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le dossier de presse - Le Livre de Poche

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DISTRIBUTION : LOST FILMSBureau et Stock : Lost Films 13 rue Galilée 93110 Rosny-sous-BoisProgrammation Marc Olry : 06 16 29 22 53 – lostfilmsdistribution@yahoo.frSortie nationa<strong>le</strong> : 7 JUILLET 2010 (à confirmer)UNE RÉÉDITION EN COPIES NEUVES VOPrésenté en Avant-première pour <strong>le</strong>s 9 e Rencontres Nationa<strong>le</strong>s AFCAEPatrimoine-Répertoire (18-19 mars 2010 - Cinéma <strong>Le</strong> Grand Action Paris 5 e )Présenté en Avant-première à la Cinémathèque Françaisepour la Rétrospective Robert Mulligan (juin 2010)PRESSE : Stéphane RibolaAgence MIAM 94 rue Saint Lazare 75009 Paris01 55 50 22 26 – 06 11 73 44 06stephane.ribola@gmail.com - www.miamcom.com2


DU SILENCE ET DES OMBRES(TO KILL A MOCKINGBIRD)Un film <strong>de</strong> ROBERT MULLIGANUSA – 1962 – 2h05 – Noir et Blanc – Format Image 1 : 1,85 – Son Mono – Visa n°27104Première sortie américaine : 25 décembre 1962Première sortie française : 31 mai 1963 (235 119 spectateurs)(2 sal<strong>le</strong>s Paris : L’Ermitage vo - <strong>Le</strong> Cameo vf)Récompensé par 3 Oscars : meil<strong>le</strong>ur acteur (Gregory Peck) meil<strong>le</strong>ure adaptation (Horton Foote)et meil<strong>le</strong>ure direction artistique pour un film en Noir et Blanc (Henry Bumstead)Autres Nominations à l’Oscar : meil<strong>le</strong>ur film, réalisateur, second rô<strong>le</strong> féminin (Mary Badham),photographie (Russell Harlan) et musique (Elmer Bernstein)Récompensé du Prix Gary Cooper au Festival <strong>de</strong> Cannes 1963ÉQUIPE TECHNIQUEProduit par Alan J.Pakula et Robert Mulligan – Brentwood ProductionsChargé <strong>de</strong> production Universal : Edward MuhlScénario et adaptation : Horton Footed!après Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, roman <strong>de</strong> Harper <strong>Le</strong>e (<strong>Le</strong> <strong>Livre</strong> <strong>de</strong> <strong>Poche</strong>)Directeur <strong>de</strong> la photographie : Russell HarlanDirecteur artistique : Henry Bumstead / Décors : Oliver EmertCostumes : Rosemary O<strong>de</strong>ll / Maquillages : Bud Westmore / Coiffures : Larry GermainSon : Waldon O.Watson et Corson Jowett / Monteur : Aaron StellMusique : Elmer Bernstein / Conception Générique : Stephen FrankfurtINTERPRÉTATIONAtticus Finch : Gregory PeckScout (Jean Louise) Finch : Mary BadhamJem Finch : Phillip AlfordDill (Char<strong>le</strong>s Baker) Harris : John Megna<strong>Le</strong> Sheriff Heck Tate : Frank OvertonCalpurnia : Estel<strong>le</strong> EvansTom Robinson : Brock PetersBoo (Arthur) Rad<strong>le</strong>y : Robert DuvallBob Ewell : James An<strong>de</strong>rsonMayella Ewell : Collin Wilcox PaxtonMiss Maudie Atkinson : Rosemary MurphyMrs. Dubose : Ruth White<strong>Le</strong> Juge Taylor : Paul FixL’HISTOIREEn 1932, dans la petite vil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Maycomb (Alabama), Atticus Finch avocat, veuf, élève ses <strong>de</strong>uxenfants, Scout, âgée <strong>de</strong> six ans, et Jem, âgé <strong>de</strong> dix ans. Calpurnia, la gouvernante noire tient lamaison. <strong>Le</strong> petit Dill Harris, âgé <strong>de</strong> six ans, voisin <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> Finch, est fasciné par <strong>le</strong>s récits <strong>de</strong>Jem qui lui par<strong>le</strong> sans cesse <strong>de</strong> la « maison hantée » où habite <strong>le</strong>ur mystérieux voisin Boo Rad<strong>le</strong>y.Un jour, Bob Ewell, un fermier ivrogne, accuse Tom Robinson, un ouvrier noir d’avoir tentéd’abuser <strong>de</strong> sa fil<strong>le</strong>, Mayella. Atticus Finch va se charger <strong>de</strong> sa défense…3


TO KILL A MOCKINGBIRD L’ADAPTATION D’UN ROMAN CULTE«<strong>Le</strong>s avocats n’ont-ils pas commencé par être <strong>de</strong>s enfants ?»Char<strong>le</strong>s Lamb (1775-1834) poète et essayiste anglais, citation mise en exergueDu roman <strong>de</strong> Harper <strong>Le</strong>e Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (Éditions <strong>Le</strong> <strong>Livre</strong> <strong>de</strong> <strong>Poche</strong>)Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres ou plutôt To Kill a Mockingbird, film <strong>de</strong> Robert Mulligan <strong>de</strong> 1962 estl’adaptation cinématographique du roman éponyme <strong>de</strong> Harper <strong>Le</strong>e publié en 1960.L’accueil <strong>de</strong> la critique américaine est d’abord défavorab<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> trouve <strong>le</strong> livre mal construit, tropsentimental et rempli <strong>de</strong> clichés sur <strong>le</strong> Sud. Par contre <strong>le</strong> public s’enthousiasme tout <strong>de</strong> suite etaprès quatre tirages en un an, <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers d’exemplaires sont déjà vendus. <strong>Le</strong> romanreste 80 semaines dans la liste <strong>de</strong>s best-sel<strong>le</strong>rs du New York Times.Couverture <strong>de</strong> la première éditionL’année suivante, en 1961, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (titrefrançais du roman) reçoit <strong>le</strong> prix Pulitzer. Harper <strong>Le</strong>e rejoint d’illustreslauréats comme Edith Wharton pour <strong>Le</strong> Temps <strong>de</strong> l’innocence (1921),Margaret Mitchell pour Autant en emporte <strong>le</strong> vent (1937), John Steinbeckpour <strong>Le</strong>s Raisins <strong>de</strong> la colère (1940), Ernest Hemingway pour <strong>Le</strong> Vieilhomme et la mer (1953) ou William Faulkner pour Parabo<strong>le</strong> (1955).L’année suivante, en 1962, malgré ce prix et l’engouement <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs,<strong>le</strong>s studios hollywoodiens ne semb<strong>le</strong>nt pas vouloir acheter <strong>le</strong>s droits d’unlivre, sans histoire d’amour, manquant d’action et dont <strong>le</strong> méchant n’estpas puni d’emblée. <strong>Le</strong> jeune producteur, Alan J. Pakula déci<strong>de</strong> <strong>de</strong>produire l’adaptation cinématographique du roman et d’en confier laréalisation à Robert Mulligan. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux hommes se connaissent déjà etont fait <strong>le</strong>urs premières armes ensemb<strong>le</strong> en 1957 au studio Paramount,sur <strong>le</strong>ur premier film respectif : Prisonnier <strong>de</strong> la peur.Vendu maintenant à plus <strong>de</strong> quatre millions d’exemplaires, il s’agit pour eux <strong>de</strong> ne pas décevoir <strong>le</strong>s<strong>le</strong>cteurs du roman. <strong>Le</strong> premier souci d’Alan Pakula est <strong>de</strong> rester fidè<strong>le</strong> au sujet et à l’esprit du livre.Pour l’adapter il fait appel à Horton Foote que Mulligan a déjà rencontré sur <strong>de</strong>s dramatiquestélévisées. L’intention première du producteur est <strong>de</strong> tourner l’œuvre <strong>de</strong> la romancière dans <strong>le</strong>sdécors naturels d’Alabama décrits dans son livre, mais Pakula doit se rendre à l’évi<strong>de</strong>nce : <strong>le</strong>spetites vil<strong>le</strong>s américaines <strong>de</strong> 1962, avec <strong>le</strong>urs rues pavées, <strong>le</strong>s antennes <strong>de</strong> télévision et <strong>le</strong>schaînes <strong>de</strong> magasin, ne ressemb<strong>le</strong>nt plus à cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s années 30. <strong>Le</strong> seul moyen <strong>de</strong> restituerfidè<strong>le</strong>ment Maycomb tel<strong>le</strong> que l’a imaginée Harper <strong>Le</strong>e (d’après Monroevil<strong>le</strong>, la vil<strong>le</strong> où el<strong>le</strong> agrandi, située entre Mobi<strong>le</strong> et Montgomery), est <strong>de</strong> la construire dans <strong>le</strong>s studios d’extérieursd’Universal. La récompense pour Pakula sera la remarque <strong>de</strong> Harper <strong>Le</strong>e lors <strong>de</strong> sa visite sur <strong>le</strong>plateau : « Cette vil<strong>le</strong> est tel<strong>le</strong>ment parfaite que <strong>le</strong>s gens vont sûrement croire que vous aveztourné en extérieurs réels ».<strong>Le</strong>s choix du studio pour incarner Atticus Finch (<strong>le</strong>personnage d’avocat inspiré du père <strong>de</strong> Harper <strong>Le</strong>e) sont :Rock Hudson (présent dans <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers films <strong>de</strong>Mulligan, <strong>Le</strong> Ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> septembre et L’homme <strong>de</strong>Bornéo, aussi produits par Universal) et James Stewart quirefuse <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> trouvant <strong>le</strong> script trop libéral et craint <strong>de</strong>participer à un film trop controversé. Pakula et Mulliganenvoient <strong>le</strong> script à Gregory Peck qui <strong>le</strong> lit dans la nuit etaccepte <strong>le</strong> rô<strong>le</strong>. Pour s’y préparer, il rencontre Amasa <strong>Le</strong>e(<strong>le</strong> père <strong>de</strong> la romancière) âgé <strong>de</strong> 82 ans et lui empruntequelques tics remarqués sur <strong>le</strong> « vrai » Atticus comme <strong>le</strong> fait<strong>de</strong> tripoter sa montre gousset accrochée par une chaîne àson gi<strong>le</strong>t. Pour <strong>le</strong> tournage Gregory Peck utilisa un Gregory Peck et Harper <strong>Le</strong>e autour du scénarioaccessoiremais se vit offrir <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> Harper <strong>Le</strong>e la vraie montre <strong>de</strong> son père, mort peu avantla sortie du film. Au premier jour <strong>de</strong> visite sur <strong>le</strong> plateau, Harper <strong>Le</strong>e p<strong>le</strong>ura, en découvrant GregoryPeck si ressemblant et lui confia qu’il avait la même petite « bedaine » que son père.4


