des ProcèsPlus longset PluscomPlexesfaits saillantsau cours des cinqdernières annéesPlusieurs enquêtes d’envergure, réalisées au cours des récentesannées afi n de combattre le crime organisé, le crime économiqueou les gangs de rue, ou à connotation internationale, ont entraînéde multiples mises en accusation qui exigent d’importants ajustementsen matière de gestion.On pense aux procès impliquant la mafi a italienne, les motardscriminalisés ou les gangs de rue, que la Cour supérieure a étéappelée à entendre, ou à celui de Désiré Munyaneza, accusé decrimes contre l’humanité survenus au Rwanda, qui a exigé denombreux déplacements et s’est éten<strong>du</strong> sur plusieurs années, endépit d’une gestion et d’une célérité irréprochables.La tendance lourde semble d’ailleurs pointer en direction deprocès plus longs et plus complexes, si l’on se fi e aux récentesaccusations de meurtres, gangstérisme et trafi c de stupéfi antsdéposées contre quelque 156 accusés à Montréal et 12 à <strong>Québec</strong>dans le cadre de l’enquête portant sur les Hell’s Angels, ou encoreaux accusations pour crimes économiques impliquant plusieursaccusés dans l’affaire Norbourg.Comment, dans un tel contexte, s’assurer d’une part que chaqueprévenu jouisse d’un procès juste et équitable, enten<strong>du</strong> dans desdélais raisonnables, compte tenu d’autre part des ressourceslimitées dont dispose la Cour, tant au plan humain que matériel?Comment concilier à la fois les droits des accusés, les moyens dela société et les attentes légitimes des citoyens à l’égard <strong>du</strong> systèmede justice? Voilà les défi s auxquels la Cour tente de répondre. Déjàun certain nombre de solutions ont été élaborées et devraientprendre forme par des amendements à la loi.Ainsi, l’une des recommandations <strong>du</strong> comité provincial sur lesgains d’effi cacité et l’accessibilité à la justice en matière criminellepropose que dans le processus des longs procès, un juge gestionnaire,qui ne sera pas le juge <strong>du</strong> procès, dispose de toutes lesquestions préliminaires et interlocutoires avant la convocation desjurés. Les ministres et sous-ministres de la Justice <strong>du</strong> Canada etdes provinces se sont déclarés en accord et s’apprêtent à effectuerles modifi cations à la loi.juridictionde la chambreAu <strong>Québec</strong>, le procès avec jury est réservé uniquement aux matièrescriminelles. Il doit nécessairement être présidé par un juge de la Coursupérieure. La nature des causes enten<strong>du</strong>es devant jury couvrenon seulement le meurtre, mais également tous les crimes punissablesde plus de cinq ans de détention, pour lesquels l’accusé a choisid’être jugé par un juge et un jury.Les fonctions des juges siégeant à la chambre criminelle de la Coursupérieure ne se limitent pas uniquement à présider les procès parjury. Ils entendent également en appel certaines décisions de laCour <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> (chambre criminelle) et celles relatives aux infractionspénales provinciales et fédérales. Ils ont le pouvoir de réviserla décision d’un juge de paix sur la remise en liberté d’une personneaccusée d’une infraction. Dans les cas de meurtre ou complotpour meurtre, ce sont eux qui doivent se prononcer, de façonexclusive, sur la remise en liberté <strong>du</strong> prévenu. Ils exercent, de plus,un pouvoir de surveillance des décisions des tribunaux de juridictionprovinciale, que ce soit parce que le tribunal a per<strong>du</strong> ou excédé sajuridiction (certiorari), pour interdire au tribunal d’exercer sacompétence (prohibition), obliger ce même tribunal à l’exercer(mandamus), ou pour statuer sur le plus vieux recours connu encommon law, celui de l’habeas corpus qui vise à prévenir toutedétention arbitraire, en s’assurant que le prévenu soit con<strong>du</strong>it devantun juge dans un court délai, afin de connaître les motifs de sadétention et d’en répondre.Lorsqu’il agit comme tribunal d’appel, le juge siège alors seul sansjury. L’éventail des lois qu’il est appelé à consulter s’élargit considérablement.C’est notamment le cas pour les infractions punissablespar voie sommaire de culpabilité contenues au Code criminel,celles de con<strong>du</strong>ite avec facultés affaiblies sur lesquelles s’estprononcé un juge de la Cour <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> ou toute infraction crééepar une loi statutaire sur laquelle un juge de la Cour <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> ouencore l’une des nombreuses cours municipales a statué, parexemple, une infraction à la Loi sur l’environnement, la Loi sur lesvaleurs mobilières ou encore un règlement municipal. Généralementaucune preuve n’est présentée au juge, appelé à rendre sa décisionà la lumière <strong>du</strong> dossier tel que constitué et des représentationsdes parties.P22
