoires clandestins enAfrique australe. Depuis l’Afrique du Sud, considéréecomme le plus important marché illicite deméthaqualone au monde, une partie de la substance estpassée en contrebande dans d’autres pays de la sousrégion,où il en est également fait abus. Laméthaqualone est principalement consommée enassociation avec du cannabis, mélange connu sous lenom de “white pipe”. L’Organe note que les servicesde détection et de répression sud-africains ont réussi àintercepter des cargaisons de méthaqualone. En février2008, la police sud-africaine a détecté et saisi 1 363 kgde méthaqualone au cours d’une fouille de routine dansun camion à la frontière entre l’Afrique du Sud et leZimbabwe.Précurseurs334. L’Afrique est toujours une région très prisée pourle détournement de certains précurseurs chimiques,notamment l’éphédrine et la pseudoéphédrine 76 . Lestrafiquants tentent de profiter des faiblesses dontsouffrent les mécanismes de contrôle des précurseursqui sont en place dans de nombreux pays africains pourdétourner l’éphédrine et la pseudoéphédrine qui serontutilisées pour la fabrication illicite deméthamphétamine à d’autres endroits du monde,notamment dans les Amériques. Au cours de la période2007-2008, de nombreux envois suspects d’éphédrineet de pseudoéphédrine à destination de l’Afrique ontété détectés et stoppés. La plupart des tentatives dedétournement repérées étaient menées au moyend’autorisations d’importation falsifiées. Les pays visésau cours de cette période, durant laquelle 12,5 tonnesde ces précurseurs au total ont été saisies en Éthiopieuniquement, étaient le Botswana, l’Éthiopie, leNigéria, l’Ouganda, la République démocratique duCongo, la République-Unie de Tanzanie, le Togo et laZambie.335. Au total, ce sont presque 30 tonnes d’éphédrineet de pseudoéphédrine dont on a empêché ledétournement vers ou via l’Afrique au cours de lapériode 2007-2008. C’est bien moins qu’en 2006-2007,lorsqu’on avait empêché le détournement de plus de75 tonnes d’éphédrine et de pseudoéphédrine vers ouvia les pays africains, en particulier la Républiquedémocratique du Congo (23 tonnes). L’Organe,considérant ces tentatives de détournement, s’inquiètede ce que très peu de saisies d’éphédrine ou depseudoéphédrine aient été signalées dans les paysafricains. À titre d’exemple, la quantité totaled’éphédrine et de pseudoéphédrine saisie en Afriqueentre 2000 et 2008 ne représente que 242 kg, et laplupart des saisies ont été effectuées en Afrique duSud.336. La récente diminution de la quantité totaled’éphédrine et de pseudoéphédrine ayant fait l’objet detentatives de détournement identifiées en Afrique peutêtre imputée à un certain nombre de facteurs,notamment le fait que les trafiquants passent de moins__________________76 Voir également Précurseurs et produits chimiquesfréquemment utilisés dans la fabrication illicite destupéfiants et de substances psychotropes: Rapport del’Organe international de contrôle des stupéfiants pour2008...60

E/INCB/2008/1grosses commandes pour éviter d’éveiller les soupçonsou d’occasionner des enquêtes de la part des autoritésdes pays d’exportation et d’importation. L’Organeappelle donc les gouvernements de tous les paysd’exportation et de transit à vérifier la légitimité dechaque envoi d’éphédrine et de pseudoéphédrinedestiné à l’Afrique, y compris les envois depréparations pharmaceutiques contenant cessubstances. Il appelle également les gouvernements detous les pays africains qui ne l’ont pas encore fait àétablir, pour le contrôle de l’éphédrine et de lapseudoéphédrine, y compris des préparations contenantces substances, des mécanismes appropriés qui leurpermettent de répondre en temps utile aux notificationspréalables à l’exportation et aux demandes derenseignements émanant des autorités des paysd’exportation concernant la légitimité des transactions.Substances non placées sous contrôleinternational337. En 2008, le Gouvernement namibien a placé laN-benzylpipérazine (BZP) sous contrôle national etcréé l’obligation de prescription pour sa délivrance. LaBZP est un composé dérivé de la pipérazine qui n’estactuellement pas sous contrôle international 77 .338. Étant donné l’augmentation de l’abus de khat 78 àMadagascar, le Gouvernement de ce pays en a interditla culture, la vente et la consommation à compter dejanvier 2008. Le khat est cultivé principalement en__________________77 En mars 2007, l’Organe a demandé à l’OMS d’envisagerd’examiner les composés dérivés de la pipérazine en vuede leur possible inscription aux tableaux de laConvention de 1971. Dans son rapport annuel pour 2007,il a par ailleurs prié instamment tous les gouvernementsde lui communiquer, ainsi qu’à l’OMS, toutrenseignement sur l’émergence de l’abus et du trafic deces substances (Rapport de l’Organe international decontrôle des stupéfiants pour 2007..., par. 734,recommandation 28).78 On entend par khat les feuilles et les jeunes poussesd’une plante appelée Catha edulis. Le khat a été pris enconsidération et examiné à deux reprises par le ComitéOMS d’experts de la pharmacodépendance. Au cours dudernier examen, en 2006, le Comité a conclu: “lepotentiel d’abus et de dépendance de cette substance estfaible. La consommation abusive de khat et la menacequ’elle représente pour la santé publique ne sont passuffisantes pour justifier que cette substance soit placéesous contrôle. Dans ces conditions, le Comité n’a pasrecommandé l’inscription du khat à un tableau de laAfrique de l’Est et dans la péninsule arabique, et il estconsommé localement. S’il n’est actuellement pas souscontrôle international, sa culture en a été interdite dansun certain nombre de pays d’Afrique de l’Est, dontl’Érythrée, la République-Unie de Tanzanie et leRwanda.339. Selon l’Organisation mondiale des douanes, laquantité totale de khat saisie dans le monde anettement augmenté ces dernières années et elleatteignait presque 44 tonnes (889 affaires) en 2007.Cette année-là, les saisies les plus importantes ont étéeffectuées par le Canada (13 tonnes), l’Allemagne(7 tonnes), la Suède (6 tonnes), le Danemark(1,6 tonne) et la Suisse (1,4 tonne). Dans ces pays, lekhat est surtout consommé par des expatriés originairesd’Afrique de l’Est ou de la péninsule arabique.L’Organe note que les saisies de khat séché se sontmultipliées ces dernières années, celui-ci ne devantplus être envoyé et distribué aux consommateurs dansles 48 heures.5. Missions340. Une mission de l’Organe s’est rendue en Éthiopieen mars 2008. L’Organe salue les mesures prises cesdernières années par le Gouvernement éthiopien pouraccroître sa capacité à faire face au problème de ladrogue, notamment en créant le Service chargé del’administration et du contrôle des médicaments, enrenforçant les capacités de la police en matière de luttecontre la drogue et en modifiant le code pénal. LeGouvernement éthiopien a amorcé plusieurs activitésdans le domaine de la prévention primaire de l’abus dedrogues.341. La mission a examiné avec les autoritéséthiopiennes les mesures de lutte contre la cultureillicite et l’abus de cannabis dans le pays, ainsi que lesmesures de lutte contre le trafic de drogues, notammentle trafic de transit par l’aéroport international__________________Convention. Le Comité a admis que la consommationexcessive de khat entraîne des problèmes sociaux ainsique certains problèmes sanitaires, et il a proposéd’entreprendre des campagnes nationales éducativescontre la consommation de cette substance dans lamesure où celle-ci pourrait avoir des conséquencesindésirables (Comité OMS d’experts de lapharmacodépendance, trente-quatrième rapport, OMS,Série de rapports techniques, n° 942, Genève, 2006,p. 12 et 13).61

E/INCB/2008/1d’Addis-Abeda. L’Organe encourage le Gouvernementà procéder à des études périodiques de la prévalence del’abus et à renforcer ses capacités de traitement destoxicomanes, et l’invite à promouvoir l’usage rationneldes analgésiques opioïdes, conformément auxdirectives publiées par l’OMS sur ce sujet.342. En octobre 2008, l’Organe a envoyé une missionà Maurice, qui est partie à tous les traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues et qui aadopté une législation complète en la matière.L’Organe encourage le Gouvernement mauricien àcréer un mécanisme d’échange d’informations et decoordination, intégrant tous les organes, services etorganismes s’occupant d’activités de contrôle desdrogues. Concernant la contrebande de buprénorphine(Subutex©) à destination de Maurice, l’Organe invitele Gouvernement mauricien à poursuivre sacoopération avec les pays européens afin de lutterefficacement contre ce problème.343. L’abus de drogues par injection, en particulierd’héroïne, constitue un problème à Maurice. L’Organefélicite le Gouvernement mauricien pour la vastegamme de services de réduction de la demande offerteaux toxicomanes. Il recommande qu’un soutienpsychosocial plus soutenu soit apporté aux usagers dedrogues et espère que les mesures prises pour prévenirla propagation du VIH/sida n’encourageront ni nefaciliteront l’abus de drogues.B. AmériquesAmérique centrale et Caraïbes1. Principaux faits nouveaux344. Le trafic de substances placées sous contrôlecontenant de l’éphédrine et de la pseudoéphédrine sedéveloppe en Amérique centrale. Depuis que leMexique a renforcé sa réglementation pour prévenir ledétournement de ces précurseurs, les organisationscriminelles ont mis à profit le laxisme du contrôle desventes à proximité de la frontière sud du pays pour seprocurer des drogues contenant de l’éphédrine et de lapseudoéphédrine et installer des laboratoires deméthamphétamine dans la sous-région.345. La région de l’Amérique centrale et des Caraïbesreste un circuit important pour le trafic de droguesillicites en provenance de l’Amérique du Sud et àdestination de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Endépit des efforts des autorités pour combattre ceproblème, divers éléments indiquent que le trafic dedrogues progresse dans certaines régions del’Amérique centrale, ainsi qu’en Républiquedominicaine et en Haïti. Conséquence del’augmentation du trafic de drogues, l’abus de drogueset la criminalité sont en hausse en Républiquedominicaine.346. L’Organe prend note du nombre croissantd’activités régionales de coopération organisées par lesgouvernements, la Commission interaméricaine delutte contre l’abus des drogues (CICAD) et l’ONUDCainsi que de l’assistance accrue fournie par des pays endehors de la région de l’Amérique centrale et desCaraïbes. Il salue la Déclaration du 18 e Sommetibéro-américain tenu à San Salvador en octobre 2008dans laquelle les membres de l’Organisation des Étatsibéro-américains pour l’éducation, la science et laculture (OEI) sont convenus de renforcer le rôle del’éducation en tant qu’instrument de développementdans la région et de favoriser la coopération techniquepour lutter contre la criminalité organisée.347. En Amérique centrale, les maras, ou gangs desrues, continuent d’être associés aux réseauxinternationaux de trafic de drogues. Environ5 000 gangs d’El Salvador, du Guatemala et duHonduras opèrent au Mexique où certains d’entre euxsont désormais impliqués dans des opérationscriminelles aves les organisations de trafic de droguesmexicaines. D’après les autorités mexicaines et cellesde pays d’Amérique centrale, des groupes criminelsorganisés basés au Mexique recrutent depuis 2007 desmembres de gangs d’El Salvador et du Guatemala.348. L’accroissement des expulsions des États-Unis aucours des trois dernières années a obligé un plus grandnombre de membres de gangs à revenir dans des payscomme El Salvador, le Guatemala, le Honduras et leNicaragua. 75 % des gangs d’Amérique centrale sontliés à d’autres gangs et groupes criminels auxÉtats-Unis. Les membres de gangs expulsés tententgénéralement de revenir illégalement aux États-Unis etceux qui y parviennent consolident leurs réseauxopérationnels et les étendent à des activités telles quela contrebande de drogues, renforçant ainsi lesassociations criminelles internationales.349. La corruption, le manque de ressourcesfinancières des systèmes judiciaires, la perte de62

E/INCB/2008/1confiance des populations et la faiblesse des servicesde détection et de répression sapent les efforts déployéspour renforcer la politique de contrôle des drogues enAmérique centrale et dans les Caraïbes. Leblanchiment d’argent a eu des incidences sur lesactivités criminelles aux niveaux régional et national.Des mesures sont prises dans les pays des Caraïbespour lutter contre le blanchiment d’argent et, danscertains cas, pour assurer la saisie du produit de lacriminalité liée aux drogues. La législation nationalenécessite toutefois d’être mise à jour et appliquée plusrapidement. L’Organe encourage les autorités des paysde la région qui ne l’ont pas encore fait à adopter unelégislation prévoyant des mesures de confiscationcivile et des programmes anticorruption pour renforcerles institutions financières, et à multiplier et poursuivreles activités dans le domaine de la lutte contre ladrogue.2. Coopération régionale350. En août 2007, la CICAD a organisé à Antigua(Guatemala), avec l’assistance du Gouvernementespagnol et de l’ONUDC, une simulation d’enquêtes’appuyant sur un cas réel de blanchiment d’argent.Cette enquête visait à améliorer la coordination entreles agents de la force publique, les procureurs et lesanalystes du renseignement. Des experts du CostaRica, d’El Salvador, du Guatemala, du Honduras, duNicaragua et du Panama y ont participé.351. La CICAD, en partenariat avec un centre destratégie basé aux États-Unis, a commencé à mettre enœuvre au Costa Rica un programme pilote sur laculture de la légalité qui consiste en un programmescolaire visant à promouvoir le respect de la loi auprèsdes adolescents. À Guazapa (El Salvador), un soutientechnique et financier a été accordé à un centred’information pour les jeunes qui propose desformations professionnelles, des conseils aux familleset des interventions familiales, ainsi que desressources, pour prévenir l’abus de drogues et laviolence. Fin 2007, la CICAD avait formé500 conseillers au traitement de l’abus de drogues àEl Salvador et 150 au Guatemala.352. Dans le cadre du programme de réduction de lademande de la CICAD, un programme de certificationprofessionnelle a été lancé en 2008 à l’UniversitéQuisqueya en Haïti. Le programme de prévention“Lions” de la CICAD, élaboré par la Fondation duLions Clubs International, est un programme scolairede prévention de l’abus de drogues fondé surl’acquisition des compétences de vie qui a été mis enplace dans différents États membres de l’Organisationdes États américains (OEA) depuis 2005. Ceprogramme a été lancé en République dominicaine en2007-2008 sous l’égide de la CICAD. Antigua-et-Barbuda, la Dominique, le Panama et la Républiquedominicaine ont reçu une assistance technique de laCICAD pour élaborer leurs stratégies et plansnationaux de lutte contre la drogue. Des pays desCaraïbes ont par ailleurs bénéficié d’une formation auxméthodes de gestion des projets en vue de renforcer lesressources humaines au sein des commissionsnationales de lutte contre la drogue.353. En 2007, la CICAD a célébré le dixièmeanniversaire du Mécanisme d’évaluation multilatéral,instrument conçu pour évaluer les progrès de l’actiondu Gouvernement. En 10 ans, ce Mécanisme, adoptépar les États membres de l’OEA et mis en œuvre par laCICAD, s’est avéré un outil efficace pour traiter desproblèmes liés aux drogues dans les pays d’Amériquecentrale et des Caraïbes. Ses rapports sontrégulièrement affichés sur le site Web de la CICAD. Aucours du deuxième semestre de 2007, des membres duMécanisme d’évaluation multilatéral se sont rendus auPanama en vue de promouvoir cet outil dans le pays etde former le personnel des organismes nationaux quiœuvrent dans le domaine de la lutte contre la drogue.Les représentants du Mécanisme ont participé à uneréunion des observatoires caribéens des drogues tenueà la Grenade en septembre 2007. Cette réunion,organisée en partenariat avec la Communauté desCaraïbes (CARICOM), visait à faire le point destravaux de recherche et des pratiques en matière depolitiques relatives à l’abus de drogues. Lesreprésentants ont également organisé un atelier deformation en Haïti destiné aux organismes nationauxqui collaborent avec le Mécanisme (voir par. 478ci-dessous).354. Le premier forum interrégional de la CICAD etde l’initiative de jumelage de villes de l’Unioneuropéenne s’est tenu à Saint-Domingue en avril 2008.Cette initiative regroupe des villes européennes et desvilles d’Amérique latine et des Caraïbes, l’objectifétant de leur permettre de trouver des solutionsconjointes en vue d’améliorer les stratégies detraitement de l’abus de drogues. Vingt-quatre villesd’Amérique latine et des Caraïbes ont envoyé des63

E/INCB/2008/1représentants au forum sur les politiques publiques enmatière d’abus de drogues et 18 délégations de villeseuropéennes y ont assisté.355. En 2007, la CICAD a collaboré avec desorganisations, des conseils et des centres basés dans lesCaraïbes, notamment le Conseil de détection et derépression douanières des Caraïbes à Sainte-Lucie et leCentre régional des Caraïbes de formation à la lutteantidrogue en Jamaïque, en vue de mettre en place desprogrammes et des initiatives visant à aider les Étatsmembres à réduire la fabrication, la distribution etl’offre de drogues illicites. En avril 2008, 16 agents desservices de détection et de répression de la Jamaïque et18 agents d’autres pays des Caraïbes ont participé àKingston à une formation de deux semaines sur dessujets associés au contrôle des précurseurs. Cetteformation était le fruit d’une collaboration entre leGouvernement jamaïcain, l’OEA, la CICAD ainsi quele Gouvernement canadien (moyennant le soutien de laGendarmerie royale du Canada).356. En septembre 2007, les Gouvernements jamaïcainet américain ont signé un accord modifiant et amendantl’accord antistupéfiants qui avait été conclu par lesdeux pays en 2001. En vertu de cet accord, la Jamaïquedoit recevoir 35 millions de dollars supplémentairesdes États-Unis pour lutter contre le trafic illicite destupéfiants. Quatorze millions de dollars en tout serontconsacrés à la formation, à l’équipement et auxvéhicules en vue d’améliorer la sécurité aérienne etportuaire.357. Le groupe conjoint du Cuscatlán a été créé par lesautorités salvadoriennes et guatémaltèques, avec l’aidedes États-Unis, pour permettre des opérationsd’inspection de navires, de surveillance ainsi que depatrouille maritime et aérienne visant à intercepter desenvois de drogues illicites sur les côtes salvadoriennes.Le secrétariat exécutif de la Commission contre lesdépendances et le trafic de drogues illicites duGuatemala a signé un accord avec l’organisation nongouvernementale Fondation salvadorienne de luttecontre les drogues (FUNDASALVA) en vue dedispenser à 38 spécialistes en El Salvador, avec lesoutien des États-Unis, un programme de formationd’un an au traitement de l’abus de drogues.358. Dans le cadre de l’Initiative de Mérida, élaboréepar les Présidents du Mexique et des États-Unis etincorporée dans la législation en juin 2008, leGouvernement des États-Unis mettra en 200865 millions de dollars des États-Unis à la dispositionde la République dominicaine, d’Haïti et de paysd’Amérique centrale. Ces fonds sont principalementdestinés à l’organisation de formations et à lafourniture de matériel pour plusieurs activités dans ledomaine de la lutte contre la drogue. Le programmedispose également de fonds pour appuyer les effortsdéployés par la CICAD en matière de réduction de lademande (voir par. 421 ci-dessous).359. En juin 2007, l’Assemblée générale de l’OEA aadopté une résolution visant à promouvoir lacoopération, y compris au niveau régional, pours’attaquer au problème des bandes armées criminelles.Dans cette résolution, l’Assemblée a décidé dedemander au Conseil permanent de procéder à lacréation d’un groupe de contact composé des Étatsmembres concernés par le phénomène des bandesarmées et de tenir une réunion spéciale avec les Étatsmembres, d’autres organismes du Systèmeinteraméricain, des organisations internationales et desreprésentants de la société civile pour analyser leproblème des bandes armées dans une optiquemultidisciplinaire.360. Du 1 er janvier au 31 juillet 2007, des enquêteurs,des procureurs et des juges de la Républiquedominicaine ont participé au Programme d’assistancejuridique pour l’Amérique latine et les Caraïbes del’ONUDC, qui comprend une formation auxprocédures judiciaires, à la gestion des affaires, àl’obtention de preuves indirectes et à la réalisationd’enquêtes spéciales. L’International Association ofDrug Treatment Courts qui promeut, dans la région, lerecours à des juridictions spécialisées dans les affairesde toxicomanie, a également été associé à la formation.361. Le Gouvernement hondurien a participé à unprojet sur le contrôle des substances associant leGroupe méso-américain de contrôle des stupéfiants,des substances psychotropes et des précurseurs. Ceprojet a été mis en place en Amérique centrale parl’ONUDC avec le soutien du Gouvernement mexicainet de la Comisión Centroamericana Permanente para laErradicación de la Producción, Tráfico, Consumo yUso Ilícito de Estupefacientes y SustanciasPsicotrópicas, et il a été approuvé par lesGouvernements costaricien, guatémaltèque, hondurien,nicaraguayen, panaméen et salvadorien. LaCommission a tenu une réunion à Panama en64

E/INCB/2008/1janvier 2008 pour élaborer un plan d’action régionalpour la période 2009-2013.362. La coordination et la coopération entre lesinstituts de criminalistique d’un certain nombre depays d’Amérique centrale, dont le Costa Rica, leGuatemala et le Honduras, ont été renforcées grâce àleur représentation au sein du réseau ibéro-américaind’instituts de criminalistique (AcademiaIberoamericana de Criminalística y Estudios Forenses)et à l’échange de connaissances spécialisées avec lesinstituts de criminalistique d’autres pays latinoaméricains,de l’Espagne et du Portugal.363. Lors d’une réunion tenue au Belize en juin 2007,les Présidents du Belize et du Mexique ont décidé derenforcer l’état de droit à la frontière qui sépare leurspays et d’améliorer la coopération dans la lutte contredes menaces communes telles que le trafic de drogues,le terrorisme et la contrebande. Les deux Présidents sesont déclarés résolus à renforcer la coopération pourlutter contre la criminalité internationale par le biaisd’un traité d’entraide judiciaire en matière pénale.364. À Trinité-et-Tobago, des projets de renforcementdes capacités ont été mis en place sous l’égide duGroupe de Dublin. Les projets, qui ont pour but desoutenir l’unité spéciale de lutte contre la criminalitéde Trinité-et-Tobago, sont axés sur la détection et larépression et sont destinés aux avocats, aux procureurset aux juges.365. Le Sommet régional sur la drogue, la sécurité etla coopération s’est tenu à Saint-Domingue enmars 2007. Des représentants de la Colombie, d’Haïti,de la République dominicaine et de la Trinité-et-Tobago y ont participé. Lors de cette réunion, desquestions comme la coopération et l’échanged’informations en matière de contrôle des drogues ontété abordées.366. Les États membres de la CARICOM ont renforcéles mécanismes de coopération à l’appui de la sécuritéet reconnu que le trafic de drogues représentait unemenace majeure. Dans le cadre des mesures de sécuritéappliquées à l’occasion d’un grand événement sportifqui s’est tenu en 2007 (la Coupe du monde de cricket),l’accès à la base de données documentaired’INTERPOL a été étendu aux bureaux présents dansles ports et un dispositif a été élaboré pour échangerdes informations sous-régionales sur les questionsmaritimes.3. Législation, politique et action à l’échellenationale367. Des mesures visant à réduire la participation degangs de jeunes aux activités d’organisationsinternationales de trafic de drogues sont actuellementadoptées en Amérique centrale. En 2007, la policenicaraguayenne a identifié 21 gangs et 48 groupescriminels associés à des gangs. Au Nicaragua, laDirection des affaires concernant les jeunes a envoyédes équipes multidisciplinaires là où opéraient cesgangs. Onze gangs totalisant environ 800 membres ontainsi pu être démantelés en 2007. L’Organe constateavec inquiétude que, malgré ces efforts, les gangsnicaraguayens participent de plus en plus à desactivités criminelles.368. Le Gouvernement hondurien s’est attaqué auproblème des gangs de jeunes en mettant en place desprogrammes éducatifs. Au cours du premier semestrede 2007, près de 9 000 enfants, adolescents et parentsont participé à des programmes de lutte contre laviolence et de prévention des problèmes liés aux gangs,qui avaient été organisés par des membres de la policede prévention. D’autres formations ont été mises surpied pour les juges, les procureurs et les agents desservices de détection et de répression.369. Par ailleurs, les gouvernements et desassociations religieuses ainsi que d’autresorganisations non gouvernementales et des institutionscharitables de pays d’Amérique centrale, telles queBienvenido a Casa et Homies Unidos en El Salvador,continuent de s’appuyer sur les programmes existantspour aider les anciens membres de gangs à se réinsérersocialement dans leur pays d’origine après leurexpulsion des États-Unis.370. En août 2008, les services de détection et derépression guatémaltèques ont lancé des opérationsspéciales consistant à patrouiller à la frontière avec leMexique en vue de détecter des activités illégalescomme le trafic de drogues et d’armes. En mai 2008,les autorités guatémaltèques ont commencé à travaillerà un nouveau plan national de prévention en matière dedrogues, qui vise les personnes de 16 à 35 ans, legroupe d’âge le plus touché par l’abus et le trafic dedrogues. En outre, le Gouvernement guatémaltèque acréé un bureau qui fournit une assistance juridiquedans les cas de corruption.65

E/INCB/2008/1371. Le 19 juin 2008, le Ministère bélizien de la santéa publié un décret ministériel pour renforcer lescontrôles sur l’éphédrine. La nouvelle législation rendobligatoires l’obtention d’une autorisation spécialepour le commerce de cette substance et l’envoi d’unenotification préalable à l’exportation aux paysimportateurs. Elle interdit aussi l’importation oul’exportation de pseudoéphédrine en grandes quantitéset sous forme de doses pharmaceutiques. Le 13 août2008, le Gouvernement salvadorien a rendu public unrèglement sur la manipulation et le contrôle de lapseudoéphédrine sous forme de matière première oudans des produits pharmaceutiques. Les fabricants depréparations pharmaceutiques en El Salvador ont enoutre 12 mois pour trouver un substitut à lapseudoéphédrine dans les médicaments en vente libre.En 2007, le Gouvernement nicaraguayen a inscritl’éphédrine et la pseudoéphédrine sur la liste dessubstances placées sous contrôle en vertu de la loi surles médicaments et les pharmacies. L’Organeencourage vivement les gouvernements de tous lespays d’Amérique centrale et des Caraïbes à adopter et àappliquer des mesures législatives pour lutter contrel’augmentation des détournements de précurseurs dansla région.372. En 2006, un institut de criminalistique (InstitutoNacional de Ciencias Forenses) a été créé auGuatemala afin de renforcer les capacités en la matière.Cet institut a officiellement entamé ses travaux enjuillet 2007, avec un important soutien de diversdonateurs, dont l’Allemagne et la Commissioneuropéenne. Il est actuellement dirigé par un comitéscientifique d’experts en criminalistique venus deColombie et d’Espagne et également de Puerto Rico.373. Le Gouvernement hondurien a créé une équipespéciale dans la zone de La Mosquita qui est utiliséepour le trafic de cocaïne par voies maritime etaérienne. En 18 mois, l’équipe spéciale a saisi11 tonnes de cette substance. La Direction de la luttecontre les stupéfiants, rattachée au Ministère public duHonduras, a créé une division spéciale chargéed’enquêter sur le trafic de drogues par mer.374. En 2008, dans le cadre d’un projet pilote conçupar un groupe d’étude de la CICAD, une évaluation del’abus de drogues chez les prisonniers a démarré auCosta Rica. Au cours des trois dernières années, cepays a mis en place avec succès un modèle global pourle traitement de la toxicomanie.375. En juillet 2008, le Président de la Républiquedominicaine a lancé un plan stratégique national delutte contre la drogue pour la période 2008-2012. Ceplan comprend des lignes directrices pour renforcer lesinstitutions, revoir le cadre juridique, mettre en œuvredes politiques publiques et créer un institut nationald’information et de recherche. Par ailleurs, leGouvernement a mis en place un plan visant à assurerla sécurité des citoyens et un décret présidentiel a étépublié pour créer un conseil national chargé de cettequestion.376. Le Gouvernement dominicain a également crééune unité militaire spéciale pour lutter contre la traited’êtres humains et le trafic de drogues et d’armes à feuaux frontières. Cette unité, baptisée CuerpoEspecializado de Seguridad Fronteriza, a démarré sesopérations en septembre 2007 en déployant 200 soldatsle long de la frontière commune avec Haïti. En outre,le Gouvernement dominicain a fourni huit avions pourlutter contre le trafic de drogues.377. Pour faire en sorte que les informations relativesaux notifications préalables à l’exportation desubstances placées sous contrôle soientconvenablement traitées, la Direction générale desdouanes de la République dominicaine a entreprisd’appliquer le dispositif de déclaration douanièreunique, par voie électronique. La Direction générale vainvestir plus de 20 millions de dollars des États-Unispour élaborer un système de traitement électronique.Le projet, qui comprend la fourniture de nouveauxéquipements, des programmes informatiques et desformations pour le personnel, est soutenu par le Fondsde coopération pour le développement économique dela République de Corée.378. En 2006, le Gouvernement dominicain a lancéune opération anticorruption parmi les services de luttecontre la drogue. Selon les informationscommuniquées par le Gouvernement, à l’issue de cetteopération qui visait entre autres à régler les problèmesd’indiscipline et d’incompétence, 5 000 personnes ontété sanctionnées et renvoyées de la Direction nationalede contrôle des drogues et certaines d’entre elles ontété inculpées de trafic de drogues. L’Organe prend notedes efforts déployés par la République dominicainepour combattre la corruption, le trafic de drogues et laviolence.379. En Haïti, la sécurité reste fragile en partie à causedu trafic ininterrompu de drogues et d’armes à feu.66

E/INCB/2008/1Dans sa résolution 1780 (2007), le Conseil de sécuritéa notamment invité les États membres, en coordinationavec la Mission des Nations Unies pour la stabilisationd’Haïti (MINUSTAH), à collaborer avec leGouvernement haïtien pour enrayer les traficstransfrontières illicites de stupéfiants et d’armes etd’autres activités illégales.380. La Trinité-et-Tobago s’applique actuellement àéradiquer les cultures illicites de cannabis. Ennovembre 2007, des représentants du Gouvernement etd’organisations non gouvernementales ont participé àun atelier pour finaliser l’élaboration d’un plannational de lutte contre la drogue pour la période2008-2012.381. En 2008, le Gouvernement de Saint-Kitts-et-Nevis a adopté une législation visant à accroîtrel’efficacité de la Commission des services financiers enlui donnant le pouvoir de sanctionner les institutionsfinancières impliquées dans des activités deblanchiment d’argent.382. En Jamaïque, après avoir été bloquée pendant desannées au Parlement, la loi sur le produit du crime aété approuvée par le Sénat. Cette loi, en vigueur depuismai 2007, contient des éléments de la précédente loicontre le blanchiment d’argent et permet lerecouvrement des biens liés à des activités criminelles.Le Gouvernement a promis de réformer l’actuelsystème judiciaire. En mai 2007, le groupe d’étudechargé de la réforme du système judiciaire jamaïcain apublié un rapport préliminaire et proposé des lignesdirectrices pour apporter des améliorations dans desdomaines tels que le principe de responsabilité et latransparence. Afin de combattre une nouvelle menace,à savoir l’utilisation d’Internet pour faire de lapublicité pour des drogues placées sous contrôle et seles procurer, des experts des enquêtes relatives àInternet ont dispensé une formation à des membres dela Police nationale (Jamaica Constabulary Force). Unenouvelle base d’opérations, ouverte par la Policenationale à Saint-Thomas en décembre 2007, estprincipalement chargée d’assurer la sécurité sur la côteest et de la protéger contre le trafic de drogues illiciteset d’armes à feu.383. Le troisième anniversaire de l’opération Kingfish,initiative majeure regroupant les services de détectionet de répression du Canada, des États-Unis, de laJamaïque et du Royaume-Uni a été célébré en 2007.Plus de 2 000 interventions ont été menées dans lecadre de cette opération et plus de 13 tonnes de cocaïneet 12 tonnes de cannabis ont été saisies.4. Culture, production, fabrication, trafic et abusStupéfiants384. La situation géographique de l’Amérique centraleet des Caraïbes en fait une importante zone de transit etde stockage des envois de drogues en provenance del’Amérique du Sud et à destination du Mexique, ycompris des envois dont les États-Unis et des payseuropéens sont la destination finale. Le trafic dedrogues a eu un impact sur l’abus de drogues et sur lacriminalité associée aux drogues dans la région, et aamplifié les activités de blanchiment d’argent, enparticulier dans les Caraïbes.385. Le trafic de drogues par voie terrestre continue deposer un problème aux autorités des pays d’Amériquecentrale. Selon l’ONUDC, 18 % de la cocaïneintroduite en contrebande au Mexique provient duBelize et du Guatemala. Il semblerait que le trafic dedrogues empruntant cet itinéraire soit en progression etque le Belize fasse office de zone de transbordementpour les envois de cocaïne entrant en Europe vial’Afrique occidentale (voir par. 324 ci-dessus).386. D’après le Gouvernement bélizien, lesorganisations criminelles mexicaines se tournent deplus en plus vers le territoire du Belize pour entreposerdes drogues illicites et coordonner des opérations detrafic de drogues. Dans le cadre de sa stratégierégionale pour l’Amérique centrale et les Caraïbes,l’ONUDC collabore actuellement avec leGouvernement bélizien pour renforcer l’état de droit etlutter contre la criminalité organisée.387. Étant donné que les voies maritimes empruntéespour le trafic de drogues sont de plus en plussurveillées, les trafiquants utilisent maintenant desavions légers volant à basse altitude en plus d’autrestypes d’avion. Des vedettes rapides sont toujoursutilisées pour faire circuler des drogues en contrebandedans les Caraïbes. Les envois de drogues illicites sontgénéralement dissimulés dans des bagages personnels,des boîtes de conserve ou des conteneurs industriels.Le recours à des “mules”, à savoir des personnes quipassent des drogues en contrebande après les avoiringérées, continue néanmoins.388. La Jamaïque reste le principal producteur etexportateur de cannabis en Amérique centrale et dans67

E/INCB/2008/1les Caraïbes. En dépit des mesures d’éradication,d’importantes saisies et de nombreuses arrestations,cette plante est cultivée illicitement dans la plupart desrégions du pays. Les envois de cannabis qui quittent laJamaïque à destination de pays nord-américains oueuropéens passent par les Bahamas, Haïti et laRépublique dominicaine. Le cannabis est produit auxfins de la consommation locale dans d’autres pays desCaraïbes, notamment la Barbade, Saint-Vincent-et-lesGrenadines et la Trinité-et-Tobago. Selon leGouvernement de la Trinité-et-Tobago, les culturesillicites de plantes de cannabis couvrent une surfaced’environ 145 hectares dans le pays.389. Le Guatemala est le seul pays d’Amériquecentrale et des Caraïbes où la production illicite depavot à opium est significative. Selon le Gouvernementguatémaltèque, la quantité totale de pavot à opiuméradiqué en 2008 a augmenté par rapport à 2007; laculture illicite de pavot à opium a également progresséen 2008. L’Organe exhorte le Gouvernement à luifournir des renseignements détaillés sur la superficietotale consacrée à la culture illicite de pavot à opiumdans le pays ainsi que sur la superficie totaleéradiquée.390. D’après les autorités guatémaltèques, la quantitéde cocaïne saisie au cours du premier trimestre de 2008dépasse celle des années 2006 et 2007 combinées. Enune seule opération, l’armée et la police nationale ontsaisi 1 136 kg de cette substance dans la zone de SanAndrés (Petén). La drogue se trouvait à bord d’un petitavion en partance pour le Mexique. Le Gouvernementguatémaltèque a signalé qu’entre janvier et avril 2008,1 511 kg de cocaïne, plus de 59 000 plants de cannabiset plus de 161 millions de plants de pavot à opiumavaient été saisis.391. Au cours du premier semestre de 2007, lesautorités panaméennes ont signalé avoir saisi17 872 kg de cocaïne, 1 221 kg de cannabis et environ31 kg d’héroïne. Dans le cadre d’une opérationconjointe, les autorités du Costa Rica, des États-Unis etdu Nicaragua ont saisi 250 kg de cocaïne au Nicaraguaen novembre 2007.392. Les autorités costariciennes ont signalé une netteaugmentation des saisies de cocaïne et d’héroïne,principalement sur des voies maritimes. Les trafiquantsde drogues colombiens continuent d’engager despêcheurs du Costa Rica et d’utiliser leurs bateaux pourleurs opérations. En 2007, 2 tonnes de cocaïne ont étéconfisquées en Europe à l’occasion de 146 saisies autotal visant des envois en provenance du Costa Rica.La majorité des saisies opérées sur des envois enprovenance du Costa Rica ont été signalées parl’Espagne, suivie par les Pays-Bas, l’Allemagne et laBelgique. La plupart de ces saisies concernaient desenvois par courrier.393. Le trafic de drogues a progressé au Honduras,principalement dans le nord (Cortés, Colón, Atlántida)et le long de la frontière avec le Nicaragua. Les plusgrosses quantités de drogues entrent au Honduras parle département de Gracias a Dios, surtout par voiemaritime ou aérienne. En mars 2007, 1 350 kg decocaïne ont été saisis sur un petit avion en provenancede la République bolivarienne du Venezuela et3 200 kg de cocaïne ont été saisis sur un bateau depêche en mai 2007.394. Haïti est une zone de transbordement majeurepour les envois de cocaïne d’Amérique du Sud àdestination des États-Unis. Le trafic de drogues s’estdéveloppé le long de la frontière avec la Républiquedominicaine. En mai 2007, les autorités haïtiennes et lapolice des Nations Unies ont arrêté 10 personnes, dont4 agents de police, et saisi près de 420 kg de cocaïne,l’une des plus importantes saisies opérées au cours dela dernière décennie dans cette région.395. Entre janvier et octobre 2008, les autoritésdominicaines ont saisi 2 467 kg de cocaïne, 220,1 kgde cannabis, 95,7 kg d’héroïne et 15 949 unitésd’“ecstasy”. Au cours de la même période,17 378 personnes ont été arrêtées pour des infractionsliées à la drogue.396. Le Gouvernement bahamien a signalé la saisie de193 902 kg de cannabis et de 189,5 kg de cocaïne en2007 dans le cadre de l’Entente opérationnelleBahamas-Turques et Caïques (OPBAT).397. En 2007, le Gouvernement cubain a signalé lasaisie de 3 074,6 kg de stupéfiants, dont 2 126,9 kg decannabis. Le cannabis et la cocaïne sont consommés enpetites quantités, principalement à La Havane. LeGouvernement lutte contre l’abus de drogues par lebiais de programmes de prévention et de traitementsous la supervision de la Commission nationaleantidrogue et avec la participation d’organismespolitiques et civils.398. L’offre de drogues dans les rues de la Républiquedominicaine pose un problème de plus en plus aigu,68

E/INCB/2008/1comme en témoigne la progression de l’abus. Environ20 % des stupéfiants faisant l’objet d’un trafic dans cepays sont utilisés pour payer les trafiquants de drogues.En effet, ces derniers se font payer non en espèces maisen drogues, ce qui développe les réseaux locaux detrafic de drogues et fait augmenter la demande locale.Le marché de drogues illicites qui se développe toucheprincipalement la couche la plus pauvre de lapopulation, ainsi que le montre la multiplication desactes de violence et des activités criminelles dans lepays. Le taux d’homicide en République dominicaine aaugmenté de 66 % entre 2000 et 2007.399. Selon les données les plus récentes dont disposel’ONUDC, en 2006, le taux de prévalence annuelle decocaïne parmi les personnes âgées de 15 à 64 ans enHaïti était de 0,9 %.400. À Saint-Vincent-et-les Grenadines, le Ministèrede la santé et de l’environnement a lancé en 2007l’Enquête mondiale réalisée en milieu scolaire sur lasanté des élèves pour mesurer l’abus d’alcool, dedrogues et d’autres substances, compte tenu égalementd’autres indicateurs tels que l’activité physique et lasanté mentale. Les résultats ont montré que 19,9 % desélèves âgés de 13 à 15 ans avaient abusé de drogues aumoins une fois au cours de leur vie.401. Le cannabis est la drogue la plus consommée à laTrinité-et-Tobago. Les plantes de cannabis sont surtoutcultivées localement, mais des variétés plus puissantes,en provenance de Saint-Vincent-et-les Grenadines, sontaussi introduites dans le pays. Selon les données issuesdu Programme national de prévention de l’alcoolismeet de l’abus de drogues, il n’existe que quelques casd’abus d’héroïne dans le pays. Plusieurs initiatives deréduction de la demande sont en cours. Ellescomportent des programmes destinés aux détenus, descampagnes de sensibilisation du public et desprogrammes réalisés en milieu scolaire. En outre, leProgramme d’éducation pour éviter l’abus des drogues(DARE) est en cours de mise en œuvre à la Trinité-et-Tobago.402. Le programme DARE est également exécuté dansles pays d’Amérique latine et des Caraïbes suivants:Barbade, El Salvador, Grenade, Nicaragua, Saint-Kittset-Nevis,Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-lesGrenadines.403. L’Organe note avec préoccupation qu’aucuneétude sur l’abus de drogues en Amérique centrale etdans les Caraïbes n’a été publiée. Il salue doncl’initiative de l’Observatoire interaméricain sur lesdrogues, qui a annoncé qu’il élaborait un rapportcomparatif sur l’abus de drogues chez les élèves dansles Caraïbes et une étude comparative de la situation enmatière de drogues en Amérique centrale.Substances psychotropes404. L’Organe prend note avec préoccupation de laprogression de l’abus de MDMA (“ecstasy”) danscertains pays d’Amérique centrale et des Caraïbes, enparticulier El Salvador et le Guatemala. L’abus deMDMA est également en hausse en Jamaïque, surtoutdans les zones touristiques de Negril et de MontegoBay. L’“ecstasy” disponible dans la région continued’être introduite en contrebande depuis des payseuropéens ou, plus récemment, depuis le Canada (voirpar. 419 à 457 ci-dessous).405. Selon les données les plus récentes de l’ONUDC,la République dominicaine est le pays des Caraïbes quiprésente le taux de prévalence annuelle d’abusd’amphétamines (à l’exception de l’“ecstasy”) le plusélevé, à savoir 1,1 %. Au cours des neuf premiers moisde 2007, 18 347 comprimés d’“ecstasy” ont été saisisdans le pays.406. Selon l’ONUDC, à la Barbade le taux deprévalence annuelle de l’abus d’amphétamines (àl’exception de l’“ecstasy”) parmi les personnes âgéesde 15 à 64 ans s’élevait à 0,2 % en 2007; le taux d’abusd’“ecstasy” déclaré était de 0,5 % pour la mêmetranche d’âge.407. Les autorités cubaines ont signalé des abus desubstances psychotropes dans le pays; elles ontégalement noté que le niveau d’abus reculait grâce à denouvelles mesures de contrôle. À la Trinité-et-Tobago,le Programme national de prévention de l’alcoolisme etde l’abus de drogues a permis de relever certainséléments indiquant un abus d’“ecstasy” dans le pays.408. Selon certaines informations, des laboratoires deméthamphétamine sont actuellement mis sur pied enAmérique centrale. Deux laboratoires clandestins quifabriquaient de l’“ecstasy” ont été découverts etdémantelés à Tegucigalpa en août 2008.Précurseurs409. Les mesures récemment adoptées par le Mexiquepour limiter l’offre de pseudoéphédrine ont eu une69

E/INCB/2008/1incidence sur le trafic de précurseurs en Amériquecentrale. Les agents des services de détection et derépression honduriens ont signalé une augmentation dela demande de médicaments contenant de lapseudoéphédrine disponibles en vente libre. Descitoyens d’autres pays, en particulier, ont acheté desquantités importantes de ces médicaments. Enjuin 2008, les autorités honduriennes ont saisi1,2 million de comprimés de cette substance àl’aéroport de Tegucigalpa.410. Les autorités salvadoriennes ont égalementsignalé une augmentation de la demande depréparations pharmaceutiques contenant de lapseudoéphédrine. Elles ont indiqué que des citoyensguatémaltèques et salvadoriens auraient fourni desprécurseurs à des cartels mexicains.411. En 2007, le Panama a signalé la saisie de10 000 kg d’éphédrine et de plus de 1 000 litresd’acide chlorhydrique. Le Costa Rica a signalé la saisiede 2,8 kg de pseudoéphédrine. Au Belize, les autoritéssanitaires ont noté une augmentation des importationsde préparations pharmaceutiques contenant de lapseudoéphédrine et elles surveillent actuellement ladistribution de ces préparations pour prévenir leurdétournement.412. Dans les pays d’Amérique centrale, des mesuressont prises pour lutter contre l’augmentation desdétournements de précurseurs utilisés dans lafabrication de drogues illicites; certains pays desCaraïbes, comme Antigua-et-Barbuda, la Barbade et laGrenade, disposent de mécanismes réglementantl’utilisation et la distribution des produits chimiquesplacés sous contrôle. Dans l’ensemble de la région,toutefois, le mouvement des précurseurs n’est pasconvenablement surveillé et réglementé en raison de lafaiblesse des infrastructures et de l’insuffisance defonds. L’Organe encourage les gouvernements des paysd’Amérique centrale et des Caraïbes à adopter unelégislation pertinente, à renforcer la législation envigueur et à élaborer un mécanisme de coopérationrégionale pour prévenir le trafic et le détournement desprécurseurs.Amérique du Nord1. Principaux faits nouveaux413. En Amérique du Nord, c’est la domination de laproduction et du trafic de drogues illicites par lacriminalité organisée, et la violence croissante descombats entre cartels de la drogue et entre trafiquantset agents des services de détection et de répression, enparticulier au Mexique, qui constituent le plus grosproblème. Du côté de la demande, une réorientationmarquée des types de consommation vers lesmédicaments de prescription est observée auxÉtats-Unis. Le Canada, importateur et consommateurtraditionnels d’“ecstasy”, est désormais un grosfabricant et exportateur de cette drogue.414. Dans ses tentatives de lutte contre la criminalitéorganisée et le trafic de drogues, le Gouvernementmexicain se heurte à l’opposition violente des cartelsde la drogue. Il a déployé plus de 12 000 militaires etfait appel aux agents de sept services de l’État,dépensant plus de 2,5 milliards de dollars en 2007(24 % de plus qu’en 2006), pour améliorer la sécuritéet réduire la violence liée à la drogue. Les cartels ontréagi avec une violence jamais vue et le nombre devictimes d’homicides, y compris parmi les hautsofficiers de la police fédérale, a plus que doublé en2007 et en 2008 par rapport aux années précédentes, dufait que les services fédéraux interviennent dans desÉtats où la corruption avait jusqu’à présent permis auxtrafiquants de drogues d’opérer dans une quiétuderelative.415. Les groupes criminels organisés continuent decontrôler le trafic de drogues en Amérique du Nord: laprésence des groupes de trafiquants mexicains se faitfortement sentir au Mexique et aux États-Unis, alorsque l’influence croissante des organisations asiatiquesde narcotrafiquants se remarque au Canada et aux ÉtatsUnis. Les organisations colombiennes continuent deconcentrer leur activité sur le trafic de cocaïne etd’héroïne, mais des groupes mexicains ont repris desgroupes criminels organisés colombiensl’acheminement et la distribution d’héroïne et decocaïne en provenance d’Amérique du Sud auxÉtats-Unis. En outre, les organisations mexicaines denarcotrafiquants sont fortement impliquées dans ladistribution de méthamphétamine fabriquée de manièreillicite au Mexique et dans la culture et le trafic decannabis, à l’intérieur ou à destination des États-Unis.70

