Impacts Distributifs de la Libéralisation du Commerce Extérieur en ...

Impacts Distributifs de la Libéralisation du Commerce Extérieur en Afrique de l'Ouest :Le Pari de la Réduction de la Pauvreté se Remporte en Zones RuralesIsmaël FofanaJohn CockburnBernard DecaluwéRésuméCette étude analyse l’impact distributif de la réduction unilatérale des tarifs douaniers dansquatre pays de l’Afrique de l’ouest : le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée et le Sénégal. Pourchacun des pays mentionnés, nous intégrons tous les ménages de la plus récente enquêtereprésentative de la population dans un modèle d’équilibre général multisectoriel en vued’évaluer les impacts sur les ménages individuels. Elle ressort que la reforme commerciale necontribuerait pas, du moins à court terme, à réduire la pauvreté dans ces pays et serait surtoutdéfavorable aux ménages des zones rurales, alors qu'on sait que ces derniers sont lesprincipales victimes de ce fléau. Ces résultats s'expliquent par le caractère traditionnel del'agriculture pratiquée (qui consomme peu d'intrants importables et est peu orientée versl'exportation) et par la faible consommation de produits importables chez les ménages ruraux.Une réduction durable de la proportion de la population vivant au-dessous des seuils nationauxde pauvreté ne pourrait se faire sans une réelle politique de développement rural,principalement en faveur de l’agriculture qui constitue la première activité pourvoyeuse dedenrées de subsistance, d’emploi et de revenu aux plus démunis en Afrique de l’Ouest.Mots clés : Bénin, Burkina Faso, Guinée, Sénégal, libéralisation du commerce extérieur, pauvreté, agriculture, modèle d’équilibregénéral calculable, microsimulation.Ismaël Fofana, John Cockburn et Bernard Decaluwé sont membres du Centre Interuniversitaire sur le Risque, les PolitiquesÉconomiques et l’Emploi (CIRPEE) de l’Université Laval (Canada) et du Réseau de Recherche sur les Politiques Économiqueset la Pauvreté (PEP). Le réseau PEP (www.pep-net.org) est financé par le Centre de Recherches pour le DéveloppementInternational (CRDI). Adresses de correspondance : ifofana@ecn.ulaval.ca et jcoc@ecn.ulaval.ca. Cette version de l’article datede juillet 2006.1

IntroductionLa lutte contre la pauvreté et l'inégalité sociale dans les pays en développement est un des défis majeursdu nouveau siècle. Les politiques adoptées dans ces pays doivent plus que jamais s'adapter à un nouvelordre économique mondial, qui est celui d’une mondialisation des économies de marché par le biais d’unelibéralisation progressive des échanges commerciaux.Bien que le principal argument en faveur du libre échange soit les gains de bien-être apportés aux nationsdu monde, ses partisans reconnaissent qu'il y a des gagnants et des perdants. Face à ce constat, laproblématique de la répartition des gains de l'échange dans les pays en développement, en particulier enAfrique subsaharienne, où les richesses sont déjà très inégalement distribuées, est désormais au centre dudébat sur la mondialisation.Plusieurs études se sont récemment penchées sur les effets de la libéralisation des échanges commerciauxextérieurs sur la distribution du revenu et la pauvreté en Afrique. Certaines arrivent à la conclusionqu’une libéralisation des échanges pourrait être bénéfique aux plus démunis, et contribuerait à laréduction des inégalités entre riches et pauvres dans certains pays. D’autres ressortent des résultats plutôtdéfavorables aux pauvres et indiquent qu'une ouverture des frontières au commerce contribuerait àcreuser les écarts entre les différentes couches sociales. Les pauvres étant généralement dépourvus demoyens et de capacités leur permettant de saisir les nouvelles opportunités offertes par le marché, desétudes proposent que des mesures d’incitation soient mises en place afin de les aider à mieux participeraux gains de l'échange. Cette divergence de résultats des impacts distributifs du libre échange commercialpourrait être imputée non seulement aux spécificités des économies étudiées, mais également à lamultiplicité des outils d'analyse.Si dans certains cas les réformes commerciales ont contribué à l’accroissement des revenus et du bien-êtredes pauvres, il demeure que dans d’autres, elles ont eu des effets pervers, pénalisant les plus démunis dela société. C’est dans le souci de concilier les engagements de reforme commerciale et les objectifs deréduction de la pauvreté que ce travail s’intéresse à l’impact distributif des réformes commerciales dansquatre pays de l’Afrique de l’Ouest : Le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée et le Sénégal. Dans l’optiquede pallier les divergences de résultats émergeant de l’utilisation de différentes méthodologies, il apporteune analyse synthétique des études réalisées dans ces pays à l’aide de la modélisation en équilibre généralmultisectoriel intégrant l’ensemble des ménages d’une enquête représentative de la population.Le reste du document est structuré en quatre sections. Les deux premières donnent un aperçu sur lesperspectives de reforme commerciale en Afrique de l’Ouest et les enjeux de réduction de la pauvreté dansles pays considérés. Ensuite, l’approche méthodologique est brièvement discutée dans la troisièmesection. Nous débattons plus amplement des résultats de simulation d’une libéralisation du commerceextérieur dans la quatrième section, pour enfin conclure par une brève discussion sur les implicationspolitiques.1. Perspectives de reforme du commerce extérieur en Afrique de l’OuestL’intégration économique est aujourd’hui une dimension importante de la politique de développement enAfrique. Dans ce processus, les pays de l’Afrique de l’Ouest ont pris de multiples engagements dans lecadre de leur intégration à l’économie sous-régionale, d’une part, et à celle mondiale, de l’autre. C’estdans cette optique qu’ils ont souscrit à la mise en place d’un programme de libéralisation des échanges ausein de la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest 1 (CEDEAO).1 La CEDEAO compte 15 pays dont le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, laGuinée-Bissau, le Libéria, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Léone et le Togo.2

Une première zone monétaire, l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA), a été crééeen 1995 entre huit pays de la CEDEAO, dont le Bénin, le Burkina Faso et le Sénégal 2 . Ces pays ont encommun le Franc des Colonies Françaises d’Afrique (Franc CFA) comme monnaie unique et ont mis enplace un tarif extérieur commun (TEC) depuis 2000.Des politiques de convergence en matière de stabilité monétaire ont été envisagées pour la création d’uneseconde zone monétaire, la Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO), regroupant la Guinée etquatre autres pays 3 de la CEDEAO. Récemment, d’importantes mesures ont été prises en vue de préparerla mise en place d’un TEC de la ZMAO. Le nom "Eco" a été retenu par les gouverneurs des banquescentrales de la CEDEAO pour désigner la future monnaie commune à ces pays.Ce processus devrait mener, à terme, à la création d’une zone économique et monétaire commune à laCEDEAO. La liberté de circulation des biens et des personnes au sein de la CEDEAO et la ratification parses pays du traité de l’Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA)marquent déjà des progrès importants.En outre, de nouvelles réformes sont en perspective dans le cadre des engagements pris auprès del’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et des accords de partenariat entre les pays d’Afrique, desCaraïbes et du Pacifique (ACP), et l’Union Européenne (UE). Une étape importante a été franchie dans leprocessus de libéralisation des économies africaines avec la signature de l’Accord de PartenariatÉconomique 4 entre les États ACP et l’UE. Un volet important de cet accord demeure le démantèlementprogressif et l’élimination complète d’ici à 2020, de toutes les formes de barrières au commerce de bienset services entre ces entités géographiques.Ainsi, le processus de libéralisation et d’intégration économique en cours en Afrique de l’Ouest devraitcontribuer à la réduction de la pauvreté à travers une dynamisation des échanges de biens et de servicesentre les pays de la sous région, d’une part, mais également avec le reste du monde, de l’autre. Ce nouvelespace économique devrait théoriquement offrir de réelles perspectives de stabilité économique, depromotion des échanges, de soutien à une croissance économique durable et d’amélioration du bien-êtredes populations.2. Enjeux de réduction de la pauvretéLa pauvreté constitue un inquiétant fléau tant dans les pays en développement que développés. Sesconséquences diffèrent d’une région du monde à une autre ; elle va de l’exclusion sociale dans les paysdéveloppés, à la malnutrition, voire la mort dans les pays pauvres. Plusieurs mesures ont été prises pour lacombattre, toutefois, celles-ci n'ont jusqu’ici pas donné les résultats escomptés bien que des améliorationsaient été notées dans plusieurs pays.En effet, l’Afrique subsaharienne demeure la région du globe la moins développée selon l’indice dedéveloppement humain 5 annuellement publié par le Programme des Nations Unies pour le2 La Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger et le Togo sont les autres pays membres de l’UEMOA.3 La Gambie, le Ghana, le Nigeria et le Sierra Léone ; le Libéria y siégeant comme pays observateur.4 L’accord de Cotonou a été conclu pour une durée de 20 ans commençant en mars 2000 et se terminant en février 2020. Il estentré en vigueur en avril 2003, après une période de transition de trois ans correspondant aux délais de ratification.5 L'Indicateur de Développement Humain (IDH) est un indicateur synthétique du niveau de développement d’un pays, qui prenden compte les dimensions quantitatives (produit intérieur brut) et qualitatives (entre autres, espérance de vie à la naissance etniveau d'instruction). L'IDH est un nombre sans unité compris entre 0 et 1. Plus l'IDH se rapproche de 1, plus le niveau dedéveloppement du pays est élevé. Le calcul de l'IDH permet d'établir un classement annuel des pays. A titre d’exemples, l’IDHdes pays de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économique (OCDE) est de 0.911 ; ceux des pays en3

