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la revue de presse - Le Théâtre du Soleil

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Lyon Kaboul Thèbes, aller-retourretour : un voyage !En 2011, l'ENSATT fête ses 70 ans. École-Théâtre installée à Lyon, elle a confié le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>ses trois ateliers-spectacles <strong>de</strong> l'année à <strong>de</strong>ux personnalités majeures <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène théâtrale :Évelyne Didi et Matthias Langhoff.<strong>Le</strong>ur projet consiste en une double création, française et afghane, jouée en un seul soir autour<strong>de</strong> <strong>la</strong> figure d'Œdipe.C'est ainsi que les étudiants <strong>de</strong> <strong>la</strong> 70e promotion, tous métiers confon<strong>du</strong>s, ont conçu etinterprètent Œdipe et Neige, et que les artistes <strong>du</strong> Théâtre Aftaab, formés à Kaboul par ArianeMnouchkine et accueillis <strong>du</strong>rant un an comme étudiants à l'Ensatt, rejouent Œdipe dans leurpropre <strong>la</strong>ngue, miroir ten<strong>du</strong> à <strong>la</strong> version française. Un long et beau voyage entre Lyon, Kaboulet Thèbes.L’Ensatt, Ecole ThéâtreL’ENSATT est une École Théâtre installée à Lyon, où sont enseignés administration, artdramatique, arts et humanités, costumes, direction technique, écriture dramatique, mise enscène, réalisation lumière, réalisation sonore, scénographie-décor. Elle accueille près <strong>de</strong> 170étudiants en formation initiale et 75 en formation continue.Au terme <strong>de</strong> cette formation, trois ateliers-spectacles permettent aux étudiants <strong>de</strong> mettre enpratique leurs savoirs au contact <strong>de</strong> metteurs en scène invités qui les confrontent aux exigences<strong>de</strong> <strong>la</strong> création théâtrale et <strong>de</strong> sa rencontre avec le public.ENSATT 4 rue Sœur Bouvier 69005 Lyon Tél 04 78 15 05 07 2


Entretien avec Matthias Langhoffet Evelyne DidiRéalisé par Guil<strong>la</strong>ume FulconisG. F. – Matthias, tu as déjà monté cette version d’Œdipe en Œdipe, en Œdipe, en Œdipe, àchaque fois avec <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue et <strong>de</strong> culture différentes. Tu projettes également <strong>de</strong> lemonter en Russie et en Amérique <strong>la</strong>tine. A l’ENSATT, <strong>la</strong> pièce sera jouée une fois en françaispar les jeunes comédiens <strong>de</strong> <strong>la</strong> promotion 70 et une fois en afghan par le théâtre AFTAABdont <strong>la</strong> jeune troupe a été accueillie à l’école cette année. Cette œuvre semble donc occuperune p<strong>la</strong>ce particulière dans ton parcours, puisque c’est celle à <strong>la</strong>quelle tu reviens souvent,dans les lieux les plus divers...M. L. – Sans doute parce qu’elle m’ai<strong>de</strong> à être c<strong>la</strong>ir avec moi-même en tant qu’être social, àcomprendre le chaos auquel moi-même je participe. Car tout mouvement d’essai <strong>de</strong>changement <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> est lié à une violence. Il est question <strong>de</strong> ce<strong>la</strong> dans beaucoup <strong>de</strong>tragédies grecques et c’est tout à fait central dans Œdipe. Tous ces lieux et ces moments oùj’ai pu l’abor<strong>de</strong>r sont autant <strong>de</strong> rencontres différentes avec le mon<strong>de</strong>, autant <strong>de</strong> manièresd’abor<strong>de</strong>r le même problème : l’importance <strong>de</strong> nous connaître nous-mêmes dans l’histoirepour réagir à l’histoire. C’est tout le problème d’Oedipe confronté à <strong>la</strong> crise que représente <strong>la</strong>peste.E. D. – <strong>Le</strong> théâtre grec, on y revient toujours. C’est quelque chose qui renaît <strong>de</strong> manièredifférente à chaque fois qu’on le travaille. Et il n’y a jamais <strong>de</strong> réponses pour toujours...M. L. – Il y a malheureusement <strong>de</strong>s metteurs en scène qui croient avoir <strong>de</strong>s réponses pourtoujours. <strong>Le</strong> metteur en scène a toujours entre les mains l’attitu<strong>de</strong> et l’esprit avec lesquels uneéquipe entre dans le travail. On doit faire avec ça. Je ne veux pas c<strong>la</strong>rifier Œdipe.Par exemple, nous souffrons tous d’une occupation <strong>de</strong> cette culture grecque par lechristianisme qui a utilisé ce matériau pour ses propres besoins...E. D. – C’est aussi ce qu’a fait Freud d’une certaine manière. Et le complexe d’ Œdipe est trèsencombrant pour jouer...M. L. – Oui. Et l’affrontement entre les générations n’a rien à voir avec <strong>la</strong> pièce – il s’agitd’un problème <strong>de</strong>s sociétés bourgeoises. C’est toujours notre faute <strong>de</strong> pensée <strong>de</strong> prendrel’utilisation <strong>du</strong> matériau pour une interprétation. Nous <strong>de</strong>vons résister à ce réflexe.Et c’est très lié à <strong>la</strong> façon dont j’envisage mon travail dans une école <strong>de</strong> théâtre. Il s’agit d’unecertaine manière d’une attitu<strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctive contre l’école qui se pense comme une institutionpour créer le théâtre, d’une résistance à certains réflexes.Si <strong>la</strong> tragédie grecque est un vrai théâtre politique c’est parce qu’elle est une confrontationavec l’instabilité permanente <strong>de</strong> notre vie. Au fond, les tragédies sont peut-être les seulsmoments <strong>de</strong> progrès.G. F. – Et dans <strong>la</strong> pièce, c’est <strong>la</strong> peste qui occupe ce rôle...M. L. – La peste, c’est <strong>la</strong> vie qui ne se <strong>la</strong>isse pas vivre trop facilement. C’est un point trèsimportant dans <strong>la</strong> pièce que cette confrontation avec <strong>la</strong> catastrophe. Car que veut le peupled’Œdipe ? Une ai<strong>de</strong> contre <strong>la</strong> peste.ENSATT 4 rue Sœur Bouvier 69005 Lyon Tél 04 78 15 05 07 3


Mais nous savons – et les grecs aussi probablement – que contre une ma<strong>la</strong>die, il faut trouverun moyen social ou médical, mais pas philosophique ou idéologique. Œdipe pense pouvoirtrouver une solution, mais il tombe par sa propre histoire. Il commet une faute : penser qu’il abesoin <strong>de</strong> l’oracle <strong>de</strong> Delphes pour résoudre ce nouveau problème.G. F. – Tu as dit à ce propos qu’Œdipe était une pièce sans dieux...M.L. – Dans <strong>la</strong> pièce, il n’y a que l’oracle. <strong>Le</strong>s dieux ne sont rien d’autre qu’un pouvoir avecqui on n’a pas <strong>de</strong> contact direct – mystifié, comme tous les pouvoirs.Et l’oracle n’est rien d’autre qu’une façon <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s règles au nom <strong>de</strong>s dieux – comme lefait l’église.G. F. – C’est aussi ce qui, à un moment, empêche Œdipe <strong>de</strong> « se connaître dans l’histoirepour réagir ». On en en revient toujours à <strong>la</strong> question <strong>de</strong> l’origine….M. L. – Une <strong>de</strong>s questions fondamentales <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie grecque est : « d’où venons nous ? »C’est à dire le contraire <strong>de</strong> ce qui fon<strong>de</strong> notre société qui veut toujours <strong>du</strong> nouveau.L’économie efface les histoires. Et notre vie politique ne dit plus rien d’autre que le momentqui se <strong>la</strong>isse expliquer économiquement.Extrait « Œdipe Tyran »« Laïos était roi <strong>de</strong> Thèbes. <strong>Le</strong> dieu lui fit savoir par <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong>sPrêtres, que son fils l'enjamberait. Laïos, qui n'était pas disposéA payer le prix d'une naissance qui lui coûterait <strong>la</strong> vieArracha le nouveau-né <strong>de</strong>s seins <strong>de</strong> sa mère, lui transperça les orteilsSoigneusement, pour qu'il ne le surpasse pas, et les cousit trois fois.Afin qu'il le présente aux oiseaux sur un p<strong>la</strong>teau <strong>de</strong> montagne, il le donnaA un serviteur, ma propre chair ne me recouvrira pasEt <strong>de</strong> cette façon, par pru<strong>de</strong>nce, il é<strong>la</strong>rgit le pied qui <strong>de</strong>vait l'écraser<strong>Le</strong> serviteur n'accorda pas l'enfant à l'appétit <strong>de</strong>s oiseauxIl le confia à d'autres mains pour qu'on le sauvât en un autre pays.Là, l'enfant <strong>de</strong> haute naissance prospéra sur ses pieds enflésPersonne ne possè<strong>de</strong> ma démarche, son défaut, son nom, et utilisant sesPieds et d'autres, le <strong>de</strong>stin suivit son chemin, retenant chaque pasPrécipitant le suivant, un pas après l'autre. »ENSATT 4 rue Sœur Bouvier 69005 Lyon Tél 04 78 15 05 07 4


Extrait « Neiges sur Thèbes »<strong>de</strong> Matthias LanghoffŒdi : Où est le repas ? Tirésias, tu es le voyant, dis-moi où est Créon.Tirésias : Je vois ce qui arrive, pas les foutaises <strong>de</strong> cuisine.Œdi : Bien, si tu vois ce qui va arriver, alors dis-moi ce qui va arriveraujourd'hui sur <strong>la</strong> table et quand.Tirésias : Quand ça va arriver je ne le vois pas. Ce qui va arriver je le vois.Œdi : Alors qu'est-ce qui va arriver ?Tirésias : Un pouletTéo : Ma foi, voilà un grand voyant.Poly : Foutaises, il sent le rôti.Créon arrive avec le repas : Poulet avec pommes <strong>de</strong> terre sautées.Œdi : Donne.Poly : Halte, d'abord le testament : l'abdication. Après tu pourras manger.L'Etat est prioritaire. Thèbes a besoin d'avenir maintenant.Tirésias : Je le connais.Poly : Ferme <strong>la</strong> et n'interviens pas quand on ne te le <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas. Je te dirai,quand il y aura quelque chose à prophétiser.Téo : Ou moi. C'est pas encore c<strong>la</strong>ir qui <strong>de</strong>viendra roi <strong>de</strong> Thèbes.Tirésias: Créon...Poly : Boucle <strong>la</strong> !Créon : Moi ?Tirésias : Créon, je pourrais avoir une cuisse ?Téo : Rien <strong>du</strong> tout ! Tu es témoin et rien d'autre. Il arrache le poulet <strong>de</strong>smains <strong>de</strong> Créon. Créon, enlève <strong>la</strong> couronne à papa, nettoie-<strong>la</strong> , récure-<strong>la</strong> ; il ya encore <strong>du</strong> sang et un peu d'oeil collé <strong>de</strong>ssus. Et toi Poly arrête <strong>de</strong> tripotermaman. <strong>Le</strong> bonheur familial, assez, maintenant passons à l'essentiel. Allez, levieux, dis, qui est le roi ?Œdi : Qui sera roi, Poly. Tu veux dire ?ENSATT 4 rue Sœur Bouvier 69005 Lyon Tél 04 78 15 05 07 5


Matthias LanghoffNé le 9 mai 1941 à Zurich, où son père, Wolfgang Langhoff s'était exiléen fuyant le régime nazi, il entre au Berliner Ensemble en 1961 où ilmonte <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> Bertolt Brecht et d’Eschyle. Il travaille ensuite à <strong>la</strong>Volksbühne, où il présente notamment La Bataille et Tracteur <strong>de</strong>Heiner Müller, auteur avec lequel il va nouer une étroite col<strong>la</strong>borationjusqu’à sa mort. Puis il est invité au Schauspielhaus <strong>de</strong> Bochum avant <strong>de</strong>diriger le Théâtre Vidy-Lausanne.La plupart <strong>de</strong> ses mises en scène <strong>de</strong> Schiller, Shakespeare, Ibsen,Goethe, Tchekhov, Buchner, Strindberg, Kleist, Ostrovski… <strong>de</strong>meurent une référence.Longtemps en rési<strong>de</strong>nce au Théâtre national <strong>de</strong> Bretagne, accueilli au Festival d’Avignon, auThéâtre national <strong>de</strong> l’Odéon, aux centres dramatiques <strong>de</strong> Dijon ou <strong>de</strong> Nanterre, il est installéen France mais ne bénéficie d’aucune subvention publique. Il est membre <strong>de</strong> l'Aka<strong>de</strong>mie <strong>de</strong>rKünste Berlin et officier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Légion d'honneur.Evelyne DidiEvelyne Didi commence sa carrière en 1969 avec Jean Dasté à <strong>la</strong>Comédie <strong>de</strong> Saint-Etienne.De 1971 à 1975, elle participe à <strong>la</strong> création <strong>du</strong> Théâtre Ec<strong>la</strong>té avec A<strong>la</strong>inFrançon, Christiane Cohendy et André Marcon et joue notamment dansLa Face <strong>de</strong> Burgos d’après <strong>Le</strong> Procès <strong>de</strong> Kafka et dans La Journéed’une infirmière d’Armand Gatti.En 1976, elle rencontre Bernard Sobel qui <strong>la</strong> met en scène dans <strong>Le</strong>Précepteur <strong>de</strong> Jacob <strong>Le</strong>nz et dans Dom Juan <strong>de</strong> Molière, puis K<strong>la</strong>usMickaël Grüber pour Faust-Salpêtrière <strong>de</strong> Goethe. En 1976, Jean-Pierre Vincent l’engagepour le premier spectacle qu’il crée au Théâtre National <strong>de</strong> Strasbourg où elle jouera pendanthuit ans sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> différents metteurs en scène.En 1983, Bob Wilson <strong>la</strong> dirige dans Me<strong>de</strong>a, Jean-Pierre Vincent dans Œdipe Roi <strong>de</strong> Sophocleet Benno Besson dans <strong>Le</strong>s Oiseaux d’Aristophane. La même année, elle est <strong>la</strong>uréate <strong>de</strong> <strong>la</strong>Vil<strong>la</strong> Médicis hors les murs à New York où elle travaille avec Ann Bogart. Elle participe àplusieurs opéras (Luigi Nono, Prometheo).Elle participe à <strong>de</strong> nombreux spectacles mis en scène par Matthias Langhoff : <strong>Le</strong>s Troyennesd’Euripi<strong>de</strong>, Dona Rosita ou le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong>s fleurs <strong>de</strong> Fe<strong>de</strong>rico Garcia Lorca, Désir sous lesormes d’Eugene O’Neil, <strong>Le</strong>s Trois Soeurs <strong>de</strong> Tchekhov, <strong>Le</strong>s Bacchantes d’Euripi<strong>de</strong>.En 2011, elle est à l'affiche <strong>de</strong> <strong>Le</strong>s gran<strong>de</strong>s personnes <strong>de</strong> Marie N'Diaye sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>Christophe Perton, au Théâtre national <strong>de</strong> La Colline.ENSATT 4 rue Sœur Bouvier 69005 Lyon Tél 04 78 15 05 07 6


<strong>Le</strong> Théâtre AFTAABEn juin 2005, <strong>la</strong> Fundation for Culture and Civil Society (FCCS) invite Ariane Mnouchkine etle Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> en Afghanistan pour organiser un stage <strong>de</strong> théâtre auquel une centaine <strong>de</strong>personnes participe. De cette expérience est née une troupe : le Théâtre Aftaab, un petitThéâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> d’Asie Centrale.Quelques mois plus tard Maurice Durozier et Shaghayegh Beheshti , comédiens au Théâtre <strong>du</strong><strong>Soleil</strong>, retournent à Kaboul pour diriger un atelier autour <strong>de</strong> Roméo et Juliette. <strong>Le</strong> spectaclesera joué à Kaboul et au Tadjikistan. La même année, <strong>la</strong> troupe afghane monte un autrespectacle, Peur, d’une auteur tadjik avec Mirza Watan Mirof, metteur en scène Tadjik invitélui aussi par FCCS.En 2006, le Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> invite les membres <strong>du</strong> Théâtre Aftaab à venir compléter leurformation théâtrale en France à <strong>la</strong> Cartoucherie. La troupe commence alors avec HélèneCinque un travail sur <strong>Le</strong> Tartuffe d’après <strong>la</strong> mise en scène <strong>de</strong> Ariane Mnouchkine. HélèneCinque part à Kaboul à l’été 2006 pour terminer <strong>la</strong> création <strong>de</strong> ce spectacle qui sera joué auCentre Culturel Français <strong>de</strong> Kaboul. Aftaab monte alors un nouveau spectacle avec ArashAbso<strong>la</strong>n : <strong>Le</strong> Cercle <strong>de</strong> craie caucasien. En 2008, <strong>la</strong> troupe afghane rencontre pour <strong>la</strong>première fois le public français : les <strong>de</strong>ux spectacles sont joués en alternance à <strong>la</strong>Cartoucherie.En 2009, le Théâtre Aftaab est à nouveau en rési<strong>de</strong>nce et retrouve Hélène Cinque à <strong>la</strong>Cartoucherie pour <strong>la</strong> création <strong>de</strong> Ce jour là, pièce basée sur l’expérience, vécue par lesacteurs, <strong>de</strong> l’histoire récente <strong>de</strong> l’Afghanistan. La troupe commence ensuite une tournée enFrance : Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, Festival Sens Interdits (Lyon), CCN <strong>de</strong> Rillieux-<strong>la</strong>-Pape, Comédie<strong>de</strong> Saint Etienne…En 2010, le Théâtre Aftaab travaille à Kaboul à <strong>de</strong>ux nouvelles créations : <strong>Le</strong>s Chiens avec <strong>la</strong>chorégraphe Laurence <strong>Le</strong>vasseur et l’Avare, <strong>de</strong> Molière. Pour <strong>la</strong> première fois, <strong>la</strong> troupetravaille seule à cette création collective tout en gardant le soutien et l’accompagnementprécieux d’Ariane Mnouchkine et <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>. La troupe est actuellement à l’Ensattpour un an <strong>de</strong> formation aux différents métiers <strong>du</strong> théâtre et pour continuer son travail <strong>de</strong>création.http://www.aftaab-theatre.com/Ce jour là, mise en scène Hélène CinqueENSATT 4 rue Sœur Bouvier 69005 Lyon Tél 04 78 15 05 07 7


L’équipe <strong>du</strong> spectacleEtudiants <strong>de</strong> l’ENSATTAssistant à <strong>la</strong> mise en scène Guil<strong>la</strong>umeFULCONISAvec Cantor BOURDEAUX, Jean-Rémi CHAIZE,Alexia CHANDON-PIAZZA, Olivia CHATAIN,Théo COSTAMARINI, Océane DESROSES,Jérôme FAUVEL, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> LEPRETRE, HermannMARCHAND, Maud ROULET, Charles-AntoineSANCHEZDirection Technique Lucie PATATScénographie Marion GERVAIS assistée <strong>de</strong>Judith BORDAS et Ga<strong>la</strong> OGNIBENECréation lumière Julien DUBUC, MarylinETIENNE-BONCréation son Jordan ALLARDConception costumes C<strong>la</strong>ire DAGUERRE,Mathieu TRAPPLER assistés <strong>de</strong> AnaïsMALLARETCoupeurs costumes Anaé Yuna BARTHELEMY,Béatrice BOURSIER, Sonia DE SOUZA, JessicaGERACI, Cécile LAMOUILLE, PetronilleSALOME. Chefs d’atelier : Nathalie GIRAUD,Pauline KOCHERRégie lumière Gauthier HAZIZA, Laura SUEURRégie son Sophie BERGER, GrégoireDURRANDERégie p<strong>la</strong>teau Lucas DELACHAUX, OraneDUCLOS, Quentin DUMAYAccessoiristes Charles BOINOT, Cassandre BOY,Clotil<strong>de</strong> GRELIERAdministration Arnaud PRECHACEtudiants <strong>du</strong> Théâtre AFTAABAvecHaroon AMANI, Wazhma BAHAR, ArefBAHUNAR, Taher BEAK, Saboor DILAWAR,Mostafa HABIBI, Ahwad HASHIMI, Farid JOYA,Naser Mansor KHAN, Shafiq KOHI, Said AsifMAWDUDI, Ghu<strong>la</strong>m Reza RAJABI, OmidRAWANDAH, Shura SABAGHY.Col<strong>la</strong>boratrice à <strong>la</strong> mise en scèneShaghayegh BEHESHTIENSATT 4 rue Sœur Bouvier 69005 Lyon Tél 04 78 15 05 07 8


