Prévention de la transmission croisée : précautions ... - CCLIN-EST
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argumentaireéradication du portage nasal et <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong>portage que chez respectivement 44 et 25 % <strong>de</strong>s patientsrecevant <strong>la</strong> mupirocine (associée à <strong>de</strong>s toilettes antiseptiques)et 23 et 18 % <strong>de</strong> ceux recevant le p<strong>la</strong>cebo [186].Une autre étu<strong>de</strong>, randomisée en double aveugle en SSR,au contraire, a retrouvé une efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> décontaminationdu portage <strong>de</strong> SARM par <strong>la</strong> mupirocine [185].L’impact sur les taux d’infections est aussi incertain [132,186], sauf dans un service <strong>de</strong> réanimation chirurgicale,où <strong>la</strong> mupirocine a été employée chez l’ensemble <strong>de</strong>spatients, porteurs ou non <strong>de</strong> S. aureus [133]. Les raisons<strong>de</strong> ces échecs semblent multiples : absence <strong>de</strong> décontaminationcutanée associée à <strong>la</strong> décontamination nasale[132], persistance <strong>de</strong> <strong>transmission</strong>s <strong>croisée</strong>s en l’absence<strong>de</strong> précaution contact efficace en situation d’épidémieinstallée [132], sites réservoirs multiples <strong>de</strong> SARM autresque nasal et cutané [186], ou antibiothérapies curativesintercurrentes, notamment par fluoroquinolones, favorisant<strong>la</strong> persistance du portage [186]. Une décontaminationassociant décontamination topique par mupirocine,toilettes à <strong>la</strong> chlorhexidine et décontamination systémiquepar doxicycline-rifampicine semble efficace, maissuppose que les souches <strong>de</strong> SARM soient sensibles auxantibiotiques systémiques et expose à l’apparition <strong>de</strong>résistance à ces antibiotiques [187]. La décontaminationétant une mesure exposant à un risque d’émergence <strong>de</strong><strong>la</strong> résistance aux produits utilisés, les antibiotiques utilisablesdans les traitements par voie systématique nedoivent pas être utilisés dans cette indication. La résistanceà <strong>la</strong> mupirocine est aussi une préoccupation. Ellesurvient préférentiellement si elle est utilisée pour décontaminationcutanée [188]. Une dissémination clonale<strong>de</strong>s souches résistantes à <strong>la</strong> mupirocine est alors possible[189].Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong>s infections à SARM, lesobjectifs poursuivis peuvent être doubles : comme on l’avu, l’intérêt collectif à travers <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong> <strong>la</strong> disséminationhorizontale <strong>de</strong> ces SARM, mais aussi l’intérêt individuelà travers <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong> l’auto-infection chez lepatient porteur [190].La situation <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance <strong>de</strong>s SARM à <strong>la</strong> mupirocineest mal connue. Une étu<strong>de</strong> multicentrique européenneévaluait en 1997 <strong>la</strong> prévalence hospitalière <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance<strong>de</strong>s SARM à <strong>la</strong> mupirocine à 6,2 % [191]. Dansune étu<strong>de</strong> réalisée en 2000 dans 57 hôpitaux, le tauxétait <strong>de</strong> 13,8 % [192]. Au Canada, le taux <strong>de</strong> résistanceà haut niveau augmentait à 7 % pour <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2000-2004 [193].3.2 Dépistage <strong>de</strong>s EBLSE3.2.1 Situation épidémiologiqueDécrites initialement en Allemagne (1983) et en France(1985), les entérobactéries productrices <strong>de</strong> EBLSE sontretrouvées dans le mon<strong>de</strong> entier. Dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième moitié<strong>de</strong>s années 1990, une épidémie à Enterobacter aerogenesproducteurs <strong>de</strong> BLSE <strong>de</strong> type TEM-24 a <strong>la</strong>rgementdiffusé en France [194,195]. Aujourd’hui, les