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© Alice Michaud-Lapointe<br />
Les murs roses du salon de Catherine Mavrikakis, avec inspiration Frida Kahlo<br />
répondre, très sérieusement, que non, pas vraiment. Sa réponse m’intrigue.<br />
« Tu sais, c’est décevant un auteur, par rapport à son œuvre. » J’abonde en son<br />
sens. Quelques secondes s’écoulent, puis elle ajoute qu’il y a tout de même<br />
une exception à la règle : Marie-Claire Blais. Dès qu’elle prononce ce nom,<br />
le regard de Catherine s’anime. Je sens qu’elle respecte le silence, la dignité,<br />
la générosité de Marie-Claire Blais. Nous nous réjouissons en pensant au prix<br />
Molson qu’elle a reçu en 2016, avant de dire, la voix pleine de soupirs, qu’on<br />
les récompense peu, les grandes écrivaines, au Québec… Curieuse, je pose<br />
alors à Catherine une dernière question qui me taraude : « Est-ce qu’on leur<br />
pardonne tout, aux écrivains qu’on admire? » Sans la moindre hésitation, sa<br />
réponse fuse : « Oui, on leur pardonne tout. »<br />
Au bout de nos conversations sur les villes fantômes, les salles de cinéma bien<br />
noires et le pouvoir réjouissant des anachronismes, Catherine accepte de me<br />
faire visiter d’autres pièces de sa maison ainsi que son grand jardin; les feuilles<br />
des plantes s’y entremêlent, le lierre grimpe haut, très haut, jusqu’à nous faire<br />
oublier que nous nous trouvons au centre-ville. Je découvre également son<br />
bureau, au sous-sol, où les bibliothèques en métal bien garnies crient des<br />
noms en désordre : New Mexico, Robert Mapplethorpe, Pina Bausch, Dirk<br />
Bogarde, Flannery O’Connor. Les murs, quant à eux, sont nimbés de l’aura des<br />
visages de Marguerite Duras, Ernest Hemingway, Thomas Bernhard, Hervé<br />
Guibert. Catherine m’avoue qu’elle apprécie tout particulièrement regarder<br />
Guibert, sentir sa présence au-dessus de sa tête lorsqu’elle travaille. Je ne suis<br />
pas surprise : je ne peux penser à Guibert sans l’associer aussitôt à Catherine.<br />
LES<br />
NOUVELLES<br />
SAGAS<br />
QUI MARQUERONT L’AUTOMNE.<br />
22,95 $<br />
Bientôt, je réalise qu’il me faut partir. Le temps a passé vite, comme il passe<br />
toujours trop vite lorsque je discute avec Catherine. Alors que je suis sur le<br />
pas de la porte, elle me lance, l’œil malicieux : « Tu sais, je crois qu’Oscar<br />
De Profundis est le seul de mes livres que je lirais! » Je me mets à rire et elle<br />
aussi. Amusée, je l’interroge : « Ah oui? Et Deuils cannibales et mélancoliques?<br />
Ton premier, quand même… Non? » Et elle, de répondre, avec cette répartie<br />
surprenante : « Oui, tu as raison. Mais celui-là, c’est pas moi qui l’ai écrit! » Son<br />
dernier mot, quel qu’il soit, est toujours le bon.<br />
Oscar De Profundis<br />
Dans ce septième roman, Catherine Mavrikakis<br />
trans forme Montréal en une ville-apocalypse,<br />
où les espoirs s’évanouissent à mesure qu’un<br />
grand mal, « la mort noire », ravage tout sur<br />
son passage. Les riches se réfugient dans les<br />
banlieues pendant que des hordes de miséreux<br />
errent au centre-ville et se battent pour survivre à la contagion.<br />
Cate Bérubé, chef de l’une des bandes de gueux, souhaite déjouer<br />
le destin et initier une révolte qui marquera l’Histoire, avec l’aide<br />
de ses acolytes Balt et Mo, et d’un personnage bien particulier, le<br />
chanteur Oscar De Profundis, star planétaire de passage dans sa<br />
ville natale, à qui l’auteure fera jouer un rôle déterminant dans cette<br />
fin du monde annoncée.<br />
19,95 $<br />
22,95 $<br />
Également disponibles<br />
en version numérique<br />
LES LIBRAIRES • SEPTEMBRE-OCTOBRE 2016 • 15