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Le réseau social des diplômés marocains - Analyse économique et ...

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<strong>Le</strong> <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> <strong>marocains</strong> :une garantie pour l’emploi mais pas pour le salaireBUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliLaboratoire du GATE - Université Lumière Lyon 2 - Université de SavoieE-mail : Matthieu.Bunel@gate.cnrs.fr <strong>Le</strong>noirmagali@hotmail.frJanvier 2004Première version1


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliTitre :<strong>Le</strong> <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> <strong>marocains</strong> :une garantie pour l’emploi mais pas pour le salaire ♦Résumé :<strong>Le</strong>s difficultés d’insertion <strong>des</strong> jeunes <strong>diplômés</strong> affectent depuis le début <strong>des</strong> années quatre-vingt dixl’économie marocaine. Ces jeunes d’une formation supérieure ont davantage de difficultés à trouver unemploi que leurs homologues peu ou pas éduqués. Comme le niveau de diplôme n’est plus un levier favorisantl’accès à l’emploi <strong>et</strong> à un salaire élevé, les sortants <strong>des</strong> universités mobilisent divers mo<strong>des</strong> de recherched’emploi notamment le <strong>réseau</strong> <strong>social</strong>. C<strong>et</strong> article qui s’appuie sur une enquête originale sur le devenir<strong>des</strong> sortants de sciences <strong>économique</strong>s <strong>et</strong> juridiques de la faculté Hassan II Ain Chock de Casablancaperm<strong>et</strong> d’analyser l’impact du <strong>réseau</strong> familial <strong>et</strong> d’amis sur la probabilité de trouver un emploi <strong>et</strong> sur larémunération obtenus cinq ans après la sortie de l’université. L’analyse économétrique montre que si le<strong>réseau</strong> <strong>social</strong> accroît la probabilité de trouver un emploi, il conduit à <strong>des</strong> emplois moins bien rémunérés.Mots clefs : Marché du travail marocain, métho<strong>des</strong> de recherche d’emploi, chômage, capital <strong>social</strong>Abstract :The last filty years have seen the increase of maroccans young graduates’ unemployment rate. Thesewell-educated population have more difficulties to find a job than their less educated fellow. In the moroccanlabour mark<strong>et</strong> the diploma is not in off to have a good jpb. Then young graduates use several job searchm<strong>et</strong>hods such as the <strong>social</strong> n<strong>et</strong>work. This article is based on an original moroccans young graduates’ surveyfrom the Hassan II Ain Chock faculty of Casablanca. The aim is to analyze for those young graduates theimpact of the <strong>social</strong> n<strong>et</strong>work use on the probability to find a job and on wage amount five years after thegraduation. The main result of the econom<strong>et</strong>ric analysis is the following. The use of the <strong>social</strong> n<strong>et</strong>workincreases the probability to have a job but reduces the wage amount.Key words : Moroccan labour mark<strong>et</strong>, job search m<strong>et</strong>hods, unemployment, <strong>social</strong> n<strong>et</strong>worksJEL-Code : J31, J 64, C34, C41, I2♦ <strong>Le</strong>s auteurs remercient Fouzi Mourji pour son accueil au Maroc ainsi que Mareva Sabatier pour ses suggestions<strong>et</strong> ses commentaires. La réalisation de l’enquête a été financée en totalité par le Ministère <strong>des</strong> Affaires Etrangères(bourse LAVOISIER). <strong>Le</strong>s points de vue exprimés dans c<strong>et</strong> article n’exprime pas ceux de c<strong>et</strong>te institution.<strong>Le</strong>s éventuelles omissions ou erreurs restent de la responsabilité <strong>des</strong> auteurs.* Laboratoire du GATE - Université Lumière Lyon 2.** Laboratoire du GATE - Université Lumière Lyon 2 <strong>et</strong> Université de Savoie2 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliEn 2000, le taux de chômage marocain est de 13,6%. Sur ce marché du travail, les jeunes sontpresque deux fois plus touchés par ce phénomène que leurs aînés. C<strong>et</strong>te situation est comparableà celle rencontrée dans la plupart <strong>des</strong> pays industrialisés (voir tableau 1). Cependant, parmi lesjeunes, les <strong>diplômés</strong> de l’enseignement supérieur ont un taux de chômage supérieur aux autres.Ainsi, le marché de l’emploi marocain se singularise par le lien entre niveau d’étude <strong>et</strong> chômage.En 2000, 28,9% <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> du supérieur sont au chômage contre seulement 11,6% <strong>des</strong> personnesn’ayant jamais obtenu de diplôme (Direction de la Statistique [2001]).<strong>Le</strong> diplôme n’est donc plus un passeport pour l’emploi <strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong> plus d’accéder aux postesclés de l’économie. <strong>Le</strong>s jeunes de 25 à 34 ans sont les premiers touchés par ce phénomène. En2000, la part <strong>des</strong> demandeurs d’emplois possédant un diplôme de niveau moyen (baccalauréat <strong>et</strong>équivalent) ou de niveau supérieur est de 69% pour c<strong>et</strong>te tranche d’âge. Parmi eux, 79% connaissentune période de chômage supérieure à un an, <strong>et</strong> 54% sont au chômage pendant plus de trois ans.Ce résultat paradoxal va à l’encontre de la théorie traditionnelle de recherche d’emploi <strong>et</strong> de celledu capital humain qui établissent une relation positive <strong>et</strong> croissante entre le niveau de diplôme <strong>et</strong>la probabilité de trouver un emploi <strong>et</strong>/ou d’obtenir un salaire élevé. Comme le soulignent les étu<strong>des</strong>empiriques de Khelfaoui [2001] pour l’Algérie <strong>et</strong> celles de Ben Sedrine <strong>et</strong> Plassard [1998] <strong>et</strong> Hafaiedh[2000] pour la Tunisie, ce paradoxe semble caractériser l’ensemble <strong>des</strong> économies maghrébines.Au Maroc, c<strong>et</strong>te situation est la conséquence d’une demande accrue d’éducation supérieurecouplée à une baisse importante de la demande de travail qualifiée émanant du secteur public suiteà l’adoption du programme d’ajustement structurel. En eff<strong>et</strong>, l’Etat a longtemps été le principalrégulateur de l’emploi qualifié, offrant aux <strong>diplômés</strong> de l’enseignement supérieur non seulement<strong>des</strong> emplois dans le secteur public, mais également <strong>des</strong> perspectives de carrière professionnelleintéressantes.Par ailleurs, depuis le milieu <strong>des</strong> années quatre-vingt-dix, les <strong>diplômés</strong> <strong>des</strong> universités sontconfrontés à une dévalorisation de leur diplôme, liée à la généralisation de l’enseignement supérieur<strong>et</strong> à la concurrence <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> <strong>des</strong> établissements privés.Face aux difficultés d’insertion professionnelle <strong>et</strong> à la menace potentielle que représente c<strong>et</strong>tecatégorie d’individus pour la cohésion <strong>social</strong>e, les pouvoirs publics ont mis en place <strong>des</strong> programmesspécifiques pour faciliter leur entrée dans la vie active. Cependant, ces mesures n’ont pas permisd’enrayer la tendance <strong>et</strong> l’avenir de ces <strong>diplômés</strong> reste très incertain (Bougroum <strong>et</strong> Ibourk [2002]).Depuis une dizaine d’années, ces chômeurs s’organisent <strong>et</strong> revendiquent le droit à l’emploi dans lesecteur public.Dans ce contexte de pénurie <strong>des</strong> emplois, le recours à la solidarité familiale <strong>et</strong> aux amis (liensforts) ainsi que l’utilisation <strong>des</strong> relations professionnelles (liens faibles) peut être une méthode3 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magaliefficace pour s’insérer professionnellement. Ces <strong>diplômés</strong>, privés d’emplois, mobilisent donc leur<strong>réseau</strong> <strong>social</strong> afin d’accéder au marché du travail. Une première étude empirique révèle que cemode de recherche d’emplois est utilisé par près d’un tiers <strong>des</strong> licenciés (Mourji, Montmarqu<strong>et</strong>te <strong>et</strong>Garni [1996]). Une seconde étude souligne l’efficacité du <strong>réseau</strong> puisque 20% <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> insérésl’ont utilisé (Abdoud [1994]).Dans ces étu<strong>des</strong>, le <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> est défini, de manière traditionnelle, comme l’ensemble <strong>des</strong>liens sociaux connectant <strong>des</strong> individus entre eux <strong>et</strong> par lesquels circulent de l’information privée(Granov<strong>et</strong>ter [1973], [1995]). La mobilisation de ces relations pour trouver un emploi peut êtreassimilée à un capital <strong>social</strong> dont le rendement peut être supérieur au capital humain (Coleman[1990]).Plusieurs modèles ont analysé l’impact du <strong>réseau</strong> dans un cadre d’information imparfaite. Ilssoulignent que le <strong>réseau</strong> perm<strong>et</strong> de réduire les problèmes d’anti-sélection <strong>et</strong> d’aléa-moral associésà l’embauche d’un chômeur. Pour Rees [1966], lorsqu’un salarié en poste recommande un chômeurmembre de son <strong>réseau</strong>, il engage sa réputation. C’est pourquoi, il sélectionne uniquement ceux dontla productivité est au moins identique à la sienne. <strong>Le</strong>s travaux sur la pression par les pairs (“peermonitoring”) m<strong>et</strong>tent en évidence que lorsqu’un entrant fait parti du <strong>réseau</strong> d’un <strong>des</strong> membres del’entreprise, il est incité à fournir un niveau d’effort plus élevé (Lazear <strong>et</strong> Kandel [1992]).