<strong>Le</strong>s dates<strong>Le</strong> Jeudi 30 Juin à 18h30 et jusqu’au Vendredi 8Juillet 2011 à 19h A L’ENSATTRelâche le dimanche 3 Juillet - Tarifs : 10€, 5€Réservations à l’ENSATT en semaine <strong>de</strong> 17h à 20h à partir <strong>du</strong> 15 juin 2011+33(0)4 78 15 05 07pro<strong>du</strong>ction@ensatt.fr!www.ensatt.frDu Mercredi 13 Juillet au Mardi 26 Juillet 2011 à20h45 A VILLENEUVE LEZ AVIGNONRelâche le Vendredi 15 juillet et le Jeudi 21 Juillet - Tarifs : 15€, 12€, 10€Réservations à Villeneuve en scène à partir <strong>du</strong> 15 juin 2011. + 33(0)4 32 75 15 95resa@villeneuve-en-scene.frClos <strong>de</strong> l’AbbayeBaraque foraine - Tout publicRencontrez l’équipe : p<strong>la</strong>ce Jean Jaurès - Dimanche 17 juillet à 11h30www.villeneuve-en-scene.fr/Et Du Jeudi 6 au Samedi 8 octobre 2011au Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance à OullinsDurée : 5 heures environ (entracte et intermè<strong>de</strong> compris)ENSATT 4 rue Sœur Bouvier 69005 Lyon Tél 04 78 15 05 07 9


ContactsContact <strong>presse</strong> :Arnaud Préchac / arnaudprechac@gmail.com / +33(0)6 28 07 54 70Lionel Demol / lionel.<strong>de</strong>mol@ensatt.frENSATT4 rue Soeur Bouvier69005 LYONwww.ensatt.frAccès : <strong>de</strong> Perrache Bus 46, 49D arrêt St Irénée, 49 Arrêt St AlexandreDe Bellecour : Bus 30 St Alexandre – Vieux Lyon : Funicu<strong>la</strong>ire arrêt St JustBlog <strong>du</strong> spectaclehttp://lyonkaboulthebes.jimdo.comENSATT 4 rue Sœur Bouvier 69005 Lyon Tél 04 78 15 05 07 10


20h45ENSATT- Ecole ThéâtreRhône-Alpes et AfghanistanLYON KABOUL THÈBES, ALLER-RETOURSPECTACLE EN DEUX PARTIESSous <strong>la</strong> direction d’EVELYNE DIDI ET MATTHIAS LANGHOFFSOPHOCLE / ŒDIPE, TYRANd’après Höl<strong>de</strong>rlin, <strong>de</strong> Heiner MÜLLERTra<strong>du</strong>ction française Laurence CALAME / Tra<strong>du</strong>ction perse Shaghayegh BEHESHTINEIGE SUR THEBES <strong>de</strong> Matthias LANGHOFFTra<strong>du</strong>ction française André WILMSCréation à l’occasion <strong>du</strong> 70 ème anniversaire <strong>de</strong> l’ENSATT, avec le Festival d’Avignon, l’ISTS,Villeneuve en Scène, le Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> et le Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance à Oullins et le soutien<strong>de</strong> <strong>la</strong> Région Rhône-Alpes et <strong>de</strong> l’Open Society Institute-Soros Foundation NetworkClos <strong>de</strong> l’Abbaye Du 13 au 26 juillet – Relâche les 15 et 21 juilletDurée : 4h avec entracteBaraque foraine - Tout publicTarifs : 15 € - 12 € - 10 € / Abonnement poste 1Rencontrez l’équipe : p<strong>la</strong>ce Jean Jaurès - Dimanche 17 juillet à 11h30En 2011, l’ENSATT fête ses 70 ans. École-Théâtreinstallée à Lyon, elle a confié le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> ses troisateliers-spectacles <strong>de</strong> l’année à <strong>de</strong>ux personnalitésmajeures <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène théâtrale : Évelyne Didi etMatthias Langhoff. <strong>Le</strong>ur projet consiste en une doublecréation, française et afghane, jouée en un seul soirautour <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure d’Œdipe. C’est ainsi que les étudiants1 ère PARTIE avec les étudiants <strong>de</strong> l’EnsattAssistant à <strong>la</strong> mise en scène Guil<strong>la</strong>ume FULCONISAvec Cantor BOURDEAUX, Jean-Rémi CHAIZE, AlexiaCHANDON-PIAZZA, Olivia CHATAIN, Théo COSTA-MARINI, Océane DESROSES, Jérôme FAUVEL, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>LEPRETRE, Hermann MARCHAND, Maud ROULET,Charles-Antoine SANCHEZDirection Technique Lucie PATATScénographie Marion GERVAIS assistée <strong>de</strong> JudithBORDAS et Ga<strong>la</strong> OGNIBENECréation lumière Julien DUBUC, Marylin ETIENNE-BONCréation son Jordan ALLARDConception costumes C<strong>la</strong>ire DAGUERRE, MathieuTRAPPLER assistés <strong>de</strong> Anaïs MALLARETCoupeurs Anaé Yuna BARTHELEMY, Béatrice BOURSIER,Sonia DE SOUZA, Jessica GERACI, Cécile LAMOUILLE,Petronille SALOME<strong>de</strong> <strong>la</strong> 70 e promotion, tous métiers confon<strong>du</strong>s, ont conçuet interprètent Œdipe et Neige, et que les artistes <strong>du</strong>Théâtre Aftaab, formés à Kaboul par Ariane Mnouchkineet accueillis <strong>du</strong>rant un an comme étudiants à l’Ensatt,rejouent Œdipe dans leur propre <strong>la</strong>ngue, miroir ten<strong>du</strong>à <strong>la</strong> version française. Un voyage <strong>de</strong> 4h entre Lyon,Kaboul et Thèbes. Une aventure artistique et humaine.Chefs d’atelier Nathalie GIRAUD, Pauline KOCHERRégie lumière Gauthier HAZIZA, Laura SUEURRégie son Sophie BERGER, Grégoire DURRANDERégie p<strong>la</strong>teau Lucas DELACHAUX, Orane DUCLOS,Quentin DUMAYAccessoiristes Charles BOINOT, Cassandre BOY,Clotil<strong>de</strong> GRELIERAdministration Milena NOIROT, Arnaud PRECHAC2 ème PARTIE avec les étudiants <strong>du</strong> Théâtre AFTAABAvecHaroon AMANI, Wazhma BAHAR, Aref BAHUNAR, TaherBEAK, Saboor DILAWAR, Mostafa HABIBI, Said AhwadHASHIMI, Farid JOYA, Naser Mansor KHAN, ShafiqKOHI, Asif MAWDUDI, Ghu<strong>la</strong>m Reza RAJABI, OmidRAWANDAH, Shura SABAGHYCol<strong>la</strong>boratrice à <strong>la</strong> mise en scèneShaghayegh BEHESHTIwww.ensatt.fr


L’HISTOIRE« Laïos était roi <strong>de</strong> Thèbes. <strong>Le</strong> dieu lui fit savoir par <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong>sPrêtres, que son fi ls l’enjamberait. Laïos, qui n’était pas disposéA payer le prix d’une naissance qui lui coûterait <strong>la</strong> vieArracha le nouveau-né <strong>de</strong>s seins <strong>de</strong> sa mère, lui transperça les orteilsSoigneusement, pour qu’il ne le surpasse pas, et les cousit trois fois.Afi n qu’il le présente aux oiseaux sur un p<strong>la</strong>teau <strong>de</strong> montagne, il le donnaA un serviteur, ma propre chair ne me recouvrira pasEt <strong>de</strong> cette façon, par pru<strong>de</strong>nce, il é<strong>la</strong>rgit le pied qui <strong>de</strong>vait l’écraser<strong>Le</strong> serviteur n’accorda pas l’enfant à l’appétit <strong>de</strong>s oiseauxIl le confi a à d’autres mains pour qu’on le sauvât en un autre pays.Là, l’enfant <strong>de</strong> haute naissance prospéra sur ses pieds enflésPersonne ne possè<strong>de</strong> ma démarche, son défaut, son nom, et utilisant sesPieds et d’autres, le <strong>de</strong>stin suivit son chemin, retenant chaque pasPrécipitant le suivant, un pas après l’autre. »« Commentaire »in SOPHOCLE / ŒDIPE, TYRANd’après Höl<strong>de</strong>rlin<strong>de</strong> Heiner MüllerENTRETIEN avec Matthias LANGHOFF et Evelyne DIDIréalisé par Guil<strong>la</strong>ume FulconisG. F. - Matthias, cette version d’Œdipe occupe unep<strong>la</strong>ce particulière dans ton parcours, puisque c’estcelle à <strong>la</strong>quelle tu reviens souvent dans les lieux lesplus divers : Autriche, Espagne, France et bientôtRussie et Amérique <strong>la</strong>tine…M. L. - Sans doute parce qu’elle m’ai<strong>de</strong> à êtrec<strong>la</strong>ir avec moi-même en tant qu’être social,à comprendre le chaos auquel moi-mêmeje participe. Car tout mouvement d’essai <strong>de</strong>changement <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> est lié à une violence. Ilest question <strong>de</strong> ce<strong>la</strong> dans beaucoup <strong>de</strong> tragédiesgrecques et c’est tout à fait central dans Œdipe.E. D. - <strong>Le</strong>s grecs, on y revient toujours. C’estquelque chose qui renaît <strong>de</strong> manière différente àchaque fois qu’on y travaille. Et il n’y a jamais <strong>de</strong>réponses pour toujours...M. L. - Il y a malheureusement <strong>de</strong>s metteurs enscène qui croient avoir <strong>de</strong>s réponses pour toujours.<strong>Le</strong> metteur en scène a toujours entre les mainsl’attitu<strong>de</strong> et l’esprit avec lesquels une équipe entredans le travail. On doit faire avec ça. Je ne veux pasc<strong>la</strong>rifi er Œdipe .Et c’est très lié à <strong>la</strong> façon dont j’envisage montravail dans une école <strong>de</strong> théâtre. Il s’agit d’unecertaine manière d’une attitu<strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctive contrel’école qui se pense comme une institution pourcréer le théâtre, d’une résistance à certains réfl exes.Si <strong>la</strong> tragédie grecque est un vrai théâtre politiquec’est parce qu’elle est une confrontation avecl’instabilité permanente <strong>de</strong> notre vie. Au fond,les tragédies sont peut-être les seuls moments <strong>de</strong>progrès.Retrouvez <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> l’entretien surwww.ensatt.fr


Un maître <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse pour enseigner œdipe18 Juillet, 2011Festival d'Avignon 2011À Villeneuve, Matthias Langhoff part <strong>de</strong> Sophocle et passe par Höl<strong>de</strong>rlin et Heiner Müller pour rendreà <strong>la</strong> tragédie son plein sens politique à lʼheure <strong>de</strong> <strong>la</strong> peste. Avignon,envoyé spécial.Singulière aventure au long cours que celle entreprise par Matthias Langhoff. Il présente, encol<strong>la</strong>boration avec Évelyne Didi et Shaghayegh Beheshti, sous le titre générique Lyon Kaboul Thèbes,aller-retour, <strong>de</strong>ux versions <strong>de</strong> Sophocle/Œdipe, tyran, dʼaprès Höl<strong>de</strong>rlin, <strong>de</strong> Heiner Müller (1). Lapremière est interprétée dans leur <strong>la</strong>ngue par les comédiens <strong>du</strong> Théâtre Aftaab, formés à Kaboul parAriane Mnouchkine, accueillis un an <strong>du</strong>rant à lʼÉcole nationale supérieure <strong>de</strong>s arts et techniques <strong>du</strong>spectacle (Ensatt, ex-rue B<strong>la</strong>nche), sise à Lyon, tandis que <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> version est <strong>du</strong> ressort,justement, tous métiers confon<strong>du</strong>s, <strong>de</strong> <strong>la</strong> 70e promotion <strong>de</strong> lʼEnsatt. Entre les <strong>de</strong>ux se glisse Neige surThèbes, pièce satirique composée par Langhoff à lʼusage <strong>de</strong>s jeunes comédiens français. Cet Œdipelà,Langhoff lʼa déjà monté en Autriche, en Espagne et ailleurs en France, chaque fois avec <strong>de</strong>sacteurs dʼidiomes et <strong>de</strong> culture différents. Il dit : « Cette œuvre mʼai<strong>de</strong> à être c<strong>la</strong>ir avec moi-même entant quʼêtre social, à comprendre le chaos auquel moi-même je participe. »La version afghane a dʼemblée <strong>de</strong> <strong>la</strong> force. Lʼeffet dʼétrangeté <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, <strong>la</strong> cohésion dans le chant,lʼexacte rythmique <strong>du</strong> chœur, lʼal<strong>la</strong>nt percussif et le caractère dʼauthenticité rurale <strong>du</strong> tout concourent àune adhésion immédiate. Cʼest ensuite lʼintermè<strong>de</strong> violemment burlesque sur <strong>la</strong> famille tuyau <strong>de</strong> poêlerégnant sur Thèbes. Des filles <strong>de</strong> lʼEnsatt, travesties en hommes (Œdipe et ses fils, Étéocle etPolynice) jouent dans un bac à sable avec une Jocaste inerte, tandis que les mâles <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité dansenten tutus ; lʼOcci<strong>de</strong>nt christiano-freudien vu par Langhoff. Vient alors <strong>la</strong> version en français, avec unesérie <strong>de</strong> plusieurs Œdipe tournants, <strong>de</strong> manière à montrer <strong>de</strong>s élèves le savoir-faire, à ausculter leurprésence au sein dʼun collectif <strong>de</strong> jeu, avec <strong>de</strong>s décors, <strong>de</strong>s costumes, <strong>du</strong> son et <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière faitsmaison à lʼEnsatt. Ils bénéficient dʼune véritable mise en scène par un maître en cette discipline, avecpour chacun une approche originale, dans une atmosphère lour<strong>de</strong> <strong>de</strong> sens où le cri jaillit quand il lefaut, où les corps nettement sʼopposent en tensions <strong>de</strong> forces. Ce qui semb<strong>la</strong>it naturel chez lesAfghans passe plus par <strong>la</strong> tête chez les Français. Question <strong>de</strong> « gestus » propre à chaque <strong>la</strong>ngue, <strong>de</strong>théorie <strong>de</strong>s climats et <strong>de</strong> disparité sociale.De Sophocle à Müller via Höl<strong>de</strong>rlin (on entend <strong>de</strong> ses vers, articulés par <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> bronze <strong>de</strong>Langhoff) en passant par <strong>de</strong>s extraits <strong>du</strong> film <strong>de</strong> Bunuel, Las Hur<strong>de</strong>s (Terre sans pain) avec sesvisages <strong>de</strong> <strong>la</strong> misère espagnole <strong>de</strong>s années trente qui ressemble furieusement à celle dʼaujourdʼhui iciet là ; <strong>de</strong> <strong>la</strong> ru<strong>de</strong> exaltation dionysiaque, <strong>la</strong>quelle à point nommé galvanise le p<strong>la</strong>teau, naît un actethéâtral brut, dont lʼunique enjeu est <strong>de</strong> rendre sa validité politique à <strong>la</strong> tragédie par excellence.(1) Jusquʼau 26 juillet (20 h 45) dans <strong>la</strong> baraque foraine <strong>du</strong> clos <strong>de</strong> lʼabbaye à Villeneuve-lès-Avignon,relâche le 21, <strong>du</strong>rée 5 heures environ.Jean-Pierre LéonardiniURL source: http://www.humanite.fr/17_07_2011-un-ma%C3%AEtre-<strong>de</strong>-c<strong>la</strong>sse-pour-enseigner-%C5%93dipe-476453


Villeneuve-lès-Avignon MatthiasLanghoff : "<strong>Le</strong> théâtre n'est un artque s'il est politique et transmet unmessage"KATHY HANIN17/07/2011C'est en toute simplicité, sous <strong>la</strong> toile <strong>de</strong> tente qui sert <strong>de</strong> cantine aux troupes <strong>de</strong> Villeneuve enScène que nous rencontrons Matthias Langhoff, un <strong>de</strong>s metteurs en scène qui a révolutionné lethéâtre actuel. Petit pied <strong>de</strong> nez à l'autre festival, celui d'Avignon "qui est <strong>de</strong>venu une foireridicule, assène-t-il. <strong>Le</strong> festival <strong>de</strong> Villeneuve est vivant, c'est ici que souffle l'esprit <strong>de</strong> Vi<strong>la</strong>r".Il présente une création avec <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> l'Ensatt, qui forme aux métiers <strong>du</strong> théâtre <strong>de</strong>puis 70ans, et les Afghans <strong>du</strong> théâtre Aftaab, une troupe créée à Kaboul avec l'ai<strong>de</strong> d'ArianeMnouchkine. Lyon Kaboul Thèbes, aller-retour est un spectacle exigeant, copro<strong>du</strong>it par le In,autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie d'Œdipe, un drame universel et millénaire qui interroge encore aujourd'huiavec acuité notre rapport au pouvoir, à notre histoire et à <strong>la</strong> démocratie. "<strong>Le</strong> théâtre n'est un artque s'il politique", estime le metteur en scène qui a rencontré avec les comédiens afghans "uneénergie rare et un sens à l'acte théâtral", en résonance avec leur vie, leur pays ravagé par <strong>la</strong>guerre et leur soif <strong>de</strong> démocratie. "On est arrivé à une vérité ensemble." Comme une urgence etune exigence <strong>de</strong> vie un peu oubliées dans "notre démocratie qui n'en est plus une et dans lesécoles <strong>de</strong> théâtre qui 'fabriquent' <strong>de</strong>s intermittents…", lâche-t- il sévèrement.Dans <strong>la</strong> baraque en bois <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe Dromesko, le spectacle, en <strong>de</strong>ux parties <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heureschacune dont une en afghan surtitrée, revisite le mythe d'Œdipe. Deux visions, <strong>de</strong>ux chocs, surun mon<strong>de</strong> en ruines. "Je veux ouvrir <strong>de</strong>s portes, <strong>de</strong>s curiosités", explique le metteur en scènepour qui le sens ultime <strong>de</strong> ce travail serait d'être joué à Kaboul, au plus près <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie et <strong>de</strong>l'espoir. Mais le temps n'est pas encore venu <strong>de</strong> ce geste politique.


