LA PUISSANCE DU SAVOIR
Nagelmackersmagazine_FR_2016-06
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vision<br />
Les affaires vont bien pour la radiotélévision publique<br />
flamande (VRT). Presque aucun média<br />
public européen n’a réussi à grossir aussi bien les<br />
rangs de ses téléspectateurs et de ses auditeurs. Des<br />
programmes TV tels que Thuis, Iedereen beroemd<br />
et même le JT battent tous les records d’audience<br />
flamands. La chaîne publique dépasse ainsi largement<br />
les objectifs fixés par le gouvernement. Pour<br />
maintenir cette position exceptionnelle, l’entreprise<br />
publique doit se transformer de bloc monolithe<br />
en organisation en réseau qui dompte l’univers<br />
numérique. Et ce, toujours avec moins de moyens,<br />
en témoignent les millions d’euros que la chaîne<br />
publique doit économiser.<br />
Dieter Boen, directeur Recherche et Innovation<br />
à la VRT, est chargé de l’organisation de cette transformation.<br />
Son département met au point, teste et<br />
déploie de nouvelles technologies qui dessineront<br />
le paysage médiatique de demain. L’accent est mis<br />
sur la collaboration et la flexibilité, explique Dieter<br />
Boen. « Les technologies évoluent à un rythme effréné,<br />
mais personne ne sait lesquelles seront retenues<br />
par le consommateur. Il est donc important de<br />
pouvoir se redéployer rapidement sur le terrain. »<br />
C’est justement cette flexibilité qui a permis l’installation<br />
à Bruxelles du premier studio de télévision IP<br />
au monde à être complètement basé sur internet et<br />
qui a poussé les géants de l’audiovisuel tels que la<br />
BBC en Angleterre et la RAI en Italie à collaborer<br />
avec le département de Dieter Boen. Grâce à cette<br />
collaboration internationale, la VRT fait partie du<br />
top européen dans le domaine de l’innovation des<br />
médias. Elle a déjà pris en charge deux projets européens<br />
pesant des millions et subventionnés par<br />
la Commission européenne. « Nous attirons ainsi<br />
une foule de connaissances dans notre pays et tous<br />
les médias belges pourront en profiter », explique<br />
Dieter Boen.<br />
Communiquer<br />
La vidéo en ligne évolue à la vitesse de l’éclair ;<br />
il est remarquable de voir que le public suit cette<br />
tendance pratiquement sans broncher. Tous les<br />
médias utilisent désormais des animations numériques.<br />
Lors d’une prochaine étape, on aura l’expérience<br />
vidéo en direct. « C’est une bonne chose<br />
que nous nous forgions une expérience dans ce<br />
domaine, car les réseaux sociaux y adhèrent aussi<br />
sans réserve, explique Dieter Boen. Facebook met<br />
le paquet sur les vidéos en ligne et a récemment<br />
lancé ‘Facebook Live’. »<br />
Le projet européen Icosole va encore plus loin et<br />
tente l’expérience des événements en direct. La<br />
VRT a testé le concept au festival de Dranouter.<br />
Les téléspectateurs ont pu suivre le festival ‘en live’<br />
« Avec le boom des réseaux sociaux,<br />
on s’est rendu compte que<br />
les ‘intellectuels’ pouvaient<br />
très bien regarder ‘Vis ma vie’<br />
le vendredi soir. »<br />
depuis leur fauteuil. Une appli permet aux spectateurs<br />
sur place de transmettre les temps forts à la<br />
rédaction, qui peut alors directement proposer du<br />
nouveau contenu ‘live’. « Actuellement, les médias<br />
audiovisuels sont littéralement des diffuseurs, mais<br />
la situation va bientôt changer. Avec l’essor des réseaux<br />
sociaux, nous savons ce que le public aime :<br />
communiquer. Il faut maintenir une interaction<br />
permanente avec le public. En tant qu’entreprise,<br />
on ne veut pas être dépendante des plates-formes<br />
sociales sur lesquelles ceci se fait déjà. On préfère<br />
toucher directement le public. Les médias traditionnels<br />
doivent apprendre à se mettre dans la peau<br />
du consommateur. Cela exige une grande capacité<br />
d’adaptation des rédactions, qui dictent depuis<br />
longtemps ce que le public peut voir et entendre. »<br />
Se fier au big data<br />
Pour savoir qui veut voir quoi et quand, nous avons<br />
besoin de données personnelles. La question n’est<br />
pas de savoir comment récolter ces données (cela<br />
Innovation x 4<br />
La VRT a quatre mécanismes d’innovation. Le département<br />
Recherche & Innovation de Dieter Boen se concentre surtout<br />
sur la recherche à moyen terme (2 à 3 ans). Avec VRT Sandbox,<br />
la radiotélévision stimule l’innovation dans l’industrie des<br />
médias en collaboration avec l’EBU (European Broadcasting<br />
Union) et iMinds (centre de recherche numérique de Flandre).<br />
« Les start-up et les PME proposent un produit, par exemple une<br />
appli, et peuvent le tester pendant quelques semaines à la VRT,<br />
explique Dieter Boen. Un collaborateur interne fait constamment<br />
le lien entre les innovateurs et les collaborateurs dans nos<br />
segments. VRT Sandbox a démarré en 2014 avec une étude de<br />
cas. Depuis, 19 entreprises se sont adressées à la plate-forme<br />
d’innovation. »<br />
VRT Start-up fonctionne comme une ‘lean-start-up’ et met<br />
l’accent sur la cocréation avec de (jeunes) consommateurs des<br />
médias et les nouveaux talents. Les connaissances acquises sont<br />
transmises aux réseaux et marques de la VRT.<br />
Et il y a aussi Open VRT, la communauté des créatifs numériques,<br />
qui ont ainsi la chance de partager leurs idées et d’améliorer<br />
leurs compétences.<br />
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magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3<br />
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