« les Procès en matièrecriminelle nécessitentdorénavant une intervention<strong>du</strong> juge de Plus en Plus activedans leur gestion ».PrinciPales étaPesdes Procé<strong>du</strong>resRègle générale, le processus judiciaire à la chambre criminelles’engage à la suite d’une arrestation ou d’une enquête policière etde la remise d’un rapport aux procureurs des poursuites criminelleset pénales. Ceux-ci évaluent alors la suffi sance de la preuve et décidentde déposer ou non des accusations à la cour. L’indivi<strong>du</strong> concernépeut consulter un avocat et en retient habituellement les services.ParticularitésBenoît MoulinJugeCour supérieure <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>Comme pour les autres chambres, les juges de la chambre criminellede la Cour supérieure sont appelés à se déplacer dans presquetous les districts <strong>judiciaires</strong>. Ce sont souvent les procès par juryqui sont les plus connus <strong>du</strong> public. D’abord parce que lors dechaque ouverture <strong>du</strong> terme des assises criminelles, c’est-à-diretous les deux mois sauf l’été, en collaboration avec le shérif dechacun des districts <strong>judiciaires</strong>, un grand tableau de jurés est confectionné,en conformité avec la Loi sur les jurés. Environ 150 denos concitoyens sont alors convoqués à la Cour. Le juge leurexplique la fonction de juré et procède aux diverses demandesd’exemptions. Souvent, pour ces personnes, il s’agit de leurpremier contact avec l’administration de la justice; leur accueilest donc important et la responsabilité lourde.La sélection <strong>du</strong> jury est souvent précédée de nombreuses requêtesen droit. Que ce soit pour des demandes d’admissibilité oud’exclusion de preuve ou autres requêtes fondées sur l’applicationdes Chartes des droits et libertés (omniprésentes en matière criminelle),le juge doit en disposer rapidement. Il en est de même des objectionsformulées pendant l’instance, qui doivent être décidées immédiatement,afi n qu’aucune preuve non admissible ne soit reçue par le jury.La première rencontre avec un juge a lieu lors de la comparution.C’est à ce moment seulement qu’un indivi<strong>du</strong> est offi ciellement accusé.Il doit alors plaider coupable ou non (s’il s’agit d’un crime grave,cela peut se faire lors d’une prochaine comparution) et choisir sonmode de procès, s’il s’agit d’un crime où un tel choix est possible.Les options sont : un procès devant un juge de la cour provinciale,un juge seul de la Cour <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> ou devant un juge de la Coursupérieure et un jury (qui est le choix par défaut si l’accusé nechoisit pas). Si le prévenu choisit d’être jugé devant juge et jury, ily aura enquête préliminaire pour déterminer s’il y a suffi sammentde preuve pour justifi er un renvoi à procès sur l’accusation portée.Par exemple, si le crime reproché est un crime grave, comme lemeurtre ou le complot pour meurtre, il y aura enquête préliminaireet le procès aura lieu obligatoirement devant un juge et un jury, àla Cour supérieure. Lorsqu’il s’agit d’un crime de moindre importance,comme le vol ou la fraude de moins de 5 000 $, le procès se feradevant un juge de la Cour <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>, sans enquête préliminaire. Sil’indivi<strong>du</strong> plaide coupable dès cette étape, la cause se termine et lejuge prononce la peine appropriée.C’est lors de l’enquête sur cautionnement qu’on détermine sil’accusé est remis en liberté avec ou sans conditions pour la <strong>du</strong>réedes procé<strong>du</strong>res ou s’il est mis en détention. Il peut y avoir révisionde cette décision à la Cour supérieure. La Couronne doit communiquerla preuve à l’accusé.Lors d’un procès devant jury, la conférence préparatoire estobligatoire et permet aux avocats et au juge de déterminer lesquestions importantes pour bien préparer le procès, notammentsa <strong>du</strong>rée, le nombre de témoins à entendre, les questions de droità débattre. Cette étape peut parfois déboucher sur un règlement<strong>du</strong> dossier et ainsi éviter le procès.la chambre criminelle P23