<strong>Le</strong>s modèles de Montgomery [1991] <strong>et</strong> Mortensen <strong>et</strong> Viswanath [1994] soulignent que les contactspersonnels fournissent <strong>des</strong> informations de meilleure qualité aux employeurs <strong>et</strong> aux travailleurs surleurs caractéristiques respectives. Dans le modèle de Montgomery [1991], le <strong>réseau</strong> perm<strong>et</strong> auxentreprises d’embaucher plus fréquemment <strong>des</strong> travailleurs dont la productivité est élevée. Alorsque dans l’analyse de Mortensen <strong>et</strong> Viswanath [1994], ce mode de recherche d’emploi perm<strong>et</strong> à<strong>des</strong> travailleurs, ayant ou non une productivité homogène, d’accéder à un ensemble d’offres caractérisépar une proportion plus importante d’emplois mieux rémunérés. Ces deux articles soulignentquele<strong>réseau</strong>influence positivement <strong>et</strong> simultanément la probabilité de trouver un emploi <strong>et</strong> larémunération obtenue.Dans la lignée de ces travaux théoriques, <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> empiriques montrent que le <strong>réseau</strong> accroît laprobabilité de trouver un emploi (Granov<strong>et</strong>ter [1973], [1995], Holzer [1988]). En revanche, l’impactrelatif du <strong>réseau</strong> sur la qualité <strong>des</strong> emplois obtenus fait l’obj<strong>et</strong> d’une controverse. <strong>Le</strong>s premierstravaux sur données américaines semblent identifier une relation systématiquement positive entrel’utilisation du <strong>réseau</strong> <strong>et</strong> le niveau de rémunération obtenu (Granov<strong>et</strong>ter [1995], Holzer [1988]).Cependant, les résultats récents, sur données européennes, relativisent c<strong>et</strong>te relation (Pillizzari[2003], Delattre <strong>et</strong> Sabatier [2003]).4 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliPour les pays en voie de développement, il n’existe pas à notre connaissance, de travaux empiriquesperm<strong>et</strong>tant d’identifier le sens de c<strong>et</strong>te relation. L’objectif de c<strong>et</strong> article est donc d’analyserl’impact du recours au <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> sur la probabilité de trouver un emploi mais également sur lesalaire obtenu à l’embauche en terme de différentiel de salaire entre ceux ayant trouvé leur emploiavec le <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> <strong>et</strong> les autres.L’analyse économétrique proposée s’appuie sur une enquête originale, réalisée en 2002, sur ledevenir de 400 sortants de sciences <strong>économique</strong>s <strong>et</strong> juridiques de la faculté Hassan II Ain Chockde Casablanca. C<strong>et</strong>te enquête financée par le Ministère <strong>des</strong> affaires étrangères perm<strong>et</strong> d’étudier ledevenir professionnel de ces licenciés cinq ans après leur sortie du système universitaire.<strong>Le</strong>s informations précises sur les mo<strong>des</strong> de recherche <strong>et</strong> d’obtention <strong>des</strong> emplois perm<strong>et</strong>tentd’analyser l’impact du <strong>réseau</strong> familial <strong>et</strong> d’amis sur la probabilité de trouver un emploi <strong>et</strong> surla rémunération obtenue. L’analyse économétrique m<strong>et</strong> en évidence que le <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> affectesignificativement ces deux composantes de l’insertion professionnelle. Toutefois, si son impact estbénéfique sur la probabilité de trouver un emploi (les <strong>diplômés</strong> qui utilisent le <strong>réseau</strong> augmentede 17% leur probabilité d’obtenir un emploi), il conduit en moyenne à <strong>des</strong> emplois moins bienrémunérés de l’ordre de 25%.La section 1 analyse l’évolution du système d’enseignement supérieur marocain <strong>et</strong> la situation<strong>des</strong> étudiants de sciences <strong>économique</strong>s <strong>et</strong> juridiques. L’enquête <strong>et</strong> les premiers résultats statistiquessont présentés dans la section 2. La section 3 expose la méthodologie économétrique utilisée <strong>et</strong>commente les résultats obtenus. La dernière section conclut.1 L’évolution du système d’enseignement supérieur <strong>et</strong> <strong>des</strong>débouchés professionnelsDès 1958, le gouvernement marocain s’engage dans une politique d’éducation de masse. L’objectifest de former dans un premier temps <strong>des</strong> jeunes pour qu’ils occupent par la suite <strong>des</strong> emploisdans les administrations ou les entreprises publiques. Cependant, au début <strong>des</strong> années quatre vingt,pour faire face à une grave crise <strong>économique</strong>, le pays décide sous l’égide de la Banque Mondiale<strong>et</strong> du Fonds Monétaire International de libéraliser l’économie dans le cadre d’un programme d’ajustementstructurel (PAS). <strong>Le</strong>s pouvoirs publics s’engagent à réduire leurs dépenses, mais aussià privatiser en partie le système éducatif supérieur. <strong>Le</strong>s perspectives de débouchés professionnelsdans le secteur public pour la main d’œuvre qualifiée se raréfient <strong>et</strong> le secteur concurrentiel peineà prendre le relais face au désengagement de l’Etat. De plus, de nouvelles écoles d’enseignement5 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magalisupérieur privées apparaissent. Ces écoles sont de meilleure qualité mais sont réservées aux élitesdu pays puisqu’elles reposent sur une sélection <strong>des</strong> élèves principalement par <strong>des</strong> coûts d’inscriptionprohibitifs (Vermeren [2000]).C<strong>et</strong>te section présente le développement de l’enseignement de masse au Maroc puis l’impactdu PAS sur le système éducatif <strong>et</strong> les débouchés <strong>des</strong> universitaires. Enfin, les politiques ciblés pourfavoriser l’emploi <strong>des</strong> jeunes <strong>diplômés</strong> ainsi que la situation <strong>des</strong> étudiants issus <strong>des</strong> filières juridiques<strong>et</strong> de sciences <strong>économique</strong>s sont exposées.1.1 Développement d’un enseignement de masseDès l’indépendance, le Ministère de l’éducation nationale détermine deux objectifs prioritaires :généraliser l’accès à l’éducation primaire <strong>et</strong> orienter les jeunes vers les filières d’enseignementsupérieur. Ces décisions stratégiques perm<strong>et</strong>tront d’abord de réduire les inégalités de revenu, puisensuite de disposer d’une main d’œuvre qualifiée pour faciliter la croissance. Enfin, c<strong>et</strong>te mesureperm<strong>et</strong> d’anticiper les départs <strong>des</strong> cadres français de la fonction publique <strong>et</strong> du secteur privé.<strong>Le</strong> gouvernement encourage les jeunes à poursuivre leurs étu<strong>des</strong> à l’université leur offrant<strong>des</strong> bourses <strong>et</strong> <strong>des</strong> perspectives de carrières intéressantes dans l’administration <strong>et</strong> les entreprisespubliques <strong>et</strong> parapubliques. L’université devient “un passeport pour l’emploi ”<strong>et</strong>“une garantied’emploi dans le secteur public” (Achoual <strong>et</strong> al. [1994]).<strong>Le</strong>s jeunes bacheliers qui espèrent accéder à <strong>des</strong> emplois sûrs <strong>et</strong> prestigieux dans le secteurpublic <strong>et</strong> bénéficier d’une forte reconnaissance <strong>social</strong>e sont poussés à poursuivre leurs parcours àl’université. Pour les jeunes issus <strong>des</strong> classes populaires, l’obtention d’un diplôme universitaire estégalement perçue comme un moyen de changer de statut <strong>social</strong>.Entre 1960 <strong>et</strong> 1999, le nombre de jeunes qui choisissent de poursuivre leurs étu<strong>des</strong> après lebaccalauréat est multiplié par 60. Aujourd’hui, près de 300 000 étudiants entrent à l’université soitprès de 12% <strong>des</strong> 18 à 24 ans (Direction de la Statistique [2001]).Tableau 1 : Comparaisons <strong>des</strong> taux de chômage par âge,sexe <strong>et</strong> diplôme pour l’année 2000UnionFranceEtats-Unis MarocEuropéenneTaux de chôm age 10,0% 9,2% 4,0% 13,6%Par âge <strong>et</strong> par sexe15-24 ans 20,7% 15,4% 9,3% 20,5%femmes 11,9% 10,0% 4,2% 22,1%Par niveau de diplôm eSans diplôme 16,2% 10,6% 7,9% 11,6%BAC ou équivalent 8,9% 6,5% 3,6% 31,1%Diplôme d’enseignement supérieur 5,6% 4,3% 1,8% 28,9%Sources : Perspective de l’Em ploi de l’O CDE (pour les pays de l’O CDE) <strong>et</strong> Enquête Nationale sur la Population Active pour le M aroc6 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliGraphique 1 : Evolution du taux de chômage par niveau de diplôme en milieu urbain353025201510501987 1990 1992 1993 1996 1998 2000Sans diplômeDiplôme supérieurensembleSource : Enquête Nationale sur la Population Active en zone Urbaine, 1987-2000, Direction de la StatistiqueGraphique 2 : Evolution <strong>des</strong> effectifs universitaires <strong>et</strong> <strong>des</strong> débouchés professionellesdans le secteur public500004500040000350003000025000200001500010000500001974 1977 1978 1979 1982 1983 1986 1993 1994 1998Diplômés de l'enseignement supérieur publicEmplois crées dans le secteur publicSource : Ministère de l’Enseignement Supérieur <strong>et</strong> Direction de la Statitique (Mejjati Alami R 2000)1.2 PAS <strong>et</strong> évolution du secteur privéEn 1984, face aux difficultés <strong>économique</strong>s, les pouvoirs publics <strong>marocains</strong> s’engagent dans unprogramme d’ajustement structurel. C<strong>et</strong>te politique de libéralisation de l’économie vise à restructurerle secteur public : privatiser les entreprises <strong>économique</strong>ment viables, réorganiser les autres <strong>et</strong>faire disparaître les entreprises publiques non rentables. L’ensemble de ces mesures entraîne uneremise en cause du rôle de l’Etat, jusqu’ici