15/07/11Avignon 2011L'Ensatt fête ses 70 ans. Lyon Kaboul Thèbes,aller-retour, d'après Sophocle. Champ <strong>de</strong>Villeneuve-en-scène, à Villeneuve-lès-Avignon,reportage <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong> nos envoyés spéciauxDirigés par Matthias Langhoff et Évelyne Didi, <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnièrepromotion <strong>de</strong> cette école <strong>de</strong> théâtre et les Afghans <strong>du</strong>Théâtre Aftaab célèbrent cet anniversaire sous le signed'Œdipe.De l'autre coté <strong>du</strong> Rhône, à l'ombre <strong>du</strong> Fort Saint-Jean, près <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chartreuse, il estun pré immense, envahi <strong>de</strong> caravanes, hérissé <strong>de</strong> chapiteaux. Chaque année, unefoule bonhomme baguenau<strong>de</strong>, le temps <strong>de</strong> l'« autre » festival : celui <strong>de</strong>s troupesitinérantes et <strong>de</strong> tréteaux, réunies par Frédéric Poty, à l'enseigne <strong>de</strong> « Villeneuve-enscène», à Villeneuve-lès-Avignon. C'est là, hors <strong>du</strong> tumulte avignonnais, que l'Écolenationale supérieure <strong>de</strong>s arts et techniques <strong>du</strong> théâtre (Ensatt), l'une <strong>de</strong>s plusanciennes écoles officielles <strong>de</strong> théâtre, célèbre ses 70 ans.Fondée en 1941 à Paris, elle gar<strong>de</strong> son nom d'« École <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue B<strong>la</strong>nche » jusqu'à sadélocalisation à Lyon, en 1997. Dirigée par Thierry Pariente, elle rassemble près <strong>de</strong>200 intervenants, forme plus <strong>de</strong> 160 élèves à tous les métiers <strong>du</strong> théâtre (costumes,scénographie, décors, lumières, écriture…).Parmi les « anciens » célèbres <strong>de</strong> l'Ensatt, Jean Poiret, Michel Serrault, AnnieGirardot, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Rich… Aujourd'hui, les élèves s'appellent Jérôme Fauvel, Maud


Roulet, Cantor Bour<strong>de</strong>aux, Jean-Rémy Chaize, Océane Desroses… tous membres<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière promotion invitée à présenter, en association avec le festival « in »,son spectacle <strong>de</strong> fin d'étu<strong>de</strong>s : Lyon Kaboul Thèbes, aller-retour . Cinq heures horsnormes, mises en scène par Matthias Langhoff avec Évelyne Didi. À l'abri <strong>de</strong> <strong>la</strong>cabane théâtre en bois <strong>de</strong> Dromesko, le spectacle se compose <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux partiesracontant, chacune, <strong>la</strong> tragédie d'Œdipe, vainqueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> sphynge et tyran <strong>de</strong>Thèbes, assassin <strong>de</strong> son père et époux <strong>de</strong> sa mère.<strong>Le</strong>s élèves <strong>de</strong> l'Ensatt sont les acteurs dans tous les sens <strong>du</strong> terme (jeu, réalisation<strong>de</strong>s costumes et <strong>de</strong>s lumières, construction <strong>de</strong>s décors) <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> partie.Entourés <strong>du</strong> public, comme dans une arène, ils font résonner, dans <strong>la</strong> tension d'unebrûlure profon<strong>de</strong>, le texte <strong>de</strong> Sophocle.La première partie, elle, est interprétée par les comédiens <strong>du</strong> Théâtre Aftaab. Cettetroupe afghane, dont le nom signifie « soleil », a été créée sous l'impulsion d'ArianeMnouchkine à l'issue d'un stage qu'elle a animé à Kaboul il y a six ans. Cette année,l'Ensatt a accueilli ses membres. La version d'Œdipe qu'elle présente en afghan(avec surtitrage !) peut paraître plus c<strong>la</strong>ssique. Elle se révèle d'une force aussiviolente. Dans un décor <strong>de</strong> ruines évoquant l'Afghanistan d'aujourd'hui, c'est toutel'horreur <strong>du</strong> temps en état <strong>de</strong> déréliction qui éc<strong>la</strong>te.D'un Œdipe à l'autre, les mêmes interrogations sur le pouvoir, <strong>la</strong> démocratie, <strong>la</strong>difficulté <strong>de</strong> vivre avec son histoire se font jour. Mais les résonances, en partiesemb<strong>la</strong>bles, sont aussi autres. La magie <strong>du</strong> spectacle tient à leur confrontation.Langhoff aimerait le reprendre en France… puis à Kaboul.20 h 45. Jusqu'au 27 juillet. Rens. : 04.90.14.14.14. www.festival-avignon.comMEREUZE Didier


Un théâtre afghan à Villeneuve en ScèneVilleneuve en Scène a noué <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions avec <strong>de</strong>sthéâtres itinérants <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> entier et accueille chaqueannée, pour <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> spectateurs, le meilleur <strong>de</strong>scompagnies noma<strong>de</strong>s. Cette année, vingt <strong>de</strong>uxcompagnies, <strong>de</strong> France, Belgique, République tchèquemais aussi Burkina-Faso et Afghanistan sont conviéesdans le centre historique et sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine <strong>de</strong> l'Abbaye,cœur battant <strong>du</strong> festival, où trônent sept chapiteaux etune guinguette.Dessous <strong>de</strong>s cartes et coup <strong>de</strong> projecteur sur <strong>la</strong> troupeafghane invitée : le théâtre Aftaab.En juin 2005, contre vents et marées, un groupe <strong>de</strong>jeunes gens, mixte, à Kaboul, tente une aventurethéâtrale. Ils invitent Ariane Mnouchkine pour un stage.Dans un bel é<strong>la</strong>n militant, celle-ci répond à l’invitation etles reçoit par <strong>la</strong> suite à <strong>la</strong> Cartoucherie. L’expérienceprend corps lorsque le Centre Culturel Français <strong>de</strong>Kaboul, qui soutient le Théâtre Aftaab, souhaite via uneconvention, établir et soutenir une col<strong>la</strong>boration <strong>du</strong>rable.Ariane repart à Kaboul.À <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s membres <strong>du</strong> Théâtre Aftaab et afinque leur aventure <strong>de</strong> théâtre afghane soit viable, leThéâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> s’engage à garantir à chaquemembre un soutien financier mensuel <strong>de</strong> 200 euros. <strong>Le</strong>Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> espère pour ce<strong>la</strong> continuer à mobiliserle mécénat <strong>de</strong> son propre public, qui a déjàgénéreusement contribué à <strong>la</strong> venue d’Aftaab en Franceet à permettre aux membres <strong>du</strong> Théâtre Aftaab <strong>de</strong> poursuivre leur formation en l’étendant à l’apprentissaged’autres métiers <strong>du</strong> théâtre.À cette fin, l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Ecole Nationale Supérieure <strong>de</strong>s Arts et Techniques <strong>du</strong> Théâtre (ENSATT) à Lyon,est sollicitée, afin qu’elle intègre les membres d’Aftaab aux cursus <strong>de</strong> formation qu’elle propose. Ce qu’elle fait dès<strong>la</strong> rentrée 2010. C’est ainsi qu’on pourra voir le Théâtre Aftaab en ce mois <strong>de</strong> juillet 2011, dans l’Œdipe Tyran, <strong>de</strong>Heiner Müller mis en scène par Matthias Langhoff, aux côtés d’autres étudiants le l’ENSATT.Grâce au soutien <strong>de</strong> <strong>la</strong> Région Rhône-Alpes et <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l’Open Society Institute-Soros Foundation Network,grâce au théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> et à son public, un jour, le Théâtre Aftaab bâtira sa maison à Kaboul. Il y jouera et yaccueillera d’autres artistes, afghans ou étrangers. L’aventure se poursuit comme un défi.Dans un pays en plein chaos, le théâtre Aftaab milite pour un théâtre popu<strong>la</strong>ire, accessible à tous. Il joue dans sa<strong>la</strong>ngue, en dari, mais bientôt aussi en français. En France, et en Afghanistan chaque fois que ce<strong>la</strong> sera possible.Exemp<strong>la</strong>ire.Marie-Hélène Bonafé[Villeneuve-<strong>Le</strong>z-Avignon] Sophocle Du 13/7 au 26/7, Clos <strong>de</strong> l’Abbaye, Œdipe tyran (Relâche les 15& 21/7) 04 90 27 49 81 / 04 32 75 15 95 www.villeneuve-en-scene.fr


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Par Jean-Pierre!"#$%&'%()*)+,&-.%/#0(1)*)2342546277)*)789:7L’»Œdipe» <strong>de</strong> Langhoff est grec, afghan et françaisc’est « Grospied » et ce<strong>la</strong> colle bien avec <strong>la</strong> versionafghane qui ouvre <strong>la</strong> soirée.Une histoire grecque dans <strong>la</strong> poussièreafghaneTout y part <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, <strong>du</strong> sol où sont allongés lesmorts <strong>de</strong> <strong>la</strong> peste qui ravage Thèbes. Œdipe, unhomme venu d’ailleurs, un étranger, règne sur <strong>la</strong>ville. Il s’y est marié et quand <strong>la</strong> pièce commence,il attend le retour <strong>de</strong> son beau-frère, Créon, envoyéà Delphes consulter les oracles.Créon revient : <strong>la</strong> ville sera sauvée lorsque l’onaura retrouvé le ou les meurtriers <strong>de</strong> Laïos, l’ancienmaître <strong>du</strong> pays dont Œdipe a épousé <strong>la</strong> veuve, Jocaste.On connaît <strong>la</strong> suite : Laïos est son père, Jocastesa mère. Cette <strong>de</strong>rnière comprenant tout avant toutle mon<strong>de</strong> rentra dans sa chambre pour se pendre,comme le raconte <strong>la</strong> servante.Chez Sophocle, Œdipe entre, allonge sur le sol sonépouse-mère suicidée et, avec les broches en or <strong>de</strong>sa robe, se perce les yeux. Chez Müller le corps restepen<strong>du</strong>, les épingles arrachées libèrent l’habit <strong>de</strong>telle sorte qu’avant <strong>de</strong> s’aveugler, ce que voit Œdipec’est le corps nu <strong>de</strong> sa mère-amante.Voir cette scène tour à tour dans <strong>la</strong> version afghaneet dans <strong>la</strong> version française, <strong>de</strong>ux versions que toutoppose, tout comme diffèrent les <strong>de</strong>ux servantes àl’heure <strong>du</strong> ba<strong>la</strong>i, ce jeu comparatif multiplié n’estpas le moindre charme <strong>de</strong> ce spectacle où, commeŒdipe, Langhoff ne cesse <strong>de</strong> poser <strong>de</strong>s questions.!"#$"%$"&$'(")*+",-*./0$."12/)$"3"2/45/-6La tragédie y est comme apaisée par <strong>de</strong>s siècles<strong>de</strong> misère, <strong>de</strong> fatalité et <strong>de</strong> pu<strong>de</strong>ur. <strong>Le</strong>s voix suintentce<strong>la</strong>. Seule <strong>la</strong> musique, re<strong>la</strong>yant les éléments,tonne. Un simplicité que l’on dirait biblique maisle christianisme n’a rien à faire dans cette histoiresur fond <strong>de</strong> catastrophe.<strong>Le</strong> « croisement <strong>de</strong>s trois chemins » où Laïos a trouvé<strong>la</strong> mort (c’est <strong>la</strong> première pierre : Œdipe comprendqu’il a tué le roi mais il ne comprend pas encore quec’est son père) ressemble à un croisement poussiéreux<strong>de</strong> routes comme il y en a tant en Afghanistan…Loin <strong>de</strong> chez eux, les acteurs afghans comprennentcomment Œdipe, étranger comme eux, a besoin <strong>de</strong>papiers d’i<strong>de</strong>ntité.Une histoire grecque en milieu urbainLa version française s’inscrit dans un autre contexte :non celui d’un paysage et d’un pays mais celui d’unehistoire : celle <strong>du</strong> théâtre occi<strong>de</strong>ntal. Costume grisuniformes qui rappellent certains spectacles <strong>de</strong>Meyerhold, tables et chaises comme service minimum<strong>de</strong> tout décor dont ils constituent <strong>la</strong> base,spectateurs cernant l’espace <strong>du</strong> jeu sur quatre côtéscomme sur un ring. Cette version-là est plus brutale,hachée, nerveuse, c’est une version urbaine.<strong>Le</strong> double d’Œdipe <strong>de</strong> <strong>la</strong> version afghane – un idiot<strong>du</strong> vil<strong>la</strong>ge épileptique portant une couronne <strong>de</strong> roi– inventé par Langhoff disparaît ici, comme si sonrefoulement contaminait chaque personnage. L’intimitén’est plus préservée, elle est chose publique :il ne manque que <strong>de</strong>s paparazzi pour photographierle corps nu <strong>de</strong> Jocaste morte.Printed with joliprint<strong>Le</strong> croisement <strong>de</strong>s trois chemins« D’où venons nous ? » est « une <strong>de</strong>s questions fondamentales<strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie grecque » dit-il encore.La version afghane nous entraîne dans un universrural où les maisons sont en terre, où l’on tutoie leciel les pieds nus soli<strong>de</strong>ment accrochés au sol, oùl’on connaît le prix <strong>du</strong> feu, le nom <strong>de</strong>s oiseaux etleur <strong>la</strong>ngage comme Tirésias.Achevant ce renversement cul par-<strong>de</strong>ssus tête, l’intermè<strong>de</strong>écrit par Langhoff nous ramène au bac àsable <strong>de</strong> l’enfance, aux b<strong>la</strong>gues potaches, aux boulespuantes <strong>la</strong>ncées sur l’estra<strong>de</strong> un jour <strong>de</strong> remise <strong>de</strong>s)./(6"#787"9#7,*+4$:;"


Par Jean-Pierre!"#$%&'%()*)+,&-.%/#0(1)*)2342546277)*)789:7L’»Œdipe» <strong>de</strong> Langhoff est grec, afghan et français<strong>Le</strong>ur père aveugle Œdi qui les bassine avec sesvieilles histoires (le coup <strong>du</strong> croisement <strong>de</strong>s troisroutes, il leur a raconté mille fois), ils veulent lecaser dans un foyer pour vétérans. Quant à l’autreaveugle, Tirésias, ils le menacent <strong>de</strong> lui retire ses!"#$%!&'(%&!)'%!'*%&'+(,"-%&'./"'*/"'&%(0%-!'1'-)/(("('&%&')"&%,/2'3)-!')-'4%/!'4%-&%('./5"*&'6-"()-!'7,-zoutés ; Crécré (Créon), le tonton, est un cuisinierqui court après une poule et ne croit plus aux dieux8)-&'./51'8)/99%('3%&')99((,-3%&:';%&'3%/2'6*&'&%'battent pour être l’unique héritier.


Avignon en Scène(s)Théâtre / Gros p<strong>la</strong>nLyon Kaboul Thèbes, aller-retour<strong>Le</strong>s élèves <strong>de</strong> <strong>la</strong> 70ème promotion <strong>de</strong> l’ENSATT <strong>de</strong> Lyon et lesartistes <strong>du</strong> Théâtre Aftaab <strong>de</strong> Kaboul créent Lyon Kaboul Thèbes,aller-retour dans une mise en scène collective <strong>de</strong> MatthiasLanghoff, Evelyne Didi et Shaghayegh Beheshti. Un doublespectacle autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure d’Œdipe.Crédit : Naser Mansor KHAN Légen<strong>de</strong> : « Matthias Langhoff aucours <strong>de</strong>s répétitions <strong>de</strong> Lyon Kaboul Thèbes, aller-retour. »Créée en 1941, l’ENSATT (Ecole Nationale Supérieure <strong>de</strong>s Arts et Techniques <strong>du</strong>Théâtre, anciennement Centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue B<strong>la</strong>nche, installée <strong>de</strong>puis 1997 à Lyon) fêtecette année ses soixante-dix ans d’existence. A l’occasion <strong>de</strong> cet anniversaire, lesélèves <strong>de</strong> <strong>la</strong> 70 ème promotion et les artistes <strong>du</strong> Théâtre Aftaab (comédiens afghansformés à Kaboul par Ariane Mnouchkine et accueillis, <strong>du</strong>rant un an, comme étudiantsà l’ENSATT) présentent Lyon Kaboul Thèbes, aller-retour, un atelier-spectacle en<strong>de</strong>ux parties dirigé par Evelyne Didi, Matthias Langhoff et Shaghayegh Beheshti.Composée <strong>de</strong> l’adaptation d’Œdipe Tyran,<strong>de</strong> Sophocle, écrite par Heiner Müller, etd’un intermè<strong>de</strong> (Neige sur Thèbes) signé Matthias Langhoff, cette double créationcomprend <strong>de</strong>ux parties : l’une en <strong>la</strong>ngue française, l’autre en <strong>la</strong>ngue afghane(surtitrage en français).Se connaître soi-même dans l’histoire pour réagir à l’histoire<strong>Le</strong> parcours <strong>de</strong> Matthias Langhoff a <strong>de</strong> nombreuses fois croisé <strong>la</strong> pièce <strong>de</strong> Sophocle.Ce nouveau projet fait en effet suite à d’autres créations réalisées autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> figured’Œdipe, en diverses <strong>la</strong>ngues et dans divers pays. « Cette pièce m’ai<strong>de</strong> à être c<strong>la</strong>iravec moi-même en tant qu’être social, explique le metteur en scène allemand. Cartout mouvement d’essai <strong>de</strong> changement <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> est lié à une violence. Il estquestion <strong>de</strong> ce<strong>la</strong> dans beaucoup <strong>de</strong> tragédies grecques et c’est tout à fait centraldans Œdipe. Tous ces lieux et ces moments où j’ai pu l’abor<strong>de</strong>r sont autant <strong>de</strong>rencontres différentes avec le mon<strong>de</strong>, autant <strong>de</strong> manières d’abor<strong>de</strong>r le même


problème : l’importance <strong>de</strong> nous connaître nous-mêmes dans l’histoire pour réagir àl’histoire. » Travailler dans une école <strong>de</strong> théâtre implique aussi pour le metteur enscène une résistance à certains réflexes, une attitu<strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctive contre « l’école quise pense comme une institution pour créer le théâtre ». Car <strong>la</strong> tragédie grecque est« une confrontation avec l’instabilité permanente <strong>de</strong> notre vie ». Autant <strong>de</strong> points <strong>de</strong>réflexion qui ont nourri le travail <strong>de</strong> Matthias Langhoff pour ce Lyon Kaboul Thèbes,aller-retour.Manuel Pio<strong>la</strong>t SoleymatFestival d’Avignon. Lyon Kaboul Thèbes, aller-retour (Œdipe, Tyran, <strong>de</strong> Sophocle,dans <strong>la</strong> version <strong>de</strong> Heiner Müller - Neige sur Thèbes, intermè<strong>de</strong> <strong>de</strong> MatthiasLanghoff) ; mis en scène <strong>de</strong> Matthias Langhoff, Evelyne Didi et ShaghayeghBeheshti. Du 13 au 26 juillet 2011 à 20h45, dans le cadre d’Ecole au festival et <strong>de</strong>Villeneuve en scène. Relâche les 15 et 21 juillet. Clos <strong>de</strong> l'Abbaye, Villeneuve lezAvignon. Tél : : 04.32.75.15.95.Article imprimé à partir <strong>du</strong> site www.journal-<strong>la</strong>terrasse.fr / Copyright©2009


18 JUIN 11Quotidien Prov. avec dim.29 RUE CLAUDE HENRI GORCEIX87022 LIMOGES CEDEX 9 - 05 55 04 49 99Surface approx. (cm!) : 299N° <strong>de</strong> page : 5Page 1/1FRANCOPHONIES20 I I<strong>Le</strong> festival se renouvelle<strong>Le</strong> 28 e festival <strong>de</strong>s Francophonies en Limousin aura lieu <strong>du</strong> 28 septembre au 8 octobreGque année, <strong>de</strong> fin)tembre à début ocjre,les Francophoniesen Limousin réunissentune vingtaine <strong>de</strong> spectaclespour plus <strong>de</strong> 60 représentationsdans les salles <strong>de</strong> Limogeset d'une quinzaine <strong>de</strong>villes <strong>du</strong> Limousin.Fidèle à ses principes, l'édition2011 <strong>du</strong> festival propose unepalette <strong>de</strong> spectacles riches etvariés, par leurs formes etleurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> jeux notamment,qui racontent <strong>de</strong>s histoires<strong>de</strong> vies indivi<strong>du</strong>elles à <strong>la</strong>portée collective. <strong>Le</strong> je <strong>du</strong> narrateurou <strong>du</strong> protagoniste <strong>de</strong>l'histoire, se métamorphosealors en nous pour prendreune ampleur universelle etmulticolore, et créer ainsi unemémoire collective toujoursrenouvelée, empreinte <strong>de</strong> sensibilité,<strong>de</strong> poésie, <strong>de</strong> polémique,d'humour, <strong>de</strong> tension,d'espoir, <strong>de</strong> générosité et d'humanité.En exemple, <strong>la</strong> pièce Moi etmon cheveu <strong>de</strong> Eva Doumbia,qui <strong>la</strong>nce le Festival le 29septembre, à 18h30 auThéâtre <strong>de</strong> l'Union à Limoges.Partant d'une expériencecapil<strong>la</strong>ire personnelle,<strong>la</strong> metteuse en scène, d'originefranco-ivoirienne, explore <strong>la</strong>coiffure «afro» à travers <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionqu'entretiennent unequinzaine <strong>de</strong> comédiens avecleur chevelure. Une re<strong>la</strong>tioncomplexe et souvent drôle,qui raconte en filigrane l'histoire<strong>de</strong> l'esc<strong>la</strong>vage <strong>de</strong> tout unpeuple, ainsi que <strong>la</strong> soumissionaux co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> beauté. Unvrai cabaret capil<strong>la</strong>ire.«Ce jour-là», une création afghane, engagée et collective, en dari, surtitrée en français.Autres propositions alléchantesà L'Union : le ThéâtreAftaab <strong>de</strong> Kaboul (Afghanistan)qui propose, grâce auxforces conjuguées d'ArianeMnouchkine, <strong>de</strong>ux créationsen dari, surtitrées en français,mises en scène par HélèneCinque : Ce jour-là (le 3 octobreà 19h), création collectiveissue d'histoires simples,d'amours improbables, <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tionspère-fille difficiles, <strong>de</strong>pendaison, <strong>de</strong> rêves impossiblesen fait, interprétées parune toute jeune troupe professionnellenée à Kaboul. Unspectacle engagé et dangereuxpour les comédiens, qui dévoilent15 ans <strong>de</strong> chaos afghan.Plus léger, L'Avare (5 octobreà 20h30 et 6 octobre à18h30). La troupe revisiteMolière, pour parler avec dérision<strong>de</strong> sa vie et <strong>de</strong> ses espoirsface aux violences quotidiennes.Cette 26' édition est parailleurs marquée par <strong>de</strong>s changementsqui <strong>de</strong>vraient donnerune nouvelle pulsion au festival.En préambule, <strong>la</strong> journéed'inauguration le 28 septembre,avec une carteb<strong>la</strong>nche en couleur menée parle chorégraphe burkinabé SaliaSanou. Des spectacles enplein air et gratuits dans Limoges,dont Souvenirs <strong>de</strong> <strong>la</strong>rue Princesse. « Un projet artistiquenouveau pour nous,fort et fédérateur d'une énergiecommune, interprété parune centaine <strong>de</strong> danseurs (<strong>de</strong>hip hop, salsa, capoetra, dansecontemporaine...) et musiciensamateurs <strong>de</strong> Limoges»souligne Marie-Agnès Sevestre,directrice <strong>de</strong>s Francophoniesen Limousin.Salia Sanou invite aussi le publicdans «Un carré piste»,une instal<strong>la</strong>tion chorégraphiéeet très visuelle, dans <strong>la</strong>quelle ledanseur et ses invités déambulentdans <strong>de</strong>s espaces inédits.Une rencontre entre les artspopu<strong>la</strong>ires d'Afrique et les arts<strong>du</strong> cirque contemporain, proposéeà côté <strong>du</strong> Magic Mirrors,autre nouvelle dynamiqueen remp<strong>la</strong>cement <strong>du</strong>Zèbre. Un lieu <strong>de</strong> partage, <strong>de</strong>rencontre, <strong>de</strong> concerts, <strong>de</strong> oneman show... ouvert au publicdèslShBEVA SALATHEATRES75505568200503/XNR/MCF/2Eléments <strong>de</strong> recherche : Toutes citations : - FIFL ou FESTIVAL INTERNATIONAL DES FRANCOPHONIES EN LIMOUSIN : association <strong>de</strong>promotion/diffusion <strong>de</strong>s arts <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène - LES FRANCOPHONIES EN LIMOUSIN ou FESTIVAL INTERNATIONAL DES FRANCOPHONIES ...