Développement (PNUD). Les résultats d’enquêtes auprès des ménages réalisées au cours de la secondemoitié de la décennie 90 indiquent que deux à trois cinquième des individus vivaient au dessous des seuilsnationaux de pauvreté dans ces pays. Cette situation ne semble pas s’être améliorée, vu la décevanteperformance des économies au cours de la dernière décennie. Plus encore, la pauvreté demeure surtout unphénomène rural en Afrique subsaharienne selon les Documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté 6(DSRP).Dans les prochaines sections, nous présentons successivement les profils de pauvreté du Bénin, duBurkina Faso, de la Guinée et du Sénégal, afin de fournir un aperçu sur les enjeux sociaux sur lesquels lesengagements économiques de ces pays auront probablement des répercussions significatives.Les résultats du questionnaire des indicateurs de base du bien-être de 2003 indiquaient que 22 et 39 pourcent de la population (respectivement 1.5 et 2.6 millions de personnes) pouvaient être considérés comme"extrêmement pauvres" et "pauvres" au Bénin, vu qu’ils n’arrivaient pas à satisfaire, respectivement, letiers et les deux tiers de l’indicateur monétaire de bien-être 7 . En outre, cette étude confirmait la ruralité dela pauvreté dans ce pays avec trois-quarts des pauvres vivant en milieu rural. Les analyses montrent que lapauvreté au Bénin diminue avec le niveau d’instruction. Par ailleurs, les indépendants affichent les indicesde pauvreté les plus élevés alors que les moins pauvres sont les salariés et les retraités. En ce qui concerneles branches d’activités, les secteurs les plus touchés par la pauvreté sont les mines et les carrières, laconstruction, l’agriculture et les transports. Viennent s’y ajouter la production et la transformation enmilieu urbain, puis les services en milieu rural.Les résultats de l'enquête prioritaire de l'Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD)de 2003 confirment la tendance à la paupérisation de la population au Burkina Faso. En effet, au seuil depauvreté de 82672 FCFA par personne et par an retenu par INSD en 2003, 46.4 pour cent de la populationest classée pauvre. Le revenu moyen annuel par habitant est en deçà de 100 dollars États-uniens en milieurural. On estime que 52.3 pour cent de la population rurale vit en dessous du seuil de pauvreté et 23 pourcent dans l'extrême pauvreté.En 1994/95, un peu plus de 40 pour cent de la population guinéenne avait un niveau de consommationinférieur à 300 dollars états-uniens par an et par personne (seuil national de pauvreté). La consommationdes 20 pour cent des individus les plus pauvres représentait à peine 7 pour cent de la consommationtotale, celle des 20 pour cent suivants représentait 10 pour cent, alors que les 20 pour cent les plus richesconsommaient 47 pour cent du total. Le coefficient de Gini était estimé à 0.33. Il existe une grandedisparité entre les régions du pays, certaines étant plus touchées par la pauvreté que d’autres. Il apparaîtainsi que la pauvreté est nettement plus marquée, dans les régions qu’à Conakry, en milieu rural qu’enmilieu urbain. En effet, l’indice de la pauvreté était deux fois plus élevé en milieu rural qu’en milieuurbain, et huit fois plus que le niveau de la capitale "Conakry". Plus encore, les agriculteurs comptantpour 61 pourcent de la population, représentaient 80 pourcent des pauvres dans ce pays. Toutefois, l’écartdes revenus entre les plus riches et les plus pauvres serait nettement plus élevé à Conakry que dans lesrégions naturelles. De même, au sein de chaque région, cet écart serait plus marqué dans les centresurbains que dans les zones rurales selon le DSRP de la Guinée (2002).développement et des pays les moins avancés, respectivement, de 0.663 et 0.446 ; l’Afrique subsaharienne à un IDH de 0.465. En2002, parmi les 30 pays les moins avancés, 27 se trouvaient en Afrique subsaharienne. Le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée et leSénégal occupaient, respectivement, les rangs de 161 ème , 175 ème , 160 ème et 157 ème sur 177 pays classés, avec des IDH de 0.421,0.302, 0.425 et 0.437.6 Elaborés dans le cadre du programme de Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (FRPC) du Fonds MonétaireInternational (FMI).7 Dépense annuelle en équivalent-adulte.4

Le phénomène de la pauvreté touche aujourd’hui des couches de plus en plus larges de la population auSénégal. Les estimations faites à partir de la première enquête sénégalaise auprès des ménages (ESAM 1)de 1995, indiquent que 58 pour cent des ménages vivaient en dessous du seuil de pauvreté estimé à143080 FCFA 8 . L’incidence de la pauvreté est passée à 54 pour cent en 2000, selon la deuxième enquêtesénégalaise auprès des ménages (ESAM 2), indiquant une baisse de 4 points de pour cent. Toutefois, ilfaudrait noter que la proportion des individus pauvres a augmenté en termes absolus entre les deuxpériodes. L’indice de profondeur de la pauvreté qui mesure l'écart moyen de dépense des pauvres parrapport à la ligne de pauvreté est estimé à 22 pour cent en 1995. En d’autres termes, la pauvreté seraitcomplètement éradiquée au Sénégal, si chaque ménage pauvre recevait des ressources supplémentairespar tête équivalant à 22 pour cent du seuil de pauvreté, soit 31478 FCFA par an. Des inégalitésimportantes sont observées entre les zones urbaines et rurales. En 1995, la pauvreté touchait près d’unménage sur cinq (19.4 pour cent) à Dakar, près de deux ménages sur cinq (soit 38.7 pour cent) dans lesautres villes ; et près de quatre ménages sur cinq (80 pour cent) en milieu rural. La contribution desménages ruraux à la pauvreté nationale était de 79.5 pour cent en 1995, alors que celles de Dakar et desautres centres urbains étaient respectivement pour 7.9 pour cent et 12.6 pour cent. La pauvreté n'affectepas uniformément toutes les catégories de ménages définies selon la position du chef sur le marché dutravail. La pauvreté est plus accentuée chez les indépendants agricoles (81 pour cent) et les chômeurs (62pour cent). Les ouvriers, les indépendants non agricoles et les inactifs ont une incidence de la pauvretéproche de la moyenne nationale. Enfin, les cadres supérieurs, les professions intermédiaires et employésont une incidence de pauvreté plus faible comprise entre 10 pour cent et 17 pour cent. Cette extensionconstatée de la pauvreté s’est accompagnée d’une forte concentration des revenus. Le coefficient de Giniqui mesure le degré d’inégalité dans la répartition des revenus était estimé à 0.48 en 1995. Ainsi 40 pourcent des ménages les plus pauvres perçoivent à peine 17 pour cent des revenus tandis que les 10 pour centles plus riches bénéficiait de 44 pour cent des revenus distribués dans le pays.Au delà de ses aspects monétaires, la pauvreté présente plusieurs autres aspects qui traduisent la privationde la satisfaction de certains besoins essentiels, entre autres, l’instruction, les services de santé, l’eaupotable, la nutrition, le pouvoir décisionnel sur des évènements affectant l’existence personnelle del’individu. C’est ainsi qu’à l’aube du nouveau millénaire, plusieurs pays en développement se sontengagés à entreprendre des reformes économiques dans le but de réduire la pauvreté et poser les jalonsd’une croissance économique soutenable. Celui-ci a abouti à la rédaction d’un DSRP qui retrace lasituation socioéconomique du pays et les mesures envisagées pour la réalisation des objectifs de réductionde la pauvreté.3. MéthodologieDepuis de nombreuses années les économistes se sont intéressés au développement de méthodes pourcapter les impacts de politiques et chocs macroéconomiques sur la distribution de revenu et la pauvretédans les pays en développement. Vu l’interdépendance économique et les effets de rétroactions descomportements des agents économiques, ce type de questionnement s’insère idéalement dans d’unmodèle d’équilibre général calculable (MEGC) 9 , prenant en compte la structure de l’économie dans sonensemble et les interrelations entre les différents agents économiques. L’analyse en équilibre générale aen outre l’avantage de présenter une vue d’ensemble de l’économie et des canaux de transmission deschocs sur les agents microéconomiques tout en tenant compte des contraintes macroéconomiques 10 àl’intérieur desquels ils opèrent.8 DPS à partir des données de ESAM1.9 Cette vision d’un système économique interdépendant a été théorisée pour la première fois par Léon Walras en 1877 dansl’ouvrage intitulé « Éléments d’économie pure » et formalisée par la suite par Arrow et Debreu à la fin des années 50. Ledéveloppement de l’outil informatique et les importants travaux qui ont suivi, ont permis la conception et l’usage d’un instrumentd’analyse appliqué : le modèle d’équilibre général calculable (MEGC).10 Équilibre investissement-épargne, contrainte budgétaire du gouvernement et contrainte extérieure.5

Un MEGC est un système d'équations simulant le fonctionnement d'une économie de marché. Il doit êtrepréalablement calibré sur l'économie qu’on se propose d'étudier. Pour ce faire, les modélisateurs ontgénéralement recours à une matrice de comptabilité sociale (MCS), qui est un tableau à double entréecontenant des informations sur l'ensemble des transactions économiques d'un pays. La plupart deséquations du modèle ont des fondements microéconomiques rigoureux spécifiant comment les quantitésdemandées et offertes répondent aux variations des prix dans chacun des marchés. Par ailleurs, lescomportements des agents ne peuvent aller à l’encontre du cadre macroéconomique sous-jacent, de sorteque la conceptualisation du fonctionnement de l’économie permet également une analysemacroéconomique rigoureuse.Les MEGC intègrent généralement un nombre restreint de catégories de ménages (ménagesreprésentatifs), limitant ainsi leur utilisation dans l’analyse de la pauvreté et la distribution de revenu. Eneffet, les indicateurs 11 utilisés dans cette dernière requièrent des données de ménages ou d’individus. Lecaractère semi-agrégé de l’analyse traditionnelle en équilibre général interdit ainsi toute comparaisondirecte des analyses micro-économiques s’appuyant sur les enquêtes ménages avec les résultats obtenusdes MEGC 12 . De ce constat, l’intégration d’un grand nombre de ménages s’avère nécessaire pour uneanalyse adéquate des impacts distributifs des politiques macroéconomiques.Ainsi, de plus en plus d’analystes choisissent d’établir un pont entre le MEGC et les données des ménagesd’une enquête nationale représentative. Dans l’état actuel de nos connaissances, trois approches peuventêtre identifiées.Selon la première approche, dont les premiers travaux remontent à [Dervis, de Melo et Robinson (1982)]dans les années 80, l’on peut approximer les impacts des chocs macroéconomiques sur la pauvreté enpostulant que chaque catégorie de ménage identifiée dans le MEGC est en fait un agrégat de ménageshétérogènes dont on peut saisir l’hétérogénéité si l’on connaît la forme fonctionnelle de distribution desrevenus intra-catégorie. Ainsi plusieurs formes de fonction de distribution ont été proposées (distributionnormale, Pareto, Bêta, etc.) afin de capter l’hétérogénéité intra-catégorie des ménages. Postulant que cettedistribution reste inchangée avant et après le choc, il est alors possible de calculer les variations dans lesindicateurs de pauvreté usuels 13 .Une deuxième approche préconise l'approche "top-down". Elle consiste d’abord à construire un MEGCstandard pour simuler l’impact de chocs macroéconomiques sur les prix des facteurs de productions et surles prix des produits et des services. Ensuite, les informations détaillées des enquêtes ménages sontutilisées pour estimer les nouveaux vecteurs de revenu et de consommation après le choc afin de calculerles nouveaux taux de pauvreté avec une modélisation micro-économique plus ou moins sophistiquée[Robillard et al. (2001)]. Toutefois, cette méthode, même si elle permet de prendre en comptel’hétérogénéité des ménages du point de vue de leurs dotations factorielles et de leurs préférences deconsommation, omet de prendre en compte les effets de rétroaction (feedback) des ménages réels sur lesrésultats du MEGC.11 La fonction de densité, les courbes de Lorenz, l’analyse de dominance, les indicateurs d’inégalité d'Atkinson et de Gini, lesindices de Pauvreté FGT, etc.12 Voir, par exemple, les premiers travaux dans ce domaine par Decaluwé, Savard et Thorbecke et l’étude de Decaluwé, Dumontet Savard qui, à notre connaissance, est la toute première étude portant sur l’intégration d’une approche multi–ménages dans uncadre d’équilibre général.13 Voir, par exemple, [Dervis, de Melo et Robinson (1983)]; [De Janvry, Sadoulet et Fargeix (1991)]; [Decaluwé, Savard etThorbecke (1999)]; et [Boccanfuso, Decaluwé, Savard (2003)]. Dans cette dernière étude, les auteurs font une comparaison desrésultats obtenus en utilisant sept formes fonctionnelles différentes.6