principal régulateur sur le marché de l’emploi <strong>des</strong> flux<strong>des</strong> <strong>diplômés</strong>. <strong>Le</strong> gel <strong>des</strong> recrutements dans le secteur public <strong>et</strong> parapublic est décidé. Ainsi en 1998,7 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magaliseulement 12 000 emplois ont été crées dans le secteur public contre 45 000 en 1982 (Direction dela Statistique).Par ailleurs, les réformes entamées par l’Etat pour réduire les déficits publics ont conduit à unebaisse <strong>des</strong> dépenses consacrées à l’éducation. C<strong>et</strong>te mutation de l’investissement de l’Etat affecte laqualité de l’enseignement octroyé dans les universités publiques. <strong>Le</strong> secteur privé prend partiellementle relais par le développement d’emplois dans le secteur concurrentiel <strong>et</strong> par le développementd’écoles privées.La libéralisation de l’économie conduit à un développement <strong>des</strong> entreprises privées. Toutefois,la demande de travail de ces entreprises est principalement de type non-qualifié, ce qui entraîne auniveau national un excédent de la main d’œuvre qualifiée. <strong>Le</strong> nombre de jeunes ayant <strong>des</strong> difficultésà trouver un emploi augmente.En 2000, 28,9% <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> de l’enseignement supérieur sont au chômage contre 11,6% pourceux n’ayant jamais obtenu de diplôme. En outre, l’analyse longitudinale montre que c<strong>et</strong> écartd’accès à l’emploi entre <strong>diplômés</strong> <strong>et</strong> non-<strong>diplômés</strong> semble s’accentuer (voir graphique 1). En quinzeans, la proportion de sortants de l’enseignement supérieur au chômage a été multipliée par dix alorsque celle <strong>des</strong> sans diplômes reste relativement stable. Dès 1992, la proportion de chômeurs parmiles <strong>diplômés</strong> de l’enseignement supérieur dépasse celle <strong>des</strong> sans diplômes <strong>et</strong> depuis c<strong>et</strong> écart necesse de s’accentuer 1 . Ainsi, le marché du travail marocain se caractérise par une relation négativeentre niveau de diplôme <strong>et</strong> emploi.Par ailleurs, suite au désengagement de l’Etat, le secteur privé prend progressivement le relais.Dès 1985, le Ministère de l’éducation nationale autorise <strong>et</strong> encourage le développement du secteurprivé dans l’enseignement supérieur. Des gran<strong>des</strong> écoles ou <strong>des</strong> instituts sous la tutelle de l’Etatou privées sont mis en place. Dans ces établissements privés, le recrutement est très sélectif <strong>et</strong>payant, mais les débouchés sont presque toujours assurés (Mourji <strong>et</strong> ali [1996]). D’après l’enquêtePopulation Active Urbaine de 1993, le taux de chômage en fonction du type de diplôme montreque 1,5% <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> <strong>des</strong> écoles supérieures privées sont au chômage contre 30,3% <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong>de l’enseignement supérieur ayant suivi un parcours à l’université 2 . <strong>Le</strong>s compétences <strong>des</strong> sortantsde ces écoles sont davantage recherchées que celles <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> du secteur public, surtout s’ils ontsuivi une formation dans <strong>des</strong> filières de sciences humaines. Ainsi, la mise en place progressive de cesnouveaux établissements conduit à un système à deux vitesses. <strong>Le</strong>s jeunes <strong>des</strong> classes populaires sontvictimes d’une discrimination financière <strong>et</strong> ont encore plus de mal à trouver un emploi (Vermeren1 Selon les estimations prévisionnelles de la Direction de la Statistique, le nombre de ces lauréats va continuer decroître jusqu’en 2010 pour atteindra 450 000. C<strong>et</strong>te tendance risque donc de se prolonger.2 Des données plus récentes ne sont pas disponibles.8 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magali[2000]).Enfin, les enseignements théoriques dispensés sont souvent en inadéquation avec la réalité socio<strong>économique</strong>s.Selon les experts de la Banque Mondiale (rapport de 1995), les jeunes <strong>diplômés</strong>risquent de connaître de graves difficultés d’insertion professionnelle liées à la dévalorisation dudiplôme universitaire. C<strong>et</strong>te catégorie de main d’œuvre va faire face à un allongement de sa duréede recherche d’emploi. Certains risquent d’accepter <strong>des</strong> emplois précaires ou temporaires (emploisd’attente ou de p<strong>et</strong>its boulots alimentaires). D’autres pourraient s’éloigner progressivement del’emploi.1.3 Politiques ciblées pour l’emploiL’augmentation de la probabilité d’être au chômage, incite les <strong>diplômés</strong> issus <strong>des</strong> universités àse mobiliser. Au départ, ils organisent <strong>des</strong> manifestations ponctuelles <strong>et</strong> de grands sit in devant lesMinistères. Certains, les plus désespérés, entament <strong>des</strong> grèves de la faim ou pire encore menacentle gouvernement de s’immoler par le feu pour avoir gain de cause.En 1992, l’Association <strong>des</strong> Diplômés Chômeurs est créée. Elle compte aujourd’hui <strong>des</strong> sectionsdans toutes les régions du Royaume <strong>et</strong> organise fréquemment <strong>des</strong> manifestations.Pour répondre à ce problème d’insertion, les pouvoirs publics adoptent une politique publiquepour l’emploi ciblée visant à orienter les <strong>diplômés</strong> vers le secteur privé. Trois catégories de mesuresd’aide à l’insertion professionnelle sont adoptées (Bouharrou [2001]). Tout d’abord, le programmeformation insertion <strong>et</strong> le programme action emploi offrent aux <strong>diplômés</strong> de l’enseignement supérieurune expérience professionnelle d’une durée de 18 mois. Ensuite, le programme formation reconversion<strong>et</strong> le programme de formation qualifiante leur perm<strong>et</strong>tent d’apprendre un nouveau métier surun an en adéquation avec les besoins du marché du travail. Enfin, le programme d’information <strong>et</strong>d’assistance à la création d’entreprise les aide à créer leur propre entreprise.Toutefois, ces mesures n’ont pas permis d’enrayer le développement du chômage <strong>des</strong> jeunes<strong>diplômés</strong> <strong>marocains</strong>. Ainsi, progressivement, le diplôme universitaire perd de sa valeur. Il ne perm<strong>et</strong>plus, comme par le passé, d’accéder aux postes clés du secteur public ou parapublic <strong>et</strong> demeurepeu reconnu par les employeurs du secteur privé.1.4 Filièresjuridiques<strong>et</strong><strong>des</strong>ciences<strong>économique</strong>sC<strong>et</strong>te dégradation du statut du diplômé concerne surtout les lauréats <strong>des</strong> filières juridiquesou <strong>économique</strong>s. <strong>Le</strong>s jeunes bacheliers choisissent encore de s’orienter principalement vers ces universitésmême si les débouchés professionnels <strong>des</strong> lauréats de ces filières sont limités. En 1995,9 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magalisix <strong>diplômés</strong> sur dix ont obtenu une licence en sciences humaines : 35,7% en l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> scienceshumaines, 31,6% en droit ou en économie <strong>et</strong> 32,7% dans une autre matière (Ministère de l’enseignementsupérieur [1997]).Depuis 1990, les <strong>diplômés</strong> issus <strong>des</strong> filières <strong>économique</strong>s <strong>et</strong> juridiques rentrent en concurrence àl’embauche avec leurs homologues issus <strong>des</strong> écoles privées. <strong>Le</strong>s employeurs à la recherche d’une maind’œuvre diplômée préfèrent embaucher <strong>des</strong> jeunes issus <strong>des</strong> écoles supérieurs privées. Ces jeunes<strong>diplômés</strong> <strong>des</strong> établissements privés (ISCAE <strong>et</strong> EMC) <strong>et</strong> ayant acquis une expérience professionnelleau cours de leur cursus, s’intègrent <strong>et</strong> sont plus rapidement opérationnels dans l’entreprise.Ainsi, dans un contexte de pénurie <strong>des</strong> emplois qualifiés <strong>et</strong> de concurrence avec les écoles privées,les lauréats <strong>des</strong> filières juridiques <strong>et</strong> de sciences <strong>économique</strong>s ont de gran<strong>des</strong> difficultés pour s’insérersurlemarchédutravail.Ceuxquifinissent par obtenir un emploi l’obtiennent fréquemment grâceà leur <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> (Mourji, Montmarqu<strong>et</strong>te <strong>et</strong> Garni [1996]).2 Réseau <strong>social</strong> <strong>et</strong> qualité de l’insertionL’objectif est d’analyser à l’aide d’une enquête portant sur 400 licenciés de sciences <strong>économique</strong>sou juridiques de l’université Hassan II Ain Chock de Casablanca l’impact du <strong>réseau</strong> sur le processusd’insertion professionnelle <strong>des</strong> jeunes <strong>diplômés</strong>. Il s’agit d’étudier les différences éventuelles d’accèsà l’emploi <strong>et</strong> de rémunération (salaire à l’embauche <strong>et</strong> progression salariale) entre les individus quiont obtenu leur premier emploi grâce à leur <strong>réseau</strong> personnel, professionnel ou institutionnel <strong>et</strong> lesautres. En eff<strong>et</strong>, en début de carrière, le recours à un intermédiaire institutionnel ou privé <strong>et</strong>/ou àun membre de leur <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> peut faciliter l’accès à <strong>des</strong> emplois en meilleure adéquation avecleur formation initiale, à un meilleur salaire <strong>et</strong> à une insertion dans le secteur formel.Dans les points suivants, le <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> est identifié comme une stratégie pour