INITIATIVESMémoireGarde nationa<strong>le</strong> à <strong>Le</strong> <strong>Cheylas</strong> : la dComme toute commune deFrance, <strong>Le</strong> <strong>Cheylas</strong> a disposéde 1791 à 1870 d’une gardenationa<strong>le</strong>, ancêtre de la policemunicipa<strong>le</strong>. Une obligationde servir qui ne rencontrepas toujours la bonne volontédes <strong>Cheylas</strong>iens…La création de la garde nationa<strong>le</strong>date d’avant la Révolution françaisede 1789. <strong>Le</strong> 13 juil<strong>le</strong>t 1791 un arrêtéde l’assemblée constituante l’officialise.El<strong>le</strong> durera jusqu’en 1871. La loi du14 octobre 1791 en précise l’organisation.Constituée d’hommes valides de 20 à 60ans, son rô<strong>le</strong> est de maintenir l’ordre à l’intérieurdu pays et défendre <strong>le</strong>s frontièreset <strong>le</strong>s côtes. El<strong>le</strong> fait aussi respecter <strong>le</strong>slois. Il faut être citoyen actif, c'est-à-direpouvoir voter, pour en faire partie. <strong>Le</strong> portde l’uniforme, de cou<strong>le</strong>ur b<strong>le</strong>u, blanc etrouge, est obligatoire.Active sous la révolution de 1789 à 1797,el<strong>le</strong> est en sommeil sous <strong>le</strong> Directoirede 1797 à 1799. El<strong>le</strong> est réorganiséesous <strong>le</strong> Consulat de 1799 à 1804 puissous l’Empire de 1804 à 1814. Sous laRestauration avec Louis XVIII (1814- 1824) et son frère Char<strong>le</strong>s X (1824- 1830), el<strong>le</strong> a un rô<strong>le</strong> effacé avant d’êtredissoute <strong>le</strong> 29 avril 1827. À l’arrivée deLouis-Philippe au pouvoir <strong>le</strong> 7 août 1830,el<strong>le</strong> est reconstituée et la loi du 22 mars1831 la réorganise, lui permettant de soutenir<strong>le</strong> régime en place.DES ÉLECTIONS POUR DÉSIGNERLES OFFICIERSÀ <strong>Le</strong> <strong>Cheylas</strong>, la garde nationa<strong>le</strong> est composéede six officiers : un capitaine, unlieutenant, deux sous-lieutenants, un sergent-chef,un sergent-fourrier (s’occupantde l’intendance). Ainsi que de sous-officiers: quatre sergents et huit caporaux.Ils sont élus pour un an par <strong>le</strong>s membrescomposés de soldats.<strong>Le</strong> conseil<strong>le</strong>r d’état du département del’Isère (aujourd’hui <strong>le</strong> préfet) prend enUn garde national prête serment sur la Constitution.18 | Avril 2013 | <strong>Le</strong> <strong>Cheylas</strong> Magazine
iscipline passe mal1830 un arrêté qui fixe la nouvel<strong>le</strong> rég<strong>le</strong>mentationtrès stricte de la garde nationa<strong>le</strong>.<strong>Le</strong> <strong>Cheylas</strong> fait partie du troisièmebataillon de la garde nationa<strong>le</strong> du cantonde Goncelin avec <strong>le</strong>s communes deFroges, La Pierre, <strong>Le</strong> Champ, Tencin etMorêtel. Deux niveaux d'organisationsont instaurés: cantonal et communal.Au niveau du canton, <strong>le</strong> bataillon prend<strong>le</strong>s armes six fois par an pour être passéen revue et faire l’exercice. Un ordre dujour du chef de bataillon est affichéquelques jours auparavant dans <strong>le</strong>s septcommunes. En plus de la prise d’armes,<strong>le</strong>s officiers et sous-officiers doivent seréunir deux fois par mois dans <strong>le</strong>urs communesrespectives.Au niveau