My ABDELHADI AIT SLIMANTRANSPORT COLLECTIF URBAIN AU MAROCEmail: sliman68@hotmail.com Analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s régies <strong>de</strong> transport 1970-20001. Introduction:Au <strong>Maroc</strong>, le transport <strong>collectif</strong> <strong>urbain</strong> est assuré par les régies <strong>de</strong> transport <strong>urbain</strong>, les sociétés<strong>de</strong> transport privé, qui exploitent les lignes concédées par les régies <strong>de</strong>puis 1983 et le parc <strong>de</strong>s taxis qui assure lesdép<strong>la</strong>cements secondaires. Les régies <strong>de</strong> transport <strong>urbain</strong> sont <strong>de</strong>s établissements publics commun<strong>au</strong>x à caractèreindustriel et commercial. Dotés <strong>de</strong> <strong>la</strong> personnalité administrative et <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tonomie financière. Créée par lesconseils municip<strong>au</strong>x (décret n° 2-64-394 du septembre 1964) et ratifiées par le ministre <strong>de</strong> l’intérieur. Les régiesont pour mission d’assurer le service <strong>de</strong> transport <strong>urbain</strong> <strong>collectif</strong>, dans une zone située à l’intérieur du périmètre<strong>urbain</strong>.Les régies <strong>de</strong> transport <strong>urbain</strong> jouent un rôle très important <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s citadins. Avecun parc <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 1200 bus et plus <strong>de</strong> 6000 sa<strong>la</strong>ries en 2000. Elle assure <strong>la</strong> mobilité pour plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong><strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>urbain</strong>e <strong>de</strong>s principales villes marocaines. Une popu<strong>la</strong>tion <strong>urbain</strong>e qui est estimée à peu près a 9millions d’habitants. Le nombre <strong>de</strong> voyageurs en 2000 est estimé à 643 Millions <strong>de</strong> voyageurs.D’une situation <strong>de</strong> domination jusqu’<strong>au</strong>x années quatre-vingts, ou elles représentaient plus <strong>de</strong> 60% dumarché, à moins <strong>de</strong> 25% du part <strong>de</strong> marché en 2000. Les régies <strong>de</strong> transport <strong>collectif</strong> traversent une situation <strong>de</strong>crise <strong>de</strong>puis les années quatre-vingts(1984). L’évolution négative <strong>de</strong>s résultats réalisés <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> décennie90 crée <strong>de</strong>s doutes sur leur continuité. Des scénarios effectifs ont été proposés pour leur liquidation. à l’instar <strong>de</strong><strong>la</strong> régie <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Marrakech.Dans cet article, nous <strong>analyse</strong>rons dans le premier axe <strong>la</strong> principale composante <strong>de</strong> l’offre du transport<strong>collectif</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>, à savoir celle <strong>de</strong>s régies. Nous examinerons, essentiellement, l’évolution <strong>de</strong> leurs parcs etleurs moyens humains.Dans un <strong>de</strong>uxième axe on va <strong>analyse</strong>r, avec précision, les résultats d’exploitation <strong>de</strong>s régies <strong>de</strong> transport<strong>urbain</strong>, ainsi que les éléments les plus déterminants <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> cette exploitation. En fin <strong>de</strong> compte onprésentera les sources <strong>de</strong> défail<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> ce secteur, à savoir principalement <strong>la</strong> rigidité <strong>de</strong>s tarifs, le financementnon approprié et <strong>la</strong> m<strong>au</strong>vaise gestion du service public. Cette <strong>analyse</strong> est menée sur une longue pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1970à 2000. On a observé trois décennies, <strong>la</strong> décennie <strong>de</strong>s années soixante-dix, <strong>la</strong> décennie <strong>de</strong>s années quatre-vingtset <strong>la</strong> décennie <strong>de</strong>s années quatre-vingt-dix. L'<strong>analyse</strong> menée est une <strong>analyse</strong> statistique <strong>de</strong>scriptive, basée sur lesdonnées <strong>de</strong>s régies. D'<strong>au</strong>tre part une <strong>analyse</strong> <strong>de</strong>s structures et mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion a été menée sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>sdocuments comptables. Le problème <strong>de</strong> <strong>la</strong> m<strong>au</strong>vaise gestion est corrélé avec le problème du financement dutransport <strong>urbain</strong>. La question principale: peut on assurer un service <strong>de</strong> qualité avec le moindre coût ?L'accès <strong>au</strong>x informations et données constitue le principal handicap majeur <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> dutransport <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>. Notre objectif c’est <strong>de</strong> sonner l’a<strong>la</strong>rme sur <strong>la</strong> situation anormale <strong>de</strong> ces établissements quiassurent un service stratégique. L'absence <strong>de</strong> réaction <strong>de</strong> l’Etat peut avoir <strong>de</strong>s conséquences très graves sur <strong>la</strong>stabilité économique et sociale.2. Le secteur du transport <strong>urbain</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>« les régies ».L’offre dans le secteur du transport <strong>collectif</strong> <strong>urbain</strong> est représenté principalementpar les régies <strong>de</strong> transport <strong>urbain</strong>. Ces sociétés publiques couvraient jusqu'<strong>au</strong>x années 80une part importante <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Les sociétés privées n’ont commencé à opérer sur lemarché qu’à partir <strong>de</strong> 1984.2.1- Présentation <strong>de</strong>s régies <strong>de</strong> transport <strong>urbain</strong>.Les régies possè<strong>de</strong>nt une structure administrative particulière, dans <strong>la</strong>quelle cohabitent plusieursorganes. Les décisions importantes sont prises réellement par le ministère <strong>de</strong> tutelle, « Ministère <strong>de</strong> l’intérieur ».Les moyens <strong>de</strong>s régies se résument dans leur parc <strong>de</strong> matériel <strong>de</strong> transport, qui constitue l’outil principal <strong>de</strong> leuractivité, en plus du facteur humain qui reste très important dans ce secteur.2
My ABDELHADI AIT SLIMANTRANSPORT COLLECTIF URBAIN AU MAROCEmail: sliman68@hotmail.com Analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s régies <strong>de</strong> transport 1970-2000Les régies <strong>de</strong> transport <strong>urbain</strong> sont créées par les conseils commun<strong>au</strong>x. Elles sont régies par le décret n°2.64/394 du joumada I 1384 (29 septembre 1964 ), et sont dotées <strong>de</strong> <strong>la</strong> personnalité civile et <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tonomiefinancière. Leur capital initial est constitué par une dotation initiale qui est formée <strong>de</strong>s biens meubles etimmeubles qui lui sont affectés par le Ministère <strong>de</strong> tutelle. Leur création nécessite l’approbation du Ministre <strong>de</strong>l’intérieur, du ministre chargé <strong>de</strong>s finances et du ministre <strong>de</strong> transport public. (Décret <strong>de</strong> 29 septembre 1964, Art.1.).Au <strong>Maroc</strong>, il existe jusqu’à maintenant six régies <strong>de</strong> transport, qui se trouvent dans les gran<strong>de</strong>s villes duRoy<strong>au</strong>me : Casab<strong>la</strong>nca, Rabat-Salé, Méknes, Fès, Safi et Agadir. Les régies <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Marrakech et Tangerne fonctionnent plus. Le table<strong>au</strong> ci-<strong>de</strong>ssous donne <strong>la</strong> date <strong>de</strong> création <strong>de</strong> chacune d’elle.Table<strong>au</strong> n°1: Les régies du transport <strong>urbain</strong> avec date <strong>de</strong> création.REGIES Villes Date <strong>de</strong> créationR.A.T.C Casab<strong>la</strong>nca 1964R.A.T.R. Rabat-Sale 1965R.A.T.M Meknès 1968R.A.T.F Fès 1971R.A.T.MA Marrakech 1969R.A.T.S. Safi 1977R.A.T.T. Tanger 1965R.A.T.AG. Agadir 1978Source: Le service <strong>de</strong> transport <strong>urbain</strong> 1986 C.N.D. n° 86.0331.La présence <strong>de</strong>s régies dans les villes <strong>de</strong> Safi, Agadir et Meknes est <strong>de</strong>venue très limitée et formelle.2.2 - Fonctionnement <strong>de</strong>s régies <strong>de</strong> transport <strong>urbain</strong>Les régies <strong>de</strong> transport <strong>urbain</strong> sont dotées d’un conseil d’administration, d’un comité <strong>de</strong> direction etd’un directeur général.2.2.1 - Le Conseil d’Administration (C.A):Il est présidé par le wali ou le gouverneur ou le pacha. Il est formé <strong>de</strong> six à douze ( 6 à 12 ) membres <strong>au</strong>maximum, dont 1/3 est désigné par le ministre <strong>de</strong> l’intérieur ; les <strong>au</strong>tres par le conseil communal. Parmi lesmembres désignés par le ministre <strong>de</strong> l’intérieur figurent obligatoirement :• Un représentant du ministre <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x publics, ou du ministre compétent (transport);• Un représentant du ministre <strong>de</strong>s finances.Les membres sont nommés pour une durée <strong>de</strong> trois ans renouve<strong>la</strong>bles (Art. 5 du décret du 29 septembre1964). Ils ne doivent pas avoir d’intérêt ou <strong>de</strong> fonction dans les entreprises en rapport avec <strong>la</strong> régie.Le conseil délibère va<strong>la</strong>blement avec les 2/3 <strong>de</strong>s membres. Les décisions sont prises avec <strong>la</strong> majorité<strong>de</strong>s membres présents. .Le conseil délibère sur toutes les questions re<strong>la</strong>tives <strong>au</strong> financement <strong>de</strong> <strong>la</strong> régie. La procédured’approbation est très longue et nécessite l’accord préa<strong>la</strong>ble du ministre <strong>de</strong> l’intérieur et du gouverneur. Cetteprocédure complexe porte atteinte à <strong>la</strong> liberté d’action <strong>de</strong>s régies ; surtout pour <strong>de</strong>s situations qui nécessitent unerapidité d’action. C’est le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong>s tarifs, l’approbation <strong>de</strong>s programmes d’investissements, et <strong>de</strong>sbudgets <strong>de</strong> fonctionnements.2.2.2- Le Comité <strong>de</strong> DirectionLe comité <strong>de</strong> direction comprend cinq membres :• Un membre du conseil d’administration désigné par le ministre <strong>de</strong> l’intérieur ;• Deux membres désignés par le conseil d’administration ;• L’ingénieur municipal ;• Contrôleur financier ;• Directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> régie.3