E/INCB/2008/1Des organisations asiatiques de narcotrafiquantsopérant depuis le Canada sont impliquées dans laculture illicite de cannabis très puissant au Canada etaux États-Unis et fabriquent de la méthamphétaminepour le marché illicite des deux pays.416. En 2007, aux États-Unis, un nombre estimé à35,7 millions de personnes, soit 14,4 % de lapopulation âgée de 12 ans ou plus, ont consommé desdrogues illicites (prévalence annuelle). La diminutionde l’usage illicite de drogues parmi les jeunes et lesjeunes adultes dans le pays constitue un signeencourageant. Depuis 2001, la consommation dedrogues chez les 12-17 ans a reculé de 24 %, baisseque l’on attribue surtout au recul de l’abus de cannabis,même si la consommation de presque toutes les autresdrogues a elle aussi diminué. De même, l’abus chez les18-25 ans a reculé pour toutes les catégories dedrogues à l’exception des analgésiques.417. S’agissant de la consommation de cannabis auxÉtats-Unis, le recul s’explique par une prise deconscience croissante, entre 2002 et 2007, du fait quefumer du cannabis n’est pas sans danger, et par la fortedésapprobation parentale de l’usage de drogues. Cetteprise de conscience peut être attribuée aux campagnesde sensibilisation menées dans le pays. Malgré cettebaisse sensible, l’abus de substances par lesadolescents reste un phénomène répandu, près de lamoitié des jeunes âgés de 17 à 18 ans (47 %) ayantessayé une drogue illicite avant de terminer l’écolesecondaire (prévalence au cours de la vie).418. Au Canada et au Mexique, la consommation decocaïne, de cannabis et de méthamphétamine aaugmenté. Les autorités mexicaines sont préoccupéespar le fait que l’âge d’initiation à la drogue en généralsoit tombé à 8-10 ans et par le risque accru queprésente l’abus de drogues lorsqu’il est associé à laconsommation de tabac et d’alcool à un âge précoce(avant 17 ans). L’abus de médicaments de prescriptionest également un phénomène constaté chez lespersonnes âgées au Mexique.419. Le Canada est devenu la première sourced’approvisionnement en MDMA (“ecstasy”) pour lemarché illicite du pays et celui des États-Unis. Lasubstance est largement disponible au Canada, où laconsommation est stable: la prévalence au cours del’année écoulée est de 4,4 % parmi les jeunes et lesjeunes adultes (âgés de 15 à 24 ans). Les autoritéscanadiennes de détection et de répression signalent quedes précurseurs d’origine chinoise sont régulièrementintroduits au Canada pour y être utilisés dans lafabrication illicite de drogues. Des quantités sansprécédent d’“ecstasy” canadienne ont été saisies dansd’autres pays, ce qui montre que le Canada joue un rôletoujours plus important dans la fabrication et le traficde la substance.420. Une récente enquête auprès des ménages amontré qu’au Mexique, l’incidence cumulée de l’usagede cocaïne avait doublé entre 2002 et 2008. Tout enétant moins fréquente, la consommation deméthamphétamine et de “crack” (dérivé obtenu partransformation du chlorhydrate de cocaïne) a progressépendant la même période. La différence entre les tauxde consommation observés chez les hommes et lesfemmes a diminué.2. Coopération régionale421. Cela fait de nombreuses années que des projetsde coopération sont exécutés dans les pays d’Amériquedu Nord. L’initiative Mérida, qui a marqué un grandpas en avant en 2008, constitue un exemple de lacoopération en matière de sécurité engagée entre leMexique et les États-Unis, ainsi qu’avec les paysd’Amérique centrale, pour lutter contre le trafic dedrogues, la criminalité transnationale et le terrorisme(voir par. 358 ci-dessus). L’opération associe les effortsnationaux à la coopération régionale et encourage lesstratégies concertées visant à neutraliser le pouvoir desorganisations criminelles. L’initiative vise à appuyer lecontrôle aux frontières, ainsi que le contrôle aérien etmaritime, et à donner aux systèmes judiciaires lesmoyens de mener des enquêtes et d’engager despoursuites. Le Congrès américain a approuvé, enjuin 2008, l’octroi d’une aide de 465 millions dedollars, principalement au Mexique, mais aussi auxpays d’Amérique centrale.422. D’autres projets de coopération progressent euxaussi.Les services de détection et de répression desÉtats-Unis soutiennent leurs homologues mexicains enproposant des formations à la détection desprécurseurs, aux techniques d’enquête et aux enquêtesvisant la méthamphétamine dans les principales zonesoù cette substance est fabriquée illicitement auMexique. Un appui est également apporté au nouveaucorps fédéral de police et à ses équipes spécialesd’enquête sous la forme de matériel spécialisé, devéhicules et d’ordinateurs. En 2007, une action71

E/INCB/2008/1pluriannuelle a été engagée au Mexique pour aider leSecrétaire à la sécurité publique à mener à bien desréformes. En outre, des formations spécialisées ont étéproposées à la nouvelle police fédérale dans desdomaines comme la lutte contre la cybercriminalité etle maniement d’explosifs et de dispositifs incendiaires,ainsi qu’à la marine mexicaine. Depuis 2007, lesservices du parquet de la Colombie, du Mexique et decertains pays d’Amérique centrale ont renforcél’échange de renseignements policiers et financiersdans le cadre des enquêtes judiciaires et des opérationsd’interception.423. La coopération entre le Canada et les États-Unisprogresse et des forums bilatéraux, comme le Forumsur la criminalité transfrontalière et le projet NorthStar, ont intensifié l’échange d’informations et lesactions conjointes de formation d’agents des servicesde détection et de répression. Le sous-groupe de lapolice des frontières du Forum tente de convenir desmodalités du programme d’opérations intégrées desécurité maritime connu sous le nom de Shiprider. Ceprogramme permettra aux agents d’un pays d’opérerdepuis les navires (ou aéronefs) de l’autre pays et,partant, à un même navire de patrouiller dans les eauxcanadiennes et américaines. Le programme pilote del’équipe spéciale de sécurité de la police des frontièresviendra compléter l’initiative équipe intégrée existanteet permettra de renforcer le contrôle aux frontières, nonseulement entre les ports d’entrée, mais aussi dans cesports. Le Canada a accentué ses efforts de coopérationdans la zone de transit entre l’Amérique du Sud etl’Amérique du Nord et déployé des escadrons depatrouille maritime pour soutenir la forceopérationnelle interorganisations Sud.424. Comme de nombreux échantillons de MDMAsaisie contiennent de la méthamphétamine, les servicesde détection et de répression des États-Unis et laGendarmerie royale du Canada ont intensifié l’échangede renseignements et coordonné leurs opérationscoercitives pour lutter contre les organisationscriminelles fabriquant de l’“ecstasy”. Les services duCanada et des États-Unis renforcent également leurcoordination dans le cadre de l’initiative nationale surles produits chimiques servant à fabriquer de laméthamphétamine.3. Législation, politique et action à l’échellenationale425. Le Gouvernement mexicain a continué de prendredes mesures contre la corruption, notamment enaméliorant les traitements et les indemnités, enadoptant des critères plus stricts pour la sélection denouveaux employés et en utilisant des techniquesd’enquête plus modernes. Au Mexique, des opérationsde lutte contre la drogue ont été engagées dans 11 Étatset les ressources allouées aux forces de sécurité ont étéaugmentées. De plus, le Gouvernement mexicain,agissant en coopération avec le Gouvernementcolombien et les gouvernements de certains paysd’Amérique centrale, a élaboré un plan régional desécurité pour intensifier les opérations antidrogue dansles Amériques.426. Au Mexique, le Congrès a approuvé des réformesjuridiques et constitutionnelles portant réunion de lapolice fédérale en une seule force et autorisant lesenquêtes proactives, augmentant le pouvoir du parquetet modifiant le code de procédure pénale.427. Une législation complémentaire sur les peines deprison planchers obligatoires pour les infractionsgraves liées aux drogues a été adoptée au Canada. Laculture du cannabis, ainsi que la fabrication et la ventede “crystal” (méthamphétamine) et de “crack” sont aunombre de ces infractions graves.428. Afin de réagir à l’abus croissant de médicamentsde prescription, plusieurs mesures ont été adoptées auxÉtats-Unis, notamment l’apposition de mises en gardesur les lieux de vente des médicaments de prescriptionà potentiel d’abus élevé. Plusieurs États des États-Unisont mis en place des programmes de surveillance desmédicaments de prescription, dont l’“Automated RxReporting System” (OARRS), qui est accessible24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sur un site Internetsécurisé. Certains esprits critiques avaient craint que lenombre d’ordonnances délivrées ne diminuât à la suitede l’adoption du système, mais tel n’a pas été le cas.En fait, les médecins ont indiqué qu’ils le trouvaientutile pour vérifier les informations fournies par lespatients.429. Le Gouvernement canadien a lancé une stratégienationale antidrogue révisée qui, associant traitementet prévention, prévoit notamment des campagnes desensibilisation du public, ainsi que le renforcement desmesures d’application de la loi visant les fabricants et72

E/INCB/2008/1les trafiquants de drogues illicites. La nouvellestratégie prévoit l’allocation de 100 millions de dollarscanadiens au personnel chargé de lutter contre laproduction illicite de cannabis et la fabrication illicitede stimulants de type amphétamine. Elle prévoitégalement des mesures pour renforcer le contrôle desprécurseurs et le contrôle aux frontières, ainsi que pouraméliorer la coopération avec les autorités desÉtats-Unis. Les ressources allouées à la prévention sontconsacrées prioritairement aux jeunes et auxprogrammes en milieu scolaire, alors que lesressources allouées au traitement serventprincipalement à financer la définition de repèresnationaux pour la collecte des données et leurévaluation, l’amélioration de l’offre de traitement pourles populations autochtones et les jeunes délinquantsdans le système de justice pénale. L’objectif est deréduire la consommation de drogues illicites chez lesjeunes Canadiens âgés de 10 à 24 ans, y compris lesjeunes à haut risque, en mettant l’accent sur lesfacteurs de risque et de protection avant la premièreexpérimentation de drogues.430. L’Organe note avec préoccupation que ladistribution de trousses pour l’usage plus sûr du“crack” s’est poursuivie dans plusieurs villes duCanada, et que la Cour suprême de la Colombie-Britannique a rendu en mai 2008 une décisionautorisant qu’une salle d’injection à Vancouver, lapremière en son genre dans les Amériques, continue defonctionner. L’Organe considère avec une grandeinquiétude ces programmes, estimant qu’ils sontcontraires aux traités internationaux relatifs au contrôledes drogues.431. Le Canada est l’un des rares pays au monde quipermettent aux médecins de prescrire du cannabis pourtraiter certaines maladies. Actuellement, plus de2 200 patients canadiens suivent un tel traitement. Àl’origine, seuls les établissements publics pouvaientfournir du cannabis à des fins médicales. Toutefois, destextes réglementaires ultérieurs ont autorisé les patientsà cultiver du cannabis en petites quantités pour leurpropre usage et permis à des particuliers d’obtenir unelicence pour cultiver du cannabis devant être utilisé àdes fins médicales. Selon la réglementation actuelle,chacun de ces particuliers ne peut fournir du cannabisqu’à un patient. La Cour fédérale a jugé, en janvier2008, que la disposition selon laquelle un producteurdésigné ne pouvait fournir du cannabis qu’à un seulutilisateur restreignait indûment l’accès du patient aucannabis utilisé à des fins médicales et faussait lemarché en faveur du fournisseur choisi par leGouvernement. Le Gouvernement a fait appel de cetarrêt. L’article 23 de la Convention de 1961 indique lesconditions auxquelles un gouvernement doit satisfaires’il souhaite autoriser la culture licite du cannabis;celles-ci comprennent l’établissement d’un organismenational du cannabis, auquel tous les cultivateursdoivent livrer la totalité de leur récolte. L’Organeencourage les autorités canadiennes à respecter lesdispositions de l’article 23 et à se conformer à cesprescriptions.432. L’Organe s’inquiète de voir qu’aux États-Unis, lacontroverse entre le Gouvernement fédéral et plusieursÉtats fédérés à propos de l’utilisation de “cannabismédicinal” n’a pas encore été réglée. La question desavoir si l’“usage médical” du cannabis doit êtrelégalisé a fait l’objet d’un référendum dans plusieursÉtats (tout dernièrement dans le Massachusetts et leMichigan). Alors que le Gouvernement continued’affirmer que la consommation et la culture decannabis sont des activités illégales, plusieurs États ontadopté, par référendum, des lois qui réduisent, voiresuppriment, les sanctions visant un usagecompassionnel ou médical du cannabis. En Californiepar exemple, la législation autorise l’usage de“cannabis médicinal” dans de nombreux cas, ainsi quela culture de la plante par des cultivateurs agréés. Celaa eu pour conséquence une prolifération des cultures decannabis et l’installation de “distributeursautomatiques” de cannabis, ainsi que l’apparitiond’autres méthodes d’abus. L’Organe craint que cettepratique n’entraîne une nouvelle augmentation del’abus de cannabis aux États-Unis et ne touche d’autresÉtats. Il demande aux autorités des États-Unis depoursuivre leurs efforts pour mettre fin à cette pratique,qui est en contradiction avec la législation nationale etconstitue une violation de l’article 23 de la Conventionde 1961.433. Le Gouvernement mexicain a élaboré des règleset normes à suivre pour le traitement de la toxicomanieau niveau fédéral, au niveau des États et au niveaulocal. Ces règles et normes font partie des normesofficielles pour la prévention de la toxicomanie, sontraitement et la lutte contre ce phénomène, et desnormes minimales de qualité pour l’administration dutraitement dans les établissements médicaux et lesinstitutions. Au Mexique, le Conseil national contre lestoxicomanies (CONADIC) et le Ministère de la santé73

E/INCB/2008/1sont tous deux chargés du maintien du registre nationaldes services et des programmes de traitement quirépertorie les établissements autorisés à exécuter detels programmes. Un réseau national de structures detraitement de la toxicomanie est actuellement mis surpied, qui comprendra 300 nouveaux centres (dont 70ont déjà été construits) en plus des 96 programmes detraitement ambulatoire et des 6 programmes detraitement en milieu hospitalier existants. Ces deuxtypes de programmes de traitement de la toxicomaniesont publics et s’adressent à l’ensemble de lapopulation.434. Le Gouvernement mexicain a augmenté la part dubudget allouée à la réduction de la demande de drogueset lancé un programme national avec la participationdes principaux ministères, dont le Ministère de lasanté. En outre, le système national de développementfamilial soutient un programme national de préventionde l’abus de drogues au niveau local. Le Ministère dudéveloppement social appuie, avec la participationactive de la collectivité et le concours de la police, unprogramme social visant à rendre les lieux publics plussûrs. En outre, le Ministère de l’éducation publique,agissant en étroite collaboration avec le Bureau duProcureur général et la police, a lancé un nouveauprogramme de prévention qui relève d’une approcheintégrée du phénomène de la drogue.435. Aux États-Unis, le nombre de personnes âgées de12 ans ou plus qui ont suivi un traitement dans unétablissement spécialisé dans la prise en charge del’abus de substances en 2007 était de 2,4 millions, soit1 % de la population de cette tranche d’âge. Il estinquiétant de constater que la part du budget nationalde contrôle des drogues affectée à la préventioncontinue de reculer. Selon le récapitulatif budgétaire dela Stratégie nationale de lutte contre la drogue pour2009, 11 % des 14,1 milliards de dollars demandés autitre du budget national de lutte contre la drogue pour2009 sont alloués à la prévention, contre 20 % en 2001.Un peu moins de 25 % sont alloués au traitement, alorsqu’une partie importante du budget va à la réduction del’offre. L’Organe encourage les autorités des États Unisà chercher un équilibre entre les programmes deréduction de l’offre et ceux de réduction de la demandeet à allouer des ressources adéquates aux mesures deréduction de la demande.4. Culture, production, fabrication, trafic et abusStupéfiants436. L’Amérique du Nord reste l’une des principalesrégions de production et de consommation illicites decannabis, le Mexique étant le premier producteur (avecquelque 7 400 tonnes), suivi par les États-Unis(environ 4 700 tonnes) et le Canada (environ3 500 tonnes). Malgré les efforts déployés par leGouvernement mexicain pour éradiquer le cannabis, lasuperficie totale des cultures illicites a augmenté. En2007, l’armée mexicaine a repris du Bureau duProcureur général la responsabilité d’éradiquer lescultures de cannabis et de pavot à opium. Lesresponsabilités en matière d’éradication par voieaérienne ayant été modifiées, la superficie totale descultures illicites de cannabis éradiquées a baissé en2007 par rapport à 2006 (tombant de 30 158 à21 357 hectares).437. Au Canada, 61,4 % des jeunes et des jeunesadultes (âgés de 15 à 24 ans) ont consommé ducannabis au moins une fois dans leur vie, 37 % en ontconsommé au cours des 12 derniers mois et 8,2 % enconsomment quotidiennement. Les cultivateurs illicitesutilisent des méthodes de culture très perfectionnéespour satisfaire à la forte demande de cannabis auCanada et sur le marché illicite des États-Unis. Selonles estimations, la production annuelle de cannabis sesitue entre 1 399 et 3 498 tonnes au Canada. Il estinquiétant de constater qu’un certain nombred’échantillons analysés au Canada et aux États-Unisavaient une teneur très élevée en THC, ce qui prouveque les organisations criminelles des deux pays sontcapables de produire du cannabis très puissant. Laculture illicite du cannabis continue de prospérer auCanada, par suite notamment de l’absence de loisréprimant sévèrement cette activité. La plupart desopérations de culture illicite du cannabis dans le payssont le fait de groupes criminels organisés.438. Aux États-Unis, le cannabis reste la drogue laplus consommée: 25,1 millions de personnes (soit10,1 % de la population âgée de 12 ans ou plus) en ontconsommé en 2007. Le marché illicite estapprovisionné par les sites de culture sous abri ou depleine terre, en nombre croissant dans le pays. Lecannabis est également introduit clandestinement auxÉtats-Unis à partir du Canada, de la Colombie, de laJamaïque et du Mexique. Si le gros du cannabisdisponible aux États-Unis est un cannabis peu puissant74

E/INCB/2008/1produit au Mexique, les autorités de ce premier payss’inquiètent de la forte puissance d’une partie ducannabis cultivé en intérieur, au Canada et auxÉtats-Unis, en conditions hydroponiques. Par suiteessentiellement de ces innovations, la teneur moyenneen THC des échantillons de cannabis analysés auxÉtats-Unis est passée en 2006 à 8,77 %, soit près dudouble de la teneur obtenue en 1996 (4,5 %). Certainséchantillons peuvent avoir une teneur en THCextrêmement élevée. Ainsi, du cannabis saisi à Atlanta,qui avait été cultivé sous abri, avait une teneur en THCde plus de 18 %.439. Il reste facile de se procurer de la cocaïne sur lemarché illicite du Canada, où 5,5 % de la populationâgée de 15 à 24 ans en a consommé au cours des12 derniers mois. La quantité totale de cocaïne saisieau Canada a légèrement augmenté, passant de 2 556 kgen 2005 à 2 676 kg en 2006. La plus grande partie de lacocaïne qui entre clandestinement au Canada empruntedes itinéraires terrestres passant par les paysd’Amérique centrale, le Mexique et les États-Unis. Deplus, la cocaïne continue d’être passée en contrebandesur des vols directs en provenance d’Amérique du Sud,ainsi qu’à travers divers pays de transit dans lesCaraïbes, comme Antigua-et-Barbuda, la Républiquedominicaine et la Trinité-et-Tobago. Les trafiquantscolombiens tentent d’éviter que leurs convois decocaïne ne soient détectés en les faisant passer par despays voisins du pays de destination. La substancetransite également par le Canada à destination d’autrespays, dont l’Australie. Le “crack” continue d’êtreconsommé partout au Canada. Dernièrement, on aconstaté en outre l’apparition dans le pays de cocaïneadditionnée de méthamphétamine (pour augmenter lademande).440. Aux États-Unis, la prévalence annuelle de l’abusde cocaïne était en 2007 de 2 % chez les jeunes de 13 à14 ans, de 3,4 % chez les jeunes de 15 à 16 ans, et de5,2 % chez les jeunes de 17 à 18 ans, la prévalenceannuelle de l’abus de “crack” se situant entre 1,3 et1,9 % chez les adolescents. La prévalence annuelle del’abus de cocaïne dans la population générale était de2,3 % en 2007 (5,7 millions de consommateurs, contreplus de 6 millions en 2006). En 2007, les efforts dedétection et de répression déployés à l’échellenationale et internationale ont permis de saisir degrandes quantités de cocaïne dans le Pacifique Est, cequi a contribué à une pénurie de cocaïne auxÉtats-Unis et, par la suite, à la baisse des taux deprévalence annuelle dans ce pays en 2007. En outre,l’intensification des efforts déployés par les autoritésmexicaines pour combattre les cartels de la drogue afait diminuer le nombre d’envois de cocaïne traversantla frontière des États-Unis. Selon les services dedétection et de répression, il y a eu, entre janvier etseptembre 2007, pénurie de cocaïne dans 38 villesaméricaines où le marché illicite de cette substance estimportant, le prix du gramme de cocaïne pure doublantpresque. Cette pénurie s’est également fait sentir dansles tests de dépistage de drogues sur le lieu de travail,ainsi que dans une baisse de la proportion desadmissions aux services des urgences liées à la cocaïneen 2007 par rapport à 2006.441. Malgré le succès des activités de détection et derépression mentionnées ci dessus, la quantité estiméede cocaïne qui est entrée aux États-Unis en provenanced’Amérique du Sud est restée importante. Les autoritésdes États-Unis estiment qu’entre 530 et 710 tonnes decocaïne ont été expédiées d’Amérique du Sud en 2006vers leur pays, soit un chiffre similaire à celui de 2005.Environ 90 % de la cocaïne provenant d’Amérique duSud qui entre en contrebande aux États-Unis passe parle couloir centraméricain, la plus grande partieempruntant la voie du Pacifique Est.442. Au Canada, l’héroïne continue d’être la droguedont l’abus est le moins courant (prévalence au coursde la vie: 0,9 %). Elle est fournie pour l’essentiel pardes pays d’Asie du Sud-Ouest, l’Inde restant leprincipal pays d’origine et de transit. Il n’y a pas eu dechangement en ce qui concerne la disponibilité et lapureté de l’héroïne que l’on trouve au Canada. Laplupart de l’héroïne est introduite dans le pays par despersonnes voyageant par avion, ou par le biais desservices postaux ou de messagerie. Au Canada, l’abusd’héroïne a été au moins partiellement remplacé par laconsommation d’opiacés de prescription. La quantitétotale d’opium saisie a considérablement augmenté,passant de 16 kg en 2005 à environ 124 kg en 2006,l’Inde était le principal pays d’origine. Toutefois, lesquantités les plus importantes qui aient été saisiesavaient transité par la République islamique d’Iran etla Turquie. Au Canada, l’opium est principalementconsommé par les membres âgés de certains groupesethniques.443. Aux États-Unis, la consommation d’héroïne restestable, à un niveau relativement bas (prévalence aucours de la vie: 1,5 %), bien qu’il soit facile de se75

E/INCB/2008/1procurer cette substance dans la plupart des grandesvilles et dans certaines banlieues et zones rurales,notamment dans le nord-est du pays. L’abus d’héroïnea cependant légèrement augmenté chez les jeunesadultes des banlieues et des zones rurales. Laconcentration de la consommation d’héroïne dans lenord-est du pays est en partie due à ce que desconsommateurs d’opiacés de prescription passent àl’héroïne à cause de son prix moins élevé et de sonplus grand degré de pureté. L’héroïne continue d’êtreconsommée par des jeunes aux États-Unis: laprévalence annuelle de l’abus est actuellement de0,9 %, soit nettement en deçà du niveau record de2000, lorsque 1,5 % des jeunes âgés de 17 à 18 ansdéclaraient avoir consommé de l’héroïne pendantl’année écoulée. Toutefois, les autorités des États-Uniscraignent que le niveau élevé de l’abus d’opiacés deprescription ne fasse augmenter la consommationd’héroïne chez les adolescents. Dans ce pays, unmélange d’héroïne dite “black tar” et de médicamentsen vente libre contenant du chlorhydrate dediphénhydramine est vendu sous le nom de “cheeseheroin”.444. La plus grande partie de l’héroïne consomméeaux États-Unis est fabriquée illicitement en Colombieou au Mexique. Ce dernier pays a enregistré une baissecontinue de la superficie des cultures éradiquées, quitombait de 21 609 hectares en 2005 à 16 831 hectaresen 2006, puis 7 784 hectares seulement en 2007. Cerecul était dû, d’une part, à des conditions climatiquesdéfavorables et, de l’autre, à une redistribution desresponsabilités en matière d’éradication aérienne auMexique (voir par. 436 ci-dessus).445. Aux États-Unis, le nombre de personnes qui fontun usage abusif de médicaments de prescriptiondépasse désormais celui de personnes qui consommentde la cocaïne, de l’héroïne, des hallucinogènes, del’“ecstasy” et/ou des produits à inhaler. Lesmédicaments de prescription sont la catégorie dedrogues la plus consommée après le cannabis. En 2007,quelque 16,3 millions de personnes ont signalé avoirfait abus de ces médicaments au cours de l’annéeécoulée (6,6 % de la population âgée de 12 ans etplus), contre 14,8 millions en 2002. Quelque6,9 millions des personnes ayant fait abus demédicaments de prescription au cours des 12 moisécoulés sont des “consommateurs habituels” (despersonnes qui en font abus au moins une fois parmois). Les personnes ayant fait abus de médicamentsde prescription au cours du mois écoulé ont consomméprincipalement des analgésiques: elles étaient5,2 millions à en avoir consommé en 2007, contre4,4 millions en 2002.446. Le taux élevé d’abus de médicaments deprescription chez les jeunes est particulièrementpréoccupant. L’usage non médical d’analgésiques deprescription au cours du mois écoulé est passé de 4,1 %en 2002 à 4,6 % en 2007 chez les jeunes adultes (âgésde 18 à 25 ans). Quelque 15 % des étudiants de17-18 ans ont signalé avoir consommé au moins unefois pendant l’année écoulée un médicament deprescription hors cadre médical. La prévalenceannuelle de l’abus de stupéfiants autres que l’héroïnechez les élèves du secondaire est de 9,2 %. Plus de 5 %des jeunes scolarisés de 17-18 ans ont essayél’oxycodone (Oxycontin®) au moins une fois au coursde l’année écoulée, près de 10 % ont essayél’hydrocodone (Vicodin®), 7,5 % les amphétamines,6,2 % les sédatifs et 6,2 % les tranquillisants.447. Selon l’édition 2006 de l’étude intitulée“Partnership Attitude Tracking Study”, aux États-Unis,les parents parlent moins à leurs enfants des dangers del’abus de médicaments de prescription que des dangersde l’abus d’héroïne, de cocaïne, de “crack”, deMDMA, de cannabis ou d’alcool, même si une grandepartie des parents estiment que l’abus de médicamentsde prescription pose de plus en plus problème. Parconséquent, une bonne proportion des adolescentsn’associent aucun danger particulier à l’usage nonmédical d’analgésiques comme le Vicodin® oul’Oxycontin®.448. Préoccupé par l’abus croissant de préparationspharmaceutiques contenant des substances placées souscontrôle international, l’Organe demande depuis denombreuses années aux autorités compétentes desÉtats-Unis d’étudier les moyens d’empêcher laparution d’annonces publicitaires ayant trait auxsubstances placées sous contrôle et destinées au grandpublic, conformément aux dispositions de l’article 10(par. 2) de la Convention de 1971. En mai 2008, unprojet de loi a été présenté à la Chambre desreprésentants des États-Unis en vue de modifier la loifédérale sur les produits alimentaires, pharmaceutiqueset cosmétiques en ce qui concerne les annoncespublicitaires ayant trait à des médicaments ou desappareils. La loi, si elle était adoptée, fixerait deslimites en matière d’annonces publicitaires destinées76

E/INCB/2008/1aux consommateurs potentiels et exigerait que leseffets secondaires des médicaments soient trèsclairement signalés dans ces annonces. L’Organe notetoutefois qu’elle n’interdirait pas les annoncespublicitaires ayant trait à des substances placées souscontrôle et destinées au grand public, comme l’exigel’article 10. Par ailleurs, les annonces diffusées par lesmédias américains ne touchent pas uniquement lesconsommateurs aux États-Unis. Avec les progrèstechnologiques, elles atteignent également tous lespays où ce genre de publicité est interdit conformémentà l’article 10. L’Organe se déclare donc de nouveaupréoccupé par le fait que la publicité s’adressantdirectement aux consommateurs en vue d’augmenter laconsommation de substances placées sous contrôleinternational est contraire à l’article 10 de laConvention de 1971 et risque d’encourager, auxÉtats-Unis et dans d’autres pays, une consommation deces substances non justifiée sur le plan médical.449. Aux États-Unis, l’abus de médicaments deprescription est responsable d’un nombre important dedécès parmi les usagers de drogues. Selon laCommission des médecins légistes de la Floride, lesautopsies effectuées en 2007 ont révélé que lesmédicaments de prescription avaient occasionné troisfois plus de décès que toutes les drogues illicitesconfondues. L’accroissement du nombre de décèscausés par l’oxycodone représentait plus de 2,5 foiscelui du nombre de décès dus à l’héroïne. Unelégislation autorisant des programmes de surveillancedes médicaments de prescription a été adoptée dans 38des 50 États; la Floride ne l’a pas fait dans un souci derespect de la vie privée.450. Aux États-Unis, les décès et surdoses liés à laméthadone ont fortement augmenté (de 390 %),passant de 786 en 1999 à 3 849 en 2004, selon lesdonnées les plus récentes disponibles à l’échellenationale. Selon les données fournies par les États oùle nombre de décès liés à la méthadone estgénéralement élevé, cette tendance à la hausse persiste.La distribution licite de méthadone aux pharmacies,aux hôpitaux, aux établissements d’enseignement etaux praticiens a augmenté de près de 500 % entre 1999et 2004.451. La brusque hausse de l’abus de fentanyl auxÉtats-Unis, qui a provoqué le décès d’un grand nombrede consommateurs, a été suivie d’une évolution inverseaprès le démantèlement en 2006 d’un grand laboratoireclandestin fabriquant du fentanyl au Mexique. Si l’abusde fentanyl a été observé périodiquement auxÉtats-Unis, c’est la dernière vague de consommation,déclenchée fin 2005, qui a été la plus importante, laplus diversifiée géographiquement et la plus longue.Toutefois, dès la mi-2007, le nombre de décès liés aufentanyl était retombé à son niveau d’avant 2005.452. En 2007, la Drug Enforcement Administration(DEA) des États-Unis a engagé 1 736 enquêtesjudicaires et enquêtes sur plaintes visant le trafic deproduits pharmaceutiques placés sous contrôle, ycompris par des cyberentreprises. La DEA a ordonné à10 cyberpharmacies opérant dans l’État de la Floride,qui avaient illégalement distribué des millions de dosesd’hydrocodone à travers les États-Unis, de suspendreimmédiatement leur activité. Le nombre decyberpharmacies proposant des médicaments deprescription placés sous contrôle a augmenté de 70 %,passant de 342 en 2006 à 581 en 2007; la majoritéd’entre elles vendent des médicaments de prescriptionsans exiger l’ordonnance requise.453. Au Canada, les médicaments de prescriptiondétournés proviennent principalement de sourcesintérieures. L’abus d’oxycodone reste préoccupant dansle pays, la substance continuant par ailleurs d’êtretransportée illégalement du Canada aux États-Unis.Toutefois, certains éléments donnent à penser que desproduits pharmaceutiques introduits illégalement auCanada contribuent peut-être à l’approvisionnement dumarché illicite.Substances psychotropes454. L’abus de méthamphétamine continue de poserproblème au Canada, et les trafiquants continuentd’ajouter de la méthamphétamine à l’“ecstasy” et aucannabis pour augmenter la demande illicite deméthamphétamine. La plus grande partie de laméthamphétamine disponible sur le marché illicite auCanada provient de laboratoires établis dans le paysqui approvisionnent également, de plus en plus, lesmarchés illicites d’autres pays, y compris lesÉtats-Unis. Des saisies importantes deméthamphétamine d’origine canadienne ont étéeffectuées en 2006 par les autorités japonaises etnéo-zélandaises (voir par. 755 ci-après).455. Aux États-Unis, l’abus de méthamphétamine alégèrement reculé en 2007 par rapport aux annéesprécédentes et concernait 0,2 % de la population. Il ne77

E/INCB/2008/1cesse de régresser chez les jeunes, tous âgesconfondus. La consommation de “crystal” (ou “ice”)chez les jeunes n’a jamais été aussi basse depuis 1992.456. Le Mexique demeure la principale source de laméthamphétamine introduite illicitement auxÉtats-Unis. En 2007, les autorités mexicaines ontdémantelé 26 laboratoires clandestins detransformation de drogues, dont 9 ont été classéscomme “superlaboratoires” de méthamphétamine,capables de fabriquer au moins 10 livres (4,54 kg) deméthamphétamine par cycle de production.457. Importateur et consommateur traditionnel deMDMA, le Canada est devenu un important fabricantet exportateur d’“ecstasy” (voir aussi par. 404ci-dessus et par. 755 ci-après). La fabrication et letrafic illicites accrus de MDMA au Canada se reflètentdans les quantités sans précédent d’“ecstasy” d’originecanadienne qui ont été saisies dans d’autres pays, dontl’Australie et les États-Unis. Même si le nombre delaboratoires démantelés a légèrement baissé, lacapacité de fabrication des laboratoires et leur degré deperfectionnement ont augmenté, ce qui est révélateurde l’implication de groupes criminels organisés. Onestime à plus de 2 millions de comprimés par semainela quantité de MDMA fabriquée par l’ensemble deslaboratoires clandestins. Au Canada, l’enregistrementdes presses à comprimés n’est pas obligatoire.458. Les saisies de MDMA fabriquée illicitement auCanada ont sensiblement augmenté aux États-Unis,passant de 1,1 million de doses en 2004 à 5,2 millionsen 2006. Une partie importante des échantillons deMDMA saisie (plus de la moitié) contenaient de laméthamphétamine, ce qui en augmente la dangerosité.L’abus de MDMA a augmenté chez les élèves dusecondaire, la prévalence annuelle étant de 4,5 % chezles 17-18 ans. Cette évolution peut s’expliquer par ladiminution du risque perçu et de la désapprobationassociés à l’abus de MDMA. Sachant que leschangements d’attitude annoncent souvent uneévolution imminente des caractéristiques de laconsommation, les autorités des États-Unis craignentque le nombre de personnes expérimentant la MDMAn’augmente.459. À mesure que les quantités de MDMA d’originecanadienne introduites aux États-Unis commençaient àaugmenter, l’importance des sources européennes deMDMA diminuait. La fabrication illicite de MDMAaux États-Unis est restée limitée.460. L’abus d’acide gamma-hydroxybutyrique (GHB)se poursuit au Canada. La substance est fournie pourl’essentiel par des laboratoires clandestins établis dansle pays, même si de petites quantités sont parfoisintroduites en contrebande.461. Aux États-Unis, le LSD et la psilocybine,fabriqués sur place par des laboratoires clandestins,continuent de faire l’objet d’abus. La prévalenceannuelle de l’abus de LSD est faible chez les jeunes.La psilocybine est l’hallucinogène dont l’abus est leplus répandu dans le pays.Précurseurs462. Au Canada, des groupes criminels organisésintroduisent en contrebande de l’éphédrine, précurseurnécessaire pour la fabrication de méthamphétamine,qu’ils se procurent en Chine et en Inde. Si le nombrede laboratoires clandestins de méthamphétaminedémantelés au Canada a continué de reculer, lacapacité de production des laboratoires détectés aaugmenté. Dans au moins huit provinces canadiennes,les médicaments contenant de l’éphédrine et de lapseudoéphédrine ont donc été retirés des épiceries etdes magasins de proximité et ne peuvent dorénavantplus être obtenus qu’en pharmacie. La fabricationillicite de MDMA au Canada est alimentée parl’introduction clandestine de grandes quantités d’unprécurseur, le 3,4-MDP-2-P, en provenance de Chine.La gamma-butyrolactone (GBL), précurseur utilisédans la fabrication illicite de GHB, provient de sourcesau Canada ou à l’extérieur du pays et est obtenu viaInternet ou le système postal.463. Dans leur Stratégie de contrôle des droguessynthétiques, les autorités des États-Unis se sont donnépour objectif de réduire l’abus de méthamphétamine de15 % avant la fin de 2008 (les données de 2005 servantde référence). L’objectif consistant à réduire de 25 % lenombre d’incidents impliquant des laboratoires deméthamphétamine a déjà été atteint en 2006, année oùce nombre avait diminué de 48 %. Cette baisse sensibledu nombre d’incidents est attribuée à la loi sur la luttecontre l’épidémie de méthamphétamine de 2005, qui asoumis la vente de produits contenant de l’éphédrine etde la pseudoéphédrine à un contrôle plus strict sur leplan national.78

E/INCB/2008/1464. En réaction face aux sévères restrictionsappliquées à l’importation et à la vente des précurseursde la méthamphétamine au Mexique 79 , les groupes detrafiquants mexicains utilisent de nouveaux itinérairespartant de la Chine et de l’Inde pour l’acheminementde ces précurseurs, importent à leur place des dérivéschimiques non visés par les restrictions et utilisent denouvelles méthodes de fabrication. La quantité deméthamphétamine fabriquée illicitement et introduiteaux États-Unis est donc restée stable.Substances non placées sous contrôleinternational465. Si les Pays-Bas et le Royaume-Uni sont restés lesprincipaux pays de transit pour le khat destiné auCanada, les saisies de khat acheminé au Canada pard’autres pays de transit, dont l’Allemagne, lesÉtats-Unis, la France et l’Italie, ont légèrementaugmenté. Au Canada, le khat est principalementconsommé par les membres de certaines communautésethniques, dans l’ensemble du pays.466. L’abus de kétamine se poursuit au Canada, où lasubstance est devenue populaire comme nouvelle“drogue de club”. La kétamine n’est pas seulementconsommée pour ses effets hallucinogènes. On aégalement constaté qu’elle entrait dans la compositionde certains comprimés de MDMA saisis. Au Canada, lakétamine est soit détournée des circuits de distributionnationaux licites, soit introduite en contrebande dans lepays, pour y être consommée ou poursuivre sa routevers les États-Unis.467. Les antitussifs et les médicaments contre lerhume en vente libre dont il est fait abus auxÉtats-Unis contiennent pour la plupart dudextrométhorphane. En 2007, la prévalence annuelle del’abus de ces médicaments était de 4 % chez les élèvesde 13-14 ans, de 5,4 % chez ceux de 15-16 ans et de5,8 % chez ceux de 17-18 ans. Les jeunes ne sont peutêtrepas conscients des risques potentiels de l’abus dedextrométhorphane, car plus de 140 médicamentscontre la toux et le rhume disponibles en vente libre encontiennent. Plusieurs États et zones métropolitainesdes États-Unis s’inquiètent de l’abus de__________________79 Voir également Précurseurs et produits chimiquesfréquemment utilisés dans la fabrication illicite destupéfiants et de substances psychotropes: Rapport del'Organe international de contrôle des stupéfiants pour2008...dextrométhorphane parmi les jeunes et les jeunesadultes, les centres antipoison recevant toujours plusd’appels liés à l’abus de cette substance.468. L’abus de produits à inhaler augmente depuis2003 chez les jeunes aux États Unis. La prévalenceannuelle la plus forte (8,3 %) est observée chez lesjeunes scolarisés de 13-14 ans. Les autorités du payss’inquiètent de voir que la perception du risque lié àcet abus diminue. En moyenne, 593 000 adolescentsâgés de 12 à 17 ans expérimentent chaque année cesproduits, dont les plus souvent mentionnés sont lescolles, les cirages, l’essence, les liquides pour briquetset les peintures à pulvériser.Amérique du Sud1. Principaux faits nouveaux469. En 2007, la superficie totale des cultures illicitesde cocaïer s’est accrue dans les trois principaux paysoù il est cultivé illicitement (Bolivie, Colombie etPérou), pour atteindre 181 600 hectares, soit 16 % deplus qu’en 2006. La fabrication illicite potentielle decocaïne est demeurée stable dans la région.470. D’après l’ONUDC, malgré la poursuite desefforts d’éradication, la culture illicite du cocaïer aaugmenté de 27 % en Colombie. Des augmentationsmodérées, ne dépassant pas 5 %, ont été observées enBolivie et au Pérou. La Colombie a représenté 55 % dela superficie totale consacrée à la culture illicite ducocaïer en Amérique du Sud, suivie par le Pérou(29 %) et la Bolivie (16 %).471. L’augmentation générale de la culture illicite ducocaïer dans la sous-région andine en 2007 a été enpartie compensée par une diminution des rendementsde la feuille de coca dans certaines zones de culture.Par conséquent, la production potentielle mondiale decocaïne n’a augmenté que de 10 tonnes par rapport àl’année précédente, pour s’établir à 994 tonnes.L’Organe craint que la récente progression de la cultureillicite du cocaïer dans la sous-région n’entraîne denouvelles augmentations de la production illicite decocaïne.472. Les cultures illicites de cocaïer éradiquées dansles trois principaux pays producteurs de feuille de cocaen 2007 ont représenté une superficie totale de238 300 hectares (soit 5 500 hectares de plus que79

E/INCB/2008/1l’année précédente): 153 100 hectares ont été éradiquéspar pulvérisation aérienne et 85 200 hectares pararrachage manuel. Rien qu’en Colombie,220 000 hectares de cultures ont été éradiqués. Descultures de superficie réduite ont également étééradiquées en Équateur.473. Les groupes criminels internationaux continuentd’utiliser la République bolivarienne du Venezuelacomme l’un des principaux points de départ des envoisde drogues illicites quittant l’Amérique du Sud.D’après l’ONUDC, le trafic de cocaïne via ce pays abeaucoup augmenté depuis 2002.474. Les pays d’Amérique du Sud ont participé àl’initiative de partenariat entre villes pour le traitementde la toxicomanie, qui vise à créer un réseau entrevilles d’Amérique latine et des Caraïbes et villesd’Europe afin de faciliter l’échange d’informations etde pratiques optimales en matière de lutte contre ladrogue. Cette initiative, qui est financée par laCommission européenne et exécutée par laCommission interaméricaine de lutte contre l’abus desdrogues (CICAD), a pour objectif de contribuer àaméliorer les programmes de traitement et deréadaptation des toxicomanes et les programmes deréduction de la demande au sein de divers groupes depopulation dans les pays participants.475. L’Organe note avec satisfaction l’importancequ’accordent les pays d’Amérique du Sud auxprogrammes de réduction de la demande et auxmesures préventives dans leurs stratégies et politiquesnationales de lutte contre la drogue. Cependant,d’après le dernier rapport de la CICAD qui évalue lesprogrès réalisés en matière de lutte contre la droguedans les pays de l’hémisphère occidental au cours de lapériode 2005-2006, le budget alloué par lesgouvernements de certains de ces pays ne permet pasde mettre en place des activités de réduction de lademande.476. En 2008, l’Argentine, la Bolivie, le Chili,l’Équateur, le Pérou et l’Uruguay ont présenté uneétude sur la consommation de drogues dans la partieméridionale de l’Amérique du Sud. Cette étude,consacrée aux éléments directeurs de la politiquepublique de lutte contre la drogue dans la sous-région,a été réalisée en coopération avec l’ONUDC et laCICAD. Pour la première fois, une même méthode aété appliquée pour cerner les différents aspects del’abus de drogues dans la population en général(personnes de 15 à 64 ans) de la région. D’après cetteétude, le cannabis est la drogue la plus consomméedans les pays concernés. Le taux de prévalence del’usage de cannabis au cours de l’année écoulée étaitde 4,8 %, ce qui est supérieur à la moyenne mondialede 3,8 %.477. De grandes quantités de précurseurs chimiquesfréquemment utilisés dans la fabrication illicite dedrogues continuent d’être saisies en Amérique du Sud.Ainsi, en 2007, la Colombie a saisi 144 tonnes depermanganate de potassium. L’origine des produitschimiques saisis demeure souvent inconnue. L’Organedemande à nouveau aux gouvernements des pays de larégion de concevoir d’urgence des stratégies de luttecontre la contrebande de précurseurs chimiques dansles zones de fabrication illicite de cocaïne.2. Coopération régionale478. La CICAD reste la principale instance régionalede coordination en matière de drogues dans lesAmériques. En 2007, dix ans après la création dumécanisme d’évaluation multilatéral, elle a présenté unrapport sur les résultats obtenus pour la période 1997-2007 (Multilateral Evaluation Mechanism (MEM)Achievements, 1997-2007) qui fait le point sur lesprogrès accomplis par chaque pays de la région, ainsique sur les avancées enregistrées au niveau régionalconcernant l’élaboration de politiques et deprogrammes de lutte contre les drogues illicites entre1997 et 2007. Pour ce qui est du renforcement desinstitutions, le rapport met en lumière l’importance dedisposer d’autorités nationales antidrogue etd’observatoires des drogues qui aident lesgouvernements à mettre en œuvre leurs stratégiesnationales dans ce domaine. S’agissant de prévention,il souligne la nécessité de mettre en place des normesde traitement minimales et des programmes de luttecontre la drogue ciblant différents segments de lasociété. Le rapport rend également compte des progrèsréalisés en matière de réduction des cultures illicites etde réduction de la demande, ainsi qu’en matièred’application des mesures de contrôle.479. À la dix-septième Réunion des chefs des serviceschargés au plan national de la lutte contre le traficillicite des drogues, Amérique latine et Caraïbes, tenueà Quito du 15 au 19 octobre 2007, les participants ontformulé des recommandations sur la lutte contre laculture illicite et le trafic de cannabis, le blanchiment80