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L’ouverture au mon<strong>de</strong>L’aventure <strong>du</strong> Théâtre Aftaab <strong>de</strong> Kaboul,un petit Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> en Asie centraleEntretien avec Hélène Cinque et Shaghayegh BeheshtiCréer ensemble<strong>Le</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> a fait preuve, <strong>de</strong>puis ses débuts, d’une formidable ouverturesur le mon<strong>de</strong>, par les nombreuses tournées internationales, par l’accueil en son sein<strong>de</strong>s compagnies <strong>de</strong> théâtre <strong>de</strong> tous horizons et <strong>de</strong> toutes cultures, mais aussi endonnant naissance à <strong>de</strong>s groupes aux valeurs transmises par <strong>la</strong> troupe. De ceséchanges sont nés, entre autres, le Théâtre Aftaab (qui signifie « soleil » en dari, <strong>la</strong><strong>la</strong>ngue afghane). Entretien avec Shaghayegh Beheshti, comédienne, et HélèneCinque, metteur en scène.ÉLARGIR LES HORIZONSHélène Cinque est <strong>la</strong> fille <strong>de</strong> JoséphineDerenne, une <strong>de</strong>s comédiennes fondatrices<strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>. Elle a ellemêmerejoint <strong>la</strong> troupe au moment <strong>de</strong><strong>la</strong> création <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong>s « Shakespeare »en 1982, après avoir participé parmi lesautres enfants <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe au tournage<strong>de</strong> Molière en 1977. Dans son parcours <strong>de</strong>metteur en scène, elle a <strong>de</strong>puis conservé<strong>de</strong>s liens étroits avec le Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>.« J’entretiens une re<strong>la</strong>tion singulièreavec Ariane, une re<strong>la</strong>tion très proche,presque familiale, qui m’a apporté beaucoupd’amour ainsi qu’un goût très fortpour le travail et le collectif. Quand je luiai annoncé ma décision d’arrêter <strong>de</strong>jouer, Ariane m’a invitée à diriger untravail autour <strong>de</strong> Tristan et Iseult avec ungroupe <strong>de</strong> comédiens. Puis j’ai travaillé,suivant <strong>la</strong> proposition <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong><strong>Soleil</strong>, sur <strong>de</strong>s ateliers organisés par <strong>la</strong>Cima<strong>de</strong> (Service œcuménique d’entrai<strong>de</strong>),qui vient en ai<strong>de</strong> aux migrantset aux réfugiés. Je ressentais moi-mêmele besoin, à ce moment-là, d’agrandircette maison qu’avait toujours été pourmoi le Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>. Nous avonsdonc pensé que, dans le cadre d’unecampagne d’alphabétisation, le théâtrepouvait être aussi un moyen d’accé<strong>de</strong>r à<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française. Pendant quatre ans,chaque semaine, j’ai animé près <strong>de</strong> huitcents heures d’ateliers, qui ont débouchésur <strong>de</strong>s spectacles présentés à <strong>la</strong>Cartoucherie. Quand les subventionsqui nous permettaient d’accompagnercet effort d’intégration ont été supprimées,il a fallu mettre un terme à cettecourageuse aventure pédagogique. Puis,forte <strong>de</strong> cette expérience, je me suis rapprochée,à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’Ariane, <strong>de</strong>sprojets qu’elle souhaitait entreprendreavec le Théâtre Aftaab. »Shaghayegh Beheshti, comédienned’origine iranienne, fait toujours partieL’avant-scène théâtre I 135


Omid Rawendah et Shafiq Kohi, répétitions <strong>Le</strong> Tartuffe, 2009. © Michèle Laurent134 I L’avant-scène théâtre


Ghu<strong>la</strong>m Reza Rajabi et Shoura Sabaghy, Ce jour-là, 2009. © Thérèse Gacon<strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe actuelle. Elle fut <strong>de</strong> ceux,parmi les quarante membres qui s’ysont ren<strong>du</strong>s, qui décidèrent <strong>de</strong> fairepartie <strong>du</strong> voyage pour Kaboul en juin2005. « Il est dans <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> Théâtre<strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, qui est un théâtre engagé,<strong>de</strong> s’ouvrir sur le mon<strong>de</strong>. Ce<strong>la</strong> s’est sansdoute accentué : je me souviens qu’enarrivant au <strong>Soleil</strong> en 1997, nous, lescomédiens, travaillions comme enhuis clos sur le spectacle que nousrépétions et le Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> menaiten parallèle <strong>de</strong>s actions en faveur <strong>de</strong>ssans-papiers ou <strong>de</strong>s défavorisés. Maisles <strong>de</strong>ux univers étaient assez distincts.À partir <strong>du</strong> Dernier Caravansérail – etc’est sans doute lié au thème <strong>du</strong> spectacle,qui évoquait les migrations –,les portes se sont ouvertes plus gran<strong>de</strong>ncore, et c’est le mon<strong>de</strong> qui est véritablemententré dans le théâtre, jusquesur le p<strong>la</strong>teau. Ce fut pour moi un grandchamboulement. C’est d’ailleurs à<strong>la</strong> suite <strong>de</strong> ce spectacle, qui a brouilléles frontières entre le théâtre et <strong>la</strong> vieréelle – à tel point que ceux qui ne nousconnaissaient pas pensaient que nousétions <strong>de</strong>s réfugiés qui avions appris àjouer <strong>du</strong> théâtre ! –, que nous sommespartis à Kaboul. Nous nous sommesretrouvés là-bas, avec beaucoup d’appréhension.La France nous avait avertisqu’elle n’avait pas les moyens <strong>de</strong> garantirnotre sécurité. Ariane, elle, étaitconfiante. Elle sentait qu’elle <strong>de</strong>vaity aller, et chacun a été libre <strong>de</strong> <strong>la</strong> suivre.Mais comment pouvait-on <strong>la</strong>isser aller<strong>la</strong> troupe en restant soi, seul, ici, <strong>de</strong>l’autre côté <strong>du</strong> miroir ? »UN « SOLEIL » À KABOULShaghayegh Beheshti évoque avecune émotion intacte sa rencontre avecles jeunes, voire très jeunes comédiens<strong>de</strong> Kaboul. « Nous nous sommes retrouvésface à <strong>de</strong>s gens qui n’avaient aucunenotion <strong>de</strong> ce qu’est le théâtre, si ce n’estqu’ils possédaient sans doute en eux136 I L’avant-scène théâtre


Créer ensembleune mémoire ancestrale <strong>de</strong> leurs chantset <strong>de</strong> leur poésie traditionnels. Mais unmiracle s’est pro<strong>du</strong>it. <strong>Le</strong>ur <strong>la</strong>ngue, trèsmusicale, présente naturellement unniveau <strong>de</strong> transposition et <strong>de</strong> métaphorequi n’est finalement pas très loin <strong>du</strong>théâtre. C’est en entendant parler cesgens qu’Ariane a découvert <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>uret le potentiel <strong>de</strong> ces apprentiscomédiens, qui ont très vite trouvé quelétait leur essentiel. Tout s’est à ce pointinversé que ce sont eux qui auraient punous donner <strong>de</strong>s leçons après quelquesjours <strong>de</strong> travail ! La vitesse à <strong>la</strong>quelle ilsont progressé et <strong>la</strong> manière dont ils sesont emparés <strong>de</strong>s outils <strong>du</strong> théâtre estébouriffante. Tout le mon<strong>de</strong> se souvient<strong>de</strong> cette improvisation, <strong>de</strong>venue <strong>de</strong>puishistorique pour nous tous, entre Farid,un <strong>de</strong> ces jeunes comédiens, aujourd’huipilier <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe Aftaab, et Eve, comédienne<strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, portant tous <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>smasques balinais… Nous avons apportéà ces comédiens <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> travaillerensemble, ils nous ont apporté quelquechose <strong>de</strong> plus rare encore : que le théâtrepeut être une question <strong>de</strong> vie ou <strong>de</strong>mort, et que <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> pratiquercet art fait outrepasser le danger. »ACCOMPAGNERAu retour <strong>du</strong> stage organisé enAfghanistan, raconte Hélène Cinque,« Ariane m’a expliqué qu’un groupe,là-bas, s’était constitué en troupe pourcontinuer le travail, et qu’il avait pris lepropre nom <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, enreconnaissance et filiation. <strong>Le</strong> Théâtre<strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> al<strong>la</strong>it les parrainer et les accompagner,grâce aux moyens conjugués<strong>du</strong> mécénat <strong>de</strong> son public et <strong>du</strong> Centreculturel français, et les faire venir à <strong>la</strong>Cartoucherie pendant <strong>de</strong>ux mois.Ariane m’a confié <strong>la</strong> tâche <strong>de</strong> <strong>la</strong> directiond’acteurs et m’a invité à les faire travaillersur un auteur c<strong>la</strong>ssique français. Ilsavaient dans le même temps intégré <strong>de</strong>sprogrammes d’apprentissage <strong>du</strong> françaisau Centre culturel français. J’ai proposéà Ariane <strong>de</strong> remonter <strong>Le</strong> Tartuffe <strong>de</strong>Molière, dans l’esprit <strong>de</strong> sa propre miseen scène, où était évoquée <strong>la</strong> montée <strong>de</strong>l’intégrisme et <strong>du</strong> fanatisme. Tous ontlevé <strong>la</strong> main pour dire qu’ils vou<strong>la</strong>ienttravailler sur ce projet. Comme nousn’avions pas un temps infini <strong>de</strong>vantnous, nous avons décidé <strong>de</strong> suivre lechemin qu’avait en effet tracé le spectacleen 1995. Ce<strong>la</strong> a marché, car nous étions,hé<strong>la</strong>s, dans le contexte afghan contemporain,au cœur <strong>du</strong> problème et dans levif <strong>du</strong> sujet. Avant leur départ, nous avonsprésenté un “bout-à-bout” d’une heureet <strong>de</strong>mie. Deux jours après, ils m’ontrappelé pour que je vienne moi-mêmeà Kaboul pour aller au bout <strong>de</strong> l’aventureet monter <strong>la</strong> pièce intégralement. Ils ontjoué au Centre culturel français, sousprotection, et ont rencontré un grandsuccès. Mais <strong>de</strong> nombreux comédiensont subi <strong>de</strong>s intimidations, <strong>de</strong>s menaces,<strong>de</strong>s séquestrations, <strong>de</strong>s violences… Aprèstout ce qu’il s’est passé, le plus heureuxcomme le plus tragique, il est hors <strong>de</strong>question aujourd’hui que je les abandonne.Mais il n’est pas non plus questionque je les couve. Ils doivent êtreaccompagnés, mais ils doivent eux-mêmesprendre les rênes <strong>de</strong> leurs créationsfutures. »Propos recueillis par Olivier CelikL’avant-scène théâtre I 137


Théâtre AftaabPetits repères historiquesAffiches <strong>de</strong> Thomas Félix-François.2005 (juin) - KaboulStage <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>Invités en Afghanistan par <strong>la</strong> Foundation for Cultureand Civil Society (FCCS), Ariane Mnouchkine et leThéâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> partent pour mener un stage quidonnera naissance, au milieu <strong>de</strong>s ruines et <strong>de</strong>sroses d’un jardin, à une toute jeune troupe <strong>de</strong> théâtreafghane, mixte et courageuse : le Théâtre Aftaab,un petit Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> d’Asie centrale.2005 (août) - Kaboul<strong>Le</strong> premier spectacleMaurice Durozier et Shaghayegh Beheshti, comédiensau Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, retournent à Kaboulpour diriger un atelier autour <strong>de</strong> Roméo et Juliette<strong>de</strong> Shakespeare. <strong>Le</strong> spectacle est joué à Kaboul,au Centre culturel français (CCF), puis à Douchanbé,au Tadjikistan.2006 (février-mars) - ParisAteliers <strong>de</strong> formationÀ l’invitation <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, le Théâtre Aftaabvient parfaire sa formation théâtrale auprès <strong>de</strong>grands maîtres <strong>de</strong> danse et <strong>de</strong> musique d’Asie etcommencer un travail sur <strong>Le</strong> Tartuffe <strong>de</strong> Molière. Ilsrestent <strong>de</strong>ux mois au Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> et partagentle quotidien <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe.2006 (juin) - 2007 (décembre) - KaboulConstitution d’un répertoireHélène Cinque, qui a commencé le travail sur <strong>Le</strong>Tartuffe d’après <strong>la</strong> mise en scène originale d’ArianeMnouchkine, se rend à Kaboul pour l’achever pendantl’été 2006. <strong>Le</strong> Tartuffe est joué au CCF, qui, <strong>de</strong>puis,héberge <strong>la</strong> troupe en répétitions. Grâce à ce soutien,le Théâtre Aftaab peut monter son troisième spectacle,<strong>Le</strong> Cercle <strong>de</strong> craie caucasien, qu’il crée àKaboul en 2007. La troupe joue en In<strong>de</strong> (New-Delhi,Mumbaï) en janvier 2008.2008 (avril-mai) - ParisPremières rencontres avec le public français<strong>Le</strong> Tartuffe et <strong>Le</strong> Cercle <strong>de</strong> craie caucasien sontjoués en alternance à Paris, invités par le Théâtre<strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>.138 I L’avant-scène théâtre


Créer ensemble2009 (mars-octobre) - Paris, LyonPremière création collective<strong>Le</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> invite <strong>la</strong> troupe pour une rési<strong>de</strong>nce<strong>de</strong> sept mois pour monter sa premièrecréation collective, construite par les acteursafghans à partir <strong>de</strong> leur propre expérience <strong>de</strong> l’histoirerécente <strong>de</strong> l’Afghanistan, et orchestrée parHélène Cinque. Ils joueront Ce jour-là en alternanceavec <strong>Le</strong> Tartuffe repris pour l’occasion.20 représentations, 4 300 spectateurs.Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, puis festival Premiers Pas(7-13 septembre, 2-5 octobre).Festival Sens interdits (19-26 sept.) : <strong>Le</strong>s Célestins-Théâtre <strong>de</strong> Lyon, Centre chorégraphique national<strong>de</strong> Rillieux-<strong>la</strong>-Pape, Comédie <strong>de</strong> Saint-Étienne, etThéâtres municipaux <strong>de</strong> Privas, Oyonnax etVénissieux.2009 (octobre) - KaboulVoyage d’Ariane MnouchkinePour renforcer sa légitimité locale, le Théâtre <strong>du</strong><strong>Soleil</strong> cherche à permettre au Théâtre Aftaab <strong>de</strong>poursuivre sa formation « universitaire » et <strong>de</strong>l’étendre à l’apprentissage d’autres métiers <strong>du</strong>théâtre. Ariane Mnouchkine annonce à <strong>la</strong> troupequ’elle a sollicité l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’École nationale supérieure<strong>de</strong>s arts et techniques <strong>du</strong> Théâtre (ENSATT)à Lyon, afin qu’elle intègre les membres d’Aftaabaux cursus <strong>de</strong> formation qu’elle propose, dès <strong>la</strong>rentrée 2010.2010 (avril) - KaboulStage d’Ariane Mnouchkine« […] Nos jeunes compagnons travaillent à mettreen pratique tout ce qu’ils ont pu apprendre lors <strong>de</strong>leurs séjours en France. Ils sont plus forts et plusgrands, ils fonctionnent en troupe et prennent <strong>de</strong>sdécisions collectives. Ils entreprennent <strong>de</strong> rencontrerd’autres troupes <strong>de</strong> théâtre <strong>de</strong> Kaboul pour imagineravec elles comment faire naître un public <strong>de</strong> théâtreen Afghanistan. Ils cherchent à faire un théâtrepopu<strong>la</strong>ire, accessible à tous. Ils veulent jouer surles p<strong>la</strong>ces <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>ges et dans les cours d’écoles, ilsont besoin pour ce<strong>la</strong> d’un spectacle léger, une farce,ils choisissent <strong>de</strong> créer L’Avare <strong>de</strong> Molière. Ils organisentleurs répétitions en désignant un metteuren scène et commencent le travail en improvisations.Nous restons en contact avec eux grâce àInternet, mais très vite les questions sont <strong>de</strong> plusen plus pressantes. Même s’ils ont pu observer letravail d’Ariane Mnouchkine <strong>de</strong> près, aucun d’entreeux n’a encore véritablement « mis en scène » àl’intérieur <strong>du</strong> groupe, personne ne s’est encore misen regard sur le travail, ni n’a tiré les fils qui surgissentau cours d’une improvisation. Il est alorspour un temps impossible <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r à distance,ils réc<strong>la</strong>ment un tuteur soli<strong>de</strong> et concret pour continuerà faire grandir leur Avare. Ariane Mnouchkinedéci<strong>de</strong> donc <strong>de</strong> les rejoindre pour donner dix jours<strong>de</strong> stage. Il aura lieu dans le jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> FCCS -petit retour aux origines. Ariane traversera <strong>la</strong> piècepour les ai<strong>de</strong>r à faire surgir outre les personnages,leurs corps et leurs <strong>de</strong>ssins, dans <strong>de</strong>s situationsconcrètes et <strong>de</strong>s <strong>la</strong>zzi… y chercher aussi <strong>la</strong> farceafghane. La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail utilisée par leThéâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> en création collective, qui consisteà filmer chaque improvisation, afin d’y revenirsouvent et d’en conserver <strong>la</strong> trace, se révèle pour euxtout aussi efficace […] » (Extraits <strong>du</strong> journal <strong>de</strong>stage <strong>de</strong> Caroline Panzera).2010 (juillet) - KaboulAujourd’hui, le Théâtre Aftaab a terminé le travailqu’il a mené avec <strong>la</strong> chorégraphe Laurence<strong>Le</strong>vasseur et continue ses répétitions <strong>de</strong> L’Avare.Hélène Cinque se rend à Kaboul pour accompagnerune première répétition publique <strong>du</strong> travail à <strong>la</strong>FCCS le 18 juillet. La première aura lieu en septembre2010 pour l’inauguration <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvellesalle <strong>de</strong> théâtre <strong>du</strong> CCF. Ce sera tout juste avantleur départ pour Lyon, où, grâce au précieux soutien<strong>de</strong> <strong>la</strong> Région Rhône-Alpes et <strong>de</strong> l’Open SocietyInstitute, les jeunes artistes pourront poursuivrependant un an <strong>la</strong> formation d’excellence dispenséepar l’ENSATT.Rentrée universitaire : le 4 octobre !À suivre donc…** <strong>Le</strong> film documentaire Un <strong>Soleil</strong> à Kaboul...ou plutôt <strong>de</strong>ux disponible chez Bel Air C<strong>la</strong>ssiques,réalisé par Duccio Bellugi Vannuccini, Sergio Cantoet Philippe Chevallier retrace <strong>la</strong> genèse <strong>de</strong> cetteaventure et <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe.L’avant-scène théâtre I 139


