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Haiti Liberte 2 Juillet 2014

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Les USA entraînent des boursiers<br />

pour mener une «guerre de<br />

velours» à Cuba<br />

Par Carlos Fazio *<br />

La Fondation National Cubano-<br />

Américaine (FNCA) refait surface.<br />

En réalité elle n’a jamais délaissé<br />

l’industrie de la contre-révolution.<br />

S’il y a quelque part de l’argent pour<br />

financer des activités subversives<br />

contre Cuba, Jorge Mas Santos est<br />

sur les rangs. Dans la conjoncture<br />

actuelle, il ne s’agit pas de plans<br />

d’assassinat de personnalités, ni de<br />

sabotages ou d’actions terroristes<br />

dans l’île, comme ce que la FNCA a<br />

mené par le passé. Ses actions sont<br />

aujourd’hui moins meurtrières : préparer<br />

et former de jeunes cubains<br />

aux technique de la soi-disant «<br />

guerre de velours » afin qu’ils deviennent<br />

les leaders de l’opposition.<br />

l’initiative du Département<br />

A d’Etat des Etats-Unis, ce programme<br />

de bourses se propose de repérer<br />

et d’attirer des étudiants ayant<br />

un certain niveau intellectuel et des<br />

positions hypercritiques par rapport<br />

à l’actuelle politique cubaine, afin de<br />

les entraîner aux techniques subversives<br />

destinées à attirer les masses et<br />

à organiser des actions de destabilisation<br />

et de désobéissance sociale, y<br />

compris certaines pouvant revêtir des<br />

formes violentes. On cherche de cette<br />

manière à reproduire dans l’île le<br />

modèle des « coups d’Etat en douceur<br />

», tel qu’il a été appliqué en Libye,<br />

Syrie, Ukraine et Venezuela.<br />

Le premier « cours intensif »<br />

destiné à fabriquer de soi-disant «<br />

nouveaux leaders » pour Cuba s’est<br />

achevé en mai de cette année dans<br />

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Barack Obama et Jorge Mas Santos<br />