accélérer leprocessus de recherche d’emploi <strong>et</strong> offrir l’accès à <strong>des</strong> postes mieux rémunérés. Puis, une analysestatistique, à partir d’une enquête réalisée au Maroc, révèle l’impact de c<strong>et</strong>te méthode de recherched’emploi sur la probabilité d’être inséré <strong>et</strong> sur le salaire obtenu.2.1 Stratégies d’insertionAfin de s’insérer professionnellement, trois canaux de recherche sont généralement identifiéspar les étu<strong>des</strong> empiriques : le recours au marché externe (candidatures spontanées), les mo<strong>des</strong>d’intermédiations (intermédiaires publics ou privés, agence d’intérim) <strong>et</strong> le <strong>réseau</strong> <strong>social</strong>. <strong>Le</strong> <strong>réseau</strong><strong>social</strong> désigne l’ensemble <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong> les liens qui les connectent entre eux <strong>et</strong> par lesquelscirculent l’information (Granov<strong>et</strong>ter [1973]). Ce sont les amis, les proches mais aussi les individus10 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magalique le jeune diplômé a rencontrés tout au long de son parcours, au cours de stages professionnelsou lors de l’exercice de p<strong>et</strong>its boulots dans un cadre autre que celui de la recherche d’un emploi(Coleman [1990]). Il s’agit pour le chercheur d’emploi d’échanger avec <strong>des</strong> individus faisant partisde ses relations <strong>des</strong> informations sur les emplois disponibles mais également sur les caractéristiquesde ces emplois.Plusieurs étu<strong>des</strong> empiriques réalisées aux Etats-Unis m<strong>et</strong>tent en évidence que le recours au<strong>réseau</strong> <strong>social</strong> peut faciliter au regard <strong>des</strong> autres mo<strong>des</strong> de recherche la probabilité d’accéder àl’emploi (Granov<strong>et</strong>ter [1973], [1995], Holzer [1988]). L’efficacité de c<strong>et</strong>te stratégie de recherched’emploi sur le salaire obtenu est moins claire. Elle varie fortement selon les pays <strong>et</strong> les typesde population considérés (Granov<strong>et</strong>ter [1995], Holzer [1988], Pillizari [2003], Delattre <strong>et</strong> Sabatier[2003]). Par exemple, à l’aide du panel européen, Pillizzari [2003] souligne que l’eff<strong>et</strong> du <strong>réseau</strong> surles salaires obtenus est positif <strong>et</strong> significatif pour le Danemark, la Belgique, <strong>et</strong> l’Autriche ; négatif<strong>et</strong> significatif pour le Royaume-Uni, la Finlande, l’Irlande, l’Italie <strong>et</strong> la Grèce ; non-significatif pourles autres.Concernant les pays en voie de développement, rares sont les étu<strong>des</strong> ayant analysé simultanémentl’impact du <strong>réseau</strong> sur la probabilité de trouver un emploi <strong>et</strong> sur le salaire.Au Maroc, une première étude menée en 1990 auprès de 300 licenciés sortis 5 ans plutôt del’Université Sidi Mohammed Ben Adbellah de Fès, révèle que les relations personnelles <strong>et</strong> familialesont été mobilisées par un diplômé inséré sur cinq (Abdoud [1994]).Une seconde enquête conduite auprès de 4 000 étudiants <strong>des</strong> universités de Rabat <strong>et</strong> de Fèsayant obtenu leur diplôme en 1992 <strong>et</strong> en 1996 confirme que le <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> est largement utilisépour accéder à un emploi (Mourji, Montmarqu<strong>et</strong>te <strong>et</strong> Garni [1996]). 32 % d’entre eux ont mobiliséleur <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> pour rechercher un emploi, soit en faisant appel à leurs proches (17%), soit àleur établissement de formation d’origine (15%).Toutefois, les informations disponibles dans ces enquêtes ne perm<strong>et</strong>tent pas de distinguer l’impact<strong>des</strong> liens forts (<strong>réseau</strong> familial <strong>et</strong> amis) <strong>et</strong> <strong>des</strong> liens faibles (<strong>réseau</strong> professionnel) sur la probabilitéde trouver un emploi <strong>et</strong> sur la rémunération obtenue. <strong>Le</strong>s données de l’enquête sur le devenir<strong>des</strong> sortants de la faculté Ain Chock perm<strong>et</strong>tent de prolonger <strong>et</strong> de compléter ces travaux enanalysant si le fait de recourir à une forme de <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> plutôt qu’une autre influence l’insertionprofessionnelle <strong>des</strong> jeunes <strong>diplômés</strong> <strong>et</strong> leur carrière professionnelle.11 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magali2.2 Enquête sur le devenir <strong>des</strong> sortants de la faculté Ain Chock<strong>Le</strong>s données sont issues de l’enquête “<strong>Le</strong> devenir <strong>des</strong> sortants de la faculté Hassan II AinChock” financée par le Ministère <strong>des</strong> affaires étrangères <strong>et</strong> réalisée en 2002 (<strong>Le</strong>noir [2003]). C<strong>et</strong>teenquête porte sur l’insertion professionnelle d’un échantillon de plus de 400 licenciés de l’universitéHassan II Ain Chock de Casablanca <strong>diplômés</strong> de sciences <strong>économique</strong>s (33 % ) ou juridiques (67%)en 1996 3 . Elle perm<strong>et</strong> de décrire les stratégies de recherche adoptées <strong>et</strong> les caractéristiques <strong>des</strong>emplois obtenus sur la période 1996-2000 (voir annexe 1 pour une présentation plus détaillée del’enquête).L’hétérogénéité <strong>des</strong> individus <strong>et</strong> <strong>des</strong> formations suivies, les caractéristiques du bassin d’emploi <strong>et</strong>de la conjoncture influencent le processus d’insertion professionnelle. Ces variables le plus souventinobservables affectent fortement la probabilité <strong>et</strong> la qualité de l’insertion <strong>des</strong> individus.L’enquête utilisée perm<strong>et</strong> de contrôler en partie ce phénomène de sélection lié aux inobservables.<strong>Le</strong>s sortants interrogés sont issus d’une même cohorte : la promotion de 1996 ; d’un même établissement: l’Université Hassan II Ain Chock ; <strong>et</strong> de filières communes : <strong>économique</strong>s ou juridiques. Cescaractéristiques perm<strong>et</strong>tent de contrôler quatre eff<strong>et</strong>s susceptibles de biaiser les résultats (Bourdallé<strong>et</strong> Cases [1996]) :- l’eff<strong>et</strong> génération, - l’eff<strong>et</strong> réputation de l’université,- l’eff<strong>et</strong> bassin d’emploi - l’eff<strong>et</strong> conjoncture.<strong>Le</strong>s générations sont un révélateur <strong>des</strong> difficultés <strong>et</strong> <strong>des</strong> réussites <strong>social</strong>es <strong>et</strong> <strong>économique</strong>s decourt <strong>et</strong> de long terme. <strong>Le</strong>s générations sont souvent traitées de façon différente au seul motifqu’elles ne sont pas nées la même année.<strong>Le</strong>s étu<strong>des</strong> sur l’insertion professionnelle soulignent que les mêmes diplômes offrent <strong>des</strong> perspectivesd’emploi différentes <strong>et</strong> conduisent à <strong>des</strong> parcours plus ou moins valorisants. La réputation<strong>des</strong> établissements joue alors un rôle essentiel. Elle a <strong>des</strong> conséquences majeures sur le marché dutravail, en particulier au niveau local. C<strong>et</strong>te réputation implique un taux d’attractivité plus oumoins fort selon sa localisation géographique <strong>et</strong> un taux d’insertion professionnel plus ou moinsélevé selon la spécialité de la formation, la qualité <strong>des</strong> enseignements dispensés <strong>et</strong> les relations avecle monde de l’entreprise.L’utilisation d’une cohorte d’individus sortis la même année de la faculté Ain Chock <strong>et</strong> ayantobtenu un diplôme comparable : une licence de sciences <strong>économique</strong>s ou juridiques perm<strong>et</strong> decontrôler les eff<strong>et</strong>s génération <strong>et</strong> réputation.Il existe au Maroc, comme dans la plupart <strong>des</strong> pays, <strong>des</strong> disparités très fortes entre les marchés3 En 1996, 3 000 étudiants ont été licenciés en droit ou en économie dans c<strong>et</strong>te université.12 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magalidu travail urbain / ruraux <strong>et</strong> selon la taille <strong>et</strong> la localisation <strong>des</strong> villes. L’appartenance de l’ensemble<strong>des</strong> sortants à une même zone géographique perm<strong>et</strong> de contrôler que ces individus font face au mêmebassin d’emploi (eff<strong>et</strong> bassin d’emploi).<strong>Le</strong> marché du travail est affecté par un eff<strong>et</strong> conjoncture lié à l’évolution de l’activité <strong>économique</strong>,le développement <strong>et</strong> le déclin de certains secteurs, la restructuration d’entreprises, l’ouverture <strong>des</strong>marchés, l’évolution démographique (hausse de la population ou de la scolarité) <strong>et</strong> <strong>des</strong> programmesgouvernementaux. En s’appuyant sur un échantillon de sortants de la même promotion, l’analysede leur insertion tient compte de l’eff<strong>et</strong> de conjoncture.2.3 Premiers résultats sur l’insertion <strong>et</strong> le rôle du <strong>réseau</strong><strong>Le</strong>s individus issus de c<strong>et</strong> échantillon sont encore très nombreux à poursuivre leur recherched’emploi <strong>et</strong> ceux qui sont insérés sur le marché du travail perçoivent <strong>des</strong> rémunérations relativementfaibles, étant donné leur niveau de diplôme. Cependant, <strong>des</strong> différences apparaissent selonla formation suivie, l’expérience professionnelle, le secteur d’activité <strong>et</strong> les métho<strong>des</strong> de recherched’emplois utilisées.Parmi les sortants de la faculté Hassan II Ain Chock interrogés, 56% occupent un emploi 5 ansplus tard, 36% poursuivent leur recherche d’emploi <strong>et</strong> 8 % sont inactifs. Pour c<strong>et</strong>te population, l<strong>et</strong>aux de chômage est très élevé (39%) <strong>et</strong> est de 10 points supérieur à celui observé au niveau nationaltoutes filières confondues. <strong>Le</strong> tableau 2 fournit <strong>des</strong> éléments de comparaison du taux d’insertionsur le marché du travail en fonction <strong>des</strong> caractéristiques <strong>des</strong> sortants.Parmi les individus insérés sur le marché du travail, le salaire mensuel moyen est de 3 605dirhams soit seulement 600 dirhams de plus que le salaire moyen de l’année 2000. D’autre part, ilcorrespond à peine au double du salaire minimum mensuel (1 826 dirhams). Toutefois, parmi lessortants étudiés, la variance de rémunération est relativement forte <strong>et</strong> dépend <strong>des</strong> caractéristiquesindividuelles <strong>et</strong> du type d’emploi occupé (voir tableau 3).