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PC_ 2010_02.pdf - Église Catholique d'Algérie

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DOSSIERphoto nature et culture(et protestante). Cet effet s’exprime déjà dans laréactivation des Eglises, réduites jusque-là à des« présences de témoignage », renflouées par laprésence des migrants en majorité chrétiens. Dansun Maghreb crispé identitairement, la présence deces migrants dans le paysage culturel et cultuelmaghrébin devient un facteur de décrispation et,en multipliant les prismes de l’altérité, rompt le«face à face» avec l’Occident, miroir unique au seulregard duquel se structurait l’interrogation sur soiau Maghreb.Une approche sécuritaire génératrice detensionsAlors que la question migratoire a toujours été unenjeu très sensible des relations euro-maghrébines,la présence de migrants subsahariens au Maghrebajoute des nœuds de crispation supplémentaires.Les pays maghrébins, dont l’Algérie, organisent lesrefoulements de migrants, directement assistéspar les polices européennes dans la surveillancedes flux migratoires, transformant le Sahara en unesorte de limes où ils jouent le rôle de « sentinellesavancées » et en font un moyen de marchandageavec les pays européens.L’impasse des politiques répressivesLa multiplication des dispositifs répressifs n’a pasréussi à juguler les tentatives de migration maisseulement à en accroître les risques : un consensusest établi sur la démultiplication du nombre demorts depuis 2006.Pourtant, le mouvement migratoire, même s’ilconnaît localement et ponctuellement des refluxet s’il est obligé de s’adapter continuellement pardes changements d’itinéraires, reste malgré toutglobalement stable, en croissance continue, ets’installe dans la durée malgré les vagues derépression. Avec une ténacité hors du commun, lesmigrants réussissent à forcer les points faibles dudispositif à travers les micro-territoires avancés del’Europe sur les marges du continent africain (Ceutaet Melilla, îles Canaries, Lampedusa, Malte), révélantautant une particulière capacité d’adaptation,remarquable de la part d’un mouvement spontanéet atomisé, que le caractère déterminé et agissantdes migrants comme acteurs à part entière deleur destin au prix du risque conscient de la mort.Une détermination qui a généré un «désordre»utile et salutaire sur la scène internationale etqui a autant secoué les opinions publiques queles responsables européens, remettant la questiondes mobilités dans les agendas internationaux.Ainsi les trois événements diplomatiques les plusimportants de cette décennie en Méditerranée (laconférence euro-africaine de Rabat en 2006, cellede Paris en 2008 et le sommet de l’Union Pourla Méditerranée) ont eu pour thème la questionmigratoire. Bien sûr l’approche reste répressivemais ces conférences ont dû faire écho, mêmedéformant et amorti, à la tragique question dudroit à la mobilité.Le monde se transforme donc aussi « par le bas »,par « l’interstice », par l’action des exclus. Il n’estpas de tragédie qui ne soit aussi une espérance.Ali BENSAÂDL’auteur est géographe, maître de conférences àl’université de Provence et chercheur en délégationCNRS au Centre Jacques Berque de recherche ensciences humaines et sociales (CJB). Il travaille surles mutations de l’espace saharien et la place de cedernier dans le système relationnel international,notamment au travers des migrations et deséchanges entre monde arabe et Afrique noire.15

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