""I"1lrépercussions au niveau individuel commeau niveau institutionnel. Ce temps deréflexion permet d'analyser la pertinencedu dispositif mis en place, de comprendreles difficultés éventuellement rencontrées,aFin de limiter les conséquences néfasteset d'améliorer la réaction institutionnelleen cas de nouvelle gestion de crise.CommunicationCommuniquer en situation de crise est difficileet cela s'avère particulièrement délicat<strong>dans</strong> les situations d'événements <strong>traumatiques</strong>,où la confrontation à la mortparasite bien souvent les réactions. Faceaux dérèglements consécutifs à l'événementtraumatique, l'institution <strong>scolaire</strong> sedoit d'assurer <strong>une</strong> information cohérenteet suivie, afin de limiter rumeurs, incompréhensionet contamination excessive del'anxiété et de l'insécurité.• Communication auprès <strong>des</strong> élèvesLes enfants exposés au trauma ne sontpas préservés <strong>des</strong> conséquences de cetype d'événements (Baubet T., Moro M. R.et 01.,2003; Romano H., 2006). Si certainsadultes persistent à considérer queles enfants ressortent indemnes d'événements<strong>traumatiques</strong> ({( ils sont trop je<strong>une</strong>spour être marqués par ce qui s'estpassé )) ; {( ils n'ont pas compris » ; Il ilsvont oublier»), la clinique témoigne ducontraire. Les enfants exposés à un événementf<strong>une</strong>ste manifestent, tout autantque les adultes, <strong>des</strong> troubles immédiats,limités à quelques heures ou quelquesjours, mais peuvent présenter également<strong>des</strong> souffrances psychiques intenses, etdévelopper <strong>des</strong> troubles post-<strong>traumatiques</strong>(regroupés sous l'appellation syndromepsychotraumatique en Franceet états de stress post-<strong>traumatiques</strong>,selon les classifications internationales),durables sur plusieurs années, voire compromettantleur devenir d'adulte. Il s'agit,donc, de pouvoir leur apporter au mêmetitre que pour les adultes <strong>une</strong> prise encharge adaptée, au plus près de l'événement.En cas d'événement individuel (ex.mort d'un élève ou d'un enseignant), l'informationconcerne les élèves directementimpliqués et non toute la communaUté<strong>scolaire</strong> (risque de contaminationrenforcé). En cas d'événement collectif(ex. nombreuses victimes), c'est l'ensemble<strong>des</strong> élèves qui est informé.• L'annoncè de la mortLorsque l'institution <strong>scolaire</strong> est confrontéeà un événement traumatique, l'annonce dela mort se pose inévitablement: qui informer?Comment annoncer? Qui fait l'an. nonce? Quand annoncer? Commentrépondre aux questions que les enfantsne manqueront pas de poser? Parler dela mort est difficile, douloureux, car celamet en jeu notre propre rapport à la mort,à la vie, au corps, à nos référents culturels,religieux, à notre vulnérabilité d'êtremortel et à notre impuissance à pouvoirl'empêcher. La mort ne peut être parlée,car elle est difficilement pensée et restepour beaucoup impensable (Romano H.,Baubet T., 2006).Le diagnostic de mort est un acte médicalet, tant que cela est possible, il est préférableque cela soit le médecin ayant fait leconstat qui puisse annoncer la mort. Dansla plupart <strong>des</strong> situations auxquelles sontconfrontés les établissements <strong>scolaire</strong>s, sila mort est constatée <strong>dans</strong> l'établissement,c'est le médecin du SAMU qui l'annonceaux parents et au chef d'établissement.L'information au reste de lacommunauté <strong>scolaire</strong> est du ressort duchef d'établissement ou de l'inspecteurd'académie, en présence du médecin, dupsychologue <strong>scolaire</strong> ou de l'infirmière,mais c'est à lui de prononcer le mot{( mort )l, afin de préserver le lien pédagogique(élève/enseignant) et le lien médical(élève/professionnel de santé). En