<strong>Le</strong>s résultats de statistiques <strong>des</strong>criptives du tableau 2 soulignent que les sortants ayant obtenuun baccalauréat littéraire puis suivi une filière de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques obtiennent moinsfréquemment un poste que la moyenne (48%). Inversement, ceux qui ont obtenu un baccalauréatscientifique (mathématique, biologie, économie) puis suivi une filière en sciences <strong>économique</strong>s obtiennentplus fréquemment un emploi (74%). <strong>Le</strong>s étudiants n’ayant jamais redoublé au cours deleur formation universitaire sont plus nombreux à avoir un emploi (67%).13 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliTableau 2 : Probabilité d’occuper un emploiTotal 0,562FormationBac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques 0,482Bac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s ouBac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques 0,447Bac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s 0,744A obtenu son baccalauréat avant 1992 0,667StagesN’a jamais effectué de stage 0,500A effectué un ou plusieurs stages de moins de 6 mois 0,605A effectué un ou plusieurs stage de 6 mois <strong>et</strong> plus 0,643Mo<strong>des</strong> de recherche <strong>et</strong> d’obtention d’un emploiA utilisé son <strong>réseau</strong> d’amis pour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi 0,630A utilisé son <strong>réseau</strong> familial pour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi 0,587A bénéficié de l’assistance d’un bureau de placement, de le CIOPE,de l’ANAPEC ou a bénéficié d’un programme d’aide à l’insertionpour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi 0,562Nombre d’observations 395Tableau 3 : Ecart salarial selon les caractéristiques <strong>des</strong> individusFormationBac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques -15,9%Bac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s ouBac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques -0,7%Bac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s +19,3%A obtenu son baccalauréat avant 1992 +3,0%Secteurs d’activitéSecteur industriel ou de la construction -17,1%Secteur <strong>des</strong> services +8,4%Taille d’entreprise[0-10[ -10,2%[10-50[ +3,6%[50-100[ +6,0%[100-∞[ +5,5%Mo<strong>des</strong> d’obtention d’un emploiA utilisé son <strong>réseau</strong> d’amis pour trouver son emploi -28,2%A utilisé son <strong>réseau</strong> familial trouver un emploi +1,9%A bénéficié de l’assistance d’un bureau de placement, de le CIOPE,de l’ANAPEC ou a bénéficié d’un programme d’aide à l’insertionpour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi -16,2%Nombre d’observations 222Source : Enquête sur le devenir <strong>des</strong> sortants de la faculté Hassan II Ain Chock 200214 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliCes différences de parcours scolaire affectent également le niveau de rémunération obtenu pourceux qui sont insérés. Ainsi, ceux qui ont obtenu successivement une licence d’économie <strong>et</strong> un baccalauréatscientifique perçoivent une rémunération de 19% supérieure à la moyenne de l’échantillon.Une première expérience professionnelle acquise lorsd’unouplusieursstagesenentreprisependant ou après leur scolarité facilite l’insertion professionnelle. Ces derniers ont une probabilitéde 12% plus forte que les autres d’obtenir un emploi. Cependant, une analyse plus fine qui tientcompte de la durée de ces stages révèle que lorsque la durée totale de ces stages est supérieure à sixmois, leur probabilité d’insertion passe de 60% à 64%. <strong>Le</strong>s employeurs <strong>marocains</strong> préfèrent doncembaucher <strong>des</strong> jeunes ayant une première expérience en entreprise dont la durée est significative.En revanche, c<strong>et</strong>te première expérience ne leur perm<strong>et</strong> pas vraiment d’accéder à <strong>des</strong> emplois mieuxrémunérés.La taille de l’entreprise <strong>et</strong> le secteur d’activité dans lequel l’individu exerce son activité ontun impact significatif sur le niveau de la rémunération obtenu. Exercer un emploi dans une p<strong>et</strong>itestructure de moins de dix salariés ou dans une entreprise appartenant au secteur de l’industrie oude la construction implique d’accepter un niveau de rémunération plus faible que le niveau moyende respectivement 10% <strong>et</strong> 17%.<strong>Le</strong>s métho<strong>des</strong> de recherche d’emplois utilisées peuvent également influencer la probabilitéd’obtenir un emploi <strong>et</strong> le niveau de rémunération perçu dans l’emploi. Ainsi, les sortants quiont bénéficié de l’appui de leur <strong>réseau</strong> amical (amis, agents de quartiers, anciens collègues de lafaculté) ou familial (membres de leur famille) ont une probabilité plus forte d’obtenir un emploicinq ans après leur sortie du système universitaire. Ils occupent un emploi dans respectivement63% <strong>et</strong> 59% <strong>des</strong> cas.En revanche, la mobilisation du <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> ne donne pas accès à <strong>des</strong> emplois mieux rémunérés.Lorsque les sortants de la faculté Hassan II Ain Chock ont obtenu leur emploi par l’intermédiaired’amis, d’agents de quartiers, d’anciens collègues de la faculté, ils perçoivent une rémunérationplus faible que celle qui correspond à la moyenne de l’échantillon <strong>des</strong> insérés de l’ordre de 28%.De plus, le fait de recourir à son <strong>réseau</strong> familial a un eff<strong>et</strong> marginal sur le niveau de rémunérationobtenu.Notons enfin, que les services <strong>des</strong> intermédiaires institutionnels du marché du travail marocain(bureau de placement, CIOPE, l’ANAPEC ou les programmes d’aide à l’insertion) ne perm<strong>et</strong>tentpas d’accroître la probabilité d’insertion <strong>des</strong> sortants de la faculté Ain Chock. De plus, parmi lesinsérés qui ont bénéficié de l’aide de ces services, la rémunération mensuelle obtenue est de 16%inférieur à la moyenne.15 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magali3 <strong>Analyse</strong> économétriqueAfin de compléter c<strong>et</strong>te partie <strong>des</strong>criptive, une analyse économétrique est réalisée en vued’obtenir <strong>des</strong> résultats de type “toutes choses égales par ailleurs”. Afin de tenir compte du biais <strong>des</strong>élection associé au fait d’être en emploi, on étudie les déterminants du salaire <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> en tenantcompte de leur probabilité d’être occupé. C<strong>et</strong>te méthodologie perm<strong>et</strong> d’étudier simultanémentl’impact <strong>des</strong> caractéristiques individuelles <strong>et</strong> <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de recherche d’emploi sur la probabilitéd’obtenir un emploi cinq ans après la sortie du système universitaire <strong>et</strong> sur la rémunération obtenue.3.1 Méthodologie d’estimationSoit LW le logarithme du salaire obtenu par chaque individu :LW = βX + γR 1 + u (1)avec X un vecteur de caractéristiques observables expliquant la rémunération <strong>et</strong> R 1 les mo<strong>des</strong>de recherche utilisés pour trouver un emploi <strong>et</strong> u les éléments inobservables. <strong>Le</strong> terme d’erreur uest supposé suivre une loi normale de moyenne nulle <strong>et</strong> de variance σ u .La probabilité d’être inséré sur le marché du travail 5 ans après la sortie du système universitaireest notée :I ∗ = α 1 Z + α 2 R 2 + v (2)Avec Z un vecteur de caractéristiques observables expliquant la probabilité d’être inséré, R 2les mo<strong>des</strong> de recherche d’emploi mobilisés <strong>et</strong> v les éléments inobservables. La variable I ∗ est unevariable latente, seule la situation de l’individu sur le marché du travail est observée. On a :I =1 si I ∗ > 0I =0 sinon(3)Comme I est une variable dichotomique, on suppose que v suit une loi normale de moyennenulle <strong>et</strong> de variance 1.Notons que le salaire versé est une variable tronquée qui n’est observée que pour les sortantsinsérés sur le marché du travail. Seule l’espérance conditionnelle est observée :E (LW | I =1)=βX + γR 1 + E (u | I =1) (4)Afin d’obtenir une estimation efficiente <strong>des</strong> coefficients β, les équations (2) <strong>et</strong> (4) sont estiméessimultanément à l’aide de la fonction de vraisemblance suivante :16 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magaliln L = X N 1(1 − Φ (α 1 Z + α 2 R 2 )) + X N 2Z α1 Z+α 2 R 2−∞µ LW − βX − γR1f 2 ,v,ρ dv (5)σ uAvec f 2 la fonction de densité d’une fonction normale bivariée <strong>et</strong> ρ = cov(u,v)σ uLa méthode d’Heckman en deux étapes risque de fournir <strong>des</strong> coefficients <strong>et</strong> une matrice devariance covariance biaisés