E/INCB/2008/1d’argent et le trafic de stimulants de type amphétaminedans la région. Lors de la réunion, des experts desPays-Bas ont tenu un atelier de formation sur ladétection et le démantèlement des laboratoiresclandestins de fabrication de stimulants de typeamphétamine.480. Le Gouvernement colombien a accueilli l’atelieribéro-américain sur les politiques en matière dedrogues dans le contexte local à Cartagena de Indias du29 octobre au 2 novembre 2007. Les participants àl’atelier ont examiné les données d’expérience et lespratiques optimales pour accroître la participation desautorités infranationales et locales à la planification età la gestion des politiques et des activités nationalesantidrogue.481. Des représentants des autorités chargées de lalutte contre la drogue et des autorités judiciaires duMexique et du Pérou ont tenu une réunion de travailpréparatoire sur la coordination de la lutte contre ladrogue au Pérou le 29 octobre 2007. Ils ont discuté dequestions touchant à l’harmonisation des textesjuridiques relatifs aux drogues synthétiques et desmécanismes d’échange de données d’expérience et deconnaissances sur les organisations de trafiquants dedrogues.482. Le dixième Dialogue spécialisé de haut niveausur les drogues entre la Communauté andine et l’Unioneuropéenne s’est tenu à Bogota les 1 er et 2 novembre2007. Des représentants de la Bolivie, de la Colombieet du Pérou ont présenté leurs stratégies nationales dedéveloppement alternatif et d’éradication des culturesillicites, tandis que le représentant de l’Équateur a faitle point sur les programmes de développementalternatif mis en œuvre dans les régions septentrionalesdu pays, près de la frontière colombienne. D’après laCommunauté andine, même si le cannabis demeurait ladrogue la plus consommée dans la sous-région, l’abusde cocaïne base ne cessait d’augmenter. La réunion aconclu que les mesures de réduction de la demande etde lutte contre l’abus de drogues devaient êtrerenforcées.483. Les 8 et 9 novembre 2007, le Gouvernementuruguayen a accueilli à Montevideo la douzièmeréunion du réseau spécialisé sur les drogues des paysdu MERCOSUR. Ce réseau a pour objectif depromouvoir des activités et des programmes decoopération, de prévention de l’abus de drogues et detraitement des toxicomanes. Les participants ont adoptéla Déclaration des présidents des pays du MERCOSURet des pays associés, qui soulignait que laresponsabilité de la lutte contre les drogues illicitesdevait être partagée entre les pays.484. En juillet 2007, l’ONUDC a lancé un projet decoopération en matière de détection, de répression etde renseignement contre le trafic de cocaïne entrel’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest. L’objectif estde stimuler la coopération entre les services dedétection et de répression des pays d’Amérique du Sud(Bolivie, Brésil, Colombie, Équateur, Pérou etVenezuela (République bolivarienne du)), des Caraïbes(Trinité-et-Tobago) et d’Afrique de l’Ouest (Cap-Vert,Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Sénégal et Togo) parla collecte et l’échange de renseignements sur ladrogue (voir par. 300 ci-dessus) 80 .485. À une réunion du Groupe de travail sur l’échangede renseignements tenue à Cartagena de Indias(Colombie) les 13 et 14 novembre 2007, lesparticipants, qui représentaient 22 pays et territoiresd’Amérique latine et 4 États membres de l’Unioneuropéenne, ont été informés du projet de l’ONUDCmentionné ci-dessus. Ils ont en outre examiné lesnouveaux itinéraires de trafic de drogues qui relientl’Amérique latine et les Caraïbes à l’Afrique et se sontpenchés sur le rôle des services nationaux decriminalistique dans la lutte contre le trafic.486. Le Chili a accueilli à Santiago, du 13 au15 novembre 2007, la neuvième réunion du Grouped’experts sur la réduction de la demande, à laquelle ontparticipé des représentants de 22 pays, dontl’Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie,l’Équateur, le Paraguay, le Suriname, l’Uruguay et leVenezuela (République bolivarienne du). La réunion,qui portait sur les questions liées à l’abus de droguessur le lieu de travail, a conclu que l’usage de droguesentraînait une dégradation des conditions de travail,réduisait la productivité globale et augmentait lenombre d’accidents de travail et le taux d’absentéisme.487. La corruption affecte gravement de nombreuxpays d’Amérique du Sud et réduit l’incidence desmesures antidrogue dans la région. D’après le Rapportmondial sur la corruption 2007 de TransparencyInternational, le Chili et l’Uruguay sont les seuls paysde la région où l’indice de perception de la corruption__________________80 Voir Rapport de l’Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2007 ..., par. 299.81

E/INCB/2008/1est supérieur à 5,0. Les pays pour lesquels cet indiceest inférieur à 5,0 sont considérés comme ayant ungrave problème de corruption. Au cours de la périodevisée, les pays d’Amérique du Sud ont pris un certainnombre d’initiatives pour lutter contre ce fléau. Ainsi,18 pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont participéà la Conférence régionale sur l’application de laConvention des Nations Unies contre la corruptiontenue à La Paz en décembre 2007.488. Lors d’un atelier tenu à Lima les 6 et 7 décembre2007, des experts et des représentants desGouvernements de Bolivie, de Colombie et du Pérouont discuté de leurs expériences dans le domaine dudéveloppement alternatif et proposé des lignesdirectrices pour optimiser le rôle de la coopérationinternationale à l’appui des politiques nationales.489. En juillet 2008, la Bolivie, la Colombie,l’Équateur et le Pérou, en coopération avec l’Unioneuropéenne, ont lancé un projet de soutien à laCommunauté andine dans le domaine des droguessynthétiques qui vise à élaborer des méthodespermettant d’obtenir des données objectives sur lademande et l’offre de drogues synthétiques et leurincidence sur la société dans les pays concernés. Cesdonnées aideront les gouvernements à concevoir leursstratégies et leurs programmes nationaux de luttecontre le trafic et l’abus de drogues synthétiques.490. Des représentants de haut niveau de 25 paysd’Amérique centrale, des Caraïbes et d’Amérique duSud se sont réunis à Cartagena de Indias (Colombie) du30 juillet au 1 er août 2008, dans le cadre du Sommetrégional sur le problème mondial de la drogue, lasécurité et la coopération. Ils ont adopté la Déclarationde Cartagena, dans laquelle ils ont mis en avant lanécessité d’une approche équilibrée pour la mise enœuvre des stratégies de réduction de l’offre et de lademande de drogues. En ce qui concerne la réductionde l’offre, la Déclaration soulignait combien ilimportait d’empêcher le détournement des précurseurschimiques par le biais des mécanismes de contrôleétablis au plan international. En matière de réductionde la demande, elle appelait à un renforcement desactivités de prévention, de sensibilisation, detraitement, de réadaptation et de réinsertion sociale.491. Le 1 er août 2008, le Conseil national équatoriende lutte contre les stupéfiants et les substancespsychotropes (CONSEP) et la Commission nationalepéruvienne pour le développement et pour un mode devie exempt de drogues (DEVIDA) ont signé un accordétablissant un cadre pour les activités communes et lacoopération dans les domaines de la prévention, de larépression et du développement alternatif durable,notamment les programmes de développementalternatif à titre préventif.3. Législation, politique et action à l’échellenationale492. En 2008, le Gouvernement bolivien a entreprisune étude sur la feuille de coca en Bolivie, dontl’objectif est de produire des données quantitatives etqualitatives sur l’utilisation, la commercialisation et laproduction dans le pays. L’Organe espère que lesrésultats de l’étude, qui devrait se dérouler sur unepériode de 18 mois, aideront le Gouvernement bolivienet les gouvernements des autres pays concernés àappliquer la Convention de 1961 telle que modifiée parle Protocole de 1972, en particulier les dispositionsrelatives à la production et à la consommation de lafeuille de coca.493. Les autorités brésiliennes ont continué departiciper au projet de prévention de l’abus de drogues,du VIH/sida et des maladies sexuellementtransmissibles qui vise à améliorer l’accès de lapopulation touchée par le VIH/sida à des services desanté adaptés et à promouvoir les activités deprévention ciblant les groupes vulnérables, notammentles usagers de drogues par injection, dont le nombre estestimé à 193 000. D’après l’ONUDC, l’incidence descas de sida dus à l’injection de drogues est tombée,entre 1996 et 2006, de 23,6 % à 9,3 % parmi leshommes et de 12,6 % à 3,5 % parmi les femmes.494. En novembre 2007, le Gouvernement colombiena organisé un atelier national à Bogota pour examinerles systèmes d’achat et de distribution des analgésiquesopioïdes afin de faciliter l’accès des patients à cesmédicaments essentiels pour le traitement de la douleurdans le pays. Y ont participé des représentants desautorités nationales de réglementation, ainsi que dediverses organisations internationales, dontl’Organisation mondiale de la Santé (OMS) etl’Organisation panaméricaine de la santé. En 2008, leGouvernement colombien a adopté une résolutiongarantissant la disponibilité d’opioïdes 24 heures sur24 dans au moins une pharmacie de chaquedépartement du pays.82

E/INCB/2008/1495. En 2007, le Gouvernement péruvien a promulguéune série de lois visant à renforcer la prévention, lesenquêtes et les poursuites concernant la criminalitéorganisée ainsi que le contrôle des précurseurschimiques, notamment le décret n° 928, qui érige eninfraction pénale les activités entravant l’éradicationdes cultures illicites. En 2008, le Gouvernement a enoutre promulgué une nouvelle loi sur la confiscationcivile des biens, qui doit permettre de saisir les biensacquis illicitement par les cartels de la drogue et lespersonnes impliquées dans des formes de criminalitéorganisée autres que le trafic de drogues. Une loisimilaire a été présentée à l’Assembléeconstitutionnelle équatorienne pour adoption.496. En 2008, le Gouvernement de la région de Puno(Pérou) a adopté une résolution dans laquelle ilproclamait que la feuille de coca faisait partie dupatrimoine régional, culturel, médical et industriel etétait un symbole du peuple quechua-aymara, etdemandait d’arrêter l’éradication forcée du cocaïerdans cette partie du pays. Le Gouvernement péruvien arenvoyé l’affaire devant la Cour constitutionnelle, qui adéclaré la résolution anticonstitutionnelle.497. Un certain nombre de pays d’Amérique du Sudaccordent une attention particulière aux usagersproblématiques de drogues. En décembre 2007, lesautorités compétentes du Paraguay ont publié unprogramme national pour le traitement des usagersproblématiques de drogues fondé sur l’expérienceacquise par divers experts et institutions nationales etinternationales participant à des programmes deprévention de la toxicomanie et à des programmes detraitement et de réadaptation des toxicomanes.498. Selon le Gouvernement de la Républiquebolivarienne du Venezuela, plus de 180 pistesd’atterrissage utilisées par les trafiquants de droguesont été détectées dans le pays en 2007, dont la moitiéont été détruites au cours des opérations de répression.Conformément au plan national antidrogue 2008-2013,le Gouvernement a adopté une série de mesures visantà protéger son territoire et son espace aérien nationalde la contrebande de drogues. Ces mesures prévoientnotamment la destruction des pistes aériennes nonautorisées et l’installation d’un système de radar pourle contrôle de la circulation aérienne, en particulierdans les régions les plus touchées par le trafic, commeà la frontière avec la Colombie. Le Gouvernement a enoutre imposé des restrictions sur l’utilisation desaéroports pour les vols privés. La stratégie antidrogueprévoit également des mesures visant à associerdavantage la collectivité à la lutte contre la drogue,notamment à la prévention du détournement desprécurseurs chimiques, en coopération avec l’industriechimique.499. L’Organe note qu’en 2008, les Gouvernements del’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Chili, del’Équateur, du Paraguay et du Pérou ont participé àl’Opération “Ice Block”, axée sur la surveillance ducommerce des précurseurs des stimulants de typeamphétamine. Il souhaite encourager lesgouvernements des pays d’Amérique latine à restervigilants à l’égard des envois de précurseurs chimiqueset à adopter d’autres mesures pour renforcer lescontrôles en la matière.4. Culture, production, fabrication, trafic et abusStupéfiants500. D’après les estimations de l’ONUDC, laproduction illicite annuelle de cannabis en Amériquedu Sud serait d’environ 10 000 tonnes, soit près de25 % de la production illicite mondiale en 2006. LeParaguay, dont la production illicite est estimée à5 900 tonnes, est le premier pays producteur decannabis de la région.501. D’après les services de détection et de répressiond’Amérique du Sud, la culture illicite de cannabis alieu essentiellement dans des zones reculées etinaccessibles. Les groupes criminels organisés établisdans la région tirent parti du trafic lucratif du cannabiset participent souvent à d’autres types d’activitéscriminelles.502. Le Brésil continue de signaler les plus grossessaisies de cannabis d’Amérique du Sud. En 2007, lesautorités brésiliennes en ont saisi près de 200 tonnes.En 2007 également, la Colombie en a saisi183,2 tonnes, soit la plus grosse quantité depuis dixans. Au Pérou, les saisies sont restées relativementstables entre 2004 et 2007, s’établissant de 1,1 tonne à1,5 tonne. En République bolivarienne du Venezuela,elles n’ont cessé d’augmenter depuis 2003; en 2007,les autorités du pays ont saisi plus de 25 tonnes decannabis.503. D’après la première étude comparative sur l’abusde drogues dans l’ensemble de la population réaliséedans six pays d’Amérique du Sud, les taux de83

E/INCB/2008/1prévalence les plus élevés de l’abus de cannabis aucours de la vie ont été enregistrés au Chili (27,1 %) etles taux les plus faibles au Pérou (4,0 %). Au Chili, laprévalence au cours de l’année écoulée était nettementinférieure (7,5 %) et comparable à celle observée enArgentine (7,2 %). Selon l’ONUDC, après unecroissance relativement modérée dans les années 1990,l’abus de cannabis a considérablement augmenté enUruguay au cours de la période 2001-2007: laprévalence annuelle au sein de la population en généraly a quadruplé, passant de 1,3 % en 2001 à 5,3% en2007.504. Selon l’ONUDC, la culture illicite du cocaïer alégèrement augmenté en Bolivie pour la deuxièmeannée consécutive, s’établissant à 28 900 hectares. Elles’est concentrée essentiellement dans les régions desYungas et du Chapare, qui ont représentérespectivement 69 % et 30 % de l’ensemble descultures illicites de cocaïer dans le pays. Dans la plusgrande partie de la région du Chapare, les agriculteurscultivent le cocaïer sur une superficie moyenne d’uncato (0,16 hectare), ce qui correspond à la superficiemaximale autorisée aux termes d’un accord conclu en2004 entre le Gouvernement et les associations decultivateurs de coca de la région. En septembre 2008,le Gouvernement bolivien a signé avec les cultivateursde cocaïer des Yungas un accord autorisant cetteculture dans la région. L’Organe compte que leGouvernement s’acquittera des obligations qui sont lessiennes en vertu des traités lorsqu’il examinera lasituation des cultures dans les Yungas.505. Selon la Convention de 1961, la culture ducocaïer est illicite, sauf à des fins médicales,scientifiques ou industrielles données. La situation enBolivie ne satisfaisant toujours pas à ces dispositions,l’Organe exhorte le Gouvernement, lorsqu’il sepenchera sur la culture du cocaïer dans le pays, à tenircompte de ce qui précède et à ne ménager aucun effortpour s’acquitter des obligations qui lui incombent envertu de la Convention de 1961.506. Une étude sur le rendement de la feuille de cocamenée dans la région des Yungas en 2006 a confirméque les cultivateurs de cocaïer employaient destechniques agricoles sophistiquées, recourant parexemple à des produits agrochimiques et à dessystèmes d’irrigation mécaniques pour améliorer lesrendements. En 2007, le Gouvernement bolivien asignalé l’éradication manuelle de plus de6 200 hectares de cocaïer, soit 24 % de plus qu’en2006. Quatre-vingt quinze pour cent des superficieséradiquées l’ont été dans la région du Chapare. En2007, la production potentielle de cocaïne a augmentéde 9 % en Bolivie par rapport à l’année précédente,pour atteindre 104 tonnes.507. La Colombie reste le plus gros producteurmondial de feuille de coca. En 2007, la culture illicitedu cocaïer y a augmenté de 27 %, pour s’établir à99 000 hectares. Elle a surtout augmenté dans lesrégions qui enregistraient de faibles rendements,comme sur la côte Pacifique, où l’on produit environ2 600 kg de feuille de coca fraîche par hectare et paran. Dans les régions où la production est élevée,comme dans celle de Meta-Guaviare, dont lesrendements sont environ quatre fois plus élevés que surla côte Pacifique, la superficie consacrée à la cultureillicite du cocaïer a légèrement diminué. Enconséquence, en 2007, la production potentielle decocaïne en Colombie n’a pas augmenté; ellereprésentait 600 tonnes, soit 10 tonnes de moins qu’en2006.508. En 2007, quelque 67 000 hectares de culturesillicites de cocaïer ont été éradiqués manuellement enColombie et 153 000 autres hectares ont fait l’objet depulvérisations aériennes. Les opérations d’éradicationmanuelle forcée ont été effectuées par des groupesmobiles d’éradication, avec l’aide de la police et del’armée. Elles ont été entravées par des actes violentsperpétrés par des groupes criminels qui ont utilisé desarmes à feu et des mines antipersonnel pour protégerles cultures illicites.509. Selon l’ONUDC, la culture du cocaïer aaugmenté de 4 % au Pérou en 2007, pour s’établir à53 700 hectares. Les cultures illicites ont progressé cestrois dernières années dans les régions frontalières avecla Bolivie. En 2007, la production de cocaïne au Péroua été estimée à 290 tonnes, soit le niveau le plus élevédepuis 1999, qui représente 29 % de la productionpotentielle mondiale et une augmentation de 4 % parrapport à 2006.510. D’après la DEVIDA, on observe depuis 2004 uneaugmentation alarmante des attaques perpétrées par desgroupes armés et des trafiquants de drogues contre lesagents chargés d’éradiquer le cocaïer illicite, enparticulier dans les régions où la police n’assure pasune protection permanente. Au milieu de 2008, laFédération péruvienne des cultivateurs de coca a84

E/INCB/2008/1entamé une grève et demandé la suspension desactivités d’éradication dans la région du HautHuallaga. En 2007, les superficies éradiquées au Pérouont diminué de 5 % pour s’établir à 12 072 hectares,dont 8 % ont été éradiqués volontairement et 92 % parla force. Au cours du premier semestre de 2008,5 100 hectares de cultures illicites supplémentaires ontété éradiqués.511. Les principaux itinéraires du trafic de la cocaïnecontinuent de relier les pays de la sous-région andine,dont la Colombie, aux États-Unis. Ces dernièresannées, la quantité de cocaïne d’Amérique du Sudintroduite en contrebande en Europe via l’Afrique del’Ouest a augmenté de manière spectaculaire (voirégalement les paragraphes 242 à 246 ci-dessus).512. D’après Europol, les réseaux de trafiquants dedrogues d’Amérique du Sud coopèrent dans le cadre decoentreprises provisoires établies en fonction descirconstances, faisant appel aux services de spécialistesde tous les secteurs concernés par leurs activitéscriminelles, qu’il s’agissent de chimistes pour latransformation de la cocaïne, de capitaines de navires,de pilotes d’avion, de passeurs expérimentés oud’experts financiers spécialisés dans le blanchiment duproduit du crime. Les organisations de trafiquants sudaméricainstirent également parti de l’instabilitééconomique et sociale et de la faiblesse desmécanismes de contrôle des drogues dans certains paysd’Afrique. Elles ont établi des bases en Afrique del’Ouest et créé de multiples entreprises pour justifierleur présence dans la sous-région et camoufler leursactivités criminelles et les liens qu’elles entretiennentavec des groupes criminels africains.513. L’ONUDC estime que le taux d’interception desenvois de cocaïne est actuellement d’environ 40 % auniveau mondial. En 2006, les pays d’Amérique du Sudont représenté 45 % des saisies mondiales de cocaïne.Les grosses saisies restent concentrées dans un petitnombre de pays. En 2007, les saisies de cocaïne ontaugmenté en Bolivie, au Brésil et en Colombie, et ontdiminué en Équateur et au Pérou.514. En Bolivie, les saisies de drogues ont suivi unetendance à la hausse amorcée il y a plusieurs années.En 2007, les saisies de chlorhydrate de cocaïne ontdoublé par rapport à l’année précédente, pour atteindre2,9 tonnes, et les saisies de cocaïne base ont triplédepuis 2002, pour s’établir à 14,9 tonnes.Conformément à la stratégie nationale en matière dedrogues pour 2007-2010, qui prévoit des mesuressupplémentaires de lutte contre le trafic, les opérationsantidrogue ont été encore renforcées. Au cours dupremier semestre de 2008, les saisies de cocaïne ontaugmenté d’un tiers par rapport à la périodecorrespondante de 2007.515. En Colombie, les saisies de chlorhydrate decocaïne et de cocaïne base ont légèrement augmenté en2007, pour s’établir à 181 tonnes, soit un quart de laproduction potentielle de cocaïne du pays. Lesautorités colombiennes estiment qu’environ 80 % desdrogues illicites qui quittent le pays sont acheminéesen contrebande par voie maritime via le couloir duMexique et de l’Amérique centrale, le couloir euroafricainet le couloir caribéen, dans cet ordre. Laplupart des drogues sont acheminées clandestinement àbord d’embarcations rapides d’une capacité de 1 à1,5 tonne. Comme par le passé, on a signalé que lestrafiquants de drogues avaient eu recours à desembarcations submersibles. Davantage de droguesillicites sont acheminées par voie maritime que parvoie aérienne. La contrebande d’un pays à l’autre sefait par voie aérienne (à bord d’aéronefs) plutôt queterrestre.516. Au Pérou, après des saisies exceptionnelles decocaïne en 2005 et 2006, les quantités saisies en 2007n’ont atteint que 8,1 tonnes, soit environ moitié moinsque l’année précédente. Cette diminution a été enpartie compensée par une hausse des saisies de pâte decoca, qui ont atteint 6,3 tonnes. D’après l’ONUDC,environ 5 % de la production potentielle dechlorhydrate de cocaïne au Pérou est destinée aumarché local. Le reste est introduit en contrebande enAmérique du Nord et, de plus en plus souvent, enEurope. Sur ces quantités, environ 40 % sonttransportés par voie maritime, le reste passeessentiellement par les frontières avec l’Équateur, leChili et le Brésil, dans cet ordre.517. En 2007, les autorités brésiliennes compétentesont saisi au total 18,2 tonnes de cocaïne, y compris dela pâte de coca. En Argentine, le trafic de feuilles decoca en provenance du sud de la Bolivie a augmenté.En 2007, la police argentine a saisi 44 tonnes defeuilles de coca et 3,3 tonnes de cocaïne à la frontièreavec la Bolivie.518. L’Équateur est touché non seulement par le trafic,mais aussi par le stockage de drogues, le détournementde précurseurs chimiques et, dans une certaine mesure,85

E/INCB/2008/1la production de drogues illicites. Plus de 25 tonnes decocaïne base et de chlorhydrate de cocaïne ont étésaisies en 2007. D’après les autorités équatoriennes, letrafic de drogues et le blanchiment d’argents’accompagnent d’une progression des autres formesde criminalité grave (vol qualifié, extorsion etenlèvements) qui déstabilisent l’économie nationale etportent atteinte à la sécurité.519. Entre 2002 et 2007, les autorités de la Républiquebolivarienne du Venezuela ont saisi en moyenne35 tonnes de cocaïne par an. En 2007, les saisies decocaïne ont totalisé 31,8 tonnes. Les pays européens,en particulier l’Espagne, ont été identifiés comme étantles principaux pays de destination d’environ 70 % desdrogues transitant par la République bolivarienne duVenezuela. Le nombre d’arrestations pour trafic dedrogues dans le pays a augmenté entre 2006 et 2007,passant de 809 à 4 150.520. Le Guyana et le Suriname ne sont pas associés àune production importante de drogues illicites, mais ilssont utilisés comme points de transbordement degrandes quantités de cocaïne destinées à l’Europe et àl’Amérique du Nord, en partie via l’Afrique.521. En Colombie, l’usage traditionnel de la feuille decoca est marginal et statistiquement insignifiant: laquasi-totalité de la production de feuille de coca estdestinée à la fabrication illicite de cocaïne. Selon lesestimations, les cultivateurs colombiens transformentla moitié de leur production de feuille de coca encocaïne base afin de tirer un revenu plus élevé dechaque hectare cultivé. La dernière étape du processusde fabrication du chlorhydrate de cocaïne est engénéral effectuée par les trafiquants dans deslaboratoires clandestins. Si plusieurs pays d’Amériquedu Sud signalent régulièrement le nombre delaboratoires de fabrication de chlorhydrate de cocaïnedétruits sur leurs territoires, c’est la Colombie qui endéclare le plus. Des 2 500 laboratoires clandestinsdétruits en Colombie en 2007, 11 % fabriquaient duchlorhydrate de cocaïne, les autres de la pâte de cocaou de la cocaïne base.522. Le nombre de laboratoires clandestins detransformation de la feuille de coca détectés en Bolivien’a cessé d’augmenter ces dernières années. Entre 2000et 2007, le nombre de puits de macération de la cocadétruits est passé de 790 à 6 525 et le nombre delaboratoires de fabrication de pâte de coca et decocaïne détruits est passé de 628 à 4 087. Les autoritésboliviennes ont détruit plus de 4 000 laboratoires defabrication de pâte de coca et de cocaïne en 2007, et2 000 autres au cours du premier semestre de 2008.523. Au Pérou, 16 laboratoires clandestins defabrication de chlorhydrate de cocaïne ont été détruitsen 2007, outre plus de 600 laboratoires de fabricationde pâte de coca et de cocaïne base, ce qui confirmel’existence d’une capacité de production dechlorhydrate de cocaïne dans le pays. Au cours dupremier semestre de 2008, 12 autres laboratoires defabrication de chlorhydrate de cocaïne ont été détruitsau Pérou. En République bolivarienne du Venezuela,13 laboratoires clandestins de fabrication de cocaïneont été démantelés en 2007 dans les États de Zulia etde Táchira, proches de la frontière colombienne.524. Ces dernières années, la plupart des paysd’Amérique du Sud ont signalé une hausse de l’abus decocaïne, qui découle probablement du trafic de droguesdans la région. Plusieurs pays de la partie méridionalede l’Amérique du Sud qui servaient auparavant dezones de transit des drogues illicites sont de plus enplus souvent utilisés pour la transformation desdrogues. Cette situation a donné lieu à unaccroissement, sur les marchés locaux, de l’offre dedérivés semi-raffinés peu coûteux de la cocaïne, telsque la cocaïne base et la pâte de coca. Ainsi, uneévolution des caractéristiques de l’abus de drogues,notamment la consommation accrue de paco (pâte decoca), a été signalée par l’Argentine, le Brésil, le Chiliet l’Uruguay.525. La première étude comparative sur laconsommation de drogues réalisée dans six paysd’Amérique du Sud a montré que le taux de prévalencemoyen de l’abus de cocaïne au cours de l’annéeécoulée dans ces pays s’établissait à 1,4 %, soit 0,3 %de plus que la moyenne mondiale. La prévalence del’abus de cocaïne variait entre 0,1 % et 2,7 %. Le tauxde prévalence le plus élevé a été enregistré enArgentine, suivie par l’Uruguay, le Chili, la Bolivie, lePérou et l’Équateur. Parmi les pays étudiés, c’estl’Argentine qui enregistre l’âge de la première prise decocaïne le plus bas: 25 % des cocaïnomanes argentinsont 16 ans ou moins. En Argentine, en Équateur et auPérou, 42 % à 46 % des cocaïnomanes présentaient dessignes de dépendance à la drogue. La hausse de laconsommation de cocaïne a entraîné une demandeaccrue de traitement dans la région. Selon l’ONUDC,les traitements pour abus de cocaïne, qui représentaient86

E/INCB/2008/148 % de l’ensemble des traitements pour problèmes dedrogue en 2005, en représentaient 54 % en 2006.526. La culture illicite du pavot à opium en Amériquedu Sud représente moins de 1 % de la culture illicitemondiale. En Colombie, principal pays de cultureillicite du pavot à opium dans la région, la culture estdix fois inférieure à ce qu’elle était il y a dix ans. En2007, la superficie totale des cultures illicites de pavotà opium dans ce pays était de l’ordre de 700 hectares,ce qui représente une production potentielle d’environ1,4 tonne d’héroïne. Par le passé, des sites de culturedu pavot à opium de superficie réduite ont égalementété éradiqués au Pérou et au Venezuela (Républiquebolivarienne du). En 2007, les autorités péruviennesont éradiqué 28 hectares de pavot à opium au total.527. En 2007, deux laboratoires de fabricationd’héroïne ont été détruits en Colombie. Les plusgrosses saisies d’héroïne d’Amérique du Sud ont étéeffectuées en Colombie (plus de 500 kg), suivie parl’Équateur, la République bolivarienne du Venezuela etle Brésil. D’après certaines indications, l’héroïnedécouverte en Amérique du Sud pourrait égalementprovenir d’Asie occidentale. En 2008, les autoritéspakistanaises ont signalé que les trafiquantséchangeaient de l’héroïne contre de la cocaïne dans lepays.528. D’après les données les plus récentes del’ONUDC, la prévalence annuelle de l’abus d’opiacésen Amérique du Sud est de 0,3 %, soit 0,1 % de moinsque la moyenne mondiale. Le taux de prévalenceannuelle le plus élevé de la région a été enregistré auBrésil (0,5 %), le taux le plus faible (moins de 0,1 %)en Bolivie et au Suriname. L’abus d’opiacés signalédans la région concerne surtout l’abus d’opioïdesdétournés de sources licites. L’Organe note avecpréoccupation que, contrairement à d’autres paysd’Amérique du Sud, l’Uruguay enregistre uneproportion élevée de femmes qui s’injectent desdrogues; de ce fait, le nombre de cas d’infection à VIHparmi les femmes toxicomanes enceintes et parmi leursnouveau-nés est en progression.Substances psychotropes529. Au cours de l’année écoulée, plusieurs paysd’Amérique du Sud ont signalé une hausse del’utilisation non médicale des substances psychotropes,à commencer par les sédatifs et les tranquillisants. Cespays, dont l’Argentine, se sont dits préoccupés par lahausse de l’abus des “drogues du viol” que les auteursd’agression sexuelle ou d’autres types d’agressionadministrent souvent à leurs victimes. Ce type dedrogues, en particulier associé à de l’alcool, peutprovoquer une perte rapide de la résistance, destroubles du jugement et une amnésie. L’acide gammahydroxybutirique(GHB), le flunitrazépam et lakétamine (substance non placée sous contrôleinternational) figurent parmi les drogues les pluscouramment utilisées par les criminels à ces fins.530. En 2007, le Secrétariat national antidrogue duBrésil (SENAD) a commencé une étude sur laconsommation d’alcool et d’autres substancespsychoactives (cannabis, cocaïne, amphétamines etbenzodiazépines) et les accidents de la route dontl’objectif est de mesurer les incidences de laconsommation de ces substances psychoactives sur leschauffeurs de véhicules privés et professionnels dans lepays.531. En Argentine, la prévalence de l’abus destimulants et de tranquillisants hors cadre médical aucours de la vie au sein de la population âgée de 15 à64 ans s’établissait à 1,6 % et 3,6 %, respectivement.D’après la dernière étude sur l’abus de drogues enrelation avec les admissions aux urgences enArgentine, les anxiolytiques, les sédatifs et lestranquillisants étaient les substances psychoactives lesplus fréquemment consommées (après l’alcool et letabac) chez les patients admis aux services desurgences des hôpitaux publics. Bien que certains paysd’Amérique du Sud, dont l’Argentine, le Chili et lePérou, aient signalé une hausse de l’abus de MDMA(plus connue sous le nom d’“ecstasy”) en 2006, lessaisies de cette substance sont restées faibles dans larégion.Précurseurs532. Des détournements à grande échelle deprécurseurs chimiques continuent d’être signalés enAmérique du Sud. En 2007, plus de 14 000 tonnes deproduits chimiques ont été saisies dans la région.L’acétone et l’acide sulfurique ont été les précurseursplacés sous contrôle international les plus fréquemmentsaisis. Entre 2000 et 2007, les saisies mondiales depermanganate de potassium, le principal produitchimique utilisé pour la fabrication illicite de cocaïne,ont représenté quelque 850 tonnes au total. Plus de90 % des saisies de permanganate de potassium ont été87

E/INCB/2008/1opérées en Colombie. L’Organe est préoccupé par lefait que les trafiquants ont trouvé le moyen de sesoustraire aux mesures de contrôle internationales, parexemple en produisant illicitement du permanganate depotassium en Colombie, en détournant cette substancedu commerce national ou en en faisant contrebandedans la région. Il prie à nouveau les gouvernements detous les pays des Amériques de concevoir d’urgencedes stratégies de lutte contre la contrebande deprécurseurs chimiques dans la région où la cocaïne estfabriquée illicitement, en s’inspirant, le cas échéant,des expériences acquises dans le cadre du Projet“Cohesion” en ce qui concerne l’anhydride acétique enAsie centrale et occidentale.533. L’Organe note que les importations d’éphédrineet de pseudoéphédrine ont considérablement augmentéces dernières années dans certains pays d’Amérique duSud, notamment en Argentine. Il est préoccupé par lefait que cette évolution pourrait être le signe que lesorganisations de trafiquants cherchent davantage àobtenir les produits chimiques essentiels dont ontbesoin les laboratoires clandestins deméthamphétamine d’Amérique du Nord, en particulierdu Mexique, et d’Amérique du Sud. En 2007, dessaisies de préparations pharmaceutiques contenant dela pseudoéphédrine ont été signalées au Pérou. Enjuillet 2008, les autorités argentines ont détecté un casde détournement d’éphédrine à grande échelle etdétruit un laboratoire de méthamphétamine dans lepays. L’Organe demande aux gouvernements de tousles pays d’Amérique du Sud de continuer de surveillerle commerce licite des précurseurs des stimulants detype amphétamine, notamment l’éphédrine et lapseudoéphédrine, sous forme de matières premières oude préparations pharmaceutiques, pour empêcher ledétournement de ces précurseurs des circuits licites.C. AsieAsie de l’Est et du Sud-Est1. Principaux faits nouveaux534. L’Organe a noté que d’importantes quantités dedrogues illicites étaient introduites clandestinement enAsie de l’Est et du Sud-Est à partir de l’extérieur de larégion, principalement du Canada et de pays d’Asie del’Ouest. En 2007, les services de détection et derépression japonais ont signalé un certain nombre desaisies concernant des envois de drogues, notammentde cannabis, de méthamphétamine et de MDMA, quiavaient été dissimulées dans des frets maritimes etaériens en provenance du Canada. En octobre 2007, laChine a signalé sa plus importante saisie de drogues enprovenance d’Asie de l’Ouest et les services dedétection et de répression de la région autonome duXinjiang en Chine ont saisi de l’héroïne et du cannabisdissimulés dans des envois en provenance duKazakhstan et destinés au Canada. En 2007 également,la Thaïlande a signalé que la quantité d’héroïneprovenant d’Asie de l’Ouest dépassait celle provenantdu Myanmar, de la République démocratique populairelao et de la Thaïlande. En mars et avril 2008, les agentsdes douanes de l’aéroport international de Hong Kongont saisi une importante quantité d’héroïne qui venaitprétendument d’Asie de l’Ouest, dont une partie a étésaisie sur des passagers en provenance des Philippineset une autre sur des passagers en provenance d’Inde etdes Émirats arabes unis.535. L’Organe note que les gouvernements des Étatsd’Asie de l’Est et du Sud-Est ont continué de renforcerleur législation nationale en matière de lutte contre ladrogue et amélioré l’accès aux services de traitement etde réadaptation pour les toxicomanes. La Chine a enparticulier adopté une loi qui contient des dispositionssur le traitement et la réadaptation volontaires destoxicomanes dans des structures de proximité.536. La pratique à risque consistant en l’échanged’aiguilles entre toxicomanes reste l’une desprincipales causes de transmission du VIH dans denombreux pays d’Asie du Sud-Est. L’Agenceaustralienne pour le développement international alancé à Chiang Mai (Thaïlande), en avril 2008, leProgramme régional de lutte contre le VIH et le sida enAsie pour aider à stopper la propagation de cettepandémie en Asie du Sud-Est par le biais d’actions desensibilisation, de l’échange de connaissances et departenariats stratégiques. Ce Programme, prévu surhuit ans, associe les gouvernements, des agencesrégionales, des organisations de la société civile et desréseaux de prévention de l’abus de drogues à la luttecontre la propagation du VIH lié à l’abus de drogues auCambodge, en Chine, au Myanmar, aux Philippines, enRépublique démocratique populaire lao et au Viet Nam.537. Les autorités nationales des pays d’Asie de l’Estet du Sud-Est continuent de signaler d’importantessaisies de drogues passées en contrebande par voie88

E/INCB/2008/1postale. De grandes quantités de benzodiazépines et decannabis ont été saisies, encore que la drogue la plusfréquemment saisie ait été la méthamphétamine. En2007, en particulier, il a été noté que des droguesillicites en provenance de Thaïlande étaient introduitesen contrebande au Royaume-Uni par voie postale. Lestrafiquants utilisent aussi le système postal pourintroduire en République de Corée des drogues enprovenance du Canada, de la Chine et des États-Unis.538. Si l’héroïne reste la drogue la plus consommée enChine (y compris dans la Région administrativespéciale (RAS) de Hong Kong), en Malaisie et au VietNam, une nette augmentation de l’abus de substancesnon placées sous contrôle a également été signalée. Lakétamine serait la substance psychotrope la plusconsommée en Chine (y compris dans la RAS de HongKong, où elle constitue la drogue de prédilection de73 % des toxicomanes de moins de 21 ans).2. Coopération régionale539. L’Organe note avec satisfaction que les paysd’Asie de l’Est et du Sud-Est continuent de coopérer enmatière de lutte contre la drogue dans le cadred’organisations bilatérales, multilatérales et régionales.540. Au cours du treizième Sommet de l’Associationdes nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), tenu àSingapour en novembre 2007, les États membres del’Association (Brunéi Darussalam, Cambodge,Indonésie, Malaisie, Myanmar, Philippines,République démocratique populaire lao, Singapour,Thaïlande et Viet Nam) ont signé la Charte del’ASEAN pour, notamment, renforcer la coopérationrégionale en faveur de l’instauration d’unenvironnement sain, sûr et sans drogues pour lespeuples de la région. La sixième Réunion ministériellesur la criminalité transnationale s’est tenue à BandarSeri Begawan (Brunéi Darussalam) en novembre 2007.Les participants y sont convenus de renforcer lessystèmes de contrôle aux frontières, de mettre en placeun point focal national spécialisé, d’optimiserl’utilisation des mécanismes existants pour améliorer lacoordination en matière de lutte contre la criminalitétransnationale et de renforcer les capacités, notammenten proposant des cours d’anglais et d’informatique auxresponsables des services de détection et de répression.La cinquième Réunion du Comité d’enquête del’Organisation interparlementaire de l’ASEAN pourcombattre la menace de la drogue s’est tenue àSingapour du 22 au 25 juin 2008. Les participants ontdécidé de continuer à échanger des informations et àcoopérer pour s’attaquer aux menaces communesassociées à la lutte contre la drogue. La huitièmeRéunion ministérielle des pays signataires duMémorandum d’accord de 1993 sur le contrôle desdrogues s’est tenue à Vientiane en juin 2008. Lesparticipants sont convenus de continuer à échanger desinformations sur les activités régionales de réductionde la demande de drogues et sur le lien entre abus dedrogues et VIH/sida. Lors du quinzième Forumrégional de l’ASEAN, tenu à Singapour le 24 juillet2008, les participants ont adopté une déclaration visantà promouvoir la collaboration en matière de préventiondu détournement des précurseurs servant à lafabrication illicite de drogues. Dans cette déclaration,les autorités nationales compétentes du Forum régionalétaient exhortées à coopérer entre elles et avec lesmécanismes existants pour renforcer le contrôle desprécurseurs utilisés dans la fabrication illicite dedrogues. Dans le cadre du Programme ASEAN-République de Corée pour le transfert de données sur lacriminalité associée aux stupéfiants, qui a été lancé en2007, la République démocratique populaire lao estdevenue le premier pays à recevoir une assistance de laRépublique de Corée en matière de lutte contre ladrogue. L’objectif de cette assistance est de renforcerles capacités des services de détection et de répressionde la Commission nationale de supervision et de luttecontre la drogue de la République démocratiquepopulaire lao par le biais du transfert de technologies etde la fourniture de matériel pertinent.541. La vingt-huitième Conférence des chefs de policedes États membres de l’ASEAN s’est tenue à BandarSeri Begawan du 25 au 29 mai 2008. Les participantsse sont engagés à améliorer l’échange d’informationssur les organisations impliquées dans la fabricationillicite et le trafic de stupéfiants et de substancespsychotropes, y compris sur les itinéraires de trafic etles modes opératoires, afin de faciliter la réalisationd’opérations et d’enquêtes coordonnées. Ils se sontégalement engagés à améliorer l’échanged’informations sur le mouvement des précurseurschimiques et à renforcer les mécanismes deréglementation des précurseurs utilisés dans lafabrication illicite de drogues en vue de prévenir leurdétournement. Ils ont par ailleurs décidé de renforcer lacoordination, la coopération et la collaboration àtravers l’échange de renseignements en vue de faciliter89

E/INCB/2008/1l’identification, la localisation, le gel, la saisie ou laconfiscation des actifs tirés du produit du trafic dedrogues, conformément aux lois nationales. Enfin, ilsse sont engagés à renforcer la coopération à l’appui dela formation régionale, de la mise en commun desmeilleures pratiques, de l’échange de personnel etd’autres actions de renforcement des capacités dans ledomaine de la lutte contre la drogue.542. À Guangzhou (Chine) le Bureau régional deliaison chargé du renseignement pour l’Asie et lePacifique de l’Organisation mondiale des douanes etles douanes chinoises ont organisé en septembre 2007un séminaire régional conjoint sur la lutte contre letrafic de drogues. Les participants ont débattu de lasituation du trafic de drogues dans la région, desmesures de coopération régionales en matière dedétection et de répression, des tendances de lacontrebande de drogues, de l’échange d’informations etde renseignements, d’affaires spécifiques, destechniques de détection des envois suspects et de lacoopération transfrontières.543. Le Forum régional sur les stimulants de typeamphétamine s’est tenu à Manille du 29 au 31 août2007. Des représentants des États membres del’ASEAN et de la Chine, ainsi que des représentants dusecrétariat de l’ASEAN, d’INTERPOL, de l’OMS, duConseil national australien sur la drogue et de la Policefédérale australienne y ont assisté. Le principal objectifde ce Forum était de permettre aux participants derecenser des moyens de faire face aux problèmes queposaient l’offre et la demande illicites de stimulants detype amphétamine en Asie de l’Est. Les participantsont passé en revue les données régionales les plusrécentes et examiné des exemples de la façon dont lesdonnées sur l’offre et la demande illicites de ce type destimulants pourraient être utilisées pour définir lapolitique à suivre. Ils ont estimé qu’il fallaitnotamment, à titre prioritaire, lancer des mesuresvisant à améliorer l’échange de donnéescriminalistiques et de données sur les saisies deprécurseurs à l’aide des mécanismes existants;développer l’assistance technique à l’appui descapacités criminalistiques et d’un meilleur échanged’informations; mener des études d’impact concernantles programmes de traitement et de réduction de lademande existants et élaborer des mécanismes pourintégrer les résultats dans les politiques nationales; etentreprendre et développer des activités d’assistancetechnique pour mener des études de prévalence et desévaluations rapides.544. La septième réunion des responsables de la luttecontre la drogue du Cambodge, de la Républiquedémocratique populaire lao et du Viet Nam s’est tenueà Siem Reap (Cambodge) en décembre 2007. Lors decette réunion, les représentants des trois États sontconvenus de coopérer pour prévenir le détournementd’huile de sassafras. Le Viet Nam a accepté decontribuer à la formation des agents des services dedétection et de répression du Cambodge et de laRépublique démocratique populaire lao en 2008 etd’ouvrir un centre de traitement des toxicomanes auCambodge. La troisième Réunion bilatérale sur lacoopération en matière de lutte contre la drogue entrela Thaïlande et le Viet Nam s’est tenue à Da Nang(Viet Nam) en mai 2008. Lors de cette réunion, lesdeux États sont convenus de coopérer pour promouvoirle traitement et la réadaptation des toxicomanes etcombattre la criminalité associée aux drogues.545. En novembre 2007, les autorités douanières de laRAS de Hong Kong (Chine) et de la République deCorée ont réaffirmé leur détermination à lutter contreles infractions transnationales, y compris le trafic dedrogues, qui relevaient de leurs compétences. En vertude l’accord conclu, les deux États renforceront leurcoopération en vue d’échanger des connaissancesspécialisées et d’organiser des cours de formation. Lesautorités douanières de la RAS de Hong Kong et duJapon ont signé des accords similaires en janvier 2008,comme l’ont fait celles de la RAS de Macao (Chine) etde la Thaïlande. Le Myanmar et la Thaïlande ont signéun mémorandum d’accord en février 2008 pourcoopérer en vue d’éradiquer les cultures illicites depavot à opium et de mettre en place un projet visant àremplacer ces cultures au Myanmar. En mars 2008, leCambodge et Singapour ont signé un mémorandumd’accord contre la criminalité transnationale. Lasignature de cet accord témoigne du renforcement de lacoopération bilatérale entre ces deux États en matièred’échange de connaissances spécialisées etd’informations dans un certain nombre de domaines,tels que la lutte contre le trafic de drogues.546. Les États d’Asie de l’Est et du Sud-Estcontinuent de mettre en commun leurs compétences enfournissant une assistance dans le domaine de la luttecontre la drogue. La République de Corée a lancé en2008 un projet de huit mois pour aider le Viet Nam à90