Pour pallier cet inconvénient, de récentes études, entre autres, [Cogneau et Robillard (2000)], [Cockburn(2001)], suivant les propositions présentées dans [Decaluwé, Savard et Dumont (1999)] 14 ont choisid’intégrer dans un MEGC standard chacun des ménages d’une enquête-ménages. Cette approche revient àconstruire un MEGC avec un nombre de catégories de ménages équivalent au nombre de ménages d’uneenquête nationale représentative, contournant ainsi l’hypothèse de l’agent représentatif. De ce fait lescomportements microéconomiques des agents sont directement pris en compte dans le cadremacroéconomique et les effets d’interdépendance et de rétroaction sont complètement intégrés à larésolution du MEGC.• ModèleLe modèle utilisé dans cette étude s’inscrit dans la théorie néoclassique de l’équilibre général à laquellenous intégrons quelques spécifications structuralistes de sorte que la conceptualisation du fonctionnementde l’économie permet également une analyse macroéconomique rigoureuse. Il s’agit d’un MECG 15applicable à une petite économie ouverte pour laquelle les prix mondiaux sont exogènes, intégrant tous lesménages d’une enquête auprès des ménages 16 [Cockburn (2001)]. Le modèle retrace la production, laconsommation et la formation des prix dans une économie où les consommateurs et les producteurs, dansleur comportement de maximisation du bien-être et du profit, réagissent aux prix relatifs qui assurent demanière simultané l’équilibre de l’offre et la demande sur tous les marchés.La plupart des hypothèses sont celles d’un MEGC standard, toutefois, le modèle présente des spécificités.La plus importante est la restriction sur la mobilité des travailleurs à l’intérieur de trois blocs de secteurs :(i) les administrations publiques, (ii) l’agriculture, et (iii) l’industrie et les services privés. Ainsi, lestravailleurs sont immobiles entre ces blocs de secteurs, mais mobiles à l’intérieur de chaque bloc 17 .Le bouclage macroéconomique du modèle se présente comme suit :- Les marchés des biens et services sont parfaitement concurrentiels; Les prix y sont déterminés par le jeude l’offre et de la demande. Les prix à la consommation sont cependant modifiés par les interventions del’État à travers sa politique fiscale (taxes et subventions).- Nous supposons le plein emploi du facteur travail dont les rémunérations proviennent du jeu de l’offre etde la demande dans les différents marchés. Nous distinguons donc un marché pour la main d’oeuvreagricole et un autre marché pour la main d’oeuvre non agricole privée. Les facteurs engagés dans les14 Dans leur étude, [Decaluwé, Dumont et Savard (1999)] utilisent des données fictives d’une enquête-ménages pour comparerles résultats d’un modèle MEGC microsimulé (avec 150 ménages) avec ceux d'un modèle standard ayant trois catégories deménages. Au contraire, les travaux de Cogneau et Robillard et de Cockburn portent sur des données réelles observées auMadagascar et au Népal, respectivement.15 Variante de l’archétype "EXTER" [Decaluwé, Martens et Savard (2001)].16 L’approche "top-down" [Robillard et al. (2001)] a été utilisée pour retracer les impacts distributifs de la libéralisation ducommerce extérieur en Guinée.17 Ces restrictions à la mobilité du travail nous paraissent opportunes si l’on considère qu’il est peu probable que le volume detravail du secteur public puisse varier de manière spontanée (c'est-à-dire sans une décision politique exogène) suite à la mise enœuvre de reformes commerciales. Autrement dit, le secteur public ne pourrait pas servir de «sanctuaire» aux travailleurs licenciésdans les autres secteurs suite à la libéralisation des échanges extérieurs. En outre, l’agriculture constitue la principale activité destravailleurs ruraux. Ainsi en restreignant la mobilité du travail entre la ville et la campagne nous pensons être plus réaliste quantaux possibilités pour les travailleurs ruraux de saisir d’éventuelles opportunités d’emploi dans le secteur non agricole en milieuxurbains. Il nous semble que l’idée d’une parfaite mobilité des travailleurs entre les milieux urbains et ruraux est une hypothèsetrop forte (vu que nous ne traitons pas explicitement le phénomène d’exode rural). Ainsi, lorsque des opportunités de travailémergent dans le secteur non agricole, essentiellement en milieu urbain, il est peu concevable que les ruraux puissent enbénéficier au même titre que les urbains. À l’inverse, les activités agricoles (le milieu rural en général) s’avèrent peu attrayantespour les urbains même lorsque celles-ci sont en expansion.7

administrations publiques sont étroitement liés au volume d’activité de celles-ci; leur rémunération estconstante en terme réel.- Le capital privé (agricole et non agricole) est supposé exogène et spécifique à chaque secteur d’activité.La dotation en capital des ménages est également exogène et rémunérée au taux de rendement moyen ducapital agricole et non agricole privé.- La production des administrations publiques est exogène, fixée à son niveau de l’année de base, comptetenu du fait que nous n’appréhendons pas explicitement leur impact sur la pauvreté des ménages. Parconséquent, les niveaux de travail, de capital et d’intrants intermédiaires des administrations publiquessont également exogènes. Toutefois, les dépenses publiques demeurent endogènes à travers les prix.- Le revenu du Gouvernement et l’épargne publique sont endogènes. L’ajustement de l’épargne publiqueassure l’équilibre investissement-épargne; tandis que celui des revenus couvre les dépenses publiques etassure l’équilibre budgétaire en prenant en compte la perte des recettes douanières engendrée par lasuppression complète des tarifs douaniers. Cette dernière est réalisée à travers un mécanisme decompensation de la perte de revenu de l’État, consistant en l’instauration d’une taxe additionnelle (directeou indirecte). La taxe compensatrice est introduite de manière uniforme afin de distinguer les effetsdistorsionnaires de la fiscalité intérieure de ceux liés aux tarifs douaniers sur les produits importés.- La balance du compte courant (épargne extérieure) est également fixe en termes réels, ainsi que le tauxde change nominal qui représente le numéraire ou le prix référentiel du modèle; les variations de prixdoivent donc être interprétés par rapport aux prix extérieurs; le taux de change réel 18 assure l’équilibre deséchanges;- Les quantités de biens achetées pour l’investissement (formation brute de capital fixe) et leschangements de volume des stocks sont fixés à leur niveau de l’année de base afin d’inhiber les effetsdynamiques des interactions entre la libéralisation des échanges commerciaux extérieurs et la croissancesur le bien-être des ménages, à travers la modification du niveau d’investissement.• DonnéesConstruire un MEGC standard requiert la disponibilité d’une matrice de comptabilité sociale (MCS) avecune ou plusieurs catégories de ménages et des estimations des paramètres non calibrés. En outre,l’intégration de tous les ménages d’une enquête représentative de la population dans un MEGC requiertdes vecteurs de revenus et de dépenses des ménages enquêtés, organisés selon la structure (désagrégation)de la MCS tant du coté des différentes sources de revenus que des catégories de dépenses deconsommation.La structure et les dimensions de la MCS sont présentées l’Annexe 1. Les paramètres non calibrésproviennent de sources extérieures; l’absence d’estimations économétriques de ces paramètres dans leséconomies étudiées nous a amené à emprunter leurs valeurs à la littérature des MEGC et aux étudesempiriques réalisées dans des économies similaires 19 .Les vecteurs de revenus et dépenses des ménages sont construits à partir des enquêtes auprès desménages. Les revenus de cette dernière sont essentiellement constitués de salaires, de profits dégagés desactivités de production, de revenus de location, et de revenus de transfert. Ces revenus sont consacrés àl’acquisition de produits de consommation, aux impôts et taxes directs, et aux transferts. L’écart entre les18 Ratio des prix extérieurs, évalués en monnaie nationale par le taux de change nominal, et des prix intérieurs.19 Des détails sur la paramétrisation dans les MEGC sont apportés par Annabi, Cockburn, et Decaluwé (2006).8

evenus et les dépenses est épargné/désépargné par le ménage. Les revenus du travail non-salarié ont étéestimés à l’aide d’informations sur les heures travaillées et les salaires reçus par les individus. Ceux-ci ontservi à l’imputation des profits aux différents facteurs exploités directement par le ménages (travail etcapital). Au terme de la procédure de collecte et d’estimation des données, nous avons d’abord procédé àl’ajustement des vecteurs revenus et dépenses des ménages, avant de les concilier aux données de la MCSsuivant l’approche proposée par [Fofana et Cockburn (2003)].4. Simulation et résultatsNous simulons la libéralisation du commerce extérieur par une réduction unilatérale des tarifs douanierssur les produits importés par le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée et le Sénégal. Au regard des multiplesengagements dans le cadre de l’intégration à l’économie sous-régionale, d’une part, et à celle mondiale,de l’autre, le démantèlement des tarifs douaniers constitue une importante composante de l’agendapolitique de ces pays. Toutefois, la reforme commerciale ne se limite pas à la seule réduction des barrièrestarifaires. Bien que les barrières non tarifaires (quota d’importation, licences et permis d’importation, etc.)soient tout aussi importantes, celles tarifaires constituent encore la principale mesure protectionniste etune importante source de revenu fiscal dans ces pays : 46 pour cent des revenus mobilisés en Guinée(1998), 43 pour cent au Bénin (1999), 34 pour cent au Sénégal (1996), et 20 pour cent au Burkina Faso(1999).Notre simulation porte sur une réduction complète (100 pour cent) des tarifs douaniers au Bénin, BurkinaFaso et Sénégal, et une réduction partielle (50 pour cent) des taux de tarifs observés 20 en Guinée. Pourcombler la perte de recettes douanières engendrée par la suppression complète des tarifs douaniers, noussupposons que ces États introduisent une taxe compensatrice uniforme pour assurer le rééquilibragebudgétaire. Cette taxe est prélevée sur la valeur ajoutée au Bénin, au Burkina Faso et au Sénégal, et surles ventes intérieurs (produits locaux et importés) en Guinée.• Effets sur la pauvreté et le bien-être des populationsL’élimination des tarifs douaniers affecte le bien-être des ménages à travers la modification des prix dansl’économie étant donné notre hypothèse de dotations factorielles fixes et d'offre exogène de travail. Leschangements dans les prix des facteurs de production affectent directement les revenus des ménages, àtravers leurs dotations factorielles. Les changements dans les prix à la consommation affectent le revenuréel et le bien être des ménages à travers la structure de leur panier de consommation.En tenant compte des hypothèses émises et des seuils nationaux de pauvreté, la réduction des barrièrestarifaires accroîtrait la pauvreté au Bénin et en Guinée, alors que les indices de pauvreté restent inchangéset baissent, respectivement, au Burkina et au Sénégal (Tableau 1). La réduction des tarifs douaniers estrelativement plus favorable aux ménages des milieux urbains que ceux des milieux ruraux.Dans une analyse graphique plus fine, nous testons la robustesse de ces résultats au Bénin, au Burkina etau Sénégal, en utilisant une variété de seuils de pauvreté allant de zéro à trois fois le seuil de pauvretéofficiel. L’analyse des graphiques 1, 2 et 3 confirme, pour le Bénin et le Sénégal, les impacts moinsfavorables en milieu rural où la pauvreté augmente de manière importante pour un large intervalle deseuils de pauvreté.20 Ces taux sont dérivés en divisant la valeur des taxes douanières collectées par la valeur totale des importations. Les taux detarif observés peuvent différer des taux officiels à cause des exemptions.9