<strong>Le</strong>s bonheurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> CartoucherieArmelle Héliot08/09/2009 | Mise à jour : 17:11Alors que le Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> a fêté cette année ses 45 ans et qu'Ariane Mnouchkines'apprête à recevoir à Oslo, <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> Liv Ullman, le prix international Ibsen, <strong>la</strong>Cartoucherie continue d'être un foyer extraordinaire <strong>de</strong> création, une pépinière vivante etheureuse pour <strong>de</strong>s artistes venus <strong>de</strong> tous les horizons. Deux manifestations marquenttraditionnellement les débuts <strong>de</strong> saison : « Premiers pas » réunit <strong>de</strong>puis 2003 <strong>de</strong> trèsjeunes troupes qui présentent ici <strong>de</strong>s spectacles originaux ; « Un automne à tisser » n'enest qu'à sa troisième édition, mais, sous le regard <strong>de</strong> Jean-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Penchenat,l'événement a acquis un rayonnement très puissant. Ce n'est pas pour rien que ces <strong>de</strong>uxren<strong>de</strong>z-vous très fertiles ont lieu à <strong>la</strong> Cartoucherie. Qu'ils jouent sous un chapiteau p<strong>la</strong>ntésur le parking, dans l'ombre <strong>de</strong>s arbres qui roussissent, ou bien dans les boiserieschau<strong>de</strong>s <strong>du</strong> Théâtre <strong>de</strong> l'Épée <strong>de</strong> Bois chez Antonio Diaz-Florian, ou encore à l'Aquarium,où vient d'être nommé François Rancil<strong>la</strong>c - au <strong>Soleil</strong>, <strong>la</strong> troupe répète le projet inspiré <strong>de</strong>Jules Verne -, les artistes travaillent dans l'esprit <strong>de</strong> Mnouchkine et <strong>de</strong> Penchenat,cofondateur <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> et fondateur <strong>du</strong> Campagnol, <strong>de</strong> Diaz-Florian. C'est un parrainageinformel, mais essentiel, et le public ne s'y trompe pas, qui vient en confiance à <strong>la</strong>découverte <strong>de</strong> propositions sé<strong>du</strong>isantes, émouvantes.Être jeune et acteur à Kaboul aujourd'huiS'il n'y a que <strong>de</strong>ux comédiennes pour treize garçons dans <strong>la</strong> troupe <strong>de</strong> l'Aftaab, d'autresactrices afghanes sont présentes à <strong>la</strong> Cartoucherie. Corinne Jaber va en effet présenter,dans le cadre <strong>de</strong> Premiers pas, un travail avec sept femmes qui jouent un texte écrit parFabrice Melquiot. Cette pièce prend en compte, au travers d'une fable, <strong>la</strong> vie quotidienne


en Afghanistan aujourd'hui. Dans Sœurs, un groupe entreprenant tente <strong>de</strong> raconter <strong>la</strong>réalité <strong>du</strong> pays, sa richesse culturelle, sa musique, sa poésie justement en montant unspectacle. D'une troupe à l'autre, <strong>la</strong> même énergie, le même courage moral. <strong>Le</strong>s garçons<strong>de</strong> l'Aftaab sont pour certains ferronniers ou tailleurs. Ils retourneront à Kaboul pourvivre, défendre <strong>la</strong> liberté. <strong>Le</strong> théâtre affermit leur énergie et leur courage.CRITIQUEParmi tous les spectacles qui vont être présentés, arrêtons-nous sur ceux <strong>du</strong> ThéâtreAftaab, une compagnie qui est née à Kaboul à <strong>la</strong> suite d'un stage con<strong>du</strong>it par les artisans<strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> en janvier 2005. C'est <strong>de</strong> ce travail qu'est née cette compagnie, qui a misà son répertoire, en <strong>la</strong>ngue dari, Roméo et Juliette, <strong>Le</strong> Tartuffe, <strong>Le</strong> Cercle <strong>de</strong> craiecaucasien. La troupe a fait <strong>de</strong> longues tournées, jusqu'au Pakistan notamment. Non sansdifficulté. Faire <strong>du</strong> théâtre là où les talibans veulent imposer leur loi est évi<strong>de</strong>mment trèsdifficile. Depuis six mois, treize garçons et <strong>de</strong>ux filles sont accueillis à <strong>la</strong> Cartoucherie.Ils ont retravaillé leur Tartuffe, qui avait été tra<strong>du</strong>it en darsi par un poète afghan il y abien <strong>de</strong>s années. Ils ont un moment songé à monter L'India<strong>de</strong> d'Hélène Cixous. Maisc'était un travail très difficile pour près <strong>de</strong> cinquante personnages. Ariane Mnouchkineleur a donc proposé une création collective d'après leurs vies. Et c'est Ce jour-là, sous<strong>la</strong> direction aimante et patiente d'Hélène Cinque, enfant <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>Cartoucherie <strong>de</strong> Vincennes, 12, route <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pyrami<strong>de</strong> (XIIe). P<strong>la</strong>ces : <strong>de</strong> 7 ! à 18 !.


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!"#$%&"'(!)&##&$!"#$%&'%()*)+,&-.%/#0(1)*)2345647556)*)2789:La troupe <strong>du</strong> théâtre Aftaab ensoleille <strong>la</strong> scène afghane&%(+&,(-.#%(,/"%#"('&(,01$&(&$(+&,("2'/3.$%(4&$%#5&$%(0/55&(2$&(51"&(+&(-.#%(.6&0(,&,(&$-.$%,7(8&(%.+&$%('&(+9.0%&2"(:2#(%#&$%(+&(";+&('&(+.(-&55&($9&,%(.$,@(6)M$'%X"(7#%YZF[K% %!"#$%&'()#%* joliprintJ+(3(.(&$0/"&(0&(+&,(,9&$0*.T$&$%(.#$,#@(2#+'#$4([*&.%"&(#$(B-4*.$#,%.$(Z(%$$0>??,@$A;B?@CD0EFW]Y(*'-'.#/0.%-1+0)+(2(Z(%$$0>??,@$A;B?@G,:HFW^Y(3(',/'(.%3!.)"((Z(_`L[JaB8(!\`AJ`\L(!BL(Z(%$$0>??,@$A;B?IHJ.KL*%%


L’HUMANITECULTURES -Article parule 21 septembre 2009CULTURESi rares comédiens afghans…Il faut les voir dans Ce jour-là et Tartuffe, <strong>du</strong> Théâtre Aftaab, et dansSoeurs.Envoyée spéciale.On n’a pas pu voir Ce jour-là, sur l’expérience que fait <strong>la</strong> jeunesse afghane <strong>de</strong>l’histoire récente <strong>de</strong> son pays, <strong>de</strong>puis l’irruption <strong>de</strong>s talibans en 1995 jusqu’à nosjours. C’est <strong>la</strong> première création collective <strong>du</strong> Théâtre Aftaab, formidable jeune troupemixte, et courageuse, qui s’est constituée à l’issue d’un stage, cette année, <strong>de</strong> sesseize membres à <strong>la</strong> Cartoucherie, avec Hélène Cinque, <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>. En2005, il y en eut un autre, à Kaboul, dirigé par Ariane Mnouchkine. Ce fut Tartuffe, endari surtitré, que l’on a vu. Quel bonheur ému, à voir celui <strong>de</strong> ces comédiens si vifs surscène, si précis dans leur approche <strong>du</strong> texte, si drôles et généreux, sans jamais enfaire trop. Et <strong>la</strong> pertinence <strong>de</strong> ce choix, Tartuffe, pour parler ici et plus encore là-bas,hier et toujours aujourd’hui, <strong>du</strong> fanatisme religieux qui ravage et aveugle tout : le librearbitre, l’autonomie, et chaque intime mouvement <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. Aux interdits suffocants<strong>de</strong>s talibans, une servante - jouée par un garçon -, si drôle, facétieuse et résolue à nepas se taire, fait comme un sacré pied <strong>de</strong> nez.Soeurs, mis en scène par Corinne Jaber qui a porté ce projet franco-afghan avectémérité, est un texte écrit tout exprès par Fabrice Melquiot pour sept comédiennesafghanes. Il dit, avec un humour en roue libre exorcisant <strong>la</strong> peur, <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> jeunesfilles, oeuvrant en catimini dans un jardin, <strong>de</strong> monter une pièce <strong>de</strong> théâtre. Vraiebouffée d’insouciance, peu à peu pièce dans <strong>la</strong> pièce jouée avec al<strong>la</strong>nt et talent,Soeurs souligne en nous l’incroyable absence <strong>de</strong> tels moments, là-bas.A. B.


The Hin<strong>du</strong>, New-Delhi, Thursday, Jan 10, 2008Out of the circleArash Absa<strong>la</strong>n talks about his recent pro<strong>du</strong>ction and theatre in Afghanistan andIran.The Caucasian Chalk Circle” by Bertolt Brecht is written to provi<strong>de</strong> freedom to thedirector. Director Arash Absa<strong>la</strong>n, from Afghanistan, “misuses” this freedom in a recentpro<strong>du</strong>ction staged at the tenth Bharat Rang Mahotsav.Performed in Dari, this is the first time that a p<strong>la</strong>y from Afghanistan is being shown atthe National School of Drama festival. While the nuances were lost on the audience, itcompelled attention in its use of simple props with stunning effect. It was performedwithout subtitles as the director believes that “subtitles distract the audience”. The roleof a narrator has been ad<strong>de</strong>d for the Indian audience.While this is the first time that director Arash Absa<strong>la</strong>n ventures into Brecht’s epic theatre,he believes that this p<strong>la</strong>y has continued relevance. “What is the old and holy meaning of‘mother’ is a question that is timeless. It is relevant to all times and all people,” heexp<strong>la</strong>ins, through a trans<strong>la</strong>tor. This “p<strong>la</strong>y-within-a-p<strong>la</strong>y” explores whether a mother isshe who gives birth or she who nurtures.Written in 1944, “The Caucasian Chalk Circle” is one of Brecht’s most frequentlyperformed p<strong>la</strong>ys. How can such a famous p<strong>la</strong>y be done differently? He says, “This epicp<strong>la</strong>y is episodic and that gives the director a lot of freedom. It wasn’t a question of daringto be different; instead one has to be different.”Absa<strong>la</strong>n says he didn’t love epic theatre initially. “I had never experienced it. But when Iwas given an offer to direct “The Caucasian Chalk Circle”, I realised it was very near my<strong>de</strong>sire.”This Iranian director is an established thespian in his home country. Wishing toexperience theatre in different countries, he moved to Afghanistan two years ago.Problems of censorship with the Iran government prompted this move.He exp<strong>la</strong>ins that both the countries have an ancient theatre tradition. More familiar withthe traditions of Iran, he says that religious theatre, b<strong>la</strong>ck comedy and puppet shows areintrinsic to the culture. Afghanistan has theatre based on old heroism and even shadowp<strong>la</strong>ys. However, he says with thirty years of conflict, theatre in both the countries hasbeen a difficult practice. While there is a ready audience and willing talent, auditoriumsand theatres are few. At the recent National Theatre Festival in Kabul, forty pro<strong>du</strong>ctionswere staged, proving the vibrancy of the theatre scene. There is an urgent need forsupport, however, especially from international bodies like UNESCO, asserts Absa<strong>la</strong>n.But p<strong>la</strong>ys from the region are slowly garnering attention. The Aftaab Theatre, fromKabul, which staged this pro<strong>du</strong>ction, has already been invited to a festival in France, andis looking at returning to India.NANDINI NAIR


Express India, Monday, January 07, 2008Aftab from war-torn Afghanistan, with rays of hopeNew Delhi, January 6As lights fell on the stage, their faces lit up, and you couldn’t miss the excitement.The young actors from Afghanistan were doing their first international show, afterall.The theatre group, Aftab, performed The Caucasian Chalk Circle at the Sri RamCentre on Sunday as part of the National School of Drama’s (NSD) TheatreFestival.India as a choice for their first international performance was more circumstantialthan intentional, they say. They got the invitation after an NSD member visitedAfghanistan <strong>la</strong>st year and saw the troupe perform.The 22-member troupe is one of the few groups in that country involved in theatre.These 20-year-olds are among the few trying to revive Afghani theatre as an artform after what they call “the <strong>de</strong>vastation caused by the US in 2001”. The troupe istherefore called ‘Aftab’, which means the rising sun.“Afghanistan has had a long history of theatre but all that was completely lost<strong>du</strong>ring the war. I am proud of the fact that we are in the process of regaining the lostglory,” says Omid Rawendah, one of the actors. Like Omid, all actors in the troupeare stu<strong>de</strong>nts of a drama institute in Kabul.Omid says the Afghani theatre was rekindled in 2004 <strong>du</strong>e to the efforts of MadameAriane Mnouchkine, a European theatre personality. “She organised a workshop inKabul in which 130 actors participated. The best 21 were chosen to form Aftab.”Written by Bertolt Brecht, The Caucasian Chalk Circle has been directed byAbolghassem Absa<strong>la</strong>n. He says his p<strong>la</strong>y is based on the present day Afghanistanand the country in the aftermath of war. Talking about his group of young actorswho are still in college, he says: “Working with a young group gave me theopportunity to use a workshop-like environment and I could experiment with myown theory of quantum theatre.”“We are happy to be in India where theatre is unbridled and it is a great opportunityfor all of us,” says Shaakaibo, one of the two girls in the group and a Bollywoo<strong>de</strong>nthusiast. “I adore Esha Deol and love the way she grooves.”“In Afghanistan, we watch more Hindi movies than even Indians do here,” saysMahmood Sharifi. “You can learn a lot from them,” says Shaakaibo.


10 April 2008Brecht lässt Kopftücher rutschen inKabul06. September 2007 Dubai International Airport - nicht das Glitzerteil mitseiner verrückten Mischung aus künstlichen Palmenpromena<strong>de</strong>n undLuxusboutiquen, Alkoho<strong>la</strong>usschank und tief verschleierten Frauen,son<strong>de</strong>rn <strong>de</strong>r weitab liegen<strong>de</strong> Terminal 2 mit <strong>de</strong>n Flügen in Krisenregionen.Für die Maschine nach Bagdad sind ausschließlich Männer gebucht; siesehen aus wie Söldner in Zivil und sind meist Amerikaner. Der Flug nachKabul hat weniger Amerikaner, mehr Frauen und sogar Kin<strong>de</strong>r. Das istirgendwie beruhigend, und dass man die Wasserf<strong>la</strong>sche <strong>du</strong>rch alleSicherheitskontrollen hin<strong>du</strong>rch behalten darf, angesichts <strong>de</strong>r mör<strong>de</strong>rischenTemperaturen ein Akt <strong>de</strong>r Barmherzigkeit.Der erste Eindruck von Kabul ist überraschend friedlich: Staub undBazargetümmel, Maultierkarren neben schweren Gelän<strong>de</strong>wagen,Verkehrsstaus und Frauen in b<strong>la</strong>uen Burkas. Im Zentrum verkaufen Kin<strong>de</strong>rKaugummi, wischen Autoscheiben o<strong>de</strong>r betteln, in <strong>de</strong>n Wohnvierteln<strong>la</strong>ssen sie ihre Drachen steigen. Natürlich gibt es überall Wachposten undSicherheitsschleusen, und an <strong>de</strong>r Hoteleinfahrt wird die Unterseite <strong>de</strong>sAutos mit Spiegeln kontrolliert - trotz<strong>de</strong>m ist <strong>de</strong>r Alltag stärker als dieAngst.Gelebter SurrealismusJe mehr man von <strong>de</strong>r Stadt ent<strong>de</strong>ckt, <strong>de</strong>sto schärfer wird <strong>de</strong>r Blick aufschwarze Mauern mit Splitterschutz und Stacheldraht, gepanzerteFahrzeuge und Straßensperren. Die Woche in Kabul wird zu einer Schule<strong>de</strong>s Sehens, bei <strong>de</strong>r die innere Kamera zwischen orientalisch Exotischemund martialisch Erschrecken<strong>de</strong>m hin- und herschwenkt. Bei<strong>de</strong>s zurDeckung zu bringen gelingt erst nach ein paar Tagen und nur da<strong>du</strong>rch,dass man abstumpft. Und wenn man das Glück hat, im Kabul Serena zuwohnen, <strong>de</strong>m luxuriösesten und sichersten Hotel <strong>de</strong>s Lan<strong>de</strong>s, das wie eineInsel <strong>de</strong>r Seligen aus <strong>de</strong>r Kriegszerstörung herausragt, dann kommt man


sich spätestens am sonnenüberfluteten Swimmingpool wie im Ur<strong>la</strong>ub vor.Gelebter Surrealismus.Solche Absurditäten bestimmen Kabul, das Großstadtdorf aus Bitterkeitund Hoffnung mit vermutlich vier Millionen Einwohnern. Nur wenigeStraßen sind asphaltiert, viele Häuser noch in Schutt und Asche, dieViertel am Berghang haben kein Wasser, Elektrizitätsausfälle sind an <strong>de</strong>rTagesordnung. Was Stadt und Land am meisten brauchen, das weiß je<strong>de</strong>r,ist Stabilität, Normalität und Wie<strong>de</strong>raufbau. Und die kriegen sie auch,vielleicht zu wenig und sicher zu <strong>la</strong>ngsam, aber es geschieht, und das istpositiv.Inhalt geht vor FormEin Steinchen im Puzzlebild <strong>de</strong>s neuen Afghanistan ist das Theaterfestival,das seit 2004 alljährlich stattfin<strong>de</strong>t und in seiner vierten Saison fünfzigVorstellungen aus allen Teilen <strong>de</strong>s Lan<strong>de</strong>s präsentiert. Es sindAufführungen, bei <strong>de</strong>nen <strong>de</strong>r Inhalt wichtiger ist als die Form, meist nichtlänger als dreißig Minuten, ohne Bühnenbild und Technik. KnappeGeschichten, die von Krieg und Gewalt han<strong>de</strong>ln, vonFrauenunterdrückung, Polizeikorruption o<strong>de</strong>r Aberg<strong>la</strong>uben - politischengagiertes Amateurtheater, das die Wun<strong>de</strong>n <strong>de</strong>s Lan<strong>de</strong>s vorzeigt undmanchmal auch <strong>de</strong>ren Heilung. Es wird vorwiegend von Männern gespielt,aber es gibt ein paar Frauengruppen, bei <strong>de</strong>nen junge Mädchen mit vielLust und ein bisschen Rache böse o<strong>de</strong>r <strong>du</strong>mme Männer darstellen. Und esgibt Aufführungen, die <strong>du</strong>rch ihre Direktheit große Kraft entwickeln, so diefast Dario-Fo-reife Terror-Komödie „What for?“ aus <strong>de</strong>r Provinz Nangarharo<strong>de</strong>r „Dissent“ aus <strong>de</strong>r Provinz Bakh, die Sowjetbesetzung, Bürgerkriegund Talibandiktatur anrührend als Pantomime darstellt.Seltene Chance, <strong>de</strong>n Alltag zu vergessenDie meisten Stücke sind selbstgeschrieben und han<strong>de</strong>ln vom Alltag mitseinen großen Problemen und kleinen Freu<strong>de</strong>n, von <strong>de</strong>r blutigenVergangenheit und <strong>de</strong>r Sehnsucht nach Gerechtigkeit. Die Stu<strong>de</strong>nten <strong>de</strong>rFaculty of Fine Arts <strong>de</strong>r Kabul University versuchen sich an Heiner Müllers„Horatiern“, an Tschechow-Novellen o<strong>de</strong>r <strong>de</strong>r „Mandrago<strong>la</strong>“ vonMachiavelli, aber ihre Arbeiten gehören zu <strong>de</strong>n schwächsten. Bei <strong>de</strong>nSchauspielern <strong>la</strong>ssen sich <strong>du</strong>rchaus Begabungen erkennen, aber Regiefin<strong>de</strong>t nicht statt. Denn das neu erstan<strong>de</strong>ne afghanische Theater steht


noch ganz am Anfang und hat nichts außer <strong>de</strong>m Wunsch zu existieren. Esgibt we<strong>de</strong>r Räume noch Mittel, kein Handwerk, keine Ausbil<strong>du</strong>ng, aber esgibt einen großen Enthusiasmus und <strong>de</strong>n Willen weiterzumachen. Das istviel in einem Land, wo Theater jahre<strong>la</strong>ng verteufelt und verboten war undbis heute für Frauen als unschicklich gilt. Deshalb ist das Festival sowichtig für die Theaterleute, <strong>de</strong>nn es ist ihre einzige Gelegenheit,voneinan<strong>de</strong>r zu lernen und sich Mut zu machen.P<strong>la</strong>ttform und WerkschauSo meint <strong>de</strong>nn auch Lien Hei<strong>de</strong>nreich, <strong>Le</strong>iterin <strong>de</strong>s Goethe-Instituts Kabulund Hauptorganisatorin <strong>de</strong>r Veranstaltung, wichtiger als die Werkschau-Funktion <strong>de</strong>s Festivals sei die P<strong>la</strong>ttform-Funktion: für die Theaterleute aus<strong>de</strong>n Provinzen die einzige Möglichkeit, überhaupt Theater zu sehen, dasvon an<strong>de</strong>ren gemacht wird als von ihnen selbst. Das Goethe-Institut ist<strong>de</strong>r Initiator <strong>de</strong>s Festivals, inzwischen sind auch das Institut Français, <strong>de</strong>rBritish Council und die Kulturabteilung <strong>de</strong>r amerikanischen Botschaft mitim Bühnen-Boot, dazu etliche afghanische Institutionen, vom staatlichenFernsehen, das alle Vorstellungen aufzeichnet, bis zu einer privatenFluggesellschaft, die jene Gruppen nach Kabul fliegt, für die <strong>de</strong>r Landwegzu gefährlich wäre.Der einzige internationale Beitrag <strong>de</strong>s Festivals kommt aus Deutsch<strong>la</strong>nd:„Return to Sen<strong>de</strong>r“, Helena Waldmanns neue Version <strong>de</strong>r „<strong>Le</strong>tters fromTent<strong>la</strong>nd“, die sie im letzten Jahr fürs Fadj Festival in Teheran mitiranischen Schauspielerinnen erarbeitete. Nun sind es fünf Deutsch-Iranerinnen, die hier die Zelte zum Tanzen bringen und auf Farsi spielen,das <strong>de</strong>m in Afghanistan gesprochenen Dari verwandt ist. Sprachbarrierengibt es also nicht und mentale sowieso nicht, <strong>de</strong>nn die Frage nachI<strong>de</strong>ntität und Exil, woher man kommt und ob man vielleicht lieberwoan<strong>de</strong>rs wäre, ist <strong>de</strong>m hiesigen Publikum bestens vertraut. Und so wirddie Aufführung zu einem Riesenerfolg, trotz <strong>de</strong>r ungewohnten Ästhetikund Abstraktion.Auch <strong>de</strong>r Körper spielt eine RolleUnd <strong>de</strong>n Unterricht, <strong>de</strong>n Waldmann am nächsten Tag gibt, ist wie einBefreiungssch<strong>la</strong>g. Im afghanischen Theater besteht <strong>de</strong>r Schauspieler wieim arabischen vorwiegend aus Kopf und Hän<strong>de</strong>n. Nun lernen zwei Dutzend