E/INCB/2008/1sensibiliser la population aux dangers de l’abus desdrogues.547. En janvier 2008, les autorités douanières de laRAS de Hong Kong (Chine) ont lancé le système denotification immédiate des saisies de drogues destiné àl’Asie de l’Est et du Sud-Est. Les États participantssont le Cambodge, la Chine (y compris la RAS deHong Kong et la RAS de Macao), le Japon, laRépublique démocratique populaire lao, la Thaïlande etle Viet Nam. Ce système leur permet d’échanger desinformations sur le trafic de drogues en se fondant surdes affaires de trafic découvertes dans leurs aéroports.Il sera réexaminé six mois après sa mise en œuvre.548. Des initiatives régionales, notamment desréunions et des cours de formation, visant àpromouvoir le contrôle des précurseurs continuentd’offrir aux États la possibilité d’échanger descompétences. La réunion conjointe du Foruminternational sur le contrôle des précurseurs destimulants de type amphétamine et du Groupe decollaboration asiatique pour le contrôle des précurseursau niveau local s’est tenue à Tokyo en février 2008.Lors de cette réunion, les participants ont recensé lesprincipales menaces de détournement ainsi que leslacunes et les points vulnérables du contrôle desprécurseurs et les mesures prises en Asie de l’Est et duSud-Est à ce sujet. Les participants ont adopté uneproposition de projet d’enquête initiale sur lessubstances non contrôlées utilisées dans la fabricationillicite de stimulants de type amphétamine. Un coursrelatif aux enquêtes sur les laboratoires clandestins aété dispensé par l’Académie internationale de police àBangkok en janvier et février 2008. Ce cours a initiéles participants de 11 États d’Asie de l’Est et duSud-Est aux méthodes de manipulation des produitschimiques trouvés dans les laboratoires clandestins.3. Législation, politique et action à l’échellenationale549. En Chine, la loi sur le contrôle des stupéfiants estentrée en vigueur le 1 er juin 2008. Cette nouvelle loiréaffirme que la Commission nationale de contrôle desstupéfiants est l’organisme chargé de l’organisation, dela coordination et du pilotage des efforts de lutte contrela drogue dans le pays. Elle contient des dispositionssur le rôle de l’éducation préventive et surl’importance du renforcement des activités visant àfaciliter le traitement et la réadaptation destoxicomanes et à prévenir les cultures illicites, ainsique la fabrication illicite, le trafic et l’abus de drogues.Elle prévoit également des systèmes de licence etd’inspection pour la fabrication, l’offre, l’usage, lestockage et le transport des stupéfiants et dessubstances psychotropes ainsi que les travaux derecherche concernant ces substances, et un système delicence pour la fabrication, le commerce et l’envoi desprécurseurs chimiques.550. En 2008, la Chine a renforcé les contrôles despréparations pharmaceutiques contenant desprécurseurs chimiques en prévoyant l’obligation dedélivrer sur ordonnance les gouttes nasales contenantdu chlorhydrate d’éphédrine.551. La Chine a également renforcé ses contrôles desventes de médicaments en ligne en 2008. La Directionnationale des aliments et des médicaments a fait de lalutte contre la publicité mensongère pour lesmédicaments vendus en ligne une priorité pour 2008 etentend surveiller de plus près les principaux sitesInternet soupçonnés d’être impliqués dans ce type depublicité (qui consiste notamment à diffuser desinformations abusives ou trompeuses sur les bienfaitsdes médicaments) ou dans l’envoi de médicamentscontrefaits à leurs clients.552. En 2008, le Japon a lancé sa dernière stratégiequinquennale de prévention de l’abus de drogues pourla période 2008-2013, dont les principaux objectifssont de réduire l’abus de drogues chez les jeunes par lebiais d’actions de sensibilisation, de prévenir lesrechutes en proposant des services de traitement et deréadaptation, de prendre des mesures de lutte contre lacriminalité organisée et de renforcer les effortsd’interception aux frontières et la coopérationinternationale.553. En 2008, le Président de la Républiquedémocratique populaire lao a signé un décret pourpromulguer une nouvelle loi sur les drogues qui avaitété adoptée par l’Assemblée nationale en 2007. Cettenouvelle comprend 80 articles et complètera le codepénal en vigueur. Elle précise certains principes,règlements et mesures concernant la lutte contre ladrogue.554. En 2008, une loi amendant et complétant la Loisur les mesures de prévention et de répression visantles stupéfiants a été promulguée par le Gouvernementvietnamien. Cette nouvelle loi décrit en détail les91

E/INCB/2008/1responsabilités des autorités compétentes, y compris dela police, de la police maritime, des services decontrôle aux frontières et des autorités douanières, enmatière de prévention de l’abus de drogues et de luttecontre la drogue. Elle modifie en particulier lesprocédures et les modalités de la détentionadministrative pour la désintoxication obligatoire et laprise en charge et contient des dispositions relativesaux traitements de substitution aux opiacés.555. En 2008, la RAS de Macao (Chine) a déposé unnouveau projet de loi concernant la fabrication illicite,le trafic et l’abus de stupéfiants et de substancespsychotropes. Ce projet de loi prévoit de faire passerde 12 à 15 ans la peine d’emprisonnement maximalepour production illicite ou contrebande de drogues etd’incriminer la fabrication et la possessiond’équipement et de matériels utilisés dans lafabrication illicite de drogues.556. En 2008, la Chine a concentré ses efforts sur lalutte contre l’abus de drogues chez les jeunes. Elle alancé une campagne visant à informer la population surl’abus de substances psychotropes, à favoriser uneculture exempte de drogues chez les jeunes et àmobiliser la collectivité à l’appui de la prévention del’abus de drogues. En 2007, 6 900 toxicomanes ont étéréadaptés dans des centres de traitement et deréadaptation de la République démocratique populairelao. En 2008, le Gouvernement a continué d’accorderune place prioritaire au traitement et à la réadaptationdes toxicomanes et a fourni une aide financière à descentres spécialisés dans 10 provinces.556. En 2007, les services de détection et derépression de la RAS de Hong Kong (Chine) ont menéune opération de trois mois contre le trafic de droguestransfrontières. Cette opération a entraîné la saisie decannabis, de cocaïne, d’héroïne, de kétamine et deméthamphétamine.558. En Thaïlande, la Commission indépendante pourl’étude et l’analyse de l’élaboration et de la mise enœuvre de la politique de répression du trafic dedrogues a publié en 2008 un rapport sur les conclusionsde ses six sous-comités concernant la “guerre contre ladrogue”. Selon ce rapport, 55 agents des services dedétection et de répression ont été poursuivis à la suitedes enquêtes qui avaient été menées (voir égalementpar. 212 à 215 ci-dessus).559. La transmission du VIH en Asie de l’Est et duSud-Est est favorisée par des comportements à hautrisque tels que le partage d’aiguilles entre usagers dedrogues par injection. Plusieurs États de la région,notamment la Chine, l’Indonésie, la Malaisie et le VietNam, fournissent aux consommateurs d’héroïne parinjection des aiguilles stérilisées et des médicaments desubstitution aux opioïdes tels que la méthadone. Laplupart des programmes qui proposent ces servicesn’atteignent toutefois qu’un très faible pourcentage despersonnes qui en ont besoin. Dans la RAS de HongKong (Chine), un vaste programme de lutte contrel’abus de drogues contribue depuis plusieurs années àmaintenir le taux de prévalence du VIH à un faibleniveau chez les usagers de drogues par injection.560. Selon les informations contenues dans un rapportde la Commission sur le SIDA en Asie 81 , l’abus dedrogues est illégal dans de nombreux pays d’Asie del’Est et du Sud-Est et les toxicomanes sont souventemprisonnés, non seulement pour abus de drogues,mais aussi pour les infractions commises pour financerleur dépendance. Les difficultés rencontrées par despays tels que l’Indonésie et la Thaïlande en matière deprévention de la propagation de l’infection à VIH enmilieu carcéral montrent qu’il importe de mettre enplace des programmes efficaces de prévention et detraitement de l’abus de drogues dans les prisons si l’onveut contribuer à limiter la propagation du VIH.4. Culture, production, fabrication, trafic et abusStupéfiants561. La culture illicite de plantes de cannabis s’estpoursuivie en Asie de l’Est et du Sud-Est, y compris enIndonésie et en Thaïlande. Le Viet Nam a signalé uneaugmentation de la culture illicite de plantes decannabis dans certaines provinces du nord et du sud en2007 et 2008.562. Des États d’Asie de l’Est et du Sud-Est ontcontinué de signaler d’importantes saisies de cannabis.En 2007, la République démocratique populaire lao ena saisi 2,2 tonnes, la plus grande quantité signalée aucours de ces dernières années. En 2007 également, laThaïlande a indiqué en avoir saisi 1,1 tonne dans lecadre de 14 affaires; dans la plupart des cas, le__________________81 Commission sur le sida en Asie, Redefining AIDS inAsia: Crafting an Effective Response (New Delhi,Oxford University Press, 2008).92

E/INCB/2008/1cannabis provenait de la République démocratiquepopulaire lao et avait été dissimulée dans des véhiculesà moteur. En février et mars 2007, 33 kg de cannabisont été saisis en RAS de Hong Kong (Chine) dans lecadre de deux affaires. Dans les deux cas, les agentsdes douanes de l’aéroport international de Hong Kongont saisi le cannabis sur des passagers en provenancede Johannesburg. Les autorités douanières de laRépublique de Corée ont saisi du cannabis dissimulédans un fret express à l’aéroport internationald’Incheon en mai 2007. En juillet 2007, les agents desdouanes d’un bureau de poste de Guangzhou (Chine)ont saisi 4,2 kg de cannabis dans le cadre de quatreaffaires différentes; dans deux cas, les colisprovenaient du Nigéria. En août 2007, les autoritésdouanières japonaises du port d’Osaka ont saisi 279 kgde cannabis dans un fret maritime en provenance deVancouver (Canada). Les Philippines ont égalementsignalé d’importantes saisies de cannabis au cours de2007. En janvier 2008, les autorités douanières deBeungkam (Thaïlande) ont saisi 242 kg de cannabis.En mai 2008, les services de détection et de répressionvietnamiens ont signalé la saisie de 8,8 tonnes de cettesubstance dissimulées dans un camion dans la provincede Quang Ninh; la cargaison provenait du Moyen-Orient et était en partance pour la Chine.563. Des données préliminaires indiquent que lasurface totale des cultures illicites de pavot à opium alégèrement augmenté au Myanmar, passant de27 700 ha en 2007 à 28 500 ha en 2008. En 2007, lesautorités du Myanmar ont éradiqué 3 598 des27 700 ha de cultures illicites de pavot à opium. EnRépublique démocratique populaire lao, 779 des1 500 ha de cultures illicites de pavot à opium ont étééradiquées. La superficie totale consacrée à la cultureillicite de cette plante en Thaïlande était estimée à231 ha, principalement dans les zones reculées du norddu pays. En 2007, des cultures illicites de pavot àopium ont également été éradiquées en Thaïlande(220 ha) et au Viet Nam (38 ha). La Républiquedémocratique populaire lao a signalé la saisie de14,2 kg d’opium en 2007.564. La Chine a signalé la saisie de 4,6 tonnesd’héroïne en 2007, une quantité bien inférieure aux11 tonnes saisies en 2004, la tendance à la baisse enmatière de saisie de cette substance dans le pays s’étantpoursuivie. La diminution de l’offre d’héroïne sur lemarché illicite a été largement attribuée aux efforts desservices chinois de lutte contre la drogue. EnRépublique démocratique populaire lao, 23,8 kgd’héroïne ont été saisies en 2007.565. En juillet 2007, les agents des douanes de la RASde Hong Kong (Chine) ont saisi 160 kg de cocaïne quiavaient été dissimulés dans des navires en provenancedu Panama censés transporter de l’eau purifiée.566. En février 2008, les services de détection et derépression chinois et américains ont coopéré pourmettre au jour une opération de trafic de drogues parcolis postaux express en provenance d’Amérique duSud et à destination de la Chine. Au Jiangsu (Chine),de la cocaïne a été découverte dans un colis postalexpress en provenance de la République bolivariennedu Venezuela.567. Le Cambodge, la Malaisie et les Philippines ontsignalé les taux de prévalence de l’abus de cannabis lesplus élevés d’Asie du Sud et du Sud-Est. Au Japon, lecannabis est la substance la plus consommée (après lessolvants) chez les personnes âgées de 15 ans et plus.La République démocratique populaire lao a indiquéune diminution de l’abus d’opium en 2007 par rapportà l’année précédente. Le nombre déclaré d’opiomanesdans les 10 provinces septentrionales s’élevait à 7 706,soit 31 % de moins qu’en 2006. À l’échelle du pays, laproportion d’opiomanes demeure stable (0,75 % de lapopulation adulte totale). En Chine, en Malaisie et auViet Nam, l’héroïne reste la drogue la plus consommée.En 2007, 749 000 héroïnomanes étaient enregistrés enChine. Le Viet Nam compte plus de 170 000toxicomanes, dont 83 % abuseraient d’héroïne. Ennovembre 2007, des abus de drogues par injection etdes abus d’héroïne ont été signalés au sein desminorités ethniques peuplant les villages reculés dupays.Substances psychotropes568. Une augmentation de la fabrication illicite destimulants de type amphétamine a été signalée danscertains pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est, enparticulier en Chine et en Indonésie. En 2007,75 laboratoires qui fabriquaient illicitement cessubstances ont été démantelés en Chine (contre 53 en2006) et 7 en Indonésie (contre 1 en 2006). Lafabrication illicite de méthamphétamine a encore étésignalée en Asie de l’Est et du Sud-Est, notamment enChine, en Indonésie, au Myanmar et aux Philippines.En 2007, neuf laboratoires impliqués dans lafabrication illicite de cette substance ont été93

E/INCB/2008/1démantelés aux Philippines; des précurseurschimiques, parmi lesquels de l’acétone, de l’éphédrineet de l’acide chlorhydrique, ont été saisis dans ceslaboratoires. Aux Philippines, quatre laboratoiresimpliqués dans la fabrication illicite deméthamphétamine ont été démantelés en 2006. AuMyanmar, cinq installations clandestines de traitementde méthamphétamine ont été démantelées en 2007;toutes ces installations étaient situées dans l’est et dansle nord de l’État de Shan et dans la région de Wa, lelong de la frontière avec la Chine, la Républiquedémocratique populaire lao et la Thaïlande. AuMyanmar, huit laboratoires impliqués dans lafabrication illicite de méthamphétamine ont étédémantelés en 2006. Dans certains pays d’Asie de l’Estet du Sud-Est, des laboratoires qui fabriquaientillicitement de la méthamphétamine et de la MDMAont été récemment démantelés.569. En février 2008, un laboratoire clandestin deméthamphétamine, dont la capacité de fabricationmensuelle a été estimée à 1 tonne, a été démantelé àZamboanga City (Philippines). Ce laboratoire aurait étédirigé depuis longtemps par une organisationinternationale de trafic de drogues et une partie de laméthamphétamine qui y était fabriquée a peut-être étéexportée en Malaisie. En février 2008, la policevietnamienne a découvert un laboratoire clandestin àHai Phong et saisi 70 714 comprimés de MDMA et dela kétamine, ainsi que des agents de liaison et dessubstances colorantes.570. En Asie de l’Est et du Sud-Est, la Chine (ycompris la RAS de Hong Kong), le Japon, laRépublique de Corée, la Thaïlande et le Viet Nam ontcontinué de signaler d’importantes saisies deméthamphétamine. En 2007, les services de détectionet de répression thaïlandais ont saisi155 949 comprimés de méthamphétamine dont laplupart provenaient de la République démocratiquepopulaire lao, suivie par le Myanmar et le Cambodge.En 2007, le Brunéi Darussalam a également signalé dessaisies de méthamphétamine. En mars 2007, lesautorités douanières du Japon et de la République deCorée ont signalé une série de saisies deméthamphétamine en provenance de Chine. En juillet2008, environ 800 000 comprimés de cette substanceen provenance de la République démocratiquepopulaire lao ont été saisis dans la province de QuangBinh (Viet Nam).571. En 2007, les saisies de stimulants de typeamphétamine, principalement de méthamphétamine enprovenance de Chine (y compris de la RAS de HongKong) et à destination de l’Indonésie, ont augmenté.Au cours des cinq premiers mois de 2007, 10 affairestotalisant 26 kg de cette substance ont été signalées. Enmai 2007, les autorités douanières de la RAS de HongKong (Chine) ont signalé une série de saisies destimulants de type amphétamine, principalement de laméthamphétamine et de la MDMA, à l’aéroportinternational de Hong Kong. En Républiquedémocratique populaire lao, 1 272 815 comprimés destimulants de type amphétamine ont été saisis en 2007.572. En août 2007, les agents des douanes japonaisesdu port d’Osaka ont saisi 154 kg de méthamphétaminedans un fret maritime en provenance de Vancouver(Canada). En mars 2008, les agents des services dedétection et de répression des provinces de Liaoning etde Yunnan (Chine) ont coopéré avec leurs homologuesdu Myanmar à une opération qui a permis de saisir2 kg de méthamphétamine qui avait été passée encontrebande sur un itinéraire conduisant du Myanmaren Chine. En mai 2008, 7 kg de méthamphétamine enprovenance du Japon ont été saisis par les services dedétection et de répression dans la province du Fujian(Chine); la substance avait été passée en contrebandepar voie maritime.573. En Asie de l’Est et du Sud-Est, la Chine (ycompris la RAS de Hong Kong), le Japon et laRépublique de Corée ont continué de signaler dessaisies de MDMA. En juillet 2007, les agents desservices de détection et de répression de l’aéroportinternational de Narita (Japon), ont saisi18 290 comprimés de MDMA dissimulés dans un fretaérien en provenance du Canada. En août 2007, lesagents des douanes japonaises du port d’Osaka ontsaisi 208 kg de MDMA dans un envoi de fret maritimeen provenance de Vancouver (Canada). Plus tard aucours du même mois, les agents des douanes del’aéroport international de Narita ont saisi2 013 comprimés de MDMA dissimulés dans un fretaérien en provenance du Canada. En novembre 2007,les agents des douanes de l’aéroport internationald’Incheon (République de Corée), ont saisi une petitequantité de comprimés de MDMA dans un colisexpress en provenance des États-Unis. En mai 2008,les services de détection et de répression de la provincedu Fujian (Chine) ont saisi 4 kg de MDMA qui avaitété passés en contrebande par voie maritime depuis le94

E/INCB/2008/1Japon. Singapour et la Thaïlande ont également signalédes saisies de MDMA en 2007.574. La Thaïlande a saisi 124 kg de diazépam en 2007,dont la majeure partie avait été passée en contrebandepar voie postale et était destinée au Danemark ou auRoyaume-Uni. En août 2007, les autorités douanièresthaïlandaises d’un centre de tri postal ont signalé avoirsaisi 8 000 comprimés de diazépam dans un colisdestiné au Royaume-Uni.575. Selon l’ONUDC, les Philippines présentent letaux de prévalence annuel d’abus d’amphétamines leplus élevé au monde (6 %). Un certain nombre d’autrespays d’Asie de l’Est et du Sud-Est, dont le Cambodge,la Malaisie, la République démocratique populaire laoet la Thaïlande, présentent également un taux élevéd’abus de ces substances. En République démocratiquepopulaire lao, 5 780 personnes faisant abusd’amphétamines ont été recensées dans la province deVientiane en 2008. La méthamphétamine est la droguele plus couramment consommée au Brunéi Darussalam.Précurseurs576. Des pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est ontcontinué de signaler des saisies de quantitésimportantes de précurseurs chimiques. En octobre2007, les services de détection et de répression del’aéroport international de Narita (Japon) ont saisi131 kg de comprimés de pseudoéphédrine sur despassagers en provenance de la RAS de Hong Kong(Chine); les passagers tentaient d’introduire lescomprimés en contrebande au Mexique. En octobre2007, les agents des services de détection et derépression thaïlandais ont saisi 50 tonnes d’huile desassafras dans le port de Laem Chabang; l’huileprovenait du Cambodge et était destinée à la Chine etaux États-Unis. La Chine a signalé avoir saisi en 2007d’importantes quantités de précurseurs chimiques, dont5,7 tonnes d’anhydride acétique et 5,8 tonnesd’éphédrine. En 2007 également, les agents desdouanes philippins ont saisi un envoi d’acétone et detoluène qui était censés être utilisés pour fabriquerclandestinement de la méthamphétamine. En avril2008, les services de détection et de répressioncambodgiens ont détruit 33 tonnes d’huile riche ensafrole.Substances non placées sous contrôleinternational577. La fabrication illicite de kétamine est considéréecomme un problème croissant en Chine. En mars 2008,les services de détection et de répression de la provincedu Sichuan ont démantelé un laboratoire de fabricationillicite de kétamine et saisi 196 kg de cette substanceainsi que du matériel. En juin 2008, quatre laboratoiresclandestins de kétamine ont été démantelés et 400 kgde cette substance saisis dans la province duGuangdong. La RAS de Hong Kong (Chine), leMyanmar, les Philippines, Singapour et la provincechinoise de Taiwan ont continué de signalerd’importantes saisies de kétamine. En 2007, il a étéindiqué que 3 038 personnes avaient abusé de cettesubstance, dont 58,5 % avaient moins de 21 ans. Untrafic et des saisies de kétamine ont également étésignalés au Viet Nam. Des abus de cette substance ontété relevés dans plusieurs provinces du Cambodge en2008.5. Missions578. L’Organe a envoyé une mission au Japon en2008. Il a noté que, dans ce pays, les contrôlesrèglementaires mis en place pour les stupéfiants, lessubstances psychotropes et les précurseurs chimiques,ainsi que la surveillance du mouvement des substancesplacées sous contrôle, étaient conformes auxdispositions du système international de contrôle desdrogues. Le Gouvernement japonais est résolu àassurer le contrôle des drogues, il respecte lesdispositions des trois traités internationaux pertinentset il dispose d’une politique nationale efficace etcomplète dans ce domaine. Les efforts visant àprévenir l’abus de drogues ont été particulièrementconcluants. Selon les études relatives à l’abus dedrogues que le Gouvernement mène régulièrement, lestaux de prévalence de l’abus de substances au Japonsont parmi les plus faibles au monde. L’Organe invitele Gouvernement à communiquer à la communautéinternationale des informations sur les mesures prisespar les entités gouvernementales et nongouvernementales pour prévenir l’abus de droguesainsi que sur l’impact que ces mesures ont eu sur lapopulation japonaise. Il appelle par ailleurs leGouvernement à rester vigilant et à surveiller tous lestypes d’abus de substances, y compris l’abus depréparations pharmaceutiques contenant des substancesplacées sous contrôle, et il lui recommande d’étendre95

E/INCB/2008/1les services de traitement des toxicomanes à toutes lescouches de la population qui pourraient en avoir besoinafin de favoriser la réadaptation et la réinsertionsociale des intéressés.579. La coordination des activités de détection et derépression au Japon semble bonne et la coopérationavec de nombreux autres gouvernements s’exerce demanière satisfaisante. Toutefois, étant donnél’implication croissante de groupes criminelsinternationaux dans le trafic de drogues au Japon, lacollaboration avec les services nationaux de détectionet de répression d’autres pays devrait être renforcée.Asie du Sud1. Principaux faits nouveaux580. On observe une augmentation du trafic destimulants de type amphétamine et de leurs précurseursdans l’ensemble de l’Asie du Sud. Les saisiesimportantes effectuées ces dernières années dans larégion laissent entrevoir l’émergence d’un marchéillicite pour ces substances, mais elles pourraient aussiindiquer que les pays d’Asie du Sud servent de zonesde transit entre les centres de fabrication en Asie del’Est et les marchés illicites de la péninsule arabiquequi connaissent une croissance rapide. On craint quel’offre à grande échelle de ces stimulants ne favoriseune hausse de leur consommation en Asie du Sud.581. Selon des données récentes provenant deplusieurs pays d’Asie du Sud, le taux de transmissiondu VIH reste élevé parmi les usagers de drogues parinjection. En Inde, la prévalence de l’infection à VIHchez ces usagers était estimée en 2006 à 8,71 % enmoyenne nationale contre 0,36 % dans l’ensemble dela population adulte. Au Bangladesh, elle a augmentédans la région de Dhaka, passant de 1,4 % en 2000 à7 % en 2006. Au Népal, elle restait élevée àKatmandou en 2007, atteignant 34 %, après toutefoisavoir reculé par rapport au niveau record de 68 %enregistré en 2003.2. Coopération régionale582. Le Bangladesh, l’Inde et le Népal ont participé àla consultation internationale sur la prévention du VIHparmi les usagers de drogues par injection, qui s’esttenue à Calcutta (Inde), en avril 2007. Cetteconsultation avait pour objectif d’aider les pays àrenforcer leurs efforts pour prévenir la propagation duVIH parmi les toxicomanes. L’accent a été mis sur lanécessité d’une coopération régionale face au caractèreinternational de l’abus et du trafic de drogues. Lesparticipants sont convenus que l’accès aux traitementsde substitution aux opioïdes était insuffisant dans larégion et devait être amélioré.583. Des spécialistes du traitement de la toxicomaniedes six pays d’Asie du Sud ont participé au deuxièmeprogramme régional de formation sur le traitement, laréadaptation et la postcure, organisé à Bangkok, du 10au 21 septembre 2007, par le Programme consultatif enmatière de drogues du Plan de Colombo, avec lesoutien financier du Département d’État américain.Cette formation a permis de donner une vued’ensemble des services de traitement et deréadaptation pour les toxicomanes et des moyens de lesaméliorer. Les participants ont examiné l’état actuel deleurs programmes en la matière pour identifier lesprincipales lacunes et trouver des solutions communes.584. La deuxième réunion des Ministres de l’intérieurdes États membres de l’Association sud-asiatique decoopération régionale (ASACR) s’est tenue àNew Delhi, du 23 au 25 octobre 2007. Les participantsont reconnu qu’il importait d’améliorer l’échanged’informations entre les États membres pour luttercontre la criminalité transnationale. À cette fin, l’Indes’est engagée à dégager des ressources pour renforcerles capacités de l’Unité de surveillance du trafic dedrogues de l’ASACR, située à Sri Lanka. Il a étésuggéré d’établir une force de police régionale mais ladécision à ce sujet a été reportée afin de donner auxÉtats membres plus de temps pour examiner laproposition.585. Des représentants du Bangladesh, du Bhoutan, del’Inde et de Sri Lanka ont participé à la trente etunième Réunion des chefs des services chargés au plannational de la lutte contre le trafic illicite des drogues,Asie et Pacifique, qui s’est tenue à Bangkok ennovembre 2007. Les trois sujets principaux examinésétaient l’action régionale face au trafic d’héroïne,l’aggravation des problèmes liés aux stimulants de typeamphétamine dans la région et la coopérationinterinstitutions pour lutter contre le trafic de drogues.La Réunion a recommandé que les gouvernementsrenforcent les mesures législatives et les procédures decontrôle des précurseurs à l’échelle nationale demanière à combattre le détournement de ces derniers,96

E/INCB/2008/1se dotent des capacités nécessaires pour démanteler entoute sécurité les laboratoires clandestins quifabriquent les stimulants, et encouragent la coopérationet la coordination entre les principaux services chargésde la détection et de la répression des infractions enmatière de drogues.586. La Sous-Commission du trafic illicite desdrogues et des problèmes apparentés pour le Proche etle Moyen-Orient a tenu à Agra (Inde), en décembre2007, sa quarante-deuxième session à laquelle ontparticipé des représentants des 23 États membres, desobservateurs de l’Australie, des États-Unis d’Amériqueet de pays d’Europe, ainsi que des observateursd’INTERPOL et d’organismes des Nations Uniesintéressés. Les participants ont échangé leursexpériences dans le domaine de la collaborationrégionale et sous-régionale en vue de lutter contre leproblème du trafic de drogues, en s’intéressant plusparticulièrement à certains problèmes opérationnels etpratiques rencontrés par les services de détection et derépression des infractions en matière de drogues dansla région. Les gouvernements ont été encouragés àcoopérer au niveau international dans le cadred’opérations de détection et de répression visant àcombattre la production et le trafic de cannabis, àsoutenir les partenariats entre les services de détectionet de répression et les associations locales en vue del’application de stratégies de réduction de la demande,et à faciliter les initiatives internationales de détectionet de répression qui visent à la fois les drogues illiciteset les précurseurs.587. La première Consultation asiatique sur laprévention du VIH lié à l’usage de drogues s’est tenueà Goa (Inde) du 23 au 31 janvier 2008. Y ont étéexaminées principalement diverses questions relativesà l’abus de drogues en Asie, telles que la prévention etle traitement du VIH parmi les toxicomanes s’injectantdes drogues. Réunissant des acteurs clefsd’organisations gouvernementales et nongouvernementales de toute la région, la consultationavait pour objectif de promouvoir la collaboration dansle développement et l’application de stratégies ayantporté leurs fruits dans la région. Les recommandationsformulées à l’issue de la consultation soulignaient que,pour lutter efficacement contre l’épidémie de sida, ilfallait permettre à 60 % au moins des toxicomanesd’accéder aux services de prévention et de traitementdu VIH et augmenter sensiblement la disponibilité destraitements de substitution aux opioïdes. L’attention aégalement été appelée sur la nécessité de mettre aupoint des approches spécifiques afin de remédier auxdifficultés rencontrées par les femmes toxicomanespour obtenir une assistance et sur le taux élevé detransmission de l’hépatite C parmi les personnesabusant de drogues par injection.588. Le sixième Congrès asiatique de la jeunesse,organisé par le Programme consultatif en matière dedrogues du Plan de Colombo en collaboration avec lesautorités indonésiennes compétentes, s’est tenu à Bali(Indonésie) du 4 au 7 août 2008. Cette initiative deréduction de la demande de drogues du Programmeconsultatif devait permettre à de jeunes responsablesen Asie d’échanger leurs expériences en matière deprévention de l’abus de drogues. Ainsi les participantsont pu non seulement s’informer des conséquences del’abus de drogues illicites parmi les jeunes, mais aussiéchanger des informations sur les activités menéespour réduire cet abus dans les écoles et sur les campusuniversitaires et trouver ensemble des stratégiesdécentralisées en vue de s’attaquer aux problèmes dedrogue chez les jeunes.589. Au quinzième sommet de l’ASACR, qui s’esttenu à Colombo en août 2008, les chefs d’État et degouvernement ont reconnu les liens existant entre leterrorisme et le trafic de stupéfiants et de substancespsychotropes et réaffirmé leur engagement à favoriserla coopération régionale pour lutter contre cesproblèmes.3. Législation, politiques et action à l’échellenationale590. Un rapport portant sur l’évaluation rapide de lasituation et des interventions en matière de drogues etde VIH au Bangladesh, au Bhoutan, en Inde, au Népalet à Sri Lanka a été publié par l’ONUDC en juin 2008.L’étude a été réalisée par l’ONUDC, en partenariatavec des organismes gouvernementaux et nongouvernementaux œuvrant dans les domaines de ladrogue et du VIH, au Bangladesh, en Inde, au Népal età Sri Lanka en 2005, et au Bhoutan en 2006. Sonobjectif était d’évaluer l’étendue et la nature de l’usagede drogues dans ces pays, et plus particulièrementl’abus de drogues par injection. Le rapportrecommandait que les programmes futurs ciblentégalement les toxicomanes non injecteurs, pourprévenir le passage à l’abus d’opioïdes par injection. Ilsoulignait également la nécessité d’augmenter l’offre97

E/INCB/2008/1de traitement de la toxicomanie et d’endiguer leproblème croissant de l’abus de produitspharmaceutiques dans la région.591. Le deuxième Programme national de formationsur la prévention du VIH parmi les détenus usagers dedrogues a été organisé par l’ONUDC à Dhaka, enjanvier 2008, en collaboration avec le Département delutte contre la drogue du Ministère de l’intérieur duBangladesh. Il a réuni des fonctionnaires del’administration pénitentiaire, des policiers et desagents des services nationaux de contrôle des drogues,qui ont reçu une formation sur les moyens de réduire lavulnérabilité des détenus au VIH. Une formationsimilaire a été dispensée à Pokhara (Népal) en débutd’année, ainsi qu’aux Maldives en décembre 2007.592. L’Organisme bhoutanais de lutte contre lesstupéfiants a lancé son site Web le 26 juin 2008, où ildonne des informations concernant l’application desdispositions de la loi de 2005 sur les stupéfiants, lessubstances psychotropes et l’abus de drogues. Le sitefournit également des renseignements sur les bureauxet organisations qui viennent en aide aux personnesayant des problèmes de drogue.593. Une campagne nationale de sensibilisation dupublic baptisée “Wake up” a été lancée aux Maldivesen décembre 2007 pour prévenir l’abus de drogues etpromouvoir la guérison des toxicomanes. Elle visaittout particulièrement les jeunes et les parents dans unpays où la majorité des personnes arrêtées dans desaffaires de drogues ont moins de 18 ans. Un site Web,conçu dans le cadre de la campagne, donne desconseils aux parents sur l’abus de drogues et desinformations visant à aider les toxicomanes à sesoigner.594. En mars 2008, le Gouvernement maldivien alancé un plan directeur de lutte contre la drogue surquatre ans, qui porte aussi bien sur la demande quel’offre de drogues. Les stratégies envisagées devraientaccroître la sensibilisation, promouvoir la coordinationentre les principaux acteurs au niveau dugouvernement et de la communauté, et améliorer laqualité des services de traitement et de réadaptationdes toxicomanes. Des ressources supplémentairesseront affectées au renforcement des capacités desservices de détection et de répression pour leurpermettre de contrôler les points d’entrée dans le pays.595. Les agents des services de détection et derépression du sud et de l’ouest de l’Inde ont suivi unprogramme de formation sur les précurseurs organisépar l’ONUDC à Mumbai, en mai 2008. Ce programmeavait pour objectif de les sensibiliser au problème dutrafic de précurseurs en Inde et au régime de contrôlemis en place pour le prévenir. Les participants se sontégalement familiarisés avec les méthodesd’identification des précurseurs et ils ont examiné lestechniques de collecte de renseignements permettant defaciliter les enquêtes.596. Le Parlement indien est actuellement saisi d’unprojet de loi portant modification de la loi de 1940 surles drogues et produits cosmétiques. Ce dernier vise àenrayer la fabrication et le commerce de médicamentsfalsifiés et frelatés en imposant des peinessensiblement plus lourdes pour les infractions en lamatière. Une disposition importante prévue dans leprojet est la création d’une autorité centrale desmédicaments, qui sera seule compétente pour délivrerdes licences de fabrication de médicaments. Encentralisant ainsi l’octroi des licences de fabrication etde vente des médicaments, qui relève actuellement desautorités des différents États, cette nouvelle mesuredevrait réduire les disparités au niveau national dans lasurveillance, la détection et la répression, disparités quipermettent à la contrefaçon de médicaments deprospérer en Inde.597. En novembre 2007, le Parlement sri-lankais aapprouvé la loi n° 54 de 2007 sur les toxicomanes(traitement et réadaptation), qui prévoit la désignationet l’établissement de centres de traitement autoriséssous l’administration du Conseil national de luttecontre les drogues dangereuses. Elle prévoit égalementl’admission obligatoire dans ces centres des personnesreconnues comme étant toxicomanes par un médecind’état. Aux termes de cette nouvelle loi, 12 prisons ontété désignées comme centres de traitement en 2007.598. Sri Lanka a adopté, le 23 janvier 2008, la loi n° 1de 2008 relative à la Convention contre le trafic illicitede stupéfiants et de substances psychotropes, quiincorpore les dispositions de la Convention des NationsUnies contre le trafic illicite de stupéfiants et desubstances psychotropes de 1988 et celles de laConvention sur les stupéfiants et les substancespsychotropes adoptée par l’ASACR en 1990. Lanouvelle loi prévoit une disposition essentielle, àsavoir l’établissement d’une autorité de contrôle des98

E/INCB/2008/1précurseurs chargée d’administrer les substancesplacées sous contrôle international.599. Le 26 juin 2008, Sri Lanka a lancé une campagnede sensibilisation du public baptisée “I decide” quidonne aux jeunes et aux populations locales desinformations sur l’abus de drogues pour leur permettrede faire des choix et de prendre des décisions enconnaissance de cause.4. Culture, production, fabrication, trafic et abusStupéfiants600. Les préparations pharmaceutiques détournées descircuits de fabrication licite en Inde continuent àalimenter l’abus à large échelle de ces produits en Asiedu Sud. Parmi les médicaments introduits illicitementdans les pays voisins figurent la péthidine et les siropsantitussifs à base de codéine. En 2007, les services delutte contre les drogues du Bangladesh ont effectué unesaisie record de plus de 70 000 comprimés contenantde la codéine. Les saisies de sirop antitussif à base decodéine de la marque Phensidyl, passé en contrebandede l’Inde au Bangladesh, ont diminué de 50 % entre2006 et 2007 pour atteindre environ 146 litres.601. Le nombre de patients traités pour toxicomanieau Bangladesh a diminué, tombant de 13 300 en 2004 à4 878 en 2007. Au cours de cette période, la plupartdes intéressés (68-80 %) ont déclaré qu’ilsconsommaient principalement de l’héroïne. Lepourcentage de patients ayant déclaré que le cannabisétait la drogue dont ils faisaient le plus abus a doubléentre 2004 et 2007, passant d’environ 7,5 % à 15 %.Une enquête d’évaluation rapide menée par l’ONUDCen 2005 auprès d’un millier de toxicomanes a faitapparaître les taux suivants de prévalence de l’abus dedrogues au cours de la vie: 96 % pour le cannabis,97 % pour l’héroïne, 13 % pour l’opium et 28 % pourla buprénorphine.602. Chaque année, les services indiens de lutte contreles stupéfiants éradiquent des parcelles sur lesquelles lepavot à opium pousse à l’état sauvage ou est cultivéillicitement. Environ 2 000 kg d’opium provenant depavot cultivé illicitement sont saisis chaque année enmoyenne dans le pays. Toutefois, il est difficile dedéterminer, sur les quantités saisies, la proportiond’opium d’origine indienne car de l’opium continued’être introduit en contrebande depuis les pays voisins,où le pavot est cultivé illégalement. L’Organeencourage le Gouvernement indien à poursuivre sesefforts d’éradication du pavot à opium dans les zonesoù il pousse à l’état sauvage ou est cultivé illicitement.603. L’héroïne et la morphine continuent à compterparmi les substances les plus couramment consomméesen Inde. Des saisies importantes d’héroïne, de l’ordrede 1 000 kg en moyenne chacune, sont effectuéeschaque année dans le pays. Une part non négligeablede cette héroïne provient de pays voisins d’Asie duSud-Ouest où le pavot à opium est cultivé illégalement.Contrairement aux volumes moyens d’héroïne saisis,qui sont restés stables, les quantités totales demorphine saisies ont régulièrement diminué, tombantd’une centaine de kilogrammes en 2003 à 43 kg en2007.604. L’Inde est l’un des plus gros producteurs illicitesde cannabis et de résine de cannabis en Asie du Sud.Bien que les autorités indiennes de détection et derépression éradiquent régulièrement de vastes surfacescultivées illégalement, le cannabis continue à parveniren grandes quantités sur le marché illicite du pays. En2007, quelque 284 hectares de cannabis ont étédétruits. Environ 150 tonnes de cannabis ont été saisiesen moyenne en Inde pendant la période 2004-2006, etquelque 108 tonnes d’herbe de cannabis ont été saisiesen 2007. Depuis 2003, quelque 4 tonnes de résine decannabis ont été saisies chaque année dans le pays.605. Ces dernières années, de petites quantités decocaïne auraient été introduites clandestinement sur leterritoire indien. En 2007, environ 8 kg de cocaïne ontété saisis dans le pays. Selon les enquêtes sur lessaisies effectuées en 2008, la cocaïne entrant en Indeproviendrait encore d’Afrique de l’Ouest.606. Selon l’ONUDC, la prévalence de l’abus decannabis en Inde s’élevait à 3,2 % en 2000 et celle del’abus d’opiacés à 0,4 % en 2001. Des informationsplus récentes sont disponibles dans les rapportsconcernant les caractéristiques de l’abus de drogueschez les patients traités pour ce problème en 2004 et2005; sur environ 82 000 patients, 61 % ont été traitéspour abus d’opiacés, 15,5 % pour abus de cannabis et1,5 % pour abus de cocaïne. L’Organe note toutefois lemanque d’informations à jour sur les caractéristiquesde l’abus de drogues à l’échelle nationale. Il encouragele Gouvernement indien à surveiller régulièrement cescaractéristiques car elles constituent un élémentimportant d’une stratégie efficace de prévention del’abus de drogues.99

E/INCB/2008/1607. Les Maldives ont enregistré ces dernières annéesune hausse de la quantité d’héroïne introduiteclandestinement dans le pays. En 2004 et en 2005, lesservices des douanes ont intercepté des quantitésd’héroïne allant jusqu’à 1 kg par an. En 2006, dessaisies de 8,9 kg ont été signalées; l’héroïne a été pourla plus grande partie saisie à l’aéroport sur despassagers qui dans la plupart des cas venaient d’Inde.En 2007, un passager a été arrêté à l’aéroport, alorsqu’il tentait d’introduire 7,8 kg d’héroïne auxMaldives. Cette hausse de la quantité d’héroïne saisiesignifie peut-être que le pays devient une zone detransit importante pour le trafic de drogues.608. Le Népal est le premier producteur de résine decannabis en Asie du Sud. L’augmentation des saisies derésine de cannabis au Népal explique la multiplicationpar deux, entre 2003 et 2006, des saisies de résineeffectuées en Asie du Sud. La résine est non seulementconsommée localement mais également introduite dansd’autres pays de l’Asie et du Pacifique. Sa principaledestination semble être l’Inde, où entre 40 et 50 % dela résine saisie ces dernières années provenaient duNépal. La Chine, le Japon, la Région administrativespéciale de Hong Kong et la Thaïlande signalent aussirégulièrement des saisies de résine d’origine népalaise.609. Le cannabis reste la drogue la plus consommée àSri Lanka, où il est illicitement cultivé dans lesprovinces orientales et méridionales. En 2003, environ74 tonnes de cannabis ont été saisies dans le pays. Aucours de la période 2004-2007, entre 30 et 40 tonnes decette substance y ont été saisies chaque année.610. L’héroïne reste une drogue largement consomméeà Sri Lanka. Elle n’est pas fabriquée sur place, maisintroduite dans le pays depuis l’Inde et le Pakistan. Depetites quantités d’héroïne sont introduites encontrebande à Sri Lanka par des passagers empruntantdes vols à partir de l’Inde et par des bateaux de pêcheen provenance de la côte occidentale de ce pays. Aucours de la période 2003-2006, entre 50 et 80 kgd’héroïne ont été saisis chaque année à Sri Lanka etenviron 30 kg y ont été saisis en 2007.611. À Sri Lanka, le cannabis est actuellementresponsable de la plupart des arrestations liées auxdrogues. Les arrestations liées au cannabis ontprogressé régulièrement, passant de 9 566 en 2003 à33 848 en 2007, ce qui correspond respectivement à43 % et 78 % du nombre total d’arrestations liées auxdrogues. Le nombre d’incarcérations liées au cannabisa également augmenté, passant d’environ 13 %(1 307 cas) en 2003 à 44 % (5 065 cas) en 2007.612. À Sri Lanka, le nombre d’arrestations liées àl’héroïne a baissé, tombant de 12 488 cas en 2003 à9 428 cas en 2007, ce qui correspond respectivement à57 % et 21 % du nombre total d’arrestations liées auxdrogues. Au cours de la même période, le nombred’incarcérations liées à l’héroïne a également baissé,tombant d’environ 87 % (9 076 cas) en 2003 à 56 %(6 386 cas) en 2007.613. À Sri Lanka, la majeure partie des infractionsliées aux drogues concerne les hommes; en 2006,environ 4 % des 47 298 personnes arrêtées pour ce typed’infractions étaient des femmes. Cet écart s’appliqueégalement à la proportion d’hommes et de femmesincarcérés pour des infractions liées aux stupéfiants; en2006, environ 2 % des 10 384 détenus étaient desfemmes. Par ailleurs, on ne comptait que cinq femmessur les 2 738 patients traités pour toxicomanie en 2006.L’Organe note que la politique nationale de Sri Lankaen matière de prévention et de lutte contre l’abus dedrogues encourage les centres de traitement à veiller àla parité des sexes dans les services proposés auxpatients. Il invite le Gouvernement sri-lankais àaccorder davantage d’attention à cette question comptetenu de l’importante disparité entre les hommes et lesfemmes qui bénéficient d’un traitement pourtoxicomanie.Substances psychotropes614. La méthamphétamine est courammentconsommée en Asie sous la forme d’un compriméappelé “yaba”, contenant un mélange de caféine et30 % environ de la substance. Des saisies toujours plusimportantes de ces comprimés sont signalées auBangladesh, où la drogue gagne du terrain parmi lesjeunes. La plupart des comprimés circulant auBangladesh proviennent de pays voisins, tels que leMyanmar. Selon l’ONUDC, 1,2 million de comprimésde méthamphétamine provenant de ce pays ont étésaisis au Bangladesh en 2007.615. Plusieurs saisies de LSD ont été signalées en Indeen 2007. La plus importante a été effectuée endécembre 2007, à Goa. Il s’agissait d’un touriste arrêtéen possession de quelque 2 000 doses de LSD, pesantenviron 35 g.100