Après un vif succès à sa sortie, l’année suivante, en 1963, <strong>le</strong> film remporte plusieurs Gol<strong>de</strong>n Globeet trois Oscars, dont celui <strong>de</strong> meil<strong>le</strong>ur acteur pour Gregory Peck. Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres, <strong>Le</strong>sOiseaux et Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? représentent <strong>le</strong>s Etats-Unis au Festival <strong>de</strong> Cannes maisla palme d’or revient au Guépard <strong>de</strong> Luchino Visconti. <strong>Le</strong> film <strong>de</strong> Robert Mulligan obtient malgrétout et à l’unanimité <strong>le</strong> Prix Gary Cooper (créé en 1961 pour reconnaître la va<strong>le</strong>ur humaine du sujettraité par un film).Dans Conversation avec Gregory Peck (1999) documentaire dans <strong>le</strong>quel Barbara Kopp<strong>le</strong> suit <strong>le</strong>comédien au cours <strong>de</strong> conférences-débats avec <strong>le</strong> public, dans plusieurs vil<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s Etats-Unis, ilavoue que <strong>de</strong> tous ses rô<strong>le</strong>s et <strong>de</strong> tous ses films, Atticus Finch et Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres<strong>de</strong>meure son préféré. En 2003 (<strong>de</strong>ux semaines avant sa mort), l’American Film Institute désigneAtticus Finch comme <strong>le</strong> plus grand héros <strong>de</strong> l'histoire du cinéma (dans un classement <strong>de</strong> 100héros, Gregory Peck arrive <strong>de</strong>vant Indiana Jones, James Bond, Humphrey Bogart dansCasablanca et Gary Cooper dans <strong>Le</strong> Train siff<strong>le</strong>ra trois fois).Pour mesurer l’importance du roman il faut savoir que Ne tirez pas surl’oiseau moqueur a été vendu à 30 millions d’exemplaires <strong>de</strong>puis sapremière parution et qu’un million <strong>de</strong> livres continuent d’être vendus chaqueannée. Il a été traduit en quarante langues et n’a jamais été épuisé <strong>de</strong>puissa sortie. Il est l’un <strong>de</strong>s dix livres <strong>le</strong>s plus fréquemment étudiés dans <strong>le</strong>sclasses américaines. Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1991 montre qu’après la Bib<strong>le</strong>, c’estl’ouvrage <strong>le</strong> plus souvent cité comme ayant changé la vie <strong>de</strong> ses <strong>le</strong>cteurs.En France, <strong>le</strong> roman a la particularité d’avoir été publié sous trois titressuccessifs, au gré <strong>de</strong> ses différentes traductions et maison d’édition.D’abord Quand meurt <strong>le</strong> rossignol (traduction Germaine Béraud, éditions <strong>Le</strong><strong>Livre</strong> contemporain, Paris 1961) puis Alouette, je te plumerai (traductionIsabel<strong>le</strong> Stoïanov, éditions Julliard, Paris 1989) et enfin, et plus fidè<strong>le</strong>ment :Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (traduction revue et postface d’Isabel<strong>le</strong> Hausser éditions <strong>Le</strong>Fallois, Paris 2005, puis Librairie généra<strong>le</strong> <strong>de</strong> France, col<strong>le</strong>ction <strong>Le</strong> <strong>Livre</strong> <strong>de</strong> poche, Paris 2006).A sa sortie française, après sa présentation au Festival <strong>de</strong> Cannes en mai 1963, <strong>le</strong> titre du film eût<strong>le</strong> même souci <strong>de</strong> traduction. <strong>Le</strong> titre orignal du roman et du film To Kill a Mockingbird fut cettefois traduit (adapté) par Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres. L’explication du titre est délivrée dans <strong>le</strong> livrecomme dans <strong>le</strong> film. <strong>Le</strong> titre vient d’un proverbe américain : « It’s a sin to kill a mockingbird» (c’estun péché <strong>de</strong> tuer un oiseau moqueur). Selon la légen<strong>de</strong>, l’oiseau moqueur est un oiseau qui auraitappris aux autres à chanter. Il pourrait chanter trente-neuf chants et imiter <strong>de</strong> nombreux sons (d’oùaussi son appellation française <strong>de</strong> mime polyglotte).Dans <strong>le</strong> roman, Atticus Finch évoque ce proverbe à ses enfants. Il raconte que petit, on lui offritpour Noël une carabine et on l’autorisa à s’entraîner, à tirer, mais uniquement sur <strong>de</strong>s bouteil<strong>le</strong>s ouau pire, <strong>de</strong>s geais b<strong>le</strong>us car c’est un péché <strong>de</strong> tuer un oiseau moqueur. Il ne faut pas nuire à cetoiseau car il ne sait faire qu’une seu<strong>le</strong> chose : chanter pour notre plaisir. Il ne vient pas mangerdans <strong>le</strong>s jardins, il ne fait pas son nid dans celui <strong>de</strong>s autres oiseaux et ne faisant que chanter seretrouve sans défense face aux chasseurs. De plus, <strong>le</strong> moqueur, oiseau très répandu aux Etats-Unis est aussi <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> du Sud (où se dérou<strong>le</strong> l’action).Cette métaphore <strong>de</strong> l’oiseau est filée tout au long du roman(et du film) pour souligner l’injustice qu’il y a <strong>de</strong> b<strong>le</strong>sser <strong>de</strong>spersonnes innocentes ou sans défense. L’histoire du film estracontée du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> Scout et <strong>de</strong> son frère. El<strong>le</strong> faitentrer <strong>le</strong> spectateur dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> merveil<strong>le</strong>ux et fantastique<strong>de</strong>s enfants comme a pu <strong>le</strong> faire aussi La Nuit du chasseur(Char<strong>le</strong>s Laughton 1955 d’après <strong>le</strong> roman <strong>de</strong> David Grubb).Des enfants qui finissent par perdre <strong>le</strong>urs illusions etdécouvrir <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> imparfait et hypocrite <strong>de</strong>s adultes.Dès l’ouverture du film et son magnifique générique conçupar Stephen Frankfurt (il signa aussi ceux <strong>de</strong> Rosemary’sMary Badham et l’Oiseau moqueur Baby, Network ou Superman) <strong>le</strong> spectateur pénètre littéra<strong>le</strong>mentSur <strong>le</strong> thème principal composé par Elmer Bernstein, jouément dans la tête, l’imaginaire <strong>de</strong> Scout.au piano note par note, la voix d’une petite fil<strong>le</strong> chantonne et une main d’enfant ouvre une vieil<strong>le</strong>boîte à cigares. La caméra plonge dans ce petit coffre à trésors rempli d’objets liés à l ‘enfance et5


<strong>le</strong>s filme en très gros plans (on en retrouvera certains au cours du film). Un crayon (qui <strong>de</strong>ssine <strong>de</strong>straits et griffonne <strong>le</strong> titre du film puis un oiseau) une montre à gousset (et son tic-tac), une éping<strong>le</strong><strong>de</strong> nourrice, <strong>de</strong>ux pièces <strong>de</strong> monnaie, <strong>de</strong>ux figurines sculptées, une bil<strong>le</strong> (qui rou<strong>le</strong> pour en cognerune autre), un collier <strong>de</strong> per<strong>le</strong>s, un harmonica, un siff<strong>le</strong>t… Et <strong>le</strong> <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’oiseau se déchire, <strong>le</strong>film peut commencer et l’héroïne Scout Finch (en voix off) raconter son histoire : « Maycomb étaitune vil<strong>le</strong> fatiguée même en 1932, quand je la connus… »Générique <strong>de</strong> Stephen FrankfurtScout, fascinée d’imaginer <strong>le</strong>s pires horreurs sur son voisin Boo Rad<strong>le</strong>y et curieuse <strong>de</strong> suivre <strong>le</strong>procès <strong>de</strong> Tom Robinson, jeune Noir accusé à tort <strong>de</strong> viol et défendu par son père, va finir parcomprendre qu’ils sont tous <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux, <strong>de</strong>s « oiseaux moqueurs ». Victimes innocentes <strong>de</strong>s adultes,du racisme et <strong>de</strong> la société. S’il est un péché <strong>de</strong> tuer un oiseau moqueur, il en est <strong>de</strong> même <strong>de</strong>malmener <strong>le</strong>s innocents que sont Tom Robinson ou Boo Rad<strong>le</strong>y.Derrière <strong>le</strong>s apparences d’une peinture mélancolique <strong>de</strong> l’enfance, <strong>le</strong> film (et <strong>le</strong> roman) est aussi unpamph<strong>le</strong>t contre l’intolérance. Sans doute moins caricatural que La Porte s’ouvre (JosephL.Mankiewicz 1950), moins didactique que Graine <strong>de</strong> vio<strong>le</strong>nce (Richard Brooks 1955) et La Chaîne(Stan<strong>le</strong>y Kramer 1958) et moins philosophique que <strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong>, la chair et <strong>le</strong> diab<strong>le</strong> (RanaldMacDougall 1959), Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres abor<strong>de</strong> la question du racisme aux Etats-Unis <strong>de</strong>façon réaliste.Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur paraît au début <strong>de</strong>s années 60, en p<strong>le</strong>in mouvement pour <strong>le</strong>sCivil Rights (au moment <strong>de</strong>s rassemb<strong>le</strong>ments pacifiques autour <strong>de</strong> Martin Luther King et <strong>de</strong>sboycots <strong>de</strong>s bus par <strong>le</strong>s Noirs). <strong>Le</strong> roman se dérou<strong>le</strong> trente ans auparavant et la ségrégationracia<strong>le</strong> y est très présente.À l’éco<strong>le</strong> <strong>de</strong> Scout, aucun enfant noir n’est scolarisé. <strong>Le</strong>s Noirs habitent <strong>de</strong>s quartiers en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>Maycomb, ils ont <strong>le</strong>ur église et <strong>le</strong>ur ga<strong>le</strong>rie au tribunal pour assister au procès. Ils ne se mélangentpas aux Blancs, pourtant Scout et Jem vont s’introduire dans ces lieux réservés (<strong>le</strong> film ne reprendpas la scène où <strong>le</strong>s enfants accompagnent Calpurnia pour la messe à l’église noire).Calpurnia, la gouvernante noire d’Atticus, fait partie intégrante <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> est respectée parAtticus et fait autorité auprès <strong>de</strong>s enfants. Dans <strong>le</strong> film, el<strong>le</strong> est sans doute <strong>le</strong> personnage féminin <strong>le</strong>plus important (Mrs Dubose, Miss Maudie Atkinson ou la tante <strong>de</strong> Dill sont moins présentes et <strong>le</strong>personnage <strong>de</strong> tante A<strong>le</strong>xandra, la sœur d’Atticus est complètement absente).Roman et film reprennent <strong>le</strong> vocabulaire en pratique à l’époque pour décrire <strong>le</strong>s noirs : ils sontappelés « nègres et négresses » (nigger ou negro en anglais). Dans <strong>le</strong> roman, l’accusé noir TomRobinson <strong>le</strong> dit lui-même : « Mr Finch, si vous étiez un nèg’ comme moi, vous au’iez eu peu’ vousaussi ». Atticus Finch est qualifié <strong>de</strong> « défenseur » ou « d’ami <strong>de</strong>s nègres » (nigger lover). Iln’hésite pas à reprendre Scout lorsqu’el<strong>le</strong> lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’il défend <strong>de</strong>s nègres, en répondant « Nedis pas nègre Scout, c’est vulgaire. Tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> dit ça à l’éco<strong>le</strong> », rétorque-t-el<strong>le</strong>. « Désormais cesera tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> sauf toi… ». Ce passage (du livre et) du film et surtout la longue plaidoiried’Atticus ne laissent aucun doute sur la dénonciation du racisme et <strong>de</strong>s préjugés alors courants.6