Frauen aus <strong>de</strong>r Provinz, dass auch <strong>de</strong>r Körper auf <strong>de</strong>r Bühne eine Rollespielt, und sie haben viel Spaß bei <strong>de</strong>n Übungen zu Reaktions- undErinnerungsvermögen. Eine nach <strong>de</strong>r an<strong>de</strong>ren nehmen sie sogar dasKopftuch ab, das bei so viel physischem Einsatz sowieso verrutscht.Wie sehr die Freiheit die Kunst beflügeln kann, lässt sich bei <strong>de</strong>r wohlbesten afghanischen Gruppe studieren, <strong>de</strong>m Aftaab-Theater aus Kabul.Das bezieht seinen Namen „Sonnen Theater“ von einem Seminar, dasAriane Mnouchkine vor zwei Jahren in Kabul hielt. Aus 120 Bewerbernwählte sie einundzwanzig aus, mit <strong>de</strong>nen sie vier Wochen <strong>la</strong>ng arbeitete.Danach inszenierte Maurice <strong>de</strong> Rozière mit ihnen „Romeo und Julia“ inKabul und Hélène Cinque „Tartuffe“ in Paris, bei<strong>de</strong>s in Zusammenarbeitmit <strong>de</strong>m Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> und beim zweiten und dritten Kabul-Festivalgezeigt. Diesmal präsentiert Aftaab Brechts „Kaukasischen Krei<strong>de</strong>kreis“ in<strong>de</strong>r Inszenierung <strong>de</strong>s Iraners Arash Absa<strong>la</strong>n.Phantasievoll und unverkrampftEs ist großes, buntes Volkstheater, witzig und schnell, das die Parabel von<strong>de</strong>r wahren und <strong>de</strong>r falschen Mutter so phantasievoll und unverkrampfterzählt, wie es seit Simon McBurneys berühmter Aufführung nicht mehr zusehen war. Das Bühnenbild besteht aus einer großen Treppe, die sich inmehrere Teile zerlegen und neu zusammensetzen lässt, zumGouverneurspa<strong>la</strong>st, Gebirge o<strong>de</strong>r Richterstuhl; die Darsteller tragen weißeKostüme und spielen mit so viel Verve und Lust, dass die Zuschauer aus<strong>de</strong>m Szenenspontanbeifall gar nicht mehr herauskommen.Schon wie hier Männer und Frauen zusammen über die Bühne toben, sichin die Augen schauen und sich anfassen, ist eine kleine Revolution, undals Simon in <strong>de</strong>n Krieg zieht und seiner Grusche zum Abschied eine Ketteumhängt, fällt ihr das Häubchen herunter. Aber die Darstellerin <strong>de</strong>nkt garnicht daran, es hastig zurechtzuzupfen, son<strong>de</strong>rn spielt einfach weiter, mitHaaren o<strong>de</strong>r ohne - erst beim nächsten Auftritt ist sie wie<strong>de</strong>r züchtigbe<strong>de</strong>ckt. Überhaupt diese Grusche! Fatima Wazha ist eineVollblutschauspielerin, vital und sinnlich, die so scheu lächeln kann und sotrostlos verzweifelt gucken, dass es einem schier das Herz bricht.Alles ist möglich


Kurz vor <strong>de</strong>m Urteilsspruch baut Absa<strong>la</strong>n ihr eine große Szene, und die istwirklich Welttheater: Grusche springt von <strong>de</strong>r Bühne, rast <strong>du</strong>rchs Parkett,umarmt die Zuschauerinnen und schreit ein ums an<strong>de</strong>re Mal: „Ich kannmein Kind doch nicht zerreißen.“ War bei <strong>de</strong>r vorherigenPublikumsabstimmung die Meinung, wem das Kind gehört, nochgespalten, so sind nach dieser furiosen G<strong>la</strong>nznummer alle für Grusche.Brecht as Brecht can - dass gehören soll, was da ist, <strong>de</strong>nen, die für es gutsind, war als <strong>Le</strong>hre aus <strong>de</strong>m Stück noch nie so mehrheitsfähig.Der Rest ist Jubel. Die Schauspieler tanzen, umarmen und küssen sich,werfen die Blumen zurück und sind trunken vor Freu<strong>de</strong> - das Publikum istes auch und stürmt die Bühne. Theaterglück pur, und unten und oben,Männer und Frauen alles eins. Das ist nicht mehr Kabul, das ist vomBegeisterungsgrad her min<strong>de</strong>stens die Cartoucherie <strong>de</strong>r ArianeMnouchkine in Vincennes. Und ist die Utopie von Afghanistan, von <strong>de</strong>rKunst und vom <strong>Le</strong>ben. Alles ist möglich, und es wird auch geschehen.


Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> in AfghanistanA discussion with Ariane Mnouchkine,Robert Kluyver, and Anthony RichterThe following remarks are edited and con<strong>de</strong>nsedfrom a panel discussion held on July 28, 2005,at the Open Society Institute in New York. Theparticipants inclu<strong>de</strong>d Ariane Mnouchkine,director of the Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>; AnthonyRichter, OSI associate director and director of theCentral Eurasia Project; and Robert Kluyver,executive director of the Foundation for Cultureand Civil Society, OSI’s principal partner andrepresentative in Afghanistan. Mnouchkine’scompany had recently completed a three-weekacting workshop in Kabul in col<strong>la</strong>boration withthe Foundation for Culture and Civil Society.anthony richter I am familiar with therole culture p<strong>la</strong>ys in shaping public space, infostering intellectual exchange, and in <strong>de</strong>velopingfreedom of expression. But in Afghanistanour engagement is focused, as the nameof the Foundation for Culture and CivilSociety suggests, on the over<strong>la</strong>p between cultureand social engagement — the essence ofAriane Mnouchkine’s work. When we werefirst approached by Elizabeth Hayes and theFrench American Cultural Exchange, withoutwhom none of this would have been possible,Elizabeth and I thought it might be interestingto intro<strong>du</strong>ce the Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> to colleaguesin Afghanistan who are also trying tobring together culture and social engagement.That’s how we got here today, as our friendscan tell you.robert kluyver One day <strong>la</strong>st November,Elizabeth and Anthony suggested I go toParis to see the Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>’s pro<strong>du</strong>ctionof <strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier caravansérail and talk with Arianeabout any possible cooperation. It seemedlike a won<strong>de</strong>rful i<strong>de</strong>a — maybe not somethingthat would happen right away, but it was agood i<strong>de</strong>a in any case to take a day to see thecompany’s work and meet with Ariane. I livein France, and as you know the Théâtre <strong>du</strong><strong>Soleil</strong> is the foremost French theater group,which in its forty years has put on incrediblepro<strong>du</strong>ctions. I went to the theater piece, withoutknowing anything about it beforehand,and I was extremely surprised to see that therewas so much focus on Afghanistan, where Ihad been working and living for the <strong>la</strong>st fiveyears — so much emphasis, in fact, that manyof the actors had learned their lines in Farsi.Of course it’s a very multinational troupe, andsome of its members are native Farsi speakers.But I thought it was an incredible effort — notonly to un<strong>de</strong>rstand the <strong>la</strong>nguage, but alsoto un<strong>de</strong>rstand the culture, and the p<strong>la</strong>ce inAfghanistan. I thought, why and how did shefind all these Afghan actors? They were evenspeaking with Afghan accents, not even Iranianaccents. We had this won<strong>de</strong>rful discussionand found out that the basis of Ariane’swork on the pro<strong>du</strong>ction was a true passion forAfghanistan — which, as Ariane will tell us, isalso shared by many actors in the group. AndAriane Mnouchkineat Théâtre <strong>du</strong><strong>Soleil</strong>’s workshop inAfghanistan, 2005.Courtesy of DuccioBellugi-Vannuccini67


théâtre <strong>du</strong> soleil in afghanistanbeth suggested that Robert see the p<strong>la</strong>y, andit started from that good luck — it’s good to beremin<strong>de</strong>d of that.When Robert came and saw the p<strong>la</strong>y hewas astonished at how strong the re<strong>la</strong>tionshipwas between this work and Afghanistan. Sowe won<strong>de</strong>red what we could do. Of course, wecould not go and perform <strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier caravansérailthere. The pro<strong>du</strong>ction was too big, tooexpensive, and also, probably, not exactly theright thing to do anyway. It was too soon tobring such a piece there. But then we had thei<strong>de</strong>a of doing a workshop. I remember Robertasked, “How many people will come — three,four?” And I said, “Forty.” He said, “Forty?”And I said it would be important for all theactors to come, and the others too. I felt thatwe nee<strong>de</strong>d a <strong>la</strong>rge show of strength to be there,to show what we’re doing. After all, we weren’tgoing to Afghanistan to show what theater is;we’re going to show what our theater is. Andthat’s already a lot to do. So I nee<strong>de</strong>d all thecompany to be there, to share, to receive fromthe Afghan people, and to give whatever theyhave to give.So the word money came up again.How do you pay for these p<strong>la</strong>ne tickets toAfghanistan? And I must say that the Ministryof Foreign Affairs in France paid. Robert’sfoundation is located in a big, beautiful,strange house, and they had room for us tosleep and eat there. There was a beautiful gar<strong>de</strong>nin which we could work, and there wasa small stage, which we ma<strong>de</strong> a little bit biggerwhen we arrived, and so sud<strong>de</strong>nly therewe were. Forty-three of us went and stayedfor three weeks, with all sorts of i<strong>de</strong>as fromthings people told us: “It’s very dangerous,don’t go, there’s a p<strong>la</strong>gue, there’s cholera,there’s the Taliban, you’ll be shot, you’ll becut into pieces, you’ll be kidnapped.” Mostof the actors’ parents hated me for doing this.It meant assuming a <strong>la</strong>rge responsibility fortaking my friends there; we had a discussionabout it before leaving, of course, and peoplesaid, very honestly, “I think I’m afraid.”Nobody was obliged to come, but many ofthem chose to come all the same.And then the most incredible thingshappened. We felt that we were very, veryprotected. We would not go out without anAfghan friend. On all the excursions Robertarranged for us, there was a man with aKa<strong>la</strong>shnikov — a Ka<strong>la</strong>shnikov — on both endsof our little caravan. (We did not have interactionwith American troops there, becausewe did not see a single American in Kabul. Idon’t think they’re in Kabul; they’re in Bagh<strong>la</strong>n,and they were fighting in the southeast,first of all.)But nonetheless we sud<strong>de</strong>nly beganmeeting normal people: competent people,curious people, emotional people, gratefulpeople, and very, very interesting people.Among them of course were stu<strong>de</strong>nts, abouta hundred people every day, most of themfrom the fine arts <strong>de</strong>partment at the university.However, that didn’t mean that theywere all fine arts stu<strong>de</strong>nts by choice. Some ofthem, it turns out, were in that <strong>de</strong>partmentbecause they couldn’t get into another <strong>de</strong>partment— that was strange to us. They wantedto do medicine or chemistry or something,and they were not accepted. You can imaginewhat the University of Kabul is today,still, in spite of the efforts and achievementsin recovery. This has to be said sometimesabout Afghanistan — in the newspapers, weonly read about the catastrophes. But thereare achievements, too; there is a lot of workgoing on. Many people are trying to buildthings there and are trying to improve the situation.They come from within Afghanistanfirst, but they also come from Europe, fromAmerica, from everywhere. Little by littlewe came to un<strong>de</strong>rstand that. For instance,69


open society panelActors preparing toperform at Théâtre<strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>’s workshopin Afghanistan,2005. Courtesyof Duccio Bellugi-Vannuccinithere is an evangelical school, ASCHIANA[Afghan Street Working Children and NewApproach], which we discovered <strong>la</strong>te in ourstay, unfortunately, which brought stu<strong>de</strong>nts tothe foundation to show us one of their p<strong>la</strong>ys,which they called Against Weapons. ASCHI-ANA is an incredible organization; they workwith street children.As for the university stu<strong>de</strong>nts, some ofthem were coming to the workshops just tosee things, to be in a quiet p<strong>la</strong>ce, to find outwhat was happening there. They were not allcompletely involved in the theatrical work,but gra<strong>du</strong>ally there was a solid regu<strong>la</strong>r groupof about fifty who came every day. Someof them even had to be stopped from comingonstage — sometimes I would have to tellsomeone, “No, you’ve already been onstagethree times, you can’t go onstage today. Youhave to leave the stage today!”We brought costumes from our theaterin Paris, and masks. I don’t know why, but Ihad this i<strong>de</strong>a that we would do mask work andnothing else. I knew that in three weeks wewouldn’t have time to do more, and that maskswould be the instruments that would createtheater as quickly as possible. I could have beenwrong, but apparently I was not: they had neverseen masks in their lives. Never. They had neverheard of Harlequin, or commedia <strong>de</strong>ll’arte, orNoh, or Kabuki, or anything like that. Whenwe first showed them the masks, it was really asif something was being recalled from an ancientmemory. They recognized the masks withoutever having seen any before. It ma<strong>de</strong> me thinkthat theater is probably the first art form, alongwith painting, that humankind practiced — an<strong>de</strong>ven if tradition or religion forba<strong>de</strong> these artsfor a period of time, it remains insi<strong>de</strong> us. Whenthe Afghan actors became familiar with thesemasks, they were <strong>de</strong>eply happy, because masksare sha<strong>de</strong>s of personhood. All the masks wetook there are ur-masks, very, very traditional,antique masks. And their faces are universal.They can be recognized even by people whohave never seen such a thing.70We got started, and off we went: theyhad to undress, to dress in the costumes,and they had to un<strong>de</strong>rstand what it meant toput such a thing on. Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> actorshelped them, always, showing them: “No,you can’t dress like that, you look like nothing.This is ugly. This is not the character. Allright, you’re dressed like that, but you can’tmove, so what is going to happen? Your hatis over your eyes; you can’t see, you can’t hear,you can’t, you . . . ” And little by little someof them — I would not say all — started to beable to dress themselves, to recognize whatma<strong>de</strong> a character, the volume they had to take,and, well, there was theater. Some theater wascreated, nearly every day. I think we had onejour maudit, a cursed day, when nothing came,absolutely nothing — even the actors from theThéâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> were cursed, which happens.But otherwise theater was discoveredon this stage every day, the most surprisingtheater.After four or five days, we started workingon a specific theme, which was false marriages,false marriage — but, of course, not inAfghanistan. In our societies, three hundredyears ago. So there they were, sort of improvisinglove scenes, with one Afghan womanand French actors, or Afghan actors. And,well, we were in a normal kingdom, the kingdomof art, where we never spoke about certainthings: not once did I hear, “I’m Uzbek,”or “I’m Tajik.” Not once.When we were organizing the visit, Ihad told Robert that I wanted women inclu<strong>de</strong>damong the participants or I wouldn’t come. Ifelt that I was creating difficulties for him. Hesaid, “Yes. Huh. I will try. Yes.” Every timewe spoke on the phone I asked, “Are therewomen?” and he would say, “Yeah, well, it’scoming. It’s coming.” Of course, when wefinally arrived in Kabul, I wouldn’t have toldhim “OK, we’re going back because there areno women.” But I was really hoping. Andluckily he succee<strong>de</strong>d in finding three, thenfive, then six. They were very courageous,


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open society panelvery courageous, to brave public opinion.They have to feel that they are supported, youknow? They have to feel that we admire theircourage and their struggle, that we won’t letthem down as long as they are there, that weare not going to ask them to do foolish things.That is important. You cannot put them indanger. But to avoid putting them in dangerdoes not mean that you have to tell them, “No,no, no, keep your scarf on.” If they take theirscarves off, good. You know?And this is good for us too, you know.Western women should not wear a scarf inAfghanistan, and that was something I wastotally convinced of, but it took re<strong>la</strong>tively moretime to convince everyone else in the company.“We are not going to wear the scarf inKabul; we are not.” And we were told that weshould wear one, by very intellectual people,young and not — even by male diplomats, whotell you it’s better if you wear a scarf. Of coursenot! Why should we? But these women had tobe supported, they must not be pushed to dosomething rash that would put them in danger.(The same goes for the men.) I didn’t praisewhat they were doing onstage just because theyare women. When it was not good, I wouldtell them. It was more complicated to preventthe men from censoring them; when I felt thatsomething was not totally benevolent towardthem I would be very, very, very clear with theother stu<strong>de</strong>nts and tell them I will not acceptit. On that subject I was very clear, as I thinkone has to be. Even if it’s your best Afghanfriend, you cannot say to him that you approveof something if you don’t, just because of hisso-called culture. I mean, I don’t approve ofs<strong>la</strong>very, although it belongs to some cultures.I don’t approve, and I will not say otherwise,even if it’s part of the culture. There is somethingwhich is called les droits <strong>de</strong> l’ homme,human rights, and that is my culture.And what women! One was very courageous.There were six girls watching theworkshops and three participating, who werealready being very courageous just by going onthe stage. For an Afghan woman to go on thestage is outright heroism, because in Afghanistanit means that they are a prostitute — andthey went onstage and they worked. They didnot do badly, and one did very well, so this onewas among the group.We even had a scene with a Christianpriest on stage, with a little boy who p<strong>la</strong>yeda choirboy. We were very astonished, and Ithink the actors and I grew. In this group offifty there were perhaps seventeen who reallyled the workshop, who did really good work,so we gathered them at the end of our visit, forthe whole afternoon, and I asked them, “Sowhat’s going to happen now? Are you goingto stop? Or are you going to do somethingwith yourself? Why don’t you try and make agroup?” They started to talk about, “Well, yes,but what is going to happen between a Tajikand a Pashtun? Are we strong enough to leaveour origins at the door?” And I said, “Not onlyat the door, but at the frontier, and not only atthe frontier, but at the womb.”And so at the end of the afternoon, they<strong>de</strong>ci<strong>de</strong>d to create a group. They called it TheaterAftab — aftab meaning “sun” — so theywere actually calling it “Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>” inFarsi. They elected a director, at least for themoment, as he said himself. And they <strong>de</strong>ci<strong>de</strong>dnot to stop but to continue working, with thehelp of the foundation and Timor Hakimyarand Robert, who are going to lend them thegar<strong>de</strong>n and the p<strong>la</strong>ce to rehearse and to helpthem. We are very proud of that — and we p<strong>la</strong>nto go on helping them, too, because I thinkthey <strong>de</strong>serve it. I think there are some verygood actors among them, they will be goodactors in the future, so we have several projectsto continue with them. Except for thankingeverybody who helped with this adventure, Idon’t know what else I should say.72


théâtre <strong>du</strong> soleil in afghanistankluyver I would like to mention how difficultit is to find funding for culture, whichunfortunately is rarely seen as part of reconstructionor <strong>de</strong>velopment of a country. I justwant to thank the Prince K<strong>la</strong>us Fund in Hol<strong>la</strong>nd— not because I’m Dutch myself — butbecause they have strongly supported thisproject with quite a lot of money, to allowthis workshop to happen in Afghanistan. Weactually have enough left to continue supportingthe group for the coming month, as theyprepare a p<strong>la</strong>y to participate in the Cairo TheaterFestival, which will happen in Augustand September, 2005, with the participationof twenty different Afghan theater groups.We hope we can see this process through, andthen after that there will be additional re<strong>la</strong>tionshipsin the future, hopefully.mnouchkine I must add that the FrenchMinistry of Foreign Affairs paid for the tickets.Robert gave us shelter and food, and ofcourse, everybody who went there was notpaid for three weeks, and that has to be takeninto consi<strong>de</strong>ration for future groups, becausethere is no money at the moment for this.And also the French Army, who transportedclown noses and costumes. I thank theFrench Army for having the good humor touse their big, good army p<strong>la</strong>nes to carry insuch futile materials as theater material. It’snice — many armies should do that. Take a littlebit less of that, take a little bit more of this.kluyver I think one of the big things theAfghan stu<strong>de</strong>nts learned was the spirit ofteamwork, which in the Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> isespecially remarkable: all the work, cleaningup, crushing p<strong>la</strong>stic bottles, is all done by theactors themselves. And this was an extremelyuseful experience for Afghans who tend tothink other people have to clean up behindthem. [Laughter] Workshops <strong>la</strong>sted eighthours a day, from eight in the morning totwelve, from two to six. Sometimes till seveno’clock, <strong>de</strong>spite the heat — it was a very intensiveexperience.mnouchkine There was quite a catharticimprovisation about the Taliban. All of theactors in it were Afghan, except one.kluyver But it en<strong>de</strong>d up with a woman, beatingthe Taliban — it was an Afghan woman,very nice.mnouchkine She was very happy to do that!We did many workshops, but they were not allin difficult p<strong>la</strong>ces. Sometimes they were doneun<strong>de</strong>r difficult conditions, but they were not indifficult p<strong>la</strong>ces.I had always thought that musiciansare so lucky: they go into a country, theytake their instrument, and even if they don’tspeak the <strong>la</strong>nguage, they will go and p<strong>la</strong>ynight and day, and they will un<strong>de</strong>rstand eachother. What an art music is for that! Well, Imust say I felt exactly the same thing withtheater in Afghanistan. You take a mask, yougive the actors a little story to work with, andthere they are p<strong>la</strong>ying together in French andEnglish and Farsi — as long as our interpreterShasha was there, that is. I have to say if Shashahad not been there, the workshop wouldhave been totally different; she is an incredibleinterpreter, she trans<strong>la</strong>ted very, very fast andvery, very well, and she really does trans<strong>la</strong>te,conveying the sense, the emotion, the intonation,everything.So here we were, in a very quiet p<strong>la</strong>ce inKabul in the midst of a poor and unquiet areawhere we were told not to gather at night. Inthis gar<strong>de</strong>n there was peace, and the possibilityof discipline and concentration, which ofcourse did not happen immediately: the obligationof doing that in or<strong>de</strong>r to create was notimmediately clear to the young Afghans. I keptasking them, “Please be silent, please — you73