Tableau 1: Indices de pauvretéSeuil de PauvretéFGT 0 FGT 1 FGT2en FCFA* Avant Après Écart Avant Après Écart Avant Après ÉcartBénin 74 088 22.7 23.7 1.0 6.0 6.3 0.3 2.3 2.5 0.1Urbain 74 088 14.6 15.0 0.4 3.8 3.8 0.0 1.5 1.5 0.0Rural 74 088 27.4 28.7 1.3 7.3 7.7 0.1 2.8 3.0 0.2Burkina Faso 72 690 45.3 45.3 0.0 13.7 13.8 0.0 5.9 5.9 0.0Urbain 72 690 16.5 16.5 0.0 4 4 0.0 1.5 1.5 0.0Rural 72 690 51 51 0.0 1.5 1.5 0.0 6.8 6.8 0.0Guinée* 1 349 814 40.0 40.3 0.3 14.3 14.5 0.2 6.7 6.8 0.1Urbains 1 349 814 9.5 9.5 0.0 2.5 2.4 0.1 0.9 0.9 0.0Ruraux 1 349 814 54.9 55.3 0.4 20.1 20.3 0.2 9.5 9.6 0.1Sénégal 143 080 65.2 65.0 -0.2 25.3 25.8 0.5 12.7 13.2 0.5Dakar 287 255 71.1 70.6 -0.5 27.7 27.3 -0.4 13.5 13.3 -0.2Autres Urbains 156 585 52.3 51.8 -0.6 14.8 14.4 -0.4 5.6 5.5 -0.2Ruraux 102 585 62.7 64.0 1.3 21.0 22.1 1.1 9.4 10.1 0.7Légende : FCFA = Franc CFA; * Guinée : Le seuil de pauvreté est évalué en Franc Guinéen; FGT = indice de Foster, Greer et Thorbecke (1984);FGT0 = indice de la pauvreté; FGT1 = profondeur de la pauvreté; FGT2 = sévérité de la pauvreté; 1 349 814 FG = 300 Dollars États-Uniens.Au Bénin (Graphique 1), l'incidence de la pauvreté augmente surtout pour des seuils de pauvreté allant duseuil officiel (74,088 FCFA) à presque son double (environ 135,000 FCFA). Cela nous indique que cesont surtout les pauvres modérés qui écopent, alors que la pauvreté extrême augmente dans une moindremesure suite à la libéralisation. En milieu rural, le constat est le même, bien que les impacts sont plusforts que pour la population en générale. En contraste, en milieu urbain, on constate des réductions dansl'incidence de la pauvreté pour des seuils plus élevés (à partir de 125,000 FCFA. Les indicateurs de laprofondeur et de la sévérité de la pauvreté suivent à peu près une tendance similaire (Annexes 2 et 3).Graphique 1: Écart de fréquence - Pourcentage de pauvres (Bénin)Seuil de pauvreté officiel du Bénin : 74 088 FCFA.Au Burkina Faso, nous observons un accroissement de la proportion des pauvres (concentration de lamajorité des points au dessus de la ligne zéro). Une hausse de la pauvreté est observée pour la plupart desseuils choisis à la fois en milieux urbains et ruraux (Graphique 2). Toutefois, aucune tendance particulièren’a été observée entre les plus pauvres et les pauvres modérés, d’une part, et entre les milieux urbains etruraux, de l’autre. La profondeur et la sévérité de la pauvreté augmentent davantage en zones ruralesqu’urbaines (Annexes 4 et 5).10

Graphique 2: Écart de fréquence - Pourcentage de pauvres (Burkina Faso)Seuil de pauvreté officiel du Burkina Faso : 72 690 FCFAAu Sénégal en général et dans le milieu rural en particulier, la pauvreté, et notamment la pauvretéextrême, augmentent. En milieu urbain, on constate une réduction générale de la pauvreté peu importe laligne de pauvreté choisie, bien que ce soit particulièrement forte pour la pauvreté modérée (Graphique 3).La tendance est maintenu pour les autres indices de pauvreté (Annexes 6 et 7).Graphique 3: Écart de fréquence - Pourcentage de pauvres (Sénégal)Seuils de pauvreté officiels : Sénégal =143 080 FCFA, Dakar=287 255 FCFA, Autres urbains=156 585 FCFA, et Ruraux=102 585 FCFA.L’analyse de bien-être fait intervenir l’hétérogénéité de la structure des paniers de consommation desménages avec un effet-prix spécifique à chaque ménage 21 . Nous constatons que la réduction unilatéraledes barrières tarifaires détériore le bien être des ménages et donc que la baisse des prix à la consommationn’a pu compenser celle du revenu (Tableau 2). Au niveau global, seuls les ménages sénégalais observentune légère amélioration de leur bien être. A l’instar des analyses précédentes, cette mesure profite auxménages urbains, qui enregistrent un accroissement de leur bien-être, alors que les ménages ruraux voientdiminuer leur bien-être.21 Ceci n’est pas le cas de l’analyse ultérieure de la pauvreté qui fait intervenir un effet-prix global à travers une ligne de pauvretéendogène. En effet, la pauvreté-revenu est évaluée par rapport à un panier de consommation unique, sensé satisfaire les besoins"minimaux" de tout individu.11

Tableau 2 : Analyse de bien-êtreRevenu nominal*Indice des prix à laconsommation*Bien-être**Bénin -11.5 -11.1 -0.11Urbain -10.0 -11.0 0.72Rural -12.6 -11.2 -0.73Burkina Faso -6.5 -6.7 -0.07Urbains -6.5 -7.0 0.21Ruraux -6.6 -6.3 -0.29Guinée -8.11 -7.15 -0.32Urbains -7.90 -7.95 0.01Ruraux -8.35 -7.67 -0.70Sénégal -12.5 -12.2 0.02Urbains -11.5 -11.8 0.40Ruraux -14.5 -12.8 -0.77Légende : * Variation en pour cent du niveau initial; ** Variation en pour cent du revenu nominal initialEn somme, la suppression unilatérale des tarifs douaniers sur les importations au Bénin, au Burkina Faso,en Guinée, et au Sénégal (et l’instauration d’une taxe compensatrice) ne contribuerait pas à réduire lapauvreté dans ces pays. La reforme est relativement plus défavorable aux ménages ruraux qui observentune nette détérioration de leur bien-être et une augmentation de leur pauvreté.Pourquoi la libéralisation des échanges commerciaux est-elle défavorable aux ruraux et aux plus pauvresdans ces pays? Quelles sont les causes de l’augmentation de la proportion des pauvres en milieu rural? Laréponse à ces interrogations requiert une analyse approfondie de la formation des prix dans l’économie etleurs répercussions sur les revenus et les dépenses des ménages.• Effets sur les échanges commerciaux et les activités sectoriellesLes effets directs et indirects de la libéralisation des échanges commerciaux sur la production sectoriellepassent par trois principaux canaux de transmission :- La concurrence accrue des importations sur le marché intérieur;- L’augmentation des exportations à travers la dévaluation du taux de change réel;- La réduction du coût des produits intermédiaires et des biens d’investissement.Dans les prochaines sections, nous retraçons successivement les canaux de transmission du choc delibéralisation des échanges commerciaux extérieurs en mettant en relief les divergences de résultatsimputables aux spécificités des économies étudiées.oConcurrence accrue des importationsL'effet direct de l’élimination des tarifs douaniers se traduit par la réduction des prix à l’importation,menant à une baisse de la demande intérieure des produits locaux en faveur de ceux importés. Cet effetest d'autant plus important que les taux initiaux de tarif observés (ratio des recettes douanières et desimportations en valeur) et de pénétration des importations (part des importations dans la demande locale)sont élevés dans un secteur. Par conséquent, la production et les prix ont tendance à baisser dans lessecteurs concernés.Le Tableau 3 retrace les taux initiaux de tarifs observés et de pénétration des importations, et les partsdistributives des importations pour les trois secteurs d’activités (agriculture, industries et services) des12

économies considérées. Elles montrent que les importations de ces pays sont principalement axées sur lesproduits manufacturiers qui présentent des taux de tarifs légèrement plus élevés, à l’exception du Bénin,pays pour lequel l’agriculture reste le secteur le plus "protégé".En effet, la demande intérieure de produits manufacturiers de ces pays est principalement satisfaite par lesimportations, le secteur manufacturier, en général au stade embryonnaire, étant incapable de répondre aubesoin national (Annexe 8). Suite à notre simulation de libéralisation commerciale, l’accroissement desimportations (en termes absolus) est surtout significatif pour les produits agroalimentaires, le textile et lesbiens manufacturiers durables qui présentent des taux initiaux de tarif et de pénétration les plus élevés. Cesont ces activités qui enregistrent aussi une réduction plus importante des prix et volumes de vente locale.Tableau 3: Structure des importations de biens et servicesTaux detarifTaux de pénétration desimportationsPart distributive desimportationsBénin 1999 20.6 22.3 100.0Agriculture 24.8 4.7 6.0Industrie 22.2 44.8 86.0Services 0.0 6.2 8.0Burkina 1999 13.1 13.9 100.0Agriculture 11.8 3.0 4.6Industrie 13.8 34.2 90.3Services 0.0 1.7 5.1Guinée 1998 28.6 14.6 100.0Agriculture 24.8 5.9 8.6Industrie 29.0 52.0 91.4Services 0.0 0.0 0.0Sénégal 1996 23.0 13.8 100.0Agriculture 17.9 7.6 7.3Industrie 26.9 29.1 80.8Services 0.0 3.4 11.9Bien que le secteur agricole présente des taux initiaux de tarif relativement élevés, allant de 12 à 25pourcent selon le pays, les faibles taux initiaux de pénétration des produits agricoles importés (3 à 8pourcent) comparés à ceux des produits industriels (29 à 52 pourcent) empêchent un accroissementsubstantiel (en termes absolus) des importations de produits agricoles suite à la suppression des tarifsdouaniers comparé aux importations industrielles.oAugmentation des exportationsLa baisse générale des prix domestiques suite à la libéralisation commerciale entraîne une dépréciation dutaux de change réel et une augmentation des exportations. Les premiers bénéficiaires de cet accroissementdes exportations sont les secteurs disposant initialement d’une importante capacité à l’exportation(intensité à l’exportation plus élevée). Ceci permet de contrecarrer la baisse dans la demande intérieureengendrée par la concurrence accrue des produits importés de sorte que la production et les prix onttendance à augmenter dans ces secteurs.La structure des exportations est relativement plus diversifiée par opposition à celle des importations.Toutefois, les quatre économies présentent en commun une faible contribution du secteur agricole auxexportations (Tableau 4). Les exportations béninoises sont surtout axées sur le textile, l’agroalimentaire et13