HARPER LEE L’AUTEUR D’UN SEUL ROMANHARPER LEEREPÈRES BIOGRAPHIQUES PARIsabel<strong>le</strong> Hausser (<strong>Livre</strong> <strong>de</strong> <strong>Poche</strong>)1926 Naissance <strong>le</strong> 28 avril, à Monroevil<strong>le</strong> (petitevil<strong>le</strong> d’Alabama, prototype <strong>de</strong> Maycomb) <strong>de</strong>Nel<strong>le</strong> Harper <strong>Le</strong>e, quatrième et <strong>de</strong>rnier enfantd’Amasa Co<strong>le</strong>man <strong>Le</strong>e et <strong>de</strong> FrancesCunningham Finch.Comme Atticus Finch, son père est avocat. Ilpublie aussi, <strong>de</strong> 1929 à 1947, un hebdomadaire,The Monroe Journal. Sa mère, assezexcentrique, souffre <strong>de</strong> troub<strong>le</strong>s nerveux etlaisse la gestion <strong>de</strong> la maison à <strong>le</strong>ur employéenoire. La jeune Nel<strong>le</strong> se conduit très jeunecomme un garçon manqué.1928-1933 Début <strong>de</strong> son amitié avec TrumanCapote. Après <strong>le</strong> divorce <strong>de</strong> ses parents, il esté<strong>le</strong>vé par une parente, voisine <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong>Finch. Il servira <strong>de</strong> modè<strong>le</strong> au personnage <strong>de</strong>Dill. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux enfants sont très proches et sesentent différents <strong>de</strong>s autres.1944 Envoyée au collège méthodiste <strong>de</strong> fil<strong>le</strong>sHutingdon à Montgomery (Alabama). El<strong>le</strong> y estmalheureuse parce que trop étrangère auxpréoccupations <strong>de</strong> ses camara<strong>de</strong>s qui la jugentnon conformiste. El<strong>le</strong> écrit <strong>de</strong>s nouvel<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>journal du collège dont certains élémentsannoncent déjà L’Oiseau moqueur.1945 S’inscrit à la faculté <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> l’universitéd’Alabama et envisage <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir avocate,comme son père et sa sœur aînée, Alice. El<strong>le</strong>collabore encore aux journaux d’étudiants.1948 Passe un semestre à Oxford, dans <strong>le</strong>cadre d’un échange d’étudiants puis quittel’université d’Alabama six mois avant sondiplôme. Truman Capote publie son premierroman, <strong>Le</strong>s Domaines hantés. <strong>Le</strong> personnage,Idabel Thompkins a été inspiré par Harper <strong>Le</strong>e.1950 S’instal<strong>le</strong> à New York avec l’intentiond’écrire, mais doit travail<strong>le</strong>r au service <strong>de</strong>sréservations d’une compagnie aérienne pourvivre.1951 Mort bruta<strong>le</strong> <strong>de</strong> son frère Edwin, à l’âge <strong>de</strong>31 ans, puis <strong>de</strong> sa mère. Pour ai<strong>de</strong>r son père,el<strong>le</strong> fait <strong>de</strong>s al<strong>le</strong>rs-retours entre New York etMonroevil<strong>le</strong>.1956 Reçoit en ca<strong>de</strong>au <strong>de</strong> Noël d’un coup<strong>le</strong>d’amis, une somme d’argent lui permettant <strong>de</strong>passer une année entière à écrire.1958 Montre son manuscrit, alors intituléAtticus, à la maison d’édition Lippincott.L’éditrice est convaincue d’avoir affaire à unvéritab<strong>le</strong> écrivain mais trouve que <strong>le</strong> texte estplus une col<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> saynètes qu’un roman.El<strong>le</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Harper <strong>Le</strong>e <strong>de</strong> <strong>le</strong> retravail<strong>le</strong>r.Cel<strong>le</strong>-ci y consacrera <strong>de</strong>ux années.1959 À la suite du meurtre <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> Clutter àHolcomb (Kansas), Truman Capote, qui en fera<strong>le</strong> sujet <strong>de</strong> son livre De sang froid (1965), pro-Malgré l’immense succès <strong>de</strong> Ne tirez pas surl’oiseau moqueur Harper <strong>Le</strong>e a disparu <strong>de</strong> lascène littéraire américaine en 1964. <strong>Le</strong> secondroman qu’el<strong>le</strong> annonçait n’a jamais été publié. Rienne permet <strong>de</strong> vérifier la rumeur qui veut qu’unéditeur ait refusé l’un <strong>de</strong> ses manuscrits ou cel<strong>le</strong> quiaffirme qu’el<strong>le</strong> a publié d’autres romans sous <strong>de</strong>spseudonymes.Comme Harper <strong>Le</strong>e, Margaret Mitchell avec Autanten emporte <strong>le</strong> vent et Ralph Ellison avec Hommeinvisib<strong>le</strong> pour qui chantes-tu ? (tous originaires duSud) el<strong>le</strong> est restée l’ auteur d’un seul roman.Ses relations avec son ami d’enfance, TrumanCapote, qu’el<strong>le</strong> avait accompagné dans <strong>le</strong> Kansaspour l’assister dans ses entretiens et un long travaild’enquête sur ce qui <strong>de</strong>viendra De Sang froid(1966)(1966), ont fait récemmentl’objet d’un film.Capote <strong>de</strong> Bennett Mil<strong>le</strong>r(2005) avec Philip SeymourHoffman dans <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>Truman Capote et CatherineKeener dans celui <strong>de</strong> Harper<strong>Le</strong>e.Après son prix Pulitzer, etjaloux du succès <strong>de</strong> sonamie car il n’obtint jamais <strong>le</strong>m<strong>le</strong> même prix, Capote fit courir <strong>le</strong> bruit qu’il était <strong>le</strong>véritab<strong>le</strong> auteur <strong>de</strong> Ne tirez pas sur l’oiseaumoqueur. Il minimisa éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> Harper<strong>Le</strong>e dans ses investigations préalab<strong>le</strong>s à De sangfroid. Contrairement à Capote, el<strong>le</strong> ne fit jamais lamoindre confi<strong>de</strong>nce publique sur lui et nerevendiqua jamais <strong>le</strong> moindre droit sur De sangfroid. Il est pourtant avéré que son rô<strong>le</strong> à Holcombne fut pas négligeab<strong>le</strong>, ne serait-ce que parcequ’el<strong>le</strong> était mieux acceptée <strong>de</strong> la population loca<strong>le</strong>que Truman Capote - ce que décrit bien <strong>le</strong> film <strong>de</strong>Bennett Mil<strong>le</strong>r. La brouil<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux amissemb<strong>le</strong> avoir duré jusqu’à la mort <strong>de</strong> Capote en1984.Agée aujourd’hui <strong>de</strong> 84 ans, Harper <strong>Le</strong>e vitpartagée entre New York et Monroevil<strong>le</strong>, où el<strong>le</strong>habite avec sa soeur aînée, Alice.7


L’homme <strong>de</strong> Bornéo (The Spiral Road 1962) est un film d’aventures exotiques. Rock Hudson estun jeune mé<strong>de</strong>cin qui risque sa vie pour venir en ai<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s lépreux dans la jung<strong>le</strong> indonésienne.Pressenti pour <strong>le</strong> prochain film <strong>de</strong> Robert Mulligan, une adaptation du roman <strong>de</strong> Harper <strong>Le</strong>e To Killa Mockingbird c’est en fait Gregory Peck qui rejoint <strong>le</strong>s plateaux extérieurs d’Universal <strong>de</strong> mars àmai 1962. Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres est la secon<strong>de</strong> collabo-ration <strong>de</strong> Mulligan avec Alan J. Pakula comme producteur. Ilretrouve son chef opérateur <strong>de</strong> L’Homme <strong>de</strong> Bornéo, RussellHarlan et d’autres techniciens complices <strong>de</strong>puis plusieursfilms déjà comme <strong>le</strong> compositeur Elmer Bernstein et <strong>le</strong> chefdécorateur Henry Bumstead. La critique est unanime, <strong>le</strong> filmremporte un beau succès et se voit nommé dans plusieurscatégories aux Gol<strong>de</strong>n Globes et aux Oscars, dont cel<strong>le</strong>s dumeil<strong>le</strong>ur film et du meil<strong>le</strong>ur réalisateur. Gregory Peck reçoitl’Oscar du meil<strong>le</strong>ur acteur. <strong>Le</strong> film suivant, Une certainerencontre (Love with the Proper Stranger 1963) réunit troisstars : Steve McQueen, Natalie Wood et New York.Mary Badham (Scout) & Robert MulliganC’est aussi <strong>le</strong> premier sujet original que Mulligan et Pakula portent à l’écran. Un scénario d’ArnoldSchulman qui propose une histoire d’amour dans l’ordre inverse habituel confie Mulligan : «Unhomme (Steve McQueen trompettiste fauché) qui n’a jamais eu <strong>de</strong> responsabilité, peu à peu setrouve pris par un sentiment <strong>de</strong> responsabilité qui tourne autour <strong>de</strong> l’avortement et <strong>de</strong> la décisiond’avoir ou non un enfant. Progressivement il tombe amoureux sans <strong>le</strong>chercher, sans <strong>le</strong> vouloir, et sans qu’il y ait rien <strong>de</strong> romantique dansl’histoire. J’aimais aussi l’idée <strong>de</strong> tourner en décors naturels, c’esttel<strong>le</strong>ment plus vivant. Je déteste <strong>le</strong> studio, tourner en extérieurs réels ai<strong>de</strong><strong>le</strong>s acteurs, inconsciemment cela <strong>le</strong>s imprègne ».<strong>Le</strong> Sillage <strong>de</strong> la vio<strong>le</strong>nce (Baby, the Rain Must Fall 1964) occupe uneplace à part dans la filmographie <strong>de</strong> Mulligan puisqu’il avait déjà tournécette histoire pour la télévision. Adaptation <strong>de</strong> la pièce <strong>de</strong> théâtre, TheTravelling lady, <strong>de</strong> son ami Horton Foote (auteur à ses côtés <strong>de</strong>dramatiques télé et lauréat d’un Oscar pour l’adaptation <strong>de</strong> To Kill aMockingbird), dans cette version il développe davantage <strong>le</strong> personnagemasculin et offre un nouveau rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> antihéros à Steve McQueen(chanteur raté sorti <strong>de</strong> prison, angoissé et incapab<strong>le</strong> <strong>de</strong> se réadapter à savie <strong>de</strong> coup<strong>le</strong>, <strong>de</strong> père ou d’accepter la domination <strong>de</strong> sa mère adoptive).Pour interpréter Daisy Clover (Insi<strong>de</strong> Daisy Clover 1965) Robert Mulliganfait à nouveau appel à Natalie Wood pour un film sur Hollywood dans <strong>le</strong>sannées 30, d’après <strong>le</strong> roman éponyme <strong>de</strong> Gavin Lambert. Ancien éditeur<strong>de</strong> la revue anglaise Sight and Sound (1950-56), ami <strong>de</strong> Lindsay An<strong>de</strong>rsonet assistant personnel <strong>de</strong> Nicholas Ray pour Derrière <strong>le</strong> miroir (1956),Gavin Lambert y décrit Hollywood comme un conte <strong>de</strong> fée cruel,dénonçant l’envers du décor, <strong>le</strong>s producteurs manipulateurs, <strong>le</strong> starsystem.Agé <strong>de</strong> quinze ans Daisy Clover (Natalie Wood) <strong>de</strong>vient uneenfant-star façonnée par <strong>le</strong> producteur Raymond Swan (ChristopherPlummer) et que l’on marie à la ve<strong>de</strong>tte maison du studio, <strong>le</strong> beau (maishomosexuel), Wa<strong>de</strong> <strong>Le</strong>wis (Robert Redford dans son premier rô<strong>le</strong> aucinéma).Quarante ans avant Entre <strong>Le</strong>s murs, avec Escalier Interdit (Up the DownStaircase 1967), Robert Mulligan propose comme Laurent Cantet, uneapproche réaliste <strong>de</strong> l’éco<strong>le</strong> et <strong>de</strong>s difficultés d’une jeune professeur àenseigner, piétinée par <strong>le</strong> système administratif et ses propres élèves.Avec L'Homme sauvage (The Stalking Moon 1969) Mulligan abandonne <strong>le</strong> New York contemporainpour un western mêlant film noir et suspense au Nouveau-Mexique. Un éclaireur <strong>de</strong> l’armée(Gregory Peck) pour sa <strong>de</strong>rnière mission, après avoir sauvé une femme blanche et son enfantmétis, <strong>le</strong>ur propose <strong>de</strong> <strong>le</strong>s instal<strong>le</strong>r dans son ranch pour échapper au père apache qui veutreprendre l’enfant. Ce film est la sixième et <strong>de</strong>rnière collaboration avec Alan Pakula son complicerégulier <strong>de</strong>puis Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres (1962).10


Producteur, il passe à son tour à la réalisation d’un premier film, Pookie (1969) avec Liza Minnelli.Juste après <strong>le</strong> départ <strong>de</strong> son producteur fétiche, Robert Mulligan connaît pourtant son plus grandsuccès au début <strong>de</strong>s années 70 : Un Été 42 (Summer of 42 - 1971). Chronique ado<strong>le</strong>scented’après un scénario original <strong>de</strong> Herman Raucher, dans laquel<strong>le</strong> une jeune femme (Jennifer O’Neill),esseulée par un mari parti à la guerre, initie un jeune garçon (GaryGrimes) à ses premiers émois sexuels. La musique <strong>de</strong> Michel <strong>Le</strong>grandoscarisée fait <strong>le</strong> tour du mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> succès planétaire du film éclipse <strong>le</strong>suivant : L'Autre (The Other 1972). Un film fantastique autour <strong>de</strong> lagémellité et <strong>de</strong>s rapports entre <strong>le</strong> Bien et <strong>le</strong> Mal, adapté du roman d’unancien comédien, Tom Tryon. Mulligan, par sa seu<strong>le</strong> mise en scène,réussit à rendre vraisemblab<strong>le</strong> un cas <strong>de</strong> dédoub<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> personnalitésans utiliser d’effets spéciaux sophistiqués.Ses films suivants ne rencontrent pas tous la même réussite :- The Pursuit of Happiness (1971) avec Michael Seresin et BarbaraHershey reste inédit en sal<strong>le</strong>s, en France.- Nickel Ri<strong>de</strong> (The Nickel Ri<strong>de</strong> 1974), un thril<strong>le</strong>r teinté d’étrange, dans <strong>le</strong>quel <strong>de</strong>s gangsters veu<strong>le</strong>ntéliminer un <strong>de</strong>s <strong>le</strong>urs, <strong>de</strong>venu trop âgé une sé<strong>le</strong>ction au Festival <strong>de</strong> Cannes.- <strong>Le</strong>s Chaînes du sang (Bloodbrothers 1978) est un drame familial avec Paul Sorvino et RichardGere.- Même heure, l'année prochaine (Same Time, Next Year 1978) suit un coup<strong>le</strong> adultère (El<strong>le</strong>nBurstyn et Alan Alda) qui se retrouve chaque année pendant vingt-six ans (l’origine théâtra<strong>le</strong> et <strong>le</strong>décor unique sont pesant pour <strong>le</strong> film).- Kiss Me Goodbye (1982) est une comédie avec James Caan et SallyField- <strong>Le</strong> Secret <strong>de</strong> Clara (Clara's Heart 1988) avec Whoopie Goldberg resteinédit dans <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s françaises et ne connaît qu’une diffusion sur Canal+.Un Été en Louisiane (The Man in the Moon 1991), vingtième et <strong>de</strong>rnier film<strong>de</strong> Mulligan marque <strong>le</strong>s débuts prometteurs <strong>de</strong> Reese Witherspoon. <strong>Le</strong>réalisateur dépeint une <strong>de</strong>rnière fois, l’enfance et l’ado<strong>le</strong>scence. A traversl’éveil amoureux d’une jeune fil<strong>le</strong> et ses premières déceptions, ce dramequi se dérou<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> Sud <strong>de</strong>s Etats-Unis pendant <strong>le</strong>s années 50 met enscène la famil<strong>le</strong>, véritab<strong>le</strong> dénominateur commun <strong>de</strong> toute unefilmographie, <strong>de</strong>puis 1957, et son premier film, Prisonnier <strong>de</strong> la peur .Après ce tournage, <strong>le</strong> cinéaste Robert Mulligan se retire dans sa propriété <strong>de</strong> Old Lyme dans <strong>le</strong>Connecticut (lieu <strong>de</strong> tournage <strong>de</strong> L'Autre) avec la comédienne Jane <strong>Le</strong>e Sutherland (son épouse<strong>de</strong>puis 1952). Il meurt d’une crise cardiaque <strong>le</strong> 20 décembre 2008 .GREGORY PECK : PARCOURS D’UN HÉROS AMÉRICAIN« Vous me voyez navré <strong>de</strong> dire cela, mais je vois mal ce que l’on peut faire <strong>de</strong> Gregory Peck.Il me paraît diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong> faire travail<strong>le</strong>r chez nous et d’obtenir que <strong>le</strong>s autres studios l’emploient.Il est aussi photogénique qu’Abraham Lincoln et s’il a une forte personnalité, cela ne se voit pas.»Note <strong>de</strong> service rédigée par David O. Selznick après <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> Gregory Peck (1941)Eldred Gregory Peck est né <strong>le</strong> 5 avril 1916 à La Jolla (Californie) où son père tenait un drugstore.À cinq ans, quand ses parents divorcent, il est confié à sa grand-mère. Envoyé à dix ans à l’éco<strong>le</strong>militaire catholique <strong>de</strong> Saint James, puis diplômé <strong>de</strong> l’Éco<strong>le</strong> Supérieure <strong>de</strong> San Diego. Il commenceen 1936 <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine à l’Université Berke<strong>le</strong>y puis se tourne vers la littérature, dévore<strong>le</strong>s pièces <strong>de</strong> théâtre et participe à plusieurs spectac<strong>le</strong>s.Ses étu<strong>de</strong>s finies, il part pour New York en 1939, décidé à suivre <strong>le</strong>s cours <strong>de</strong> Sanford Meisner(enseignant <strong>de</strong> la « Métho<strong>de</strong> » et fondateur du Group Theater avec <strong>Le</strong>e Strasberg) auNeighborhood Playhouse. À cette époque, il abandonne <strong>le</strong> prénom <strong>de</strong> Eldred pour Gregory.11


