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Manon Barbeau - L'Itinéraire

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GRAnde entRevue«Heureusement qu’il y a Skype pourmaintenir le lien avec chacune des équipeset pouvoir parler avec les jeunes de leursfilms», dit-elle. D’autant plus qu’il est ardude se rendre dans certaines communautéséloignées : «Pour aller à Matimékosh (prèsde Schefferville), il n’y a plus de route. Ilfaut prendre un train toute la nuit».À LA RENCONTRE DES PREmIÈRESNATIONSWapikoni veut dire fleur, en langueattikamek. C’était aussi le prénomd’une jeune de 20 ans de la communautéde Wemocati, du Saguenay Lac-Saint-Jean. <strong>Manon</strong> <strong>Barbeau</strong> travaillait avecelle et un groupe de jeunes à l’écritured’un scénario intitulé La fin du mépris…et un soir, la voiture de la Wapikoni estentrée de plein fouet dans un camionforestier mal garé. La collision a été fatale.Il est difficile de croire que la cinéaste neconnaissait pratiquement pas les PremièresNations du Québec avant de rencontrer lajeune Wapikoni et son groupe. Mais elles’est toujours sentie attirée par ces culturesqui respirent à l’intérieur même de nosfrontières. «Je me souviens d’une fois oùj’allais faire du kayak sur la Côte-Nord,se remémore-t-elle. On passait devantdes communautés et j’étais fascinée par cemonde coupé du nôtre. Je ne comprenais paspourquoi, mais j’avais le goût de créer desliens avec eux».Aujourd’hui, <strong>Manon</strong> <strong>Barbeau</strong> est on ne peutplus attachée à ces communautés. «On prendconscience de leur valeur», s’enthousiasmet-elle,mentionnant une rencontre positiveentre Pauline Marois et 40 chefs desPremières Nations qui avait eu lieu la veillede notre entretien. «Les gens préfèrentconserver leurs préjugés parce que ça justifiequ’on ne s’occupe pas des Autochtones etQuand je reviens à mes projets, je trouveque ça a moins de sens que le Wapikoni.c’est plus nourrissant de donner auxjeunes des outils pour créer.- <strong>Manon</strong> barbeauqu’on les laisse se suicider dans leur coin»,dit-elle, tranchante. Les films réalisés parles jeunes du Wapikoni mobile viennentprouver le contraire. «On voit qu’ils ont deschoses à dire, qu’ils ont un talent artistiqueet qu’ils ne correspondent pas aux préjugés.Leurs films sont des ambassadeurs positifsd’eux-mêmes», émet la cinéaste.Est-ce que la création de ses propres filmsmanque à <strong>Manon</strong> <strong>Barbeau</strong>? «Quand jereviens à mes projets, je trouve que ça amoins de sens que le Wapikoni, répondelle.C’est plus nourrissant de donner auxjeunes les outils pour créer».Peut-être est-ce parce que <strong>Manon</strong><strong>Barbeau</strong> a grandi dans une famille éclatéequ’aujourd’hui, la famille est sacrée pourelle. La mère de la cinéaste Anaïs <strong>Barbeau</strong>-Lavalette en a fondé une qui grandit de jouren jour au sein du Wapikoni mobile, dontles jeunes ont réalisé plus de 500 films à cejour. Mais n’allez surtout pas la surnommer«la Mère Teresa des enfants perdus» commed’autres l’ont fait. «Il y a un côtémisérabiliste à ça, commente-t-elle.Au contraire, je trouve que ces jeunesont beaucoup de force et ils m’apportentbeaucoup personnellement».Après quelques réflexions à voix hautesur les maux de notre société, à dénoncerceux qui mettent l’humain en deuxièmeplan derrière l’économie et à partagerl’inspiration qu’elle tire des gens de la rue,qui vivent des situations très difficiles, maisempreintes de liberté, en dehors des normesimposées par la société, <strong>Manon</strong> <strong>Barbeau</strong> seretourne sur sa chaise en regardant au loinet lance : «Coudonc, je suis bien émotiveaujourd’hui». Il y a encore beaucoup de travailà faire pour donner une place digne de ce nomaux trop nombreux exclus. <strong>Manon</strong> <strong>Barbeau</strong> achoisi son combat avec le Wapikoni mobile,sa deuxième famille.wapikoni : Patrimoineculturel autochtone«On s’est aperçu en regardant les films desjeunes qu’on est en train de constituer unpatrimoine culturel unique au monde.»Ce constat, <strong>Manon</strong> <strong>Barbeau</strong> et l’équipede Wapikoni mobile l’ont fait il y a à peineun an. Légendes, rituels ancestraux,chants et danses traditionnelles… Lesquelque 500 films réalisés par les jeunesdes communautés autochtones du Québecrecensent un patrimoine très vaste,documentant le passé traditionnel etla réalité contemporaine des PremièresNations.20L’ItInéraIre15 janvier 2013

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