47L’étude-pays sur le CamerounLes travaux d’étude sur ce pays se sont étalés sur lapériode 1991-1996. La période initiale a été la plusactive avec la mise en œuvre d’un FAC entre 1991et 1994 qui a mobilisé à plein temps l’ensemble del’équipe de chercheurs de DIAL de l’époque(3 chercheurs IRD), suivie de travaux plusponctuels (impact de la dévaluation du Franc CFA,poursuite du travail sur les observatoires frontaliers,etc.). Ces travaux ont débouché entre autres sur lapublication de plusieurs articles scientifiques etd’un numéro spécial de Statéco en 1994 présentantles résultats de l’enquête 1-2-3 menée à Yaoundé,puis sur celle d’un ouvrage de synthèse consacré àl’économie camerounaise (Aerts et al., 2000).Ce programme correspond à une demande adresséeà DIAL en 1991 par le ministère français de laCoopération, pour le compte du ministère du Planet de l’Aménagement du Territoire camerounais.L’objectif était d’analyser la dynamiquemacroéconomique du Cameroun, sur le passé et demanière prospective, afin d’évaluer l’impact de lapolitique d’ajustement structurel et la perspectivede sortie de crise. Du point de vue de la coopérationfrançaise, cet objectif correspondait à unejustification initiale de la création de DIAL, àsavoir la constitution d’une expertise capable depositionner la France sur les politiques dedéveloppement, au-delà d’un simple alignement surles politiques d’ajustement structurel promues parles Institutions de Bretton-Woods (Banquemondiale et FMI).Il est toutefois vite apparu que cet exercicenécessitait la mobilisation d’informationsadéquates, que les données statistiques existantes nepouvaient procurer. En effet, analyser la crise del’économie camerounaise, mais aussi prévoir sonévolution supposait que l’on puisse disposer d’unebonne représentation statistique de l’économie àl’échelle macroéconomique (comptabilité nationale,matrice de comptabilité sociale, etc.) et d’unemeilleure compréhension du comportement desacteurs – ménages, entreprises – au niveaumicroéconomique qui permettent d’expliciter desmécanismes pas seulement théoriques maisvalidables empiriquement.Pour pouvoir mener à bien ce programme, DIALs’est donc engagé en partenariat avec la Directionde la Statistique du Cameroun (DCSN) dans unvaste chantier d’enquêtes statistiques, sur desthèmes stratégiques au centre des mécanismesd’ajustement en cours, mettant en œuvre desméthodologies originales. Ces travaux de terrainont abordé principalement l’emploi, le secteurinformel, la consommation, l’industrie (les résultatsde l’enquête industrielle ont été notammentanalysés par Cogneau, 1993), les prix, les échangestransfrontaliers avec le Nigeria et les marchésparallèles des changes. Ce détour par le terrain,assez peu commun chez les macro-économistes, adessiné dès l’origine du groupement les linéamentsd’une « méthode DIAL » novatrice, basée surl’association entre trois phases de la recherchesouvent déconnectées : la production de statistiquessur des domaines prioritaires ; l’analyseapprofondie des données ; le suivi & évaluation despolitiques.La dynamique macro-économique et ladévaluation du franc CFAConformément à l’objectif initial du programme,les travaux se sont centrés dans un premier tempssur les perspectives macro-économiques de moyenterme du Cameroun (de Monchy et Roubaud,1991), cet exercice se prolongeant par l’étude del’impact de la dévaluation du franc CFA.Un exercice de projections macro-économiques aété finalisé dès 1991, décrivant l’évolutionéconomique du Cameroun et proposant quelquesscénarios macro-économiques à moyen terme(1995), réalisés à l’aide du modèle Tablo del’Agence Française de Développement (à l’époqueappelée Caisse Française de Développement). Cetteétude a abouti au constat selon lequel aucunscénario (mesures de politiques économiques,environnement international) ne permettaitd’envisager une reprise de la croissanceéconomique à l’horizon de la prévision (unedévaluation du Franc CFA n’était pas retenue parmiles hypothèses de politique économique). Il a doncété proposé d’analyser plus finement lesperspectives de développement des différentesfilières productives, des marges de manœuvreprocurées aux finances publiques par lesrestructurations des entreprises publiques, ainsiqu’une meilleure appréciation de l’impact del’économie nigériane sur le Cameroun (voir ciaprès).Cet exercice a également permis de dresserun bilan de l’ajustement structurel du point de vuemacro-économique (complété par l’analyse del’emploi et du secteur informel), qui a été élargiensuite dans le cadre d’une étude comparativeAfrique/Asie sur les résultats de ces politiques(Trotignon, 1993).Un exercice de simulations a ensuite été effectuédans le but d’évaluer l’impact de la dévaluation dufranc CFA sur le Cameroun. Les simulations sesont appuyées sur un modèle d’équilibre généralcalculable de l’économie camerounaise, dontl’élaboration a nécessité la construction préalabled’une matrice de comptabilité sociale (Cogneau etRoubaud, 1993). Les simulations ont été effectuéesà la fois ex ante et ex post, autrement dit avant etaprès la dévaluation. Les premières d’entre elles ontSTATECO N°100, 2006