Il travail<strong>le</strong> à l’Exposition Universel<strong>le</strong> <strong>de</strong> New York et comme gui<strong>de</strong> au Radio City Music-Hall. Aprèsune trentaine <strong>de</strong> pièces, arrivent <strong>le</strong>s premiers rô<strong>le</strong>s à Broadway : The Morning Star d’EmlynWilliams, The Willow and I <strong>de</strong> John Patrick et Sons and Soldiers d’Irving Shaw qui est aussi la<strong>de</strong>rnière mise en scène <strong>de</strong> Max Reinhardt.Dans un entretien à Michel Ciment (<strong>de</strong> septembre 1989 paru dans <strong>le</strong> magazine Positif) GregoryPeck confie l’influence laissée au début <strong>de</strong> sa carrière, par <strong>le</strong> maître al<strong>le</strong>mand. «Je jouais Sons andSoldiers avec Stella Ad<strong>le</strong>r une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s propagandistes <strong>de</strong> la Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Stanislavski. J’avaisbeaucoup <strong>de</strong> texte à dire et je <strong>de</strong>vais passer constamment du rire aux larmes. J’étais très tendupendant <strong>le</strong>s répétitions, Max Reinhardt m’a pris à part dans un coin <strong>de</strong> la scène : « Jeune homme,je sais que c’est diffici<strong>le</strong> pour vous mais vous <strong>de</strong>vez comprendre que ce n’est pas la vie, ce n’estqu’un jeu. Il n’y a rien <strong>de</strong> dangereux dans ce que vous faites et <strong>le</strong> pire qui peut vous arriver, c’est<strong>de</strong> vous ridiculiser. <strong>Le</strong> tout est <strong>de</strong> penser que vous êtes dans <strong>le</strong> faux-semblant. Vous savez quevous avez <strong>de</strong> la chance, vous et tous ceux <strong>de</strong> votre profession, parce que la plupart <strong>de</strong>s genscessent <strong>de</strong> jouer quand ils <strong>de</strong>viennent grands, alors que vous jouez toute votre vie. Alors ne prenezpas cela trop au sérieux et laissez-vous al<strong>le</strong>r. » ... J’ai découvert ensuite que <strong>le</strong>s choses <strong>le</strong>s plusfaci<strong>le</strong>s à jouer sont <strong>le</strong>s morceaux <strong>de</strong> bravoure, <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>s émotions. <strong>Le</strong> plus diffici<strong>le</strong> - et la plupart<strong>de</strong>s comédiens seront d’accord avec moi - est d’interpréter une comédie sophistiquée. Une autretâche ardue est d’incarner un héros, quelqu’un <strong>de</strong> toujours prévisib<strong>le</strong> parce qu’il se conduit sanscesse parfaitement. »<strong>Le</strong> scénariste Casey Robinson, lui propose son premier rô<strong>le</strong> au cinéma dansun film RKO, Jours <strong>de</strong> gloire (Jacques Tourneur 1943). Un <strong>de</strong>s rares films <strong>de</strong>propagan<strong>de</strong> procommunistes hollywoodiens dans <strong>le</strong>quel un groupe <strong>de</strong>partisans russes organise <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> sabotage <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong>s lignesal<strong>le</strong>man<strong>de</strong>s. Après ce coup d’essai, Gregory Peck <strong>de</strong>vient populaire du jourau <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main et retient <strong>le</strong> conseil <strong>de</strong> Jacques Tourneur . « Greg, vous avezune technique théâtra<strong>le</strong>, vous par<strong>le</strong>z trop fort et vous faites trop <strong>de</strong> gestes.Souvenez-vous que la caméra est votre amie intime et que <strong>le</strong> micro est justeau-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> votre tête. Alors ne criez pas, ne faites pas la démonstration<strong>de</strong> vos émotions, intériorisez vos pensées et vos sentiments, et laissez à lacaméra et au micro <strong>le</strong> soin <strong>de</strong> <strong>le</strong>s capter ».Son <strong>de</strong>uxième rô<strong>le</strong> au cinéma, un missionnaire humaniste (à tous <strong>le</strong>s âges <strong>de</strong> la vie) dans <strong>Le</strong>s Clésdu royaume (John M. Stahl 1944) lui vaut sa première nomination à l’Oscar. Tout en étantapproché par <strong>le</strong> producteur David O.Selznick, il tourne d’abord à la MGM, La Vallée du jugement(Tay Garnett 1944) aux côtés <strong>de</strong> la star maison, Greer Garson puis Jody et <strong>le</strong> faon (ClarenceBrown 1946) où son rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> jeune père <strong>de</strong> famil<strong>le</strong> pionnier lui vaut une nouvel<strong>le</strong> nomination.Travail<strong>le</strong>r avec Selznick va lui permettre <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> registre. Mé<strong>de</strong>cin névrosé sauvé parl’amour d’Ingrid Bergman dans La Maison du Dr Edwar<strong>de</strong>s (Alfred Hitchcock 1945), il lui fait ensuitetenir son premier rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> méchant dans Duel au so<strong>le</strong>il (Henry King 1946) et l’impose encore àHitchcock en avocat anglais chargé <strong>de</strong> défendre Alida Valli dans <strong>Le</strong> Procès Paradine (1947).Gregory Peck déjà avocat,dans <strong>Le</strong> Procès ParadineGregory Peck se souvient du producteur envahissant et trop directif (HenryKing excédé dût abandonner <strong>le</strong> tournage <strong>de</strong> Duel au so<strong>le</strong>il). « Selznickaimait l’idée <strong>de</strong> me sortir du rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> prêtre réfractaire que je tenais dans<strong>Le</strong>s Clés du royaume pour me faire jouer un vo<strong>le</strong>ur, un faussaire, un tueur,un menteur, un bon à rien foncièrement pourri, mais avec un certain côtéattachant. Ce genre <strong>de</strong> rupture dans mon personnage lui plaisait ».Il commence ensuite un contrat avec la Twentieth Century Fox. <strong>Le</strong>producteur Darryl Zanuck et Elia Kazan (fondateur <strong>de</strong> l’Actors Studio eta<strong>de</strong>pte <strong>de</strong> la Métho<strong>de</strong>) renforcent son image d’homme <strong>de</strong> mora<strong>le</strong> avec <strong>Le</strong>Mur invisib<strong>le</strong> (Gent<strong>le</strong>man’s Agreement 1947) et ce rô<strong>le</strong> d’un journaliste sefaisant passer pour juif pour mieux dénoncer l’antisémitisme. Ce sujetjamais abordé à l’écran remporte l’Oscar du meil<strong>le</strong>ur film et du meil<strong>le</strong>urréalisateur. <strong>Le</strong> sty<strong>le</strong> du jeu <strong>de</strong> Gregory Peck reste sobre. La directiond’acteurs <strong>de</strong> Kazan n’est pas encore cel<strong>le</strong> systematisée à partir d’Untramwtramway nommé Désir (1952) mais el<strong>le</strong> vaut une troisième nomination à l’Oscar à Gregory Peck.Peu après celui-ci croise <strong>de</strong>s réalisateurs vétérans du muet, William Wellman pour La Vil<strong>le</strong>abandonnée (1948) et Raoul Walsh pour Capitaine sans peur (1951) et <strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong> lui appartient12