étant donnée la faible taille de l’échantillon. C’est pourquoi, la méthodedu maximum de vraisemblance est r<strong>et</strong>enue. Dans ce cas, l’identification <strong>des</strong> coefficients α 1 , α 2 , β,γ <strong>et</strong> σ u n’est possible que s’il existe <strong>des</strong> éléments de Z qui expliquent la probabilité d’être insérésans influencer la rémunération obtenue. Un test de sur-identification est réalisé pour vérifier c<strong>et</strong>tehypothèse.Finalement, pour commenter les résultats en termes d’élasticité, les eff<strong>et</strong>s marginaux sont calculésà partir de l’espérance non-conditionnelle suivante :E (LW ) = Pr(I =1)E (LW | I =1)+Pr(I =0)E (LW | I =0)= Pr(I =1)E (LW | I =1) (6)L’impact d’une variation de la variable z sur E (LW ) s’écrit :∂E (LW )∂z= ∂Φ (α 1Z + α 2 R 2 )∂E (LW | I =1)E (LW | I =1)+Φ (α 1 Z + α 2 R 2 )∂z∂z(7)Pour les variables z présentes simultanément dans Z <strong>et</strong> dans X, l’eff<strong>et</strong> marginal total se composed’un eff<strong>et</strong> marginal indirect, le premier élément de droite de l’équation (7), <strong>et</strong> d’un eff<strong>et</strong> marginaldirect, le second élément de droite de l’équation (7). Pour les variables z présentes uniquement dansX (respectivement dans Z), l’eff<strong>et</strong> marginal total se limite à l’eff<strong>et</strong> marginal direct (inversementindirect).3.2 Résultats <strong>et</strong> commentaires<strong>Le</strong> test de Wald réalisé pour estimer la significativité du coefficient ρ conduit à ne pas rej<strong>et</strong>erl’hypothèse de nullité de celui-ci. Ainsi, les variables non-observables expliquant la probabilitéd’obtenir un emploi affecte négativement mais pas significativement le salaire obtenu.17 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliTableau 4 : <strong>Analyse</strong> conditionnelle du logarithme du salaire obtenu par les insérés issus dela faculté Ain Chock à CasablancaLa probabilité d’être en emploiCoefficient SDTConstante -1,311**** 0,265FormationBac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiquesBac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s ouBac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques 0,001 0,228Bac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s 0,682**** 0,161A obtenu son baccalauréat avant 1992 0,440**** 0,139StagesN’a jamais effectué de stageRef.A effectué un ou plusieurs stages de moins de 6 mois 0,332** 0,181A effectué un ou plusieurs stage de 6 mois <strong>et</strong> plus 0,414**** 0,166Sexe <strong>et</strong> caractéristiques familialesHomme (réf : femmes) 0,311**** 0,141Etre marié -0,069 0,173Famille traditionnelle(mère non scolarisé, n’ayant jamais travaillé <strong>et</strong> comprenant 4 enfants) -0,352**** 0,152Part de la fratrie ayant un emploi 0,159**** 0,054Père travaillant dans le secteur privé 0,264** 0,151Mo<strong>des</strong> de recherche <strong>et</strong> d’obtention d’un emploiA utilisé son <strong>réseau</strong> d’amis pour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi 0,437**** 0,139A utilisé son <strong>réseau</strong> familial pour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi 0,444**** 0,150A tenté ou a réussi un concours 0,230* 0,155A bénéficié de l’assistance d’un bureau de placement, de le CIOPE,de l’ANAPEC ou a bénéficié d’un programme d’aide à l’insertionpour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi -0,261** 0,14918 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliTableau 4 : <strong>Analyse</strong> conditionnelle du logarithme du salaire obtenu par les insérés issus dela faculté Ain Chock à Casablanca (suite)<strong>Le</strong> logarithme du salaire conditionnelCoefficient SDTConstante 7,963**** 0,185FormationBac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiquesRef.Bac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s ouBac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques -0,013 0,156Bac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s 0,152** 0,093A obtenu son baccalauréat avant 1992 -0,062 0,073Sexe <strong>et</strong> statut matrimonialHomme (réf : femmes) 0,079 0,081Est marié 0,203*** 0,094Famille traditionnelle(mère non scolarisé, n’ayant jamais travaillé <strong>et</strong> comprenant 4 enfants) -0,158**** 0,068Types d’emploiFonction de direction, administrative, d’enseignement ou de recherche Ref.Fonction comptable <strong>et</strong> financière 0,017 0,104Fonction commerciale -0,092 0,142Fonction de production -0,230*** 0,106Taille <strong>et</strong> secteur d’activitéTaille de l’entreprise 0,052*** 0,027Secteur <strong>des</strong> servicesRef.Secteur industriel <strong>et</strong> de la construction -0,191** 0,102Mo<strong>des</strong> d’obtention d’un emploiA utilisé son <strong>réseau</strong> d’amis pour trouver son emploi -0,259**** 0,111A utilisé son <strong>réseau</strong> familial trouver un emploi -0,007 0,096A réussi un concours 0,248** 0,133A trouvé son emploi grâce à de l’assistance d’un bureau de placement,de le CIOPE, de l’ANAPEC ou d’un programme d’aide à l’insertion -0,222* 0,157Sigma 0,515**** 0,030Rho -0,150 0,216Log de vraisemblance -395,8N 395N2 ayant un emploi 222N1 au chômage 173**** : significatif au seuil de 1%, *** de 5%, ** de 10% <strong>et</strong> * de 15% avec correction de White<strong>Le</strong>s résultats obtenus sont issus du logiciel STATA7Source : Enquête sur le devenir <strong>des</strong> sortants de la faculté Hassan 2 Ain Chock19 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliLa part de la fratrie ayant un emploi <strong>et</strong> la situation professionnelle du père sont les deux variablesqui perm<strong>et</strong>tent d’identifier le modèle. <strong>Le</strong> test de sur-identification conduit à rej<strong>et</strong>er l’hypothèse decorrélation entre ces variables <strong>et</strong> le terme d’erreur u de l’équation (1) (Robin [2000]).<strong>Le</strong> tableau 4 fournit les résultats obtenus à l’aide du modèle (5). La première partie du tableauprésente les variables affectant la probabilité d’être en poste, la seconde partie l’espérance conditionnelledu logarithme du salaire mensuel.D’après les résultats présentés dans le tableau 4, les choix d’orientation scolaire, l’environnementfamilial, les caractéristiques <strong>des</strong> emplois <strong>et</strong> les métho<strong>des</strong> de recherche d’emplois influencent lesparcours d’insertion professionnelle <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> de Hassan II Ain Chock.La filière choisie au niveau du lycée, puis celle à l’université, affectent simultanément la probabilitéd’obtenir un emploi <strong>et</strong> de bénéficier d’une forte rémunération. <strong>Le</strong>s sortants de la facultéHassan II Ain Chock, issus d’un baccalauréat scientifique <strong>et</strong> ayant obtenu une licence de sciences<strong>économique</strong>s, ont une probabilité significativement plus élevée d’obtenir un emploi <strong>et</strong> disposents’ils exercent une activité d’un salaire significativement plus élevé. <strong>Le</strong>s eff<strong>et</strong>s marginaux associés àc<strong>et</strong>te variable disponibles dans le tableau 5, montrent que ces individus ont une probabilité de 25%supérieure aux autres d’être en emploi <strong>et</strong> bénéficient d’un salaire de 18% supérieur à la moyennedu salaire pour tous les insérés. Ces pourcentages “toutes choses égales par ailleurs” confirmentles résultats de statistiques <strong>des</strong>criptives obtenus. <strong>Le</strong>s lauréats issus <strong>des</strong> filières juridiques sont doncdésavantagés par rapport à leurs collègues issus <strong>des</strong> filières <strong>économique</strong>s. En eff<strong>et</strong>, ces derniersont suivi toutes leurs étu<strong>des</strong> universitaires en arabe. A la sortie de leur scolarité, ils maîtrisent <strong>et</strong>manient moins bien la langue française qui demeure la langue <strong>des</strong> affaires. Ils sont donc confrontésà une discrimination linguistique à l’embauche.L’environnement familial dans lequel évolue l’individu peut expliquer une partie <strong>des</strong> écarts deprobabilité d’insertion professionnelle <strong>et</strong> de niveau de rémunération mensuel. <strong>Le</strong>s hommes ont uneprobabilité de 14% supérieure aux femmes d’être en emploi mais ne bénéficient pas d’un surplussalarial. De même, les lauréats qui vivent dans une famille dont la majorité <strong>des</strong> membres font partide la population active occupée ont une probabilité plus forte de trouver un emploi. Si le pèreexerce un emploi dans le secteur privé <strong>et</strong> si <strong>des</strong> frères ou <strong>des</strong> sœurs sont en emploi, ceci affectepositivement <strong>et</strong> significativement la probabilité d’avoir un emploi de 6% <strong>et</strong> de 10%. Si les membresde la famille insérés sont intégrés dans un <strong>réseau</strong> de relations professionnelles, ils peuvent signalerplus facilement <strong>et</strong> plus rapidement aux <strong>diplômés</strong> les opportunités d’emplois. Etre issu d’une famill<strong>et</strong>raditionnelle (mère sans éducation, n’ayant jamais travaillé <strong>et</strong> ayant eu au moins quatre enfants)affecte également positivement la probabilité d’emploi (de 17%), mais négativement le niveaude rémunération obtenu (de 16%). Ces individus, issus d’un milieu plus mo<strong>des</strong>te, élargissent plus20 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magalifacilement le champ de leur recherche d’emploi vers <strong>des</strong> secteurs ou <strong>des</strong> métiers qui ne correspondentpas à leur niveau d’éducation ou à leur spécialisation. Ils ont davantage besoin de trouver un emploique les autres <strong>diplômés</strong> <strong>et</strong> sont prêts à accepter <strong>des</strong> emplois moins bien rémunérés. <strong>Le</strong> salaire en<strong>des</strong>sous duquel ils déclarent refuser travailler est en moyenne de 4% plus faible 4 .