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Manon Barbeau - L'Itinéraire

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dossieR sPéciAlJeunesse autochtoneAu-delà des chiffres, des solutionsmARIE-mICHÈLE SIOUILes statistiques sur les Autochtones laissent souvent transparaître le dur sort réservéaux Premiers Peuples et les conditions de vie difficiles qui prévalent dans certainesdes réserves où ils ont été confinés. Mais au-delà des chiffres, il y a des visages, desvies, un héritage et une culture à comprendre. Nous vous présentons trois projetsporteurs de solutions pour le futur de ces communautés.«Les étudiants entrent ici les yeux au sol,le dos courbé», remarque Julie Vincent,qui dirige un centre d’éducation destinéaux Autochtones âgés de 16 ans et plus.«Après quelques semaines, leurs épaules seredressent, ils sourient; ils sont mieux et onle voit dans leurs yeux.»L’observation de la directrice du Centrede formation de la main-d’œuvre(CDFM) de Wendake, au nord deQuébec, dépeint une réalité qui semblerépandue : s’ils apprennent trop souventà la dure, les Autochtones font preuved’une grande résilience et tiennent àfaire profiter leurs communautés desapprentissages qu’ils acquièrent.Les données sont là : des enfants de9 à 12 ans déjà bien initiés à la drogueet l’alcool. La violence qui déchire lescommunautés, le taux de décrochageeffarant… Les chiffres illustrent ladétresse, la pauvreté, la misère. Mais pasla résilience.Quand elle a ouvert le CDFM, JulieVincent craignait que son école «vide lesréserves». Près de 20 ans plus tard, elleconstate que les étudiants qui entrent dansles salles de cours de son institution — quiont des antécédents de consommation dedrogue ou d’alcool, et ont souffert d’abuset de violence dans la majorité des cas —en ressortent quelques temps plus tard«portés par l’espoir». «Ils disent qu’ilsveulent retourner dans leur communautéet faire profiter leurs pairs de leursapprentissages», lance Mme Vincent,visiblement fière du CDFM, qui permetaux étudiants de terminer leurs étudessecondaires ou de suivre des formationstechniques, notamment.À Val-d’Or, Édith Cloutier dirige uncentre d’amitié autochtone. Ce lieu derassemblement hors-réserve,dans les villes,est un espace démocratique d’affirmationidentitaire des autochtones, imaginé par lesPremiers Peuples vers 1950. Du ventre dela maman jusqu’aux années de la retraite,les centres d’amitié — il en existe 122 auCanada — offrent une gamme de serviceset d’activités, mais surtout de l’entraideet un lieu de connexion culturelle pourles Autochtones des villes. Ici aussi, lesenfants débarquent avec un «pack-sac trèslourd», observe Mme Cloutier. Le centred’amitié de Val-d’Or a lancé la clinique desoins Minowé il y a deux ans, et celle-citravaille de pair avec le Centre jeunesse dela région afin de diminuer le nombre designalements à la Direction de la protectionde la jeunesse (DPJ). «On amène desservices culturellement adaptés, note MmeCloutier. Quand les Autochtones sontles premiers décideurs de leur destin, çadonne inévitablement des résultats pourla communauté dans son ensemble», ditcelle dont le Centre emploie environ 60 %d’Autochtones.De son côté, Julie-Christine Cotton,candidate au doctorat en psychoéducationà l’Université de Sherbrooke, s’est d’abordattelée à décrire la consommation depsychotropes des enfants de 9 à 12 ansdes communautés innues du Québec.Le constat a été frappant. «Les parentsautochtones ont trouvé les résultatsinquiétants, honteux même», se rappelle-telle.Mais l’étudiante a voulu aller au-delàdes chiffres. Elle a adapté un programmede prévention et de développement auxréalités des jeunes Innus, et le ton a changé.«L’accueil est vraiment meilleur depuisqu’on parle de solutions», remarque-t-elle.La vie n’est pas rose dans les communautés,et la motivation n’est pas toujours aurendez-vous, observe Mme Cotton. Maisl’esprit communautaire est là. Reste àvoir si l’impact des gestes de ceux quiredonnent au suivant finira par fairementir les chiffres.14L’ItInéraIre15 janvier 2013

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