(1952). Des réalisateurs « presque interchangeab<strong>le</strong>s » selon lui et ayant « un amour immodérépour <strong>le</strong>ur moyen d’expression, un plaisir à raconter <strong>de</strong>s histoires avec <strong>de</strong> l’action et du mouvement.Ils n’étaient pas contre <strong>le</strong> dialogue, mais contre l’excès <strong>de</strong> dialogue. S’ils pouvaient mettre en placeune situation, ou créer une atmosphère sans avoir recours à un texte, ils n’hésitaient pas ».Dans <strong>le</strong>s années 50, Gregory Peck tourne à six reprises avec un autre vétéran hollywoodien :Henry King. « C’était un réalisateur <strong>de</strong> la vieil<strong>le</strong> éco<strong>le</strong>, expert en technique et sous contrat avecZanuck. Il n’y avait aucun problème qu’il ne savait résoudre. Et Zanuck lui donnait <strong>le</strong>s films <strong>le</strong>s plusdivers à tourner. Il avait été, lui aussi, acteur <strong>de</strong> théâtre. Il adorait jouer <strong>de</strong>vant moi la scène quej’allais interpréter, bien qu’il y eût entre nous une trentaine d’années <strong>de</strong> différence ». Cette relationprivilégiée donne naissance à <strong>de</strong>s films et <strong>de</strong>s rô<strong>le</strong>s originaux dans la carrière <strong>de</strong> Gregory Peck.Officier autoritaire dans Un Homme <strong>de</strong> fer (1949) il est nommé une quatrième fois à l’Oscar ;aventurier voulant se débarrasser <strong>de</strong> son passé dans <strong>le</strong> western La Cib<strong>le</strong> humaine (1950) ;personnage biblique dans David et Bethsabée (1951) aux côtés <strong>de</strong> Susan Hayward ; qu’il retrouveavec Ava Gardner pour <strong>Le</strong>s Neiges du Kilimandjaro (1952) dans la peau <strong>de</strong> l’écrivain (créé parHemingway) mourant qui se retourne sur son passé; cow-boy vengeur dans <strong>Le</strong>s Bravados (1959)et étrange F.Scott Fitzgerald dans Un Matin comme <strong>le</strong>s autres (1959).Parti en Europe pour présenter <strong>Le</strong>s Neiges du Kilimandjaro et pour tourner la comédie romantiqueVacances Romaines (William Wy<strong>le</strong>r 1953) avec la débutante Audrey Hepburn, Gregory Peck lorsd’un séjour à Paris, rencontre Véronique Passani, une jeune journaliste française, qui <strong>de</strong>viendra sasecon<strong>de</strong> épouse et partagera <strong>le</strong> reste <strong>de</strong> sa vie.De retour aux Etats-Unis, il tourne à <strong>de</strong>ux reprises <strong>de</strong>vant la caméra duscénariste Nunnally Johnson : <strong>Le</strong>s Gens <strong>de</strong> la nuit (1954) et L’hommeau comp<strong>le</strong>t gris (1956) avant <strong>de</strong> repartir pour Londres rejoindre <strong>le</strong>plateau <strong>de</strong> Moby Dick <strong>de</strong> John Huston. Gregory Peck revient sur soninterprétation du capitaine Achab, personnage imaginé par HermanMelvil<strong>le</strong> : «J’étais trop jeune, je n’avais pas connu suffisammentd’expériences dans ma vie pour incarner ce vieil homme p<strong>le</strong>in d’unressentiment philosophique car, selon lui, si Dieu existe, il doit êtremauvais pour accepter que tant <strong>de</strong> souffrances, <strong>de</strong> misère, <strong>de</strong> malheursexistent sur terre… Je crois que Huston avait besoin d’une star au boxofficepour que <strong>le</strong> film puisse être financé, mais qu’il aurait probab<strong>le</strong>mentpréféré <strong>le</strong> tourner avec son père Walter Huston, ou avec Orson Wel<strong>le</strong>s,ou encore Fredric March. <strong>Le</strong> film a <strong>de</strong>s moments magnifiques mais j’ai <strong>le</strong> Gregory Peck - Moby Dicksentiment qu’il était trop littéraire, que nous parlions beaucoup… »Après ces mauvaises critiques, il renoue avec <strong>le</strong> succès grâce à la comédie, La Femme modè<strong>le</strong>(Vincente Minnelli 1957) et son ménage turbu<strong>le</strong>nt, lui en reporter sportif marié à Lauren Bacall,<strong>de</strong>ssinatrice <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>. Il retrouve William Wy<strong>le</strong>r avec qui il produit <strong>le</strong> western, <strong>Le</strong>s Grands espaces(1958) face à Charlton Heston. Il interprète à plusieurs reprises <strong>le</strong>s militaires courageux : lieutenantaméricain <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Corée dans La Gloire et la peur (<strong>Le</strong>wis Mi<strong>le</strong>stone 1959), commandantd’un sous-marin américain en p<strong>le</strong>ine catastrophe nucléaire dans <strong>Le</strong> Dernier Rivage (Stan<strong>le</strong>yKramer 1959) et chef d’un commando pendant la Secon<strong>de</strong> Guerre mondia<strong>le</strong> dans <strong>Le</strong>s Canons <strong>de</strong>Navarone (Jack <strong>Le</strong>e Thompson 1961). Un <strong>de</strong> ses plus gros succès avec Vacances Romaines.Entouré <strong>de</strong> John Wayne, James Stewart, Henry Fonda et Richard Wydmark, il participe à LaConquête <strong>de</strong> l’Ouest (co-réalisé par John Ford, Henry Hathaway et George Marshall). Fresque quiretrace l’itinéraire d’une famil<strong>le</strong> d’émigrants en cinq parties (l’aventure <strong>de</strong>s pionniers, la ruée versl’or, la guerre <strong>de</strong> Sécession, la construction <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer et l’épopée <strong>de</strong>s hors-la-loi).G.Peck & Robert Mitchum- <strong>Le</strong>s Nerfs à vifIl poursuit à nouveau l’expérience <strong>de</strong> la production.Il connaîtd’abord l’échec, en avocat scrupu<strong>le</strong>ux harcelé par RobertMitchum dans <strong>Le</strong>s Nerfs à vif (Jack <strong>Le</strong>e Thompson 1962) avantd’être enfin oscarisé, la même année, à l’âge <strong>de</strong> 46 ans et pourun autre rô<strong>le</strong> d’avocat dans Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres <strong>de</strong> RobertMulligan.L’acteur est flatté d’être sollicité par <strong>de</strong>s jeunes auteurs etconquis par un scénario qui lui évoque sa propre enfance. « Jene connaissais pas ces <strong>de</strong>ux jeunes gens (Mulligan et Pakula)mais13


mais j’avais vu un film qui était bien fait sur un joueur <strong>de</strong> base-ball (Prisonnier <strong>de</strong> la peur). Je <strong>le</strong>s aiappelés à 8 heures du matin en <strong>le</strong>ur disant : « Dites-moi quand je dois commencer j’adorerai jouerce rô<strong>le</strong> ». J’ai trouvé que ce roman était bien écrit, sans tenir compte qu’il avait reçu <strong>le</strong> prix Pulitzer.J’ai senti que je pouvais m’i<strong>de</strong>ntifier à ce personnage, sans stress et sans effort que je pouvaisentrer dans ses chaussures sans avoir à faire l’acteur. (…). J’ai senti que je connaissais bien ces<strong>de</strong>ux enfants. Ma propre enfance fut comme la <strong>le</strong>ur, c’était dans <strong>le</strong> sud <strong>de</strong> la Californie aussi dansune petite vil<strong>le</strong> où l’on se baladait l’été pieds nus et où l’on jouait dans <strong>de</strong>s cabanes en boissuspendues dans <strong>le</strong>s arbres et où l’on déboulait au milieu <strong>de</strong> la rue, à l’intérieur d’un vieux pneu. »Mary Badham & Gregory PeckDans Positif, Gregory Peck évoque Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres :« C’est <strong>le</strong> titre <strong>le</strong> plus souvent cité aux Etats-Unis quand on par<strong>le</strong><strong>de</strong> moi. On y apprend ce qu’étaient <strong>le</strong>s préjugés raciaux dans <strong>le</strong>Sud profond, en Alabama, dans <strong>le</strong>s années 20 et 30. Oncomprend que <strong>le</strong> lynchage était tragiquement courant et qu’unNoir n’était pratiquement jamais acquitté pour un viol, même s’iln’avait pas eu lieu. Mon personnage représente pour <strong>le</strong>sspectateurs un exemp<strong>le</strong> d’intégrité et d’honnêteté. Pourbeaucoup, il apparaît comme une version idéalisée du citoyenaméricain, et pour <strong>le</strong>s jeunes, comme un père qui sait par<strong>le</strong>r àses enfants, en adultes et <strong>le</strong>s traiter avec respect … RobertMulligan est un <strong>de</strong> mes metteurs en scène favoris. Moitiéirlandais, moitié californien, ce qui n’est pas très répandu pour una<strong>de</strong>pte <strong>de</strong> la Métho<strong>de</strong>, mais il savait l’utiliser au mieux. Il a unesprit très pénétrant, sait comprendre <strong>le</strong>s acteurs et <strong>le</strong>s ai<strong>de</strong>r ».Après la comédie Arabesque (Stan<strong>le</strong>y Donen 1966) avec Sophia Loren (qui lui avait remis sonOscar en 1963) Gregory Peck retrouve Robert Mulligan pour L’Homme sauvage (1968) un westernmêlé d’angoisse qui fonctionne comme un film à suspense. En 1969, il enchaîne <strong>de</strong>ux films avecJack <strong>Le</strong>e Thompson L'Homme <strong>le</strong> plus dangereux du mon<strong>de</strong> et L'Or <strong>de</strong> MacKenna.Fidè<strong>le</strong> à l’image <strong>de</strong> justice et <strong>de</strong> droiture qu’il incarne à l’écran, Gregory Peck assume dans sacarrière ses convictions politiques. « Cela vient <strong>de</strong> l’éducation libéra<strong>le</strong> que j’ai reçue au collège. <strong>Le</strong>premier prési<strong>de</strong>nt pour <strong>le</strong>quel j’ai été en âge <strong>de</strong> voter fut Franklin D. Roosevelt. Je suis toujoursfidè<strong>le</strong> à sa philosophie politique, je pense qu’il est à ce jour, <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur prési<strong>de</strong>nt que nous ayonseu et ma tournure d’esprit m’entraîne à favoriser un programme social qui prend soin <strong>de</strong>s pauvreset <strong>de</strong>s déshérités, <strong>le</strong>ur donne droit à une éducation correcte, et à m’opposer à un gouvernementqui penche vers l’extrême droite, indifférent au sort <strong>de</strong>s plus malheureux <strong>de</strong> nos concitoyens ».Dans <strong>le</strong>s années 70, alors que son fils Stephen combat au Vietnam, Gregory Peck produit sans yapparaître, <strong>Le</strong>s Neuf <strong>de</strong> Catonsvil<strong>le</strong> (Gordon Davidson 1972), une adaptation <strong>de</strong> la pièce <strong>de</strong> DanielBerrigan, sur <strong>le</strong> procès d'un groupe <strong>de</strong> vietnamiens accusés <strong>de</strong> désobéissance civi<strong>le</strong>. Tourné ensept jours avec <strong>le</strong> grand chef opérateur Haskell Wex<strong>le</strong>r, il trouve un petit distributeur indépendantpour sortir ce film que <strong>le</strong> public bou<strong>de</strong> car personne ne veut d’une <strong>le</strong>çon sur <strong>le</strong> conflit vietnamien.A cette époque, étant sympathisant du parti démocrate on pense même à lui comme un candidatpossib<strong>le</strong> contre Ronald Reagan, au poste <strong>de</strong> gouverneur <strong>de</strong> Californie.Malgré un petit ra<strong>le</strong>ntissement dans sa carrière d’acteur, Gregory Peck tournera jusqu’au début <strong>de</strong>sannées 90 (filmographie sé<strong>le</strong>ctive ci-<strong>de</strong>ssous), faisant même une apparition dans <strong>le</strong> remake réalisépar Martin Scorsese <strong>de</strong>s Nerfs à vif (Cape Fear) dont il avait été la ve<strong>de</strong>tte <strong>de</strong> la première versionen 1963. Il meurt dans son sommeil, à 87 ans, <strong>le</strong> 12 juin 2003 à Los Ange<strong>le</strong>s.1970 : <strong>Le</strong> pays <strong>de</strong> la vio<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> John Frankenheimer1971 : Quand siff<strong>le</strong> la <strong>de</strong>rnière bal<strong>le</strong> <strong>de</strong> Henry Hathaway1973 : Un colt pour une cor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Ted Kotcheff1976 : La Malédiction <strong>de</strong> Richard Donner1977 : Mac Arthur, <strong>le</strong> général rebel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Joseph Sargent1978 : Ces garçons qui venaient du Brésil <strong>de</strong> F.J.Schaffner1980 : <strong>Le</strong> commando <strong>de</strong> sa Majesté d’Andrew V. McLag<strong>le</strong>n1989 : Old Gringo <strong>de</strong> Luis Puenzo1991 : Larry <strong>le</strong> liquidateur <strong>de</strong> Norman JewisonOld Gringo14


