la revue de presse - Le Théâtre du Soleil
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mardi 09 août 2005<strong>Soleil</strong> sur KaboulAriane Mnouchkine et sa troupe viennent <strong>de</strong> passer trois semaines enAfghanistan pour former une centaine <strong>de</strong> jeunes acteurs. Reportage.Par Eric <strong>de</strong> LAVARENEKaboul envoyé spécialEn juin et juillet, <strong>du</strong>rant trois semaines, <strong>la</strong> troupe <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> s'est ren<strong>du</strong>e àKaboul pour former une centaine d'acteurs afghans. Ai<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> refonte d'un art sinistré par<strong>de</strong>ux décennies <strong>de</strong> guerre et qui, pourtant, <strong>de</strong>meure l'un <strong>de</strong>s plus vifs d'Afghanistan. «Jene vou<strong>la</strong>is pas procé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière différente parce que c'est l'Afghanistan, expliqueAriane Mnouchkine, <strong>la</strong> figure charismatique <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong>. Je me suis dit "c'est <strong>du</strong> théâtre, rienque <strong>du</strong> théâtre". Alors j'ai monté une formation comme à <strong>la</strong> Cartoucherie, mais avec uneparticu<strong>la</strong>rité : nous jouons avec <strong>de</strong>s masques <strong>de</strong> <strong>la</strong> commedia <strong>de</strong>ll'arte, <strong>de</strong>s masquesbalinais et japonais.»Mnouchkine aime le masque, qui oblige à rentrer immédiatement dans <strong>la</strong> peau <strong>du</strong>personnage. «On ne peut pas tricher avec un masque, on <strong>de</strong>vient forcément celui qu'onjoue et personne d'autre.» Soudain, quatre acteurs entrent en scène. Tous vêtus <strong>de</strong> longscostumes <strong>de</strong> style japonais. Deux sont grimés, les <strong>de</strong>ux autres portent <strong>de</strong>s masques auxtraits grossiers. Ils parcourent <strong>la</strong> scène. Plusieurs fois, Ariane Mnouchkine se lève, lesinterpelle, les renvoie <strong>de</strong>rrière le ri<strong>de</strong>au. Elle s'emporte : «C'est pas possible, Arif, <strong>de</strong>marcher comme ça avec ce masque ! T'es en colère, tu le sais. Cette colère, elle doitpasser par ton corps.» Puis elle se radoucit : «On recommence. Y avait <strong>de</strong>s choses bienquand même.»Engagement. C'est par <strong>la</strong> pièce le Dernier Caravansérail, jouée à <strong>la</strong> Cartoucherie voici<strong>de</strong>ux ans, que les acteurs <strong>du</strong> <strong>Soleil</strong> ont découvert le drame afghan, mais il était alorsquestion d'exil. «On a eu envie d'en savoir plus, <strong>de</strong> voir <strong>de</strong> plus près d'où partaient cescandidats à l'exil qui se retrouvaient ensuite dans le camp <strong>de</strong> Sangatte», confieMarjo<strong>la</strong>ine, jeune comédienne. L'un <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe : ai<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> refonte <strong>de</strong> <strong>la</strong>scène afghane. <strong>Le</strong> théâtre est très popu<strong>la</strong>ire dans le pays, et il n'est pas rare <strong>de</strong> croiser<strong>de</strong>s troupes itinérantes qui jouent dans les coins les plus reculés. «Elles apportent unevraie distraction, mais aussi <strong>de</strong>s nouvelles à <strong>de</strong>s gens qui n'ont rien, ni radio ni journaux.Juste avant l'élection prési<strong>de</strong>ntielle, par exemple, <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> théâtre itinérant ontsillonné le pays pour expliquer l'utilité <strong>du</strong> vote. Ça s'est fait à travers <strong>de</strong>s saynètes qui onteu beaucoup <strong>de</strong> succès. C'était l'unique moyen <strong>de</strong> toucher <strong>de</strong>s gens dans <strong>de</strong>s valléesisolées, qui n'ont aucun moyen d'information. Chez nous, le théâtre a aussi une fonctiond'engagement, une fonction qui s'était un peu per<strong>du</strong>e avec <strong>la</strong> guerre», explique Ab<strong>du</strong>lHaq Adji, en <strong>de</strong>uxième année à <strong>la</strong> fac <strong>de</strong>s beaux-arts.La troupe a p<strong>la</strong>nté ses ateliers dans <strong>la</strong> vaste <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation pour <strong>la</strong> culture et <strong>la</strong>société civile (1), au coeur <strong>de</strong> Kaboul, dans le quartier pauvre <strong>de</strong>s collines, où se sontregroupés une partie <strong>de</strong>s réfugiés revenus en Afghanistan après <strong>la</strong> chute <strong>de</strong>s talibans, fin2001. Au milieu <strong>de</strong> cette déso<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> fondation fait figure <strong>de</strong> miracle. Un grand jardin, <strong>de</strong>s