Télécharger le numéro - La Gazette de Côte d'Or
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À LA UNETémoignageSophie, coiffeuse et cliente régulière<strong>La</strong> <strong>Gazette</strong> numéro 199 du 22 avril 2010 10« Je fais profiter <strong>le</strong>s autresdu bon plan »Sophie est coiffeuse à Dijon, et comme d’autres vont chez l’épicier du coin, el<strong>le</strong> va régulièrementfaire ses courses chez un grossiste alimentaire <strong>de</strong> l’agglomération dijonnaise.A GAZETTE :Comment avez-vousobtenu une <strong>de</strong>s fameusescartes <strong>de</strong> ce magasin,sésame indispensab<strong>le</strong>pour pouvoir y pénétrer ?LA CLIENTE : C’est la carte <strong>de</strong> ma tantequi est cadre supérieur dans une gran<strong>de</strong>entreprise dijonnaise. En fait, c’est lacarte du comité d’entreprise <strong>de</strong> sa boîte.Mais cette entreprise fait partiedu mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la restauration ou <strong>de</strong>l’hôtel<strong>le</strong>rie ?Ah non, vraiment pas (rire)… En tout casel<strong>le</strong> récupère la carte comme el<strong>le</strong> veut etel<strong>le</strong> me la prête pour que je puisse fairemes courses.Et <strong>le</strong>s tarifs sont vraiment plus bas quedans <strong>le</strong>s supermarchés habituels ?En fait, ce qu’on fait c’est qu’on achète<strong>le</strong>s produits <strong>le</strong>s plus intéressants, ceuxqui ont <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s contenances, car à labase adaptés aux professionnels. J’essaie<strong>de</strong> faire profiter mes amis et mes prochesdu bon plan et avec <strong>de</strong>ux coup<strong>le</strong>s d’amis,on s’est organisé pour y al<strong>le</strong>r faire nosgrosses courses du mois.Par exemp<strong>le</strong>, au lieu d’acheter un paquet<strong>de</strong> gâteaux, on prend un pack <strong>de</strong> sixpaquets et on divise. Et là c’est supervalab<strong>le</strong> !Oui mais il faut une sacrée organisation ?Pas tant que ça. C’est marrant et puis onfait <strong>de</strong>s économies.Ce n’est pas, par contre, très légal ?Oui, bon… Ça va… On ne vo<strong>le</strong> pas… Onpaie à la caisse… Et puis, ils sont p<strong>le</strong>ins àfaire comme ça dans la boîte <strong>de</strong> ma tante.Ça reste du chiffre d’affaires quise retrouve un peu détourné <strong>de</strong>scommerçants habituels ?Je gagne 1200 euros par mois alors je faiscomme je peux… Chacun sa m… .Propos recueillis par Andréa <strong>de</strong> CésarisPHOTO DRRéactions<strong>La</strong> <strong>Gazette</strong> a montré en avant-première ce reportage à Benoît Willot et Jean PaulDurand, respectivement prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la branche commerce <strong>de</strong> la CGPME Côte-d’Oret <strong>de</strong>s restaurateurs <strong>de</strong> l’UMIH 21. À défaut d’être surpris, cela ne <strong>le</strong>s fait pas du toutrire… Voici <strong>le</strong>urs réactions.Benoît Willot, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la branche commerce <strong>de</strong>la Confédération <strong>de</strong>s petites et moyennes entreprises(CGPME) <strong>de</strong> Côte-d’Or :« Une concurrencedéloya<strong>le</strong> »ETTE ENTREPRISEque vous avez infiltréedoit choisir. Soit el<strong>le</strong> seconsidère comme unegran<strong>de</strong> surface <strong>de</strong> plusdans l’agglomération, soit el<strong>le</strong> respecte larèg<strong>le</strong> qui <strong>le</strong>s positionne dans <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>grossiste ou semi-grossiste. On assiste là,très clairement, à une concurrence déloya<strong>le</strong><strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> distribution, <strong>de</strong>s indépendantset <strong>de</strong>s petits commerçants... Alors