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Mise en page 1 - Algérie news quotidien national d'information

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14 dclgé a a eKiosque inter<strong>national</strong>Analyses &DécryptagesDÉBATLa percée du Qatar <strong>en</strong> EgypteHicham Mourad,Ahram HebdoLe présid<strong>en</strong>tMohamad Morsidoit se r<strong>en</strong>dre les26 et 27 mars auQatar pour yassister au 34esommet de la Liguearabe. Cedéplacem<strong>en</strong>t estson premier dansla richissimemonarchie gazière,mais fait suite à d<strong>en</strong>ombreuses visiteseffectuées cesderniers mois auCaire par divershauts responsablesqatari, àcomm<strong>en</strong>cer parl’émir du pays,Hamad bin KhalifaAl Thani.Ces visites marqu<strong>en</strong>t unr<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t spectaculairedes rapports <strong>en</strong>treles deux pays, notamm<strong>en</strong>tdepuis l’arrivée au pouvoird’un présid<strong>en</strong>t islamiste, issu desFrères musulmans. C’est d’ailleursces derniers qui gèr<strong>en</strong>t lesrapports avec Doha plutôt que leministère égypti<strong>en</strong> des Affairesétrangères, court-circuité par lesdeux parties lors de déplacem<strong>en</strong>tsde hauts responsables <strong>en</strong>tre lesdeux pays. Il s’agit notamm<strong>en</strong>tdes visites à Doha de Khaïrat Al-Chater, vice-guide suprême ethomme fort de la confrérie.Les retrouvailles égyptoqatari,après le froid et les suspicionsqui avai<strong>en</strong>t marqué les rapportsbilatéraux sous l’anci<strong>en</strong>présid<strong>en</strong>t Moubarak, se sont traduitespar un souti<strong>en</strong> financiermassif accordé par le Qatar àl’Egypte, qui croule sous le poidsd’une crise économique sans précéd<strong>en</strong>tdepuis le soulèvem<strong>en</strong>tpopulaire du 25 janvier 2011, etqui cherche désespérém<strong>en</strong>t desbailleurs de fonds qui vi<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>tà son souti<strong>en</strong>. Doha a ainsiaccordé à l’Egypte 5 milliards dedollars, dont un don de 1 milliardet 4 milliards de dépôts à laBanque C<strong>en</strong>trale. Le Qatar a égalem<strong>en</strong>tpromis 18 milliards dedollars d’investissem<strong>en</strong>ts sur cinqans qui porterai<strong>en</strong>t, selon le premierministre Hicham Qandil,sur deux mégaprojets, le premierà l’est de Port-Saïd, d’une valeurde 10 milliards, et l’autre dans larégion de la mer Rouge, d’unmontant de 8 milliards.Cette aide massive a provoquéune levée de boucliers chez l’oppositionégypti<strong>en</strong>ne, relayée parplusieurs médias locaux, quicriai<strong>en</strong>t à l’immixtion, voire à ladomination, qu’elle pourraitconférer au petit émirat dans ladéfinition et la formulation despolitiques intérieures et extérieuresde l’Egypte. Les informationsabond<strong>en</strong>t dans ce s<strong>en</strong>s sur les «concessions » faites par Le Caire<strong>en</strong> contrepartie des largessesqatari. L’Egypte ne serait plus désormaisopposée à un système derotation au poste du secrétairegénéral de la Ligue arabe, permettantà d’autres pays, possiblem<strong>en</strong>tle Qatar, de pr<strong>en</strong>dre la tête de l’organisationpanarabe. Le Caire seserait égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>gagé à sout<strong>en</strong>irles candidats qatari à des postesde direction dans les organisationsrégionales et inter<strong>national</strong>es.Par ailleurs, l’Egypte auraitaccepté d’accorder aux investisseursqatari des avantages dont nedispos<strong>en</strong>t pas leurs homologuesd’autres <strong>national</strong>ités. Ils serai<strong>en</strong>tainsi exclus du cadre légal régissantla dét<strong>en</strong>tion de propriétéspar les étrangers. Le Caire auraitaussi accédé à la demande deDoha d’importer du gaz naturelqatari.Réfutées aussi bi<strong>en</strong> par lesautorités égypti<strong>en</strong>nes que qatari,les accusations de l’oppositionégypti<strong>en</strong>ne trouv<strong>en</strong>t leur fondem<strong>en</strong>tdans l’association <strong>en</strong>tre l’assistancefinancière massive et l’activisme,qui ne se dém<strong>en</strong>t pas, dela politique étrangère de lamonarchie des Al Thani depuisl’arrivée au pouvoir de Hamadbin Khalifa <strong>en</strong> 1995. L’année suivante,il crée l’arme médiatiquede l’émirat, la chaîne satellite Al-Jazeera, un outil au service de sapolitique étrangère. Le gouvernem<strong>en</strong>tégypti<strong>en</strong>, du temps deMoubarak, n’avait cessé de seplaindre de sa couverture, jugéebiaisée, de l’actualité du pays despharaons. C’était l’une des raisonsde la t<strong>en</strong>sion qui caractérisaitles rapports bilatéraux.Au décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t du soulèvem<strong>en</strong>tcontre Moubarak, la chaîneqatari a joué un rôle