open society panelWorkshop stage,Afghanistan, 2005.Courtesy of DuccioBellugi-Vannuccinican’t go on talking like that.” They had toun<strong>de</strong>rstand that the rumoring among themselveshad to stop if they wanted art to comeinto being. But the surprise was that theatercan be like music, it can be totally clear andtranscen<strong>de</strong>nt, even when I knew who wasun<strong>de</strong>r the mask and knew how we were mixing<strong>la</strong>nguages and nationalities.So that was the surprise. That theater,when it was present, when it was among us,could reign — as if nothing else was importantexcept art. Religion? We didn’t care. Man orwoman? This was forgotten — for a while, notoutsi<strong>de</strong> our workshop, but for a while. Nobodycame in with a burka, only head scarves, andthe girls that were going to the workshopdid not wear the burka outsi<strong>de</strong>. There is aphotograph of two Afghan women with twoactresses from Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, and one ofthe Afghans has her shoul<strong>de</strong>rs naked. Thisis a sort of tiny revolution in itself, thoughnobody even mentioned it — it was just whathad to be done in or<strong>de</strong>r to work. Of course,there are things which are intolerable, and infact I think we must tell them what is intolerable,and we did so.74


théâtre <strong>du</strong> soleil in afghanistanMy goal in choosing the theme for theworkshop was to go as far as I could go withoutrocking the situation. As I said, I didn’tknow everybody who was there. I knew thegroup of fifty, the people who really wanted todo theater. But sitting behind were other people,and I didn’t know what they were thinking.That’s why I didn’t want something tosud<strong>de</strong>nly happen which would hin<strong>de</strong>r everyone,and which would stop this flowering libertythat we discovered in the workshop. I didnot push. As we say in France, je ne vou<strong>la</strong>is paspoussez le bouchons trop loin — I did not wantto push the cork too far. If we do a scene onarranged marriage in Afghanistan, that meanswe have to talk about somebody who is verynear us. And we have to talk about an everydayhappening in Afghanistan. But distance isalso a great tool in theater, and I think theyun<strong>de</strong>rstood perfectly well the cruelty — yes,the cruelty — of this act, from watching aMolière scene about an arranged marriage inseventeenth-century Italy.We <strong>de</strong>alt with comedy as well. Thatwas my second goal: mask and comedy. If wewant to <strong>de</strong>al with forced marriages in Afghanistantoday, that’s tragedy, not comedy, so it’sanother form. Maybe if there is another workshop,and people are working there for a longertime, they can <strong>de</strong>al directly with tragedy. ButI wanted to <strong>de</strong>al with comedy, because I thinkthat comedy has a revolutionary strength, andbecause I thought — mistakenly — that theydidn’t <strong>la</strong>ugh a lot. They worked on Molièrewithout exactly knowing they were workingon Molière. And I discovered that they canreally <strong>la</strong>ugh!In response to questions I have heardabout whether theater is received or con<strong>de</strong>mnedas a Western form in Afghanistan,I must say that I don’t think the word Westernizedis a good one because they have manyEastern Greek Orthodox theaters. And theEast has beautiful theaters, too: India hasmany very beautiful theaters, and Indonesiahas beautiful theater, and other Is<strong>la</strong>mic countriestoo. Theater is not Western. Art is notWestern. I don’t even know what Westerninfluence is. It <strong>de</strong>pends on what people aretold, of course; if somebody comes to a vil<strong>la</strong>geand says, “This is Shi‘ite, this is Western,”then the perception doesn’t come frominstinct, it comes from propaganda.The struggle against art does not comefrom the soul; it comes from the brainwashing,from fascism. I think theater is in our genes,so of course it’s dangerous. It’s dangerous. Soeither they try, fascists try to <strong>de</strong>stroy it, or theytry and manipu<strong>la</strong>te it, because they know it’sa very, very powerful weapon in a way. It’s acivilization weapon. It’s incarnation. It’s flesh,it’s thinking flesh, so it mustn’t rival anotherpower.kluyver I have some experience with thistoo. First, as a general remark, I will say thattheater is a medium — theater in itself is notWestern or Eastern. We have actually showntheater in more than seven hundred differentp<strong>la</strong>ces in Afghanistan to date. We haveorganized theater, mobile theater campaigns,which re<strong>la</strong>ted to elections, but with a freekind of interpretation: not really <strong>de</strong>liveringmessages, but offering a general i<strong>de</strong>a of whyelections are important, of what kind of personyou should try to elect. Since Afghanistanhas a lot of regional cultural differences, weuse local groups to tour in their own regionsinstead of sending a group from Kabul, sincethe groups in Kabul are afraid of going to theother provinces. Local groups already knowhow far they can go, and what they can do.So this helps bridge differences from regionto region, for example, and especially with theissue of women: In some regions they won’thave women actresses perform, but they’ll havemale actors dress up and perform the roles ofwomen. In other regions even that is not done.In the north when we ask them to put in onewoman, they put in two women because theywould like to have more women perform, soit <strong>de</strong>pends a little bit on the region. But it’s75


open society panel<strong>de</strong>finitely seen by the audiences, and we’veattracted very, very <strong>la</strong>rge audiences, becauseobviously in these vil<strong>la</strong>ges there’s not much todo, so everybody comes and watches.There have been extremely few negativereactions, and the few which have occurred— in the east and the south of the country— were in areas where the coalitions arefighting the war and where there is politicalresistance to elections. In other words, it is notresistance to theater itself, but to the messagethat we were <strong>de</strong>livering with it. But even thatwas very, very rare. Luckily we haven’t had anyreal problems. It has been accepted by mostAfghans. For the Afghan theater groups, thiswas also a new experience. When they cameback from this, it was like a theater revolution,because they’ve gone everywhere in the country,and everybody loves theater now. They’recoming back again, we’re going to send thetroupes back around the country in summer2005.mnouchkine During our workshop, someof the actors wanted to do an improvisation<strong>de</strong>aling with the Taliban, using the Balinesemasks we brought with us from France. Mauricehere was the only French actor in thisenormous improvisation, which was otherwisedone only with Afghan actors. Maurice and Iwere telling them yes, but with these masks,you have to remember that this is not a realTaliban. It is this mask, with specific charactertraits, and you would have to imaginethat these characters are p<strong>la</strong>ying the Taliban,that they are performing a p<strong>la</strong>y about the Taliban— because, of course, they are ridiculouspersonages, and ridicule is very precious inthat situation. But the actors wanted to actuallyp<strong>la</strong>y the Taliban. Maurice said, “No, I’mnot doing it. If it’s going to be real Taliban,we’re not doing it.” Sud<strong>de</strong>nly they un<strong>de</strong>rstood.And they accepted it. So they built the improvisationaround the scenario that a bunch ofBalinese peasants — Balinese because thesewere Topeng masks — were performing a p<strong>la</strong>ycalled The Defeat of the Taliban. It started withthat premise, and it was so beautiful becausethe peasants received texts of their p<strong>la</strong>y, TheDefeat of the Taliban, and immediately twoof them wanted to leave the stage, saying, “Idon’t want to p<strong>la</strong>y The Defeat of the Taliban!”The improvisation was totally cathartic; theimprovisation itself became the <strong>de</strong>feat of theTaliban. I don’t remember exactly how it happened,because the improvisation was suchchaos, but all of a sud<strong>de</strong>n — and we couldn’tstop — Maurice was beaten up in the middleof the whole thing. He p<strong>la</strong>yed the peasants’director, the stage director, and he was tryingto give direction to one of the “peasant” actors,but he couldn’t — they had become Taliban.Finally this woman who was among the actorsprevailed; she took a whip, the whip that theTaliban famously wiel<strong>de</strong>d to beat women, andsud<strong>de</strong>nly she turned it against the Taliban.The audience was shouting and yelling androaring with <strong>la</strong>ughter, and something happenedat that moment, really.richter Clearly, we have to continue supportingculture in this setting. Poetry is verywell <strong>de</strong>veloped and entrenched in Afghan cultureand there are traditions of Afghan poetrythat blend with Persian poetry. A thousandyears ago there were epics, different forms ofstorytelling — it’s not theater, but in any event,what we’ve seen is that culture, and the peoplewho are artists, have a status, a social status,and a respect. They are allowed a protectedspace, a special status. It may be a vulnerablesituation, but it compels us to continue to supportculture in this country.mnouchkine But Anthony, theater has to dowith the Other. It’s the art of knowing, un<strong>de</strong>rstanding,and incarnating the Other, otherpeople. Therefore it’s also a school of life and76


théâtre <strong>du</strong> soleil in afghanistanmuch more. Of course I’m not against poetry,but you can’t make the comparison. To supporttheater is also to support something moredangerous. To p<strong>la</strong>y someone else, to incarnatesomebody, you have to un<strong>de</strong>rstand them, youhave to accept them. If you are Muslim, yousud<strong>de</strong>nly have to become a Jew or a Christian.If you are Christian, you sud<strong>de</strong>nly becomeMuslim, or Jewish, or b<strong>la</strong>ck, or a dwarf, or agiant, or a woman if you are a man, or a manif you are a woman. You have to be the Other,and that is priceless — priceless. Especially in asociety based, because of history, on the refusalof the Other: the refusal of women, refusal offoreigners, refusal of somebody else. That’swhat I felt in that workshop, as I watched theactors dressing and undressing young stu<strong>de</strong>ntsin these traditional costumes. It was such anact of sharing and transformation and thatwas very precious, and in a way very political.So we must support this, and support themwhen they go back. It’s more difficult, andprobably more political and more revolutionarythan just editing beautiful poems, whichmust also be done. But sending real people,living people, there to take your things awayand sud<strong>de</strong>nly put some makeup on your face,even though it’s forty <strong>de</strong>grees Celsius an<strong>de</strong>verybody’s sweating — and voilà! They weretouching each others’ bodies, each others’hearts, and it’s very concrete. Theater has todo with concrete things and political things,and the vil<strong>la</strong>ger has to un<strong>de</strong>rstand — and wehave to make him un<strong>de</strong>rstand — that the bodyof the Other is not the <strong>de</strong>vil. That’s what theaterhas to convey, and you have to give moneyfor that.richter Well, we can’t b<strong>la</strong>me anybody butourselves for getting into this situation. Wewant to be in this situation, and I would liketo express to you and to Robert once more ouradmiration for your work, and in particu<strong>la</strong>r forwhat you’ve shared with the Afghans.7 7


mardi 09 août 2005<strong>Soleil</strong> sur KaboulAriane Mnouchkine et sa troupe viennent <strong>de</strong> passer trois semaines enAfghanistan pour former une centaine <strong>de</strong> jeunes acteurs. Reportage.Par Eric <strong>de</strong> LAVARENEKaboul envoyé spécialEn juin et juillet, <strong>du</strong>rant trois semaines, <strong>la</strong> troupe <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> s'est ren<strong>du</strong>e àKaboul pour former une centaine d'acteurs afghans. Ai<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> refonte d'un art sinistré par<strong>de</strong>ux décennies <strong>de</strong> guerre et qui, pourtant, <strong>de</strong>meure l'un <strong>de</strong>s plus vifs d'Afghanistan. «Jene vou<strong>la</strong>is pas procé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière différente parce que c'est l'Afghanistan, expliqueAriane Mnouchkine, <strong>la</strong> figure charismatique <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>. Je me suis dit "c'est <strong>du</strong> théâtre, rienque <strong>du</strong> théâtre". Alors j'ai monté une formation comme à <strong>la</strong> Cartoucherie, mais avec uneparticu<strong>la</strong>rité : nous jouons avec <strong>de</strong>s masques <strong>de</strong> <strong>la</strong> commedia <strong>de</strong>ll'arte, <strong>de</strong>s masquesbalinais et japonais.»Mnouchkine aime le masque, qui oblige à rentrer immédiatement dans <strong>la</strong> peau <strong>du</strong>personnage. «On ne peut pas tricher avec un masque, on <strong>de</strong>vient forcément celui qu'onjoue et personne d'autre.» Soudain, quatre acteurs entrent en scène. Tous vêtus <strong>de</strong> longscostumes <strong>de</strong> style japonais. Deux sont grimés, les <strong>de</strong>ux autres portent <strong>de</strong>s masques auxtraits grossiers. Ils parcourent <strong>la</strong> scène. Plusieurs fois, Ariane Mnouchkine se lève, lesinterpelle, les renvoie <strong>de</strong>rrière le ri<strong>de</strong>au. Elle s'emporte : «C'est pas possible, Arif, <strong>de</strong>marcher comme ça avec ce masque ! T'es en colère, tu le sais. Cette colère, elle doitpasser par ton corps.» Puis elle se radoucit : «On recommence. Y avait <strong>de</strong>s choses bienquand même.»Engagement. C'est par <strong>la</strong> pièce le Dernier Caravansérail, jouée à <strong>la</strong> Cartoucherie voici<strong>de</strong>ux ans, que les acteurs <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> ont découvert le drame afghan, mais il était alorsquestion d'exil. «On a eu envie d'en savoir plus, <strong>de</strong> voir <strong>de</strong> plus près d'où partaient cescandidats à l'exil qui se retrouvaient ensuite dans le camp <strong>de</strong> Sangatte», confieMarjo<strong>la</strong>ine, jeune comédienne. L'un <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe : ai<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> refonte <strong>de</strong> <strong>la</strong>scène afghane. <strong>Le</strong> théâtre est très popu<strong>la</strong>ire dans le pays, et il n'est pas rare <strong>de</strong> croiser<strong>de</strong>s troupes itinérantes qui jouent dans les coins les plus reculés. «Elles apportent unevraie distraction, mais aussi <strong>de</strong>s nouvelles à <strong>de</strong>s gens qui n'ont rien, ni radio ni journaux.Juste avant l'élection prési<strong>de</strong>ntielle, par exemple, <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> théâtre itinérant ontsillonné le pays pour expliquer l'utilité <strong>du</strong> vote. Ça s'est fait à travers <strong>de</strong>s saynètes qui onteu beaucoup <strong>de</strong> succès. C'était l'unique moyen <strong>de</strong> toucher <strong>de</strong>s gens dans <strong>de</strong>s valléesisolées, qui n'ont aucun moyen d'information. Chez nous, le théâtre a aussi une fonctiond'engagement, une fonction qui s'était un peu per<strong>du</strong>e avec <strong>la</strong> guerre», explique Ab<strong>du</strong>lHaq Adji, en <strong>de</strong>uxième année à <strong>la</strong> fac <strong>de</strong>s beaux-arts.La troupe a p<strong>la</strong>nté ses ateliers dans <strong>la</strong> vaste <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation pour <strong>la</strong> culture et <strong>la</strong>société civile (1), au coeur <strong>de</strong> Kaboul, dans le quartier pauvre <strong>de</strong>s collines, où se sontregroupés une partie <strong>de</strong>s réfugiés revenus en Afghanistan après <strong>la</strong> chute <strong>de</strong>s talibans, fin2001. Au milieu <strong>de</strong> cette déso<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> fondation fait figure <strong>de</strong> miracle. Un grand jardin, <strong>de</strong>s


dépendances et une élégante <strong>de</strong>meure qui ressemble à un petit manoir. Durant troissemaines, plus <strong>de</strong> quarante membres <strong>du</strong> célèbre théâtre ont offert une formation à <strong>de</strong>sAfghans, <strong>la</strong> plupart étudiants <strong>de</strong> <strong>la</strong> faculté <strong>de</strong>s beaux-arts. Une expérience inédite dansune capitale convalescente, parcourue jour et nuit par les militaires <strong>de</strong> l'Isaf, <strong>la</strong> forceinternationale <strong>de</strong> paix. «Nous leur avons offert une petite fenêtre, quelque chose qu'ils neconnaissaient pas. Nous allons maintenant essayer d'en faire venir certains en Francepour notre prochain spectacle», explique Mnouchkine, avant <strong>de</strong> se tourner à nouveauvers <strong>la</strong> scène : «Non Arif, ça ne va toujours pas... Ecoute donc ta musique intérieure...»«Je n'ai jamais vu ça auparavant en Afghanistan. Une telle formation. Surtout ce jeuavec le masque. Quand on joue avec ça, on est obligé <strong>de</strong> quitter sa propre personnepour se <strong>la</strong>isser porter par le masque. C'est fort ce qu'on ressent alors. Ça nous oblige àjouer très vite. Nous allons tous pouvoir nous servir <strong>de</strong> cet enseignement pour nos futursdép<strong>la</strong>cements dans le pays», raconte le jeune Massoud Tarzi avec enthousiasme, avant<strong>de</strong> dire dans un sourire : «Et vous savez, d'autres élections approchent, les troupes vontrepartir jouer dans les vil<strong>la</strong>ges. Nous pourrons nous servir <strong>de</strong> tout ça.»Après-midi moite à Kaboul. Sous les tentures colorées, on s'installe pour retrouver cetautre mon<strong>de</strong>, <strong>la</strong> scène <strong>du</strong> théâtre. Ariane Mnouchkine, installée sur une caisse en bois<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> scène, rappelle à l'ordre les acteurs en formation. «Il nous reste <strong>de</strong>ux jours. Ceserait bien que cet après-midi, il y ait quelques secon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> théâtre ! Et pourquoi pasquelques minutes...», s'écrie-t-elle face à <strong>la</strong> centaine d'étudiants. «Ça dépend <strong>de</strong> ceuxqui sont sur scène, mais aussi <strong>du</strong> regard <strong>de</strong> ceux qui sont assis», ajoute-t-elle avec unepointe d'ironie. Face à <strong>la</strong> scène, les acteurs en formation ne mouftent pas : ils seconcentrent, <strong>de</strong> même que quelques curieux pour qui cette formation est «encore mieuxqu'un spectacle». Chaque jour, huit heures d'affilée, les membres <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> prennent sousleurs ailes, par petits groupes, les acteurs afghans. «Un don <strong>du</strong> ciel», dit l'un d'eux. Ils lespoussent à se surpasser, mais aussi à confectionner leurs costumes, à créer leursmasques et à mener une réflexion sur <strong>du</strong> théâtre. «C'est important dans un pays qui sort<strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre : jouer permet <strong>de</strong> retrouver une i<strong>de</strong>ntité, une dignité, permet <strong>de</strong> prendre unedistance par rapport à <strong>la</strong> réalité et critiquer ce qu'ils veulent, notamment le pouvoirpolitique. C'est une pratique subversive à l'intérieur d'une certaine douceur, expliqueMnouchkine. Qui ajoute : mais sur une centaine d'étudiants, nous n'avons que quatrefilles. Et ça, c'est terrible. <strong>Le</strong> jour où nous aurons autant <strong>de</strong> femmes que d'hommes dansce genre <strong>de</strong> formation, alors le pays ira beaucoup mieux.»En Afghanistan, le théâtre est encore interdit aux femmes. <strong>Le</strong>s rares qui osent monter surscène le font à l'abri <strong>de</strong>s regards. Une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> petites salles ont d'ailleurs émergé unpeu partout à Kaboul, pour que les Afghanes puissent s'initier à <strong>la</strong> comédie. Mais ces lieux<strong>de</strong>meurent cachés. «Elles sont courageuses», affirme l'un <strong>de</strong>s membres <strong>du</strong> théâtre <strong>du</strong><strong>Soleil</strong>.Instant étrange Au même moment, Myriam, jeune étudiante afghane au visageangélique, avance lentement sur <strong>la</strong> scène. Emmitouflée dans <strong>de</strong>s haillons, on distingue àpeine ses yeux. Elle s'assied en face d'Ariane Mnouchkine. Un homme entre à son toursur scène. Son masque, lui, <strong>de</strong>ssine un <strong>la</strong>rge sourire. Il se moque <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeune fille, qui leregar<strong>de</strong> en silence. Dans l'assemblée qui assiste à cet instant étrange, personne ne parle.La jeune fille diffuse quelque chose d'indéfinissable, <strong>de</strong> <strong>la</strong> fragilité... Alors, Mnouchkine selève, sourit et se tourne vers l'assemblée : «Voilà un moment <strong>de</strong> théâtre. Il ne faut pasgrand-chose. Juste y croire. Croire, c'est le début <strong>du</strong> théâtre.»(1) Association qui s'occupe, <strong>de</strong>puis 2002, <strong>de</strong> <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s cultures afghanes.