MARY BADHAM (Scout)Mary Badham, la formidab<strong>le</strong> Scoutdans Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres estnée <strong>le</strong> 7 octobre 1952 à Birminghamdans l’Alabama. C’est au cours d’unvoyage d’étu<strong>de</strong>s que <strong>le</strong> producteurAlan J. Pakula et Gregory Peckrencontrèrent la fil<strong>le</strong>tte qu’ils firentvenir à New York pour <strong>de</strong>s essaisjugés sensationnels. Alors qu’el<strong>le</strong> n’apas eu la moindre formationdramatique, el<strong>le</strong> est retenue aumilieu <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong> petites fil<strong>le</strong>s.Nominée pour l’Oscar du Meil<strong>le</strong>ursecond rô<strong>le</strong> féminin, c’est la jeunePatty Duke pour Mirac<strong>le</strong> en Alabama(Arthur Penn) qui obtînt la statuette.L’année suivante el<strong>le</strong> apparaît dansun épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> la QuatrièmeDimension et est la sœur <strong>de</strong> NatalieWood dans Propriété Interdite(Sydney Pollack 1966).Malgré ce début <strong>de</strong> carrière, Marymet <strong>de</strong> côté <strong>le</strong> cinéma.Contrairement à son frère JohnBadham, réalisateur <strong>de</strong> plusieursfilms à succès : La Fièvre du Samedisoir (1977), Wargames et Tonnerre<strong>de</strong> Feu (1983). Amie avec GregoryPeck, ils se voyaient régulièrementet el<strong>le</strong> continua <strong>de</strong> l’appe<strong>le</strong>r : Atticus.Gregory Peck, John Megna,Philip Alford et Mary BadhamPhilip Alford (Jem), Mary Badham (Scout)et John Megna (Dill) font <strong>le</strong>s 400 coups...PHILIP ALFORD (Jem)Comme Mary Badham, PhilipAlford est originaire <strong>de</strong> l’Alabama.Il est né <strong>le</strong> 11 septembre 1948 àGadsen et sa petite sœur,Eugénia obtient el<strong>le</strong> aussi un toutpetit rô<strong>le</strong> dans Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>sombres.Il possè<strong>de</strong> déjà une courteexpérience théâtra<strong>le</strong> et a participéà plusieurs pièces en amateur, authéâtre <strong>de</strong> Birmingham,notamment dans <strong>Le</strong> Roi et Moi.C’est <strong>le</strong> directeur <strong>de</strong> la troupe qui<strong>le</strong> recomman<strong>de</strong> au producteurAlan J. Pakula. <strong>Le</strong>s chroniqueursd’Hollywood feront remarquer lasimilitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> carrière <strong>de</strong> PhilipAlford avec cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>Jarman Junior, choisi dans <strong>le</strong>smêmes conditions pour être <strong>le</strong> fils<strong>de</strong> Gregory Peck dans Jody et <strong>le</strong>Faon (Clarence Brown 1946).Excepté quelques apparitionstélévisées, il ne tourne qu’un seulautre film, <strong>Le</strong>s Prairies <strong>de</strong>l’honneur (Andrew V. McLag<strong>le</strong>n1965) western où il est cette fois,<strong>le</strong> fils <strong>de</strong> James Stewart.ROBERT DUVALL (Boo Rad<strong>le</strong>y)Robert Duvall est né <strong>le</strong> 5 janvier 1931 à San Diego, en Californie, dans une famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> militaires. En 1955,après <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> service dans l’armée, il entre dans la troupe du Neighborhood Playhouse <strong>de</strong> New York.Comme Gregory Peck, c’est Sanford Meisner qui découvre son potentiel et l’engage dans la pièce <strong>de</strong>Tennessee Williams, Camino Real. En 1958, Robert Duvall fait une rencontre capita<strong>le</strong> pour sa carrière : <strong>le</strong>dramaturge Horton Foote. Il joue l’un <strong>de</strong>s personnages dans sa pièce, The Midnight Cal<strong>le</strong>r et cinq ans plustard, c’est Foote qui lui permettra <strong>de</strong> décrocher son premier rô<strong>le</strong> au cinéma, celui du mystérieux Boo Rad<strong>le</strong>y,dans son adaptation <strong>de</strong> To Kill a Mockingbird.Personnage dont tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>par<strong>le</strong>, il fait une courte apparitiondans <strong>le</strong>s <strong>de</strong>rnières minutes dufilm, mais à l’instar <strong>de</strong>s autresdébutants (Mary Badham etPhilip Alford), Robert Duvallaprès cette première expériencene quittera plus <strong>le</strong>s plateaux <strong>de</strong>cinéma et connaîtra une brillantecarrière.Dans <strong>le</strong>s années 60 et 70, i<strong>le</strong>nchaîne film sur film : LaPoursuite impitoyab<strong>le</strong> (ArthurPenn 1966, d’après la pièce <strong>de</strong>Horton Foote), Bullitt (PeterYates 1968), <strong>Le</strong>s Gens <strong>de</strong> lapluie (1969) premièrecollaboration avec Francis FordCoppola, Cent Dollars pour unshériff (Henry Hathaway 1969),M.A.S.H. (Robert Altman 1970) et THX 1138 (George Lucas 1970). Il est nommé <strong>de</strong>ux fois à l’Oscar dumeil<strong>le</strong>ur second rô<strong>le</strong> pour <strong>Le</strong> Parrain (1972) et Apocalypse Now (1979) <strong>de</strong> Francis Ford Coppola qu’ilretrouve pour <strong>Le</strong> Parrain 2 e Partie et Conversation Secrète (1974). Pendant cette pério<strong>de</strong>, il croise à nouveauHorton Foote qui adapte Faulkner pour Tomorrow (Joseph Anthony 1972) et qui lui écrit un scénario original,Ten<strong>de</strong>r Mercies (Bruce Beresford 1983) pour <strong>le</strong>quel ils remportent un Oscar chacun. Comédien <strong>de</strong>puiscinquante ans, Robert Duvall est aussi <strong>le</strong> scénariste-producteur-réalisateur et interprète <strong>de</strong> trois fictions :Angelo my love (1983), <strong>Le</strong> Prédicateur (1997) et Assassination Tango (2002), et l’auteur d’un documentaire :We’re Not the Jet Set (1977). Vu récemment dans l’adaptation <strong>de</strong> La Route d’après Cormac MacCarthy, il<strong>de</strong>vrait avec Terry Gilliam, participer à l’adaptation d’un classique mondia<strong>le</strong> <strong>de</strong> la littérature : Don Quichote.15


HENRY BUMSTEAD DÉCORATEUR DE HITCHCOCK À EASTWOOD« Quand To Kill a Mockingbird fut projeté, j’ai reçu plusieurs appels <strong>de</strong> chefs décorateurstravaillant pour d’autres studios qui voulaient savoir dans quel endroit d’Alabama nous avionstourné <strong>le</strong> film. Tout naturel<strong>le</strong>ment, j’ai répondu que tout avait été tourné sur <strong>le</strong>s terrains d’extérieursdu studio. Ce à quoi ils répliquaient en riant : « Al<strong>le</strong>z Bummy ! En vrai ! Où çà ? »C’est alors que j’ai commencé à réaliser que nous avions fait du bon boulot. »La carrière <strong>de</strong> Henry Bumstead s’étend sur plus <strong>de</strong> 50 ans, art director puis production <strong>de</strong>signeraméricain, il est <strong>le</strong> décorateur <strong>de</strong> plus d’une centaine <strong>de</strong> films hollywoodiens et lauréat <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxoscars pour Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres et pour L’Arnaque (George Roy Hill 1973).2 Illustrations <strong>de</strong> préparation pour élaborer <strong>le</strong>s décors <strong>de</strong> Maycomb / Affiche célébrant <strong>le</strong>s 3 Oscars remportés par <strong>le</strong> filmPour Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres, Henry Bumstead a effectué <strong>de</strong>s repérages en Alabama, encompagnie <strong>de</strong> l’auteur Harper <strong>Le</strong>e, à Monroevil<strong>le</strong> qui lui avait servi d’inspiration pour imaginer lavil<strong>le</strong> <strong>de</strong> son roman. A partir <strong>de</strong>s plans préparés par Bumstead pour <strong>le</strong>s décors <strong>de</strong> la rue principa<strong>le</strong>,son assistant, Da<strong>le</strong> Hennessey a réalisé <strong>le</strong>s illustrations ci-<strong>de</strong>ssus. Avec <strong>le</strong>s photos <strong>de</strong> repérages<strong>de</strong>s vrais décors et ces croquis, <strong>le</strong> chef décorateur Henry Bumstead a supervisé la construction <strong>de</strong>toute une vil<strong>le</strong>. Un village typique du Sud <strong>de</strong>s Etats-Unis a été entièrement construit dans <strong>le</strong>sstudios d’extérieurs d’Universal. <strong>Le</strong> plateau réunissait plus d’une trentaine <strong>de</strong> bâtiments et sedivisait en <strong>de</strong>ux parties : une rue rési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong> (avec la maison <strong>de</strong>s Finch, <strong>de</strong>s Rad<strong>le</strong>y, <strong>de</strong> MissDubose, etc.) et un centre vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong> « downtown » avec ses commerces, <strong>le</strong> square et <strong>le</strong> tribunal.L’intérieur du vrai tribunal <strong>de</strong> Monroevil<strong>le</strong> Gregory Peck dans <strong>le</strong> décor construit L’extérieur du tribunal <strong>de</strong> Monroevil<strong>le</strong>Lloyd Henry Bumstead est né <strong>le</strong> 17 mars 1915 en Californie à Ontario. Il étudie l’architecture et <strong>le</strong>sbeaux-arts à l’Université <strong>de</strong> Californie du Sud (U.S.C.) et se voit proposer <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r au servicedécoration <strong>de</strong> la RKO, à la fin <strong>de</strong> sa secon<strong>de</strong> année. Il entre aux studios Paramount recruté par <strong>le</strong>responsab<strong>le</strong> du service décoration, Hans Dreier (arrivé à Hollywood au début <strong>de</strong>s années 30 encompagnie <strong>de</strong> Lang, Lubitsch, Von Sternberg et Mar<strong>le</strong>ne Dietrich, tous émigrés en provenance <strong>de</strong>sstudios UFA <strong>de</strong> Berlin). Il travail<strong>le</strong> sept ans à ses côtés avant d’être promu directeur artistique sur <strong>le</strong>film Saïgon (<strong>Le</strong>slie Fenton 1948).De ses années d’apprentissage, il avoue avoir retenu <strong>de</strong>ux <strong>le</strong>çons très importantes pour sacarrière. « La scène d’ouverture <strong>de</strong> Saïgon prenait place dans un bar du front <strong>de</strong> mer. Je m’étaisrendu au service documentation <strong>de</strong> la Paramount, où l’on pouvait alors trouver <strong>de</strong>s photosd’absolument tout… sauf cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’intérieur d’un bar <strong>de</strong> Saïgon ! J’ai fait appel à mon imagination,j’ai <strong>de</strong>ssiné <strong>le</strong> bar avec <strong>de</strong>s vo<strong>le</strong>ts, <strong>de</strong>s ventilateurs et une porte <strong>de</strong> type saloon. À l’extérieur,j’optais pour la silhouette d’un navire (nous avons utilisé du cellophane pour simu<strong>le</strong>r la mer) sur unfond peint représentant Saïgon, tel<strong>le</strong> que je l’imaginais. Tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> semblait satisfait du résultatà l’exception d’un homme venu m’expliquer qu’il n’avait jamais vu un tel bar à Saïgon. Je suis16


eparti <strong>le</strong> moral à zéro dans mon bureau et Hans Dreier m’interrogea sur ce qui me tracassait. Il meconseilla <strong>de</strong> retrouver ce conseil<strong>le</strong>r technique et <strong>de</strong> lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il avait visité tous <strong>le</strong>s bars <strong>de</strong>Saïgon et que s’il me répondrait non, alors à mon tour, je pourrais lui répondre qu’il avait raté celuilà.La <strong>de</strong>uxième <strong>le</strong>çon que j’ai pu retenir grâce à Hans me fût donnée sur <strong>le</strong> tournage d’un film dans<strong>le</strong>quel je <strong>de</strong>vais reproduire l’appartement d’un type. A cours d’argent, j’avais décidé <strong>de</strong> <strong>le</strong> meub<strong>le</strong>r àpartir d’éléments déjà en stock : trois superbes bibliothèques. En inspectant <strong>le</strong> décor, Hans me dit :« <strong>Le</strong> propriétaire <strong>de</strong> cet appartement est un homme très cultivé n’est-ce pas ? » J’ai alors réaliséque cet homme n’était absolument pas cultivé et ne lisait sans doute jamais. C’est ce que Hansvoulait me faire comprendre. Depuis je réfléchis d’abord au personnage avant d’entamer maréf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> décor. Chaque décor doit correspondre au personnage et lui al<strong>le</strong>r comme uncostume.Ses longues collaborations au sein <strong>de</strong>s studios Paramount (1937 à 1960) puis Universal (<strong>de</strong> 1961à 1983) permettent à Henry Bumstead d’abor<strong>de</strong>r tous <strong>le</strong>s domaines <strong>de</strong> la décoration et ce danstous <strong>le</strong>s genres cinématographiques (films <strong>de</strong> guerre, westerns, suspense, comédies musica<strong>le</strong>s etfilms noirs). Il travail<strong>le</strong> aux côtés <strong>de</strong>s plus grands réalisateurs. Entre autres : Mitchell <strong>Le</strong>isen(Chaines du <strong>de</strong>stin 1950), Anthony Mann (<strong>Le</strong>s Furies 1950), Nicholas Ray (A l’Ombre <strong>de</strong>s potences1954), Mark Robson (<strong>Le</strong>s Ponts <strong>de</strong> Toko-Ri 1954), Frank Tashlin (Un Vrai cinglé <strong>de</strong> cinéma 1956),Michael Curtiz (<strong>Le</strong> Roi <strong>de</strong>s vagabonds 1956 et <strong>Le</strong> Bourreau du Nevada 1959), Franklin J. Schaffner(<strong>Le</strong> Seigneur <strong>de</strong> la guerre 1965) Abraham Polonsky (Willie Boy 1969), Billy Wil<strong>de</strong>r (Spécia<strong>le</strong>Première 1974), Paul Newman (L’Affrontement 1983) ou Martin Scorsese (<strong>Le</strong>s Nerfs à vif 1991).Il entretient <strong>de</strong>s relations privilégiées avec certains d’entre eux. Alfred Hitchcock fait appel à HenryBumstead quatre fois pour L’homme qui en savait trop (1954), Sueurs Froi<strong>de</strong>s (1958 qui lui vaut sapremière nomination à l’Oscar), L’Étau (1969) et Complot <strong>de</strong> famil<strong>le</strong> (1976).L’escalier <strong>de</strong> Sueurs Froi<strong>de</strong>sPour Sueurs Froi<strong>de</strong>s, j’ai fait <strong>de</strong>James Stewart ancien flic sansdoute pas très attiré par la <strong>le</strong>cture,un philatéliste. J’ai disposé sur unetab<strong>le</strong> dans son salon <strong>de</strong>s magazinessur la philatélie, une loupe et toutl’équipement du parfait amateur <strong>de</strong>timbres. C’était <strong>le</strong> genre <strong>de</strong> détailsque Hitchcock affectionnait toutparticulièrement. »En arrivant chez Universal, il participe à quatre films <strong>de</strong> Robert Mulligan : <strong>de</strong>ux comédies, <strong>Le</strong> Roi<strong>de</strong>s imposteurs (1961), <strong>Le</strong> Ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> septembre (1961), un film d’aventures exotiquesL’homme <strong>de</strong> Bornéo (1962) et Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres (1962). Il <strong>le</strong> retrouve quelques annéesplus tard pour Même heure l’année prochaine (1978) une adaptation théâtra<strong>le</strong>.Dans <strong>le</strong>s années 70, Henry Bumstead <strong>de</strong>vient <strong>le</strong> décorateur attitré <strong>de</strong> George Roy Hill et travail<strong>le</strong>avec lui à huit reprises : Abattoir 5 (1972), L’Arnaque (1973), La Kermesse <strong>de</strong>s aig<strong>le</strong>s (1975), LaCastagne (1977), I Love you, je t’aime (1979), <strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong> selon Garp (1982), La Petite fil<strong>le</strong> autambour (1984) et Funny Farm (1988).Rencontré en 1972, sur <strong>le</strong> plateau <strong>de</strong> Joe Kidd (John Sturges), Clint Eastwood se souvient <strong>de</strong> luipour signer <strong>le</strong>s décors <strong>de</strong> L’Homme <strong>de</strong>s hautes plaines (1973). Après la retraite <strong>de</strong> George RoyHill, Bumstead est <strong>de</strong> nouveau disponib<strong>le</strong> pour retravail<strong>le</strong>r avec Clint Eastwood. Il participeraensuite à presque toutes ses réalisations : Impitoyab<strong>le</strong> (1991 lui vaut sa <strong>de</strong>rnière nomination àl’Oscar), Un Mon<strong>de</strong> parfait (1993), <strong>Le</strong>s P<strong>le</strong>ins pouvoirs (1996), Minuit dans <strong>le</strong> jardin du Bien et duMal (1997), Jugé Coupab<strong>le</strong> (1999), Space Cowboys (2000), Créance <strong>de</strong> Sang (2002), Mystic River(2003) et Million Dollar Baby (2004).Agé <strong>de</strong> 91 ans il collabore une <strong>de</strong>rnière foisavec Clint Eastwood pour son dyptique sur laguerre dans <strong>le</strong> Pacifique : La Mémoire <strong>de</strong> nospères (2006) et <strong>Le</strong>ttres d’Iwo Jima (2007).Mort <strong>le</strong> 24 mai 2006, peu avant la sortie <strong>de</strong>sfilms en sal<strong>le</strong>s, Clint Eastwood dédiera LaMémoire <strong>de</strong> nos pères, à son ami : « Bummy ».La maison <strong>de</strong> William Munny (C. Eastwood) pour Impitoyab<strong>le</strong> fut construite à Brooks et la vil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Big Whiskey près <strong>de</strong> Calgary (Canada)17


