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Revue française de comptabilité - Gestion et Finances Publiques La ...

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variaProgressivement, <strong>comptabilité</strong> passera <strong>de</strong> la sphère publique àla sphère privée, <strong>et</strong> Pierre Boucher publiera, en 1800, un ouvrageproposant « aux personnes qui sont dans les affaires », <strong>de</strong> se familiariseravec la « <strong>comptabilité</strong> maritime <strong>et</strong> rurale ». Le mot <strong>comptabilité</strong>,considéré comme le moyen <strong>de</strong> rendre compte, estensuite progressivement introduit dans les ouvrages sur la tenue<strong>de</strong>s livres <strong>de</strong>s commerçants : en 1810, Degrange (père) parle <strong>de</strong><strong>comptabilité</strong> commerciale, un essai anonyme <strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong>commerciale est publié en 1805, Lorimier (1808) parle <strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong>commerciale dans son Essai sur les comptes sociaux <strong>et</strong>Legr<strong>et</strong> publie en 1811 <strong>de</strong>s rudiments <strong>de</strong> la <strong>comptabilité</strong> commerciale.<strong>La</strong> <strong>comptabilité</strong> du commerçant est ici l’appareil qu’il doitm<strong>et</strong>tre en place pour se rendre compte à lui-même.Dans le domaine privé, la dimension <strong>de</strong> responsabilité vis-à-visd’autrui ayant disparu, il va être possible <strong>et</strong> même naturel <strong>de</strong>confondre tenue <strong>de</strong>s livres <strong>et</strong> <strong>comptabilité</strong>. On assistera alors pendantquelques décennies à une valse-hésitation entre ceux quiconsidèrent que les <strong>de</strong>ux termes sont équivalents d’une part, <strong>et</strong>ceux qui attribuent un statut supérieur à <strong>comptabilité</strong> d’autrepart. Rodriguès (1810), par exemple, assimilera les <strong>de</strong>ux termes :« la tenue <strong>de</strong>s livres, ou <strong>comptabilité</strong>, est une métho<strong>de</strong> dont lesnégociants font usage pour écrire sur les livres toutes les affairesqu’ils font ». <strong>La</strong> préface <strong>de</strong> l’ouvrage <strong>de</strong> Chabaud (1836) estégalement significative <strong>de</strong> la confusion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux termes, placésici sur un pied d’égalité : l’auteur parle d’abord <strong>de</strong> « la <strong>comptabilité</strong>considérée comme science, c’est-à-dire sous le triple point<strong>de</strong> vue <strong>de</strong> sa cause, <strong>de</strong> sa nature <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa fin. Or, la tenue <strong>de</strong>slivres en rassemble tous les principes. ». Cinq paragraphes plusbas on peut lire : « Comme toutes les sciences bien faites, la tenue<strong>de</strong>s livres ne repose en vérité que sur un seul principe... ». Onaboutira ainsi, plus dans les dictionnaires (le sens courant) quechez les praticiens, à une confusion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux termes <strong>comptabilité</strong><strong>et</strong> tenue <strong>de</strong>s livres, au point que le premier prendra progressivementle sens du second, c’est-à-dire « technique d’enregistrementdans les comptes ».Quelques auteurs ont assez tôt proposé d’établir une distinction.J.S. Quiney, en 1817, expliquait : « <strong>La</strong> <strong>comptabilité</strong> est la science<strong>de</strong>s comptes, la tenue <strong>de</strong>s livres est l’art <strong>de</strong> rendre raison <strong>de</strong> toutesles opérations » <strong>et</strong> L. Mézières, en 1849 affirmait plus explicitement :« <strong>La</strong> <strong>comptabilité</strong> peut être considérée comme une science dontla tenue <strong>de</strong>s livres est la pratique ». Cela n’empêchait pas le dictionnaire<strong>La</strong>rousse <strong>de</strong> 1856 d’indiquer que <strong>comptabilité</strong> <strong>et</strong> tenue<strong>de</strong>s livres étaient synonymes. On voit là le décalage qui peut existerentre la langue <strong>de</strong>s spécialistes <strong>et</strong> le vocabulaire courant. Il faudraattendre longtemps pour que la hiérarchie entre les <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxtermes apparaisse dans un dictionnaire