Théâtre AftaabPetits repères historiques2005 (juin) - KaboulStage <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> à KaboulInvitées en Afghanistan par <strong>la</strong> Foundation for Culture and Civil Society (FCCS), Ariane Mnouchkine et leThéâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> s’embarquent pour donner un stage qui donnera naissance, au milieu <strong>de</strong>s ruines et <strong>de</strong>s rosesd’un jardin, à une toute jeune troupe <strong>de</strong> théâtre afghane, mixte et courageuse : le Théâtre Aftaab, un petit Théâtre<strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> d’Asie Centrale.2005 (août) - Kaboul<strong>Le</strong> premier spectacleMaurice Durozier et Shaghayegh Beheshti, comédiens au Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, retournent à Kaboul pour diriger unatelier autour <strong>de</strong> Roméo et Juliette <strong>de</strong> Shakespeare. <strong>Le</strong> spectacle est joué à Kaboul, au Centre Culturel Français(CCF), puis à Duchambé, au Tadjikistan.2006 (février-mars) - ParisAteliers <strong>de</strong> formationA l’invitation <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, le Théâtre Aftaab vient parfaire sa formation théâtrale auprès <strong>de</strong> grandsmaîtres <strong>de</strong> danse et <strong>de</strong> musique d’Asie et commencer un travail sur <strong>Le</strong> Tartuffe <strong>de</strong> Molière. Ils restent <strong>de</strong>ux moisau Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> et partagent le quotidien <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe.2006 (juin) – 2007 (décembre) – KaboulConstitution d’un répertoireHélène Cinque, qui a commencé le travail sur <strong>Le</strong> Tartuffe d’après <strong>la</strong> mise en scène originale d’ArianeMnouchkine, se rend à Kaboul pour l’achever pendant l’été 2006. <strong>Le</strong> Tartuffe est joué au CCF, qui, <strong>de</strong>puis,héberge <strong>la</strong> troupe en répétitions. Grâce à ce soutien, le Théâtre Aftaab peut monter son troisième spectacle <strong>Le</strong>Cercle <strong>de</strong> craie caucasien, qu’il crée à Kaboul en 2007. La troupe joue en In<strong>de</strong> (New-Delhi, Mumbaï) en janvier2008.2008 (avril-mai) – ParisPremières rencontres avec le public français<strong>Le</strong> Tartuffe et <strong>Le</strong> Cercle <strong>de</strong> craie caucasien sont joués en alternance à Paris, invités par le Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>.2009 (mars-octobre) – Paris, LyonPremière création collective<strong>Le</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> invite <strong>la</strong> troupe pour une rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> sept mois pour monter sa première créationcollective, construite par les acteurs afghans à partir <strong>de</strong> leur propre expérience <strong>de</strong> l’histoire récente <strong>de</strong>


l’Afghanistan, et orchestrée par Hélène Cinque. Ils joueront Ce jour-là en alternance avec <strong>Le</strong> Tartuffe repris pourl’occasion.20 représentations, 4 300 spectateurs.Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, puis Festival Premiers Pas (7-13 sept., 2-5 oct)Festival Sens Interdits (19-26 sept.) : <strong>Le</strong>s Célestins-Théâtre <strong>de</strong> Lyon, Centre Chorégraphique National <strong>de</strong>Rillieux-<strong>la</strong>-Pape, Comédie <strong>de</strong> Saint-Etienne, et Théâtres municipaux <strong>de</strong> Privas, Oyonnax et Vénissieux2009 (octobre) - KaboulVoyage d’Ariane MnouchkinePour renforcer sa légitimité locale, le Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> cherche à permettre au Théâtre Aftaab <strong>de</strong> poursuivre saformation « universitaire » et <strong>de</strong> l’étendre à l’apprentissage d’autres métiers <strong>du</strong> théâtre. Ariane Mnouchkineannonce à <strong>la</strong> troupe qu’elle a sollicité l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Ecole Nationale Supérieure <strong>de</strong>s Arts et Techniques <strong>du</strong> Théâtre(ENSATT) à Lyon, afin qu’elle intègre les membres d’Aftaab aux cursus <strong>de</strong> formation qu’elle propose, dès <strong>la</strong>rentrée 2010.2010 (avril) - KaboulStage d’Ariane Mnouchkine« Mise en scène et travail collectif », extraits d’un petit compte-ren<strong>du</strong> <strong>de</strong> stage par Caroline Panzera.« (…) Nos jeunes compagnons travaillent à mettre en pratique tout ce qu’ils ont pu apprendre lors <strong>de</strong> leursséjours en France. Ils sont plus forts et plus grands, ils fonctionnent en troupe et prennent <strong>de</strong>s décisionscollectives. Ils entreprennent <strong>de</strong> rencontrer d’autres troupes <strong>de</strong> théâtre <strong>de</strong> Kaboul pour imaginer avec ellescomment faire naître un public <strong>de</strong> théâtre en Afghanistan. Ils cherchent à faire un théâtre popu<strong>la</strong>ire, accessibleà tous. Ils veulent jouer sur les p<strong>la</strong>ces <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>ges et dans les cours d’écoles, ils ont besoin pour ce<strong>la</strong> d’unspectacle léger, une farce, ils choisissent <strong>de</strong> créer L’Avare <strong>de</strong> Molière. Ils organisent leurs répétitions endésignant un metteur en scène et commencent le travail en improvisations. Nous restons en contact avec euxgrâce à internet, mais très vite les questions sont <strong>de</strong> plus en plus pressantes. Même s’ils ont pu observer letravail d’Ariane Mnouchkine <strong>de</strong> près, aucun d’entre eux n’a encore véritablement « mis en scène » à l’intérieur<strong>du</strong> groupe, personne ne s’est encore mis en regard sur le travail, ni n’a tiré les fils qui surgissent au cours d’uneimprovisation. Il est alors pour un temps impossible <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r à distance, ils réc<strong>la</strong>ment un tuteur soli<strong>de</strong> etconcret pour continuer à faire grandir leur Avare. Ariane Mnouchkine déci<strong>de</strong> donc <strong>de</strong> les rejoindre pour donner10 jours <strong>de</strong> stage. Il aura lieu dans le jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> FCCS - petit retour aux origines. Ariane traversera <strong>la</strong> piècepour les ai<strong>de</strong>r à faire surgir outre les personnages, leurs corps et leurs <strong>de</strong>ssins, dans <strong>de</strong>s situations concrètes et<strong>de</strong>s <strong>la</strong>zzi… y chercher aussi <strong>la</strong> farce afghane. La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail utilisée par le Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> en créationcollective, qui consiste à filmer chaque improvisation, afin d’y revenir souvent et d’en conserver <strong>la</strong> trace, serévèle pour eux tout aussi efficace (…). »2010 (mai-juin) KaboulLaurence <strong>Le</strong>vasseur, chorégraphe et directrice artistique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mission Culture France/Asie centrale :LÛLÎSTAN, propose au Théâtre Aftaab d'abor<strong>de</strong>r <strong>la</strong> danse contemporaine et une approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie à traversle mouvement. Ils écrivent ensemble <strong>Le</strong>s Chiens – SAG-HÂ, pendant 2 mois ils répètent ce spectacle à <strong>la</strong> FCCS<strong>de</strong> Kaboul en vue <strong>de</strong> le présenter au public lors <strong>de</strong> l'inauguration <strong>du</strong> CCF rénové en septembre.


2010 (juillet) - Kaboul<strong>Le</strong> Théâtre Aftaab continue ses répétitions <strong>de</strong> L’Avare. Hélène Cinque se rend à Kaboul pour accompagner unepremière répétition publique <strong>du</strong> travail à <strong>la</strong> FCCS le 17 et le 18 juillet. C’est un tournant pour Aftaab, une étapeimportante et délicate que celle <strong>de</strong> présenter à leur public un travail qu’ils auront mené, pour <strong>la</strong> première fois, engran<strong>de</strong> partie, seuls. <strong>Le</strong>s spectateurs sont plus nombreux que prévus… À Kaboul les manifestations culturellesrestent rares, et tout le mon<strong>de</strong> est curieux <strong>de</strong> voir le travail <strong>de</strong> cette jeune troupe qui <strong>de</strong>puis son retour <strong>de</strong> Francen’a pas eu l’occasion d’à nouveau rencontrer le public afghan. L’émotion est très forte lors <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux soirées etsemble garantir au spectacle l’accueil qu’il mérite.2010 (septembre) - KaboulPrésentation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux nouvelles création <strong>du</strong> Théâtre Aftaab:<strong>Le</strong>s Chiens – SAG-HÂ, le 20 et 21 septembre etl'Avare le 22 septembre, à l'occasion <strong>de</strong> l'inauguration <strong>du</strong> Centre Culturel Français rénové.<strong>Le</strong> CCF et sa nouvelle directrice Guilda Chahverdi comptent 400 spectateurs pour chaque représentation.2010 (octobre) - ParisRentrée universitaire<strong>Le</strong>s membres <strong>du</strong> Théâtre Aftaab ont souhaité poursuivre et approfondir leur formation théâtrale en France. Enpartenariat avec le Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> et <strong>la</strong> Région Rhône-Alpes, et avec le soutien <strong>de</strong> l’Open Society Institute-Soros Foundation Network (par le biais <strong>de</strong> son programme <strong>de</strong> développement professionnel au bénéficed’acteurs culturels <strong>de</strong> pays comme l’Afghanistan), l‘Ensatt a ainsi décidé d’accueillir 14 <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> <strong>la</strong>troupe (dont <strong>de</strong>ux femmes) <strong>du</strong>rant l’année universitaire 2010/2011.La formation dispensée à l’Ensatt, fondée sur l’apprentissage collectif <strong>de</strong> tous les métiers <strong>du</strong> théâtre, correspon<strong>de</strong>n tous points aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s formulées par Aftaab qui espère un jour bâtir et faire vivre sa propre maison <strong>de</strong>théâtre à Kaboul et y développer <strong>de</strong>s partenariats artistiques, techniques et financiers pour enrichir et pérenniserson activité théâtrale en Afghanistan. Chaque membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe a ainsi choisi une « dominante » pédagogiquelui garantissant l’acquisition <strong>de</strong> compétences c<strong>la</strong>irement i<strong>de</strong>ntifiées <strong>du</strong>rant cette année d’enseignement.Ce jour-là est repris à l’Ensatt, les 28 et 29 octobre, les 3 et 4 novembre, <strong>Le</strong> Théâtre Aftaab présente son travai<strong>la</strong>ux élèves et professeurs. Ces présentations sont le point <strong>de</strong> rencontre <strong>de</strong>s élèves français et <strong>de</strong>s élèves afghansqui vont partager une année sco<strong>la</strong>ire.Octobre 2010 – avril 2011 - LyonAu terme <strong>de</strong> 7 mois à l'ENSATT, le Théâtre Aftaab dresse en français un premier bi<strong>la</strong>n :Au vue <strong>de</strong>s accomplissements que nous sommes en train <strong>de</strong> réaliser à l'ENSATT, tout en considérant qu’à notrearrivée en septembre 2010, nous nous sentions per<strong>du</strong>s et dépassés dans un nouveau système d'apprentissage etun nouveau rythme <strong>du</strong> travail que nous avons dû apprivoiser au fil <strong>de</strong>s mois, nous pouvons dire aujourd'hui quenous avons trouvé notre p<strong>la</strong>ce et notre façon <strong>de</strong> fonctionner avec l'outil pédagogique qui nous a été offert.L’une <strong>de</strong>s opportunités donnée par l’ENSATT au Théâtre Aftaab est celle <strong>de</strong> pouvoir avancer vers l’autonomie<strong>de</strong> notre troupe. <strong>Le</strong>s divers domaines <strong>de</strong> connaissances qui nous sont offerts, l'intégration d'un ou <strong>de</strong> plusieursmembres <strong>du</strong> Théâtre Aftaab dans chacun <strong>de</strong>s cursus proposés à l'ENSATT nous permettent d'é<strong>la</strong>rgir nosconnaissances et <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir plus performant dans tous les métiers <strong>de</strong>s arts et techniques <strong>du</strong> théâtre. Ainsi nouspouvons poursuivre le chemin que nous avons entrepris il y a 6 ans, pour se diriger vers un avenir plus lumineuxet vers l'autonomie <strong>de</strong> notre troupe.Nous savons aujourd'hui que nous pourrons mettre en pratique l'apprentissage théorique et nous en avons déjà eu<strong>la</strong> preuve au cours <strong>de</strong> ce second semestre avec l'intégration d'acteurs et d'actrices <strong>du</strong> Théâtre Aftaab à <strong>de</strong>s ateliersd'élèves, qui ont joué en français, mais aussi avec le projet <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux étudiants en administration qui sont en train<strong>de</strong> créer une structure administrative qui hébergera le Théâtre Aftaab en France et nous permettra <strong>de</strong> gérerl'ensemble <strong>de</strong> nos pro<strong>du</strong>ctions à venir. Nous comprenons mieux aujourd'hui ce que représente une pro<strong>du</strong>ctiondans son ensemble et si nous étions déjà bien conscient <strong>du</strong> travail <strong>de</strong> l'acteur, nous découvrons au sein <strong>de</strong>l'ENSATT qu'il nous reste à créer une structure viable et légale et à former <strong>de</strong>s administrateurs qui pourronsfaire vivre <strong>la</strong> troupe, l'é<strong>la</strong>rgir et <strong>la</strong> développer.


Si nous apprenons beaucoup à l'ENSATT, nous sommes heureux d'être porteurs d'un échange avec les étudiantsfrançais qui méconnaissent souvent notre pays et notre culture. Cet échange a lieu en cours et après les cours:Nous leur parlons <strong>de</strong> notre pays, nous leur disons que malgré les malheurs que connaît l'Afghanistan, là-basvivent <strong>de</strong>s gens qui sourient. Si <strong>de</strong>s hommes se font exploser, d'autres respectent l’humanité. Si <strong>de</strong>s hommesforcent leurs femmes à porter <strong>la</strong> burqa, d’autres s’y opposent et défen<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme et font <strong>de</strong>sefforts sincères pour que l’on change cette situation. Nous leur disons que nous ne sommes pas nombreux et quel'artiste porte cette responsabilité au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> l'humanité. Nous avons présenté à ces étudiants français notrespectacle « Ce Jour-là » qui est <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong> notre combat.Même si nous avons déjà beaucoup appris nous savons que nous ne sommes qu'au début <strong>du</strong> chemin, le ThéâtreAftaab veut aller au bout <strong>de</strong> cet apprentissage et aller au bout <strong>de</strong> ce chemin. Nous savons déjà, au regard <strong>de</strong> ceque nous avons vécu au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers mois à l'ENSATT, que cette année ne suffira pas à parachevernotre apprentissage et que <strong>la</strong> question <strong>de</strong> notre avenir se fait déjà sentir au sein <strong>du</strong> groupe. Nous espérons tousque nous pourrons bénéficier d'une autre année d'étu<strong>de</strong>s. Nos pensées, nos apprentissages et nos projetsnouveaux doivent prendre forme et se réaliser et ce<strong>la</strong> exige plus <strong>de</strong> temps.Notre objectif pour le Théâtre Aftaab est <strong>de</strong> l'élever vers un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement professionnel et autonome.L'apprentissage <strong>de</strong>s arts et techniques <strong>du</strong> Théâtre que nous offre l'ENSATT est un é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong> notre visionafghane, <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle nous ne pouvons plus nous contenter, à une vision mondiale. La compréhension et <strong>la</strong>maîtrise <strong>de</strong> ces arts et techniques nous permettra d'atteindre nos objectifs principaux: nous battre contrel'injustice, nous battre contre l'inégalité, nous battre contre le désordre et l'horreur qui règnent dans notre pays.Nous battre avec nos armes : l'Art et le Théâtre contre les Ka<strong>la</strong>chnikov et les attentats suici<strong>de</strong>s, le rire, <strong>la</strong> poésieet <strong>la</strong> musique contre les <strong>la</strong>rmes et <strong>la</strong> douleur.Notre but est humaniste. <strong>Le</strong> Théâtre Aftaab veut être <strong>la</strong> voix d’un peuple qui doit chercher <strong>de</strong> quoi se nourrir aubord <strong>de</strong> <strong>la</strong> route, mais qui n'y trouve rien, car tout est recouvert par <strong>la</strong> poussière <strong>de</strong>s voitures blindées <strong>de</strong>sdirigeants <strong>de</strong> notre pays, dirigeants qui eux n'iront jamais dormir avant d'être repus. Nous voulons offrir uneautre réalité, une autre vision <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> à ceux qui croient qu'ils accè<strong>de</strong>rons aux portes <strong>du</strong> paradis en se faisantexploser. Nous voulons être le cri <strong>de</strong>s êtres humains qui sont condamnés à être <strong>la</strong>pidés ou pen<strong>du</strong>s pour avoiraimé. Nous ne voulons pas d'un pays aveugle, d'un peuple qui cè<strong>de</strong>rait à l’enfer <strong>de</strong>s orientations fanatiques liéesà l'ethnie, à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, à <strong>la</strong> race et à <strong>la</strong> religion. Nous ne voulons pas que l’Histoire noire <strong>de</strong> ce pays se répète.Pour ce<strong>la</strong>, nous <strong>de</strong>vons être fort et efficace, pour ce<strong>la</strong> nous <strong>de</strong>vons aller au bout <strong>de</strong> notre apprentissage cetteannée et nous l'espérons l'année prochaine.Mai-juillet 2011 - LyonDans le cadre <strong>de</strong> leur apprentissage l'ENSATT propose à ses élèves <strong>de</strong> troisième année <strong>de</strong>s ateliers-spectaclesavec un metteur en scène invité par l'école. Cette année le metteur en scène Mathias Langhoff qui <strong>de</strong>vaittravailler SOPHOCLE / ŒDIPE, TYRAN d'après Höl<strong>de</strong>rlin, <strong>de</strong> Heiner Müller propose au Théâtre Aftaab <strong>de</strong> sejoindre au projet.En mai le Théâtre Aftaab démarre donc les répétitions <strong>de</strong> cet "atelier". Shaghayegh Beheshti, comédienne auThéâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> les rejoint pour col<strong>la</strong>borer à <strong>la</strong> mise en scène, interpréter et tra<strong>du</strong>ire <strong>la</strong> pièce en persan.LYON KABOUL THEBES, ALLER-RETOUR prendra <strong>la</strong> forme d'un spectacle en <strong>de</strong>ux parties sous <strong>la</strong> directiond’Évelyne Didi et <strong>de</strong> Matthias Langhoff, <strong>la</strong> première partie, en dari, avec les étudiants <strong>du</strong> Théâtre Aftaab, <strong>la</strong>secon<strong>de</strong> partie, avec les étudiants <strong>de</strong> troisième année à l'ENSATTCréation à l’occasion <strong>du</strong> 70ème anniversaire <strong>de</strong> l’ENSATT, représentations <strong>du</strong> 30 juin au 7 juillet. Copro<strong>du</strong>ctionENSATT, Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance à OullinsJuillet 2011 - AvignonLYON KABOUL THEBES, ALLER-RETOUR : SOPHOCLE / ŒDIPE, TYRAN d'après Höl<strong>de</strong>rlin, <strong>de</strong>Heiner Müller, tra<strong>du</strong>ction perse : Shaghayegh Beheshti, Shahriar Beheshti, Safirokh Neshat, sous <strong>la</strong> directiond’Évelyne Didi et <strong>de</strong> Matthias Langhoff, avec <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> Shaghayegh BeheshtiAu Clos <strong>de</strong> l’Abbaye, Villeneuve lez Avignon <strong>du</strong> 13 au 27 juillet (Festival d’Avignon, dans le cadre <strong>de</strong>sEcoles au festival)


Octobre - Novembre 2011CE JOUR-LÀ, et L’AVARE, au Festival <strong>de</strong>s Francophonies en Limousin les 3, 5 et 6 octobreLYON KABOUL THEBES, ALLER-RETOUR, au Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance à Oullins le 8 octobreCE JOUR-LÀ, et L’AVARE, au Théâtre <strong>de</strong>s Célestins à Lyon, Festival Sens Interdits les 22 et 24 octobreLYON KABOUL THEBES, ALLER-RETOUR, au Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, novembre 2011

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