l’Etat de Floride. Les bourses ont été<br />

allouées par le Miami Dade College<br />

et la Fondation des Droits Humains<br />

à Cuba (FDHC, qui sert de couverture<br />

à la FNCA) dans le cadre d’un<br />

programme baptisé « Nous sommes<br />

un seul et même peuple ». Les deux<br />

Fondations reçoivent des subventions<br />

de l’Agence pour le Développement<br />

International des Etats-Unis<br />

(USAID, initiales en anglais) laquelle<br />

dépend du Département d’Etat.<br />

Ce programme de bourses<br />

s’inscrit dans un nouveau plan<br />

subversif concerté par le gouvernement<br />

de Barack Obama avec la mafia<br />

contrerévolutionnaire de Miami.<br />

Grâce à des subventions de l’AID et<br />

d’autres organismes privés, la FNCA<br />

et la FHRC mènent une campagne<br />

idéologique anti cubaine permanente.<br />

Pour cela, elles ont payé des<br />

spécialistes en communication, donné<br />

des ordinateurs, des téléphones<br />

portables, des appareils photo et des<br />

caméras vidéo, des DVD, des mémoires<br />

flash, des drapeaux, de la propagande<br />

en tout genre, de l’argent,<br />

des denrées alimentaires, des médicaments<br />

et toute sorte de produits et<br />

de services aux groupuscules dissidents<br />

de l’intérieur.<br />

Mas Santos a déclaré au journal<br />

El Nuevo Herald que l’objectif était de<br />

préparer aux Etats-Unis jusqu’à 100<br />

étudiants par semestre. Répondant<br />

aux critiques formulées à propos du<br />

faible niveau de la première « promotion<br />

» de boursiers, le président de la<br />

FNCA a promis qu’à l’avenir la sélection<br />

serait plus rigoureuse.<br />

Le programme du Département<br />

d’Etat pour des boursiers cubains<br />

s’inscrit dans le cadre de ce que l’on<br />

a appelé les « révolutions de couleur<br />

» qui ont permis de déstabiliser et/<br />

ou de renverser des gouvernements<br />

jugés comme étant les ennemis de<br />

Washington. Les techniques du «<br />

coup d’Etat en douceur » incluent<br />

des stratégies et tactiques militaires<br />

non violentes (mais aussi violentes)<br />

élaborées par la Albert Einstein<br />

Institution de Gene Sharp et Robert<br />

Helvey et le Centre International du<br />

Conflit Non violent de l’ex-banquier<br />

Peter Ackerman, prédisent de la<br />

Freedom House. Comme en Ukraine<br />

et au Venezuela, l’idée est d’entraîner<br />

des « étudiants » aux techniques qui<br />

permettent de tromper, fragmenter,<br />

désorienter et détourner des masses<br />

mobilisées dans les rues, pour les<br />

décourager et les conduire à des<br />

actes de violence tandis que dans le<br />

même temps on promeut la négation<br />

des principes et des valeurs nationales<br />

et on cherche à mettre en avant<br />

d’autres exogènes, qui seraient conformes<br />

aux intérêts des Etats-Unis<br />

d’Amerique.<br />

L’instruction de jeunes cubains<br />

au Miami Dade College fait partie<br />

d’un vaste réseau d’opérations<br />

menées ouvertement ou secrètement<br />

par le Pentagone et le Département<br />

d’Etat, telles que le ZunZuneo, projet<br />

illégal et clandestin élaboré, financé<br />

et mis en pratique dans le but de semer<br />

le désordre à l’intérieur de l’île<br />

grâce à un Twitter cubain.<br />

L’intention de cette plateforme<br />

de services de télécommunications<br />

illicites vers Cuba depuis l’étranger<br />

était d’envoyer aux particuliers<br />

cubains des messages politiques<br />

visant à influencer leur prise de positions<br />

et à les pousser à agir contre<br />

le gouvernement. Un vaste réseau<br />

de contractants privés, d’entreprises<br />

prête-nom, de serveurs informatiques<br />

et de comptes bancaires dans<br />

différents pays a été mis en place afin<br />

d’occulter délibérément la part active<br />

prise dans la réalisation de ce projet<br />

par les agences gouvernementales<br />

états-uniennes.<br />

Les millions de dollars dont dispose<br />

le Programme Cuba de l’AID ont<br />

servi à d’autres initiatives similaires,<br />

telle que Conmotion, outil développé<br />

initialement pour un usage militaire<br />

par l’Institut de Technologie ouverte<br />

(OTI) de la New America Foundation<br />

(dont le siège se trouve à Washington)<br />

et qui consiste à créer des réseaux<br />

de transmissions sans fil indépendants<br />

et formant un maillage<br />

afin d’établir un lien avec l’extérieur<br />

en dehors de tout contrôle gouvernemental,<br />

ce qui permet de désinformer<br />

les utilisateurs concernant la situation<br />

dans leur pays et de les convoquer<br />

à participer à des manifestations.<br />

D’autres agences du gouvernement<br />

des Etats-Unis d’Amérique,<br />

telles que l’Officine de Transmissions<br />

à Cuba, promeuvent des projets illégaux<br />

comme par exemple Piramideo,<br />

plate-forme de communications<br />

destinée à envoyer massivement<br />

des messages aux utilisateurs dans<br />

l’île. Au cours du premier mandat<br />

d’Obama, 142 millions de dollars<br />

du budget fédéral ont été alloués à<br />

ce genre d’initiatives ainsi qu’aux<br />

stations de Radio et TV Marti (utilisées<br />

pour la guerre médiatique). Ces<br />

dernières ont reçu plus de 770 millions<br />

de dollars depuis la date de leur<br />

création.<br />

Cuba et les pays d’Amérique<br />

latine n’ont pas besoin de petits<br />

chefaillons émeutiers ni d’actions illégales,<br />

d’ingérence, de subversion<br />

qui portent atteinte à la stabilité, à<br />

l’ordre constitutionnel et à la souveraineté<br />

cubaine – et qui d’ailleurs<br />

portent également atteinte au droit<br />

international et aux principes de la<br />

Charte des Nations Unies. Ce dont ils<br />

ont besoin c’est que les Etats-Unis<br />

ouvrent les portes de leurs universités<br />

et partagent leurs acquis dans la<br />

recherche scientifique, par exemple<br />

dans le domaine de l’industrie alimentaire<br />

ou de la production de médicaments<br />

de dernière génération. Ils<br />

ont besoin de projets qui favorisent<br />

leur développement scientifique et<br />

technologique et contribuent à leur<br />

