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la revue de presse - Le Théâtre du Soleil

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Créer ensembleune mémoire ancestrale <strong>de</strong> leurs chantset <strong>de</strong> leur poésie traditionnels. Mais unmiracle s’est pro<strong>du</strong>it. <strong>Le</strong>ur <strong>la</strong>ngue, trèsmusicale, présente naturellement unniveau <strong>de</strong> transposition et <strong>de</strong> métaphorequi n’est finalement pas très loin <strong>du</strong>théâtre. C’est en entendant parler cesgens qu’Ariane a découvert <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>uret le potentiel <strong>de</strong> ces apprentiscomédiens, qui ont très vite trouvé quelétait leur essentiel. Tout s’est à ce pointinversé que ce sont eux qui auraient punous donner <strong>de</strong>s leçons après quelquesjours <strong>de</strong> travail ! La vitesse à <strong>la</strong>quelle ilsont progressé et <strong>la</strong> manière dont ils sesont emparés <strong>de</strong>s outils <strong>du</strong> théâtre estébouriffante. Tout le mon<strong>de</strong> se souvient<strong>de</strong> cette improvisation, <strong>de</strong>venue <strong>de</strong>puishistorique pour nous tous, entre Farid,un <strong>de</strong> ces jeunes comédiens, aujourd’huipilier <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe Aftaab, et Eve, comédienne<strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, portant tous <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>smasques balinais… Nous avons apportéà ces comédiens <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> travaillerensemble, ils nous ont apporté quelquechose <strong>de</strong> plus rare encore : que le théâtrepeut être une question <strong>de</strong> vie ou <strong>de</strong>mort, et que <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> pratiquercet art fait outrepasser le danger. »ACCOMPAGNERAu retour <strong>du</strong> stage organisé enAfghanistan, raconte Hélène Cinque,« Ariane m’a expliqué qu’un groupe,là-bas, s’était constitué en troupe pourcontinuer le travail, et qu’il avait pris lepropre nom <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>, enreconnaissance et filiation. <strong>Le</strong> Théâtre<strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> al<strong>la</strong>it les parrainer et les accompagner,grâce aux moyens conjugués<strong>du</strong> mécénat <strong>de</strong> son public et <strong>du</strong> Centreculturel français, et les faire venir à <strong>la</strong>Cartoucherie pendant <strong>de</strong>ux mois.Ariane m’a confié <strong>la</strong> tâche <strong>de</strong> <strong>la</strong> directiond’acteurs et m’a invité à les faire travaillersur un auteur c<strong>la</strong>ssique français. Ilsavaient dans le même temps intégré <strong>de</strong>sprogrammes d’apprentissage <strong>du</strong> françaisau Centre culturel français. J’ai proposéà Ariane <strong>de</strong> remonter <strong>Le</strong> Tartuffe <strong>de</strong>Molière, dans l’esprit <strong>de</strong> sa propre miseen scène, où était évoquée <strong>la</strong> montée <strong>de</strong>l’intégrisme et <strong>du</strong> fanatisme. Tous ontlevé <strong>la</strong> main pour dire qu’ils vou<strong>la</strong>ienttravailler sur ce projet. Comme nousn’avions pas un temps infini <strong>de</strong>vantnous, nous avons décidé <strong>de</strong> suivre lechemin qu’avait en effet tracé le spectacleen 1995. Ce<strong>la</strong> a marché, car nous étions,hé<strong>la</strong>s, dans le contexte afghan contemporain,au cœur <strong>du</strong> problème et dans levif <strong>du</strong> sujet. Avant leur départ, nous avonsprésenté un “bout-à-bout” d’une heureet <strong>de</strong>mie. Deux jours après, ils m’ontrappelé pour que je vienne moi-mêmeà Kaboul pour aller au bout <strong>de</strong> l’aventureet monter <strong>la</strong> pièce intégralement. Ils ontjoué au Centre culturel français, sousprotection, et ont rencontré un grandsuccès. Mais <strong>de</strong> nombreux comédiensont subi <strong>de</strong>s intimidations, <strong>de</strong>s menaces,<strong>de</strong>s séquestrations, <strong>de</strong>s violences… Aprèstout ce qu’il s’est passé, le plus heureuxcomme le plus tragique, il est hors <strong>de</strong>question aujourd’hui que je les abandonne.Mais il n’est pas non plus questionque je les couve. Ils doivent êtreaccompagnés, mais ils doivent eux-mêmesprendre les rênes <strong>de</strong> leurs créationsfutures. »Propos recueillis par Olivier CelikL’avant-scène théâtre I 137

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