<strong>Le</strong>s résultats économétriques au niveau du lien entre caractéristiques <strong>des</strong> emplois <strong>et</strong> niveau derémunération dans l’emploi confirment ceux de l’analyse statistique. <strong>Le</strong>s lauréats insérés soit dansle secteur industriel soit dans <strong>des</strong> p<strong>et</strong>ites entreprises ou encore occupant <strong>des</strong> postes de productionbénéficient d’une rémunération significativement plus faible (23% à 5%) ce qui reflète les résultatsobtenus au niveau national. <strong>Le</strong>s p<strong>et</strong>ites entreprises n’arrivent pas à attirer les <strong>diplômés</strong> <strong>des</strong>universités, car elles ne sont pas en mesure de les rémunérer correctement.Une première expérience du monde du travail, acquise en stage au cours de sa scolarité ouaprès celle-ci, affecte significativement <strong>et</strong> positivement la probabilité d’être en emploi. Ces situationsaccroissent de 13% <strong>et</strong> 16% la probabilité d’être inséré 5 ans après la sortie du système universitaire.Si la durée <strong>des</strong> stages est de plus de six mois, les chances d’obtenir un emploi sont encore plusfortes. Ceci accroît de trois points la probabilité d’être inséré 5 ans après la sortie du systèmeuniversitaire. En sélectionnant ces <strong>diplômés</strong>, les employeurs <strong>marocains</strong> espèrent que ces derniersauront plus de faciliter à s’adapter dans l’entreprise <strong>et</strong> à être opérationnels sur leur poste de travail.En revanche, le fait d’avoir effectué<strong>des</strong>stagesn’affecte pas directement les salaires obtenus <strong>et</strong> cequelle que soit leur durée (colonne 2 du tableau 4). L’eff<strong>et</strong> <strong>des</strong> stages sur la rémunération n’estqu’indirect <strong>et</strong> s’explique par une probabilité d’insertion plus forte.Finalement, les mo<strong>des</strong> de recherche d’emploi affectent significativement la probabilité d’obtenirun emploi <strong>et</strong> la rémunération obtenue. L’appui du <strong>réseau</strong> amical ou familial pour rechercher unemploi accroît dans les mêmes proportions, 17% environ, la probabilité qu’un sortant de l’universitéHassan II Ain Chock d’être en emploi. Faire appel à ses pairs dans sa démarche semble accroîtrel’accès à <strong>des</strong> informations locales sur les emplois <strong>et</strong> faciliter la probabilité d’obtenir un emploi.De plus, la sélection par ses pairs correspond à un contrat moral dans lequel ceux-ci engagentleur réputation sur les qualités intrinsèques <strong>et</strong> sur les compétences <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> vis à vis <strong>des</strong>employeurs potentiels (Rees [1966], Montgomery [1991] <strong>et</strong> Simon <strong>et</strong> Warner [1992]). Ce résultat estimportant dans le contexte marocain, caractérisé par une dévalorisation du diplôme <strong>des</strong> lauréats<strong>des</strong> universités <strong>et</strong> une pénurie d’emplois pour les <strong>diplômés</strong> du supérieur <strong>et</strong> montre le poids <strong>des</strong>relations <strong>social</strong>es pour faciliter l’insertion professionnelle.De plus, ces résultats vont dans le même sens que ceux obtenus dans les étu<strong>des</strong> statistiquesprécédentes réalisées par Abdoud [1994] <strong>et</strong> par Mourji, Montmartqu<strong>et</strong>te <strong>et</strong> Garni [1996].4 Ce seuil déclaré est fourni directement dans l’enquête.21 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliTableau 5 : Calcul <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>s marginauxProbabilitéLog du salaire (1)d’insertionEff<strong>et</strong> Eff<strong>et</strong>Eff<strong>et</strong> direct indirect marginalSexe <strong>et</strong> caractéristiques familialesHomme n.s. - 0,122****Etre marié 0,200*** - -0,027Famille traditionnelle -0,174**** - -0,138****Part de la fratrie ayant un emploi n.s 0,007**** 0,062****Père travaillant dans le secteur privé n.s 0,012** 0,102**FormationBac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques réf. réf.Bac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s oun.sBac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques -0,013 -Bac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s 0,181*** - 0,254****A obtenu son baccalauréat avant 1992 -0,042 - 0,170****Types d’emploiFonction de direction, administrative, d’enseignement ou de recherche réf.Fonction comptable <strong>et</strong> financière n.s - p.e.Fonction commerciale n.s - p.e.Fonction de production -0,230**** - p.e.Taille <strong>et</strong> secteur d’activitéTaille de l’entreprise 0,052*** - p.e.Secteur <strong>des</strong> services réf. - p.e.Secteur industriel <strong>et</strong> de la construction -0,191*** - p.e.StagesN’a jamais effectué de stage n.s réf.A effectué un ou plusieurs stages de moins de 6 mois n.s 0,015*** 0,126***A effectué un ou plusieurs stage de 6 mois <strong>et</strong> plus n.s 0,018**** 0,158****Mo<strong>des</strong> d’obtention d’un emploiA utilisé son <strong>réseau</strong> d’amis pour trouver son emploi -0,259**** - p.e.A utilisé son <strong>réseau</strong> familial trouver un emploi n.s - p.e.A réussi un concours 0,248*** - p.e.A trouvé son emploi grâce à de l’assistance d’un bureau de placement,p.e.de le CIOPE, de l’ANAPEC ou d’un programme d’aide à l’insertion -0,222* -Mo<strong>des</strong> de recherche <strong>et</strong> d’obtention d’un emploiA utilisé son <strong>réseau</strong> d’amis pour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi - 0,020**** 0,170****A utilisé son <strong>réseau</strong> familial pour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi - 0,021**** 0,174****A tenté ou a réussi un concours - 0,011* 0,090*A bénéficié de l’assistance d’un bureau de placement, de le CIOPE,de l’ANAPEC ou a bénéficié d’un programme d’aide à l’insertionpour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi - -0,012**-0,102**(1) les eff<strong>et</strong>s marginaux sont calculés sur l’espérance du salaire. <strong>Le</strong>s résultats obtenus sont issus du logiciel STATA7n.s. non significatif ; p.e. pas d’eff<strong>et</strong> ; **** : significatif au seuil de 1%, *** de 5%, ** de 10% <strong>et</strong> * de 15%lecture : Etre marié accroît de 20% le salaire tandis qu’avoir effectué un stage de moins de 6 mois n’affecte pasde manière significative l’espérance conditionnel du salaire mais accroît de 1,5% le salaire non-conditionel.Source : Enquête sur le devenir <strong>des</strong> sortants de la faculté Hassan 2 Ain Chock22 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliEn revanche, les résultats obtenus ici soulignent que l’impact de ces mo<strong>des</strong> de recherche d’emploisur les salaires <strong>des</strong> sortants de l’université Hassan II Ain Chock est négatif. C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> n’est significatifque pour ceux qui ont utilisé le <strong>réseau</strong> d’amis (-25%). Il est probable que les individus qui obtiennentleur emploi par l’intermédiaire d’un membre de leur <strong>réseau</strong> d’amis, disposent d’un pouvoir denégociation salariale plus faible que les autres. Ils se sentent redevables par rapport à leurs pairs<strong>et</strong> acceptent plus facilement soit un emploi qualifié mais mal rémunéré, soit un emploi qui necorrespond pas à leur niveau de qualification <strong>et</strong> donc mal payé.Toutefois, les mo<strong>des</strong> d’obtention <strong>des</strong> emplois ne peuvent être considérés comme <strong>des</strong> choix exogènes.Afin de compléter l’analyse, deux estimations complémentaires sont proposées. La premièreétudie à l’aide d’un modèle Probit bivarié les probabilités de recourir au <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> <strong>et</strong> la probabilitéd’obtenir un emploi. La seconde porte sur l’impact <strong>des</strong> liens forts <strong>et</strong> <strong>des</strong> liens faibles sur lesalaire espéré en instrumentant ces deux variables 5 . <strong>Le</strong>s résultats obtenus sont présentés dans l<strong>et</strong>ableau 6 en annexe.Lorsque le contrôle du caractère endogène <strong>des</strong> liens forts <strong>et</strong> faibles est effectué, ces variablesne semblent pas affecter de manière significative ni la probabilité d’obtenir un emploi ni le salaireobtenu. Toutefois, ce résultat est à interpréter avec précaution étant donnée la taille de l’échantillon<strong>et</strong> la faible qualité <strong>des</strong> instruments trouvés pour identifier le modèle.4 Conclusion<strong>Le</strong>s sortants <strong>des</strong> facultés de droit <strong>et</strong> d’économie font face à un marché du travail caractérisépar une pénurie d’emplois qualifiés <strong>et</strong> par une concurrence <strong>des</strong> écoles privées. Deux catégories delauréats peuvent être identifiées : ceux ne disposant pas de <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> <strong>et</strong> qui font face à <strong>des</strong>difficultés importantes d’insertion <strong>et</strong> ceux qui par leur <strong>réseau</strong> ont accès à <strong>des</strong> emplois mais demauvaise qualité.Ainsi, la plupart <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> de l’enseignement supérieur sont cantonnés dans le marché secondairedu travail, <strong>et</strong> ce quel que soit leur <strong>réseau</strong> <strong>social</strong>. Même si la mobilisation de ce <strong>réseau</strong>perm<strong>et</strong> d’accéder plus facilement aux emplois disponibles, il ne perm<strong>et</strong> pas d’accéder aux emploisdu marché primaire du travail réservés à une élite issue <strong>des</strong> écoles privées. C’est pourquoi, leslauréats <strong>des</strong> filières universitaires ayant recours à leur <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> s’insèrent plus