croissance économique.<br />

* Carlos Fazio est un journaliste<br />

uruguayen, résidant à Mexico.<br />

Il fait partie de la rédaction du journal<br />

La Jornada et collabore avec<br />

l’hebdomadaire uruguayen Brecha.<br />

La Jornada. Mexico,<br />

23 juin <strong>2014</strong>.<br />

Traduit de l’espagnol pour<br />

El Correo par : Marie-Rose Ardiaca<br />

El Correo. Paris, le<br />

2 juillet <strong>2014</strong><br />

Les Etats-Unis<br />

BNP-Paribas et la<br />

souveraineté de la<br />

France<br />

Les transactions mises en cause par Washington ont eu lieu à partir de<br />

filiales de la BNP Paribas installées en Europe et non pas aux Etats-Unis.<br />

Par Salim Lamrani *<br />

Les Etats-Unis s’apprêtent à infliger<br />

une amende record à la plus importante<br />

banque française en raison<br />

de ses relations commerciales avec<br />

Cuba et d’autres pays sous embargo.<br />

Ceci, en flagrante violation du<br />

droit international et de la souveraineté<br />

de la France.<br />

Après avoir sanctionné la<br />

banque Crédit Suisse d’une amende<br />

record de 2,6 milliards de dollars en<br />

mai <strong>2014</strong>, les Etats-Unis ont prévu<br />

de sanctionner la banque française<br />

BNP Paribas d’une amende de 10<br />

milliards de dollars et d’un retrait<br />

temporaire de sa licence bancaire sur<br />

leur territoire. Washington reproche<br />

à cette banque d’avoir réalisé des<br />

transactions en dollars – monnaie<br />

utilisée lors des échanges internationaux<br />

– avec des pays sous embargo,<br />

notamment Cuba, entre 2002<br />

et 2009.<br />

En effet, Cuba est victime d’un<br />

état de siège économique depuis<br />

plus d’un demi-siècle, lequel affecte<br />

tous les secteurs de la société et les<br />

catégories les plus vulnérables de la<br />

population, à savoir les enfants, les<br />

femmes et les personnes âgées. En<br />

plus d’interdire tout commerce bilatéral<br />

(à de rares exceptions près) entre<br />

l’île de la Caraïbe et les Etats-Unis,<br />

les sanctions économiques imposées<br />

en 1960 disposent d’un caractère extraterritorial<br />

et constituent un obstacle<br />

au développement des relations<br />

commerciales et financières de Cuba<br />

avec le reste du monde.<br />

Pourtant, selon le droit international,<br />

il est strictement interdit<br />

d’appliquer de manière extraterritoriale<br />

une législation nationale. La<br />

loi française ne peut s’appliquer en<br />

Allemagne et la loi brésilienne ne<br />

peut s’appliquer en Argentine. Or,<br />

la législation étasunienne sur les<br />

sanctions économiques contre Cuba<br />

(et d’autres pays sous embargo)<br />

s’applique partout dans le monde et<br />

affecte BNP Paribas.<br />

Aux yeux de la législation<br />

française et du droit international,<br />

BNP Paribas n’a commis absolument<br />

aucune irrégularité. L’établissement<br />

financier étant une banque française,<br />

il n’est aucunement soumis à la loi<br />

étasunienne, au nom d’un principe<br />

fondamental du droit international<br />

qui est la non-extraterritorialité des<br />

lois. La législation étasunienne ne<br />

peut s’appliquer que sur le territoire<br />

national et ne peut franchir les frontières.<br />

Par ailleurs, les transactions<br />

mises en cause par Washington ont<br />

eu lieu à partir de filiales de la BNP<br />

Paribas installées en Europe et non<br />

pas aux Etats-Unis. C h r i s -<br />

tian Noyer, gouverneur de la Banque<br />

de France, a été clair à ce sujet :<br />

« Nous avons vérifié que toutes les<br />

transactions incriminées étaient conformes<br />

aux règles, lois, réglementations,<br />

aux niveaux européen et<br />

français ». Il n’y a « aucune contravention<br />

à ces règles, ni d’ailleurs aux<br />

règles édictées par les Nations unies<br />

» de la part de BNP Paribas[1].<br />

BNP Paribas a d’ores et déjà<br />

été contrainte de licencier plusieurs<br />

responsables impliqués dans ses<br />

échanges litigieux aux yeux des autorités<br />

étasuniennes et envisage de<br />

négocier une sanction moins lourde<br />

en utilisant le procédé du « plaider<br />

coupable », même si aucune faute<br />

n’a été commise.[2]<br />

Sur ce sujet, la position officielle<br />

de la France est extrêmement troublante.<br />

En effet, au lieu de défendre<br />

les intérêts d’une grande entreprise<br />

qui n’a commis aucun délit aux yeux<br />

de la législation nationale et du droit<br />

international, le gouvernement du<br />

Président François Hollande a accepté<br />

le point de vue étasunien en reconnaissant<br />

« l’infraction commise » et<br />

se contente seulement de dénoncer le<br />

« caractère disproportionné des sanctions<br />

envisagées ». Au lieu de défendre<br />

la souveraineté nationale et de<br />

condamner l’application extraterritoriale<br />

et illégale de la loi étasunienne<br />

contre les intérêts fondamentaux de<br />

la nation, Paris se limite à implorer<br />

un châtiment moins sévère[3]. En se<br />

pliant aussi docilement aux injonctions<br />

de Washington, la France renonce<br />

à son indépendance et ternit<br />

durablement son image sur la scène<br />

internationale.<br />

[1] Les Echos, « Les Etats-Unis font<br />

monter la pression sur BNP Paribas<br />

», 29 mai <strong>2014</strong>.<br />

[2] Ibid.<br />

[3] Le Monde, « Sanctions contre<br />

BNP Paribas : Paris met le traité de<br />

libre-échange dans la balance », 5<br />

juin <strong>2014</strong>.<br />

Salim Lamrani. Docteur ès<br />

Etudes Ibériques et Latino-américaines<br />

de l’Université Paris IV-Sorbonne,<br />

est Maître de conférences à<br />

l’Université de La Réunion, et journaliste,<br />

spécialiste des relations entre<br />

Cuba et les Etats-Unis. Son nouvel<br />

ouvrage s’intitule Cuba. Les médias<br />

face au défi de l’impartialité, Paris,<br />

Editions Estrella, 2013 et comporte<br />

une préface d’Eduardo Galeano.<br />

14<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 7 • No. 51 • Du 2 au 8 juillet <strong>2014</strong>

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