E/INCB/2008/1616. Depuis le début de 2008, plusieurs saisies destimulants de type amphétamine ont été effectuées enInde. En mars, des agents des douanes ont saisi sur unpassager voyageant par avion environ 3 700 comprimésde méthamphétamine, censés provenir du Myanmar, etune saisie d’environ 70 kg d’amphétamine a étésignalée en juin 2008.617. En Inde, ces dernières années, 0,2 % des patientsadmis à suivre un traitement pour toxicomanie l’on étépour abus de stimulants de type amphétamine. Oncraint toutefois que cet abus n’augmente, car il estfacilité par le fait que ces stimulants sont fabriquésillicitement sur place et introduits dans le pays encontrebande depuis l’Asie du Sud-Est. L’Organeencourage les autorités compétentes à élaborer desstratégies pour surveiller la prévalence de l’abus destimulants de type amphétamine dans le pays.618. Malgré les efforts déployés par les services dedétection et de répression pour enrayer la fabricationclandestine de méthaqualone en Inde, des saisies decette substance sont signalées chaque année. Lesquantités totales saisies fluctuent sensiblement d’uneannée à l’autre: environ 4 500 kg en 2006, contre 1 kgen 2007. La saisie de quelque 230 kg de compriméscontenant de la méthaqualone en février 2008 montrebien que la fabrication clandestine de cette drogue estun problème persistant en Inde. L’Afrique du Sud, oùla méthaqualone est largement consommée, reste unedestination fréquente de la méthaqualone indienne(voir par. 333 ci-dessus).619. Selon l’ONUDC, en juin 2008, 1,8 kg de cristauxde méthamphétamine a été saisi à l’aéroportinternational de Katmandou. Ces cristaux étaientdestinés à Doha, ce qui pourrait indiquer que le Népalest utilisé comme nouvelle zone de transit pour lesenvois de stimulants de type amphétamine destinés auxmarchés illicites toujours plus lucratifs des pays de lapéninsule arabique.620. Le Népal reste une destination courantepour les préparations pharmaceutiques exportéesclandestinement d’Inde. En 2007, les services dedétection et de répression ont saisi plusde 90 000 ampoules contenant des substancespsychotropes telles que de la buprénorphine et dudiazépam, soit 10 fois plus qu’en 2005. Une enquêted’évaluation rapide menée au Népal par l’ONUDCen 2005 a fait apparaître que la prévalence de l’abus debuprénorphine au cours de la vie s’élevait à 77 %parmi les 1 322 toxicomanes interrogés.Précurseurs620. En 2008, les autorités bhoutanaises compétentesont réalisé une enquête sur le commerce des substanceschimiques pouvant être utilisées comme précurseursdans la fabrication illicite de stupéfiants et desubstances psychotropes. Seuls six des précurseursplacés sous contrôle international sont importés auBhoutan, et ils sont principalement utilisés dansl’industrie pour des essais en laboratoire ou dans desétablissements d’enseignement à des finspédagogiques. Aucun vol ni détournement de cesprécurseurs n’ont été signalés dans le pays ces troisdernières années.622. Une partie de l’anhydride acétique produitlicitement à l’échelle industrielle en Inde est détournéepour la fabrication illicite de méthaqualone etd’héroïne. Depuis 2005, des saisies d’anhydrideacétique inférieures à 300 kg ont été signalées chaqueannée. En 2008, ces saisies ont sensiblement augmenté,plus de 1 500 kg ayant été saisis au premier semestre.623. Le détournement d’éphédrine, de pseudoéphédrineet de noréphédrine, précurseurs utilisés dans lafabrication de stimulants de type amphétamine, est unesource de préoccupation en Inde, troisième fabricantmondial de ces précurseurs chimiques. En décembre2007, les services de détection et de répression ontdécouvert à Mumbai un laboratoire clandestin qui étaitéquipé pour extraire de la pseudoéphédrine de produitspharmaceutiques licites. Quelque 290 kg depseudoéphédrine ont été saisis au cours de l’opération.La substance devait être exportée en Australie pourservir à la fabrication illicite de stimulants de typeamphétamine. En Inde, quelque 400 kg d’éphédrine ontété saisis en 2007 et environ 820 kg de noréphédrineont été saisis en juin 2008.Asie occidentale1. Principaux faits nouveaux624. Le Gouvernement afghan et la communautéinternationale ont réalisé des progrès dans l’actionengagée pour s’attaquer au problème de la cultureillicite du pavot à opium en Afghanistan. La superficieconsacrée à ce type de culture a diminué, passant d’un101

E/INCB/2008/1niveau record de 193 000 hectares en 2007 à157 000 hectares en 2008. Le nombre de provincesexemptes de pavot à opium a aussi augmenté, passantde 13 à 18. À l’échelle du pays, sept provincesseulement représentent 98 % environ des culturesillicites de pavot à opium.625. Malgré ces succès, l’Afghanistan continue dedétenir, et de loin, la plus grosse part des culturesillicites de pavot à opium à l’échelle mondiale. Lerendement des cultures ayant augmenté, la productionréelle d’opium n’a reculé que de 6 %, passant de8 200 tonnes en 2007 à 7 700 tonnes en 2008.L’insécurité régnant dans le pays a considérablemententravé les efforts déployés par le Gouvernement pouréradiquer les cultures illicites de pavot à opium: autotal, 78 personnes participant à l’éradication y ontperdu la vie en 2008, six fois plus que l’annéeprécédente. L’augmentation de la superficie consacréeà la culture du cannabis dans le pays est égalementpréoccupante. L’Organe exhorte le Gouvernementafghan et la communauté internationale à poursuivreleurs efforts pour appliquer les traités internationauxrelatifs au contrôle des drogues et pour faire en sorteque les cultivateurs qui se livrent à des cultures illicitespuissent accéder à des moyens viables et légitimes degagner leur vie.626. Dans sa résolution 1817 (2008), le Conseil desécurité a engagé tous les États Membres à renforcer lacoopération pour lutter contre la production illicite etle trafic de drogues en Afghanistan, notamment enaméliorant la surveillance du commerce internationaldes précurseurs chimiques, y compris, entre autres,l’anhydride acétique. Dans la même résolution, leConseil, tenant compte du rôle de premier plan jouépar l’Organe pour ce qui était de mettre en œuvre lesconventions des Nations Unies sur le contrôleinternational des drogues et des précurseurs, a invitétous les États Membres, en particulier les paysproducteurs de précurseurs chimiques, l’Afghanistan,les pays voisins et tous les pays situés le long desitinéraires empruntés par les trafiquants à renforcerleur coopération avec l’Organe.627. Les opiacés afghans sont acheminés encontrebande principalement via l’Iran (Républiqueislamique d’), le Pakistan et des pays d’Asie centralevers les pays d’Europe orientale et occidentale (commela Fédération de Russie). Cette contrebande à grandeéchelle d’opiacés afghans a donné lieu à une multitudede maux sociaux, dont la criminalité organisée, lacorruption et une demande illicite élevée d’opiacés.Ainsi, par exemple, la République islamique d’Iranaffiche depuis plusieurs années le taux d’abusd’opiacés le plus élevé au monde. Dans les pays d’Asiecentrale, le taux d’abus d’opiacés continued’augmenter et la transmission du VIH/sida parl’utilisation commune de seringues parmi les usagersde drogues par injection reste un problème. Les paysdu sud du Caucase sont de plus en plus souvent utiliséscomme zones de transbordement des envois de droguesillicites, principalement des opiacés provenantd’Afghanistan, et l’abus de drogues continue deprogresser dans ces pays également.628. Bien que le trafic traversant l’Asie centrale resteimportant, la coopération entre les gouvernements despays de la région s’améliore, le nombre d’actionsconjointes contre le trafic menées sur une basebilatérale et multilatérale allant croissant. L’Organeexhorte les gouvernements des pays d’Asie centrale àrenforcer leurs efforts de coordination, notamment parla création d’un centre régional d’information et decoordination pour l’Asie centrale.629. La culture illicite de pavot à opium est égalementpratiquée au Pakistan, mais à une bien moindre échellequ’en Afghanistan (1 698 hectares de pavot à opiumont été cultivés illicitement au Pakistan en 2007). Lecannabis est cultivé illicitement dans de nombreuxpays d’Asie centrale. Par ailleurs, il semblerait que lescultures illicites de cannabis et de pavot à opiumprogressent dans la vallée de la Bekaa au Liban.630. De nouveaux itinéraires, passant par des pays dela péninsule arabique, semblent avoir été ouverts pourle trafic de drogues, notamment l’héroïne provenant depays extérieurs à l’Asie occidentale. Ils traversent despays comme les Émirats arabes unis, la Jordanie et laRépublique arabe syrienne.631. De nombreux pays de la péninsule arabiquecontinuent par ailleurs à devoir faire face au problèmeque posent de longue date les stimulants de typeamphétamine, en particulier les comprimés contrefaitsde Captagon. Le Captagon était à l’origine le nomcommercial d’une préparation pharmaceutiquecontenant de la fénétylline, mais les trafiquantsproduisent désormais des comprimés contrefaits deCaptagon qui contiennent principalement desamphétamines. À l’échelle mondiale, les saisies lesplus importantes de Captagon contrefait ont lieu en102

E/INCB/2008/1Arabie saoudite, où 12,3 tonnes de cette substance ontété saisies en 2006, soit 28 % des saisies mondialesd’amphétamine. Les saisies de Captagon ont encoreaugmenté en 2007 en Arabie saoudite, pour s’établir à13,9 tonnes.632. Le trafic de cocaïne se répand en Asieoccidentale. Les saisies de cocaïne en Turquie sontpassées de 3 kg seulement en 2003, à 40 kg en 2005,77 kg en 2006 et 114 kg en 2007. En mai 2008, lapolice israélienne a mené une opération de grandeenvergure au cours de laquelle elle a saisi 104 kg decocaïne dans le port de Haïfa, au nord du pays.2. Coopération régionale633. La communauté internationale a continuéd’apporter un appui et une assistance à l’Afghanistandans le cadre du Pacte pour l’Afghanistan 82 , adopté àl’issue de la Conférence de Londres sur l’Afghanistan,qui s’est tenue du 29 janvier au 1 er février 2006. LePacte pour l’Afghanistan témoigne de l’engagementcommun du Gouvernement afghan et de lacommunauté internationale de créer un Étatdémocratique qui offre à tous les citoyens la sécurité etdes moyens de subsistance. Prenant en compte lecaractère interdépendant des problèmes de sécurité, degouvernance et de développement, il définit troispiliers d’activité interdépendants: sécurité;gouvernance, état de droit et droits de l’homme; etdéveloppement économique. Il établit des critères quiseront utilisés pour mesurer les progrès réalisés sur unepériode de cinq ans. Ces critères sont conformes auxobjectifs du Millénaire pour le développement etportent sur tous les aspects du processus d’édificationde l’État.634. La Stratégie de développement national del’Afghanistan a été finalisée en avril 2008 et présentéeaux institutions financières internationales sous laforme d’un document de stratégie pour la réduction dela pauvreté. Elle porte sur la période quinquennale2008-2013 et énonce les mesures que doit prendre leGouvernement afghan pour satisfaire aux critères duPacte pour l’Afghanistan concernant la sécurité, lagouvernance et le développement. Elle a été présentée__________________82 “Lettre datée du 9 février 2006, adressée au Président duConseil de sécurité par le Représentant permanent del’Afghanistan auprès de l’Organisation des NationsUnies” (S/2006/90), annexe.à la Conférence internationale de soutien àl’Afghanistan, tenue à Paris le 12 juin 2008. L’Organeespère que la communauté internationale fournira auGouvernement afghan l’assistance dont il a besoin, surle plan financier notamment, mais pas uniquement,pour mener à bien les tâches requises.635. Les gouvernements des pays d’Asie occidentaleont continué à prendre des mesures conjointes pourlutter contre le trafic de drogues. En particulier, lesgouvernements des pays d’Asie centrale ont renforcéleur coopération bilatérale et multilatérale dans desdomaines comme la réduction de l’offre et de lademande de drogues illicites, le contrôle desprécurseurs, la gestion des frontières, les actions deprévention de la propagation du VIH/sida et la luttecontre la criminalité organisée et le blanchimentd’argent. Ils ont également participé à divers projetsrégionaux et à des opérations internationales sous lesauspices de l’Organe, de l’ONUDC, de la Communautéd’États indépendants (CEI), de l’Organisation du Traitéde sécurité collective (OTSC), de l’Organisation deShanghai pour la coopération et du Mémorandumd’accord de 1996 sur la coopération sous-régionale enmatière de contrôle des drogues.636. Les actions conjointes de lutte contre le trafic dedrogues ont eu des résultats. Par exemple, enfévrier 2008, les services de détection et de répressionde la Fédération de Russie, du Kazakhstan, del’Ouzbékistan et du Tadjikistan ont lancé l’opération“Typhoon”, opération conjointe ciblant l’un desprincipaux groupes de trafiquants de drogues en Asiecentrale. À la suite de cette opération, plus de 800 kgd’héroïne et 100 kg d’opium ont été saisis enFédération de Russie, au Kazakhstan et enOuzbékistan. L’opération “Canal”, menée sous lesauspices de l’Organisation du Traité de sécuritécollective depuis 2003, a également contribué auxefforts de lutte contre le trafic de drogues en Asieoccidentale. Elle a abouti à la saisie de plus de28 tonnes de drogues et de précurseurs en 2007. LesÉtats membres de l’Organisation du Traité de sécuritécollective font participer activement à leurs opérationsdes États extérieurs à la région, ainsi que desorganisations internationales, ce qui rend leur actionplus efficace. En 2007, l’organisme tadjik de luttecontre la drogue a mené 53 opérations conjointes avecles services de détection et de répression d’autres Étatsmembres de la CEI, ainsi que de l’Afghanistan et de laChine. Ces opérations ont permis de saisir une quantité103

E/INCB/2008/1importante de drogues. (Pour des renseignementscomplémentaires sur les opérations conjointes lancéesdans le cadre de l’Organisation du Traité de sécuritécollective, voir par. 694 ci-dessous.)637. En dépit de ce qui précède, il faut accentuer lacollaboration pour obtenir des résultats durables.L’Organe est préoccupé par le manque de coordinationet d’échange d’informations entre les divers acteurs,qui explique, du moins en partie, l’incapacité duGouvernement afghan d’atteindre les objectifs fixés enmatière d’éradication des cultures illicites de pavot àopium. Il prie le Gouvernement afghan et lacommunauté internationale d’accorder la plus hautepriorité à la coopération et à l’échange d’informations,pour garantir l’efficacité des efforts conjoints de luttecontre le trafic de drogues en Afghanistan.638. Les gouvernements de l’Azerbaïdjan, de laFédération de Russie, du Kazakhstan, du Kirghizistan,de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistanont continué à coopérer pour créer un centre régionald’information et de coordination pour l’Asie centrale.La phase pilote de ce projet a déjà permis d’améliorerla coordination, d’échanger de l’information et derenforcer les capacités des gouvernements des paysd’Asie centrale. L’Organe exhorte les gouvernementsconcernés, en particulier le Gouvernement de laFédération de Russie, seul État à n’avoir pas encoreratifié l’accord portant création du centre, à établir cedernier dès que possible. Il les exhorte également àenvisager d’associer à cette initiative d’autres paysd’Asie occidentale et du Caucase, afin d’accroître lacoopération pour collecter, échanger et analyser desrenseignements sur la drogue, organiser et coordonnerdes opérations internationales conjointes, et d’exécuterd’autres actions de réduction de l’offre et de formationen Asie occidentale.639. Les pays d’Asie occidentale préparent la création,à Doha, d’un centre de renseignement en matièrecriminelle pour les États du Golfe. Ce centre jouera unrôle central dans la coopération internationale enmatière de collecte d’informations et derenseignements pour la lutte contre le trafic de drogueset d’autres formes graves de criminalité organisée.640. Lors d’une réunion tenue à Dubaï (Émirats arabesunis), les chefs des organismes de lutte contre ladrogue de pays de la péninsule arabique, ainsi que leConseil des ministres de l’intérieur des pays arabes,ont adopté la Déclaration de Dubaï sur la planificationstratégique et la coopération dans le domaine ducontrôle des drogues, dans laquelle ils se sont engagésà améliorer la coopération et la coordination desactivités relatives aux drogues.641. Les représentants de l’Afghanistan, de l’Iran(République islamique d’) et du Pakistan, les trois paysassociés à l’Initiative triangulaire visant à stopper letrafic de drogues en provenance d’Afghanistan, onttenu une réunion à Téhéran en mai 2008. Lesparticipants ont convenu de nommer des agents deliaison aux frontières de leurs pays respectifs pourorganiser des opérations conjointes ciblant lacontrebande d’opiacés à partir de l’Afghanistan. Ils onten outre annoncé qu’ils renforceraient les mesures delutte contre le commerce illicite de précurseurschimiques utilisés en Afghanistan et dans les paysvoisins pour les opérations de transformation del’opium.642. Les représentants des pays de la péninsulearabique et d’autres sous-régions ont adopté le pland’action de Tripoli sur la lutte contre le trafic dedrogues et le blanchiment d’argent par voie postale. Ceplan prévoit des mesures conjointes pour lutter contrele trafic de drogues et le blanchiment d’argent par voiepostale internationale, mettre en valeur les ressourceshumaines, mener des actions de sensibilisation etrenforcer le rôle des médias dans la lutte contre letrafic de drogues par voie postale. La coopérationd’entreprises privées d’acheminement du courrier a étésollicitée pour mettre en œuvre ce plan d’action. (Pourdes renseignements complémentaires, voir par. 303ci-dessus.)643. Avec l’aide de l’ONUDC, des fonctionnairesisraéliens et palestiniens ont continué de chercher lesmoyens d’améliorer la coopération. Une série deréunions de responsables politiques a été organiséepour étudier les possibilités de coopération dans lecadre d’une déclaration adoptée au Caire à la fin de2005. Des dispositions et des procédures ont étédéfinies pour renforcer les actions communes à l’appuides enquêtes sur le trafic de drogues et les infractionsliées aux drogues.644. Une réunion accueillie par le Gouvernementturkmène a permis de lancer deux projetsinternationaux contre le trafic de drogues en Asieoccidentale: l’initiative de la mer Caspienne etl’initiative de la frontière turkmène. L’initiative de lamer Caspienne en particulier vise à faire participer104

E/INCB/2008/1toute l’Asie occidentale aux efforts déployés auxniveaux régional et international pour renforcer lescapacités analytiques ainsi que l’échange derenseignements et d’informations dans la région.645. Bien qu’en Asie occidentale la coopérationrégionale soit essentiellement axée sur la détection etla répression, quelques initiatives importantes ont étéprises en vue de réduire la demande. Les autoritéschargées de la réduction de la demande dans plusieurspays d’Asie occidentale ont rencontré leurshomologues des pays européens, de l’OMS et duGroupe Pompidou du Conseil de l’Europe, afin detisser un réseau reliant les institutions nationales auxcentres européens appliquant des pratiques optimalesen matière de réduction de la demande. Dans cecontexte, des plans de travail nationaux sur laprévention de l’abus de drogues, le traitement et laréadaptation des toxicomanes, les traitements desubstitution en cas de dépendance aux opiacés, ainsique l’abus de drogues et la prévention du VIH et lessoins en milieu carcéral sont en cours d’élaboration.L’ONUDC a organisé des voyages d’étude pour que lesautorités de l’Afghanistan, de la Jordanie, du Liban etde plusieurs pays extérieurs à l’Asie occidentalepuissent voir comment fonctionnent les services deprévention dans les prisons de la République islamiqued’Iran.3. Législation, politique et action à l’échellenationale646. En mars 2008, le Parlement afghan a confirmé lanomination d’un nouveau Ministre chargé de la luttecontre les stupéfiants, poste qui avait été vacantpendant sept mois.647. Les activités d’éradication des cultures illicites depavot à opium en Afghanistan ont continué de seheurter à des difficultés. Le principal obstacle a étél’insécurité. Au total, 78 personnes qui participaientaux activités d’éradication ont perdu la vie pendant lacampagne 2007/2008, soit six fois plus que le chiffreprécédent. La campagne 2007/2008 s’est égalementdistinguée des précédentes par le fait que la violence aété causée essentiellement par les insurgés et non parles cultivateurs. En 2008, plus de 98 % des culturesillicites de pavot à opium (contre 85 % en 2007) setrouvaient dans les provinces du sud et du sud-ouest dupays, sur lesquelles le Gouvernement n’exerce qu’uncontrôle limité. Toutefois, même si la culture estlimitée à un petit nombre de zones, le commerce illicitede drogues constitue un fléau national en Afghanistan.648. La corruption reste un problème grave enAfghanistan et fait obstacle aux activités d’éradicationdes cultures illicites de pavot à opium et aux mesuresde lutte contre le commerce illicite de drogues engénéral. Le Gouvernement afghan a ratifié laConvention des Nations Unies contre la corruption 83 endécembre 2007 et un nouvel organisme public a étécréé pour superviser la mise en œuvre de la stratégienationale de lutte contre la corruption. Certainsmembres des forces de sécurité afghanes ont été arrêtéspour infractions liées à la drogue. Il semblerait quemême de hauts fonctionnaires pourraient êtreimpliqués dans le trafic de drogues. L’Organe demandeinstamment au Gouvernement afghan de prendre desmesures rigoureuses pour combattre la corruption.649. L’Organe note avec préoccupation que lefonctionnement du Fonds d’affectation spéciale pour lalutte contre les stupéfiants, qui a été créé pour exécuterdes programmes de développement dans les provincesexemptes de pavot à opium ou dans les provinces où laculture de pavot à opium a diminué, demeureproblématique. L’Organe demande instamment auGouvernement afghan et à la communautéinternationale de veiller à mettre en place unmécanisme de financement adéquat pour offrir auxcultivateurs des moyens de subsistance alternatifslégitimes.650. Le Gouvernement afghan a intensifié ses activitésde prévention de l’abus de drogues et mis en œuvre desprogrammes de sensibilisation, de motivation et deconsultation pour les toxicomanes et le grand public.Des messages de sensibilisation à l’abus de droguesont également été incorporés dans les programmesd’enseignement, y compris dans les écoles primaires.Avec l’appui d’un certain nombre d’organisations, leGouvernement afghan a créé 40 centres spécialisés detraitement et de réadaptation des toxicomanes dans septprovinces. Malgré ces mesures, des drogues illicitessont toujours largement disponibles et, enconséquence, l’abus de drogues progresse. Des effortsplus soutenus et mieux ciblés sont nécessaires.651. La République islamique d’Iran, qui est l’un despays les plus touchés par le commerce illicite d’opiacésafghans, a augmenté de presque 50 % les ressources__________________83 Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 2349, n° 42146.105

E/INCB/2008/1destinées à la lutte contre la drogue pour l’année qui adébuté le 20 mars 2008 et, en particulier, a presquequadruplé les ressources affectées à la prévention del’abus de drogues. Le Gouvernement a en outrecontinué de renforcer le contrôle aux frontières, grâce àune augmentation des effectifs et à la mise en place debarrières et d’autres dispositifs.652. Les gouvernements des autres pays d’Asieoccidentale ont également continué de renforcer leursmesures de lutte contre la drogue en adoptant des plansd’ensemble et une nouvelle législation. LeGouvernement pakistanais a ainsi adopté un nouveauplan directeur de lutte contre la drogue pour la période2008-2012. Ce plan tient compte des conséquences del’aggravation de la situation en matière de drogues enAfghanistan et prévoit des mesures visant à réduire à lafois l’offre et la demande. Le 30 novembre 2007, leGouvernement tadjik a approuvé un nouveauprogramme national contre l’abus et le trafic dedrogues pour la période 2008-2012. Ce programme aété élaboré par l’organisme tadjik de lutte contre ladrogue, avec les autres ministères et servicesconcernés. Le 30 avril 2008, l’Assemblée nationalearménienne a adopté des amendements à la loi de laRépublique d’Arménie sur les stupéfiants et lessubstances psychotropes, pour améliorer la capacitédes services de détection et de répression à luttercontre le trafic de drogues.653. La Jordanie a créé une équipe spéciale sur laréduction de la demande qui associe tous les servicesministériels participant à la formulation de la stratégiede traitement et de réadaptation de proximité dans lepays. L’équipe a obtenu un engagement sur le longterme en vue de l’élaboration et de l’exécution d’unestratégie et d’un plan d’action nationaux visant àaméliorer les capacités des services de proximité, etelle a contribué à l’établissement d’un mécanismedestiné à assurer la participation pleine et entière desautorités et secteurs concernés et une étroitecoordination de leurs activités. Par ailleurs, leGouvernement libanais a mis en place une équipespéciale nationale chargée du traitement de substitutionaux opiacés.654. En janvier 2008, le Gouvernement turkmène acréé un service spécialisé, le Service national de luttecontre la drogue. L’Organe se félicite de cetteinitiative, qui donne suite à l’une des recommandationsqu’il avait formulées à l’issue de sa dernière missiondans le pays en 2003. Le Turkménistan s’est parailleurs vu octroyer à la fin de 2007 le statutd’observateur (première étape avant de devenirmembre à part entière) auprès du Groupe d’actionfinancière sur le blanchiment des capitaux.4. Culture, production, fabrication, trafic et abusStupéfiants655. Il existe un lien étroit entre les conditions desécurité et la culture illicite du pavot à opium. Dans lesprovinces méridionales de l’Afghanistan, la sécurité estprécaire et l’écrasante majorité des villages pratiquentla culture illicite du pavot à opium. Selon l’ONUDC, lerevenu annuel du groupe d’opposition armé des Talibans’établirait entre 200 et 300 millions de dollars desÉtats-Unis. Cette somme provient d’une taxe prélevéesur le commerce illicite de drogues.656. Les activités d’éradication en Afghanistan sontfreinées par l’insécurité, une mauvaise planification etl’insuffisance du matériel et du financement.Alors qu’au départ l’objectif était d’éradiquer50 000 hectares de cultures, le Gouvernement n’a pasété en mesure d’assurer la sécurité des activitésd’éradication et seuls 5 480 hectares ont finalement étééradiqués. L’insécurité et l’insuffisance des capacitésdemeurent les principales raisons de cet échec. Celaétant, le nombre de provinces exemptes de pavot àopium a augmenté et les activités d’éradication menéesvolontairement par les cultivateurs ont été plusnombreuses.657. L’insécurité, l’inefficacité du contrôle exercé parl’État et la difficulté à assurer l’état de droit sontd’importants facteurs qui contribuent à favoriser lescultures illicites dans d’autres pays d’Asie occidentaleégalement. Ainsi, du pavot à opium est cultivéillicitement au Pakistan, à une échelle certes bien pluspetite qu’en Afghanistan, mais la pratique semble sedévelopper. Le Gouvernement pakistanais restedéterminé à éradiquer les cultures illicites de pavot àopium; toutefois celles-ci se trouvent essentiellementdans des régions isolées à proximité de la frontièreafghane, où l’application des lois nationales poseproblème.658. La culture illicite du pavot à opium progresseégalement dans la vallée de la Bekaa au Liban, enpartie du moins en raison de l’instabilité de la situation106

E/INCB/2008/1politique et de l’insécurité qui règnent dans le paysdepuis plusieurs années.659. L’Organe s’inquiète également de la situationcréée en Asie occidentale par les cultures illicites decannabis. L’Afghanistan devient un importantproducteur de cannabis illicite; selon l’ONUDC,70 000 hectares de cannabis ont été cultivésillicitement dans le pays en 2007, contre 50 000 en2006 et 30 000 en 2005. En juin 2008, les autoritésafghanes ont saisi 260 tonnes de résine de cannabis,lors d’une seule opération, dans la provinceméridionale de Kandahar. Le cannabis est égalementcultivé illicitement dans le territoire palestinien occupéet sa culture semble se développer dans la vallée de laBekaa. Le cannabis est également cultivé illicitementdans de nombreux pays d’Asie centrale et cette cultureillicite progresse dans certains pays.660. Des saisies importantes de drogues ont étéréalisées en Afghanistan, même si elles sont limitéespar rapport à la quantité de drogues illicites produitedans le pays. Dans la province orientale de Nangarhar,par exemple, la police a confisqué 4,7 tonnes d’opiumlors d’une seule opération effectuée en avril 2008, et leservice afghan chargé de la sécurité aux frontières asaisi 28 tonnes d’opium dans le pays en 2007.Des problèmes importants subsistent cependant,principalement en raison de la situation en matière desécurité. Il n’y a par exemple pas de police desfrontières dans la province de Helmand, où se faitl’essentiel du trafic de drogues.661. Les quantités d’opiacés saisies en Républiqueislamique d’Iran sont supérieures aux quantités saisiesdans n’importe quel autre pays du monde. Le volumetotal des drogues saisies dans ce pays en 2007 aaugmenté de 51 % par rapport à 2006. D’après lesestimations du Gouvernement, 2 500 tonnes d’opiacésentrent chaque année sur le territoire de la Républiqueislamique d’Iran depuis l’Afghanistan, dont 700 tonnessont destinées à la consommation locale. La policeparvient à saisir environ 500 tonnes d’opiacés chaqueannée.662. Le Pakistan reste une importante zone de transitpour les opiacés afghans, mais dans une moindremesure que la République islamique d’Iran. Selon lesautorités pakistanaises, 35 % des opiacés d’origineafghane sont acheminés clandestinement par le pays.En février 2008, les autorités pakistanaises ont, en uneseule opération, saisi 4 tonnes d’opium dans une régionmontagneuse du district de Pishin.663. Les données officielles relatives aux saisies dedrogues dans les pays d’Asie centrale pour la période2000-2007 montrent que les saisies record d’héroïneenregistrées pendant la période 2003-2004 ont étésuivies d’une tendance à la baisse relativementprogressive. En 2007, 3,3 tonnes d’héroïne au total ontété saisies dans ces pays. Cette quantité représente 3 %seulement des 128 tonnes qui auraient été acheminéesclandestinement à travers l’Asie centrale. Les saisiesd’héroïne ont accusé un léger recul en 2007 (de 9 %par rapport à 2006), en particulier en raison de ladiminution sensible des saisies d’héroïne auTadjikistan et en Ouzbékistan. En revanche, elles ontfortement augmenté au Kirghizistan et auTurkménistan (de plus de 60 % par rapport à 2006 danschaque pays). Les saisies d’opium ont sensiblementaugmenté dans de nombreux pays d’Asie centrale, cequi pourrait indiquer une évolution des modalités dutrafic.664. La Jordanie et République arabe syrienne sontutilisées comme points de transbordement pour le traficde drogues. Le cannabis du Liban est introduit encontrebande en Jordanie, l’héroïne est acheminéeclandestinement vers Israël par la République arabesyrienne, puis par la Jordanie et des comprimés deCaptagon contrefaits sont passés en fraude dans despays de la péninsule arabique via la République arabesyrienne et la Jordanie.665. Il apparaît que les organisations de trafiquantsexploitent de plus en plus la situation qui règne en Iraqpour introduire clandestinement des drogues,principalement dans certains pays de la péninsulearabique. Les saisies opérées par les autoritésjordaniennes à proximité de la frontière iraquienne ontfortement augmenté ces dernières années et on aenregistré une hausse globale de la contrebande derésine de cannabis et d’opiacés afghans vers laJordanie, via l’Iraq. Le trafic de drogues sembleégalement en progression au Yémen, comme l’attestele nombre croissant d’infractions liées aux drogues etde saisies de drogues illicites, essentiellement lecannabis. En août 2008, les autorités des Émiratsarabes unis ont saisi 202 kg d’héroïne, ce qui areprésenté la saisie la plus importante de cettesubstance sur la péninsule arabique.107

E/INCB/2008/1666. Le cannabis reste la drogue la plus souvent saisieen Asie centrale, en partie parce que la plante decannabis pousse à 1’état sauvage au Kazakhstan et auKirghizistan. Au total, 870 kg de résine de cannabis ontété saisis dans la région en 2007, soit 30 % de plusqu’en 2006. La plus grande quantité de cannabis saisi aété signalée au Kazakhstan et au Kirghizistan.667. Selon certaines informations, la cocaïne n’estplus consommée qu’en petites quantités, mais il sepourrait que son abus progresse dans les couchesfavorisées de la société de certains pays d’Asieoccidentale. En 2007, les services de détection et derépression kazakhs ont saisi un envoi de 555 grammes,soit la plus importante saisie de cocaïne jamaiseffectuée dans ce pays. La drogue avait apparemmentété introduite dans le pays depuis l’Allemagne, laLituanie et la Pologne via la Fédération de Russie.668. La grande quantité d’opiacés afghans disponibledans les pays d’Asie occidentale continue d’entraînerde gros problèmes de toxicomanie dans ces pays. Untaux élevé d’abus de drogues a été constaté dans laquasi-totalité des pays voisins de l’Afghanistan; laRépublique islamique d’Iran, par exemple, a le tauxd’abus d’opiacés le plus élevé du monde; dans ce pays,la prévalence de la consommation d’opiacés serait de2,8 %. Le Pakistan a également un taux élevé d’abusd’opiacés: la prévalence de l’abus dans la populationen général serait de 0,7 %. De nombreux pays d’Asiecentrale ont des taux d’abus de drogues analogues, leprincipal problème étant désormais l’abus d’héroïne etnon plus de cannabis et d’opium.669. En dépit des taux élevés d’abus de drogues, lesgouvernements de nombreux pays d’Asie occidentale,dont la République islamique d’Iran, n’ont pas collectéde données détaillées sur l’abus de drogues depuisplusieurs années. L’Organe encourage cesgouvernements à réaliser des enquêtes approfondies etdes évaluations rapides de la situation en matièred’abus de drogues dans leurs pays et à prendre desmesures efficaces dans le domaine de la réduction de lademande.670. Une telle enquête a été récemment réalisée par leGouvernement pakistanais avec l’aide de l’ONUDC,sur la base de données recueillies en 2006. Il en ressortque quelque 640 000 personnes consommentrégulièrement des opioïdes au Pakistan (0,7 % de lapopulation adulte), dont 484 000 (soit 77 %)consommeraient de l’héroïne. L’Organe note que,malgré l’augmentation massive de la production illicited’opium et de la fabrication d’héroïne dansl’Afghanistan voisin, le taux d’héroïnomanie estdemeuré relativement stable au Pakistan. Cettetendance est toutefois contrebalancée par laprogression de l’abus d’opium et d’autres opiacés dansle pays. La hausse de l’abus de drogues par injectionest également préoccupante; il y aurait actuellement130 000 usagers de drogues par injection au Pakistan,soit deux fois plus qu’en 2000. Une épidémie de VIHsévit parmi les usagers de drogues par injection, le tauxd’infection étant de 11 % approximativement.671. L’abus de drogues continue de progresser dansles pays d’Asie centrale. La prévalence de l’abusd’opioïdes serait de 1,03 % au Kazakhstan, 0,8 % auKirghizistan, 0,6 % au Tadjikistan et 0,8 % enOuzbékistan. L’héroïne est la drogue la plusconsommée, l’injection étant la méthode la plusutilisée. Le VIH/sida se propage plus rapidement enAsie centrale que partout ailleurs dans le monde,l’utilisation commune de seringues chez les usagers dedrogues par injection étant l’un des principaux vecteursde propagation du virus. Plus de 60 % de l’ensembledes cas de VIH recensés en Asie centrale sont dus àl’abus de drogues par injection. La prévalence du VIHparmi les usagers de drogues par injection est la plusélevée en Ouzbékistan (21 %), suivi du Tadjikistan(14,7 %), du Kazakhstan (9,2 %), et du Kirghizistan(8 %).672. L’abus de drogues reste un grave sujet depréoccupation en Afghanistan, où 1,4 % de lapopulation consommerait des opioïdes. Dans au moinsquelques-unes des provinces du pays, y compris danscelles où le pavot à opium n’est plus cultivé, le nombrede toxicomanes continue d’augmenter. L’abus dedrogues par injection progresse. La prévalence duVIH parmi les usagers de drogues par injection seraitde 3 %. L’absence de débouchés économiques,l’instabilité de la situation sur le plan de la sécurité etle nombre élevé de réfugiés rapatriés devenustoxicomanes dans leur pays d’accueil (Iran(République islamique d’) et Pakistan), sont desfacteurs qui ont contribué à aggraver la situation enmatière d’abus de drogues en Afghanistan.673. Le Gouvernement des Émirats arabes unisredouble actuellement d’efforts dans le domaine dutraitement, en créant de nouveaux centres de traitementet de réadaptation des toxicomanes, en particulier dans108

E/INCB/2008/1la capitale. Très peu de données sont disponiblesconcernant l’abus de drogues dans le pays, mais l’abusde cannabis et d’héroïne est un problème persistant.L’Organe invite le Gouvernement des Émirats arabesunis à recueillir des données pertinentes sur lestendances de l’abus de drogues et à renforcer sesefforts de réduction de la demande.Substances psychotropes674. Des quantités importantes de compriméscontrefaits de Captagon continuent d’être introduitesen contrebande dans les pays de la péninsule arabique.Les saisies d’amphétamines ont considérablementaugmenté en Arabie saoudite, ce qui donne à penserqu’il y aurait une forte progression de l’abus destimulants illicites dans le pays. En 2006, dernièreannée pour laquelle des données mondialessont disponibles, 28 % des saisies mondialesd’amphétamines (tous les stimulants de typeamphétamine, excepté la MDMA) ont été effectuées enArabie saoudite.675. La quantité de comprimés de Captagon saisis enTurquie a sensiblement augmenté en 2007 par rapport à2005 et 2006. Les saisies de MDMA ont diminué deprès de 30 % par rapport à 2006, mais leGouvernement turc a indiqué que cette diminution étaitpeut-être due en partie à l’insuffisance de lacoopération avec les services de détection et derépression des pays voisins. Il a signalé une légèrediminution de l’abus de MDMA dans le pays,essentiellement à la suite de campagnes d’informationvisant à sensibiliser le public aux effets nocifs desdrogues.676. L’Organe est préoccupé par les informationsconcernant d’éventuelles opérations de contrebande deméthamphétamine à travers l’Afghanistan. À en jugerpar des informations ponctuelles communiquées cesdernières années, les services de détection et derépression iraniens auraient saisi de laméthamphétamine à proximité de la frontière avecl’Afghanistan. Bien que l’on ne dispose pas encored’éléments donnant à penser que de laméthamphétamine est fabriquée illicitement enAfghanistan, l’Organe demande instamment auGouvernement afghan et à la communautéinternationale d’être attentifs à tout signe quiindiquerait ce genre d’activité.Précurseurs677. Il semble que la fabrication illicite d’héroïne acontinué de progresser en Afghanistan. Les autorités dela province orientale de Nangarhar ont annoncé enmars 2008 que, en plus de la saisie de 40 tonnesd’opiacés opérée en 2007, elles avaient égalementdémantelé 11 laboratoires de fabrication illicited’héroïne. L’Organe se dit gravement préoccupé par lefait que, bien que l’augmentation récente du prix del’anhydride acétique sur les marchés illicites enAfghanistan laisse supposer que les initiativesinternationales de contrôle des précurseurs ont unecertaine efficacité, des précurseurs chimiques, et del’anhydride acétique en particulier, sont toujoursdisponibles pour la fabrication illicite d’héroïne dans lepays. Il rappelle à tous les gouvernements quel’Afghanistan n’a aucun besoin légitime d’anhydrideacétique. (Pour des renseignements complémentairessur les efforts internationaux concernant ce domaine,voir le Rapport 2008 sur l’application de l’article 12 dela Convention de 1988 de l’Organe)678. Plus de 3 tonnes de précurseurs chimiquesutilisés dans la fabrication d’héroïne, dont le chlorured’ammonium et le carbonate de sodium, ont été saisiesen Afghanistan en juillet 2008, dans le cadre del’Opération Communication, compétence et formationrégionales en matière de lutte contre le trafic appuyéepar l’ONUDC. Cinq tonnes d’anhydride acétique ontpar ailleurs été saisies par le Gouvernement de laRépublique islamique d’Iran dans la ville de BandarAbbas, dans le sud du pays. En mars 2008, les autoritéspakistanaises ont saisi 14 tonnes d’anhydride acétiquedans le port de Karachi; cette opération a égalementpermis de saisir en République de Corée 12 autrestonnes de ce produit près de Séoul en juillet 2008. Enmars 2008, plus de 5 000 kg d’acide sulfurique ont étésaisis au Kirghizistan.679. La quantité totale d’anhydride acétique saisie enTurquie a presque triplé en 2007 par rapport à 2006.Cette augmentation était toutefois principalement due àune seule opération de livraison surveillée qui a aboutià la saisie de plus de 12 000 litres d’anhydrideacétique.680. L’Organe est préoccupé par le fait que plusieurspays d’Asie occidentale, en particulier les Émiratsarabes unis, sont devenus des zones de transbordementpour d’importants envois d’éphédrine destinés àl’Afrique et à l’Amérique du Nord. Il demande109

E/INCB/2008/1instamment au Gouvernement des Émirats arabes unisde poursuivre ses efforts pour résoudre ce problème, enparticulier en renforçant les contrôles dans les zonesfranches du pays.5. Missions681. En janvier 2008, l’Organe a envoyé aux Émiratsarabes unis une mission chargée d’examiner avec leGouvernement l’application des traités internationauxrelatifs aux drogues.682. L’Organe constate avec inquiétude que lecontrôle des drogues et des précurseurs chimiques setrouvant dans les zones franches des Émirats arabesunis continue d’être difficile. Il rappelle auGouvernement ses obligations au titre des conventionsinternationales relatives au contrôle des drogues et luidemande instamment de prendre des mesures pourlutter contre le trafic de drogues dans toutes les zonessous sa juridiction, y compris les zones franches. LesÉmirats arabes unis étant un grand pays exportateur etune zone de transbordement importante pour lesproduits chimiques inscrits aux Tableaux de laConvention de 1988, le Gouvernement est égalementencouragé à utiliser sans plus tarder le système PENOnline et à appliquer des mesures de contrôle auxpréparations pharmaceutiques contenant de l’éphédrineou de la pseudoéphédrine.683. L’Organe note également l’absence d’activitésglobales visant à déterminer la situation du pays enmatière d’abus de drogues et recommande auGouvernement de prendre des mesures spécifiquespour recueillir des données sur l’étendue et la nature duphénomène de la drogue dans le pays.684. L’Organe salue la volonté du Gouvernement desÉmirats arabes unis de lutter contre l’abus et le traficde drogues et note en particulier les progrès qu’il afaits pour donner suite à certaines desrecommandations formulées par l’Organe à l’issue dela mission envoyée dans le pays en 1995. Il encouragele Gouvernement à poursuivre les efforts tendant àrenforcer le contrôle des drogues.D. Europe1. Principaux faits nouveaux685. Le cannabis est la drogue la plus consommée enEurope. Selon l’Observatoire européen des drogues etdes toxicomanies, quelque 71 millions de personnesâgées de 15 à 64 ans ont consommé du cannabis dansleur vie, et 7 % environ en ont consommé au cours del’année écoulée.686. L’Europe reste le deuxième marché de la cocaïnedans le monde. D’importantes quantités de cettedrogue en provenance de l’Amérique du Sud y entrentclandestinement par voie maritime, souvent par despays d’Afrique de l’Ouest (voir par. 242 à 246 et 321 à326 ci-dessus). La contrebande de cocaïne via des paysd’Europe orientale s’est beaucoup développée cesdernières années. Le volume total de cocaïne saisi enEurope orientale s’est accru de manière spectaculaireen 2007, en raison surtout d’une saisie importante de480 kg réalisée par des douaniers dans l’ex-Républiqueyougoslave de Macédoine. L’augmentation du nombred’envois de cocaïne provenant d’Amérique du Sud etdestinés à des pays d’Europe orientale montre qu’unenouvelle tendance se dessine dans ce trafic, la cocaïnequi arrive en Europe occidentale étant de plus en plussouvent acheminée vers l’Europe orientale puisréintroduite sur les marchés illicites d’Europeoccidentale par la route des Balkans, qui serttraditionnellement au trafic des opiacés.687. L’héroïne que l’on peut se procurer sur lesmarchés illicites en Europe provient de l’Afghanistan.Elle est introduite en contrebande sur le continent parl’un des deux principaux itinéraires, à savoir la routedes Balkans, ou ce qu’il est convenu d’appeler la“route de la soie” qui, via l’Asie centrale, pénètre enFédération de Russie et de là dans d’autres payseuropéens. La route des Balkans demeure le principalitinéraire utilisé pour faire entrer clandestinement del’héroïne en Europe orientale puis en Europeoccidentale. Ce qu’il est convenu d’appeler l’itinérairenord de la route des Balkans, qui passe par la Turquie,la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l’Autriche, aété emprunté plus fréquemment en 2007, comme enatteste le volume des saisies d’héroïne qui y ont étéopérées, à savoir plus de 2,5 tonnes. L’itinéraire de laroute des Balkans dit itinéraire sud, qui traverse laGrèce, l’Albanie et l’ex-République yougoslave deMacédoine avant de déboucher en Italie, semble avoir110