casd'événement collectif (accident f<strong>une</strong>ste decar, incendie, effondrement de locaux,catastrophe naturelle ou industrielle),c'est un responsable administratif de lapréfecture ou de la mairie qui est habituellementchargé de cette annonce(Prieto N., Lebigot F., op. dt.).Le temps de l'annonce est un temps traumatique,un temps suspendu qui se fige<strong>dans</strong> la mémoire: longtemps après, lesmots, le visage <strong>des</strong> personnes, le contexte(lieu, jour, météo), restent ancrés <strong>dans</strong> lamémoire <strong>des</strong> personnes endeuillées. Celuiqui aprononcé le mot {( mort II est déFinitivementle porteur de cette f<strong>une</strong>ste nouvelleet peut inconsciemment être perçu commecelui qui aurait <strong>une</strong> responsabilité <strong>dans</strong> cedécès, c'est pour cela qu'il est tant que possiblepréférable que l'annonce soit faite par<strong>une</strong> personne moins impliquée affectivement.Par exemple, décréter en urgenceque, <strong>dans</strong> chaque classe, le professeur dumoment doive annoncer de façon impérativela mort aux élèves, c'est introduire l'enseignanten tant que porteur de ce messagef<strong>une</strong>ste, et participer à <strong>une</strong> confusion<strong>des</strong> rôles qui peut durablement affecter lelien enseignant-élève. Par ailleurs, lesenseignants se trouvent très souventdémunis pour répondre à<strong>des</strong> questions ouà <strong>des</strong>commentaires d'élèves, et leur désarroiparticipe au sentiment d'insécurité et lesmet à mal psychiquement autant qu'il meten souffrance les élèves... Communication auprès <strong>des</strong> famillesL'information auprès <strong>des</strong> parents estessentielle, <strong>une</strong> prise en charge spécifiquepeut leur être apportée, s'ils sont euxmêmesdirectement impliqués <strong>dans</strong> l'événement.Quelle que soit la nature <strong>des</strong>interventions proposées au sein de l'établissement<strong>scolaire</strong>, il est indispensableque les familles en soient averties, afin derestaurer le sentiment de sécurité, d'assurerun climat de confiance et de cohésioninstitutionnelle. Le dispositif décidé parl'établissement peut ne pas correspondreaux attentes <strong>des</strong> parents et, sans lisibilité,sans communication, les malentenduspeuvent s'enkyster et donner lieu à <strong>des</strong>réactions d'agressivité et de dénigrementà l'égard de l'institution <strong>scolaire</strong> et de sespersonnels; attitu<strong>des</strong> qui viennent renforcerle sentiment d'insécurité et qui peuventêtre <strong>des</strong> facteurs aggravant lestroubles auprès <strong>des</strong> élèves impliqués.L'information passe habituellement parun mot signé du chef d'établissement ettransmis par l'intermédiaire du carnet decorrespondance. Chaque mot doit êtreréfléchi et rédigé <strong>dans</strong> le respect de laconfidentialité et <strong>dans</strong> l'attention de touset, en particulier, <strong>des</strong> personnes décédéeset de leur famille. Il est important que lesnoms et les fonctions <strong>des</strong> personnesintervenantes soient précisément indiqués(ex. responsable CUMP, médecin,infirmière, chargés de la cellule d'écoute)ainsi que les moyens de les joindre. Lesparents sont également informés, par undocument écrit, <strong>des</strong> différents lieux ressourcesproposant <strong>des</strong> prises en chargeadaptées à l'extérieur de l'établissement.La mort est un. événement privé; lorsqu'ellese produit <strong>dans</strong> un établissement<strong>scolaire</strong>, elle représente <strong>une</strong> valencesociale forte, mais qui ne doit en rienmener l'établissement à <strong>des</strong> initiativesintrusives et déshumanisantes pour lesfamilles endeuillées. Ainsi, les initiativesconcernant les rituels de deuil (participationaux obsèques, quête, cadeaux, cérémonies,etc.) ne peuvent être menéessans l'accord <strong>des</strong> familles concernées. Parailleurs, les causes de la mort n'ont pas àêtre divulguées: il est, par exemple, inenvisageabled'indiquer « à la suite du suicidede tel élève... ll, car <strong>une</strong> telle précisionest <strong>une</strong> atteinte à la vie privée.