les services privés 22 . Au Burkina Faso, ce sont surtout les industries d’extraction, du textile et de cuir(produits de l’artisanat) qui profitent des opportunités offertes par le marché extérieur. L’industrie minièredemeure la principale activité exportatrice de la Guinée, alors que le Sénégal présente une activitéexportatrice plus diversifiée : pêche, industries alimentaires et chimiques, et services privés(communication, tourisme et service aux entreprises). De manière générale, ce sont ces activités quibénéficient de l'expansion des exportations consécutive à la libéralisation des échanges commerciauxextérieurs.Tableau 4: Structure des exportations de biens et servicesIntensité àl'exportationPart distributive desexportationsBénin 1999 19.1 100.0Agriculture 6.5 10.4Industrie 17.9 28.1Services 29.6 61.6Burkina 1999 6.0 100.0Agriculture 4.2 16.3Industrie 15.2 79.3Services 0.6 4.4Guinée 1998 13.3 100.0Agriculture 4.8 7.6Industrie 47.4 84.9Services 1.8 7.5Sénégal 1996 11.1 100.0Agriculture 0.7 0.8Industrie 19.7 62.4Services 7.8 36.8oRéduction du coût des produits intermédiaires et des biens d’investissementA travers la baisse des prix à l’importation et, par conséquent, des prix de vente intérieure, lalibéralisation commerciale réduit les coûts de production locale dans les secteurs à forte consommationintermédiaire, particulièrement ceux qui consomment surtout des intrants provenant des secteursinitialement protégés.La réduction du coût des intrants suite à la libéralisation commerciale peut être appréhendée en comparantles variations des prix à la valeur ajoutée par rapport aux prix à la production. En général, les prix de lavaleur ajoutée baissent moins que les prix à la production, signifiant que, en moyenne, la libéralisationcommerciale fait baisser les coûts des intrants plus que les prix à la production, étant donné qu'une partiede ces intrants est importée (Annexes 9 à 12).Au niveau sectoriel, nous constatons que cet écart varie considérablement et, par conséquent, lesvariations des prix à la valeur ajoutée se distinguent à plusieurs niveaux de celles des prix à la production.Les secteurs industriels et les services privés sont les grands bénéficiaires de la réduction du coût desintrants, de telle sorte que les prix à la valeur ajoutée baissent moins comparativement aux prix à laproduction. L'effet bénéfique sur certaines industries est très important au point que le prix à la valeurajoutée augmente suite à une réduction importante du prix de leurs principaux intrants (Annexes 9 à 12).22 Principalement les activités d’importation et d’exportation vers les pays voisins.14

En revanche, les baisses de prix à la valeur ajoutée des branches agricoles sont plus importantes que cellesdes prix à la production en Guinée et au Sénégal, témoignant que celles-ci ont très peu bénéficié de laréduction du prix des intrants suite à la libéralisation des échanges commerciaux. Bien que les prix à lavaleur ajoutée baisse relativement moins que les prix à la production au Bénin et au Burkina, les baissesde prix à la valeur ajoutée agricoles demeurent plus importantes que celles non agricoles dans ces pays.Ce sont ces prix qui s’avèreront déterminant dans la distribution du revenu et le bien-être des populations.Finalement, la réduction des barrières douanières sur les importations engendre une baisse du coût desbiens d’investissement, avec pour conséquence immédiate (court terme) un accroissement de la demandedomestique pour ces biens. Vu que ces derniers sont principalement importés, l’effet de réduction du coûtdes biens d’investissement sur l’offre locale est moins important que les premiers. Toutefois, la réductiondu coût des investissements a plutôt un effet significatif sur l’accroissement du stock de capital productif(accumulation), en particulier dans les secteurs à fort taux de rendement. Ces effets dits de second ordre(moyen terme) ne sont cependant pas appréhendés dans notre analyse.Évidemment, ces effets se combinent à l'intérieur de chaque secteur, l'effet prédominant dépendant descaractéristiques propres au secteur. C’est ainsi que les branches intensives à l'exportation : "industrie ducoton", "industries alimentaires", "services privés de réexportations", et "agriculture industrielle" (dontla culture du coton), bénéficient principalement de la suppression des tarifs douaniers au Bénin. Enrevanche, les autres secteurs industriels : principalement "l’industrie manufacturière non alimentaire" et"l’industrie du textile" se contractent étant donné leurs forts taux initiaux de tarif et de pénétration desimportations, leurs faibles intensités à l'exportation, et la faible réduction du coût de leurs intrants(Annexe 9).Ce sont les secteurs "textiles/habillement" et "cuir/chaussures" qui contribuent le plus à l'augmentationdes exportations du Burkina consécutive à la libéralisation commerciale. Ces secteurs sont rejoints par"l’industrie extractive" et "l’agriculture de rente" (dont la culture du coton) et "l’élevage". À l'opposé, lesautres secteurs industriels présentant de forts taux initiaux de tarif et de pénétration des importations, et defaibles intensités à l'exportation et d’utilisation des intrants (surtout importés) se contractent : "produitschimiques", "papier", "caoutchouc et plastique", "meubles", et "autres produits alimentaires" (Annexe10).En Guinée, ce sont les "industries minières" (bauxite et alumine, autres industries minières) et les"services de construction" qui sortent gagnantes de la reforme au détriment des "industriesagroalimentaires", des "autres industries", et des "services électricité et eau" (Annexe 11).Ce sont surtout les "services privés" qui bénéficient de cette reforme commerciale au Sénégal enenregistrant une amélioration de leur niveau d’activité et une réduction moins significative de leur prix,du fait de l’absence d'importations dans ce secteur et les effets d’exportation et de réduction de coûts desintrants qui leur ont été favorables. Trois grands secteurs : "produits chimiques", "abattagetransformation" et "conservation de viande et poisson", et les "autres services marchands"(principalement le tourisme) comptent pour plus de la moitié des exportations sénégalaises. Ils sont suivisde la "pêche industrielle" 23 , de "l’industrie des corps gras", du "transport et communication", et des"services aux entreprises" qui comptent pour qui représente plus du tiers des exportations sénégalaises, etdes industries d’extractions. Ce sont surtout le "secteur agricole" et les "industries de biensmanufacturiers" qui se contractent dans ce pays (Annexe 12).23 La classification du TES est telle que la pêche artisanale est comprise dans l’ensemble agriculture.15

D’une manière globale, malgré la forte concurrence des produits importés qui a entraîné un recul plusimportant de son niveau d’activité, les opportunités de vente extérieure et la réduction des coûts d’intrantsse sont révélées plus profitables aux secteurs non agricoles par rapport au secteur agricole dans les paysconsidérés.• Effets sur la rémunération des facteursL’agriculture et les services privés sont les principaux secteurs pourvoyeurs de revenu de travail, commele démontre la structure de la rémunération sectorielle du travail dans les économies considérées(Graphique 4). Toutefois, il convient de noter que par opposition au Bénin et à la Guinée, la contributiondu secteur secondaire est relativement importante au Burkina Faso et au Sénégal.Graphique 4: Structure de la rémunération sectorielle du facteur travail100%80%60%40%20%0%Bénin Burkina Faso Guinée SénégalAgriculture Industrie Services privés Administration publiqueLes prix des facteurs sont étroitement liés à la demande sectorielle, telle qu'elle est captée par lesvariations dans les volumes et prix à la valeur ajoutée 24 . En effet, la valeur ajoutée est distribuée auxfacteurs de production sous forme de rémunération. La variation du prix de la valeur ajoutée se traduit parune variation des taux de salaire et/ou des taux de rendement du capital.Nous avons vu que la suppression des tarifs douaniers est relativement moins favorable aux branchesagricoles qui, avec la concurrence accrue des importations, profiteraient moins d’un accroissement desexportations et d’une réduction du coût des intrants productifs. Par conséquent, les facteurs utilisés demanière plus intensive dans les branches agricoles devraient enregistrer un recul nettement plus importantde leur taux de rémunération.Effectivement, étant donné la plus forte réduction des prix à la valeur ajoutée dans le secteur agricole auBénin et au Sénégal, les salaires bruts et les taux de rémunération du capital baissent plus dans lessecteurs agricoles que non agricoles (Tableau 5). En Guinée se sont plutôt les rémunérations des facteursutilisés dans les services privés et l’agriculture qui enregistrent les baisses les plus importantes comparé àceux des branches industrielles (Tableau 6). Les facteurs utilisés dans les branches agricoles enregistrentun recul moins important de leur taux de rémunération au Burkina Faso (Tableau 5). Cette situations’explique par le fait que les branches agricoles d’exportation (coton et élevage), qui croissent sous l'effetde la libéralisation commerciale, ont une contribution importante au revenu agricole dans ce pays, bienplus que dans les autres pays 25 .24 Prix à la production diminué du coût des intrants.25 Seul 18 pourcent des revenus agricoles proviennent de l’agriculture d’exportation au Bénin et Sénégal, alors que cetteproportion passe à 43 pourcent au Burkina Faso.16

Tableau 5 : Variation des taux de rémunération des facteurs (Bénin, Burkina et Sénégal)Bénin Burkina Faso SénégalTravail -11.8 -6.5 -12.7Privé agricole -15.9 -6.0 -19.0Privé non agricole -7.9 -6.8 -10.5Public -11.7 -6.5 -13.0Capital -11.1 -6.5 -12.6Agricole -15.7 -5.9 -17.8Industrie -8.7 -7.3 -13.5Services privés -8.4 -6.8 -11.5Services publics -11.7 -6.5 -13.0Terre -15.8 - -20.4Tableau 6 : Variation des taux de rémunération des facteurs en GuinéeGuinéeTravail qualifié -6.6Privé agricole -8.5Privé non agricole -7.1Public -7.4Travail non qualifié -8.7Privé agricole -8.5Privé non agricole -7.4Public -Capital -7.0Privé agricole -8.5Privé non agricole -6.9Public -Terre -8.5Rappelons que les prix à la consommation baissent simultanément, tel que les rémunérations réelles desfacteurs peuvent augmenter ou diminuer, comme nous le verrons maintenant.• Effets sur les prix à la consommationEn plus de ses effets sur les facteurs productifs et sur les revenus des ménages, l’élimination des tarifsdouaniers et l'instauration de la taxe compensatrice ont également des effets sur les prix à laconsommation dont l’analyse est fort importante. Le prix à la consommation est une moyenne pondéréedu prix à l’importation et de celui des ventes locales de la production domestique, augmentée des taxesindirectes qui témoignent de l’intervention des pouvoirs publics. Ce prix "moyen" dépend des partsrespectives des importations et des produits locaux dans la consommation intérieure du produit concernéet du taux de taxe devant compenser la perte de recettes douanières consécutive à la suppression desbarrières tarifaires.La suppression des tarifs douaniers a contribué à réduire les prix des importations plus que ceux desventes locales dans les pays concernés. Celle-ci est plus importante pour les branches industriellesprésentant des taux initiaux de tarif observé relativement plus élevés au Burkina, en Guinée et au Sénégal.En revanche, ce sont les prix des produits agricoles importés qui enregistrent un recul plus important auBénin. La variation du prix (hors taxe) à la consommation est également dictée par le taux de pénétrationdes importations. Vu que la demande domestique en produits industriels est davantage satisfaite par lesimportations que celle des produits agricoles, la baisse des prix à la consommation des produits17