ELMER BERNSTEIN LE PREMIER COMPOSITEUR « STAR »« J’ai mis du temps à choisir la musique pour Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres.Ce morceau <strong>de</strong> piano qui évoque l’enfance m’est apparu en réfléchissant au scénario : il s’agissaitdu mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s adultes vu par <strong>le</strong>s yeux <strong>de</strong>s enfants. L’idée d’un thème pianistique joué avec un seuldoigt venait justement <strong>de</strong> son caractère enfantin. <strong>Le</strong> reste <strong>de</strong> l’orchestration est venu <strong>de</strong> là :l’accordéon, l’harmonica, l’orgue, <strong>le</strong>s cloches, la boîte musica<strong>le</strong> sont liés à l’enfance. »Elmer Bernstein est né <strong>le</strong> 4 avril 1922 à New York, d'un pèreautrichien et d'une mère ukrainienne émigrés aux Etats-Unis. Attirédès l'enfance par <strong>le</strong>s arts, il commence <strong>le</strong>s <strong>le</strong>çons <strong>de</strong> piano à neufans et déci<strong>de</strong> vers douze ans qu’il veut faire carrière dans lamusique. Remarqué par Aaron Copland, celui-ci <strong>le</strong> recomman<strong>de</strong> aupianiste Israel Citkowitz pour parfaire son apprentissage, puis lacomposition avec Roger Sessions et Stefan Wolpe. C’est àl'université <strong>de</strong> New York, qu’il obtient une licence d'éducationmusica<strong>le</strong> en 1942 et qu'il découvre la musique <strong>de</strong> film après laprojection <strong>de</strong> Tous <strong>le</strong>s biens <strong>de</strong> la terre <strong>de</strong> William Dieter<strong>le</strong>. « Je mesuis retrouvé dans <strong>le</strong> cinéma par acci<strong>de</strong>nt. Je faisais mon servicedans l’armée <strong>de</strong> l’air pendant la secon<strong>de</strong> Guerre Mondia<strong>le</strong> et j’avaisété assigné aux services spéciaux pour réaliser <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong>propagan<strong>de</strong>. Ils voulaient une chanson folk pour chaque spectac<strong>le</strong> et j’avais été désigné d’officecomme arrangeur. Un jour, <strong>le</strong> type qui était en charge <strong>de</strong>s musiques <strong>de</strong> fond s’est absenté et je l’airemplacé. Après la guerre, j’ai travaillé sur un spectac<strong>le</strong> musical à la radio tandis qu’un vieuxcopain <strong>de</strong> l’armée écrivait un livre. Il réussit à vendre <strong>le</strong>s droits à Hollywood et m’avait vendu avecau producteur ! Je me suis retrouvé à Hollywood en 1950 pour composer la musique d’un filmintitulé <strong>Le</strong> Héros du Samedi <strong>de</strong> David Mil<strong>le</strong>r. C’était mon premier film. Je pense que <strong>le</strong> système <strong>de</strong>sstudios <strong>de</strong> l’époque fonctionnait mieux que ce qu’on connaît aujourd’hui, en particulier pour <strong>le</strong>sjeunes. En tant que débutant, il ne fallait pas espérer <strong>de</strong>s films importants immédiatement, mais aumoins, vous pouviez pénétrer au coeur du système et y apprendre <strong>le</strong> métier avec <strong>de</strong>s géantscomme Bernard Herrmann, Franz Waxman et Max Steiner.En 1952, j’ai enchaîné sur un autre film <strong>de</strong> David Mil<strong>le</strong>r, <strong>Le</strong> Masque arraché qui avait une ban<strong>de</strong>origina<strong>le</strong> plutôt inhabituel<strong>le</strong> pour l’époque. El<strong>le</strong> reposait sur un solo d’instruments à vent ! Lamusique <strong>de</strong> film <strong>de</strong> l’époque était plutôt tournée vers <strong>le</strong> symphonique, avec <strong>de</strong> grands orchestres.La course-poursuite en voiture est accompagnée d’une pièce pour <strong>de</strong>ux pianos et orchestre cequi, une fois <strong>de</strong> plus, était peu coutumier <strong>de</strong> l’époque. <strong>Le</strong> piano était alors considéré comme uninstrument <strong>de</strong> salon. Toutes ces innovations avaient fini par attirer l’attention. A l’occasion d’uneprojection, nous avions invité John Green <strong>de</strong> la MGM, Roy Piesta responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la musique à laParamount et Igor Preminger, un agent bien en place qui était aussi <strong>le</strong> frère d’Otto… Trois ans plustard, tandis qu’Otto travaillait à la réalisation <strong>de</strong> L’Homme au bras d’or, Igor s’est souvenu <strong>de</strong> lamusique du Masque arraché et a suggéré à son frère <strong>de</strong> me rencontrer »Elmer Bernstein fait à nouveau un choix original : un orchestre<strong>de</strong> jazz plutôt qu’un orchestre symphonique plus adéquat aupersonnage principal <strong>de</strong> junkie qui veut <strong>de</strong>venir batteur <strong>de</strong> jazzà Chicago (Frank Sinatra). Dans L’Homme au bras d’or (1955)<strong>le</strong> jazz est la colonne vertébra<strong>le</strong> <strong>de</strong> la musique du film plusencore que pour <strong>le</strong> précurseur, Un tramway nommé Désir(1951) et sa partition composée par A<strong>le</strong>x North. Shorty Rogersassemb<strong>le</strong> un big band avec Shelly Manner à la batterie etarrange <strong>le</strong>s séquences jazz avec Bernstein. Pour la premièrefois dans l’industrie du disque, la musique du film <strong>de</strong> Preminger,toute sa partition <strong>de</strong>vient un hit, alors qu’auparavant c’était <strong>le</strong>cas d’une partie du score : <strong>le</strong> thème d’Autant en emporte <strong>le</strong> vent(1939)ou la chanson du Train siff<strong>le</strong>ra trois fois (1952). Dans un long entretien accordé à Michel Ciment enjuil<strong>le</strong>t 1988 (publié dans Positif n°390 <strong>de</strong> juil<strong>le</strong>t-août 1993) Elmer Bernstein ajoute : « Ce fut trèsgratifiant pour moi, mais cela a créé une mo<strong>de</strong> que je trouve très dommageab<strong>le</strong>, encourageant <strong>le</strong>18


producteur à comman<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s musiques pour qu’el<strong>le</strong>s soient <strong>de</strong>s succès autonomes, et cela a finipar nuire à la musique <strong>de</strong> film en général . Une partition pour <strong>le</strong> cinéma doit faire corps avecl’histoire – c’était <strong>le</strong> cas dans L’Homme au bras d’or - el<strong>le</strong> doit avoir une raison profon<strong>de</strong> pour setrouver là. Depuis quelque temps, on plaque <strong>de</strong>s musiques populaires sur <strong>de</strong>s films sans nécessitéréel<strong>le</strong> ».Pour <strong>le</strong> film suivant, <strong>Le</strong>s Dix Comman<strong>de</strong>ments (1956), Bernstein est engagé à la semaine par CecilB.De Mil<strong>le</strong> d’abord pour la composition spécifique d’un morceau, « la danse <strong>de</strong> l’Egyptienne » puispour secon<strong>de</strong>r Victor Young, gravement mala<strong>de</strong> (collaborateur habituel <strong>de</strong> De Mil<strong>le</strong> <strong>de</strong>puis 1940pour <strong>Le</strong>s Tuniques Écarlates). Ce péplum, superproduction au budget <strong>de</strong> 14 millions <strong>de</strong> dollars metà sa disposition 75 000 dollars rien que pour <strong>le</strong>s recherches musica<strong>le</strong>s. Bernstein liste et fait venir<strong>de</strong>s instruments égyptiens <strong>de</strong> l’époque (flûtes, harpes et diverses percussions), voit comment ilssonnent et se met à concevoir la musique. Selon une conception très « wagnerienne » <strong>de</strong> De Mil<strong>le</strong>,il compose <strong>de</strong>s thèmes pour chaque personnage, qu’il lui joue d’abord au piano. Jeune débutant <strong>de</strong>34 ans, Bernstein finit <strong>le</strong> film à la place <strong>de</strong> Victor Young et relève ainsi <strong>le</strong> défi d’un premier projetmajeur qui va l’imposer définitivement à Hollywood.Il compose ensuite une série <strong>de</strong> films dirigés par Robert Mulligan et produits par Alan Pakula.Projets qu’il suit <strong>de</strong> l’écriture du scénario au montage final : Prisonnier <strong>de</strong> la peur (1957), <strong>Le</strong>sPièges <strong>de</strong> Broadway (1960), Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres (1962), Une Certaine rencontre (1963) et <strong>Le</strong>Sillage <strong>de</strong> la vio<strong>le</strong>nce (1964).Générique Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombresnel <strong>le</strong> plus satisfaisant que j’ai eu. Pour Une Certaine rencontre, dont la musique se rapprochait dujazz et qui évoquait un musicien, j’ai sans doute écrit ma meil<strong>le</strong>ure chanson, sur <strong>de</strong>s paro<strong>le</strong>s <strong>de</strong>Johnny Mercer et interprétées par Jack Jones ».La musique country et western utilisée pour <strong>Le</strong> Sillage <strong>de</strong> la vio<strong>le</strong>nce col<strong>le</strong> au personnage <strong>de</strong>Steve McQueen, chanteur guitariste. <strong>Le</strong> jazz pour <strong>Le</strong>s Pièges <strong>de</strong> Broadway, s’explique encore parl’histoire du personnage joué par Tony Curtis qui veut <strong>de</strong>venir saxophoniste à New York. <strong>Le</strong> cadre<strong>de</strong> l’action détermine ainsi l’utilisation du jazz. Comme pour La Rue chau<strong>de</strong> (Edward Dmytryk1962) et On n’achète pas <strong>le</strong>s si<strong>le</strong>nce (William Wy<strong>le</strong>r 1970) où l’histoire se dérou<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> Sud(pays <strong>de</strong>s Noirs et berceau du jazz). Pour <strong>Le</strong> Grand chantage (A<strong>le</strong>xan<strong>de</strong>r Mackendrick 1957)l’énergie du jazz et son élan expriment à merveil<strong>le</strong> la frénésie <strong>de</strong> la <strong>presse</strong> et <strong>de</strong> New York.Pendant cinquante ans, celui qu’on surnomme « Bernstein West » (par opposition au « BernsteinEast » : <strong>Le</strong>onard Bernstein) signera plus <strong>de</strong> 200 musiques <strong>de</strong> film. Travaillant avec <strong>le</strong>s réalisateurs<strong>le</strong>s plus divers et <strong>le</strong>s plus prestigieux et s’illustrant dans tous <strong>le</strong>s genres cinématographiques holly-woodiens. D’Anthony Mann (Cote 465 1956, Du Sang dans <strong>le</strong>désert 1957 et <strong>Le</strong> Petit Arpent du bon Dieu 1958) à VincenteMinnelli (Comme un torrent 1958) en passant par John Sturges(<strong>Le</strong>s Sept mercenaires 1960, La Gran<strong>de</strong> évasion 1963, Sur lapiste <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> caravane 1965 et Un Si<strong>le</strong>ncieux au bout ducanon 1974) et Henry Hathaway (<strong>Le</strong>s Quatre fils <strong>de</strong> Katie Ed<strong>le</strong>r1965 et Cent Dollars pour un shérif 1969). De John Ford(Frontière Chinoise 1965) et Sidney Pollack (<strong>Le</strong>s Chasseurs <strong>de</strong>scalps 1967) à Don Siegel (<strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s géants, 1976) enpassant par John Frankenheimer (<strong>Le</strong> Prisonnier d'Alcatraz 1962et <strong>Le</strong>s Parachutistes arrivent 1969) et George Roy Hill (Deuxcopines, un séducteur 1964, Hawaï 1966, Millie 1967 et FunnyFarm 1988).« J’avais une amitié profon<strong>de</strong> avec Alan Pakula que j’avaisconnu longtemps auparavant, lorsqu’il était « juniorexecutive » à la Paramount. C’est à cause <strong>de</strong> ce caractèrepersonnel <strong>de</strong> nos rapports que j’ai eu davantage <strong>de</strong>contacts avec lui qu’avec Mulligan, pour la musique <strong>de</strong><strong>le</strong>urs films. Mais ils travaillaient très étroitement ensemb<strong>le</strong>et nous avons eu énormement <strong>de</strong> séances <strong>de</strong> travail àtrois. Nous avons passé beaucoup <strong>de</strong> temps à réfléchir età par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> ce que nous voulions pour ces films. Bob etAlan étaient extrêmement sensib<strong>le</strong>s à la musique, et danstoute ma carrière, ce fût sans doute <strong>le</strong> rapport profession-19