E/INCB/2008/1été emprunté moins souvent en 2007 que les annéesprécédentes par les trafiquants.688. L’Europe reste le deuxième marché illicited’opiacés dans le monde. En Europe orientale, lemarché illicite d’opiacés a poursuivi son expansion.Selon les estimations de l’ONUDC, il y a environ2 millions de consommateurs d’opiacés en Europeorientale. L’abus d’opiacés est resté stable ou a reculéen Europe centrale et en Europe occidentale mais seraità la hausse en Fédération de Russie et dans d’autrespays d’Europe orientale, ainsi qu’en Europe duSud-Est le long de la route des Balkans. L’abusd’héroïne aurait progressé chez les jeunes toxicomanesd’Europe occidentale.689. Le traitement en institution, qui constituaitautrefois la principale solution de traitement deshéroïnomanes dans de nombreux pays européens, estmoins courant de nos jours. La majorité destoxicomanes sont aujourd’hui traités en servicesambulatoires. L’élargissement des réseaux detraitement ambulatoire s’est poursuivi ces dernièresannées en Bulgarie, en Estonie, en Finlande, en Grèce,en Lituanie et en Roumanie. Environ 53 % des patientsambulatoires sont traités pour l’abus d’opiacés, lepourcentage restant pour l’abus d’autres drogues,notamment le cannabis (22 %) et la cocaïne (16 %). Lenombre de personnes demandant une prise en charge deleur toxicomanie, en particulier aux opiacés, est plusélevé en Europe orientale qu’en Europe occidentale.690. La fabrication illicite de drogues de synthèse enEurope centrale et en Europe orientale continued’augmenter. Selon l’ONUDC, la Fédération de Russiea signalé en 2006 le plus grand nombre dedémantèlements de laboratoires de fabrication illicited’amphétamine, soit 57 % des démantèlements delaboratoires de fabrication de drogues illicites enEurope. La plupart des laboratoires de fabricationillicite de méthamphétamines dans la région ont étédécouverts en République tchèque. Plusieurs autrespays d’Europe orientale, notamment la Bulgarie, laLituanie, la République de Moldova 84 , la Slovaquie etl’Ukraine, ont également déclaré avoir démantelé deslaboratoires qui fabriquaient illicitement des droguesde synthèse.__________________84 Depuis le 9 septembre 2008, “République de Moldova”est le nom de pays utilisé à la place de “Moldova” àl’Organisation des Nations Unies.691. Les sous-régions d’Europe orientale et duSud-Est continuent de servir de zones de transit pourdes envois d’anhydride acétique à destination del’Afghanistan, où cette substance est utilisée pourfabriquer illicitement de l’héroïne. Selon lesestimations, près de 80 % de l’anhydride acétiquenécessaire aux laboratoires illicites en Afghanistan ysont introduits en contrebande via l’Europe orientale etdu Sud-Est (voir par. 157, 158, 230 et 231 ci-dessus).L’Organe invite les gouvernements à appliquerintégralement la résolution 1817 (2008) du Conseil desécurité, par laquelle le Conseil a engagé tous les ÉtatsMembres à renforcer la coopération afin de luttercontre la production illicite et le trafic de drogues enAfghanistan, notamment en améliorant la surveillancedu commerce international des précurseurs chimiques,y compris, entre autres, l’anhydride acétique.2. Coopération régionale692. La table ronde d’experts du Pacte de Paris pour larégion de la mer Noire s’est tenue à Bucarest du 9 au11 juillet 2008. Les participants ont réfléchi auxmoyens de soutenir activement et d’utiliser les réseauxde communication et d’information actuels (parexemple INTERPOL, l’Organisation mondiale desdouanes, Europol, le système d’information MAR-Infoconcernant le trafic illicite par mer, l’Organisation decoopération économique de la mer Noire,l’Organisation pour la démocratie et le développementéconomique et le Centre de l’Initiative de coopérationpour l’Europe du Sud-Est) afin que les services dedétection et de répression puissent assurer unecouverture maximale des itinéraires servant au traficdes opiacés en provenance d’Afghanistan. Lesparticipants ont demandé à l’ONUDC et à d’autresorganisations internationales de continuer à apporter unconcours technique aux opérations menées par lesservices de détection et de répression en utilisant lesavoir-faire et les instruments déjà disponibles.693. En septembre 2008, la Commission européenne aproposé un nouveau Plan d’action “drogue” de l’Unioneuropéenne (2009-2012), articulé autour des actionsprioritaires suivantes: a) réduire la demande de drogueset sensibiliser l’opinion publique; b) inciter lescitoyens européens à jouer un rôle actif; c) réduirel’offre de drogues; d) renforcer la coopérationinternationale; et e) améliorer la compréhension duphénomène de la drogue. Au terme de discussions avecles États membres de l’Union européenne, le Conseil111

E/INCB/2008/1européen devrait adopter ce plan d’action au plus tarden décembre 2008.694. Dans le prolongement du succès d’une séried’interventions connues sous le nom d’opération“Canal”, laquelle est menée depuis 2004,l’Organisation du Traité de l’OTSC et le Servicefédéral de contrôle des drogues de la Fédération deRussie ont exécuté la deuxième phase de cetteopération pour 2007 en novembre et décembre, avec laparticipation de l’Arménie, du Bélarus, de laFédération de Russie, du Kazakhstan, du Kirghizistan,de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan. L’objectif était demettre en place un système plus performant de sécuritécollective destiné à empêcher le trafic de drogues enprovenance d’Afghanistan. Au cours de l’opération, denouveaux itinéraires de trafic reliant l’Asie centraleaux États membres de l’OTSC et à l’Europe ont étédécouverts. Des représentants des services de détectionet de répression de l’Azerbaïdjan, de la Chine, del’Estonie, des États-Unis, de l’Iran (Républiqueislamique d’), de la Lettonie, de la Lituanie, del’Ouzbékistan, du Turkménistan et de l’Ukraine ontparticipé à l’opération en qualité d’observateurs.L’opération a abouti à la saisie de 27 815 kg destupéfiants, de substances psychotropes et deprécurseurs, dont 1 157 kg d’héroïne, 8 573 kgd’opium, 6 196 kg de résine de cannabis, 5 567 kgd’herbe de cannabis, 709 kg de paille de pavot, 15 kgde cocaïne, 35 kg de drogues de synthèse et plus de2 tonnes de produits chimiques précurseurs.695. En Bulgarie, une nouvelle antenne régionale del’initiative Villes européennes contre la drogue aouvert ses portes à la fin de 2007 à Burgas. Elle aurapour vocation d’aider les villes membres dans la régiondes Balkans à mettre en commun des informations etdes pratiques optimales relatives à la prévention del’abus de drogues.696. En Bosnie-Herzégovine, la cinquième Conférencerégionale du réseau balkanique de Villes européennescontre la drogue, intitulée “La lutte de proximité contrel’abus de drogues”, s’est tenue à Sarajevo les 15 et16 novembre 2007. Ont participé à cette conférencedes représentants de huit pays de la région des Balkans,ainsi que des experts nationaux et internationaux dansle domaine scientifique de même que dans le domainede la politique sociale et dans celui de la détection etde la répression. La conférence a adopté unedéclaration appelant à une meilleure coordination entreles autorités locales et la société civile en matière deprévention de l’abus de drogues et de traitement destoxicomanes.697. L’Organe a salué la tenue de la Conférence sur lalutte contre les drogues de synthèse à Nunspeet(Pays-Bas), du 28 au 30 novembre 2007. Étaientreprésentés à cette Conférence, qui a été accueillie parle Gouvernement néerlandais, l’Allemagne, l’Australie,la Belgique, la Chine, les États-Unis, la Fédération deRussie, la France, les Pays-Bas, la Roumanie, leRoyaume-Uni et la Suède. Europol et la Commissioneuropéenne y étaient également représentés.698. L’Organe a aussi salué les activités d’EXASSNet, réseau européen de partenariats regroupant lesacteurs qui interviennent en première ligne face auxproblèmes liés à la drogue, en apportant leurexpérience et leur assistance à l’appui de lacoopération intersectorielle. EXASS Net fait partie desactivités du Groupe Pompidou du Conseil de l’Europe.La troisième réunion d’EXASS Net, qui s’est tenue àFrancfort (Allemagne) en mai 2008, a comporté desvisites dans divers établissements composant le réseaufrancfortois d’aide aux toxicomanes, notamment uncentre médicalisé de distribution d’héroïne, un centremédicalisé de distribution de méthadone et un centrede crise.3. Législation, politiques et mesures d’interventionau plan national699. L’Organe est préoccupé par le fait que leGouvernement bosniaque n’a toujours pas crééd’organisme chargé au plan national de coordonner lalutte contre les drogues illicites, conformément à la loirelative à la prévention et à la répression de l’abus destupéfiants, qui est entrée en vigueur en 2006. Ce texteprévoit la création d’un comité interministériel nationalet d’une autorité nationale chargés d’élaborer, desuperviser et de coordonner la stratégie nationale delutte contre la drogue. L’Organe prie instamment leGouvernement de prendre sans plus tarder les mesuresqui s’imposent pour assurer la création et le bonfonctionnement du comité interministériel et del’autorité nationale, ainsi que l’élaboration et la miseen application de la stratégie nationale de lutte contrela drogue.700. Aux Pays-Bas, l’interdiction de fumer du tabacdans le secteur de la restauration est entrée en vigueuren juillet 2008. Elle frappe aussi ce qu’il est convenu112

E/INCB/2008/1d’appeler les “coffee shops” où la vente et laconsommation de cannabis sont tolérées, mais pas laconsommation de tabac. Le Gouvernement néerlandaisa fait savoir à l’Organe que, dans les “coffee shops”,les visiteurs étaient désormais informés des risques liésà l’usage du cannabis et de la façon d’obtenir de l’aidelorsque cet usage devenait problématique.701. L’Organe note que le Ministre britannique del’intérieur a recommandé de reclasser le cannabis, cequi voudrait dire que les affaires concernant cettesubstance feraient l’objet d’une application plus strictede la loi et de sanctions plus lourdes. Cette décisiontient au fait que des formes très puissantes de cannabis(“skunk” par exemple) dominent le marché des droguesillicites au Royaume-Uni. Si le Parlement y donnaitsuite, le reclassement prendrait effet au début de 2009.En outre, la première version de la nouvelle stratégiede lutte contre la drogue du Royaume-Uni a été publiéeen février 2008. Axée sur les drogues illicites, cettenouvelle stratégie privilégie les familles et lacollectivité davantage que ne le faisait la stratégiedécennale précédente. La priorité consistera à apporterdes soins efficaces à ceux qui causent le plus de tortaux membres des familles et des collectivités, parexemple les parents qui, par leurs habitudes, risquentde mettre leurs enfants en péril.702. En Ukraine, une nouvelle loi sur le trafic etl’abus de drogues est entrée en vigueur enjanvier 2008. Elle définit la structure législative, lesprincipes sous-tendant les politiques nationales et lesrègles générales du contrôle et de la distribution desdrogues légales. En outre, elle réglemente un grandnombre de questions, telles que les prescriptions enmatière de licence, les listes des substances utilisées enmédecine vétérinaire, la teneur maximale autorisée desubstances dans les médicaments, la qualité desdrogues qui passent les frontières, les modes defabrication, l’utilisation du matériel, le transport et ladocumentation nécessaire. On s’attend que ce texterenforce le contrôle de la circulation des stupéfiants,des substances psychotropes et des précurseurs dans lepays.703. En novembre 2007, le Gouvernement finlandais aadopté une résolution concernant la coopérationrelative à la politique nationale sur les drogues pour lapériode 2008-2011. Cette résolution présentebrièvement les mesures que le Gouvernement compteprendre pour faire face à l’abus de drogues et quiconcernent les actions de prévention et lesinterventions en amont; la lutte contre les infractionsliées aux drogues; le traitement de la toxicomanie et laréduction des effets nocifs de l’abus des drogues; et ledéveloppement du traitement de la toxicomanie,parallèlement aux sanctions pénales.704. En France, un nouveau Plan gouvernemental delutte contre les drogues et les toxicomanies a étéadopté en juillet 2008. Il énonce les prioritésgouvernementales pour la période 2008-2011. Il sefonde sur le bilan qui a été fait du plan précédent(lequel visait la période 2004-2008) et comporte193 mesures: 38 mesures concernent la prévention et lacommunication, 41 l’application de la loi, 69 les soinset la réduction des risques liés à l’abus de drogues, 30la formation et la recherche et 15 la coopérationinternationale. L’exécution du plan sur la périodequadriennale 2008-2011 mobilisera 87,5 millionsd’euros.705. En janvier 2008, le Gouvernement italien aadopté un nouveau plan d’action contre la drogue quiconcerne cinq domaines: coordination; réduction de lademande; réduction de l’offre; coopérationinternationale et information; et formation, rechercheet évaluation. Ce plan comporte 66 mesures quidoivent être mises en œuvre en 2008 et il sera suivid’un plan quadriennal pour la période 2009-2012.706. En République de Moldova, le plan d’actionnational de prévention de l’abus et de la contrebandede drogues pour la période 2007-2009 a été adopté. Ilconcerne des activités qui relèvent du Ministère del’intérieur et du Ministère de la santé. En outre, leParlement a modifié le Code pénal, le Code deprocédure pénale et le Code des infractionsadministratives pour y ajouter des mesures judiciairescontre le trafic et l’abus de drogues, conformément auxdispositions de la Convention de 1988.707. L’Organe salue la publication de l’enquêteEurobaromètre de la Commission européenne sur lesattitudes et les perceptions relatives à la drogue,réalisée auprès de 12 000 répondants âgés de 15 à24 ans dans les États membres de l’Union européenne.Cette enquête, publiée en mai 2008, révèle entre autresque plus de 80 % des jeunes sont conscients desrisques pour la santé que présente la consommationd’héroïne, de cocaïne et d’“ecstasy”, mais queseulement 40 % d’entre eux reconnaissent les risquespour la santé que présente la consommation de113

E/INCB/2008/1cannabis. En République tchèque, les jeunes pensentque la consommation de tabac et d’alcool présente unrisque légèrement plus élevé que celle de cannabis.708. L’Organe salue la publication au Royaume-Uni,en mai 2008, d’une étude sur la puissance ducannabis 85 qui a été réalisée à l’initiative du Ministèrede l’intérieur et qui fournit des informationsimportantes sur la part de marché des différents typesde cannabis disponibles et sur leur puissance. Cetteétude montre que la part des saisies d’herbe decannabis dans l’ensemble des saisies de drogues asensiblement augmenté ces dernières années. Laplupart des saisies réalisées dans la rue par les servicesde détection et de répression concernent l’herbe decannabis. La résine de cannabis semble avoir perdu duterrain.709. L’Organe note que dans l’évaluation d’un projetvisant à créer une salle d’injection en Norvège il estindiqué que rien n’autorise à penser que ce dispositifpermette de réduire les taux de surdose ou de décès parsurdose. Il est également indiqué, et c’est là un pointimportant, que la salle d’injection peut contribuer àentretenir la toxicomanie et que les autorités sanitairespeuvent donner l’impression de fermer les yeux sur laconsommation de drogues. Le Gouvernement a décidéque la loi provisoire concernant un programmeexpérimental de salles d’injection demeurerait envigueur jusqu’en décembre 2009. L’Organe prieinstamment tous les gouvernements de s’abstenir decréer des salles d’injection et de réfléchir à d’autresmoyens de favoriser l’accès aux services sanitaires etsociaux, y compris les services de traitement destoxicomanes.710. L’Organe prend note des résultats d’une nouvelleenquête sur la prévalence de l’abus de drogues enIrlande et en Irlande du Nord (Royaume-Uni), publiéeen 2008. Cette enquête fait ressortir que la proportiondes adultes (âgés de 15 à 64 ans) ayant déclaré avoirconsommé une drogue illicite au cours de leur vie aaugmenté, passant de 19 % pendant la période2002-2003 à 24 % pendant la période 2006-2007. Laproportion des jeunes adultes (âgés de 15 à 34 ans)ayant déclaré avoir consommé une drogue illicite aucours de leur vie a également augmenté de cinq points,passant de 26 % pendant la période 2002-2003 à 31 %pendant la période 2006-2007. Les hommes sont plusnombreux que les femmes à déclarer avoir consomméune drogue illicite au cours de leur vie. La prévalencede la consommation de drogues au moins une fois dansla vie ainsi que la prévalence de la consommation aucours du mois précédent ont augmenté à la fois pour lecannabis et la cocaïne.711. Aux Pays-Bas, le Gouvernement a adopté undocument directif intitulé “Stratégie de suivi sur lesdrogues de synthèse à compter de 2007”. Ce documentpréconise entre autres de prolonger le projet deprévention de l’abus de drogues intitulé “Vie nocturneet drogues”, qui est coordonné au niveau national parl’Institut néerlandais de la santé mentale et de latoxicomanie (Trimbos Instituut). Ce projet vise les“clubbers” et les quartiers où sont concentrées lesboîtes de nuit et où l’on sait que de grandes quantitésde drogues de synthèse sont consommées. Il a pourobjectif de réduire les risques de consommation dedrogues chez les “clubbers”, à travers unecollaboration avec les autorités locales et les “lieux devie nocturne”.712. En juillet 2008, une équipe spéciale chargée deréduire la culture de cannabis à grande échelle a étéconstituée aux Pays-Bas. Elle a pour mission de mettresur pied un programme qui, d’ici à 2011, aura faitsensiblement reculer la culture de cannabis à grandeéchelle dans le pays. En outre, elle devra recueillirdavantage d’informations sur les organisationscriminelles impliquées dans la culture illicite decannabis, leur mode de fonctionnement et les bénéficesqu’elles réalisent. La création de cette équipe spécialea été annoncée dans le cadre du programme derenforcement de la lutte contre la criminalité organisée,présenté au Parlement en décembre 2007.713. Le Gouvernement bélarussien et l’ONUDC ontsigné en janvier 2008 un mémorandum d’accord sur lalutte contre la drogue et la prévention du crime. Cetexte définit les grands axes de la coopération dans lalutte contre la criminalité internationale et le trafic dedrogues illicites et jette les bases de l’expansion desactivités de l’ONUDC au Bélarus.__________________85 Sheila Hardwick et Leslie King, Home Office CannabisPotency Study 2008 (Sandridge, St. Albans, HomeOffice, 2008).114

E/INCB/2008/14. Culture, production, trafic et abusStupéfiants714. La culture illicite de cannabis continue d’êtresignalée dans de nombreux pays d’Europe occidentale,par exemple l’Allemagne, où des zones de culture decannabis à grande échelle ont fait l’objet de saisies. EnEurope orientale et en Europe centrale, le gros del’herbe de cannabis provient de l’Albanie, del’ex-République yougoslave de Macédoine, duMonténégro, de la République de Moldova, de laSerbie et de l’Ukraine. Selon des informations émanantd’Albanie, des plantes de cannabis sont cultivées surdes terres domaniales. L’Europe est la région où lemarché illicite de résine de cannabis est le plusimportant. La quantité de résine de cannabis saisie enEurope a augmenté en 2007 après avoir diminué en2006. En 2007, comme l’année précédente, l’Espagne aété le pays où le volume de résine de cannabis saisi aété le plus élevé au monde. Une grande quantité derésine de cannabis a également été saisie en Belgique,en France et au Portugal.715. Le cannabis demeure la drogue la plusconsommée en Europe. Sur le continent, la prévalencede la consommation de cannabis au cours de la vievarie de 2 à 37 % selon les pays, les taux les moinsélevés étant recensés en Bulgarie, à Malte et enRoumanie et les taux les plus élevés au Danemark, enFrance, en Italie et au Royaume-Uni. L’année passée,la prévalence de la consommation de cannabis enEurope s’est élevée à environ 7 % chez les adultes(personnes âgées de 15 à 64 ans), les estimationsnationales variant de 1 à 11 %. Les taux les plus faiblesont été recensés (par ordre croissant) en Bulgarie, enGrèce et à Malte et les plus élevés (par ordre croissant)en République tchèque, en Espagne et en Italie. Laprévalence de la consommation de cannabis estparticulièrement élevée chez les jeunes. La prévalencede la consommation de cannabis au cours de la viechez les lycéens âgés de 15 ou 16 ans est la plus élevée(par ordre croissant) en Belgique, en Républiquetchèque, en Irlande, en Espagne, en France et auRoyaume-Uni, où le taux varie de 30 à 44 %, et lamoins élevée (par ordre croissant) en Norvège, enSuède, en Roumanie, à Chypre et en Grèce, où le tauxest inférieur à 10 %.716. Il y a lieu de penser que la consommation decannabis, dont le niveau est assez élevé, se stabilise ourecule. Au Royaume-Uni, la prévalence de laconsommation de cannabis chez les écoliers et lycéensen Angleterre a diminué de manière appréciable entre2001 (13,4 %) et 2007 (9,4 %). Entre 2004 et 2007, laprévalence de la consommation de cannabis au coursde la vie a fléchi en Allemagne également; cependant,le nombre de consommateurs de cannabis était estimé à600 000 en 2007, ce qui représente une augmentationsensible par rapport à 1997. En France, environ1,2 million de personnes consomment du cannabisrégulièrement (au moins 10 fois par mois).717. En Europe, les quantités totales de cocaïne saisiesdemeurent élevées. La part de l’Europe dans les saisiesmondiales de cocaïne a augmenté, passant de moins de3 % en 1980 à 17 % en 2006. Il est probable que lesquantités saisies déclarées seront moins importantes en2007, car le Portugal, l’un des principaux pointsd’entrée de la cocaïne en Europe, a signalé une baisseimportante des saisies de cette substance. De même, lesactions efficaces qui ont été menées à l’aéroportinternational d’Amsterdam, jadis important pointd’entrée dans la région, pour empêcher le recours à desservices de messagerie aux fins du trafic de cocaïne ontfait reculer le nombre de saisies. Selon les autoritésnéerlandaises, 9 084 kg de cocaïne ont été saisis par lesdouanes en 2006. En 2007, une saisie de 480 kg decocaïne en provenance de la République bolivariennedu Venezuela a été opérée dans l’ex-Républiqueyougoslave de Macédoine. Une autre saisie importante– 118 kg de cocaïne en provenance de Colombie – a étéréalisée par les douanes polonaises. L’augmentation dunombre d’envois de cocaïne en provenanced’Amérique du Sud et à destination de pays d’Europeorientale ces dernières années montre qu’une nouvelletendance se dessine, la cocaïne qui arrive en Europeoccidentale étant de plus en plus souvent acheminéevers l’Europe orientale puis réintroduiteclandestinement en Europe occidentale par la route desBalkans.718. L’abus de cocaïne est devenu plus prévalent danscertaines zones d’Europe occidentale. En France, laprévalence de la consommation de cocaïne au cours dela vie s’établit à 2,6 % de la population adulte(personnes âgées de 15 à 64 ans) et a plus que doubléau cours des 10 dernières années. La prévalence de laconsommation de cocaïne au cours de la vie est le plusélevée (4,1 %) chez les jeunes adultes (personnes âgéesde 25 à 34 ans). La prévalence annuelle de laconsommation de cocaïne a triplé entre 2000 et 2005au sein de la population en général: le nombre de115

E/INCB/2008/1consommateurs de cocaïne est estimé actuellement à250 000. En Espagne toutefois, selon une enquêtenationale sur l’abus de drogues réalisée auprès deslycéens, la prévalence au cours de la vie, la prévalenceannuelle et la prévalence mensuelle de laconsommation de cocaïne chez les lycéens ontsensiblement diminué.719. La quasi-totalité de l’héroïne proposée sur lesmarchés illicites en Europe provient d’Afghanistan. Laroute traditionnelle des Balkans (l’itinéraire nord), quipasse par la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, laHongrie puis l’Autriche, a été empruntée plusfréquemment en 2007, comme l’atteste la saisie de plusde 2,5 tonnes d’héroïne sur cet itinéraire. L’autre routedes Balkans (l’itinéraire sud), qui mène à l’Italie enpassant par la Grèce, l’Albanie, puis l’ex-Républiqueyougoslave de Macédoine, semble avoir été empruntéemoins souvent par les trafiquants en 2007 que lesannées précédentes. Comme la production d’opium sedéplace vers les provinces méridionales del’Afghanistan, il est moins commode pour lestrafiquants d’acheminer les opiacés par la “route de lasoie”; le trafic de drogues le long de cet itinéraire adonc diminué. En 2007, la quantité d’héroïne introduiteen contrebande en Europe par la “route de la soie” aété estimée à moins de 1 tonne, ce qui représente unrecul par rapport aux quantités saisies les annéesprécédentes. Les trains qui relient la Fédération deRussie à ses voisins occidentaux (Bélarus, Pologne etUkraine) sont de plus en plus souvent utilisés pourintroduire clandestinement de l’héroïne en Europeoccidentale. Selon les informations disponibles, letrafic d’héroïne se fait de plus en plus par voieaérienne entre des pays d’Europe orientale et centraleet des pays d’Europe occidentale.720. En Europe, des saisies importantes d’héroïne ontété signalées en Bulgarie (plus de 1 tonne), enFédération de Russie (934 kg) et en Serbie (225 kg).Certains pays d’Europe occidentale commel’Allemagne et l’Espagne ont fait état d’uneaugmentation des saisies d’héroïne.721. La plupart des laboratoires qui fabriquentillicitement des opiacés se situent comme auparavanten Europe orientale. Selon le Gouvernement de laFédération de Russie, sur les 3 717 laboratoiresproduisant et transformant illicitement des stupéfiantset des substances psychotropes qui ont été démantelésdans le pays en 2006, 186 servaient à produire del’opium acétylé à partir de petites quantités de paille depavot produite localement. La même année,112 laboratoires qui fabriquaient illicitement desopiacés ont été démantelés en République deMoldova 86 .722. Depuis plusieurs années, la consommationd’héroïne et d’autres opiacés reste stable ou recule enEurope occidentale, comme en Italie, où laconsommation d’héroïne ne cesse de diminuer depuis2001. Cependant, il semble actuellement que cetteconsommation pourrait prendre de plus vastesproportions. Aux Pays-Bas, la prévalence de laconsommation d’héroïne au cours de la vie a augmentéentre 1997 et 2005, ce qui donne à penser quel’expérimentation de cette drogue suscite un plus grandintérêt. En France, l’abus d’héroïne a commencé àapparaître chez les plus jeunes et les personnes plusintégrées socialement. Le mode de consommation del’héroïne varie: le “sniffing” est le plus répandu et lapolytoxicomanie est très fréquente. La banalisation desconséquences de la consommation d’héroïne semblecontribuer à cet abus, les véritables dangers de cettedrogue étant mal compris. Les taux de l’abus d’opiacéssont à la hausse en Europe orientale, notamment dansles États membres de la CEI et dans les pays d’Europedu Sud-Est situés le long de la route des Balkans.Selon l’ONUDC, le nombre de consommateursd’opiacés en Europe orientale s’élèverait à environ2 millions, soit 1,4 % des personnes âgées de 15 à64 ans.723. Selon le Gouvernement de la Fédération deRussie, 37 560 personnes ont entamé un traitement dela toxicomanie en 2007. 87,7 % du nombre total depatients suivaient un traitement pour l’abus d’opiacés.La même année, 11,9 % des patients suivant untraitement étaient séropositifs, proportion légèrementen hausse par rapport à 2006 (11,8 %). L’abus dedrogues par injection reste le principal mode detransmission du VIH en Fédération de Russie.724. La Fédération de Russie est le plus importantmarché illicite d’opiacés en Europe. Selon le Rapportmondial sur les drogues 2008 de l’ONUDC, environ1,65 million de personnes consomment des opiacés en__________________86 Depuis le 9 septembre 2008, “République de Moldova”est le nom de pays utilisé à la place de “Moldova” àl’Organisation des Nations Unies.116

E/INCB/2008/1Fédération de Russie 87 . L’Ukraine est le deuxièmemarché illicite d’opiacés en Europe orientale avec plusde 300 000 consommateurs.725. Ces dernières années, l’augmentation du trafic etde l’abus de drogues en Europe orientale a aggravé lapropagation du VIH/sida. Selon ONUSIDA, près destrois quarts (73,8 %) des toxicomanes recensés enFédération de Russie sont des usagers de drogues parinjection, pratique qui est également le principal modede transmission du VIH dans le pays; la proportion desusagers de drogues par injection au sein de lapopulation générale (personnes âgées de 15 à 44 ans)s’élèverait à 2 %. Selon ONUSIDA, les deux tiersenviron (66 %) des nouveaux cas d’infection à VIHenregistrés en 2007 étaient attribuables à l’abus dedrogues par injection.726. À l’échelle européenne, c’est en Ukraine quel’épidémie de VIH/sida est aujourd’hui la plus grave:la prévalence de l’infection à VIH/sida au sein de lapopulation adulte est estimée à 1,63 %. Le nombre decas d’infection à VIH déclarés parmi les usagers dedrogues par injection a continué à progresser cesdernières années. Le problème le plus grave au plannational est l’abus par injection de concentré de paillede pavot (appelé “shirka”), qui concerne 98 % de tousles usagers de drogues par injection. Le partage deseringues, qui est une pratique courante chez lesconsommateurs de drogues, a favorisé la propagationde l’infection à VIH/sida. Selon les estimations desautorités ukrainiennes, plus de 500 000 toxicomanessont recensés dans le pays, dont 300 000consommateurs d’opiacés par injection.727. L’Estonie occupe la deuxième place en Europepour la prévalence de l’infection à VIH: selon lesestimations, 1,4 % de la population adulte estséropositif. L’épidémie de VIH dans ce pays est surtoutle fait de l’abus de drogues par injection, qui est trèsrépandu au sein de la population carcérale. En 2007,plus de 12 % des détenus en Estonie étaientséropositifs.Substances psychotropes728. L’Europe occidentale demeure une sourceimportante de stimulants de type amphétamine,notamment la MDMA. Selon l’ONUDC, la Belgique etles Pays-Bas sont les principaux pays exportateurs__________________87 Rapport mondial sur les drogues 2008...d’amphétamine et de substances appartenant au groupede la MDMA. Cependant, comme la MDMA est deplus en plus fabriquée illicitement ailleurs dans lemonde, les saisies de MDMA en Europe occidentaleont diminué; la plupart des saisies ont été signalées enAllemagne, en France, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. La principale source de méthamphétaminefabriquée illicitement en Europe occidentale est laRépublique tchèque, qui a également signalé le plusgrand nombre de démantèlements de laboratoires defabrication illicite de cette substance. Au Royaume-Unise trouve le marché illicite d’amphétamine le plusimportant. Toutefois, la prévalence annuelle de laconsommation d’amphétamine au sein de la populationgénérale (personnes âgées de 16 à 59 ans) a nettementreculé, passant de 3,2 % en 1996 à 1,3 % en 2006. Demême, la Suède a connu une diminution importante dela consommation d’amphétamine au cours des 20 à30 dernières années, avec un taux de prévalenceannuelle de 0,2 %, soit moins de la moitié de lamoyenne européenne. La prévalence de l’abus deMDMA au cours de l’année écoulée chez les jeunesadultes est pour l’essentiel restée stable ces cinqdernières années dans l’Union européenne.Précurseurs729. Des pays d’Europe orientale continuent de servirde zones de transit pour des envois d’anhydrideacétique à destination de l’Afghanistan, où cettesubstance sert à la fabrication illicite d’héroïne. Selonles estimations, près de 80 % des précurseurschimiques nécessaires aux laboratoires de fabricationde drogues illicites en Afghanistan y sont introduits encontrebande via des pays d’Europe orientale etd’Europe du Sud-Est.730. Les saisies de précurseurs d’amphétamine dansles pays d’Europe orientale ont augmenté ces dernièresannées. Selon l’ONUDC, en 2006, des saisiesimportantes de précurseur P2P ont été déclarées par laPologne (1 085 litres), la Fédération de Russie(402 litres), l’Estonie (51 litres) et la Bulgarie(32 litres).5. Missions731. Une mission de l’Organe s’est rendue enRoumanie en octobre 2008. L’Organe note qu’unecertaine amélioration est intervenue et que leGouvernement attache une importance accrue à117

E/INCB/2008/1l’action visant à atteindre les objectifs des traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues. Desprogrès ont été faits dans les efforts déployés duGouvernement pour lutter contre le problème de ladrogue dans le pays et la coopération avec l’Organe aavancé depuis la dernière mission envoyée dans le paysen 2002. L’Organe note que la Roumanie a pris cesdernières années des mesures visant à renforcer sesactivités de lutte contre la drogue, mais qu’un certainnombre de problèmes subsistent en la matière.732. L’Organe note notamment qu’en Roumanie lemécanisme existant de surveillance et de contrôle dessubstances placées sous contrôle international estinsuffisant et ne fonctionne pas comme il convient. Ilprie le Gouvernement de prendre des mesures pourmettre en place une législation, et de prévoir desressources et du personnel qualifié pour permettre àtoutes les autorités de réglementation en matière dedrogues, dont en particulier le Ministère de la santé,d’exercer leurs fonctions de contrôle. De plus,s’agissant des efforts du Gouvernement pour luttercontre la contrebande de drogues sur son territoire,l’Organe encourage ce dernier à intensifier encorel’action des services de la douane et du contrôle auxfrontières pour empêcher ce trafic, notamment enrenforçant les capacités et en augmentant lesressources affectées à ces activités.733. L’Organe note que la disponibilité d’opioïdespour le traitement de la douleur ne semble pas répondreaux besoins de la population roumaine. Il prieinstamment le Gouvernement de déterminer avecprécision les besoins en stupéfiants et en substancespsychotropes à des fins médicales et/ou scientifiques etde prendre toutes les mesures nécessaires, en proposantnotamment des possibilités de formation théorique etpratique du personnel, pour assurer la disponibilité deces substances à des fins médicales.734. Une mission de l’Organe s’est rendue en Ukraineen mai 2008. L’Organe note que le Gouvernement estattaché aux objectifs des conventions internationalesrelatives au contrôle des drogues. Des progrès ont étéaccomplis dans les efforts déployés du Gouvernementpour lutter contre le problème de la drogue. Desmesures administratives ont été prises afin d’assurerl’application des dispositions des conventions.L’Ukraine a adopté une législation globale et élaboréune stratégie nationale en matière du contrôle desdrogues. Malgré la mise en place d’un mécanismechargé de coordonner la lutte contre le trafic dedrogues, des problèmes subsistent, du fait surtout de lacoopération insuffisante entre les autoritéscompétentes.735. Le transit d’héroïne et de cocaïne pose de gravesproblèmes à l’Ukraine, en ce qui concerne surtoutl’emprise croissante de la criminalité transnationaleorganisée sur le trafic de drogues dans et à travers lepays. L’Organe est d’avis que cette évolution nécessiteune coordination interministérielle efficace, auxniveaux tant politique qu’opérationnel. Il recommandeque le Gouvernement définisse clairement le partagedes responsabilités entre les différents services dedétection et de répression et améliore la coordinationde leurs activités.736. La prise par voie intraveineuse d’opium acétyléfabriqué à partir de paille de pavot produite localementconstitue le problème le plus grave en Ukraine.L’échange de seringues entre toxicomanes a contribuéà la propagation du VIH/sida. L’Organe prieinstamment le Gouvernement de prévenir toutdétournement de paille de pavot d’exploitationsautorisées à cultiver du pavot à opium. Il encourage lesautorités ukrainiennes à définir, le cas échéant, avecl’aide de l’OMS et de l’ONUDC une approcheconsolidée des programmes de prévention et detraitement des toxicomanies. L’existence de longueslistes d’attente, ainsi que la propagation du VIH/sida,indiquent que les programmes de traitement existantsne sont pas suffisants et qu’il faut de toute urgencedévelopper les structures de traitement pour remédier àces problèmes.E. Océanie1. Principaux faits nouveaux737. Une augmentation de la contrebande de droguesdu Canada vers l’Australie a été observée récemment.Les services australiens de détection et de répressionont déclaré avoir saisi de la cocaïne, de la MDMA et dela méthamphétamine détectées dans un envoi de fretmaritime en provenance du Canada. Les services dedétection et de répression aux États-Unis ont égalementsaisi de la cocaïne, de la MDMA et de laméthamphétamine dans un envoi de fret maritimeprovenant du Canada et destiné à l’Australie. Le paysd’origine de la majorité des saisies de118

E/INCB/2008/1méthamphétamine en Nouvelle-Zélande reste la Chine,mais une intensification récente du trafic de cettesubstance en provenance du Canada a aussi été notée.738. On dispose de données complètes sur les saisiespour l’Australie et la Nouvelle-Zélande, mais cellesdisponibles pour les autres pays d’Océanie sontlimitées. Toutefois, des substances illicites – cannabis,cocaïne, héroïne et précurseurs chimiques,notamment – ont été saisies aux Fidji, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Vanuatu en 2007, ce qui confirmeles craintes que les pays d’Océanie autres quel’Australie et la Nouvelle-Zélande soient égalementvulnérables au trafic de drogues.739. L’Australie a signalé une augmentationsignificative des saisies de cocaïne pendant la période2006-2007, par rapport à la période 2005-2006. Elle aégalement fait état d’une augmentation des saisies deparaméthoxyamphétamine (PMA): six saisies ont étédéclarées en 2007, alors que, l’année précédente, il n’yavait eu que deux saisies confirmées. De plus, unlaboratoire clandestin de fabrication de PMA a étédémantelé dans l’État australien de Nouvelle-Galles duSud en 2007.2. Coopération régionale740. Le Forum des îles du Pacifique a continué derassembler les pays d’Océanie pour qu’ils agissentensemble en matière de contrôle des drogues.L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont continué defaire bénéficier de leur soutien actif les initiatives derenforcement des capacités dans ce domaine dans larégion.741. À la trente-huitième session du Forum des îles duPacifique, qui s’est tenue à Nuku’alofa en octobre2007, les participants ont chargé les organisationsnationales et régionales compétentes et les secrétariatsdes services régionaux de détection et de répression derenforcer la collecte et la mise en commund’informations pour combattre la criminalité organiséenationale et transnationale, notamment le trafic dedrogues. Le Comité régional de sécurité du Forum desîles du Pacifique a tenu sa réunion annuelle à Suva enjuin 2008.742. La Micronesia Regional Transnational CrimeUnit, initiative qui regroupe l’Australie, la Micronésie(États fédérés de) et les États-Unis, a été lancée enavril 2008. L’unité, basée à Pohnpei (États fédérés deMicronésie) s’occupe principalement de questionstelles que le trafic de drogues et elle autorisera lesservices régionaux de détection et de répression àmettre en commun leurs renseignements. Elleentretient des liens avec un réseau d’unités de luttecontre la criminalité transnationale aux Fidji, enPapouasie-Nouvelle-Guinée, au Samoa, aux Tonga et àVanuatu. La coopération entre les membres de ceréseau a permis la saisie de 55 kg de cannabis que l’ontentait d’introduire en contrebande des Fidji auxTonga.743. Les services australiens et néo-zélandais dedétection et de répression ont apporté un appuiconstant à un programme de dressage de chiensrenifleurs pour la détection de drogues au Samoa. Envue d’endiguer l’extension du problème de la drogueau Samoa, les services australiens et néo-zélandais ontfourni chacun de leur côté un chien renifleur à leurshomologues samoans en mai 2007. De février àavril 2007, des membres des services samoans dedétection et de répression ont suivi en Australie uneformation spécialisée au dressage de chiens renifleurset à la manipulation de drogues en toute sécurité. Deséquipes de chiens renifleurs ont été dressées pour lafouille des personnes, des bagages et du fret àl’aéroport international, sur le port et à la poste d’Apia.744. Le troisième atelier régional du Pacific Drug andAlcohol Research Network s’est tenu à Suva enjuillet 2008. Les participants ont examiné lespossibilités de recherche concertée entre spécialistes dela santé, de la détection et de la répression et de larecherche sociale en Océanie et ils ont échangé desdonnées d’expérience sur l’utilisation de méthodesd’évaluation rapide pour la collecte de données surl’abus de drogues.3. Législation, politique et action à l’échellenationale745. En mai 2008, le Gouvernement australien aapprouvé la stratégie nationale relative aux stimulantsde type amphétamine, qui couvre tous les aspects de lalutte contre les problèmes liés à l’abus de cessubstances et recommande l’adoption de mesures dansles domaines de la prévention, de la réduction del’offre et de l’amélioration de l’accès au traitement. Il aégalement approuvé une stratégie nationale de luttecontre la drogue dans les établissements pénitentiairespour la période 2006-2009, qui définit un cadre119

E/INCB/2008/1permettant de coordonner et d’intégrer les mesuresprises en vue de résoudre les problèmes liés auxdrogues que rencontrent les adultes et les jeunes dansles établissements pénitentiaires. L’objectif de cettestratégie est de favoriser l’adoption et l’application detextes de loi, de mesures et de méthodes pour détecteret limiter la contrebande de drogues dans lesétablissements pénitentiaires et les structures etservices de proximité, prévenir et réduire l’abus dedrogues chez les délinquants, jeunes ou adultes, et leurdonner un plus large accès à tout un éventail deservices de prévention et de traitement.746. En Australie, le Parlement du Queensland apromulgué en février 2008 la loi intitulée “DrugsMisuse Act 2008”, qui porte modification de la loiintitulée “Drugs Misuse Act 1986” et du règlementintitulé “Drugs Misuse Regulation 1987”. Laclassification de la MDMA et des stimulants de typeamphétamine a été modifiée, de manière à ce que lapeine maximale d’emprisonnement punissant lapossession et la fourniture et le trafic illicites de cesdrogues soit portée de 20 à 25 ans. La classification del’éphédrine a aussi été modifiée, à la suite de quoi lapeine maximale encourue pour sa possession et savente ou son trafic illicites a été portée à 20 ans deréclusion, alors qu’elle était auparavant de deux ans deréclusion pour la possession et de cinq ans pour l’offreou le trafic illicites de cette substance. La fabrication etl’offre illicites de substances telles que lapseudoéphédrine ou la méthamphétamine ont étéérigées en infractions dans la loi de 2008, de même quela détention de matériel, de presses à comprimés parexemple, utilisé dans la production illicite de drogues.747. Les douanes australiennes ont mis en place en2006 et 2007 un projet pilote appelé “Project Stridor”pour étudier les avantages de la constitution d’uneéquipe de détection et de répression multidisciplinairechargée de lutter contre la nouvelle menace queconstituent les précurseurs chimiques en Australie. Ungroupe d’agents des douanes australiens participant àdes activités de renseignement, d’enquête et dedétection et répression a été formé pour surveiller etdépister les ventes de certains produits sur Internet. Lesservices douaniers australiens ont coopéré avec leurshomologues au Royaume-Uni et utilisé des logicielsmis au point par les services douaniers néerlandais. Àla suite de cet exercice, deux envois importants deprécurseurs chimiques ont été détectés.748. En janvier 2008, une centaine de personnes quiavaient été mêlées à la culture, la vente et l’usageillicites de cannabis dans la province de Simbu enPapouasie-Nouvelle-Guinée ont témoigné en publicpour raconter comment elles en étaient venues àparticiper à ces activités illicites et ont promis d’aiderles services de détection et de répression à éviterl’implication d’autres personnes dans de tellesactivités.4. Culture, production, fabrication, trafic et abusStupéfiants749. Le cannabis a continué d’être cultivé illicitementdans toute l’Océanie. Selon l’ONUDC, l’Australie estle plus gros producteur d’herbe de cannabis de larégion 88 .750. Les Fidji ont fait état d’une diminutionsignificative du nombre de plants de cannabis qui ontété détruits en 2007, soit 1 353 plants contre 8 542 en2006.751. En juin 2007, les douanes australiennes ont saisià l’aéroport de Perth 3,5 kg d’héroïne transportés parun passager arrivant de Malaisie. En décembre 2007,des douaniers australiens ont saisi de l’héroïnetransportée par deux passagers arrivant de Dubaï(Émirats arabes unis). En février 2008, les servicesaustraliens de détection et de répression ont découvert28 kg d’héroïne dans un envoi de fret maritime quiétait arrivé de Sydney; et, en août 2008, des douaniersà l’aéroport de Melbourne ont déclaré avoir saisi 2 kgd’héroïne transportés par un passager arrivant deThaïlande.752. Les États d’Océanie continuent de signaler dessaisies de cocaïne. L’Australie a indiqué qu’au cours dela période 2006-2007, 634 kg de cocaïne avaient étésaisis, contre 46 kg au cours de la période 2005-2006.En outre, 610 kg de cocaïne ont été saisis à la frontièreaustralienne en 2006-2007, soit plus de sept fois laquantité saisie en 2005-2006 (83 kg). Bien que l’envoide colis par la poste reste la méthode la plus utiliséepour introduire en contrebande de la cocaïne enAustralie, on a observé récemment une augmentationde la contrebande par voie maritime. En mars 2008, lesservices australiens de détection et de répression àSydney ont déclaré avoir saisi 250 kg de cocaïne__________________88 Rapport mondial sur les drogues 2008...120