communal, <strong>le</strong> capitaine doitréunir sa compagnie deux fois par moisentre <strong>le</strong> 1 er avril et <strong>le</strong> 31 octobre et chaquesemaine du 1 er novembre au 31 mars. Ildoit veil<strong>le</strong>r à l’instruction de ses soldatset inspecter <strong>le</strong>s armes chaque mois. <strong>Le</strong>ssoldats qui détériorent volontairement<strong>le</strong>ur arme doivent la réparer à <strong>le</strong>urs frais.LES HOMMES MONTRENTDE LA MAUVAISE VOLONTÉ<strong>Le</strong> 26 septembre 1830 la commune procèdeà l’é<strong>le</strong>ction des officiers et sousofficiers.86 é<strong>le</strong>cteurs s’expriment sur <strong>le</strong>s124 inscrits. <strong>Le</strong>s résultats sont <strong>le</strong>s suivants:• Capitaine: Laurent Beurriand,• Lieutenant: Claude Gavil<strong>le</strong>t,• Sous-lieutenants: Guillaume Rigard-Casset et Louis Couplaix,• Sergent-major: Jacques-BenoitDurand,• Sergent-fourrier: Jacques Mitton,• Sergents: Félix Ramet, Claude Pin,Joseph Chabert et Etienne Roudet,• Caporaux: Joseph Revol, HonoréMuraillat, Jacques Gouil<strong>le</strong>t, HuguesBlanc, Jean Berthet, Jean Meynet,Florentin Royal et Jean Molaret.Tous prêtent ensuite serment en jurantfidélité à la Constitution lors d’une cérémonieofficiel<strong>le</strong>.<strong>Le</strong>s officiers de la brigade cheylasiennerencontrent cependant des difficultés àConvocation à un passage en revuedu 3 e bataillon de Goncelin.faire régner la discipline. <strong>Le</strong> règ<strong>le</strong>mentstrict ne convient pas à tous <strong>le</strong>s soldats.<strong>Le</strong> 20 décembre 1830 <strong>le</strong> conseil de disciplinede la compagnie se réunit sousla présidence du capitaine, LaurentBeurriand. Celui-ci constate qu’unegrande partie des hommes fait preuve deExtrait du rapport Cochet.mauvaise volonté soit pour assister àl’exercice, soit pour garder l’immobilitédans <strong>le</strong>s rangs. Des amendes sont instaurées,ainsi que des punitions: deux heuresd’exercices supplémentaires ou douzeheures de sal<strong>le</strong> de police. Ainsi <strong>le</strong> 9 janvier1831, André Cochet, soldat de lagarde nationa<strong>le</strong>, explique dans <strong>le</strong> rapportqu’il a rédigé, que <strong>le</strong> sieur FrançoisGouil<strong>le</strong>t a refusé un soir de monter lagarde comme <strong>le</strong> règ<strong>le</strong>ment l’exige et que,de ce fait, ils n’étaient que cinq au lieu desix pour <strong>le</strong> faire. <strong>Le</strong> récalcitrant lui auraitrépondu “que personne pouvait rien luicommander, si quelqu’un voulait <strong>le</strong> forcer,il plaiderait avec eux”. <strong>Le</strong> conseil de disciplinese réunit <strong>le</strong> 11 janvier 1831 etcondamne François Gouil<strong>le</strong>t à payer uneamende de 3 francs. L'amende seraramenée à 1,90 franc lors d’un deuxièmeconseil de discipline <strong>le</strong> 16 janvier.Louis-Philippe, que la garde nationa<strong>le</strong> n'apas soutenu, est renversé enfévrier 1848. Napoléon III devient empereuren 1852. La garde est alors restreinte.En 1870, la batail<strong>le</strong> de Sedancontre <strong>le</strong>s Prussiens entraîne la chute dusecond Empire et la disparition de lagarde nationa<strong>le</strong>, disparition officialiséepar la loi du 25 août 1871. n<strong>Le</strong> <strong>Cheylas</strong> Magazine | Avril 2013 | 19