bien sûrla question qui peut se poser est <strong>de</strong> savoirsi c’est une dérive volontaire ou pas ? Toutça n’est malheureusement pas très nouveau.Le non contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> cette société pour savoirsi <strong>le</strong> porteur <strong>de</strong> la carte en est vraiment <strong>le</strong>titulaire, ou du moins un professionnel,engendre forcément la mise en placed’un système dans <strong>le</strong>quel s’engouffrentcertains consommateurs que l’on ne peutpas blâmer. Ces grossistes ne jouent plus<strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong>, car <strong>de</strong> par <strong>le</strong>ur statut, ils ont<strong>de</strong>s accords privilégiés pour <strong>le</strong>urs achats,dont ne bénéficie pas <strong>le</strong> reste <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>distribution traditionnel<strong>le</strong>. En contrepartie,ils ne sont pas censés vendre à <strong>de</strong>s nonprofessionnels. Tout cela est flou, comme<strong>le</strong>s critères d’attribution <strong>de</strong> ces fameusescartes qui amènent <strong>de</strong>s associations oucol<strong>le</strong>ctivités professionnel<strong>le</strong>s à parfois endisposer et d’autres à se la voir refuser .AdCJean-Paul Durand, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s restaurateurs <strong>de</strong> l’Union<strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> l’industrie hôtelière (UMIH) 21« Prêter sa carte ?C’est se tirer une bal<strong>le</strong>dans <strong>le</strong> pied »OILÀ UN PHÉNOMÈNEqui existe <strong>de</strong>puis longtempset que je connais bien. Cesclients non professionnels etnon titulaires d’une carte à<strong>le</strong>ur nom, dans <strong>le</strong> milieu, on <strong>le</strong>s appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>stouristes.Je peux vous assurer qu’on ne <strong>le</strong>s croise pas<strong>le</strong> matin à la première heure, contrairementaux vrais pros <strong>de</strong> notre métier qui sont <strong>de</strong>slève-tôt… Cela dit on ne peut pas <strong>le</strong>ur envouloir. Mais quand je <strong>le</strong>s vois, je me marre,car ils pensent faire <strong>de</strong> bonnes affaires alorsqu’en réalité ces grossistes ne sont intéressantsque pour <strong>le</strong>s références <strong>de</strong> grosse contenanceet donc adaptés aux pros. Ils ne sont pascompétitifs pour un particulier en ce quiconcerne <strong>le</strong>s produits unitaires, qui ne sont pasplus chers dans la gran<strong>de</strong> distribution classiquew w w . g a z e t t e - c o t e d o r . f ret où <strong>le</strong> cadre est quand même autrement plusagréab<strong>le</strong> pour faire ses achats.Mais tout cela n’existerait pas s’il y avaitmoins <strong>de</strong> laxisme chez ces grossistes dans<strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s et que certains <strong>de</strong> nos confrèresrestaurateurs arrêtaient <strong>de</strong> prêter <strong>le</strong>urs cartes.D’une part ce n’est pas légal et puis encas <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong> fiscal, cela peut <strong>de</strong>venir trèschaud <strong>de</strong> justifier certaines dépenses. Il nefaut pas confier ses cartes, c’est tout. Encorerécemment quelqu’un m’a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> lui enprêter une, en m’expliquant qu’il voulait faireune réception pour ses 50 ans. Ma réponsefut claire : viens fêter ton anniversaire dansmon établissement, et là tu seras gagnant, cartu n’auras pas à t’emmer<strong>de</strong>r à tout organiser.Non mais….Il faut que notre profession arrête<strong>de</strong> se tirer <strong>de</strong>s bal<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> pied et <strong>de</strong> s’autoflagel<strong>le</strong>rAdC