la revue de presse - Le Théâtre du Soleil

Villeneuve-lès-Avignon MatthiasLanghoff : "Le théâtre n'est un artque s'il est politique et transmet unmessage"KATHY HANIN17/07/2011C'est en toute simplicité, sous la toile de tente qui sert de cantine aux troupes de Villeneuve enScène que nous rencontrons Matthias Langhoff, un des metteurs en scène qui a révolutionné lethéâtre actuel. Petit pied de nez à l'autre festival, celui d'Avignon "qui est devenu une foireridicule, assène-t-il. Le festival de Villeneuve est vivant, c'est ici que souffle l'esprit de Vilar".Il présente une création avec des élèves de l'Ensatt, qui forme aux métiers du théâtre depuis 70ans, et les Afghans du théâtre Aftaab, une troupe créée à Kaboul avec l'aide d'ArianeMnouchkine. Lyon Kaboul Thèbes, aller-retour est un spectacle exigeant, coproduit par le In,autour de la tragédie d'Œdipe, un drame universel et millénaire qui interroge encore aujourd'huiavec acuité notre rapport au pouvoir, à notre histoire et à la démocratie. "Le théâtre n'est un artque s'il politique", estime le metteur en scène qui a rencontré avec les comédiens afghans "uneénergie rare et un sens à l'acte théâtral", en résonance avec leur vie, leur pays ravagé par laguerre et leur soif de démocratie. "On est arrivé à une vérité ensemble." Comme une urgence etune exigence de vie un peu oubliées dans "notre démocratie qui n'en est plus une et dans lesécoles de théâtre qui 'fabriquent' des intermittents…", lâche-t- il sévèrement.Dans la baraque en bois de la troupe Dromesko, le spectacle, en deux parties de deux heureschacune dont une en afghan surtitrée, revisite le mythe d'Œdipe. Deux visions, deux chocs, surun monde en ruines. "Je veux ouvrir des portes, des curiosités", explique le metteur en scènepour qui le sens ultime de ce travail serait d'être joué à Kaboul, au plus près de la tragédie et del'espoir. Mais le temps n'est pas encore venu de ce geste politique.