E/INCB/2008/1dissimulés dans un conteneur de fret maritime enprovenance d’Asie du Sud-Est. En juillet 2008, lesservices australiens de détection et de répression ontsaisi 150 kg de cocaïne dissimulés dans un conteneurqui était arrivé à Melbourne. En juin 2008, les servicesaustraliens de détection et de répression ont déclaréavoir saisi 124 kg de cocaïne qui avaient été dissimulésdans un envoi de fret maritime provenant du Canada.753. Le cannabis est resté la drogue dont l’abus est leplus répandu en Océanie. L’incidence de son abus aatteint un niveau particulièrement élevé en Australie,en Micronésie (États fédérés de), en Nouvelle-Zélandeet en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Selon une étuderécente réalisée par le National Centre for Educationand Training on Addiction 89 d’Australie, le cannabis estla drogue illicite la plus consommée chez les élèvesâgés de 12 à 17 ans en Australie; 3,4 % des élèvesinterrogés consommaient régulièrement du cannabis.Néanmoins, le taux de prévalence annuelle de l’abus decannabis parmi la population australienne âgée de14 ans et plus a progressivement diminué, tombantd’un niveau élevé de 17,9 % en 1998 à 12,9 % en2001, puis à 11,3 % en 2004 et 9,1 % en 2007. Enrevanche, le taux de prévalence annuelle de l’abus decocaïne en Australie pour le même groupe d’âge aaugmenté, passant de 0,5 % en 1993 à 1,6 % en 2007 90 ,soit le taux de prévalence le plus élevé jamaisenregistré pour cette substance.Substances psychotropes754. En Australie et en Nouvelle-Zélande,l’approvisionnement en stimulants de typeamphétamine a continué d’être surtout assuré par lessites clandestins de fabrication situés dans ces pays.Toutefois, le fait que de la méthamphétamine et descomprimés composés d’un mélange de MDMA et deméthamphétamine aient été régulièrement saisis à leursfrontières indique que des stimulants de typeamphétamine sont aussi introduits en contrebande enOcéanie.__________________89 Ann M. Roche et al., Drug Testing in Schools: Evidence,Impacts and Alternatives (Canberra, Australian NationalCouncil on Drugs, 2008).90 Australian Institute of Health and Welfare, 2007National Drugs Strategy Household Survey: FirstResults, Drug Statistics Series No. 20 (Canberra,avril 2008).755. En 2007, les douanes australiennes ont saisi 4 kgd’amphétamine dissimulés dans un colis postalprovenant de Thaïlande. En août 2007, les douanesnéo-zélandaises ont saisi 17 kg de méthamphétamine.En novembre 2007, les services néo-zélandais dedétection et de répression au port de Tauranga ontdéclaré avoir saisi 32 kg de méthamphétamine quiavaient été dissimulés dans un envoi de fret maritimeen provenance de Chine. En janvier 2008, les servicesaustraliens de détection et de répression à Sydney ontannoncé avoir saisi 28 kg d’amphétamine qui avaientété dissimulés dans un envoi de fret aérien provenantde Lituanie. En juin 2008, les services australiens dedétection et de répression ont annoncé la saisie de66 kg de méthamphétamine qui avaient été dissimulésdans un envoi de fret maritime en provenance duCanada.756. Des quantités importantes de MDMA ontcontinué d’être saisies en Océanie. Lors d’une seulesaisie opérée en 2007, 4,4 tonnes de MDMA ont étésaisies dans un conteneur qui était arrivé à Melbourne(Australie), volume pratiquement équivalent au volumetotal de MDMA saisi dans le monde en 2006, soit4,5 tonnes. En juin 2008, les services australiens dedétection et de répression ont déclaré avoir saisi 121 kgde MDMA qui avaient été dissimulés dans un envoi defret maritime provenant du Canada. En mai 2008, lesservices douaniers de Perth (Australie) ont annoncéavoir saisi, dans un laboratoire clandestin, 45 kg deMDMA et du matériel de fabrication de comprimés. Enfévrier 2007, les services douaniers australiens àl’aéroport de Brisbane ont déclaré avoir saisi80 000 comprimés de MDMA détectés dans des colisprovenant du Royaume-Uni. Au terme d’une enquêtequi a duré 12 mois, les services australiens de détectionet de répression ont démantelé un réseau internationalde contrebande de drogues, ce qui a conduit àl’arrestation de 22 personnes.757. Bien que l’incidence de l’abus d’amphétaminesparmi la population australienne âgée de 14 ans et plussoit tombée de 3,7 % en 1998 à 2,3 % en 2007 91 , l’abusde MDMA a été plus important que celui d’autresstimulants de type amphétamine, ce qui en fait ladeuxième substance la plus consommée en Australie eten Nouvelle-Zélande. Alors que l’abus de drogues amarqué une baisse générale en Australie, le taux deprévalence annuelle de l’abus de MDMA parmi les__________________91 Ibid.121

E/INCB/2008/1personnes du même groupe d’âge est passé de 0,9 % en1995 à 3,5 % en 2007. Le taux de prévalence annuellede l’abus de MDMA parmi les personnes âgées de 15 à45 ans en Nouvelle-Zélande était de 2,6 %.Précurseurs758. Les États d’Océanie ont continué à signaler dessaisies d’éphédrine et de pseudoéphédrine, substancesfréquemment utilisées dans la fabrication illicite destimulants de type amphétamine. Les trafiquants ontessayé d’introduire en contrebande de grandesquantités de ces substances dans des envois de fretaérien et maritime et de plus faibles quantités par lebiais des systèmes postaux. En juillet 2008, lesservices australiens de détection et de répression ontsaisi 850 kg de pseudoéphédrine, ce qui constitue l’unedes plus importantes saisies de cette substancesignalées dans cet État à ce jour. La substance étaitdissimulée dans trois envois de fret maritime quiétaient arrivés à Port Botany, près de Sydney, enprovenance de Thaïlande. Au cours de 2007, le volumetotal des saisies de comprimés d’éphédrine a représenté167 kg en Australie et 0,5 kg en Nouvelle-Zélande etcelui des saisies de pseudoéphédrine a représenté266 kg en Australie et 155 kg en Nouvelle-Zélande.759. En décembre 2007, les services douaniers auCentre international de tri postal de Nouvelle-Zélandeont déclaré avoir saisi 14,9 kg d’éphédrine dissimulésdans deux colis provenant d’Inde et 2,1 kg depseudoéphédrine dissimulés dans un colis provenant deSingapour.760. La pseudoéphédrine introduite en contrebande enAustralie et en Nouvelle-Zélande a continué deprovenir pour l’essentiel d’Asie de l’Est et d’Asie duSud-Est, mais en juin 2008 les services de détection etde répression à l’aéroport de Sydney ont saisi 45 kg decette substance qui avaient été dissimulés dans unenvoi de fret aérien provenant du Liban. En novembre2007, les services de détection et de répression au portde Tauranga (Nouvelle-Zélande) ont annoncé la saisiede 127 kg de pseudoéphédrine qui avaient étédissimulés dans un envoi de fret maritime provenant deChine. En décembre 2007, les services douaniersaustraliens à Sydney ont saisi 105 kg depseudoéphédrine qui avaient été dissimulés dans unenvoi de fret aérien provenant du Cambodge. Endécembre 2007, les services de détection et derépression néo-zélandais ont saisi 44,8 kg depseudoéphédrine qui avaient été dissimulés dans unenvoi de fret maritime provenant de Chine.761. En juillet 2008, les services de détection et derépression de la Nouvelle-Galles du Sud (Australie) ontdéclaré avoir saisi 12,6 kg de pseudoéphédrine et dematériel qui aurait été utilisé dans la fabrication illicitede méthamphétamine dans une résidence privée.Substances non placées sous contrôleinternational762. Des saisies de substances non placées souscontrôle international ont continué d’être signalées enOcéanie. En 2007, les douanes australiennes ont saisi45 envois de GBL, précurseur du GHB, représentant autotal 68 litres. Les systèmes postaux sont restés leprincipal moyen d’acheminement. Soixante pour centdes envois saisis provenaient du Royaume-Uni. Enjuillet 2008, des douaniers australiens ont intercepté àSydney un envoi de GBL qui avait été expédié sansl’autorisation d’importation requise. La Police fédéraleaustralienne a fouillé les bureaux de l’importateur et adécouvert 3 000 litres de GBL.122

IV. Recommandations à l’intention des gouvernements, des organismes desNations Unies et des autres organisations internationales et régionalescompétentesE/INCB/2008/1763. Conformément à son mandat, l’Organe suitl’application des traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues. Il examine régulièrement lefonctionnement du régime international de contrôle desdrogues et repère les insuffisances. Se fondant sur cetteanalyse, il formule des recommandations à l’intentiondes gouvernements et des organisations internationaleset régionales.764. Dans le présent chapitre, l’Organe attirel’attention sur les principales recommandations quifigurent aux chapitres II et III de son rapport annuel. Iltient à rappeler aux gouvernements et auxorganisations compétentes que, généralement, lesrecommandations formulées au chapitre premier de sonrapport annuel ne sont pas reprises au chapitre IV. Ilencourage les autorités concernées à examiner toutesles recommandations, à les mettre en œuvre selon qu’ilconviendra et à le tenir informé des mesures qu’ellesauront prises à cet égard.A. Recommandations à l’intention desgouvernements765. Les recommandations formulées à l’intention desgouvernements sont regroupées comme suit: adhésionaux traités; application des traités et mesures decontrôle; prévention de la production, de la fabrication,du trafic et de l’abus illicites de drogues; prévention dudétournement de précurseurs vers le trafic illicite;disponibilité et usage rationnel de stupéfiants et desubstances psychotropes à des fins médicales; etInternet et usage impropre des services de messagerie.1. Adhésion aux traités766. La Convention de 1961, la Convention de 1961telle que modifiée par le Protocole de 1972, laConvention de 1971 et la Convention de 1988constituent les fondements du régime international decontrôle des drogues. L’adhésion de tous les États à cesconventions et l’application universelle de leursdispositions sont des exigences impératives pour unsystème efficace et rationnel de contrôle des droguesdans le monde.Recommandation 1: Bien que pratiquement tous lesÉtats aient adhéré aux traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues, quelques-uns ne sont pas encoreparties à ces traités, ou pas à tous 92 . L’Organedemande de nouveau aux États qui ne sont pasencore parties aux traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues de prendre sans plus tarderdes mesures pour y adhérer.2. Application des traités et mesures de contrôle767. Il ne suffit pas que tous les États adhèrent auxtrois principaux traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues: il faut aussi qu’ils donnent effet àl’ensemble de leurs dispositions et qu’ils appliquent lesmesures de contrôle voulues.Recommandation 2: La communication à l’Organe, entemps voulu, des renseignements demandés en vertudes traités internationaux relatifs au contrôle desdrogues est un des aspects essentiels du régimeinternational de contrôle des drogues. L’Organedemande à nouveau à tous les gouvernements decommuniquer à temps tous les rapports statistiquesrequis conformément aux traités. Il les encourage àlui demander toute information susceptible de les__________________92 Les États suivants ne sont pas parties aux traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues et/ou auProtocole de 1972 portant modification de la Conventionde 1961:a) États qui ne sont pas parties à la Convention de1961 modifiée par le Protocole de 1972 ou à laConvention de 1961 sous sa forme non modifiée:Guinée équatoriale, Îles Cook, Kiribati, Nauru, Samoa,Timor-Leste, Tuvalu et Vanuatu;b) États qui ne sont pas parties au Protocole de1972 portant modification de la Convention de 1961:Afghanistan, République démocratique populaire lao etTchad;c) États qui ne sont pas parties à la Convention de1971: Guinée équatoriale, Haïti, Îles Cook, ÎlesSalomon, Kiribati, Libéria, Nauru, Samoa, Timor-Leste,Tuvalu et Vanuatu;d) États qui ne sont pas parties à la Convention de1988: Guinée équatoriale, Îles Marshall, Îles Salomon,Kiribati, Namibie, Nauru, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Saint-Siège, Somalie, Timor-Leste et Tuvalu.123

E/INCB/2008/1aider à s’acquitter des obligations que leur imposentles conventions en matière de communicationd’informations.Recommandation 3: Les difficultés éprouvées parcertains États à communiquer à l’Organe les donnéesrequises tiennent à plusieurs raisons, notamment aumanque de formation des autorités chargées ducontrôle des activités licites relatives aux stupéfiants etaux substances psychotropes et à l’insuffisance desressources qui leur sont accordées. L’Organe appelleencore une fois les gouvernements concernés àallouer à leurs autorités nationales compétentes desressources suffisantes pour s’acquitter de toutesleurs fonctions de contrôle, notamment desobligations que leur imposent les conventions enmatière de communication d’informations.Recommandation 4: Habituellement, l’Organecommunique aux gouvernements concernés sesobservations et recommandations, à la suite de sesmissions dans les pays, et examine régulièrement lamanière dont ils mettent en œuvre sesrecommandations. Il note que la plupart desgouvernements se sont efforcés de donner suite à sesrecommandations et que des progrès ont été accomplisdans divers domaines du contrôle des drogues.Cependant, quelques gouvernements n’ont pas donnésuite à ses demandes d’information au sujet de la miseen œuvre de ses recommandations. L’Organe rappellequ’il ne peut s’acquitter du mandat qui lui incombeen vertu des traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues que si les gouvernementscoopèrent avec lui. Il demande à tous lesgouvernements de lui assurer leur entièrecoopération dans l’organisation des missions et lamise en œuvre des recommandations qu’il formule àla suite de celles-ci.Stupéfiants et substances psychotropesRecommandation 5: L’Organe note que, quelquesgouvernements n’ayant pas communiqué d’évaluationde leurs besoins en stupéfiants pour 2009, il a dû lesétablir. Il prie instamment les gouvernementsconcernés d’étudier leurs besoins en stupéfiantspour 2009 et de lui communiquer leurs propresévaluations pour confirmation, afin d’éviter touteéventuelle difficulté à obtenir les quantitésnécessaires à des fins médicales et scientifiques dansleur pays.Recommandation 6: Quelques gouvernements ontcommuniqué pendant plusieurs années les mêmesévaluations de leurs besoins en stupéfiants. L’Organeprie les gouvernements concernés d’évaluerrégulièrement leurs besoins en stupéfiants afin des’assurer que les chiffres qui lui sont communiquéspour confirmation correspondent à leurs besoinsréels en stupéfiants pour l’année considérée.Recommandation 7: Depuis plusieurs années, uncertain nombre de gouvernements n’ont pas mis à jourles évaluations de leurs besoins en substancespsychotropes et, par conséquent, ces évaluationspourraient ne plus correspondre à leurs besoins réels deces substances à des fins médicales et scientifiques.Certains d’entre eux ont délivré des autorisationsd’importation de substances psychotropes en l’absenced’évaluations correspondantes ou en quantités excédantces évaluations. L’Organe encourage tous lesgouvernements à revoir et à actualiserrégulièrement les évaluations de leurs besoins ensubstances psychotropes et à les lui communiquer. Ilappelle tous les gouvernements à ne pas autoriserd’importations dépassant leurs évaluations.Recommandation 8: L’application du systèmed’autorisations d’importation et d’exportation à toutesles substances psychotropes s’est révéléeparticulièrement efficace pour repérer les tentatives dedétournement. L’Organe demande de nouveau à tousles gouvernements qui ne l’ont pas encore fait derendre obligatoires les autorisations d’importationet d’exportation pour les substances inscrites auxTableaux III et IV de la Convention de 1971,conformément aux résolutions 1985/15, 1987/30,1991/44, 1993/38 et 1996/30 du Conseil économiqueet social.Recommandation 9: Les trafiquants se serventd’autorisations d’importation falsifiées pour tenter dedétourner des stupéfiants ou des substancespsychotropes du commerce international. L’Organeprie les gouvernements des pays exportateurs decontinuer de vérifier la légitimité de toutes lescommandes de stupéfiants et de substancespsychotropes. Il conseille aux autorités nationalescompétentes de ces pays d’utiliser à cette fin lesévaluations des besoins en stupéfiants et ensubstances psychotropes qu’il publie. Lescommandes jugées suspectes parce qu’ellesdépassent les évaluations des pays importateurs124

E/INCB/2008/1concernés devraient être vérifiées auprès del’Organe ou portées à l’attention des paysimportateurs, avant toute autorisationd’exportation.PrécurseursRecommandation 10: Les informations obtenues grâceaux enquêtes sur les saisies de substances dont il a étéétabli qu’elles étaient destinées à la fabrication illicitede stupéfiants, de substances psychotropes et deprécurseurs sont précieuses pour l’identification desnouvelles tendances en matière de fabrication illicitede drogues et de leurs précurseurs. L’Organe invitetoutes les autorités compétentes qui effectuent detelles saisies à mener des enquêtes sur cesopérations et à lui en communiquer les résultats.Recommandation 11: Le système électroniqued’échange de notifications préalables à l’exportationPEN-Online est devenu un outil important pour lerenforcement du contrôle des précurseurs, qui permetaux autorités des pays importateurs de faire, en peu detemps, des observations sur la légitimité des envois.L’Organe encourage encore une fois tous lesgouvernements qui ne l’ont pas encore fait àdemander un accès au système PEN-Online et àl’utiliser effectivement.Recommandation 12: L’Organe continue de publier lesbesoins légitimes annuels des pays en 3,4-MDP-2-P,P-2P, éphédrine et pseudoéphédrine et en préparationscontenant les deux dernières substances. Grâce à cesinformations, les autorités nationales ont pu décelerdes envois susceptibles d’être détournés. L’Organeencourage tous les gouvernements à revoirrégulièrement leurs besoins en ce qui concerne cessubstances et à l’en informer.Recommandation 13: Des trafiquants ont tenté dedétourner des précurseurs de stimulants de typeamphétamine en se dissimulant derrière des sociétésfictives et en falsifiant des autorisations d’importationet des documents de sociétés. L’Organe engagevivement les gouvernements concernés à renforcerles capacités de leurs autorités compétenteschargées de vérifier la légitimité des opérations surles précurseurs.Recommandation 14: L’Organe note avec inquiétudequ’un certain nombre de gouvernements africains n’ontpas répondu aux enquêtes sur d’éventuelles opérationssuspectes, pour partie en raison des capacités limitéesdes autorités compétentes concernées. À cet égard, ilengage vivement tous les gouvernements et lesorganisations internationales compétentes à fournirune assistance pour la formation et le renforcementdes capacités des autorités compétentes des paysafricains afin de leur permettre de confirmer lalégitimité des opérations concernées et de prévenirles détournements.3. Prévention de la production, de la fabrication,du trafic et de l’abus illicites de drogues768. Les traités internationaux relatifs au contrôle desdrogues visent notamment à limiter à des fins légitimesla production, la fabrication, l’exportation,l’importation, la distribution, le commerce et l’emploide substances placées sous contrôle international et àprévenir leur détournement et leur abus.Recommandation 15: L’Organe note avec inquiétudeque malgré un certain déclin de la culture illicite dupavot à opium, l’Afghanistan reste de loin le pays quiabrite les cultures illicites les plus importantes de pavotà opium, avec une production d’opium d’environ7 700 tonnes en 2008, la deuxième de l’histoire par sonvolume. L’Organe exhorte le Gouvernement afghanà prendre les mesures voulues pour faire en sorteque des progrès soutenus et mesurables soientaccomplis dans la prévention et l’élimination de laculture illicite du pavot à opium. Il invite lacommunauté internationale à continuer d’apporterson assistance au Gouvernement afghan dans lalutte contre la drogue sur son territoire. Il engageen outre vivement le Gouvernement afghan àintensifier ses efforts visant à éliminer le commerced’opium, de cannabis et d’autres drogues sur sonterritoire.Recommandation 16: La culture illicite du cannabis enAfghanistan a augmenté sensiblement ces dernièresannées. De plus en plus de cultivateurs délaissent laculture du pavot à opium pour celle du cannabis, et lesmesures prises par le Gouvernement pour prévenircette culture ont été insuffisantes. L’Organe exhorte leGouvernement afghan à prendre des mesuresimmédiates contre la culture illicite du cannabis et às’assurer que les paysans qui se livrent à descultures illicites puissent accéder à des moyensviables et légitimes de gagner leur vie. Il invite lacommunauté internationale à fournir une assistance125

E/INCB/2008/1au Gouvernement afghan dans ce domaineégalement.Recommandation 17: La corruption liée à la drogue enAfghanistan est un problème généralisé etprofondément ancré, ce qui entrave considérablementles efforts que déploie le Gouvernement en matière decontrôle des drogues. L’Organe note avec inquiétudeque des fonctionnaires corrompus permettent auxtrafiquants de drogues de poursuivre leurs activités entoute impunité, tandis que d’autres, soucieux deremédier au problème, sont victimes de harcèlement,de menaces de mort ou d’actes de violence. Il tient àrappeler que, pour lutter avec succès contre lacorruption liée à la drogue, il faut une volontépolitique forte et des mesures fermes. Il exhorte leGouvernement afghan à prendre des mesuresefficaces à l’encontre des fonctionnaires corrompus,à quelque niveau de gouvernement que ce soit, quisont impliqués dans des activités illicites liées auxdrogues et à rendre publics les résultats de cesmesures.Recommandation 18: L’Organe s’inquiète du fait que lemanque de coordination et d’échange d’informationsentre les services afghans de détection et de répressionet leurs homologues des pays voisins et autres soitl’une des principales raisons pour lesquelles leGouvernement afghan n’a pu atteindre ses buts enmatière d’éradication de la culture illicite du pavot àopium. L’Organe invite le Gouvernement afghan etles gouvernements d’autres pays d’Asie occidentaleet d’ailleurs à accorder un degré élevé de priorité àla coopération et à l’échange de renseignementsentre leurs services de détection et de répression,afin de conjuguer efficacement leurs efforts dans lalutte contre le commerce de drogues en Afghanistanet ailleurs (voir également la recommandation 32ci-après).Recommandation 19: L’Organe note avec inquiétudeque la contrebande de cocaïne via l’Afrique de l’Ouestaugmente considérablement, ce qui constitue unemenace grave à la stabilité des pays de la région. Dansbon nombre de ces pays, les moyens dont disposent lesservices de détection et de répression et les organismesde justice pénale sont limités et la corruption pose desproblème graves, ce qui fait des pays en question descibles tout indiquées pour les organisations detrafiquants. À mesure que le trafic de cocaïneaugmente, l’abus de ce stupéfiant se fait jour dans larégion, ce qui est particulièrement préoccupant parceque les capacités de prévention et de traitement sontlimitées dans nombre de ces pays. L’Organe invite lacommunauté internationale, notammentl’Organisation des Nations Unies, à apporterl’assistance voulue, notamment des moyenstechniques et financiers, aux pays de l’Afrique del’Ouest pour leur permettre de faire face auproblème croissant du trafic de cocaïne et de l’abusde drogues. Il exhorte les gouvernements des paysd’Afrique de l’Ouest à prendre les mesures quis’imposent pour faire échec au trafic de cocaïne et àla corruption qui en découle, en coopération avecd’autres pays et organisations internationales.Recommandation 20: L’Organe note que, depuis 2005,il n’y a pas eu de nouvelle enquête sur le cannabisréalisée conjointement par l’ONUDC et leGouvernement marocain. Des données exactes surl’ampleur de la culture illicite du cannabis étantindispensables pour prendre des mesures de lutteefficaces et utiles, l’Organe encourage leGouvernement marocain à faire actualiser, encoopération avec l’ONUDC, les données surl’ampleur de la culture illicite du cannabis sur sonterritoire.Recommandation 21: L’Organe note avec inquiétudeque, dans certains pays, le cannabis est considéré danscertains milieux comme une drogue “douce” sansdanger. En outre, en partie pour cette raison, lesgouvernements de certains pays ont pris des mesureslégislatives pour dépénaliser l’usage personnel decannabis et les actes qui y préparent, à savoir la cultureet la détention de cannabis. L’Organe est préoccupé parle fait que ces mesures pourraient être mal interprétéespar le public. Il souhaite encore une fois attirerl’attention des gouvernements sur le fait que lecannabis est un stupéfiant inscrit aux Tableaux Iet IV de la Convention de 1961 et que les substancesinscrites au Tableau IV sont les plus susceptibles dedonner lieu à des abus. Il invite tous lesgouvernements à élaborer et à mettre en place desprogrammes de prévention de l’abus de cannabis etde sensibilisation du public aux dangers qu’ilcomporte.Recommandation 22: Un nombre croissant de pays sontconfrontés au détournement et à l’abus de préparationspharmaceutiques contenant des stupéfiants ou dessubstances psychotropes. Selon les informations126

E/INCB/2008/1communiquées par les gouvernements, les préparationspharmaceutiques qui font le plus l’objet d’abus sontcelles que l’on trouve le plus facilement sur le marchélicite. L’Organe encourage tous les gouvernementsconcernés à redoubler de vigilance face au trafic età l’abus de ces préparations et à envisager derenforcer les mesures de contrôle actuelles. Il leurdemande de nouveau de suivre les niveaux deconsommation des médicaments de prescriptioncontenant des stupéfiants ou des substancespsychotropes afin de déceler d’éventuelsdétournements et de sensibiliser leurs populationsaux conséquences que l’abus de telles préparationsentraîne.Recommandation 23: L’abus d’hydrocodone etd’oxycodone chez les jeunes continue d’augmenter enAmérique du Nord, tout particulièrement auxÉtats-Unis. L’Organe s’inquiète du fait que ceux quifont abus de stupéfiants méconnaissent les gravesrisques que comporte l’usage à des fins non médicalesde ces stupéfiants. Il encourage les gouvernementsdes pays où la consommation d’hydrocodone etd’oxycodone a considérablement augmenté àempêcher que des taux de consommation élevés,injustifiables sur le plan médical, ne soient atteintsen adoptant des mesures supplémentaires pourcontrôler les circuits de distribution nationaux et ens’employant à sensibiliser le public. Il les prie enoutre de voir si les pratiques de commercialisationdes entreprises pharmaceutiques ont contribué àélever anormalement les taux de consommation deces stupéfiants et, si tel était le cas, de s’attaquer àce problème.Recommandation 24: L’Organe reconnaît que les siropsantitussifs contenant des stupéfiants sont desmédicaments efficaces pour de nombreux patients etimportants dans la pratique médicale et les soins desanté. Cependant, on sait aussi que, dans un certainnombre de pays, les sirops antitussifs font l’objet d’unabus. L’Organe recommande aux gouvernements depays où un tel abus existe d’envisager de renforcerle contrôle et la surveillance des circuits dedistribution des sirops contenant des stupéfiants. Ilpréconise aussi que l’on mette en place desprogrammes de prévention de l’abus de droguespour sensibiliser davantage les esprits aux risquesliés à l’usage inconsidéré de sirops antitussifs.Recommandation 25: L’abus de timbres de fentanyldans plusieurs pays a été signalé à l’Organe, quiinvite encore une fois les gouvernements des pays oùces timbres sont fabriqués à réfléchir, encoopération avec l’industrie pharmaceutique, auxmoyens de réduire la teneur résiduelle en fentanyldes timbres usagés. Il prie en outre lesgouvernements de veiller à ce que l’élimination destimbres usagés se fasse dans de bonnes conditionsde sûreté et de sécurité afin de prévenir toutdétournement vers les marchés illicites.Recommandation 26: La consommation mondiale deméthadone a été multipliée par plus de trois ces dixdernières années. La méthadone est utilisée dansplusieurs pays pour le traitement de la douleur, mais laforte tendance à la hausse de sa consommation est duesurtout à son utilisation croissante dans les traitementsde substitution de la dépendance aux opioïdes.L’Organe prie les gouvernements des pays où laméthadone est utilisée à des fins médicales d’êtrevigilants en ce qui concerne le détournement, letrafic et l’abus de méthadone et de prendre desmesures efficaces pour lutter contre cesphénomènes, si nécessaire.Recommandation 27: L’Organe note qu’un certainnombre de pays ont d’ores et déjà pris des mesurespour contrôler la kétamine (substance qui n’est pasplacée sous contrôle international à l’heure actuelle) envertu de leur législation nationale, conformément à larésolution 49/6 de la Commission des stupéfiants. Ilnote également que l’OMS réalisera un examencritique de la kétamine en 2009. Il prie tous lesgouvernements de lui communiquer, ainsi qu’àl’OMS, toutes les informations dont ils disposentsur l’abus et le détournement de la kétamine dansleur pays. En outre, pour que les gouvernementspuissent plus facilement vérifier la légitimité desimportations et des exportations de kétamine, il prietous les gouvernements qui ne l’ont pas encore faitde lui communiquer des informations actualiséessur leurs mesures nationales de contrôleréglementaire de la kétamine afin de les publier surson site Web. Il encourage tous les gouvernements àconsulter ces informations sur son site Web avantd’autoriser l’exportation de kétamine.Recommandation 28: Dans sa résolution 51/13 intitulée“Réponse à la menace que constitue la distribution surle marché non réglementé de drogues placées sous127

E/INCB/2008/1contrôle international”, la Commission des stupéfiantsa prié tous les gouvernements, entre autres, decontinuer d’offrir aux États touchés coopération etsoutien et a prié les États Membres de réfléchir àl’application des recommandations pertinentes etapplicables faites par l’Organe dans son rapport annuelpour 2006 93 . L’Organe invite les gouvernements àappliquer sans tarder la résolution 51/13 de laCommission. Ils devraient notamment adopter etfaire appliquer, s’il y a lieu, des lois interdisant ladistribution de substances placées sous contrôleinternational sur le marché non réglementé, et seconformer au régime international de contrôle desdrogues.Recommandation 29: L’Organe reste préoccupé par lefait que, dans un petit nombre de pays, des “salles deconsommation de drogues” et des “salles d’injection”où l’on peut consommer impunément des droguesacquises sur le marché illicite fonctionnent encore. Ilengage vivement les gouvernements à mettre fin aufonctionnement de ces salles et autres lieuxsimilaires et à favoriser l’accès des toxicomanes auxservices sociaux, de santé et de traitement de latoxicomanie.4. Prévention du détournement de précurseursvers le trafic illicite769. L’un des objectifs de la Convention de 1988 estd’empêcher que les précurseurs ne soient détournésvers le trafic illicite pour la fabrication illicite destupéfiants ou de substances psychotropes.Recommandation 30: En raison de l’intensification dela surveillance du commerce international deprécurseurs ces dernières années, les trafiquants fontde plus en plus appel à des méthodes n’impliquant pasle détournement de précurseurs du commerceinternational. À présent, ils se procurent le plussouvent des précurseurs comme l’anhydride acétiqueen les détournant des circuits nationaux et en lestransportant clandestinement au-delà des frontières.L’Organe encourage les gouvernements à attacherun rang élevé de priorité au renforcement desmesures nationales de contrôle applicables auxprécurseurs, afin de prévenir tout détournement descircuits nationaux de distribution.__________________93 Rapport de l'Organe international de contrôle desstupéfiants pour 2006…Recommandation 31: Par suite du renforcement ducontrôle que les autorités exercent sur le commerce desmatières premières que sont l’éphédrine et lapseudoéphédrine à l’échelle mondiale, les trafiquantspassent commande de préparations contenant del’éphédrine ou de la pseudoéphédrine à des entreprisespharmaceutiques légitimes, souvent sous le prétexteque ces préparations seraient fournies aux pays endéveloppement pour un usage médical. L’Organedemande instamment à tous les gouvernements desoumettre les préparations pharmaceutiquescontenant de l’éphédrine ou de la pseudoéphédrineau même contrôle que les substances inscrites ellesmêmesaux Tableaux, tout en veillant à ce que lecommerce légitime ne soit pas indûment entravé.Recommandation 32: À la suite des actionsinternationales d’interception et d’échanged’informations organisées dans le cadre du Projet“Cohesion”, le nombre de saisies d’anhydride acétiqueet de tentatives de détournement déjouées aconsidérablement augmenté au cours de la période2007-2008. Le détournement de produits chimiquesutilisés dans la fabrication illicite d’héroïne et leurintroduction clandestine en Afghanistan n’encontinuent pas moins de poser problème et l’Organenote avec inquiétude que les mécanismes de contrôleactuellement en place en Afghanistan ne sont peut-êtrepas suffisants. L’Organe demande instamment auGouvernement afghan de continuer de coopéreravec la communauté internationale pour empêcherces détournements et cette contrebande. Parailleurs, il tient à rappeler aux gouvernements larésolution 1817 (2008) du Conseil de sécurité, danslaquelle le Conseil invite tous les États Membres, enparticulier ceux qui produisent des précurseurschimiques, l’Afghanistan, les pays voisins et tous lespays situés le long des itinéraires empruntés par lestrafiquants, à renforcer leur coopération avecl’Organe, notamment en se conformant pleinementaux dispositions de l’article 12 de la Convention de1988 afin d’éliminer les failles qui permettent auxorganisation criminelles de détourner des produitschimiques précurseurs du commerce internationallicite.Recommandation 33: Comme le Gouvernementmexicain a interdit l’importation d’éphédrine et depseudoéphédrine, les réseaux de trafiquants ontcommencé à se procurer des précurseurs en Amériquecentrale et en Amérique du Sud. Les importations de128

E/INCB/2008/1ces substances ont considérablement augmenté dansces régions. Dans certains pays, des lois visant àmaîtriser ce problème sont certes en instanced’adoption, mais leurs dispositions doivent êtreappliquées plus rapidement. L’Organe encourage lespays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud àrenforcer leurs mécanismes de surveillance ducommerce de produits chimiques précurseurs et àcoopérer avec l’Organe pour repérer tous lesprécurseurs et les méthodes utilisés dans lafabrication illicite de stimulants de typeamphétamine.Recommandation 34: L’origine et les méthodes dedétournement du permanganate de potassium enAmérique du Sud continuent de préoccuper l’Organe.Le nombre de cas de détournement du commerceinternational de produits chimiques utilisés dans lafabrication illicite de cocaïne, détectés ou déjoués,continue de diminuer. Les trafiquants semblenttoutefois avoir trouvé les moyens de se procurer lessubstances dont ils ont besoin en les détournant ducommerce intérieur et en les acheminantclandestinement dans la région. L’Organe demandeinstamment aux gouvernements sud-américains derenforcer le contrôle des circuits nationaux dedistribution. Il invite les gouvernements des pays ducontinent américain à mettre à profit l’expérienceacquise dans le cadre du Projet “Cohesion” en cequi concerne l’anhydride acétique et à mettre aupoint des stratégies analogues pour combattre ledétournement des produits chimiques utilisés dansla fabrication de cocaïne.5. Disponibilité et usage rationnel de stupéfiants etde substances psychotropes à des fins médicales.770. L’un des objectifs fondamentaux des traitésinternationaux relatifs au contrôle des drogues estd’assurer la disponibilité de stupéfiants et desubstances psychotropes pour les besoins médicaux etscientifiques et d’encourager l’usage rationnel destupéfiants et de substances psychotropes.Recommandation 35: Les écarts observés entre lesdifférentes régions en ce qui concerne laconsommation de stupéfiants et de substancespsychotropes restent très importants. Certains de cesécarts s’expliquent par des différences culturelles enmatière de traitement médical et par la diversité desmodes de prescription. Une attention particulières’impose toutefois lorsque la consommation de droguesest excessivement élevée ou faible. L’Organe prie lesgouvernements d’examiner régulièrementl’évolution de la consommation de substancesplacées sous contrôle international dans leur pays etde prendre les mesures voulues, le cas échéant. Ilprie les gouvernements de favoriser l’usagerationnel de ces substances, conformément auxrecommandations pertinentes de l’OMS.Recommandation 36: La consommation d’analgésiquesopioïdes pour le traitement de la douleur demeurefaible dans de nombreux pays en développement. Si laconsommation d’analgésiques opioïdes a plus quedoublé dans plusieurs de ces pays, le niveau de départétait très bas. Dans le cadre du Programme d’accès auxmédicaments sous contrôle qu’il mettra en œuvre,l’OMS apportera aux gouvernements une aide efficacepour promouvoir l’usage rationnel d’analgésiquesopioïdes. L’Organe invite de nouveau instammenttous les gouvernements concernés à repérer lesobstacles qui entravent dans leur pays l’usageadéquat d’analgésiques opioïdes pour le traitementde la douleur et à prendre des mesures propres àaméliorer la disponibilité de ces stupéfiants pour lesbesoins médicaux, conformément auxrecommandations pertinentes de l’OMS. Il demandeà tous les gouvernements de coopérer avec l’OMSdans l’application du Programme d’accès auxmédicaments sous contrôle et de lui fournir lesressources nécessaires pour permettre la mise enœuvre du programme sans retard indu.Recommandation 37: Afin de favoriser la disponibilitéadéquate de stupéfiants, l’Organe analyse la situationde l’offre et de la demande de matières premièresopiacées. À cette fin, il s’appuie sur les renseignementsfournis par les gouvernements des pays producteurs dematières premières opiacées et des pays où cesmatières sont utilisées pour la fabrication d’opiacés oude substances non visées par la Convention de 1961.L’Organe encourage les gouvernements des paysproducteurs et/ou utilisateurs de matières premièresopiacées à lui fournir des évaluations et statistiquesde qualité et à le tenir informé de tout fait nouveauqui pourrait influer sur l’évolution future de l’offreet de la demande de matières premières opiacées.129

E/INCB/2008/16. Internet et usage impropre des services demessagerie771. La vente illégale sur Internet de préparationspharmaceutiques contenant des substances placées souscontrôle international et l’usage impropre des servicespostaux et de messagerie pour la contrebande de cessubstances étant des problèmes d’envergure mondiale,la communauté internationale doit coopérer étroitementet unir ses efforts. Les mécanismes internationaux etnationaux de coordination existants doivent êtreutilisés pleinement pour réagir à cette menace. Lesgouvernements devront appliquer des mesuresadditionnelles, aux niveaux national et international,pour empêcher toute prolifération de l’usage improprede l’Internet et des services postaux et de messageriepour le trafic de drogues.Recommandation 38: Vu que la plupart des pays nedisposent pas de lois, règlements administratifs etmécanismes de coopération suffisants pour réprimer lavente illégale via l’Internet de produitspharmaceutiques contenant des substances placées souscontrôle international, l’Organe a élaboré et diffusé desprincipes directeurs à l’intention des gouvernementspour la prévention de la vente illégale via l’Internet desubstances placées sous contrôle international. Il invitetous les gouvernements à utiliser les Principesdirecteurs et à l’informer de l’expérience acquisedans leur application.Recommandation 39: La Commission des stupéfiants,dans sa résolution 50/11, a encouragé les ÉtatsMembres à signaler à l’Organe, de manière régulière etnormalisée, les saisies de substances placées souscontrôle international qui ont été commandées vial’Internet et livrées par courrier. L’Organe a établi etenvoyé aux gouvernements un questionnaire à utiliser àcette fin. Il invite tous les gouvernements à luifournir régulièrement, à l’aide du questionnairequ’il leur a envoyé, des informations sur les saisiesde substances placées sous contrôle internationalcommandées via l’Internet et livrées par courrier. Ilinvite aussi les gouvernements à continuer de luifournir des informations sur la législation nationalerelative à la vente via l’Internet de substancesplacées sous contrôle international, les mécanismesnationaux de coopération et l’expérience pratiquedu contrôle des ventes, ainsi que les coordonnéesdes points nationaux de contact pour les activitésconcernant les pharmacies Internet.Recommandation 40: Ces deux dernières années,l’Organe a rassemblé des renseignements sur l’usageimpropre des services de messagerie par les trafiquantsde drogues et noté que cet usage impropre avait coursdans toutes les régions. Certains gouvernements ontdéclaré que l’utilisation de services de messagerie étaitl’une des principales méthodes de contrebande dedrogues. L’Organe encourage tous lesgouvernements qui ne l’ont pas encore fait à arrêterdes mesures législatives et administratives assurantune protection adéquate contre l’usage impropredes services postaux et de messagerie aux fins dutrafic de drogues, notamment l’envoi de graines decannabis et de matériel tel que celui destinénotamment à la production illicite et à l’abus decannabis. En outre, les gouvernements devraientrenforcer les organismes chargés du contrôle desservices postaux et de messagerie et établir desdispositifs d’échange d’informations entre lesorganes de règlementation, les services de détectionet de répression, l’appareil judiciaire,l’administration postale et les services demessagerie pour permettre l’investigation rapidedes affaires de trafic de drogues.Recommandation 41: Plusieurs gouvernements ontindiqué que la technique des livraisons surveillées étaitle moyen le plus efficace de lutter contre lacontrebande de drogues par l’intermédiaire desservices de messagerie. L’Organe encourage tous lesgouvernements à recourir, le cas échéant, à latechnique des livraisons surveillées et à coopérer àcet effet avec d’autres gouvernements.Recommandation 42: Les accords internationaux envigueur concernant les envois postaux contiennent desdispositions qui sont également utiles pour lutter contrel’usage impropre des services de messagerie aux finsde la contrebande de drogues. L’Organe encourage lesgouvernements à appliquer aux services demessagerie privés les dispositions de la Conventionpostale universelle régissant l’expéditioninternationale de courrier par les services postauxd’État ainsi qu’à modifier comme il convient leurlégislation.130

E/INCB/2008/1B. Recommandations à l’intention del’Office des Nations Unies contre ladrogue et le crime et de l’Organisationmondiale de la Santé772. L’ONUDC est le principal organisme des NationsUnies chargé de fournir une assistance technique enmatière de contrôle des drogues, et de coordonner cetteassistance lorsqu’elle est fournie par lesgouvernements et d’autres organisations. En vertu destraités existants, l’OMS est chargée de faire, en sefondant sur des évaluations médicales et scientifiques,des recommandations visant à modifier la portée ducontrôle des stupéfiants au titre de la Convention de1961 et des substances psychotropes au titre de laConvention de 1971. En outre, l’OMS joue un rôle clefdans l’action en faveur de l’usage rationnel desubstances placées sous contrôle international.Recommandation 43: Dans plusieurs pays, le contrôledes activités licites liées aux stupéfiants, auxsubstances psychotropes et aux précurseurs resteinsuffisant. L’Organe encourage l’ONUDC à fourniraux gouvernements un appui technique accru pourles programmes visant à renforcer leurs moyens decontrôler les activités licites liées aux stupéfiants,aux substances psychotropes et aux précurseurs.Recommandation 44: La consommation d’analgésiquesopioïdes pour le traitement de la douleur reste faibledans de nombreux pays en développement. L’OMS,agissant en concertation avec l’Organe, a établi unprogramme d’assistance dénommé “Programmed’accès aux médicaments sous contrôle”. Ceprogramme vise à lever les obstacles entravant l’usagerationnel d’analgésiques opioïdes en mettant l’accentsur les règlements, les attitudes et les connaissances.L’Organe encourage l’ONUDC à coopérer avecl’OMS à l’application du Programme d’accès auxmédicaments sous contrôle, afin de promouvoirl’usage rationnel d’analgésiques opioïdes par lesprofessionnels de la santé.Recommandation 45: Plusieurs pays en développementdoivent faire des efforts supplémentaires pour établirdes évaluations concernant l’usage médical etscientifique de stupéfiants, de substances psychotropeset de certains précurseurs, en tenant compte desbesoins effectifs concernant la fourniture de soins desanté adéquats à leurs populations. L’Organe priel’OMS d’apporter aux gouvernements un appuiaccru dans les efforts qu’ils déploient pour établirdes évaluations adéquates concernant l’usagemédical et scientifique des substances placées souscontrôle. Il encourage l’OMS à prendre avec lui uneinitiative visant à définir les méthodes que les paysen développement doivent appliquer pour établirdes évaluations précises concernant les stupéfiants,les substances psychotropes et certains précurseurs.Recommandation 46: Plusieurs pays en développementdoivent renforcer leurs moyens de traitement destoxicomanes. L’Organe encourage l’OMS à apporteraux gouvernements un appui accru dans les effortsqu’ils déploient pour renforcer leurs moyens detraitement des toxicomanies et obtenir que cetraitement soit de qualité.C. Recommandations à l’intentiond’autres organisations internationalescompétentes773. Les organisations internationales commeINTERPOL, l’Organisation mondiale des douanes etl’UPU jouent un rôle important dans le contrôleinternational des drogues. Lorsque certains États ontbesoin d’un soutien opérationnel additionnel dans desdomaines spécifiques, comme la détection et larépression des infractions liées à la drogue, l’Organeformule des recommandations pertinentes intéressantles domaines de compétence spécifiques desorganisations internationales et régionales concernées,dont INTERPOL, l’Organisation mondiale des douaneset l’UPU.Recommandation 47: La Convention postaleuniverselle régit l’expédition internationale de courrierpar les services postaux d’État. L’application, par lesgouvernements, de certaines dispositions de cetteConvention au fonctionnement des services demessagerie serait utile pour réprimer l’usage improprede ces services pour la contrebande de drogues.L’Organe encourage l’UPU à étendre aux servicesde messagerie privés la portée des dispositions de laConvention postale universelle applicable auxservices postaux d’État et à préciser cesdispositions, le cas échéant. Il demande à l’UPU del’informer de tout fait nouveau à ce sujet.Recommandation 48: L’Organe souligne qu’il fauts’attaquer aux problèmes que posent les pharmacies131

E/INCB/2008/1fonctionnant de manière illégale sur Internet et lacontrebande par courrier de substances placées souscontrôle. Il encourage de nouveau les organisationsinternationales, en particulier l’UPU, INTERPOL etl’Organisation mondiale des douanes, à lui fairepart de l’expérience qu’elles ont acquise dansl’exécution de programmes visant à régler lesproblèmes posés par les pharmacies fonctionnant demanière illégale sur Internet et la contrebande parcourrier de substances placées sous contrôle.(Signé)Hamid GhodsePrésident(Signé)Koli KouameSecrétaire(Signé)Maria Elena Medina MoraRapporteurVienne, le 14 novembre 2008132

E/INCB/2008/1Annexe IGroupes régionaux figurant dans le rapport de l’Organeinternational de contrôle des stupéfiants pour 2008On trouvera énumérés ci-dessous les groupes régionaux figurant dans lerapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2008 ainsi que lesÉtats qui composent chaque groupe.Afrique du SudAlgérieAngolaBéninBotswanaBurkina FasoBurundiCamerounCap-VertComoresCongoCôte d’IvoireDjiboutiÉgypteÉrythréeÉthiopieGabonGambieGhanaGuinéeGuinée-BissauGuinée équatorialeJamahiriya arabe libyenneKenyaLesothoLibériaMadagascarAfriqueMalawiMaliMarocMauriceMauritanieMozambiqueNamibieNigerNigériaOugandaRépublique centrafricaineRépublique démocratique du CongoRépublique-Unie de TanzanieRwandaSao Tomé-et-PrincipeSénégalSeychellesSierra LeoneSomalieSoudanSwazilandTchadTogoTunisieZambieZimbabweAntigua-et-BarbudaBahamasBarbadeBelizeCosta RicaCubaDominiqueEl SalvadorGrenadeGuatemalaHaïtiAmérique centrale et CaraïbesHondurasJamaïqueNicaraguaPanamaRépublique dominicaineSainte-LucieSaint-Kitts-et-NevisSaint-Vincent-et-les GrenadinesTrinité-et-Tobago133

E/INCB/2008/1CanadaÉtats-Unis d’AmériqueArgentineBolivieBrésilChiliColombieÉquateurAmérique du NordMexiqueAmérique du SudGuyanaParaguayPérouSurinameUruguayVenezuela (République bolivarienne du)Brunéi DarussalamCambodgeChineIndonésieJaponMalaisieMongolieMyanmarBangladeshBhoutanIndeAsie de l’Est et du Sud-EstAsie du SudPhilippinesRépublique de CoréeRépublique démocratique populaire laoRépublique populaire démocratique de CoréeSingapourThaïlandeTimor-LesteViet NamMaldivesNépalSri LankaAfghanistanArabie saouditeArménieAzerbaïdjanBahreïnÉmirats arabes unisGéorgieIran (République islamique d’)IraqIsraëlJordanieKazakhstanAsie occidentaleKirghizistanKoweïtLibanOmanOuzbékistanPakistanQatarRépublique arabe syrienneTadjikistanTurkménistanTurquieYémen134