48été menées de manière confidentielle fin 1993 à lademande du ministère de la Coopération ; elles ontconclu que la dévaluation était nécessaire pouraméliorer la compétitivité de l’économie etretrouver le chemin de la croissance. La dévaluationayant finalement été mise en œuvre début 1994(avec une dévaluation de 50% du franc CFA).Conformément aux résultats des autres études quiont cherché a évaluer l’impact de la dévaluation,toutes les simulations effectuées ex post (qui ontaussi porté sur la Côte d’Ivoire et le Sénégal) ontmontré que celle-ci a eu un impact expansionnistesur l’économie et que, tout en ayant un impact trèsnégatif sur les revenus urbains, elle a sensiblementaccru le pouvoir d’achat rural.L’emploi et le secteur informel àYaoundéA l’occasion des exercices de projection macroéconomiques’est posée la question déjà anciennedu rôle du secteur informel dans la crise et plusgénéralement dans le contexte économique futurdes pays africains. Ce secteur, dont ledéveloppement est visible a-t-il été, ou peut-il être,un facteur atténuateur de la crise ? Ceci supposequ’il soit en mesure de créer de la richesse, mêmedans un contexte où le secteur moderne est endéclin. Or, si la comptabilité nationale procure unevision relativement actualisée du secteur formel, lesecteur informel, particulièrement en milieu urbain,ne fait l’objet d’aucune mesure statistique directe.De ce fait, il est impossible, sans nouvellesinvestigations statistiques, d’en donner unereprésentation utilisable pour la construction descénarios d’évolution à moyen terme de l’ensemblede l’économie camerounaise.Pour tenter de répondre à cette question, et par làmême déboucher sur une représentation formaliséedu rôle du secteur informel dans une économieafricaine, DIAL a proposé à la DSCN de mettre surpied une méthode d’investigation du secteurinformel urbain, en commençant à titreexpérimental par l’étude de la ville de Yaoundé.Les résultats de cette enquête ont fait l’objet d’unnuméro spécial de la revue Statéco (Roubaud,1994).La DSCN a marqué son intérêt pour expérimenterune méthode d’approche de ce secteur, utilisablepour le développement de la réflexionmacroéconomique recherché par DIAL, etrépondant aux deux contraintes suivantes : fournirune mesure statistiquement représentative d’unsecteur trop souvent étudié soit par des méthodesnon extrapolables parce que procédant avant toutd’une démarche socio-anthropologique soit par desenquêtes fondées sur des répertoires d’entreprises,non adaptées à la mesure de ce secteur ; fournir uneimage économiquement « bouclée » de ce secteur,en le mesurant tant du côté de l’offre (salocalisation dans le système productif, lesdéterminants de son développement et sesmodalités d’ajustement à son environnement, etc.)que du côté de la demande (origine de la demande,modalités de choix des ménages pour les produitsélaborés ou distribués par ce secteur), aspect engénéral peu ou pas du tout exploré.C’est dans cette perspective que DIAL a proposé lamise en œuvre en collaboration avec la DSCNd’une enquête sur ce thème appelée enquête 1-2-3.C’était la première fois qu’une telle enquête étaitmenée en Afrique (dans le prolongement de travauxde ce type menés au Mexique au milieu des années1980). La réussite de cette opération peut êtremesurée à l’aune de son faible coût, de la qualitédes résultats obtenus et de la rapidité de sortie deces résultats. Décidée à l’été 1992, l’enquête a étémenée en 1993 et les résultats diffusés la mêmeannée. Ils ont été présentés publiquement lors d’unséminaire sur l’emploi et le secteur informel quis’est tenu à Yaoundé en novembre 1993.L’enquête 1-2-3 a ainsi fourni pour la première foisune mesure précise du poids du secteur informeldans l’emploi total (57 % de l’emploi à Yaoundé).Elle a aussi mis en évidence le fait que le secteurinformel est depuis le début de la crise le principalmoteur de la création d’emplois.Face au succès et aux retombées de cette opérationpilote, l’enquête a été reconduite à Yaoundé en1994. Elle a permis d’apprécier l’impact de courtterme de la dévaluation sur le marché du travailurbain (ainsi que des mesures d’ajustement réel dessalaires publics), avec une réduction substantielledu taux de chômage (de 24 % à 18 %),accompagnée d’une très forte poussée du secteurinformel (de 57 % à 66 %), dans un contexted’effondrement des revenus réels (- 45 %). Dix ansaprès, l’enquête a été élargie au niveau national parla DSCN en 2005, avec l’appui d’AFRISTAT, deDIAL et de la Coopération française (voirquatrième partie ci-après).Les échanges transfrontaliers avec leNigeriaCe volet du programme s’inscrivait dans le cadred’un objectif d’étude de l’insertion internationale del’économie camerounaise, et plus particulièrementde son intégration régionale, sachant que lespolitiques d’ajustement structurel comportaient desmesures visant à développer cette intégration. Alorsque les pays africains sont considérés comme peuouverts sur leurs voisins, l’étude partait du constatqu’une forte partie des échanges avec le Nigerialimitrophe – qui est aussi la grande puissancerégionale – s’effectuaient de manière informelle (encontrebande). L’objectif était donc de fournir unéclairage sur l’ampleur réelle de la pénétration desSTATECO N°100, 2006
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