facilement maisne bénéficie pas d’un salaire plus élevé. Lorsqu’ils trouvent un emploi, ils exercent le plus souvent<strong>des</strong> p<strong>et</strong>its boulots, ou sont cantonnés dans <strong>des</strong> emplois précaires.5 La taille de l’échantillon ne perm<strong>et</strong> pas d’endogénéser le <strong>réseau</strong> <strong>et</strong> d’estimer simultanément la probabilité d’avoirun emploi <strong>et</strong> le salaire obtenu.23 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR MagaliDans ce contexte de pénurie d’emploi <strong>et</strong> de concurrence <strong>des</strong> établissements privés, le recoursaux liens forts dans la recherche d’emploi ne perm<strong>et</strong> pas, contrairement aux résultats obtenus auniveau européen ou américain, d’obtenir un emploi de meilleure qualité.5 RéférencesAbdoud M., (1994), “Insertion professionnelle <strong>des</strong> lauréats de l’université”, Université de Fès, Maroc,mimeoAchoual A., Bensalem E.M. , Bougroum M. <strong>et</strong> Werquin P. (1994) “<strong>Le</strong>s jeunes <strong>diplômés</strong> chômeurs dela région de Marrakech quelques résultats préliminaires“, Document de travail du Crequam, 94105.Barron M.J. and Gjerde K.P., (1997), “Peer pressure in an agency relationship”, Journal of LabourEconomics, 95 (2), p. 234-254Bourdallé G. <strong>et</strong> Cases C., (1996), “<strong>Le</strong>s taux d’activité <strong>des</strong> 25-60 ans : les eff<strong>et</strong>s de l’âge <strong>et</strong> de lagénération”, Économie <strong>et</strong> Statistique, 300, p. 83-93.Bensalem M., Zerauin P. <strong>et</strong> Ibourk A., (1996), “<strong>Le</strong>s déterminants individuels de la durée de chômage<strong>des</strong> jeunes <strong>diplômés</strong> de Marrakech une application <strong>des</strong> modèles de durée à données longitudinales“, colloqueLa relation formation emploi dans les pays de la Méditerranée, Marrakech 24 <strong>et</strong> 25 octobre 1996.Ben Sedrine S. <strong>et</strong> Plassard J.M., (1998), Enseignement supérieur <strong>et</strong> insertion professionnelle en Tunisie,Presse de l’université de sciences <strong>social</strong>es de Toulouse, Toulouse.Bouharrou A., [2001], “La politique publique de l’emploi au Maroc : analyse <strong>et</strong> évaluation”, Revuemarocaine d’administration locale <strong>et</strong> de développement, 27, p. 22-34.Bougroum M. <strong>et</strong> Ibourk A.[2002] “<strong>Le</strong> chômage <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> au Maroc : quelques réflexions sur lesdispositifs d’aide à l’insertion“Formation Emploi 79, p. 19-107.Bougroum M. <strong>et</strong> Werquin P., (1995), “Mobilité <strong>et</strong> chômage <strong>des</strong> jeunes <strong>diplômés</strong> de la région de Marrakech”,Revue Région <strong>et</strong> Développement, 1, p.139-154.Bougroum M., Ibourk A., Trachen A., (2002), “<strong>Le</strong> chômage <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> au Maroc : trajectoiresprofessionnelles <strong>et</strong> déterminants individuels”, Revue Région <strong>et</strong> Développement, 15, p. 57-76.Coleman, J. S., (1990), Foundations of Social Theory, Belknap Press of Harvard University : Cambridge,MA.Delattre E. <strong>et</strong> Sabatier M., (2003), “Social capital and wage : an econom<strong>et</strong>ric evaluation of <strong>social</strong>n<strong>et</strong>working’s effect“ working paper.Direction de la Statistique, (2001), Enquête Nationale sur la Population Active en zone Urbaine, RabatGranov<strong>et</strong>ter, M. S., (1973), “Economic Action and Social Structure : The Problem of Embeddedness”,American Journal of Sociology, 91, p. 481-510.24 /28


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BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magali6 Annexes6.1 Statistiques <strong>des</strong>criptivesVariables Moyenne std NFormationBac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques 0,587 - 395Bac de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s ouBac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences juridiques <strong>et</strong> politiques 0,096 - 395Bac de sciences <strong>et</strong> licence de sciences <strong>économique</strong>s 0,316 - 395A obtenu son baccalauréat avant 1992 0,441 - 395StagesN’a jamais effectué de stage 0,511 - 395A effectué un ou plusieurs stages de moins de 6 mois 0,205 - 395A effectué un ou plusieurs stage de 6 mois <strong>et</strong> plus 0,284 - 395Sexe <strong>et</strong> statut matrimonialEst marié 0,218 - 395Homme 0,532 - 395Mo<strong>des</strong> de recherche <strong>et</strong> d’obtention d’un emploiA utilisé son <strong>réseau</strong> d’amis pour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi 0,486 - 395A utilisé son <strong>réseau</strong> familial pour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi 0,656 395A bénéficié de l’assistance d’un bureau de placement, de le CIOPE,de l’ANAPEC ou a bénéficié d’un programme d’aide à l’insertionpour chercher <strong>et</strong>/ou trouver un emploi 0,468 - 395A tenté ou a réussi un concours 0,522 - 395Caractéristiques de la famille<strong>Le</strong> père appartient au secteur privé 0,327 - 395Taille de la fratrie 4,666 2,124 395Part de la fratrie ayant une emploi 1,835 1,400 395Famille traditionnelle(mère non scolarisé, n’ayant jamais travaillé <strong>et</strong> comprenant 4 enfants) 0,352 - 395Variables Moyenne NTypes d’emploiFonction de direction <strong>et</strong> administrative 0,270 222Fonction comptable <strong>et</strong> financière 0,302 222Fonction commerciale 0,113 222Fonction d’enseignement ou de recherche 0,207 222Fonction de production 0,108 222Secteurs d’activitéSecteur industriel ou de la construction 0,329 222Secteur <strong>des</strong> services 0,671 222Taille d’entreprise[0-10[ 0,333 222[10-50[ 0,180 222[50-100[ 0,180 222[100-∞[ 0,307 222Mo<strong>des</strong> d’obtention d’un emploiA utilisé son <strong>réseau</strong> d’amis pour trouver son emploi 0,176 222A utilisé son <strong>réseau</strong> familial trouver un emploi 0,685 222A réussi un concours 0,063 222A trouvé son emploi grâce à de l’assistance d’un bureau de placement, de leCIOPE, de l’ANAPEC ou d’un programme d’aide à l’insertion 0,045 222Source : Enquête sur les <strong>diplômés</strong>26 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magali6.2 Présentation de l’enquêteL’enquête sur le devenir <strong>des</strong> sortants de la faculté Ain Chock (Casablanca) a été réalisée entremai 2001 <strong>et</strong> février 2002 auprès de 430 étudiants licenciés en 1996 <strong>et</strong> non réinscrits l’année suivante.La population interrogée reflète la répartition <strong>des</strong> individus inscrits en 1996 entre filières juridiques(67%) <strong>et</strong> <strong>économique</strong>s (33%) au sein de la faculté.Ces étudiants ont été interrogés en face à face par <strong>des</strong> enquêteurs issus de la faculté deCasablanca. Afin de limiter le biais de non-réponse lié à la langue <strong>et</strong> au sexe <strong>des</strong> enquêteurs,l’équipe qui a réalisé les entr<strong>et</strong>iens était composée de 3 étudiants <strong>et</strong> de 3 étudiantes bilinguesfranco-arabe (les deux tiers <strong>des</strong> étudiants interrogés ayant suivi une formation juridique dispenséeexclusivement en arabe).C<strong>et</strong>te enquête fournit <strong>des</strong> informations détaillées sur les thèmes suivants :— <strong>Le</strong>s caractéristiques individuelles <strong>et</strong> familiales (sexe, âge, situation marital, origine <strong>social</strong>e,niveau d’éducation <strong>des</strong> parents, emploi <strong>et</strong> salaires, soutien financier <strong>des</strong> parents taille de lafratrie <strong>et</strong> nombre de frères <strong>et</strong> sœurs <strong>et</strong> nombre d’entre eux qui exercent un emploi).— La formation <strong>et</strong> l’expérience professionnelle (filière de formation, diplôme obtenu, réalisationde stage, de p<strong>et</strong>its boulots ou de jobs d’été <strong>et</strong> durée de ces différentes expériences).— L’évolution sur le marché du travail <strong>et</strong> la situation professionnelle en novembre 2001.— <strong>Le</strong> parcours professionnel de janvier 1996 à novembre 2001.— <strong>Le</strong> comportement de recherche d’emploi (mo<strong>des</strong> de recherche d’emplois utilisés, mode d’accèsà l’emploi <strong>et</strong> zone géographique de recherche d’emploi) <strong>et</strong> les attentes professionnelles, pourceux ayant connu une ou plusieurs pério<strong>des</strong> de chômage.— <strong>Le</strong> comportement de recherche d’emploi, le(s) emploi(s) occupé(s) <strong>et</strong> ses caractéristiques(durée, salaire, fonction, statut, taille de l’entreprise, secteur d’activité, localisation géographiquede l’emploi, motif de rupture de fin de contrat) pour ceux ayant exercé un emploientre 1996 <strong>et</strong> 2001.27 /28


BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magali6.3 Endogénéisation <strong>des</strong> variables <strong>réseau</strong>Tableau 6 : <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> liens faibles <strong>et</strong> fortsA utilisé son <strong>réseau</strong>d’amis pour trouverson emploiLiens fortsA utilisé son <strong>réseau</strong>familial trouver unemploiProbabilité de trouver un emploiA effectué un ouplusieurs stages demoins de 6 moisLiens faiblesA effectué un ouplusieurs stage de 6mois <strong>et</strong> plusModèle 1Modèle 2+17%n.s.+17%n.s.+12,6%n.s.+15,8%n.s.Salaire obtenuModèle 1Modèle 3- 25 %n.s.n.s.n.s.+ 1,5%n.s.+1,8%n.s.Modèle 1 : méthode du maximum de vraisemblance (équation 5)Modèle 2 : modèle Probit bivariéModèle 3 : modèle instrumentant le <strong>réseau</strong> uniquement pour ceux ayant un emploiSource : Enquête sur le devenir <strong>des</strong> sortants de la faculté Hassan 2 Ain Chock28 /28

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