industriels est relativement plus importante que celle des produits agricoles dans les économiesconsidérées. D’une manière générale, les services privés, présentant les plus faibles taux initiaux de tarifobservé et de pénétration des importations, ne connaîtraient pas une réduction significative des prix à laconsommation suite à la suppression des tarifs douaniers, à l’encontre des secteurs industriels et agricoles.La taxe compensatrice sur la valeur ajoutée ou les ventes intérieures modère la baisse des prix à laconsommation. Toutefois, le caractère uniforme du taux de la taxe compensatrice n’influe pas surl’impact distributif sectoriel, mais plutôt sur la variation du niveau global des prix. Ce taux, étroitementlié au niveau de dépendance des finances publiques aux recettes douanières, est relativement plusimportant en Guinée (46 pour cent des revenus fiscaux sont de source douanière) et au Bénin (43 pourcent) qu'au Sénégal (34 pour cent) et au Burkina Faso (20 pour cent).Il est évident que la baisse des prix à la consommation affecte les ménages de manière différente selon lastructure de leur panier de consommation. Au Bénin et au Sénégal, les ménages ruraux sont les premiersbénéficiaires de la suppression totale des tarifs douaniers sur les importations (Tableau 2). Ceci s'expliquepar le fait qu'ils consomment une proportion moins importante de services privés (Annexe 14 et Annexe15) dont les prix ont relativement peu baissé par rapport aux produits industriels et agricoles. Ces ménagesbénéficient également de la baisse des prix des produits agricoles, qu’ils consomment plus que lesurbains. Toutefois, la baisse, plus importante, des prix des produits industriels profite davantage auxménages urbains. C'est l'importance de ce dernier effet au Burkina Faso et en Guinée qui explique que lesprix à la consommation y baissent plus pour les ménages urbains que ruraux (Tableau 2).• Effets sur la distribution du revenu et le bien-être des populationsRevoyons maintenant notre analyse initiale des effets de la libéralisation commerciale sur la pauvreté et lebien-être. L’élimination complète des tarifs douaniers, par le biais des effets revenu et prix à laconsommation, affecte différemment les ménages selon la composition de leur revenu et la structure deleurs dépenses de consommation. L'impact conjugué des effets revenu et prix détermine les effets ultimessur la pauvreté et le bien-être des ménages.Étant donné que le revenu moyen baisse plus que le coût moyen du panier de consommation des ménages,le revenu réel des ménages baisse en général, engendrant une augmentation de la pauvreté dans ces payset une baisse du bien-être (Tableau 2 et Graphiques 1 à 3).En considérant le milieu de résidence, les ménages en milieu rural enregistrent une plus forte réduction deleur revenu par rapport aux ménages urbains (Tableau 2), étant donné leur plus forte dépendance auxactivités agricoles (Annexe 13 et Annexe 15). Bien qu'ils bénéficient davantage de la réduction des prixdes produits qu’ils consomment, cet effet est insuffisant pour compenser la baisse des revenus, entraînantà la baisse le revenu réel des ruraux (Tableau 2). Ainsi, les indicateurs de la pauvreté (FGT) augmententen milieu rural (Tableau 1). Les riches ruraux relativement moins dépendants des activités agricoles,enregistrent une baisse moins importante de leur revenu, ils profitent au même titre que les pauvres de labaisse du prix des produits consommées vu la part relativement importante des dépenses en produitsmanufacturiers et agricoles dans leur panier de consommation.En milieu urbain, la baisse des prix à la consommation est relativement plus importante que celle desrevenus. Par conséquent, la pauvreté augmente moins, et voire diminue dans certains cas (Sénégal), danscette zone. En général, les pauvres dérivent la majorité de leurs revenus de facteur travail et enregistrentdonc une baisse plus importante de leur revenu comparativement aux riches détenant plus de capital nonagricole. Toutefois, ils bénéficient d’une baisse relativement plus importante du prix de leur panier deconsommation vu qu’ils consomment moins de services privés. Il est évident que la baisse de prix desproduits manufacturiers non alimentaires profite davantage aux riches et aux pauvres modérés18

comparativement aux plus pauvres. D’où le faible accroissement, voire la baisse dans certains pays, de lapauvreté dans ce milieu, et particulièrement parmi les pauvres modérés dont les revenus ont relativementpeu baissés, et qui bénéficient plus des effets prix.L’analyse de bien-être fait intervenir l’hétérogénéité de la structure des paniers de consommation desménages avec un effet-prix spécifique à chaque ménage. Ceci n’est pas le cas de l’analyse précédente dela pauvreté qui fait intervenir des effet-prix globaux à travers une ligne de pauvreté endogène 26 . En cestermes, la suppression des barrières tarifaires détériore le bien-être des ménages dans tous les pays, àl’exception du Sénégal où la baisse de revenu a été moins importante grâce à la diversification desexportations (non agricoles) du pays.Toutefois, ce sont les urbains qui profitent de la reforme commerciale à travers une activité économiqueurbaine relativement plus soutenue que celle rurale dans certains cas (Bénin, Guinée et Sénégal), uneréduction plus importante de leur panier de consommation dans d’autres (Burkina Faso).Conclusion et implications politiquesLa modélisation en équilibre général multisectoriel intégrant tous les ménages de la plus récente enquêtereprésentative de la population (microsimulation) a été utilisée pour analyser et comparer les impactsdistributifs de l'élimination des tarifs douaniers dans quatre pays de l’Afrique de l’Ouest : le Bénin, leBurkina Faso, la Guinée et le Sénégal.En général, il ressort que la reforme commerciale mène à une contraction des activités agricoles suite à laconcurrence accrue des produits importés. La faible capacité d’exportation ne permet pas aux branchesagricoles de profiter des opportunités (conjoncture favorable aux exportations de la sous région et prixinternationaux inchangés) qu’offre le marché international. En outre, la faible utilisation de produitsintermédiaires ne contribue pas à réduire le coût de production de l’agriculture.C’est le secteur industriel qui profite de la libéralisation du commerce extérieur étant donné sa fortecapacité d'exportation et son utilisation intensive d'intrants importables et ce, malgré ses taux initiaux detarif et de pénétration des importations élevés. Par conséquent, les travailleurs et le capital non agricoles 27enregistrent une augmentation de leur taux de rémunération, situation qui bénéficie surtout aux ménagesurbains.En même temps, la réduction du prix du panier de consommation des ménages occasionnée par lalibéralisation commerciale est moins favorable aux ruraux vu la faible baisse des prix des produitsagricoles comparé aux prix des produits industriels. Par conséquent, la baisse des prix à la consommationcompense la réduction des revenus des urbains, engendrant une augmentation de leur bien-être, et unehausse moins prononcée de la pauvreté. En revanche, la plus faible réduction du coût de la vie en milieuxruraux est insuffisante pour contrebalancer la baisse substantielle de leurs revenus, occasionnant uneaugmentation de la pauvreté et une détérioration du bien-être dans ce milieu.Ces résultats doivent être appréhendés comme des effets de court terme de la suppression des barrièrestarifaires vu que notre analyse ne tient pas compte des effets dynamiques (également dits de secondepériode) découlant, entre autres, d’une accumulation du capital physique suite à une réduction du prix desinvestissements. Il serait donc important de compléter l’analyse par une appréhension des effets de long26 Ainsi, on évalue les impacts sur l'ensemble des ménages pour chaque catégorie, plutôt que de s’intéresser uniquement à ceux setrouvant au-dessous du seuil de pauvreté.27 C’est uniquement au Burkina Faso où les taux de rémunération des facteurs agricoles augmentent relativement plus que ceuxnon agricoles suite à la reforme commerciale, grâce à une agriculture relativement plus orientée vers l’exportation.19

terme de la libéralisation du commerce extérieur 28 en vue de la formulation de stratégies cohérentes deréduction de la pauvreté. Toutefois, il est peu probable que les effets de distribution sectorielle de longterme s’écartent de manière significative de ceux de court terme sans une réelle volonté d’investissementen zones rurales, en particulier dans le secteur agricole. Autrement dit, si l’accroissement du capitalphysique induit par une baisse du coût des biens d’investissement est plutôt en faveur des activités nonagricoles, les effets de distribution de la libéralisation du commerce extérieur seraient davantagebénéfiques aux urbains qu’aux ruraux.La modification de l’offre de travail sur les marchés urbains et ruraux à travers la migration despopulations constitue également un aspect important de la dynamique des économies considérées. Eneffet, les opportunités d’emploi de l’économie urbaine et le différentiel de salaires entre les marchés detravail agricole et non agricole mèneraient à une recrudescence de la migration des populations rurales enquête d’un mieux-être. Bien que ce mouvement de la force de travail soit en faveur d’une meilleureallocation des ressources dans l’ensemble de l’économie et d’une amélioration du bien-être despopulations, une migration incontrôlée des populations des campagnes vers les villes a des conséquenceset coûts sociaux très importants pour les zones urbaines dont il faudrait également considérer.Par conséquent, une véritable politique de dynamisation des activités rurales, en particulier l’agriculture,s’avère indispensable pour une meilleure distribution des richesses et la réalisation des objectifs deréduction de la pauvreté. La contraction des branches agricoles suite à la suppression des barrièrestarifaires provient non seulement de la compétition des produits agricoles importés, mais également de lafaiblesse des débouchés extérieurs et d’utilisation des intrants de production dont les coûts ont baissé avecla reforme commerciale. Ainsi, la dynamisation de toute la filière agricole (production etcommercialisation) est d’un enjeu crucial pour la réduction de la pauvreté en Afrique de l’Ouest.La stratégie de dynamisation de l’agriculture s’articulerait non seulement sur l’amélioration desrendements (accroissement des investissements agricoles et de l’utilisation des intrants productifs), maiségalement sur la commercialisation des produits agricoles. L’amélioration des infrastructures decommunication et le désenclavement des zones de production et l’organisation institutionnelle desproducteurs agricoles permettraient une meilleure maîtrise de l’information et des coûts (de production etde commercialisation), avec pour conséquence directe une amélioration de la compétitivité des produitsagricoles sur les marchés intérieurs et extérieurs. L’amélioration de la capacité d’exportation (par la miseen place d’infrastructures et de mesures d’incitation à l’exportation) et le soutien d’une industrie detransformation des produits agricoles sont également des éléments essentiels de relance des activitésagricoles. Finalement, le caractère extensif (faible utilisation de fertilisants et de produits de traitement)de l’agriculture africaine est un témoin de la qualité biologique de ses produits, par conséquent cetterégion devrait se donner les moyens de tirer profit de l’émergence d’un nouveau marché extérieur,notamment celui des produits agricoles biologiques.28 Annabi, Cissé, Cockburn et Decaluwé (2005) trouvent que les effets de long terme sont plutôt en faveur de la libéralisationcommerciale pour le Sénégal.20

