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Garrigues du Pic St-Loup (1)

Orpalm-Synthesis-2015

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forme des feuilles avec une con<strong>du</strong>ctance<br />

stomatique inférieure lorsque la disponibilité<br />

en eau et l’humidité atmosphérique sont plus<br />

faibles, limitant ainsi les pertes hydriques<br />

(Beerling & Chaloner, 1993). Les végétaux<br />

méditerranéens ont des caractères<br />

xéromorphes très marqués : les arbres ont des<br />

feuilles petites et cireuses, recouvertes d’une<br />

cuticule épaisse ou de poils, permettant de<br />

limiter l’évapotranspiration et les effets<br />

desséchants des vents (Clément, 2002). Ainsi,<br />

la ré<strong>du</strong>ction de la densité stomatique chez<br />

Quercus ilex semble correspondre à une<br />

adaptation xéromorphe. D’après le test de<br />

corrélation de Kendall, il existe une réelle<br />

relation entre la taille des feuilles et la densité<br />

stomatique. Plus la taille de la feuille<br />

augmente (une surface élevée et un périmètre<br />

grand), et moins la densité stomatique<br />

(nombre de stomates par mm²) est grande. Les<br />

feuilles les plus petites ont des densités<br />

stomatiques plus importantes <strong>du</strong> fait d’une<br />

expansion des cellules épidermiques ré<strong>du</strong>ite :<br />

le nombre de stomates varie en fonction de la<br />

taille de la feuille. Les feuilles des chênes <strong>du</strong><br />

versant sud, qui se développent sous des<br />

températures plus élevées (en moyenne de<br />

0.5°C sur l’année ; Annexe 1), sont plus<br />

grandes et présentent moins de stomates. Ce<br />

résultat est parfaitement en adéquation avec<br />

une adaptation xéromorphe (Beerling &<br />

Chaloner, 1993).<br />

L’ensemble des résultats obtenus pourraient<br />

être davantage contrastés en élargissant la<br />

zone d’étude afin de capter des variations de<br />

plus grande amplitude. Echantillonner plus<br />

d’indivi<strong>du</strong>s par station et des stations<br />

supplémentaires pourrait permettre d’affiner<br />

les différences morphologiques et de densité<br />

stomatique, mettant potentiellement en<br />

évidence un gradient climatique de part et<br />

d’autre <strong>du</strong> <strong>Pic</strong> Saint-<strong>Loup</strong>. Ainsi, le protocole<br />

visant à comptabiliser les stomates pourrait<br />

être amélioré. Compter directement lors de<br />

l’observation au microscope (et non sur une<br />

photographie) en faisant varier la vis<br />

micrométrique permettrait une meilleure<br />

visibilité des stomates. Réaliser un diagnostic<br />

plus poussé de la nature <strong>du</strong> sol (quantification<br />

des carbonates et des argiles, par exemple)<br />

aiderait à établir sa part d’influence dans la<br />

morphologie foliaire. En complément, une<br />

étude plus poussée des conditions climatiques<br />

(température annuelle moyenne ou précipitations<br />

annuelles) sur les différents sites<br />

pourrait apporter des éléments sur l’influence<br />

<strong>du</strong> climat sur la plasticité foliaire. Les<br />

résultats obtenus pourraient enfin être<br />

complétés par l’étude d’autres espèces<br />

méditerranéennes présentant également une<br />

plasticité foliaire.<br />

CONCLUSION<br />

D’après nos résultats, une relation validée<br />

statistiquement existe entre la densité<br />

stomatique, la morphologie foliaire et les<br />

conditions climatiques. Une plasticité<br />

phénotypique des feuilles, influencée<br />

notamment par les conditions climatiques, a<br />

été mise en évidence. La taille des feuilles est<br />

corrélée négativement à la densité stomatique.<br />

Les chênes verts situés sur le versant sud, où<br />

les températures sont plus élevées, mettent en<br />

place de plus grandes feuilles avec moins de<br />

stomates, que les chênes verts situés en<br />

versant nord. Cette adaptation xéromorphique<br />

résulte d’un ensemble d’adaptations de<br />

l’appareil végétatif visant à limiter<br />

l’évapotranspiration et les effets desséchants<br />

<strong>du</strong> vent (Clément, 2002). Les paramètres<br />

morphométriques des feuilles et la densité<br />

stomatique semblent être de bons indicateurs<br />

des conditions climatiques. Etudier ces<br />

paramètres, dans le contexte actuel de<br />

changement climatique, tout en s’appuyant<br />

sur les données <strong>du</strong> passé (études<br />

paléobotaniques) devrait permettre<br />

d’expliquer et de prédire les variations<br />

biogéographiques des formations végétales.<br />

Le chêne vert est particulièrement intéressant<br />

puisqu’il est largement distribué en<br />

Méditerranée (surtout dans la partie<br />

occidentale). En France, il constitue une zone<br />

d’intergradation entre les sous-espèces Q. ilex<br />

subsp ilex (Italie), caractérisée par des feuilles<br />

lancéolées, et Q. ilex subsp. rotundifolia<br />

(péninsule ibérique et Maghreb), possédant<br />

des feuilles arrondies (Michaud et al., 1995 ;<br />

Lumaret et al., 2002). Il serait intéressant<br />

d’étudier en parallèle la plasticité foliaire chez<br />

les deux sous-espèces le long d’un gradient<br />

latitudinal, et donc climatique.<br />

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