Dans <strong>le</strong>s années 70 et 80, Bernstein connaît une secon<strong>de</strong> vie dans sa carrière <strong>de</strong> compositeur entravaillant avec <strong>de</strong>s réalisateurs <strong>de</strong> comédies (souvent plus jeunes que lui). David Zucker pour lasérie <strong>de</strong>s Y-a-t-il un pilote dans l'avion? (1980), Ivan Reitman pour Arrête <strong>de</strong> ramer t’es sur <strong>le</strong> sab<strong>le</strong>(1978), <strong>Le</strong>s B<strong>le</strong>us (1982), S.O.S. Fantômes (1984) et L’Affaire Chelsea Deardon (1986) et JohnLandis pour American Col<strong>le</strong>ge (1978), The Blues Brothers (1980), <strong>Le</strong> Loup garou <strong>de</strong> Londres(1981), Un Fauteuil pour <strong>de</strong>ux (1983), Drô<strong>le</strong> d’espions (1985), Trois Amigos (1987), L’Embrouil<strong>le</strong>estestdans <strong>le</strong> sac (1990). Plus récemment, il collabore aussi avec JimSheridan pour My <strong>Le</strong>ft Foot (1989) et The Field (1990) ; StephenFrears pour <strong>Le</strong>s Arnaqueurs (1990) ; John MacNaughton pour MadDog and Glory (1992) ; Francis Ford Coppola pour L'Idéaliste (1997) ;Barry Sonnenfeld pour Wild Wild West (1999) ; Bill Duke (avec qui ilrevient aux sources <strong>de</strong> son écriture musica<strong>le</strong> à la fois jazz etdramatique) pour Rage in Har<strong>le</strong>m (1991), <strong>Le</strong>s Veuves joyeuses (1993)et <strong>Le</strong>s Seigneurs <strong>de</strong> Har<strong>le</strong>m (1997) et surtout Martin Scorsese, pourcinq films, La Cou<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> l’argent (1986), <strong>Le</strong>s Nerfs à vif (Cape Fear1991), <strong>Le</strong> Temps <strong>de</strong> l’innocence (1993), A tombeau ouvert (1999) etGangs of New York (2002). Sa <strong>de</strong>rnière composition Loin du paradispour Todd Haynes en 2002 est aussi sa 14e et <strong>de</strong>rnière nomination àE. Bernsteinl’Oscar. Il n’en reçut qu’un en 1968 pour la comédie <strong>de</strong> George RoyHill avec Julie Andrews : Millie.Angie Dickinson et E.BernsteinElmer Bernstein meurt dans son sommeil, <strong>le</strong> 18 août 2004, âgé <strong>de</strong> 84 ans dans son domici<strong>le</strong>californien d’Ojai.DISCOGRAPHIE- To Kill a Mockingbird par <strong>le</strong> Royal Scottish National Orchestra dirigé par <strong>le</strong> compositeur Elmer Bernstein(1997 - Varèse Saraban<strong>de</strong> Film Classics)20


LA PRESSEHOMMAGE À GREGORY PECK« Parmi <strong>le</strong>s stars hollywoodiennes masculines, cinq <strong>de</strong>meurent <strong>de</strong> véritab<strong>le</strong>s emblèmesnationaux. Des acteurs dont la mythologie personnel<strong>le</strong>, enracinée dans l’idéologie du pays,conforte <strong>le</strong> spectateur dans son américanéité : Gary Cooper est toujours <strong>le</strong> pionnier imprégnéd’innocence ; John Wayne, <strong>le</strong> bâtisseur d’empire forcené ; James Stewart et Henry Fonda, <strong>le</strong>sidéalistes pourfen<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> corruption ; Gregory Peck, <strong>le</strong> représentant intègre <strong>de</strong> tout corpsinstitutionnel. Comme <strong>le</strong>s stars se fixent dans la mémoire col<strong>le</strong>ctive à travers un seul rô<strong>le</strong> (Fondaet Tom Joad dans <strong>Le</strong>s Raisins <strong>de</strong> la colère), Gregory Peck restera pour <strong>le</strong>s Américains l’AtticusFinch <strong>de</strong> Du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres ».Extrait <strong>de</strong> « <strong>Le</strong> Juste d’Amérique <strong>de</strong> Michel Cieutat (Positif n°511 – septembre 2003)LA PRESSE D’HIERCertes, ce film est plus que jamais d’actualité, car ce qui était déjà peu pensab<strong>le</strong> en 1932, l’estencore moins en 1963. Et pourtant … mais là ne rési<strong>de</strong> point l’intérêt principal du Si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>sombres, dont <strong>le</strong> sujet a été traité maintes fois par <strong>le</strong> cinéma américain. Ce qui en fait la va<strong>le</strong>urc’est la sobriété, la retenue, la finesse avec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s toute l’histoire nous est contée. <strong>Le</strong>s auteursmontrent <strong>le</strong>s gens du Sud butés dans l’étroitesse <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs conceptions racistes.Il est rare qu’outre Atlantique on produise un film aussi réaliste où on ne fait aucune concessionaux charmes d’une grandiose mise en scène. Gregory Peck tient à lui seul l’écran pendant <strong>de</strong>uxheures <strong>de</strong> projection. C’est un acteur remarquab<strong>le</strong>, capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> tout interpréter avec une sensibilitéet une justesse à laquel<strong>le</strong> nous <strong>de</strong>vons rendre hommage.(L’Aurore - 31 mai 1963)LA PRESSE D’AUJOURD’HUIOn par<strong>le</strong> toujours <strong>de</strong> ce drame <strong>de</strong> Robert Mulligan comme d’une bel<strong>le</strong> œuvre antiraciste. Oui,l’histoire d’Atticus Finch, avocat dans une cambrousse d’Alabama en 1930, est cela. Pourtantl’émerveil<strong>le</strong>ment qu’el<strong>le</strong> suscite vient d’ail<strong>le</strong>urs : Mulligan a tout compris <strong>de</strong> Ne tirez pas surl’oiseau moqueur, <strong>le</strong> seul, unique et superbe roman <strong>de</strong> Harper <strong>Le</strong>e, sur la perte <strong>de</strong> l’innocence.Atticus, veuf, élève seul son fils Jem et sa fil<strong>le</strong> Scout. <strong>Le</strong> temps d’un procès, ces <strong>de</strong>ux enfants vontfaire l’expérience douloureuse du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s adultes, qui comporte peu <strong>de</strong> figures aussi nob<strong>le</strong>sque <strong>le</strong>ur père. Atticus défend seul contre tous, un ouvrier noir accusé du viol d’une Blanche. Chezlui, il plai<strong>de</strong> pour que Jem et Scout cessent <strong>de</strong> fantasmer sur Boo, <strong>le</strong>ur voisin invisib<strong>le</strong> qui aimejouer avec <strong>le</strong>s ciseaux…Pour Mulligan, l’enfance est un voyage <strong>de</strong> proximité : <strong>de</strong>rrière la clôture, <strong>de</strong>vant la maison où ilfaudra abattre un chien enragé, vers <strong>le</strong> tronc d’un arbre où <strong>de</strong> petits ca<strong>de</strong>aux sont déposés parune main anonyme. Pis encore : quand on revient <strong>de</strong> l’éco<strong>le</strong> par la forêt… Plus Jem et Scoutdécouvrent la peur, plus l’obscurité et la cruauté encouragent <strong>le</strong>ur courage, et plus on pense à LaNuit du chasseur. Même noir et blanc soyeux, même atmosphère tendue, même ta<strong>le</strong>nt sidérant<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux jeunes interprètes. Gregory Peck (oscarisé pour ce rô<strong>le</strong>) fait d’Atticus Finch un tranquil<strong>le</strong>et imprenab<strong>le</strong> bastion d’humanité. Seul et sans arme dans <strong>le</strong> halo d’une lampe, il monte la gar<strong>de</strong>.Comme la <strong>de</strong>rnière lueur d’une espérance butée en un mon<strong>de</strong> qui laissera en paix <strong>le</strong>s enfants, <strong>le</strong>soiseaux et <strong>le</strong>s « nègres ».Guil<strong>le</strong>mette Odicino, Télérama (novembre 2009)21


BIBLIOGRAPHIE- Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur roman <strong>de</strong> Harper <strong>Le</strong>e - traduction actualisée, repèresbiographiques <strong>de</strong> l’auteur et postface d’Isabel<strong>le</strong> Hausser (Éd. <strong>Le</strong> <strong>Livre</strong> <strong>de</strong> <strong>Poche</strong>)- Dossier Robert Mulligan et entretien <strong>de</strong> Michel Ciment (Positif n°146 - octobre 1972)- « J’étais décidé à n’appartenir à personne autant que possib<strong>le</strong> » Entretien avec GregoryPeck <strong>de</strong> Michel Ciment réalisé en septembre 1989 (Positif n°473-474 - juil<strong>le</strong>t-août 2000)- « <strong>Le</strong> juste d’Amérique » Hommage à Gregory Peck <strong>de</strong> Michel Cieutat (Positif n°511 <strong>de</strong>septembre 2003)- <strong>Le</strong>s Chefs décorateurs <strong>de</strong> Peter Ettedgui (Col<strong>le</strong>ction <strong>Le</strong>s Métiers du cinéma , Éd. La Compagniedu <strong>Livre</strong>)- <strong>Le</strong>s Compositeurs <strong>de</strong> musique <strong>de</strong> Mark Russell et Victor Young (Col<strong>le</strong>ction <strong>Le</strong>s Métiers ducinéma, Éd. par La Compagnie du <strong>Livre</strong>)- « La compagne idéa<strong>le</strong> du cinéma » Entretien avec Elmer Bernstein <strong>de</strong> Michel Ciment réalisé enjuil<strong>le</strong>t 1988 (Positif n°390 - juil<strong>le</strong>t-août 1993)CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUESPour Du Si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong>s ombres (To Kill a Mockingbird) distribué dans <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s françaises par Lost Films,Sources iconographiques & Remerciements : Universal, Hollywood Classics et La Cinémathèque Française.<strong>Le</strong> visuel <strong>de</strong> l’affiche pour la réédition 2010 est une création graphique <strong>de</strong> Adam David – www.adamdavid.net22

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