RéférencesAnnabi Nabil, John Cockburn and Bernard Decaluwé (2006) “Functional Forms and Parametrization ofCGE Models” Poverty and Economic Policy Working Paper 2006-04, Laval University.Annabi Nabil, Cissé Fatou, Cockburn John, Decaluwé Bernard (2005) “Trade Liberalisation, Growth andPoverty in Senegal: a Dynamic Microsimulation CGE Model Analysis”, CIRPEE Cahier de RechercheNo 0512, Université Laval.Boccanfuso Dorothée et Decaluwé Bernard & Savard Luc, 2003. "Poverty, Income Distribution and CGEModeling: Does the Functional Form of Distribution Matter?," Cahiers de recherche 0332, CIRPEE.Cockburn, John, 2001, "Trade Liberalisation and Poverty in Nepal: A Computable General EquilibriumMicro Simulation Analysis", Discussion Paper 01-18, CRÉFA, Université Laval.Cogneau, Denis and Anne-Sophie Robilliard, 2000, "Growth, Distribution and Poverty in Madagascar:Learning from a Microsimulation Model in a General Equilibrium Framework", working paper,International Food Policy Research Institute, Washington DC.Deaton A. (1997), « The analysis of household survey: A Microeconometric Approach to DevelopmentPolicy », The Johns Hopkins University Press.Decaluwé B., Martens A., et Savard L., 2001, La politique économique du développement et les modèlesd'équilibre général calculable, ISBN 2-7606-1793-9, 544 pages.Decaluwé B., A. Patry, L. Savard and E. Thorbecke, 1999, "Poverty Analyis Within a GeneralEquilibrium Framework", Working Paper 9909, CRÉFA, Université Laval.Decaluwe, B. & Dumont, J.C. & Savard, L., 1999. "Mesurer la pauvreté et les inégalités dans un modèled'équilibre général calculable," Papers 9920, Laval - Recherche en Politique Economique.De Janvry, A., A. Fargeix, and E. Sadoulet, 1991, “Political Economy of Stabilization Programs:Feasibility, Growth, and Welfare”, Journal of Policy Modeling 13 (3): 317-345.Dervis, K., J. de Melo and S. Robinson, 1982, General Equilibrium Models for Development Policy,Cambridge University Press for the World Bank, New York.Fofana, I. et J. Cockburn, 2003, La micro simulation en équilibre général calculable: Procédure d’analyseet de conciliation des données, miméo, CIRPÉE (Université Laval).Foster, James, Greer, Joel and Thorbecke, Erik, 1984. “A Class of Decomposable Poverty Measures.”Econometrica 52: 761-765.Robilliard, Anne-Sophie, François Bourguignon and Sherman Robinson, 2001, “Crisis and IncomeDistribution: A Micro-Macro Model for Indonesia”, mimeo, World Bank.Thorbecke, Erik. (1985), "The Social Accounting Matrix and Consistency-Type Planning Models," inPyatt and Round (eds.), Social Accounting Matrices: A Basis for Planning, World Bank, Washington,DC.21

Annexe 1 : Structure et dimensions des MCSPays Activités/Produits Facteurs Ménages15 Branches, dont: 3 Types de travail, dont:16 types de capital, dont :2 agricoles1 agricole privéBénin1 type par secteur53506 industries1 non agricole privé1 type de terre7 services1 publicBurkinaFasoGuinéeSénégal35 Branches, dont :5 agricoles18 industries12 services9 Branches, dont :1 agricoles4 industries4 services36 Branches, dont :4 agricoles22 industries10 services3 Types de travail, dont :1 agricole privé1 non agricole privé1 public5 Types de travail, dont :1 qualifié agricole privé1 non qualifié agricole privé1 qualifié autres privés1 non qualifié autres privés1 public3 Types de travail, dont :1 agricole privé1 non agricole privé1 public35 types de capital, dont :1 type par secteur10 types de capital, dont :1 type par secteur1 type de terre39 types de capital, dont :1 type par secteur3 types de terreSource : MCS et Enquête-Ménages; Légende : Bénin : MCS 1999, Enquête 2001 - Burkina Faso : MCS 1999, Enquête 1998 – Guinée : MCS1998, Enquête 1995 – Sénégal : MCS 1996, Enquête 1995.Annexe 2: Écart de fréquence - profondeur de la pauvreté (Bénin)1.58478441632781Écart de fréquences0.50-0.5-1-1.5Bénin Urbains Ruraux0 22500 45000 67500 90000 112500 135000 157500 180000 202500 22500Seuil de pauvreté officiel 74 088 FCFA.Seuils de pauvretéAnnexe 3: Écart de fréquence - sévérité de la pauvreté (Bénin)1.51Écart-fréquences0.50-0.5-1Bénin Urbains Ruraux-1.50 22500 45000 67500 90000 112500 135000 157500 180000 202500 225000Seuils de pauvretéSeuil de pauvreté officiel 74 088 FCFA.22

Annexe 4: Écart de fréquence - profondeur de la pauvreté (Burkina Faso)Seuil de pauvreté officiel du Burkina Faso : 72 690 FCFA.Annexe 5 : Écart de fréquence - sévérité de la pauvreté (Burkina Faso)Seuil de pauvreté officiel du Burkina Faso : 72 690 FCFA.Annexe 6 : Écart de fréquence - profondeur de la pauvreté (Sénégal)Seuils de pauvreté officiels : Sénégal =143 080 FCFA, Dakar=287 255 FCFA, Autres urbains=156 585 FCFA, et Ruraux=102 585 FCFA.Annexe 7 : Écart de fréquence - sévérité de la pauvreté (Sénégal)Seuils de pauvreté officiels : Sénégal =143 080 FCFA, Dakar=287 255 FCFA, Autres urbains=156 585 FCFA, et Ruraux=102 585 FCFA.23

Annexe 8 : Structure du Produit Intérieur BrutAgricultureIndustrieEnsemble Extraction ManufacturesServicesBénin (1999) 42.3 13.6 - - 44.2Burkina (1999) 32.9 17.1 0.5 16.6 50.0Guinée (1998) 25.3 19.6 14.6 5.0 55.1Sénégal (1996) 19.4 17.8 1.3 16.5 62.8Annexe 9 : Variations de volumes et de prix au BéninVariations de volumeVariations de prixImportatiotiotionExporta-Produc-Vente Importa-Vente Produc-ValeurSecteurslocale tion locale tion ajoutéeAgriculture 18.6 10.1 0.0 -0.8 -19.9 -8.1 -7.7 -6.8Agriculture Vivrière 18.7 9.5 -1.8 -2.5 -20.1 -8.9 -8.4 -7.9Agriculture Industrielle 10.2 12.2 8.2 7.8 -5.8 -4.5 -4.3 -1.1Industrie 3.4 12.3 0.7 -1.9 -18.2 -8.3 -7.1 1.6Industries alimentaires artisanales 0.0 8.9 0.1 -0.5 0.0 -7.1 -6.8 2.2Industries alimentaires modernes 4.0 7.3 0.6 -5.4 -14.6 -9.1 -5.3 4.2Industries de coton 0.0 14.0 13.1 -1.9 0.0 -11.5 -2.7 15.3Industries textiles 4.7 17.5 -2.5 -6.7 -22.6 -16.5 -14.0 -13.9Industries non alimentaires artisanales 0.0 0.0 -0.9 -0.9 0.0 -7.9 -7.9 1.3Industries non alimentaires modernes 2.8 7.3 -7.4 -8.4 -17.7 -11.1 -10.4 -4.5Services privés -4.8 1.3 -0.1 -0.8 0.0 -2.6 -1.8 1.8Électricité et eau -8.9 0.0 -2.1 -2.1 0.0 -4.7 -4.7 -3.0Transport et communication -9.6 5.5 -0.5 -1.7 0.0 -5.4 -4.7 1.8Banques et assurances 0.0 0.0 -2.3 -2.3 0.0 -4.5 -4.5 -3.9Autres services privés marchands -1.1 0.7 0.3 -0.1 0.0 -0.7 -0.4 2.4Services de l’administration publique 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 -10.5 -10.5 -11.7Education 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 -10.5 -10.5 -11.7Santé 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 -10.5 -10.5 -11.7Total 3.6 5.3 0.2 -1.1 -17.1 -6.8 -5.7 -2.8Annexe 10 : Variations des volumes et des prix en GuinéeVariations de volumeVariations de prixSecteursImportationsExportationsProductionVenteslocalesImportationsVenteslocalesProductionValeurajoutéeAgriculture 2 11.8 0 -0.6 -9.9 -8.4 -8.3 -8.5Industrie de Bauxite et d'Alumine 0 0.8 0 -6.3 0 -1.3 -0.6 2.7Industries Extractives 0 5.5 0.2 -3.1 0 -4.4 -4.1 -3.4Industries Agro-alimentaires 6.3 12.6 -3.6 -4.6 -15.6 -9.3 -9.2 -16.5Autres Industries 0.7 13 -0.1 -1.1 -10.3 -9.2 -9.1 -10.5Electricité et Eau 0 0 0 0 0 -9.7 -9.7 -11.4Bâtiments et Travaux Publics 0 0 0.1 0.1 0 -7.6 -7.6 -7.8Services Marchands 0 12 0 -0.3 0 -8.4 -8.4 -8.8Services Non Marchands 0 0 0 0 0 -7.5 -7.5 -7.4Total* 1.7 3.6 -0.1 -0.7 -11.1 -8.1 -7.4 -7.424