dans l’<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>tdes protestationscontre le régime. Après l’accessionau pouvoir des Frères musulmans,la chaîne, qui a depuisperdu de son audi<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> raisonde l’apparition de plusieurs chaînesde télévision locales, a amorcéun virage <strong>en</strong> faveur des nouveauxmaîtres du pays. Un docum<strong>en</strong>t duDépartem<strong>en</strong>t d’Etat américain <strong>en</strong>2010, révélé par WikiLeaks, a soulignéque le Qatar manipule lacouverture médiatique d’Al-JazeeHicham Mouradra pour servirses intérêts politiques.Ces intérêts vont de pair avecceux économiques de l’émirat,qui est dev<strong>en</strong>u depuis 2010 le paysle plus riche de la planète <strong>en</strong> termesde rev<strong>en</strong>u par habitant. SonFonds souverain d’investissem<strong>en</strong>toccupe la 12e place au mondeavec 115 milliards de dollars. Lesréserves colossales <strong>en</strong> devisesétrangères du Qatar, premierexportateur mondial de gaz liquéfiédepuis 2006, sont placées dansdes investissem<strong>en</strong>ts lucratifs, quisont <strong>en</strong> même temps choisis pourpermettre à l’émirat de gagner <strong>en</strong>influ<strong>en</strong>ce politique et <strong>en</strong> prestigerégional et inter<strong>national</strong>. Depuisl’éclatem<strong>en</strong>t des soulèvem<strong>en</strong>tspopulaires qui ont r<strong>en</strong>versé lesrégimes <strong>en</strong> place dans plusieurspays arabes et la montée <strong>en</strong> puissancede mouvem<strong>en</strong>ts islamistes,le Qatar a misé sur ces nouvellesforces <strong>en</strong> asc<strong>en</strong>dance.L’émirat, qui interdit touteforme de représ<strong>en</strong>tation politique,croit que l’islamisme est laforce politique de l’av<strong>en</strong>ir dans lemonde arabe. Il a donc décidé des’y investir, <strong>en</strong> accordant son souti<strong>en</strong>financier, politique et parfoismilitaire aux islamistes, notamm<strong>en</strong>tles Frères musulmans quidomin<strong>en</strong>t la scène. C’était, et restele cas <strong>en</strong> Libye, <strong>en</strong> Syrie ainsiqu’<strong>en</strong> Tunisie et <strong>en</strong> Egypte.Doha voit dans la formationd’une alliance avec les Frèresmusulmans — grâce à la diplomatiedu carnet de chèques — unmoy<strong>en</strong> de créer une base régionaleà une influ<strong>en</strong>ce économiqueet politique accrue au Moy<strong>en</strong>-Ori<strong>en</strong>t et au-delà. Formulé autrem<strong>en</strong>t,le Qatar a profité duPrintemps arabe, du recul économiqueet de l’instabilité qui <strong>en</strong> arésulté dans plusieurs pays,notamm<strong>en</strong>t l’Egypte et la Syrie,pour faire avancer ses propresintérêts à s’établir <strong>en</strong> puissancerégionale incontournable. Lesambitions régionales du petitémirat, fondées sur sa richessegazière, ne sont un secret pourpersonne.Il est déjà interv<strong>en</strong>u <strong>en</strong> médiateur,avec des fortunes diverses,dans plusieurs conflits régionauxp<strong>en</strong>dant les dernières années :Liban, Palestine, Soudan, Yém<strong>en</strong>,Afghanistan … L’avènem<strong>en</strong>t duPrintemps arabe, qui a atteint despays aussi c<strong>en</strong>traux dans lemonde arabe que l’Egypte et laSyrie, lui a donné une occasion «historique » pour faire avancer sespions et gagner des points face àdes concurr<strong>en</strong>ts comme l’Arabiesaoudite.Aussi surpr<strong>en</strong>ant que celapuisse paraître, le Qatar a pris lecontre-pied des positions desautres monarchies du Golfe vis-àvisde la montée <strong>en</strong> puissance desFrères musulmans dans la région.Ces pays, notamm<strong>en</strong>t l’Arabiesaoudite, les Emirats et le Koweït,sont plutôt sceptiques, voire hostiles,à l’accession au pouvoir desFrères musulmans <strong>en</strong> Egypte etailleurs. Leur position remonte àl’époque de l’invasion iraqi<strong>en</strong>nedu Koweït <strong>en</strong> 1990, où la confréries’était opposée à l’interv<strong>en</strong>tiondes troupes américaines pourlibérer le Koweït. Cette position aété considérée comme de l’ingratitudepar ces pays qui avai<strong>en</strong>tdonné refuge à des Frères musulmanségypti<strong>en</strong>s et autres quifuyai<strong>en</strong>t la persécution dans leurpays à partir des années 1960.Seul le Qatar s’est départi, à partirdu milieu des années 1990, de cecons<strong>en</strong>sus forgé par les monarchiesdu Golfe. Sa politique étrangères’est basée depuis sur unéquilibre insoupçonné <strong>en</strong>tre élém<strong>en</strong>tscontradictoires, dans le butd’instaurer son rôle de médiateurau Moy<strong>en</strong>-Ori<strong>en</strong>t et d’établir sastature de puissance régionale.ALGERIE NEWS Samedi 23 mars 2013

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