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autres. Il semble donc que ce genre de<br />
lavognes et de milieux aient une abondance<br />
foliaire plus importante dans les litières que<br />
les milieux ouverts. Ce résultat est important<br />
pour la paléobotanique, car s’il est confirmé,<br />
l’abondance foliaire retrouvée dans les<br />
assemblages de feuilles fossiles renseigne sur<br />
le degré de fermeture <strong>du</strong> milieu.<br />
4- Origine des différences des taux de<br />
décomposition<br />
Les résultats ont montré des taux de<br />
décomposition différents entre les lavognes,<br />
mais les données ne permettent pas de donner<br />
d’explication claire. Pistacia terebinthus et<br />
Phillyrea media apportent un nombre de<br />
feuilles équivalent dans les différents milieux<br />
(environ 16 % de l’abondance totale). Cette<br />
différence n’est donc pas <strong>du</strong>e à l’abondance<br />
de feuilles mortes à faible taux de<br />
décomposition. Les tests de Pearson n’ayant<br />
pas montré de corrélation, ces différences de<br />
taux de décomposition ne sont pas non plus<br />
expliquées par l’abondance foliaire, qui aurait<br />
pu faire varier le taux de décomposeurs dans<br />
les milieux. De plus, les espèces suivent la<br />
même tendance que les lavognes avec des<br />
taux de décomposition variant selon la<br />
provenance. La décomposition des feuilles<br />
semble donc être davantage corrélée aux<br />
lavognes et à leurs propriétés physicochimiques,<br />
plutôt qu’à l’espèce considérée.<br />
Ainsi, plusieurs facteurs pourraient expliquer<br />
la différence de décomposition entre les deux<br />
séries de mares. D’une part, une étude (Song<br />
et al., 2013) a montré qu’une différence<br />
d’exposition aux UV-B fait varier le taux de<br />
décomposition des feuilles. Il serait intéressant<br />
de mesurer ce paramètre pour voir si dans<br />
l’environnement étudié, il y a bien une<br />
corrélation positive entre taux d’UV-B et taux<br />
de décomposition. D’autre part, des facteurs<br />
comme le pH des lavognes ou les<br />
concentrations en décomposeurs peuvent<br />
varier. L’abondance des champignons, par<br />
exemple, diffère entre lavognes (Aillaud et<br />
al., 2015). Il serait intéressant à l’avenir de<br />
vérifier ces paramètres.<br />
CONCLUSION<br />
L’étude réalisée sur les litières de feuilles aux<br />
alentours <strong>du</strong> <strong>Pic</strong> Saint-<strong>Loup</strong> a mis en évidence<br />
une corrélation entre les espèces présentes<br />
dans les lavognes et les relevés<br />
phytosociologiques <strong>du</strong> milieu. En effet, en<br />
termes d’abondance foliaire, il y a une<br />
corrélation entre les feuilles dans les lavognes<br />
et les feuilles dans les milieux alentours.<br />
Néanmoins, certaines lavognes montrent des<br />
taux de décomposition de feuilles plus faibles,<br />
souvent associés à une meilleure représentation<br />
de la végétation environnante.<br />
Par ailleurs, les feuilles retrouvées ne sont<br />
représentatives que d’une part faible des<br />
espèces de la flore locale. Ceci peut être dû à<br />
la courte <strong>du</strong>rée d’échantillonnage (3 jours),<br />
ainsi qu’à la période d’étude (en hiver au<br />
mois de Janvier). Ce résultat est surtout<br />
fortement influencé par le fait que les litières<br />
se forment surtout par l’apport d’un type de<br />
végétation particulier que sont les<br />
Spermatophytes ca<strong>du</strong>cifoliées. Ainsi, cette<br />
étude montre qu’un assemblage de feuilles<br />
fossiles est un outil important pour la<br />
reconstitution des paléoenvironnements, mais<br />
qu’il n’est pas suffisant pour en comprendre<br />
l’intégralité. L’étude taphonomique des<br />
feuilles doit être complétée, lorsque cela est<br />
possible, par des données provenant d’autres<br />
proxies, comme des relevés palynologiques<br />
(Champreux et al., 2015). Ces derniers<br />
apportent à la fois des informations sur la<br />
végétation locale et régionale, et sur la<br />
végétation absente des litières de feuilles, ce<br />
qui permet de compléter les données issues<br />
des macrorestes.<br />
REFERENCES<br />
Aillaud M., Alranq B. & Besson O. (2015).<br />
Référentiel actuel des bio-indicateurs dans<br />
les mares <strong>du</strong> causse de Viols-le-Fort<br />
(Hérault). Orpalm Synthesis, 8 : 67-79.<br />
Champreux A., de Laage de Meux R. &<br />
Duval M. (2015). Enregistrement pollinique<br />
des lavognes (Viols-en-Laval, Hérault) :<br />
miroir déformant de la végétation. Orpalm<br />
Synthesis, 8 : 53-65.<br />
Collectif des <strong>Garrigues</strong> (2013). Atlas des<br />
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