Annexe 11 : Variations des volumes et des prix au Burkina FasoVariations de volumeVariations de prixSecteursImportationsExportationsProductionVenteslocalesImportationsVenteslocalesProductionValeurajoutéeAgriculture 9.8 5.8 0.0 -0.3 -10.5 -4.5 -4.4 -4.0Agriculture vivrière 2.7 5.1 -1.6 -1.7 -8.5 -5.1 -5.1 -4.6Agriculture de rente 25.1 7.2 5.1 4.9 -15.9 -2.5 -2.4 -1.8Elevage -4.7 5.3 0.4 -0.1 -0.5 -4.3 -4.0 -3.8Sylviculture et chasse -2.5 5.1 -1.9 -1.9 -4.7 -5.2 -5.2 -5.2Pêche et pisciculture et aquaculture 9.7 0.0 -1.3 -1.3 -13.2 -5.2 -5.2 -4.8Industrie 4.8 15.7 1.1 -1.5 -12.2 -5.9 -5.3 -4.3Extraction -3.4 12.1 8.6 0.0 -6.5 -9.1 -4.0 -2.4Transformation de viandes et poissons 31.6 6.3 0.5 0.5 -23.9 -4.7 -4.7 -4.0Corps gras alimentaires 2.5 7.8 -0.9 -1.1 -9.5 -6.7 -6.6 -4.4Travail des grains et produits amylacés -0.2 6.5 -0.8 -0.8 -6.1 -5.7 -5.6 -4.5Alimentaires a base de céréales 38.6 0.0 -1.1 -1.1 -28.7 -5.6 -5.6 -4.6Autres produits alimentaires 17.3 4.0 -3.2 -3.3 -19.4 -5.3 -5.3 -5.3Boissons 32.8 5.6 -1.3 -1.3 -26.0 -5.2 -5.2 -4.5Produits a base de tabac 45.8 3.8 -2.1 -2.2 -31.5 -4.4 -4.4 -4.6Textiles et habillement 10.9 14.9 10.4 1.6 -16.3 -10.0 -4.9 -2.3Cuir et chaussures 20.7 37.4 33.0 13.6 -20.7 -16.5 -7.2 4.2Bois et vannerie 19.4 5.9 -1.8 -1.9 -20.1 -5.8 -5.8 -5.0Produits de papier 5.6 3.1 -6.2 -7.6 -17.3 -7.6 -6.6 -6.7Produits chimiques 5.6 3.3 -5.1 -5.3 -14.2 -6.1 -6.0 -6.2Produits en caoutchouc et en plastique 4.7 6.7 -4.1 -4.5 -15.0 -8.2 -7.9 -4.5Verre, matériaux de construction 4.2 4.9 -2.3 -3.1 -11.5 -5.9 -5.4 -4.5Machines et matériels divers 1.2 4.7 -2.2 -3.4 -9.5 -5.9 -5.2 -4.6Matériels de transport -0.2 8.3 0.6 0.1 -6.2 -6.4 -6.0 -4.1Meuble et produits divers 16.9 5.4 -3.8 -4.1 -21.0 -6.9 -6.8 -5.4Services privés -6.3 8.6 0.1 0.0 -0.2 -5.4 -5.4 -4.2Électricité gaz et eau 0.0 0.0 0.4 0.4 0.0 -6.8 -6.8 -4.0Travaux de construction 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 -5.4 -5.4 -4.2Commerce 0.0 0.0 -0.3 -0.3 0.0 -5.0 -5.0 -4.3Services de réparation 0.0 0.0 -0.7 -0.7 0.0 -5.5 -5.5 -4.4Services hôtellerie et restauration 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 -5.6 -5.6 -4.1Services de transport -6.3 10.0 2.0 1.7 0.0 -6.6 -6.4 -3.6Services postes et télécommunication -6.6 7.3 0.3 0.1 0.0 -5.6 -5.5 -4.1Services financiers -5.5 6.8 0.6 0.5 0.0 -5.0 -5.0 -4.1Services immobiliers 0.0 0.0 -1.2 -1.2 0.0 -5.0 -5.0 -4.7Services aux entreprises -4.2 7.6 1.3 0.9 -1.2 -5.4 -5.1 -3.7Services collectifs et personnels 0.0 6.4 -1.0 -1.0 0.0 -5.7 -5.7 -4.3Services administration publique -8.5 9.5 0.1 0.1 0.0 -7.2 -7.2 -6.8Total* 4.4 13.7 0.4 -0.5 -11.6 -5.6 -5.3 -4.525

Annexe 12 : Variations des volumes et des prix au SénégalVariations de volumeVariations de prixSecteursImportationsExportationsProductionVenteslocalesImportationsVenteslocalesProductionValeurajoutéeAgriculture 1.6 17.9 -0.1 -0.2 -15.2 -13.6 -13.5 -14agriculture vivrière -7 18.8 -1.2 -1.3 -10.7 -14.1 -14.1 -15agriculture industrielle ou d'exportation 22.9 19.3 0.1 -0.2 -24.9 -13.8 -13.6 -13.9élevage et chasse -8.4 19.7 1.9 1.9 -6.5 -12.9 -12.9 -12.6sylviculture exploitation forestière 4.8 15.6 -0.8 -1.4 -15.8 -12.2 -11.8 -14.6Industrie 10.2 13 -1.1 -4.7 -21.2 -11.3 -9.4 -6.9Pêche -10 13.3 6.8 2.5 0 -8.3 -5.8 -3.3activités extractives 0.1 7.5 5.7 4.1 -0.7 -3.3 -2.3 2.9abattage transformation et conservation 21.5 13.3 4.7 -1 -21.9 -10.5 -7.1 2.3fabrication de corps gras alimentaires 7 20.7 7.5 0.6 -17.6 -14.2 -10.3 3.7travail de grains fabrication de produits 15.1 6.2 -10.3 -10.3 -25.1 -11.6 -11.5 -18.6fabrication de produits alimentaires céréaliers 42.3 18 -0.3 -0.3 -31.4 -13.1 -13 -5.1fabrication de sucre transformation 21.2 4.1 -13.1 -13.5 -29.9 -12.2 -11.9 -15.8fabrication de produits alimentaires 17.2 10.8 -6.6 -6.9 -24.9 -12.5 -12.3 -13.6fabrication de boissons 70.5 7.8 -11.1 -11.2 -43.8 -13.2 -13.1 -18.4fabrication de produits a base de tabac 24.4 11.9 -0.5 -0.7 -22 -9.4 -9.3 -5.7égrenage de coton et fabrication des textiles 33 9.3 -5 -6.5 -29.9 -11.2 -10.3 -12.7fabrication du cuir fabrication 42.4 7.4 -9.5 -10.9 -36.1 -12.7 -11.8 -21travail du bois et fabrication d'articles 14.4 12.1 -3.1 -3.3 -20.5 -11.1 -11 -10.7fabrication de papier carton 11 0 -5.8 -5.8 -19.3 -10 -10 -10.1raffinage pétrole cokéfaction 0.2 6.5 1.4 1.2 -3.7 -4.4 -4.2 -3.4fabrication de produits chimiques 2.8 11.5 4.8 -4 -15 -11.1 -5.8 1.1fabrication de produits en caoutchouc 21.1 9 -12.5 -16.3 -35.4 -17.4 -14.9 -22fabrication de verre poterie 18.6 10.5 -7.3 -8.3 -26.8 -13.1 -12.5 -16.3métallurgie fonderie fabrication 2.5 0 -4 -4 -15.5 -11.8 -11.8 -12machines appareils d'équipements 2.6 0 -9.8 -9.8 -17.1 -9.7 -9.7 -13.2construction de matériels de transports 6.3 0 -19.1 -19.1 -27.9 -13.5 -13.5 -33.9fabrication de produits divers 64.7 12.5 -6.8 -7.1 -41.1 -13.7 -13.5 -17.2Services privés -6.7 9.4 0.2 -0.7 0 -7.8 -7.2 -5.6électricité gaz et eau 0 0 -1.5 -1.5 0 -7.6 -7.6 -7.3Construction 0 0 0 0 0 -9.4 -9.4 -5Commerce 0 0 -1.6 -1.6 0 -7.7 -7.7 -7.9services de la réparation 0 0 0 0 0 -11.8 -11.8 -5transports et communications -5.3 8.4 3.7 2.3 0 -5 -4.2 -0.5finances, postes et télécommunications -12.9 8.5 -0.7 -1.8 0 -7.7 -7 -5.8Immobilier 0 0 -0.4 -0.4 0 -6.1 -6.1 -5.7des services aux entreprises -6.8 6 1.6 0.2 0 -4.7 -3.7 -2.2services marchands -13.9 11.5 2.6 -0.7 0 -9.1 -7.1 -4Services publics -18 17.5 0.2 0.2 0 -12.5 -12.5 -13Total* 7.5 11.7 -0.3 -1.8 -18.7 -10.1 -9.1 -8.2* Variation moyenne pour les volumes –Indice de variation de Laspeyres pour les prix.26

Annexe 13 : Structure des RevenusTravailagricoleCapitalagricoleTerreagricoleEnsemblefacteursagricolesTravailnonagricoleCapitalnonagricoleEnsemblefacteurs nonagricolesTravailpublic TransfertsTotalrevenuBénin 26.4 14.4 2.2 43 27 16 43 7.2 6.8 100Urbain 11.2 9.5 0.9 21.6 33.3 22 55.3 12.4 10.6 100Rural 37.8 18.1 3.1 58.9 22.3 11.5 33.8 3.3 3.9 100Burkina Faso 19.2 14.5 - 33.7 34.7 14.9 49.7 8.5 8.2 100Urbains 2.4 1.5 - 3.9 43.7 25.6 69.3 14.9 11.8 100Ruraux 32.3 24.7 - 57 27.7 6.6 34.3 3.5 5.3 100Sénégal 9.6 4.1 3.5 17.2 28.9 24.6 53.5 5.1 24.1 100Dakar 0.9 7.3 0 8.2 42.5 13 55.5 6.4 29.9 100Autres Urbains 2.2 0.1 0.1 2.4 27.1 39 66.1 7.1 24.4 100Ruraux 26.4 3.8 10.7 41 14.2 26 40.1 1.8 17 100Annexe 14 : Structure des dépenses de consommationProduitsagricolesProduitsmanufacturiersalimentairesProduitsmanufacturiersnon alimentairesEnsembleproduitsmanufacturiersServicesprivésTotalconsommationBénin 34.8 20.4 26.4 46.8 18.4 100Urbain 29.6 21.4 25.8 47.2 23.1 100Rural 39.5 19.4 27 46.4 14.1 100Burkina Faso 42.2 17.2 19 36.2 21.6 100Urbains 24.1 17.5 24.1 41.6 34.3 100Ruraux 52.3 17 16.2 33.2 14.5 100Sénégal 23.8 29 18.7 47.6 28.6 100Dakar 14.8 25.4 22.2 47.7 37.5 100Autres Urbains 18.1 28 18 45.9 36 100Ruraux 35 32.7 15.8 48.5 16.4 100Annexe 15 : Structure des revenus et des dépenses de consommation en GuinéeRevenuConsommationUrbainsRurauxWQ WNQ K T Total WQ WNQ K T TotalUrbains RurauxAgriculture 3.1 5.1 0.6 2.5 11.3 1.2 28.2 19.9 9 58.3 19.8 42.7Industrie de Bauxite et d'Alumine 2.9 0 0 0 2.9 0 0 0 0 0 0 0Industries Extractives 0.2 0 6.1 0 6.3 0 0.3 2.7 0 3 0 0Industries Agro-alimentaires 0.1 0.4 0.1 0 0.6 0 0.1 0.2 0 0.3 12.7 10.6Autres Industries 0.1 0.5 4.4 0 5 0 0.2 1.9 0 2.1 27.7 17.4Électricité et Eau 0.6 0.1 0 0 0.7 0 0 0 0 0 4 0.3Bâtiments et Travaux Publics 0.5 0.8 4.6 0 5.9 0 0.1 2.1 0 2.2 0 0Services Marchands 2.1 12.5 37 0 51.6 0.1 7.9 16.5 0 24.5 35.9 29Services Non Marchands 12.7 0 0 0 12.7 0.1 0 0 0 0.1 0 0Ensemble 22.2 19.3 52.8 2.5 96.8 1.5 36.8 43.3 9 90.6 100 100Transferts 3.2 9.4Total revenu 100 100Légende : WQ : Travail qualifié ; WNQ : Travail non qualifié ; K : capital ; et T : Terre27