Viktor Vavitch - Le Livre de Poche

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son des aléas du livre en Russie. On a même l’étrangesen ti ment que ce roman méconnu, à la dif fé rence de sonauteur, est apparu trop tard, tel le rou le ment ultime d’unorage passé et honni dans le ciel d’une nou velle Russiebla sée. Et pour tant c’est un chef- d’œuvre.Boris Jitkov a puisé au fond de lui- même la matièredes évé ne ments et des sen ti ments de l’année exal tanteet tra gique de 1905. Il avait alors vingt- trois ans et s’étaitengagé dans la résis tance aux forces anti sé mites, avaitpar ti cipé à la grève insur rec tion nelle aux côtés des étu -diants et des ouvriers. Pour reprendre son expres sion,dans son roman il ramène à la sur face ce moi celé qu’ilrépar tit entre ses héros : son savoir- faire tech nique, chi -mique et sa connais sance de la men ta lité ouvrière, sonexpé rience de la fabri ca tion des bombes à la nitro gly cé -rine, sa bra voure qui n’est que peur sur mon tée lors qu’ilfait le coup de feu contre les pogromistes de l’Union duPeuple russe. Acteur ano nyme de ce qui faillit deve nirune révo lu tion menée par les ouvriers, les anar chisteset les socialistes- révolutionnaires, Jitkov greffe aussides évé ne ments intimes ulté rieurs. Par exemple, dans leroman, Taïnka Vavitch perd la rai son de trop aimer leflû tiste juif Israëlson. Serait- ce un écho de l’amour fouque nour ris sait la femme de Jitkov à son égard, au pointde som brer dans la démence et d’être inter née ?Comme le Pétersbourg d’Andreï Biély, Viktor Vavitchmet en scène l’année 1905, la pre mière révo lu tion russe ;elle n’est la « répé tition géné rale » de la sui vante quedans la pen sée idéocratique de Lénine. Les deux romans,qui ne couvrent pas les mêmes périodes – le pre mierdéborde jus qu’en 1909, le second commence en 1903 –,n’observent pas la stricte chro no logie. Ce sont plu tôt de15
puis sants résonateurs, fai sant entendre les cra que mentsde l’édi fi ce ébranlé, les cris de haine et de souf france, lessif fle ments de la pro vo ca tion, les halè te ments de la peur,les murmures des complots et, au final, les défla gra tionsdes bombes omni pré sentes. La fresque sonore de Biélyest plus lyrique, eschatologique : l’auteur pouvait- il devi -ner en 1913 que la révo lu tion était pour demain ? Cellede Jitkov qui, lui, avait vécu les évé ne ments de 1905 etde 1917, est plus bru tale, dis cor dante, moins poé tique,plus concrète. Cette diver gence s’accen tue dans le choixdes espaces roma nesques. Au théâtre d’ombres, à l’archi -tec ture esthé tique du Saint- Pétersbourg de Biély, BorisJitkov pré fère le dépouille ment de la ville sans nom maisemblé ma tique, la sobriété modeste d’une topo gra phie etd’une topo ny mie typi que ment russes. L’action de ViktorVavitch se déroule dans deux lieux : une petite ville pro -vin ciale où habitent les Vavitch et la grande ville de N.,ainsi que la tra di tion lit té raire russe et gogolienne a cou -tume de dire. Celle- ci res semble étran ge ment à la capi talede l’Empire, avec ses admi nis tra tions, ses commis sa riatsde police, ses esca drons de cosaques, sa police poli tique(l’Okhrana), ses gou ver neurs, ses édiles (la douma) etsur tout sa ban lieue ouvrière, ses manu fac tures, ses uni -ver si tés, ses étu diants, ses quar tiers juifs. Un composéd’Odessa et de Saint- Pétersbourg, de Moscou, peutêtre,avec ses bar ri cades de la Presnia en décembre 1905.Jitkov se refuse à nom mer la ville où vivent les Tiktineet leurs amis mais les séquences urbaines sont d’une pré -ci sion, d’une puis sance hal lu ci nantes. Il renonce aussià dater, sauf pour le Mani feste impé rial du 17 octobre.Cepen dant, l’his to rien de 1905 peut retrou ver, trans -posé, le dérou le ment de cette année- là. Il n’a pas droitau fameux pro logue, le Dimanche san glant du 9 jan vier àSaint- Pétersbourg, qui marque la rup ture défi ni tive entrele tsar et le peuple, puisque la conven tion roma nesque16
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Page 3 and 4: amour du vio lon et de la musique.
Page 5 and 6: Une édi tion sépa rée du pre mie
Page 7: meur, comme Lydia Tchoukovskaïa, l

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