usuel. Le P<strong>et</strong>it <strong>La</strong>rousseillustré <strong>de</strong> 1906 donne encore <strong>de</strong>s définitions assez proches.Au cours du XIX e siècle, <strong>comptabilité</strong> a donc progressivement prisl’ascendant sur tenue <strong>de</strong>s livres. Nous verrons plus loin le rôle qu’apu jouer à c<strong>et</strong> égard la division du travail comptable dans lesentreprises ; on peut également invoquer la connotation socialeplus valorisante <strong>de</strong> comptable (responsable, qui doit rendrecompte <strong>de</strong> sa gestion) qui amènera <strong>comptabilité</strong> a avoir un sensplus flatteur que tenue <strong>de</strong>s livres, au moins parmi les professionnels.Dans la même pério<strong>de</strong>, le sens originel attribué par le dictionnaire<strong>de</strong> l’Académie en 1798 dépérira progressivement, <strong>et</strong> Dupiney <strong>et</strong>Vorepierre (1876) noteront, tard dans le XIX e siècle, que <strong>comptabilité</strong>a <strong>de</strong>ux sens, dont le premier « obligation <strong>de</strong> rendre compte »est peu usité.Au Royaume-Uni, le terme accounting (avec c<strong>et</strong>te orthographe)n’apparaît que très tardivement dans les titres d’ouvrages <strong>de</strong><strong>comptabilité</strong>, même si l’on trouve les équivalents accompting <strong>et</strong>accountantship au XVIII e siècle. En fait, ce n’est donc pas avantle milieu du XIX e siècle que accounting (1861) ou accountancy(1854) apparaissent dans <strong>de</strong>s titres d’ouvrages. <strong>La</strong> concomitanceavec l’apparition d’organisations <strong>de</strong> chartered accountants esttroublante <strong>et</strong> l’on peut supposer que c<strong>et</strong>te nouvelle profession,ayant tout intérêt à valoriser ses compétences distinctives, ne soit268pas pour rien dans le fait qu’un nouveau mot (accounting) se soitrépandu à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>. Comme en France en revanche, le termeest utilisé dans les finances publiques <strong>de</strong>puis le XVIII e siècle.LA COMPTABILITÉ MORCELÉE,APRÈS 1850Dans la secon<strong>de</strong> moitié du XIX e siècle, le nombre <strong>de</strong>s comptablesaugmente <strong>de</strong> façon importante. Les données statistiques les englobentdans la catégorie « employés », sans donner d’informationsspécifiques au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> ceux qui nous intéressent ici. Nous ensommes donc réduits à supposer que l’évolution du nombre <strong>de</strong>semployés <strong>et</strong> celle <strong>de</strong>s comptables ont été comparables, ce quisignifierait que les comptables français sont <strong>de</strong>ux à quatre fois plusnombreux en 1936 que soixante-dix ans auparavant. L’augmentationdu nombre <strong>de</strong>s comptables peut aussi se déduire du nombrecroissant d’ouvrages <strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong> publiés tout au long duXIX e siècle <strong>et</strong> surtout <strong>de</strong> l’augmentation du nombre d’éditions queconnaissaient ces ouvrages. On peut enfin constater, à partir <strong>de</strong>sannées 1870, l’augmentation considérable du nombre d’écoles<strong>de</strong> commerce <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs effectifs, en précisant que l’enseignement<strong>de</strong> la <strong>comptabilité</strong> y tenait une place prépondérante.L’augmentation du nombre <strong>de</strong>s comptables a naturellemententraîné une division du travail parmi eux : certains teneurs <strong>de</strong>livres se consacraient à l’enregistrement <strong>de</strong>s ventes alors qued’autres n’enregistraient que les achats. En observant l’évolution<strong>de</strong>s mots <strong>de</strong> la <strong>comptabilité</strong>, nous avons remarqué que c<strong>et</strong>tedivision du travail avait eu au moins trois conséquences : unepremière concerne le développement d’une hiérarchie au sein<strong>de</strong>s employés chargés <strong>de</strong> la <strong>comptabilité</strong>, une secon<strong>de</strong> aboutità la division <strong>de</strong> l’espace <strong>et</strong> à la création <strong>de</strong> département <strong>de</strong><strong>comptabilité</strong> <strong>et</strong> une troisième ressortit à la spécialisation <strong>de</strong> leurscompétences.Division du travail<strong>et</strong> hiérarchie