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Prévention de la transmission croisée : précautions ... - CCLIN-EST

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argumentaireÀ l’issue <strong>de</strong> cette analyse, Cooper a retenu une insuffisanceméthodologique globale <strong>de</strong>s travaux consacrés àl’efficacité <strong>de</strong>s <strong>précautions</strong> complémentaires pour <strong>la</strong> prévention<strong>de</strong> <strong>la</strong> diffusion du SARM : existence <strong>de</strong> nombreuxbiais, absence d’évaluation <strong>de</strong> l’observance aux mesuresd’hygiène mises en p<strong>la</strong>ce, effet <strong>de</strong>s <strong>précautions</strong> complémentairesdifficiles à différencier <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s autresmesures instaurées simultanément (dépistage, cohorting…).Il a recommandé <strong>de</strong> mener d’autres étu<strong>de</strong>s avec<strong>de</strong>s méthodologies plus soli<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> continuer à appliquerles recommandations en vigueur en attendant lesrésultats <strong>de</strong> travaux plus rigoureux.Depuis ce travail, plusieurs publications ont complété cepanorama. Certaines sont aussi détaillées dans l’introductiondu chapitre dépistage (voir chapitre 3).Nijssen n’a trouvé aucun cas <strong>de</strong> SARM acquis en 10semaines dans un service <strong>de</strong> réanimation médicale, alorsque <strong>la</strong> prévalence du portage à l’admission était <strong>de</strong> 6 %[28]. Les raisons avancées étaient imputées à un respectsatisfaisant du cohorting (77 %), <strong>de</strong> l’observance pourl’hygiène <strong>de</strong>s mains (53 %), du port <strong>de</strong>s gants (68 %).Une enquête par questionnaire <strong>de</strong> 164 services <strong>de</strong> réanimationen Allemagne, relevait que 34 % <strong>de</strong>s services nemettaient pas en œuvre <strong>de</strong> <strong>précautions</strong> complémentairespour les patients porteurs <strong>de</strong> SARM [29]. Le taux d’infectionsnosocomiales à SARM était significativement plusbas dans les services mettant en œuvre les <strong>précautions</strong>complémentaires ou le cohorting.Cepeda [30] conclut à une non-supériorité <strong>de</strong>s <strong>précautions</strong>complémentaires ou du cohorting par rapport aux <strong>précautions</strong>standard pour prévenir <strong>la</strong> <strong>transmission</strong> du SARMen réanimation. Cette étu<strong>de</strong> est d’interprétation délicate :<strong>la</strong> prévalence du SARM était élevée à l’admission, lestaux d’acquisition <strong>de</strong> SARM également (supérieurs à10 %), les taux d’observance <strong>de</strong>s mesures d’hygièneétaient très bas, <strong>la</strong>issant penser que les mesures recommandéesn’étaient pas réellement appliquées (21 % d’obcomptece phénomène, il faut réaliser <strong>de</strong>s audits <strong>de</strong>pratiques, chronophages et peu reproductibles. Dans lerespect <strong>de</strong>s mesures, l’impact du management et dulea<strong>de</strong>rship est aussi crucial, mais <strong>la</strong> mesure en est difficile[5,6] ;• Les audits <strong>de</strong> pratiques ne ren<strong>de</strong>nt pas toujours compte<strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité du respect <strong>de</strong>s mesures. Il est bien établique l’observation <strong>de</strong> pratiques induit un changement<strong>de</strong> comportements <strong>de</strong>s soignants, qui peut être variabled’un audit à l’autre.Ces incertitu<strong>de</strong>s sont <strong>la</strong> cause d’un vif débat entre lestenants d’une stratégie <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>s BMR en partiefondée sur le dépistage et les <strong>précautions</strong> contact et lesdéfenseurs d’une stratégie basée sur les seules <strong>précautions</strong>standard [7-12]. Elles sont aussi responsables <strong>de</strong>recommandations discordantes [13,14].1.2 EnjeuxLes recommandations nationales d’isolement septique<strong>de</strong> 1998, puis celles <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>transmission</strong> <strong>croisée</strong><strong>de</strong> 1999 [15] proposaient <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>sstratégies <strong>de</strong> maîtrise en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation épidémiologique,<strong>de</strong>s risques infectieux et <strong>de</strong>s moyens disponibles.Mais les <strong>précautions</strong> d’isolement (maintenantappelées <strong>précautions</strong> complémentaires <strong>de</strong> type contact)recommandées étaient i<strong>de</strong>ntiques pour tous les services,avec <strong>de</strong>s aménagements pour les SSR et SLD. L’imp<strong>la</strong>ntationdans chaque établissement <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> personneldédié à <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong>s infections et l’augmentation <strong>de</strong>l’expertise <strong>de</strong>s EOH et <strong>de</strong>s CLIN ces 10 <strong>de</strong>rnières années<strong>de</strong>vraient permettre une plus gran<strong>de</strong> souplesse dans leschoix stratégiques, adaptés à chaque établissement.Un autre point à considérer est l’impact <strong>de</strong>s <strong>précautions</strong>complémentaires sur <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s patients. Des publicationsfont état <strong>de</strong> <strong>la</strong> survenue d’événements indésirableschez les patients p<strong>la</strong>cés avec <strong>de</strong>s <strong>précautions</strong> complémentairescontact, sans qu’il soit possible d’éliminer <strong>de</strong>sfacteurs autres que les <strong>précautions</strong> elles-mêmes, parexemple l’existence <strong>de</strong> comorbidités, pour expliquer unepartie <strong>de</strong> ces événements [16].Enfin, il est bien établi dans <strong>la</strong> littérature que le ratioentre les patients et le personnel, ainsi que le niveau<strong>de</strong> qualification du personnel sont <strong>de</strong>s éléments importantsdu risque infectieux [17,18]. Cet aspect dépasse lecadre <strong>de</strong> ces recommandations, mais peut être pris encompte dans le choix entre « Précautions standard isolées» et « Précautions standard + <strong>précautions</strong> contact ».Il est en effet concevable, bien que non démontré, que<strong>de</strong>s <strong>précautions</strong> ciblées sur certaines bactéries puissentconduire à limiter l’attention aux <strong>précautions</strong> standardpour les autres patients [19]. À l’inverse, il semble bienque, dans d’autres circonstances, le choix <strong>de</strong> <strong>précautions</strong>ciblées sur certaines BMR puisse ai<strong>de</strong>r à élever le niveaud‘hygiène général [20]. Le choix <strong>de</strong> l’une ou l’autre stra-tégie doit prendre en compte l’éventualité d’effets induits,complexes et probablement variables d’un établissement,d’un service à l’autre.1.3 Données <strong>de</strong> <strong>la</strong> littératureDans une revue <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature publiée en 2004 [21],Cooper a recensé 4 382 abstracts traitant <strong>de</strong> l’efficacité<strong>de</strong>s <strong>précautions</strong> complémentaires dans <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong>diffusion du Staphylococcus aureus résistant à <strong>la</strong> méticilline(SARM). Cet auteur a analysé <strong>de</strong> façon plus précise245 étu<strong>de</strong>s pour n’en retenir que 46, publiées entre lesannées 1996 et 2000 : aucune <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s n’était randomiséeet seulement quatre étaient prospectives avecapplication <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> prévention lors <strong>de</strong> phasesprédéfinies en début d’étu<strong>de</strong>. Six étu<strong>de</strong>s formu<strong>la</strong>ient <strong>de</strong>sconclusions c<strong>la</strong>ires (Tableau I).110Recommandations nationales - prévention <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>transmission</strong> <strong>croisée</strong> • hygiènes • volume XVII - n°2

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