E/INCB/2008/1AlbanieAllemagneAndorreAutricheBélarusBelgiqueBosnie-HerzégovineBulgarieChypreCroatieDanemarkEspagneEstonieex-République yougoslave deMacédoineFédération de RussieFinlandeFranceGrèceHongrieIrlandeIslandeItalieLettonieEuropeLiechtensteinLituanieLuxembourgMalteMonacoMonténégroNorvègePays-BasPolognePortugalRépublique de MoldovaRépublique tchèqueRoumanieRoyaume-Uni de Grande-Bretagneet d’Irlande du NordSaint-MarinSaint-SiègeSerbieSlovaquieSlovénieSuèdeSuisseUkraineOcéanieAustralieFidjiÎles CookÎles MarshallÎles SalomonKiribatiMicronésie (États fédérés de)NauruNiouéNouvelle-ZélandePalaosPapouasie-Nouvelle-GuinéeSamoaTongaTuvaluVanuatu135

E/INCB/2008/1Annexe IIComposition actuelle de l’Organe international de contrôledes stupéfiantsJoseph Bediako AsareNé en 1942. De nationalité ghanéenne.Consultant privé et psychiatre.Académie de médecine de Cracovie (Pologne)(1965-1971); enseignement postuniversitaire dans leshôpitaux psychiatriques de Graylands et Swanbourne, àPerth (Australie) (1976-1977); Autorités sanitaires duLeicestershire (1977-1980). Interne en psychiatrie,Autorités sanitaires du West Berkshire et du SouthOxford (1981-1982); Médecin-chef (psychiatrie),Services de santé ghanéens; Spécialiste responsable del’Hôpital psychiatrique d’Accra; Président de la sectionghanéenne du Collège ouest-africain des médecins;Vice-Président du Collège ouest-africain des médecins(2000-2004); Conseiller auprès du Ministère ghanéende la santé (1984-2004); Membre de l’Organe ghanéende contrôle des stupéfiants (1990-2004); Président dela Sous-Commission de la réduction de la demande del’Organe ghanéen de contrôle des stupéfiants (1991-2004); Conférencier à temps partiel en psychiatrie,École de médecine de l’Université du Ghana (1991-2004). Membre du corps enseignant pour le programmede formation du Conseil international sur les problèmesde l’alcoolisme et des toxicomanies consacré àl’alcoolisme et la toxicomanie à Benin City (Nigéria)(1986 et 1987); Président de l’Associationpsychiatrique du Ghana (1999-2002). Membre duCollège royal des psychiatres (2008); Membre duCollège ouest-africain des psychiatres; Membre duCollège ghanéen des médecins et chirurgiens. Auteurde nombreuses publications, dont Substance Abuse inGhana; The Problem of Drug Abuse in Ghana: a Guideto Parents and Youth (1989); Alcohol Use, Sale andProduction in Ghana: a Health Perspective (1999);Alcohol and Tobacco Abuse in Deheer (1997);“Psychiatric co-morbidity of drug abuse”, AssessingStandards of Drug Abuse (1993); “Baseline survey ofthe relationship between HIV and substance abuse inGhana” (2004). Titulaire de la Médaille d’honneur(civile) de la République du Ghana (1997). A participéà de nombreuses réunions, dont: groupe consultatifchargé d’élaborer le manuel sur les normesd’évaluation des soins aux toxicomanes (1990-1992);Forum mondial des ONG sur la réduction de lademande de drogues, Bangkok (1994); réuniond’experts du programme de lutte contre les drogues,Cleveland (États-Unis d’Amérique) (1995); Forumd’experts sur les drogues pour l’Afrique de l’Ouest etl’Afrique centrale, Cameroun (1995); réunion d’expertspour la région de l’Afrique de l’Ouest, Dakar (2003).Membre du réseau d’experts pour l’Afrique de l’Ouest(LENwest 2002-2004).Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2005). Membre du Comitépermanent des évaluations (2006 et 2008). Président duComité des questions administratives et financières(depuis 2007).Sevil AtasoyNée en 1949. De nationalité turque. Professeur debiochimie et de criminalistique, Université d’Istanbul(depuis 1988). Expert auprès de tribunaux civils etpénaux (depuis 1980). Présidente du Centre pour laprévention et la lutte contre la criminalité, Istanbul(depuis 2006). Présidente des Services internationauxde criminalistique, Istanbul (depuis 2003).Licence en chimie (1972), maîtrise en biochimie(1976) et doctorat en biochimie (1979), Universitéd’Istanbul. Boursière du programme HubertH. Humphrey, United States Information Agency(1995-1996); Boursière du programme allemandd’échanges universitaires (1976, 1978 et 1994);Boursière de l’Organisation européenne de biologiemoléculaire (1985); Boursière de l’Organisation duTraité de l’Atlantique Nord (1978). Directrice del’Institut de criminalistique de l’Université d’Istanbul(1988-2005); Directrice du Département stupéfiants ettoxicologie du Ministère turc de la justice (1980-1993);Présidente du Département de sciences fondamentalespour la criminalistique de l’Université d’Istanbul(1983-1987); Professeur de biochimie, Faculté demédecine Cerrahpasa de l’Université d’Istanbul (1988-2005); Chercheur invité à la Faculté de santé publique136

E/INCB/2008/1de l’Université de Californie, Berkeley, et au Centre derecherche sur l’abus de drogues de l’Université deCalifornie, Los Angeles; Département de génétique del’Université de Stanford; Département de génétique del’Université Emory; Institut de criminalistique deCalifornie; Federal Bureau of Investigation, Virginie;Laboratoires de criminalistique des services du Shérifde Los Angeles; Police criminelle fédérale (BKA),Wiesbaden (Allemagne); Présidente du Colloquerégional de criminalistique (2000); et Présidente de latroisième Académie européenne de police scientifique(2003). Membre du Groupe d’experts sur les problèmestechniques rencontrés par les spécialistes de la luttecontre les drogues, Office des Nations Unies contre ladrogue et le crime (ONUDC) et Office of NationalDrug Control Policy des États-Unis d’Amérique (2003et 2004); Membre du groupe de spécialistes de laréduction des risques liés à l’abus de substances pard’autres voies que l’injection, Groupe Pompidou duConseil de l’Europe (2002); Membre du Réseauméditerranéen du Groupe Pompidou (2001). Membrede la délégation turque à la Commission desstupéfiants (2001 et 2002). Fondatrice et Directrice dela revue turque de médecine légale (1982-1993).Membre du conseil scientifique de InternationalCriminal Justice Review, la revue turque sur lesdépendances, la revue turque de criminalistique et larevue croate de médecine légale. Fondatrice etPrésidente de la Société turque de criminalistique;Membre honoraire de l’Académie méditerranéenne decriminalistique. Membre des associations suivantes:International Society of Forensic Toxicology; Indo-Pacific Association of Law, Medicine and Science;International Association of Forensic Toxicologists;American Academy of Forensic Sciences; AmericanSociety of Crime Laboratory Directors; ForensicScience Society du Royaume-Uni de Grande-Bretagneet d’Irlande du Nord; et American Society ofCriminology. A participé à des projets sur desquestions relatives aux drogues illicites, dont:établissement d’une carte de la criminalité liée auxdrogues pour le Ministère de l’intérieur (1998-2000);étude globale des marchés de la drogue illicite,Istanbul (Turquie), pour l’Institut interrégional derecherche des Nations Unies sur la criminalité et lajustice (2000-2001); évaluation nationale de la natureet de l’ampleur des problèmes de drogues en Turquie,pour l’ONUDC (2002-2003); Projet européend’enquête en milieu scolaire sur l’alcool et d’autresdrogues (2002-2003); modélisation du marché mondialde l’héroïne pour le RAND Drug Policy ResearchCenter et l’Institut Max Planck (2003). Auteur de plusde 130 articles scientifiques, portant notamment sur ledépistage des drogues, la chimie des drogues, lesmarchés de la drogue, la criminalité liée à la drogue ouinduite par la drogue, la prévention de l’abus dedrogues, la toxicologie clinique et médico-légale, lesinvestigations sur la scène du crime et l’analyse del’acide désoxyribonucléique (ADN).Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2005). Membre du Comité desquestions financières et administratives (2006).Présidente (2006) et membre (2007) du Comitépermanent des évaluations. Deuxième Vice-Présidentede l’Organe (2006). Rapporteur (2007) et premièreVice-Présidente de l’Organe (2008).Tatyana Borisovna DmitrievaNée en 1951. De nationalité russe. Directrice duCentre de recherche d’État en psychiatrie sociale etlégale V. P. Serbsky (depuis 1998). Expert psychiatreen chef, Ministère de la santé et du développementsocial de la Fédération de Russie (depuis 2005).Membre du Conseil d’administration de la Fondation,Institut du développement moderne (depuis 2008).Diplômée de l’Institut de médecine d’ÉtatIvanovskii (1975), maîtrise en sciences (1981) etdoctorat en sciences médicales (1990); professeur demédecine (depuis 1993). Chef du Département depsychiatrie (1986-1989), Directrice adjointe chargée dela recherche (1989-1990) et Directrice (1990-1996) duCentre de recherche d’État en psychiatrie sociale etlégale V. P. Serbsky. Ministre de la santé de laFédération de Russie (1996-1998). Présidente de laCommission de la protection sanitaire du Conseil desécurité russe (1996-2000). Présidente du Conseild’administration de Public Charitable FoundationHealth (depuis 1997). Membre du Présidium del’Académie russe des sciences médicales (depuis2001); Vice-Présidente de la Société russe despsychiatres (depuis 1995); Vice-Présidente del’Association mondiale de psychiatrie sociale; Membrecorrespondant de l’Académie russe des sciencesmédicales (depuis 1997); Membre de l’Académie russedes sciences médicales (depuis 1999). Auteur de plusde 350 ouvrages scientifiques, titulaire de cinqcertificats d’auteur pour des inventions et auteur de137

E/INCB/2008/1trois ouvrages sur le traitement de la toxicomanie, dontun sur la pratique psychiatrique générale et légale(Abus de substances psychoactives) (2000) et un autresur les aspects clinique et juridique de l’abus desubstances psychoactives (2003). Rédactrice en chef dela revue russe de psychiatrie et d’une publicationconsacrée à la recherche clinique sur les médicamentsen Russie. Membre du comité de rédaction de plusieursrevues médicales russes et étrangères, dont la revuerusse sur la toxicodépendance, l’International MedicalJournal et la revue sibérienne de psychiatrie ettoxicodépendance. Ordre des services rendus au pays,quatrième classe (2001) et troisième classe (2006);Ordre d’honneur (1995). A participé et a présenté desexposés sur la psychiatrie et le traitement de latoxicomanie à divers conférences et congrès nationauxet internationaux, notamment à ceux organisés parl’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Unioneuropéenne, le Conseil de l’Europe, le Congrèsmondial de psychiatrie et l’Association mondiale depsychiatrie.Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2005). Rapporteur de l’Organe(2006). Membre (2006) et Présidente (2007) du Comitépermanent des évaluations. Deuxième Vice-Présidente(2007) de l’Organe.Philip Onagwele EmafoNé en 1936. De nationalité nigériane.Chargé de cours en biochimie, Universitéd’Ibadan (1969-1971). Chargé de cours et maître deconférences en microbiologie et biochimiepharmaceutiques, Université de Bénin (Nigéria) (1971-1977). Pharmacien-chef et Directeur des servicespharmaceutiques, Ministère fédéral de la santé duNigéria (1977-1988). Président de l’ordre despharmaciens du Nigéria (1977-1988). Membre duTableau d’experts sur la pharmacopée internationale etles préparations pharmaceutiques de l’OMS (1979-2003). Rapporteur général de la Conférenceinternationale sur l’abus et le trafic illicite des drogues,Vienne (1987). Président de la dixième sessionextraordinaire de la Commission des stupéfiants(1988). Membre du groupe d’experts chargés par leSecrétaire général d’examiner le dispositif de luttecontre l’abus des drogues de l’ONU (1990). Membredu Comité OMS d’experts de la pharmacodépendance(1992, 1994 et 1998). Consultant auprès du Programmedes Nations Unies pour le contrôle international desdrogues (1993-1995). Membre du groupe consultatifintergouvernemental spécial d’experts créé par laCommission des stupéfiants pour évaluer les atouts etles carences de la lutte mondiale contre la drogue(1994). Membre du groupe d’experts convoqué par leSecrétaire général en application de la résolution1997/37 du Conseil économique et social pourexaminer le mécanisme des Nations Unies en matièrede contrôle des drogues (1997-1998). Membre duGroupe consultatif de l’Organe international decontrôle des stupéfiants chargé d’examiner lessubstances devant être contrôlées conformément àl’article 12 de la Convention des Nations Unies contrele trafic illicite de stupéfiants et de substancespsychotropes de 1988 (1998-1999). Consultant auprèsde l’Organisation de l’unité africaine, Addis-Abeba(1998-1999).Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2000). Membre du Comitépermanent des évaluations (2000-2004). Rapporteur del’Organe (2001). Premier Vice-Président de l’Organe(2005). Président de l’Organe (2002, 2003, 2006 et2007).Hamid GhodseNé en 1938. De nationalité iranienne. Professeurde psychiatrie et de politique internationale en matièrede drogues à l’Université de Londres (depuis 1987).Directeur du Centre international pour la politique enmatière de drogues de l’École de médecine St-George,Université de Londres (depuis 2003); Directeurmédical du Comité consultatif des Clinical ExcellenceAwards, Angleterre et Écosse (2006); Président desCentres collaborateurs européens pour les études sur latoxicomanie (depuis 1992); Administrateur externe del’Agence nationale de sécurité des patients duRoyaume-Uni (depuis 2001); Responsable desdiplômes de haut niveau en psychiatrie à l’Universitéde Londres (depuis 2003).Docteur en médecine, République islamiqued’Iran (1965); diplôme de médecine psychologique,Royaume-Uni (1974); docteur (Ph. D.), Université deLondres (1976); et docteur ès sciences, Université deLondres (2002). Membre du Collège royal depsychiatrie (Royaume-Uni) (1985); Membre du138

E/INCB/2008/1Collège royal de médecine, Londres (1992); Membredu Collège royal de médecine d’Édimbourg (1997);Membre de la Faculté de médecine de santé publique(Royaume-Uni) (1997). Membre de l’Académied’enseignement supérieur du Royaume-Uni (2005);Membre honoraire du Collège royal de psychiatrie(2006). Membre honoraire de l’Association mondialede psychiatrie (2008). Membre du Tableau d’experts enmatière de pharmacodépendance et d’alcoolisme del’OMS (depuis 1979); Conseiller au Joint FormularyCommittee du British National Formulary (depuis1984); Psychiatre consultant honoraire des hôpitauxuniversitaires St-George et Springfield, Londres(depuis 1978); Consultant honoraire en santé publiqueauprès du Wandsworth Primary Care Trust (depuis1997); Psychiatre consultant, Hôpital universitaire etÉcole de médecine St-Thomas, Londres (1978-1987).Membre, rapporteur, président et animateur de diverscomités d’experts, groupes d’étude et autres groupes detravail de l’OMS et de la Communauté européenne surla pharmacodépendance et l’alcoolisme; Professeurinvité au titre de la Fondation M. S. McLeod,Australie-Méridionale (1990); Professeur honoraire del’Université de Beijing (depuis 1997). Auteur ourédacteur de plus de 300 ouvrages et articlesscientifiques sur les toxicomanies et les problèmes liésà la drogue, dont The Misuse of Psychotropic Drugs,Londres (1981); Psychoactive Drugs and HealthProblems, Helsinki (1987); Psychoactive Drugs:Improving Prescribing Practices, Genève (1988);Substance Abuse and Dependence, Guildford (1990);Drug Misuse and Dependence: the British and DutchResponse, Lancashire (Royaume-Uni) (1990); Misuseof Drugs (3 e éd.), Londres (1997); Drugs and AddictiveBehaviour: a Guide to Treatment (3 e éd.), Cambridge(2002); Young People and Substance Misuse, Londres(2004); Addiction at Workplace, Aldershot (2005);International Drug Control into the 21st Century,Aldershot (2008). Rédacteur en chef, InternationalPsychiatry; Rédacteur en chef honoraire, ChineseJournal of Drug Dependence; Membre du comité derédaction, International Journal of Social Psychiatry;Membre du comité de rédaction, Asian Journal ofPsychiatry. Animateur de groupes d’experts de l’OMSsur l’enseignement médical (1986), l’enseignementpharmaceutique (1987), la formation du personnelinfirmier (1989) et la prescription rationnelle desubstances psychoactives. Président de l’Associationbritannique des professeurs de psychiatrie (depuis1991); Président de l’Association européenne desprofesseurs de psychiatrie; Directeur du Programmenational sur la mortalité due à l’abus de substances(depuis 1997); Membre de l’Association internationaled’épidémiologie (depuis 1998).Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 1992). Membre du Comitépermanent des évaluations (1992). Président del’Organe (1993, 1994, 1997, 1998, 2000, 2001, 2004,2005 et 2008).Carola LanderNée en 1941. De nationalité allemande.Pharmacienne, doctorat ès sciences naturelles,Spécialiste diplômée en santé publique (Ordre despharmaciens). Responsable du Bureau fédéral del’opium, agence allemande compétente en vertu del’article 17 de la Convention unique sur les stupéfiantsde 1961 et de l’article 6 de la Convention de 1971 surles substances psychotropes. Présidente du Groupefédéral d’experts sur les stupéfiants (1992-2006).Assistante de recherche et Professeur assistant,Université de Berlin (1970-1979); Responsable ducontrôle de la qualité pharmaceutique des médicamentsà base de plantes médicinales, Institut fédéral desmédicaments et appareils médicaux de Berlin (1979-1990); Chef du Département de contrôle des fabricantsde stupéfiants, Bureau fédéral allemand de l’opium(1990-1992). Membre de la délégation allemandeauprès de la Commission des stupéfiants (1990-2006).Maître de conférences en réglementation des drogues,Université de Bonn (2003-2005). Titulaire d’uncertificat de mérite délivré par la Drug EnforcementAdministration des États-Unis pour contributionremarquable à la lutte contre le trafic de drogues ettitulaire d’un certificat de mérite délivré par l’ex-République yougoslave de Macédoine.Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2007). Membre du Comitépermanent des évaluations (2007). Vice-Présidente duComité permanent des évaluations (2008).Melvyn LevitskyNé en 1938. De nationalité américaine. Ancienambassadeur (à la retraite) du Service diplomatique desÉtats-Unis. Professeur de politiques et pratiques139

E/INCB/2008/1internationales et maître de conférences, InternationalPolicy Center, Gerald R. Ford School of Public Policy,Université du Michigan (depuis 2006). Professeurassocié au Centre d’études des mondes russe et esteuropéenet Conseiller au Centre Weiser pour lesdémocraties émergentes, Université du Michigan.Diplomate au service des États-Unis pendant35 ans: Ambassadeur des États-Unis auprès du Brésil(1994-1998); Secrétaire d’État adjoint pour lesquestions internationales de stupéfiants (1989-1993);Secrétaire exécutif et Assistant spécial du Secrétaire duDépartement d’État des États-Unis (1987-1989);Ambassadeur des États-Unis auprès de la Bulgarie(1984-1987); Directeur adjoint de la Voix del’Amérique (1983-1984); Vice-Secrétaire d’État adjointpour les droits de l’homme et les affaires humanitaires,Département d’État des États-Unis (1982-1983);Fonctionnaire chargé des relations bilatérales, Bureaudes affaires de l’Union soviétique (1975-1978);Fonctionnaire chargé des questions politiques àl’Ambassade des États-Unis à Moscou (1973-1975);Consul des États-Unis à Francfort (Allemagne) (1963-1965) et à Belem (Brésil) (1965-1967). Professeur derelations internationales et d’administration publique,Maxwell School of Citizenship and Public Affairs,Université de Syracuse (1998-2006). Titulaire dediverses distinctions honorifiques du Départementd’État des États-Unis (Meritorious and Superior HonorAwards, Presidential Meritorious Service Awards etDistinguished Service Award du Secrétaire d’État desÉtats-Unis). Membre du Washington Institute ofForeign Affairs, de l’American Academy of Diplomacyet de l’American Foreign Service Association. Membredu Conseil consultatif de la Drug Free AmericaFoundation. Membre de l’Institute on Global DrugPolicy. Membre du Conseil du Global Panel de laPrague Society. Membre du Groupe de travail publicprivésur la vente via l’Internet de substances placéessous contrôle (Faculté de droit de l’UniversitéHarvard). Maître de conférences au Daniel PatrickMoynihan Institute of Global Affairs de la MaxwellSchool of Citizenship and Public Affairs, Université deSyracuse. Membre du Substance Abuse ResearchCenter de l’Université du Michigan. Inscrit dans leWho’s Who in American Politics, Who’s Who inAmerican Government et Who’s Who in AmericanEducation.Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2003). Président du Comité desquestions financières et administratives (2004).Président du Groupe de travail sur les stratégies etpriorités (2005).Maria Elena Medina-MoraNée en 1953. De nationalité mexicaine.Directrice de l’Institut national de psychiatrie, Mexico(depuis 2008). Membre du Réseau national dechercheurs (depuis 1984). Membre du ColegioNacional (depuis 2006).Titulaire d’une licence en psychologie (obtenueavec mention en 1976) et d’une maîtrise enpsychologie clinique (obtenue avec mention en 1979),Université ibéro-américaine (Mexique); Titulaire d’undoctorat en psychologie sociale de l’Universiténationale autonome du Mexique (1992). Membre duConseil d’administration de l’Université nationaleautonome du Mexique (depuis 2003). Membre duComité OMS d’experts de la pharmacodépendance(depuis 1986). Collaboratrice de recherche au projet del’Organisation mondiale de la santé sur une meilleurecomparabilité des études sur l’usage des drogues(1976-1980). Chercheur auprès de l’OMS, del’Organisation internationale du Travail, du Fonds desNations Unies pour l’enfance (UNICEF), de laFondation de la recherche sur la toxicomanie, Toronto(Canada), de l’Alcohol Research Group, Californie(États-Unis), ainsi que du National Institute on AlcoholAbuse and Alcoholism et du National Institute on DrugAbuse of the National Institute of Health (États-Unis).A collaboré avec l’Organisation des Nations Unies ausein du groupe de travail de l’organe international desurveillance des drogues à l’élaboration du documentdu consensus de Lisbonne concernant les rapports surles drogues (2000) et avec le groupe de travail qui aétabli le projet de Déclaration sur les principesfondamentaux de la réduction de la demande dedrogues (1997). Membre du Comité consultatifscientifique de la Commission interaméricaine de luttecontre l’abus des drogues (CICAD) (2004). Membre del’Académie nationale des sciences (depuis 1992), del’Association nationale des psychologues du Mexique(depuis 1991) et de l’Académie nationale de médecine(depuis 1994). Membre du Conseil d’administration del’Institut national de santé publique (1997-2005) et del’Institut national de neurologie et de neurochirurgie2006-2008). Professeur de premier et deuxième cycle140

E/INCB/2008/1universitaire et directrice de 67 mémoires de licence etde maîtrise, et thèses de doctorat (depuis 1976).Membre du comité de rédaction de Revista dePsicología Social y Personalidad, Salud Mental,Revista Mexicana de Psicología et Salud Pública deMéxico, Public Psychiatry, Addictions, HispanicJournal of Behavioral Sciences, Addiction Disordersand Their Treatment et Revista Brasileira dePsiquiatría. Titulaire de la distinction nationale desanté publique “Gerardo Varela” pour ses travaux derecherche remarquables (1986); du prix national depsychologie, décerné par l’Association nationale despsychologues (1991); du prix national de psychiatriedécerné par la Fondation Camelo (1993). Reconnuecomme professionnelle de la santé éminente par laSociété mexicaine de géographie et de statistique(2002) et comme membre honoraire par la Sociétémexicaine de psychologie (2006) et l’Associationmexicaine de psychiatrie (2007). Titulaire de ladistinction de femme de l’année (2006). Auteur de plusde 160 travaux de recherche publiés dans des revues, etdans environ 200 chapitres de livres et de quatreouvrages.Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (2000-2004 et 2007). Membre du Comitépermanent des évaluations (2000-2004 et 2007).Présidente du Comité permanent des évaluations(2004). Deuxième Vice-Présidente (2003) de l’Organeet Rapporteur (2002 et 2008).Sri SuryawatiNée en 1955. De nationalité indonésienne.Directrice du Centre de pharmacologie clinique etd’études des politiques des médicaments del’Université Gadjah Mada. Coordinatrice duProgramme d’études supérieures sur les politiques et lagestion des médicaments de l’Université Gadjah Mada.Chargée de cours en pharmacologie et pharmacologieclinique (depuis 1980); Direction de plus de 110 thèseset travaux de recherche du troisième cycle dans lesdomaines des politiques et de l’usage rationnel desmédicaments, de la pharmacocinétique clinique et de lagestion des médicaments.Pharmacienne (1979); Spécialiste enpharmacologie (1985); Doctorat en pharmacocinétiqueclinique (1994). Chef du Département depharmacologie clinique de la Faculté de médecine del’Université Gadjah Mada (Indonésie) (1999-2006).Membre du Groupe d’experts de l’OMS sur lespolitiques et la gestion pharmaceutiques. Membre duConseil d’administration du Réseau international pourl’usage rationnel des médicaments (INRUD), duComité OMS d’experts de la sélection et del’utilisation des médicaments essentiels (2002, 2003,2005 et 2007). Membre du Comité OMS d’experts dela pharmacodépendance (2002 et 2006), Membre del’équipe du Projet du Millénaire de l’ONU sur leVIH/sida, la tuberculose, le paludisme et l’accès auxmédicaments essentiels (Équipe 5) (2001-2005).Consultante pour les programmes relatifs auxmédicaments essentiels et la promotion de l’usagerationnel des médicaments au Bangladesh (2006-2007),au Cambodge (2001-2008), en Chine (2006-2008), enRépublique démocratique populaire lao (2001-2003),en Mongolie (2006-2008) et aux Philippines (2006-2007). Consultante pour la politique et l’évaluation desmédicaments au Cambodge (2003, 2005 et 2007), enChine (2003), en Indonésie (2005-2006) et au VietNam (2003). Coordonnatrice de divers cours deformation internationaux sur les politiques desmédicaments et la promotion de l’usage rationnel desmédicaments, notamment: cours de l’OMS et del’INRUD sur la promotion de l’usage rationnel desmédicaments (1994-2007); cours de formation sur lescomités pharmaceutiques et thérapeutiques deshôpitaux (2001-2007); et cours internationaux sur lespolitiques des médicaments dans les pays endéveloppement (2002-2003).Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2007). Membre du Comitépermanent des évaluations (2008).Camilo Uribe GranjaNé en 1963. De nationalité colombienne.Directeur médical de l’hôpital de San Martin(Département du Meta); Toxicologue dans les cliniquesde Marly et de Palermo; Directeur général de laNouvelle Clinique Fray Bartolomé de la Casas;Consultant auprès du Conseil national des drogues.Nombreux postes d’enseignement universitaire de latoxicologie médico-légale et clinique. Directeurgénéral de l’Unité intégrale de toxicologie (UNITOX)de l’hôpital universitaire Saint-Joseph pour enfants(depuis 2008). Membre de la commission de santé141

E/INCB/2008/1publique (depuis 2006), Membre de la Commission dela santé mentale (depuis 2007) et Président de laCommission sur l’abus de drogues (depuis 2008),Académie nationale de médecine.Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2005). Membre du Comité desquestions financières et administratives (depuis 2007).Vice-Président (2006 et 2007), deuxième Vice-Président (2008) et Président (2008) du Comitépermanent des évaluations.Brian WattersNé en 1935. De nationalité australienne.Président de l’Australian National Council on Drugs(2005).Diplôme de lettres, spécialisation en sociologiemédicale, Université de Newcastle (Australie);Formation au soutien psychologique des toxicomanes,Université de Newcastle; Aumônier-psychiatrequalifié. Officier de l’Armée du Salut (1975-2008),ayant notamment dirigé le programme de traitementdes dépendances mis en place par l’Armée du Salutdans l’est de l’Australie; Consultant et porte-paroleauprès des médias sur les questions de dépendance;Conseiller auprès des services VIH/sida de l’Armée duSalut dans l’est de l’Australie; Président du Réseau desorganismes chargés du contrôle de l’alcool et desdrogues en Nouvelle-Galles du Sud; Membre duConseil consultatif des drogues auprès du Ministre dela santé de Nouvelle-Galles du Sud. Parrain de “DrugArm, Australia”; Membre du Conseil de “Drug FreeAustralia”; Membre du Conseil directeur de laCoalition internationale contre l’abus de substancespsychoactives et la pharmacodépendance. Membre deplusieurs comités gouvernementaux australiens, dont legroupe consultatif d’experts sur la naltrexone àlibération prolongée, les groupes de référence mis enplace au niveau fédéral et dans chacun des États par leConseil des gouvernements australiens dans le cadre duprogramme de réorientation des délinquants, et legroupe de référence national pour la subventiond’organisations non gouvernementales offrant desservices de traitement aux toxicomanes dans le cadrede la campagne “Tough on Drugs”. Collaborefréquemment à des journaux, magazines et revuesaustraliens, notamment à la revue du Centre national derecherche sur la drogue et l’alcool; a participé àplusieurs publications, dont Drug Dilemma: a WayForward, et le chapitre intitulé “Prevention, demandreduction and treatment: a way forward for Australia”dans Heroin Crisis (1999). Officier de l’ordred’Australie (2003) pour son éminente contribution à ladéfinition de politiques de lutte contre les drogues et àla prise en charge des toxicomanes. Principal orateurlors de conférences nationales et internationales, dontle Conseil international sur les problèmes del’alcoolisme et des toxicomanies, Vienne; laConférence des villes européennes contre la drogue, àStockholm; la Conférence australienne sur la stratégiede lutte contre les drogues, Adélaïde (Australie); laCoalition internationale contre l’abus de substancespsychoactives et la pharmacodépendance, Madrid. Aparticipé à la Commission des stupéfiants (2003).Orateur à la Conférence nationale sur le détournementde produits chimiques, Darwin (Australie) (2005).Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2005). Premier Vice-Président del’Organe (2007). Membre du Comité permanent desévaluations (2006 et 2008).Raymond YansNé en 1948. De nationalité belge.Diplôme de philologie germanique et dephilosophie (1972). Service diplomatique belge:Attaché, Jakarta (1978-1981); Maire adjoint de Liège(1982-1989); Consul, Tokyo (1989-1994); Consul,Chargé d’affaires, Luxembourg (1999-2003); Chef duService des stupéfiants du Ministère des affairesétrangères (1995-1999 et 2003-2007); Président duGroupe de Dublin (2002-2006); Président du Groupede travail de l’Union européenne sur la coopérationdans les politiques en matière de drogues pendant laprésidence belge de l’Union européenne; Chargé de lacoordination nationale du processus de ratification etd’application de la Convention de 1971 sur lessubstances psychotropes et de la Convention desNations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants etde substances psychotropes de 1988 (1995-1998);Chargé d’assurer la liaison entre le Servicediplomatique et la Police nationale pour les officiers deliaison en matière de drogues en poste dans lesambassades belges (2003-2005); Participation, dans lecadre de l’Action commune relative aux nouvellesdrogues de synthèse, au lancement d’un système142

E/INCB/2008/1d’alerte rapide pour prévenir les gouvernements del’apparition de nouvelles drogues de synthèse (1999);A contribué à l’élaboration d’un mécanisme decoopération en matière de drogues entre l’Unioneuropéenne, l’Amérique latine et les Caraïbes (1997-1999). Auteur de nombreux articles, notamment“L’avenir du Groupe de Dublin” (2004) et “Lapolitique commune de l’Union européenne en matièrede drogues” (2005). Membre de la délégation belgeauprès de la Commission des stupéfiants (1995-2007);Participation à ce titre à toutes les sessionspréparatoires (sur les stimulants de type amphétamine,les précurseurs, la coopération judiciaire, leblanchiment d’argent, la réduction de la demande dedrogues et le développement alternatif) de la vingtièmesession extraordinaire de l’Assemblée générale;représentant de la Belgique lors des réunions des chefsdes services chargés au plan national de la lutte contrele trafic illicite des drogues, Europe (1995-2005);Conférence sur le contrôle des substances psychotropesen Europe organisée par l’Organe international decontrôle des stupéfiants, Strasbourg (1995 et 1998);Conférence internationale sur le thème de ladépendance et de l’interdépendance en matière dedrogues, Conseil de l’Europe, Lisbonne (1996);Séminaire de l’Union européenne sur les pratiquesoptimales des autorités de police en matière de luttecontre le trafic de drogues, Helsinki (1999);Conférences communes Union européenne/Communauté de développement de l’Afrique australesur la coopération dans le domaine du contrôle desdrogues, Mmabatho (Afrique du Sud) (1995) etGabarone (Botswana) (1998); “La vision européennedes politiques en matière de drogues”, Oslo (2005);Tables rondes Office des Nations Unies contre ladrogue et le crime/Pacte de Paris, Bruxelles (2003),Téhéran et Istanbul (2005); Réunions du Groupe deréflexion sur les politiques du Pacte de Paris, Rome(2003) et Vienne (2005); Réunions du dialogue de hautniveau sur les drogues entre la Communauté andine etl’Union européenne, sur les accords bilatéraux sur lesprécurseurs entre l’Union européenne et laCommunauté andine et sur le mécanisme decoordination et de coopération Unioneuropéenne/Amérique latine et Caraïbes, Lima (2005)et Vienne (2006).Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2007). Membre du Comitépermanent des évaluations (depuis 2007). Membre duComité des questions financières et administratives(depuis 2007).Yu XinNé en 1965. De nationalité chinoise. Professeurde psychiatrie clinique à l’Institut de santé mentale del’Université de Beijing (depuis 2004). Psychiatre agrééde l’Association médicale chinoise (depuis 1988).Président de l’Association des psychiatres chinois(depuis 2005). Président du Comité d’agrément despsychiatres du Ministère chinois de la santé; Vice-Président de la Société chinoise de psychiatrie (depuis2006); Vice-Président de l’Association de gestion deshôpitaux psychiatriques (depuis 2007); Vice-Présidentde l’association Alzheimer, Chine (depuis 2002).Licence en médecine, Université de médecine deBeijing (1988); Titulaire d’une bourse de recherche enpsychiatrie, Université de Melbourne (Australie)(1996-1997) et d’une bourse de recherche sur latoxicomanie, Université Johns Hopkins (1998-1999);Docteur en médecine, Université de Beijing (2000);Maître de recherche en médecine sociale, Université deHarvard (2003). Interne en psychiatrie (1988-1993) etpsychiatre (1993-1998), Institut de santé mentale,Université de médecine de Beijing; Chef, professeurauxiliaire de psychiatrie, gérontopsychiatre,Département de gérontopsychiatrie, Institut de santémentale de l’Université de Beijing (1999-2001);Directeur adjoint (2000-2001) et Directeur exécutif(2001-2004) de l’Institut de santé mentale del’Université de Beijing. Auteur et coauteur denombreux ouvrages sur divers thèmes en psychiatrie,notamment: la psychopharmacologie, le dépistageprécoce de la schizophrénie, la santé mentale, leVIH/sida et la toxicomanie, les effets sur la santémentale de l’usage nocif de l’alcool, laneuropsychologie des troubles mentaux, la neuroimageriede la dépression chez les personnes âgées,l’apparition tardive de la psychose et l’évaluation, letraitement et la prise en charge de la démence. Éditeurde plusieurs manuels, notamment Geriatric Psychiatry,Textbook of Psychiatry for Asia et Psychiatry forMedical Students. Prix d’honneur des cliniciens,Université de médecine de Beijing, et Prixd’innovation et de création, Union médicaleprofessionnelle de Beijing (2004). Membre du Grouped’experts du Service chargé des analgésiques et des143

E/INCB/2008/1sédatifs de la State Food and Drug Administration(depuis 2000). Évaluateur de l’efficacité des centres detraitement à la méthadone. Responsable d’un projet desuivi du fonctionnement neurocognitif et mental despatients porteurs du VIH/sida suite à l’abus de droguespar injection intraveineuse.Membre de l’Organe international de contrôle desstupéfiants (depuis 2007). Membre du Comitépermanent des évaluations (depuis 2007).144

L’Organe international de contrôle des stupéfiantsL’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) est un organe de contrôle indépendant et quasi judiciaire, créé partraité, qui est chargé de surveiller l’application des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. Il a eu des prédécesseurscréés par les précédents traités relatifs au contrôle des drogues dès l’époque de la Société des Nations.CompositionL’Organe se compose de 13 membres élus par le Conseil économique et social, qui siègent à titre personnel et non en qualitéde représentants de leur pays (pour la composition actuelle, se reporter à l’annexe II de la présente publication). Trois membresayant une expérience dans les secteurs de la médecine, de la pharmacologie ou de la pharmacie sont choisis sur une liste depersonnes désignées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et 10 membres sur une liste de personnes désignées par lesgouvernements. Les membres de l’Organe doivent être des personnes qui, par leur compétence, leur impartialité et leurdésintéressement, inspirent la confiance générale. Le Conseil prend, en consultation avec l’OICS, toutes les dispositions nécessairespour que celui-ci puisse s’acquitter de ses fonctions en toute indépendance sur le plan technique. L’OICS a un secrétariat chargé del’aider dans l’exercice de ses fonctions en matière d’application des traités. Le secrétariat de l’OICS est une unité administrative del’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime mais, pour les questions de fond, il en réfère exclusivement à l’Organe.L’OICS collabore étroitement avec l’Office dans le cadre des arrangements approuvés par le Conseil économique et social dans sarésolution 1991/48. Il collabore également avec d’autres organismes internationaux qui s’occupent aussi du contrôle des drogues. Aunombre de ces organismes figurent non seulement le Conseil et sa Commission des stupéfiants, mais aussi les institutionsspécialisées des Nations Unies compétentes en la matière, en particulier l’OMS. L’Organe coopère en outre avec des organismes quin’appartiennent pas au système des Nations Unies, en particulier l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol) etl’Organisation mondiale des douanes).FonctionsLes fonctions de l’OICS sont énoncées dans les instruments internationaux suivants: Convention unique sur les stupéfiants de1961, telle que modifiée par le Protocole de 1972; Convention de 1971 sur les substances psychotropes; et Convention des NationsUnies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988. En gros, les fonctions de l’OICS sont lessuivantes:a) En ce qui concerne la fabrication, le commerce et l’usage licites des drogues, l’OICS, agissant en coopération avec lesgouvernements, s’efforce de faire en sorte que les stupéfiants requis à des fins médicales et scientifiques soient disponibles enquantités suffisantes et d’empêcher le détournement des stupéfiants des sources licites vers les circuits illicites. L’OICS surveilleégalement la façon dont les gouvernements contrôlent les produits chimiques utilisés dans la fabrication illicite des drogues et lesaide à prévenir le détournement de ces produits vers le trafic illicite;b) En ce qui concerne la fabrication, le trafic et l’usage illicites des drogues, l’OICS met en évidence les lacunes quiexistent dans les systèmes de contrôle national et international et contribue à y remédier. Il est également chargé d’évaluer lesproduits chimiques utilisés dans la fabrication illicite des drogues, afin de déterminer s’il y a lieu de les placer sous contrôleinternational.Pour s’acquitter des tâches qui lui sont imparties, l’OICS:a) Administre le régime des évaluations pour les stupéfiants et un système volontaire de prévisions pour les substancespsychotropes et surveille les activités licites relatives aux drogues à l’aide d’un système de rapports statistiques, pour aider lesgouvernements à réaliser, notamment, un équilibre entre l’offre et la demande;b) Suit et appuie les mesures prises par les gouvernements pour prévenir le détournement de substances fréquemmentutilisées dans la fabrication illicite de stupéfiants et de substances psychotropes et évalue les substances de ce type afin dedéterminer s’il y a lieu de modifier le champ d’application des Tableaux I et II de la Convention de 1988;c) Analyse les renseignements fournis par les gouvernements, les organes de l’ONU, les institutions spécialisées oud’autres organisations internationales compétentes, pour veiller à ce que les dispositions des traités internationaux relatifs aucontrôle des drogues soient dûment appliquées par les gouvernements, et recommande les mesures correctives qui peuvent paraîtrenécessaires;d) Entretient un dialogue permanent avec les gouvernements pour les aider à s’acquitter des obligations qui leur incombeen vertu des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues et recommande à cette fin, le cas échéant, qu’une assistancetechnique ou financière leur soit fournie.L’OICS est chargé de demander des explications en cas d’infraction apparente aux traités, de proposer aux gouvernements quin’en appliquent pas entièrement les dispositions, ou rencontrent des difficultés à les appliquer, les mesures propres à remédier à cettesituation et de les aider, s’il y a lieu, à surmonter ces difficultés. Si, toutefois, l’OICS constate que les mesures propres à remédier àune situation grave n’ont pas été prises, il peut porter le problème à l’attention des parties intéressées, de la Commission desstupéfiants et du Conseil économique et social. En dernier recours, les traités autorisent l’OICS à recommander aux parties de cesser

d’importer ou d’exporter des drogues, ou les deux, en provenance ou à destination du pays défaillant. En toutes circonstances,l’OICS agit en étroite collaboration avec les gouvernements.L’OICS aide les administrations nationales à s’acquitter de leurs obligations en vertu des conventions. Pour ce faire, il proposedes séminaires et des stages de formation régionaux à l’intention des administrateurs nationaux chargés du contrôle des drogues.RapportsEn vertu des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues, l’OICS doit établir un rapport annuel sur ses activités. Cerapport, dans lequel est analysée la situation mondiale en matière de contrôle des drogues, permet aux autorités nationalesd’actualiser leur connaissance des problèmes qui se posent ou risquent de se poser et qui sont de nature à compromettre la réalisationdes objectifs des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. L’OICS appelle l’attention des gouvernements sur leslacunes et les insuffisances constatées dans le domaine du contrôle national et de l’application des traités. En outre, il suggère etrecommande des améliorations aux niveaux international et national. Le rapport est fondé sur les renseignements communiqués parles gouvernements à l’OICS, aux entités du système des Nations Unies et aux autres organisations. Il utilise aussi des informationsfournies par l’intermédiaire d’autres organisations internationales, telles qu’Interpol et l’Organisation mondiale des douanes, ainsique des organisations régionales.Le rapport annuel de l’OICS est complété par des rapports techniques détaillés qui présentent des données concernant lesmouvements licites de stupéfiants et de substances psychotropes utilisés à des fins médicales et scientifiques et l’analyse par l’OICSde ces données. Ces données sont nécessaires au bon fonctionnement des mécanismes de contrôle des mouvements licites destupéfiants et de substances psychotropes, de façon à éviter qu’ils ne soient détournés vers les circuits illicites. De plus, en vertu desdispositions de l’article 12 de la Convention de 1988, l’OICS fait rapport chaque année à la Commission des stupéfiants surl’application dudit article. Ce rapport, qui fait état des résultats du contrôle des précurseurs et des substances chimiquesfréquemment utilisés dans la fabrication illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, est également publié commesupplément au rapport annuel.Depuis 1992, le premier chapitre du rapport annuel est consacré à un problème précis relatif au contrôle des drogues, au sujetduquel l’OICS présente ses conclusions et recommandations afin de contribuer aux discussions et aux décisions en matière decontrôle des stupéfiants sur le plan national, régional et international. Les thèmes ci-après ont été traités dans les rapports annuelsantérieurs:1992: Légalisation de l’utilisation non médicale des drogues1993: Importance de la réduction de la demande1994: Évaluation de l’efficacité de traités internationaux relatifs au contrôle des drogues1995: Priorité à la lutte contre le blanchiment de l’argent1996: L’abus des drogues et le système de justice pénale1997: Comment prévenir l’abus des drogues dans un environnement propice à la promotion des drogues illicites?1998: Contrôle international des drogues: passé, présent et avenir1999: Vaincre la douleur2000: Surconsommation des substances pharmaceutiques placées sous contrôle international2001: Les défis en matière de répression antidrogue à l’ère de la mondialisation et des nouvelles technologies2002: Les drogues illicites et le développement économique2003: Drogues, criminalité et violence: impact au microniveau2004: Intégration des stratégies de réduction de l’offre et de la demande: au-delà d’une approche équilibrée2005: Développement alternatif et moyens de subsistance légitimes2006: Drogues placées sous contrôle international et marché non réglementé2007: Le principe de proportionnalité et les infractions liées à la drogueLe chapitre premier du rapport de l’OICS pour 2008 est intitulé “ Les conventions internationales relatives au contrôle desdrogues: histoire, réussites et défis”.Le chapitre II analyse le fonctionnement du système de contrôle international des drogues en se basant essentiellement surles renseignements communiqués directement par les gouvernements à l’OICS conformément aux traités internationaux relatifsau contrôle des drogues. L’accent est mis sur le contrôle à l’échelle mondiale de toutes les activités licites relatives auxstupéfiants, aux substances psychotropes et aux substances chimiques utilisées dans la fabrication illicite des drogues.Le chapitre III présente certaines des grandes tendances en matière de trafic et d’abus de drogues et les mesures prises parles gouvernements pour appliquer les traités internationaux relatifs au contrôle des drogues en s’attaquant à ces problèmes. Desobservations concrètes sont formulées au sujet de l’état du contrôle des drogues dans chacun des pays où une mission ou unevisite technique de l’OICS a eu lieu.Le chapitre IV contient les principales recommandations adressées par l’OICS aux gouvernements, à l’Office des NationsUnies contre la drogue et le crime, à l’OMS et aux autres organisations internationales et régionales compétentes.

United Nations publicationISBN 978-92-1-248162-3ISSN 0257-3725Sales No. F.09.XI.1E/INCB/2008/1V.08-58400—January 2009—2,265FOR UNITED NATIONS USE ONLY*0858400*