entérobactériesBLSE le plus souvent retrouvées sont <strong>de</strong>s Escherichiacoli producteurs d’enzymes <strong>de</strong> type CTX-M. Parmiles pays concernés, on peut citer le Canada, l’Espagne, leRoyaume-Uni ou le Portugal [196,197].En France, l’isolement <strong>de</strong>s souches d’E. coli productrices<strong>de</strong> CTX-M-15 est également en progression [198].D’après l’étu<strong>de</strong> menée en 2004 dans <strong>la</strong> région Champagne-Ar<strong>de</strong>nnes[199], 26,5 % <strong>de</strong>s BLSE produites parles entérobactéries étaient <strong>de</strong> type CTX-M-15 et 0,9 %du type TEM-3. Pour avoir une idée <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> l’implication<strong>de</strong>s différentes enzymes, une étu<strong>de</strong> réalisée enAuvergne trois ans auparavant avait i<strong>de</strong>ntifié une enzyme<strong>de</strong> type TEM-3 pour 51,2 % <strong>de</strong>s souches isolées [200].C<strong>la</strong>ssiquement, ces souches d’E. coli BLSE d’origine communautairesont préférentiellement retrouvées dans lesurines <strong>de</strong> patients. Cependant, E. coli BLSE représentaitprès <strong>de</strong> 9 % <strong>de</strong>s souches d’E. coli isolées lors <strong>de</strong> bactériémiesdans un hôpital <strong>de</strong> Séville [201], ce qui implique <strong>la</strong>possibilité <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> prise en charge thérapeutiquedans <strong>de</strong>s infections graves et donne toute son importanceà <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> capacité <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> ces souches.Or, celle-ci reste controversée. Une étu<strong>de</strong> réalisée à l’hôpital<strong>de</strong> Séville sur les souches d’E. coli isolées chez 49patients n’a pas mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tion clonale entreces différentes souches, ce qui n’est pas en faveur d’une<strong>transmission</strong> horizontale, sans exclure toutefois <strong>la</strong> possibilitéd’épidémies <strong>de</strong> p<strong>la</strong>smi<strong>de</strong>s [202]. Cependant, dansle même hôpital, une étu<strong>de</strong> concernant les bactériémiesà E. coli BLSE <strong>de</strong> juin 2001 à mars 2005 a montré l’existenced’une acquisition nosocomiale dans <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>scas [203]. De même, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s plus récentes ont montrél’existence <strong>de</strong> clusters <strong>de</strong> souches étroitement reliésà l’hôpital comme dans <strong>la</strong> communauté. Pitout et al.ont montré <strong>la</strong> diffusion clonale <strong>de</strong> souches productrices<strong>de</strong> CTX-M-14 responsables d’une épidémie <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ampleur dans <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Calgary [204]. Parmi 151souches étudiées dans un hôpital <strong>de</strong> Madrid, un cluster<strong>de</strong> 103 souches productrices <strong>de</strong> CTX-M-15 et génétiquementreliées a été mis en évi<strong>de</strong>nce [205]. Enfin, uneétu<strong>de</strong> portugaise portant sur 119 E. coli producteurs <strong>de</strong>CTX-M a montré que 76 % d’entre elles appartenaient àun même cluster épidémique. Parmi les 47 souches nosocomiales,41 appartenaient à ce cluster et avaient principalementdisséminé dans trois services hospitaliers [206].La situation épidémiologique au regard <strong>de</strong>s entérobactériesBLSE est donc particulièrement complexe. L’épidémiefrançaise du début <strong>de</strong>s années 1990 concernait surtoutles services <strong>de</strong> réanimation, <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong> SSR et <strong>de</strong>SLD, avec une dissémination oligoclonale <strong>de</strong>s souches,le plus souvent Klebsiel<strong>la</strong> pneumoniae. Elle a été contrôlée120Recommandations nationales - prévention <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>transmission</strong> <strong>croisée</strong> • hygiènes • volume XVII - n°2