• Communication auprès <strong>des</strong> personnelsLes professionnels de l'école risquent, enraison de leur fonction, d'être sollicités parles élèves (enseignant, conseiller principald'éducation, surveillant) et les familles(administratif, chef d'établissement). Il estnécessaire quils puissent être informés auplus tôt, et le plus justement possible, de cele Jurul .e5 psychologues
IL-I""Iqui vient bouleverser leur établissement.En cas d'événements se déroulant horspériode <strong>scolaire</strong> (vacances, week-end), lechef d'établissement prévient chacun <strong>des</strong>enseignants concernés en transmettant, àtous la même information et en restant sur<strong>des</strong> données factuelles. Il est souhaitablequ'un temps d'information soit effectué,dès que possible, par le chef d'établissement(et selon les cas avec l'inspecteurd'académie) avec l'ensemble de la communauté<strong>scolaire</strong> concernée, Cette réunionpermet de décrire le cadre du dispositif misen place; de répondre aux questions <strong>des</strong>personnels sur les conduites à tenir; d'expliquerl'importance de rester, chacun, <strong>dans</strong>sa fonction pour ne pas ajouter à la confusion;de rappeler les devoirs et obligationsde réserve, en tant que fonctionnaire àl'égard <strong>des</strong> médias; d'infomner de la tenueéventuelle de debriefing pour les personnelsimpliqués qui le souhaiteraient (habituellementproposé par la CUMP).• Communication auprès <strong>des</strong> médiasTout professionnel de l'institution <strong>scolaire</strong>est soumis en tant que fonctionnaire à<strong>une</strong> obligation de réserve qui interdittoute communication avec la presse, sansaccord préalable avec la hiérarchie. Lesinspections d'académie et les rectoratsont leurs propres services de communicationsusceptibles d'intervenir, à l'occasionde conférences de presse, afin d'informer<strong>des</strong> procédures mises en place, et de limiterles rumeurs.ConclusionLes contextes d'intervention en milieu<strong>scolaire</strong> par suite d'événements <strong>traumatiques</strong>sont difficiles, éprouvants, car ilsconfrontent à la détresse <strong>des</strong> sujets et à laperte de repères de l'institution. Ils nécessitentpour cela <strong>une</strong> réflexion préalable,de la part <strong>des</strong> responsables institutionnelset <strong>des</strong> professionnels, afin d'être enmesure de proposer <strong>une</strong> procédure adaptéeà chaque situation et d'instaurer unpartenariat constructif avec les institutionsextérieures susceptibles d'intervenir.Gérer <strong>des</strong> événements <strong>traumatiques</strong>nécessite de s'adapter àchaque situation:protocoliser de façon rigide et impérativel'organisation de ce type d'événementsreviendrait à imposer <strong>une</strong> représentationaseptisée et technicisée <strong>des</strong> sujets, qui netiendrait pas compte de la singularité dechaque situation. En ce temps si spécifiqued'accompagnement à l'ultime lim.itede la vie, <strong>une</strong> prise en charge normativeserait particulièrement déshumanisante,et ne ferait que renforcer les méfaits liésau trauma.!IllBiblio ra ~ieBaubet l, Moro M. 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SM0725» 24 au 26 sept. - 15 au 17 oct.Programmes détaillés, renseignements et inscriptions: www.lecopes.orgau"- 20, rue de Dantzig 75015 ParisTél.: 01.53.68.93.40 - Fax: 01.53.68.93.45Email: copes-formation@wanadoo.fr, •• ,....,..-' " "']"'" '"fil