Le réseau social des diplômés marocains - Analyse économique et ...
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BUNEL Matthieu <strong>et</strong> LENOIR Magaliefficace pour s’insérer professionnellement. Ces <strong>diplômés</strong>, privés d’emplois, mobilisent donc leur<strong>réseau</strong> <strong>social</strong> afin d’accéder au marché du travail. Une première étude empirique révèle que cemode de recherche d’emplois est utilisé par près d’un tiers <strong>des</strong> licenciés (Mourji, Montmarqu<strong>et</strong>te <strong>et</strong>Garni [1996]). Une seconde étude souligne l’efficacité du <strong>réseau</strong> puisque 20% <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong> insérésl’ont utilisé (Abdoud [1994]).Dans ces étu<strong>des</strong>, le <strong>réseau</strong> <strong>social</strong> est défini, de manière traditionnelle, comme l’ensemble <strong>des</strong>liens sociaux connectant <strong>des</strong> individus entre eux <strong>et</strong> par lesquels circulent de l’information privée(Granov<strong>et</strong>ter [1973], [1995]). La mobilisation de ces relations pour trouver un emploi peut êtreassimilée à un capital <strong>social</strong> dont le rendement peut être supérieur au capital humain (Coleman[1990]).Plusieurs modèles ont analysé l’impact du <strong>réseau</strong> dans un cadre d’information imparfaite. Ilssoulignent que le <strong>réseau</strong> perm<strong>et</strong> de réduire les problèmes d’anti-sélection <strong>et</strong> d’aléa-moral associésà l’embauche d’un chômeur. Pour Rees [1966], lorsqu’un salarié en poste recommande un chômeurmembre de son <strong>réseau</strong>, il engage sa réputation. C’est pourquoi, il sélectionne uniquement ceux dontla productivité est au moins identique à la sienne. <strong>Le</strong>s travaux sur la pression par les pairs (“peermonitoring”) m<strong>et</strong>tent en évidence que lorsqu’un entrant fait parti du <strong>réseau</strong> d’un <strong>des</strong> membres del’entreprise, il est incité à fournir un niveau d’effort plus élevé (Lazear <strong>et</strong> Kandel [1992]).<strong>Le</strong>s modèles de Montgomery [1991] <strong>et</strong> Mortensen <strong>et</strong> Viswanath [1994] soulignent que les contactspersonnels fournissent <strong>des</strong> informations de meilleure qualité aux employeurs <strong>et</strong> aux travailleurs surleurs caractéristiques respectives. Dans le modèle de Montgomery [1991], le <strong>réseau</strong> perm<strong>et</strong> auxentreprises d’embaucher plus fréquemment <strong>des</strong> travailleurs dont la productivité est élevée. Alorsque dans l’analyse de Mortensen <strong>et</strong> Viswanath [1994], ce mode de recherche d’emploi perm<strong>et</strong> à<strong>des</strong> travailleurs, ayant ou non une productivité homogène, d’accéder à un ensemble d’offres caractérisépar une proportion plus importante d’emplois mieux rémunérés. Ces deux articles soulignentquele<strong>réseau</strong>influence positivement <strong>et</strong> simultanément la probabilité de trouver un emploi <strong>et</strong> larémunération obtenue.Dans la lignée de ces travaux théoriques, <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> empiriques montrent que le <strong>réseau</strong> accroît laprobabilité de trouver un emploi (Granov<strong>et</strong>ter [1973], [1995], Holzer [1988]). En revanche, l’impactrelatif du <strong>réseau</strong> sur la qualité <strong>des</strong> emplois obtenus fait l’obj<strong>et</strong> d’une controverse. <strong>Le</strong>s premierstravaux sur données américaines semblent identifier une relation systématiquement positive entrel’utilisation du <strong>réseau</strong> <strong>et</strong> le niveau de rémunération obtenu (Granov<strong>et</strong>ter [1995], Holzer [1988]).Cependant, les résultats récents, sur données européennes, relativisent c<strong>et</strong>te relation (Pillizzari[2003], Delattre <strong>et</strong> Sabatier [2003]).4 /28