parmi les comptablesLe développement <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises industrielles, <strong>de</strong>scompagnies <strong>de</strong> chemins <strong>de</strong> fer <strong>et</strong> <strong>de</strong>s banques a eu une premièreconséquence sur l’organisation comptable. Les comptables<strong>de</strong>s établissements saisissaient les données <strong>et</strong> les transm<strong>et</strong>taientau siège afin que les enregistrements soient vérifiés <strong>et</strong>centralisés. Ce type d’organisation a permis le développementd’une rotation <strong>de</strong>s employés entre les différents services comptablesd’une même entreprise.<strong>La</strong> division du travail entre une <strong>comptabilité</strong> se situant au niveaudu siège (c’est-à-dire une <strong>comptabilité</strong> dite centrale ou générale)<strong>et</strong> une <strong>comptabilité</strong> tenue dans les différents établissements(<strong>comptabilité</strong> dite auxiliaire) n’apparaît qu’au XIX e siècle.C’est seulement aux alentours <strong>de</strong> 1850, que les <strong>de</strong>ux expressions<strong>comptabilité</strong> générale <strong>et</strong> <strong>comptabilité</strong> auxiliaire sont <strong>de</strong>venuesd’usage plus courant. Auparavant, leur usage était exceptionnel <strong>et</strong>le sens encore mal fixé. C’est d’abord Helfenbein, teneur <strong>de</strong> livresen chef à la Compagnie <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Saint-Etienne àLyon en 1845, qui parle <strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong> générale. Bahier en 1850oppose clairement <strong>comptabilité</strong> générale <strong>et</strong> <strong>comptabilité</strong> auxiliaire.Une première explication <strong>de</strong> l’origine <strong>de</strong> l’expression <strong>comptabilité</strong>générale serait l’influence <strong>de</strong> la <strong>comptabilité</strong> publique. En eff<strong>et</strong>,on r<strong>et</strong>rouve <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te expression dans <strong>de</strong>s manufacturesd’Etat comme Saint-Gobain, mais dans un sens différent.Sans exclure l’influence qu’ont pu avoir les finances publiques,une autre explication peut être avancée : les expressions <strong>comptabilité</strong>générale <strong>et</strong> <strong>comptabilité</strong> auxiliaire dériveraient <strong>de</strong>sexpressions comptes généraux <strong>et</strong> comptes particuliers (6), largementutilisées <strong>de</strong>puis le XVII e siècle (citons ainsi sans soucid’exhaustivité <strong>La</strong> Porte [1685], Imhoof [1786], Degrange [1801],(6) Les comptes particuliers désignent ce que nous nommons aujourd’hui lescomptes <strong>de</strong> tiers <strong>et</strong> les comptes généraux désignent les autres comptes. C<strong>et</strong>tedistinction s’appuyait sur l’idée que les comptes généraux perm<strong>et</strong>taient <strong>de</strong> serendre compte à soi-même <strong>et</strong> les particuliers rendaient compte à autrui.N o 3-4 - Mars-Avril 2010 -


variaDupuy [1823] ou Barl<strong>et</strong> [1861]). Il peut sembler probable que ladivision du travail entre les services centraux <strong>et</strong> les services auxiliairesait recoupé celle entre les comptes généraux <strong>et</strong> lescomptes particuliers. Les premiers m<strong>et</strong>tant par exemple enbalance les comptes <strong>de</strong> capitaux ou d’immobilisations étaienttenus au siège quand les seconds qui concernaient essentiellementles clients <strong>et</strong> les fournisseurs pouvaient être tenus plus facilementdans chaque établissement. En 1865, Beauchery reprendla distinction en opposant les comptes généraux <strong>et</strong> les comptesparticuliers. Il suggère donc la superposition provisoire <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxoppositions : d’un côté, celle portant sur la technique <strong>et</strong>, <strong>de</strong>l’autre, celle portant sur le travail quotidien.Le nouveau sens se répand ensuite assez vite : Guilbault (1865),Barré (1877) ou Barillot (1887) définissent tous clairement c<strong>et</strong>tenouvelle opposition. Léautey <strong>et</strong> Guilbault (1889) la consacrerontmais préfèreront utiliser les expressions livres analytiques (qui donneraplus tard la <strong>comptabilité</strong> analytique) pour <strong>comptabilité</strong> auxiliaire<strong>et</strong> livres synthétiques pour <strong>comptabilité</strong> générale. Il semblepar ailleurs que l’usage <strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong> générale soit courantdans les entreprises : ainsi en atteste la correspondance interneau service comptable du Crédit lyonnais <strong>de</strong>s années 1870 (7).Division du travail <strong>et</strong> division <strong>de</strong> l’espace<strong>La</strong> hausse du nombre <strong>de</strong> comptables a eu <strong>de</strong>s conséquences surl’organisation <strong>de</strong> leur travail dans chaque établissement. L’uned’entre elles tient dans l’apparition d’un espace spécifique danschaque usine, dans chaque banque, dans chaque grandmagasin : le service comptable. Au XVIII e siècle, un tel espacen’existe pas encore ou du moins, n’est pas organisé : les commerçantsniortais n’avaient pas d’espace spécifique pour tenir leurscomptes. De même, les négociants <strong>et</strong> leurs teneurs <strong>de</strong> livres travaillaientdans la même pièce à Marseille <strong>et</strong> à Bor<strong>de</strong>aux : lesl<strong>et</strong>tres commerciales, la <strong>comptabilité</strong> <strong>et</strong> les expéditions étaienteffectuées dans la même pièce sans que ces tâches soient séparées.Les informations concernant les gran<strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong>l’époque manquent. Il semble difficile <strong>de</strong> parler d’un espacecomptable au XVIII e siècle, même si l’on peut en apercevoir quelquesprémices.Le mot <strong>comptabilité</strong> était alors en compétition avec celui <strong>de</strong>bureau. Mais bureau était utilisé dans un sens plus large, désignantl’ensemble <strong>de</strong>s services administratifs <strong>et</strong> pas les seuls servicescomptables. On peut dater <strong>de</strong>s années 1860 l’apparition du nouveausens au mot <strong>comptabilité</strong>. A Saint-Gobain, le mot <strong>comptabilité</strong>est utilisé pour qualifier un service comptable pour la premièrefois à Aix-la-Chapelle en 1859 (8). Un autre élémentconfirme notre périodisation. Helfenbein se présente en 1845comme teneur <strong>de</strong> livres en chef. En 1862, Heudicourt s’autodésignecomme chef <strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong>, c’est-à-dire chef du service<strong>de</strong> la <strong>comptabilité</strong>. En 1865, le dictionnaire <strong>de</strong> <strong>La</strong> Châtre sera lepremier à définir la <strong>comptabilité</strong> comme un espace, même si ladéfinition est elliptique. Néanmoins, ni Dupiney <strong>de</strong> Vorepierre en1876, ni le dictionnaire <strong>de</strong> l’Académie <strong>française</strong> <strong>de</strong> 1878 nereprendront ce nouveau sens.Division du travail <strong>et</strong> spécialisationJusqu’au début du XIX e siècle, nombre <strong>de</strong> manuels comptablesétaient écrits par <strong>et</strong> pour les marchands. Par conséquent, parler<strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong> ou <strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong> commerciale revenait à peuprès au même. Au début du XIX e siècle, <strong>de</strong>ux nouvelles formes<strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong> apparaissent dans les manuels : la <strong>comptabilité</strong>agricole ou rurale (la <strong>comptabilité</strong> <strong>de</strong> l’agriculture) <strong>et</strong> la <strong>comptabilité</strong>industrielle (la <strong>comptabilité</strong> <strong>de</strong> l’industrie). Dans un premiertemps, ces expressions signifient simplement l’application <strong>de</strong> la<strong>comptabilité</strong> à un type particulier d’entreprises <strong>et</strong> non à undomaine particulier <strong>de</strong> la <strong>comptabilité</strong>. Les définitions <strong>de</strong> Godard[1827], Royer [1840], Joubert [1847], Bahier [1850], Lefour [1853],Hubert [1856], Coulon [1857] <strong>et</strong> Matharan [1859] confirment cepremier moment.L’augmentation du nombre <strong>de</strong> comptables a eu une <strong>de</strong>rnièreconséquence sur le travail comptable dans chaque servicecomptable. Certains comptables étaient chargés <strong>de</strong> la <strong>comptabilité</strong><strong>de</strong> gestion quand d’autres travaillaient sur la <strong>comptabilité</strong>financière. <strong>La</strong> distinction <strong>de</strong>vient au fur <strong>et</strong> à mesure plus évi<strong>de</strong>nte.Par exemple, dans les mines, la différence apparaît claire : il yavait d’un côté les comptables travaillant sur la <strong>comptabilité</strong>financière dans les bureaux <strong>et</strong>, d’un autre côté, ceux travaillantsur la <strong>comptabilité</strong> <strong>de</strong> gestion juste à l’extérieur <strong>de</strong> la mine. Lescas d’autres entreprises comme Saint-Gobain (9) ou le SEIT, lemonopole public <strong>de</strong> tabac, confirment le constat précé<strong>de</strong>nt.Au début <strong>de</strong>s années 1860, le sens <strong>de</strong> ces expressions commenceà changer. D’un côté, la spécificité <strong>de</strong> la <strong>comptabilité</strong> commercial<strong>et</strong>ient évi<strong>de</strong>mment aux idées d’achats <strong>et</strong> <strong>de</strong> reventes, autrementdit aux comptes clients <strong>et</strong> aux comptes fournisseurs. D’unautre côté, la <strong>comptabilité</strong> industrielle est liée à l’idée <strong>de</strong> la production,c’est-à-dire essentiellement au calcul <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> revient.Si les sens ne sont pas encore stabilisés, l’opposition entre une<strong>comptabilité</strong> interne <strong>et</strong> une <strong>comptabilité</strong> externe est déjà présente(Heudicourt [1861] <strong>et</strong> Barl<strong>et</strong> [1862]). Il faudra attendre Andoyer[1896], Bournisien [1909], Reymondin [1909] <strong>et</strong> Edom [1911] pourvoir le changement linguistique définitivement confirmé.DEUX REMARQUESEN GUISE DE CONCLUSIONA chaque époque, certains auteurs proposent <strong>de</strong>s innovations<strong>de</strong> langage (c’est encore vrai aujourd’hui), le plus souvent avecl’idée <strong>de</strong> gagner en notoriété <strong>et</strong> en prestige. Pour autant, lacommunauté <strong>de</strong>s comptables n’adopte pas nécessairementtous ces nouveaux mots ni toutes ces nouvelles acceptions <strong>de</strong>mots existants. Les nouveaux mots sont souvent lancés par <strong>de</strong>sauteurs peu connus <strong>et</strong> leur sens ne se stabilise souvent que plustard sous l’influence d’auteurs influents. Les auteurs que l’on pourraitqualifier d’influents jouent un rôle déterminant dans la stabilisationdu mot <strong>et</strong> <strong>de</strong> son emploi.C’est au cours <strong>de</strong> la même pério<strong>de</strong> que, d’une part, la <strong>comptabilité</strong>en parties doubles s’est généralisée dans les entreprises (lapremière moitié du XIX e siècle), <strong>et</strong> que, d’autre part, le sens dumot <strong>comptabilité</strong> s’est stabilisé. Comment expliquer c<strong>et</strong>te concomitanceautrement que par l’assimilation <strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong> à<strong>comptabilité</strong> en parties doubles ? De nombreux auteurs soulignentd’ailleurs qu’un système compl<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>comptabilité</strong> ne peutqu’être tenu en parties doubles.BIBLIOGRAPHIEV. Baladouni (1984), « Etymological observations on someaccounting terms », The Accounting Historians Journal, vol. 11,nº 2, Fall, p. 101-109.L. Febvre (1930), « Les mots <strong>et</strong> les choses en histoire économique »,Annales d’histoire économique <strong>et</strong> sociale, p. 231-234.Patti A. Mills (1988), « Words and the study of accounting history »,2nd Interdisciplinary Perspectives on Accounting Conference,Manchester, 11-13 juill<strong>et</strong>.R.H. Parker (1984), « Reckoning, Merchant’s Accounts, Book-keeping,Accounting or Accountancy?, The Evi<strong>de</strong>nce of the longtitles of Books on Accounting in English, 1543-1914 », in Carsberg,B. and Dev, S. (eds), « External Financial Reporting », London.G. Reymondin (1908), Bibliographie méthodique <strong>de</strong>s ouvrages enlangue <strong>française</strong> parus <strong>de</strong> 1543 à 1908, V. Giard <strong>et</strong> F. Brière éditeurs,Paris.(7) Archives du Crédit lyonnais. 062 AH 011.(8) 1L1 bis. Archives Saint-Gobain.(9) Voir par exemple les usines <strong>de</strong> Tours (1934) <strong>et</strong> Nantes (1933). Plan 20. ArchivesSaint-Gobain.-N o 3-4 - Mars-Avril 2010 269

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